1   SUR LES BORDS D'UNE RIVIère près de DE GARDEN PLACE, LE SOIR
 

Menley se promène dans l'obscurité le long de la rivière. Elle soupire. Le vent balaye ses cheveux.
Elle marche doucement. Arrivée sous un pont, elle s'y adosse en soupirant. Au moment où elle veut reprendre sa marche, elle aperçoit deux pieds chaussés par des talons hauts. Une femme est assise contre le mur du pont, mais l'obscurité ne nous montre que les pieds. Menley s'avance doucement, surprise et un peu apeurée. La Lumière de la lune nous dévoile lentement le visage de la femme. Elle a les yeux dans le vide. Menley a d'abord un mouvement de recul.
 

MENLEY : Kelly ?
 

Puis elle s'agenouille près de la femme. Kelly regarde dans le vide, comme si elle avait subit un grave traumatisme . Son visage est sale et ses cheveux ébouriffés. Menley

la secoue.
 

MENLEY : Kelly ! Mon Dieu, mais que t'arrive-t-il ? Que se passe-t-il ?
 

Menley continue de secouer Kelly.
 

MENLEY : Kelly, je t'en prie. Dis-moi ce que tu as ?
 

Menley commence à pleurer. Kelly sort alors doucement de sa léthargie. Elle regarde Menley.


KELLY
(doucement) : Menley !
 

MENLEY (toujours en pleurant) : Oui, c'est moi. Kelly, qu'est-ce qui s'est passé ?
 

Kelly se lève brusquement, comme si elle avait peur de quelque chose. Intriguée, Menley se lève à son tour.
 

KELLY : Menley… Ils sont revenus… Ils sont revenus cette nuit.
 

MENLEY : Qui ? Qui est revenu ? Dis-moi qui, Kelly ?
 

KELLY : Oh, mon Dieu, c'était horrible…. Menley, il faut partir d'ici, ils peuvent revenir….


MENLEY : Mais enfin Kelly de qui parles-tu ?
 

KELLY : Mais d'eux….
 

Quelqu'un, au loin, appelle Kelly. Les deux femmes se tournent vers la voix.
 

STUART : Kelly, viens, je t'en prie.
 

Stuart ignore Menley.
 

STUART : Kelly, sois raisonnable !
 

Mais Kelly ne bouge pas.
 

STUART : Kelly, reviens à la maison !

 


 GéNéRIQUE DE DéBUT
 


 2  APPARTEMENT DES FARRIS
 

La porte d'entrée de l'appartement des Farris s'ouvre sur Stuart, Menley et Kelly. Stuart et Menley soutiennent à bout de bras une Kelly totalement abattue. En silence, ils se dirigent vers le canapé où Kelly s'effondre, tremblante et le regard vide. On aperçoit des larmes séchées sur son visage. Menley ne cesse de regarder Kelly avec compassion. Stuart se tourne vers elle.
 

STUART : Merci Menley !
 

Cette réplique est dans le but de congédier Menley. Mais la jeune femme ignore Stuart et continue de regarder Kelly, maintenant avec un air interrogateur.
 

STUART : Menley ?
 

Il pose une main sur son bras. Menley sursaute, détourne enfin son regard de Kelly pour faire face à Stuart.
 

STUART : Vous avez été là au bon moment, merci Menley. Vous devriez maintenant retourner chez vous.
 

MENLEY : Vous êtes sûr ? Je veux dire… Il n'y a rien que je puisse…
 

STUART (l'interrompant d'un ton sec) : Ca va aller maintenant. Kelly a simplement besoin de repos.
 

Il prend Menley par le bras et la reconduit devant la porte d'entrée. En ouvrant la porte, il sourit à Menley.
 

STUART : Encore une fois merci, et bonne nuit.


Une fois Menley dehors, il referme la porte et s'adosse contre elle en soupirant. Des gouttes de sueur perlent sur son front.
 


 3  à GARDEN VIEW, TARD LE SOIR


Menley sort de l'ascenseur. Son visage est défait par la fatigue et les événements de la soirée. Elle tombe nez à nez sur Lacey, bras croisés et regard mécontent, qui se trouve juste devant la porte d'entrée de l'appartement de Menley. Menley affiche sa surprise.
 

MENLEY : Lacey ! Mais qu'est-ce que tu fais ici à une heure pareille ?
 

LACEY : Tu ne devines pas ?… Menley, il est deux heures du matin !… Je me suis fait un sang d'encre à ton sujet. D'abord tu viens à un match de foot, et avant qu'il ne commence… pouf (elle lève le bras pour accompagner ses paroles) tu prends la poudre d'escampette et on ne te revoit plus.Tu ne crois pas que tu me dois une petite explication ?


Menley ne répond pas. Elle sort ses clés de son sac. Lacey s'écarte pour qu'elle puisse ouvrir la porte.
 

LACEY (pendant que Menley ouvre la porte) : C'est quoi ton problème ?
 

Menley entre dans son appartement. Sans y avoir été invitée, Lacey la suit et referme la porte derrière elle.
 

MENLEY : Je n'aime pas le foot, c'est tout !
 

Elle s'assoit sur le canapé, enlève ses souliers et se masse les pieds. Lacey, quant à elle, s'assoit sur le bras du canapé.
 

LACEY : Quelque chose me dit que ta fuite à un rapport avec Frank, je me trompe ?
 

MENLEY (soupirant) :Ecoute Lacey, il est plus de deux heures du matin et je suis crevée. On en reparlera demain, d'accord ?
 

Lacey lève les bras d'un air entendu.
 

LACEY : OK, OK… fuis encore une fois si tu veux, mais je reviendrai à la charge dès demain. Bonne nuit.
 

Comme à son habitude imprévisible, Lacey quitte très rapidement l'appartement de Menley.
 


 4  APPARTEMENT DES FARRIS, CHAMBRE DE KELLY ET STUART
 

Kelly est assise sur son lit, toujours hébétée. Elle porte les mêmes vêtements sales et déchirés. Son regard est vide d'expression. Stuart est debout devant la commode. Il téléphone.
 

STUART : Docteur Kirios ? Stuart Farris à l'appareil. Je m'excuses de vous déranger à une heure aussi tardive. Il s'agit de ma femme, docteur… oui… ce soir… oui… bien, on vous attend. Encore merci.
 

KELLY (d'une voix étonnamment calme) : Ils sont revenus Stuart. Ils ne m'ont pas oublié… Ils sont revenus…
 

Stuart s'assit près d'elle et la prend dans ses bras pour la rassurer.
 

STUART : Chhhhht…. Ca va aller maintenant.
 

KELLY : Ils sont revenus… ils sont revenus…
 


 5  DANS UN QUARTIER RESIDENTIEL à GARDEN PLACE
 

Des petites villas s'alignent, bordées de jardins parfaitement entretenus. La petite rue est calme, parsemée de petits arbustes. Nanne arpente la rue, un papier à la main. Elle arrive devant une maison en bois blanc. Deux femmes sont dans le jardin. La première, une dame de forte corpulence, arrose ses fleurs. L'autre dame est assise, pioche à la main, en train de planter des semences. Après un moment d'hésitation, Nanne pousse le petit portique blanc et entre dans le jardin. La dame forte arrête d'arroser pour poser son regard sur la jeune femme. Sans la quitter du regard, elle interpelle l'autre femme.
 

LA DAME : Mirna ?
 

Mirna Patrick, la mère de Jason, lève la tête et regarde Nanne. Elle pose sa petite pioche et se lève en frottant ses mains contre son tablier. Nanne lui tend la main.
 

NANNE : Mirna Patrick ? Je suis Nanne Bolevino.
 

Mirna ferme les yeux un instant.
 

MIRNA : Notre rencontre était inévitable.
 


 6   DANS LA MAISON DE ZELDA
 

Nanne et Mirna sont assises côte à côte sur le canapé du living. Devant elles est dressée une table où se trouve le nécessaire à thé. Mirna tend une tasse à Nanne tout en lui parlant.
 

MIRNA : Mon amie Zelda est formidable. Elle m'a proposée de rester tout le temps nécessaire. Mais je ne vais pas abuser. J'ai déjà trouvé un appartement, en attendant que la maison soit remise en état. Du lait ?
 

NANNE : Non merci.
 

Nanne boit une gorgée de sa tasse. Mirna l'observe un instant avant de reprendre la conversation.
 

MIRNA : Et vous, mon enfant, comment allez-vous ?
 

NANNE : Plutôt bien. Je fais encore quelques cauchemars, mais dans l'ensemble, on peut dire que ça va…
 

Un silence, puis Nanne reprend
 

…J'ai appris que vous étiez sur le point de me sauver au moment où l'incendie a éclaté.
 

MIRNA : Allons, ma petite, tout ceci n'est qu'un mauvais souvenir.
 

NANNE : Je voulais quand même venir vous remercier… et savoir comment vous allez.
 

MIRNA (le regard mélancolique) : Je me sens mieux maintenant. Enfin, j'essaie de m'en persuader. Mais vous savez, les cicatrices physiques partent doucement, mais les blessures du cœur semblent ne jamais vouloir se refermer.
 

NANNE : Oui, je comprends.
 

Mirna sourit tout en posant la main sur celle de Nanne.
 

MIRNA : Vous avez été très courageuse dans cette histoire, ma petite. Oubliez donc ce cauchemar. Vous êtes encore très jeune, inutile de gâcher votre vie future en ressassant constamment cette tragédie. Vivez ! Croquez la vie à pleines dents.
 

Nanne sourit à son tour.
 

NANNE : J'ai vraiment du mal à croire que vous êtes la mère de Jason. Vous êtes totalement différente de lui !
 

Le sourire de Nanne s'efface pour faire place à un visage triste.
 

NANNE : Avez-vous des nouvelles de Jason ?
 

MIRNA : Je téléphone chaque jour à l'hôpital pour savoir s'il y a de l'amélioration.
 

NANNE : Et comment va-t-il ?
 

Mirna secoue tristement la tête.
 

NANNE : Comment pourrais-je lui pardonner ce qu'il m'a fait !
 

MIRNA : Nanne. Si vous voulez un bon conseil, pardonnez-lui. Pardonnez-lui ses fautes de jeunesse. C'est ainsi que vous arriverez à guérir ce démon du passé. Vous comprenez ce que je veux dire ?
 

Mirna sourit tristement. Elle tient toujours la main de Nanne.
 

NANNE : Mais ça m'est très difficile, vous savez. Je n'arrête pas de penser aux choses horribles qu'il m'a fait.
 

MIRNA (d'une voix douce) : C'est ce que j'essaie de vous faire comprendre, mon enfant. Si vous pardonnez à Jason ses erreurs, votre cœur sera soulagé. Sans cela, c'est la haine qui va prendre le dessus, et croyez-moi, votre âme ne vaudra pas plus chère que celle de mon fils.
 

Nanne hoche la tête. Des larmes coulent sur son visage.
 

NANNE : Je l'aimais tant…
 

MIRNA : Je sais, mon enfant, je sais…
 

NANNE : Et vous, vous lui avez pardonné ?
 

Mirna continue à sourire. Avec son index, elle essuie les larmes de Nanne.
 

MIRNA : Si une mère ne peut pardonner à son fils… qui le fera ? !
 


 7  CHEZ BRONSKI
 

Menley et Lacey sont assises à une table, dégusant un café glacé.
 

LACEY : A mon avis, tu ne devrais pas t'en faire pour ça. C'est un problème entre Frank et Beth.
 

MENLEY : Oui, mais tu comprends, je ne veux pas être mêlée à cette histoire de divorce.
 

LACEY (ironique) : Ma pauvre chérie ! Si tu veux avoir une vie calme et paisible, quitte l'Unecain tout de suite ! Prends tes jambes à ton cou et sauve qui peut ! Car crois-moi, tout le monde à l'Unecain a des problèmes. Personne n'y échappe. C'est à croire que cette école aristocratique est maudite depuis la nuit des temps.
 

Menley sourit, elle aussi ironiquement.
 

MENLEY : Merci pour ton réconfort, ma chère !…
 

Elle boit une gorgée de café avant de continuer :
 

… Au fait, en parlant de problème, celui de Kelly, c'est quoi ?
 

LACEY : Tu parles de ce qui s'est passé hier soir ?
 

MENLEY : Tu aurais dû la voir Lacey. Son visage était méconnaissable. Elle était tellement apeurée, mais de quoi, je ne sais pas.
 

LACEY : Je sais, je l'ai déjà vue dans cet état.
 

MENLEY : Je me fais vraiment du souci pour elle. Surtout qu'aujourd'hui, elle n'est pas venue travailler.
 

LACEY (songeuse) : Alors ça recommence !
 

MENLEY (intriguée) : Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
 

LACEY : Ca remonte à six mois environ. A cette époque, Kelly a disparu pendant une semaine entière.
 

MENLEY : Que s'était-il passé ?
 

LACEY : Ca personne ne le sait.
 

MENLEY : Tu veux dire qu'elle n'a dit à personne ou elle était partie.
 

LACEY : Si, elle l'a dit.
 

MENLEY : Lacey, je ne comprends rien à ce que tu me raconte !
 

LACEY : C'est simple. Lorsque Kelly est réapparue, elle était en état de choc. Je suppose que c'est comme ça que tu l'as vue hier. Bref, pendant une semaine, elle n'a pas dit un mot. Elle avait les yeux fixes et froid. C'est seulement par la suite qu'elle a raconté sa mésaventure. En fait, elle a dit avoir été kidnappée.
 

MENLEY : Oh, Mon Dieu. Je comprends mieux. Alors c'est ça qui a failli se reproduire hier soir ! Elle répétait sans cesse " Ils sont revenus… ils sont revenus… " Elle parlait donc des kidnappeurs. Ce sont sans doute les mêmes (La voix de Menley s'emballe. Elle commence à s'exciter). Il faut prévenir la police ! Stuart l'a sans doute déjà fait…
 

Par un geste de la main, Lacey calme Menley.
 

LACEY : Doucement, ma chérie, doucement. C'est un peu plus compliqué que ça.
 

MENLEY : Mais non, au contraire, c'est simple. Les auteurs de l'enlèvement ont peut-être cette fois-ci laissé des empreintes ou autre chose, je ne sais pas ! C'est peut-être l'occasion pour la police de les coincer cette fois.
 

LACEY : A mon avis, ça ne va pas être du gâteau pour les coincer.
 

MENLEY : Pourquoi ça ?
 

Lacey se penche vers Menley pour lui parler en toute confidentialité.
 

LACEY : Parce que Kelly prétend avoir été enlevée par des E.B.E.
 

MENLEY : Des quoi ?
 

LACEY : Des E.B.E. voyons ! Des Entités Biologiques Extra terrestres ! ! !
 


 8  DANS UNE RUE DE GARDEN PLACE
 

Lacey et Menley marchent à pas vifs dans la rue peuplée de monde.
 

MENLEY : Je n'y comprends rien. Après ce pseudo enlèvement, Kelly aurait dû être suivie par un spécialiste.
 

LACEY : Je me souviens l'y avoir encouragée, mais elle n'a pas voulu.
 

MENLEY : Et Stuart ?
 

LACEY : Stuart non plus n'a pas trouvé l'idée très bonne. En fait, je crois que lui aussi était contre. Je pense qu'il avait surtout peur d'une mauvaise publicité pour son cabinet d'avocats. Et par-dessus le marché, Mlle Judical s'y est mise aussi. Elle ne voulait pas que Kelly dévoile trop ce problème. Tu comprends… (elle imite grossièrement la voix de Mlle Judical)… la réputation de l'Unecain…
 

MENLEY : Pourtant, cette pauvre Kelly a besoin d'aide.
 

LACEY : Kelly n'avait commis aucune infraction, aucun délit. Voir un psy n'était pas obligatoire. C'était à elle de décider.
 

MENLEY (secouant la tête) : Cette histoire est vraiment incroyable.
 

LACEY : A l'époque, j'ai essayé de l'aider. J'ai cherché à comprendre ce qui s'est vraiment passé pendant cette semaine et où elle avait pu être.
 

MENLEY : Et ?
 

LACEY : Et le vieux dragon de l'Unecain, aidé par Stuart, m'ont conseillés de ne pas allé fouiner là où je n'ai pas le droit d'aller fouiner.
 

MENLEY (ironique) : Conseil que bien entendu, tu n'as pas suivie.
 

LACEY (elle rit) : On dirait que tu commences à bien me connaître ! Bien sûr j'ai continué, mais je n'ai absolument rien trouvé. En un mot, je n'ai rien pu faire pour aider

Kelly. J'en suis arrivée à la conclusion que Kelly se bat contre ses propres démons.
 

Menley stoppe sa marche brutalement, imitée par Lacey.
 

MENLEY : Kelly a pourtant besoin d'aide. Je sens qu'elle souhaite mon aide. Je ne te l'ai pas dit, mais lors de la réception de bienvenue, chez Mlle Judical, elle a cherché à me parler. Elle m'a demandé de l'aide. Il faut que j'en sache plus.
 

LACEY (ironique) : Et bien, écoutez-moi cette pauvre petite fille qui veut avoir une petite vie bien tranquille ! …
 

Un silence. Les deux jeunes femmes reprennent leur marche, puis Lacey reprend :
 

… Si tu veux vraiment en savoir plus, vas voir Gil.
 

MENLEY : Gil ? Et pourquoi ça ?
 

LACEY : Il s'est beaucoup intéressé à l'affaire. En fait, c'est un passionné de soucoupes volantes et autres objets zarbis. Et c'est un des seuls, si ce n'est le seul d'ailleurs, qui a cru l'histoire de Kelly.
 

MENLEY (pouffant) : Gil ?… Non….
 

LACEY (pouffant à son tour) : Si !
 


 9  DANS L'APPARTEMENT DE TIM
 

Tim décroche le téléphone qui se trouve sur la petite table de son living et compose un numéro qu'il connaît par cœur. Le répondeur de Menley s'enclenche. Tim raccroche le combiné avec rage, sans laisser de message.
 

TIM (pour lui) : C'est pas possible ! Elle n'est jamais là.
 

Tim est interrompu dans ses pensées par la sonnerie de la porte d'entrée. Il va ouvrir et trouve devant lui une Nanne souriante, ce qui a pour but de l'agacer.
 

TIM : Nanne ! Je ne m'attendais pas à te voir.
 

NANNE : Salut Tim. J'ai une excellente nouvelle à t'annoncer.
 

TIM (peu convaincu) : A bon.
 

NANNE : Oui, j'ai rencontré une personne formidable ce matin et je voudrais t'en parler. Je peux entrer ?
 

TIM (d'un ton sec) : Non !
 

Très vite il se reprend et parle d'une voix plus douce.
 

TIM : C'est à dire que je suis fatigué et je compte bien me reposer un petit peu.
 

NANNE : Très bien, très bien. Alors est-ce que tu accepterais de venir boire un verre chez Bronski, disons… (elle regarde sa montre) à six heures.
 

Tim n'a visiblement qu'une envie : celle de se débarrasser de Nanne sur-le-champ.
 

TIM (impatient) : D'accord, d'accord. A ce soir. Maintenant excuses-moi.
 

Puis il ferme la porte et soupire.
 

TIM (pour lui) : Quelle idiote, cette fille !
 


 10  DANS LA COUR DE L'UNECAIN
 

Jillie sort dans la cour d'un pas décidé, sa mallette à la main. Elle est bientôt rattrapée par Siria, une de ses élèves, qui l'interpelle.
 

SIRIA : Mlle Perkins !
 

Jillie se retourne.
 

JILLIE : Siria !
 

SIRIA : Mlle Perkins, j'aimerai vous parler juste un instant.
 

JILLIE : Oui, bien sûr Siria. Si je peux faire quelque chose pour toi.
 

SIRIA : J'espère Mlle. En fait, je me suis aperçu que j'avais quelques difficultés en Economie cette année. Je n'arrive pas à retenir certaines définitions. Elles sont très compliquées pour moi. Et vous savez, je ne veux pas être recalée cette année.
 

JILLIE : Bien, comment puis-je t'aider ?
 

SIRIA : Si ça ne vous dérange pas, Mlle. Pourriez-vous m'accorder une petite heure de votre temps pour me faire comprendre le fonctionnement du produit national brut et de la fluctuation monétaire ?
 

JILLIE (haussant les épaules) : Bien entendu. Quand veux-tu que nous nous voyons ?
 

SIRIA (un large sourire aux lèvres) : Oh, Mlle Perkins, c'est si gentil à vous. Merci. On peut se voir chez Bronski à 7 heures ce soir.
 

JILLIE : OK. Va pour 7 heures !
 

Toujours le sourire aux lèvres, Siria quitte Jillie. Cette dernière poursuit son chemin vers la sortie de l'Unecain, ravie de pouvoir aider la jeune fille. Elle est à nouveau rattrapée, mais cette fois par Ursula qui court à petit pas comme d'habitude.
 

URSULA : Mlle Perkins ! Mlle Perkins !
 

Jillie se retourne.
 

JILLIE (gentiment exaspérée) : Ursula, à courir ainsi avec vos talons aiguilles de trois mètres de haut et votre jupe qui ne doit pas dépasser les dix centimètres de diamètre, c'est sûr, vous allez vous ramasser une gamelle un jour.
 

URSULA (reprenant son souffle) : Mlle Perkins ! Mlle Judical souhaite vous voir.
 

JILLIE : Merci Ursula, mais vous auriez pu vous éviter un cent mètres dangereux et me dire cela demain.
 

URSULA : Non, Mlle Perkins, vous ne comprenez pas. Mlle Judical veut vous voir… tout de suite.
 


 11  DANS LE BUREAU DE MLLE JUDICAL
 

Jillie est debout, en face de Mlle Judical, elle même assise derrière son bureau.
 

JILLIE : Ca tombe bien que vous m'ayez demandé de venir. J'allais moi même venir afin de vous faire mes excuses pour la soirée du match. Je me suis mal comportée et…
 

MLLE JUDICAL (l'interrompant grossièrement) : Jillie. J'ai pris une décision. Après mûre réflexion, je crois que ce n'est pas la peine de continuer ainsi. Je suis fatiguée de vos frasques incessantes.
 

JILLIE : Est-ce que vous êtes en train de me dire que je suis…
 

MLLE JUDICAL : … virée. Oui, Jillie. Je ne peux plus vous garder.
 

Jillie commence à faire les cents pas. Elle s'énerve.
 

JILLIE : Vous n'avez pas le droit !
 

MLLE JUDICAL : Vous n'avez pas tenu votre promesse de ne plus boire.
 

JILLIE : Le pacte que l'on avait conclu était que je ne devais plus boire… à l'Unecain. En aucun cas vous me l'avez interdit à un autre endroit.
 

MLLE JUDICAL : Vous jouez avec les mots.
 

JILLIE : Nous sommes dans un pays démocratique à ce que je sache. Et j'ai parfaitement le droit de faire ce que je veux, du moment que ça ne nuit pas à mon travail. Pensez-vous que j'ai nuis à mon travail lors de la soirée du match ?
 

MLLE JUDICAL : Jillie, vous êtes une alcoolique. Ce qui s'est passé durant le match va se répéter à l'Unecain, car vous n'avez pas la volonté de vous arrêter de boire. Vous buvez.. et vous buvez encore… Je ne peux pas prendre le risque de vous garder.
 

JILLIE : Oh, je vous en prie. Je commence à m'en sortir. Je n'ai rien bu depuis le match, et je me sens tellement mieux. Tenez, je viens juste de quitter Siria. Elle me demande de lui donner un cours particulier d'économie. Je me suis sentie tellement utile à ce moment là. Ca m'a fait un bien fou.
 

MLLE JUDICAL : Oui, mais pour combien de temps ?
 

JILLIE : Ecoutez. Je suis en pleine forme et Siria me donne la force de me rendre utile. De savoir que quelqu'un a confiance en moi… vous ne pouvez pas savoir ce que sait. Je sais que j'arriverai à me passer d'alcool. Je vous en prie. Si vous me mettez à la porte, je vais recommencer, je le sens. Et je veux par dessus tout m'en sortir.
 

Mlle Judical se lève. Elle marche en réfléchissant. Jillie la regarde, angoissée par ce qu'elle risque de dire. Puis la directrice retourne s'asseoir, et soupire.
 

MLLE JUDICAL : Voilà ce que je vais faire Jillie. Je vais réunir le conseil d'administration de l'Unecain qui va statuer sur votre cas. C'est le conseil qui va décider si oui ou

 non vous êtes apte à rester parmi nous.

 

 12  APPARTEMENT DES LAYTON
 

Frank est devant la porte d'entrée, ses valises à la main. Beth arrive de la cuisine et s'arrête en le voyant ouvrir la porte.
 

BETH : Frank, mais qu'est-ce que tu fais ?
 

FRANK : Je crois que ça se voit, non ? Je m'en vais.
 

BETH : Mais ou ça ?
 

FRANK : Loin de toi et de tes magouilles.
 

BETH : Alors tu es prêt à te battre pour le divorce.
 

FRANK : Non Beth, je suspends le divorce pour le moment. Uniquement pour ne pas faire de tort à Menley.
 

BETH : Très bien, pars si tu veux. Mais je peux te promettre que tu vas revenir très vite, mon cher.
 

FRANK : Ca ne compte pas trop dessus… ma chère !
 

Puis il part en claquant la porte. Beth, seule, sourit.
 


 13  DANS L'APPARTEMENT DE GIL
 

Menley est avec Gil dans le living. Gil est devant une grande étagère ou s'étalent livres et documents divers. Tout en cherchant un document, il parle à Menley.
 

GIL : J'ai beaucoup étudié le cas de Kelly. J'ai eu l'occasion de lui parler et elle m'a expliquée comment l'enlèvement s'est passé. J'ai bien fouillé dans l'endroit où elle m'a dit s'être faite enlevé, mais je n'ai rien trouvé qui soit susceptible de soutenir sa thèse.
 

MENLEY : Ca ne m'étonne guère.
 

GIL : Tu n'y crois pas. Comme la plupart des gens, tu penses que tout ceux qui ont clamé avoir été enlevé par des E.B.E. sont des tarés, c'est ça ?
 

MENLEY : Je n'irais pas jusque là, non.
 

GIL : Ah, voilà !
 

Gil sort d'un tas de livres un énorme dossier qu'il montre à Menley.
 

MENLEY : Qu'est-ce que c'est ?
 

GIL : Il s'agit de ma thèse de dernière année, sur les OVNIS. J'ai rassemblé un nombre impressionnant de documents et j'ai parlé avec de nombreux spécialistes et témoins de faits bizarres…
 

Il s'assoit à côté de Menley sur le canapé et lui fait un clin d'œil.
 

… et j'ai été reçu avec mention bien.
 

Ironiquement, Menley ouvre de grands yeux pour faire croire qu'elle est impressionnée, puis sourit. Gil reprend son sérieux.
 

GIL : Ce qui m'a intéressé chez Kelly, c'est que son histoire comporte quelques similitudes avec d'autres récits. Par exemple, elle a dit avoir vu d'abord une lumière blanche, tellement intense qu'elle l'a rendue aveugle pendant plusieurs minutes. Elle parle aussi d'un fluide qu'elle aurait ressenti sur elle juste après l'apparition de cette lumière.
 

MENLEY : Elle a peut-être déjà lu ou entendu des témoignages.
 

GIL : Oui, c'est probable, mais lorsque j'ai interrogé l'entourage de Kelly, tout le monde s'est accordé pour dire qu'elle n'a jamais été intéressée par des événements de ce genre. Et personne ne l'a vu ou entendu se renseigner sur les OVNIS.
 


 14  AU CABINET BURNSTEIN, DANS LE BUREAU DE STUART
 

ED : Comment va Kelly ?
 

STUART (sans regarder Ed et en continuant son travail) : Aussi bien que possible.
 

Ed explose.
 

ED : Bon sang Stuart, on dirait que vous vous foutez pas mal de ce qui arrive à ma fille !
 

Stuart lève enfin la tête vers Ed.
 

STUART : Ed, écoutez moi bien. Je ne m'en fous pas, comme vous dites. Simplement, j'ai du travail qui ne peut pas attendre, vous comprenez ?
 

ED : Ma fille est donc moins importante pour vous que votre travail.
 

STUART : Ed, je planche sur l'affaire Layton, cette affaire que je ne voulais pas et que vous m'avez forcé à prendre en me faisant votre chantage habituel.
 

ED : Alors oubliez l'affaire Layton un instant et parlez moi de Kelly. Je veux savoir si elle va bien.
 

STUART (il commence à s'énerver) : Ed, pour la énième fois, je vous dit que Kelly va aussi bien que possible. Elle a été choquée. Elle s'en remettra.
 

Ed observe Stuart.
 

ED : Mon Dieu Stuart, comme vous pouvez être froid lorsque vous parlez de ma fille.
 

Stuart soupire et se lève lentement.
 

STUART : Ed, il se trouve que j'aime votre fille. La voir dans cet état ne me plaît pas plus que vous, croyez-moi. Je sais que Kelly a de sérieux problèmes. Je vais être dur Ed, mais voyez-vous je suis fatigué des crises de Kelly. Il y a six mois, j'en ai perdu le sommeil. Si Kelly continue ainsi, je ne vais pas pouvoir la supporter davantage.
 

Ed écarquille les yeux et gifle Stuart.
 

ED : Je vous interdis de parler de la sorte. Kelly a besoin de vous.
 

Un silence pendant lequel Stuart accuse le coup. Puis Ed reprend.
 

ED : Finalement, en y réfléchissant bien, je crois que Kelly a besoin de voir un spécialiste.
 

KELLY : Je n'ai besoin d'aucun spécialiste, papa.
 

Surpris, Ed et Stuart se retournent. Kelly est dans l'encadrement de la porte.
 

STUART (gêné à l'idée que Kelly ait pu entendre ses paroles) : Chérie ! Ca fait longtemps que tu es là ?
 

KELLY : Je viens d'arriver. (Puis s'adressant à Ed). Papa, écoute, je n'ai pas besoin de psy. Je sais ce que je dis. Je l'ai vécu, il faut me croire... Mais quand quelqu'un va-t-il finir par me croire !
 

Kelly est en proie au désarroi. Ed la prend dans ses bras. Il regarde Stuart tout en la consolant.
 

ED : Chhh, ce n'est rien ma chérie.
 



 15  CHEZ BRONSKI
 

Nanne est seule à une table, avec un verre de limonade vide devant elle. Elle fait la moue, puis regarde l'heure. Une serveuse (Susie) s'approche d'elle.
 

SUSIE : Vous désirez une autre limonade ?
 

Nanne se force à sourire.
 

NANNE : Non Susie, merci.
 

Susie prend le verre et essuie la table.
 

SUSIE : Comme qui dirait que votre rendez-vous ne viendra pas.
 

Nanne soupire.
 

SUSIE : Ces hommes, tous les mêmes.
 

Susie quitte Nanne. C'est alors que Gil fait son entrée dans le café et ne tarde pas à apercevoir Nanne. Il va vers elle, le pas lent. Nanne lève la tête et l'aperçoit. Elle est quelque peu gênée.
 

GIL : Salut.
 

NANNE : Salut Gil.
 

GIL : Je peux m'asseoir ?
 

NANNE : Oui, bien sûr... Comment vas tu ?
 

GIL : Ecoute, Nanne, je voudrais m'excuser pour la dernière fois, à la réception du match, je n'avais pas le droit…
 

NANNE (l'interrompant)
 

Non, tu n'as pas à t'excuser, Gil. Je crois qu'il se faisait tard et que nous étions tous les deux très fatigués.
 

GIL : Alors, on fait la paix et on oublie tout ?
 

NANNE (souriante) : Bien sûr. Ca me fait plaisir de savoir qu'on est encore amis.
 

GIL : Hé ! A la vie.. à la mort…
 

Le deux jeunes gens commencent à se détendre.
 

GIL : Tu allais partir ?
 

NANNE : Oui. En fait j'attendais Tim, mais il n'est pas venu.
 

Le visage de Gil s'assombrit.
 

GIL : Tu avais rendez-vous avec lui ?
 

NANNE : Oui, je devais lui parler d'une chose qu'il m'est arrivée aujourd'hui. Mais il n'est pas venu. Je suppose qu'il a eu un empêchement.
 

GIL (il s'énerve) : Nanne, on dirait que tu ne connais pas bien ce type.
 

NANNE : Gil, ne commence pas !
 

GIL : Pourquoi est-ce que tu t'amourache de ce genre de type ? Tim ne pourra rien t'apporter de bon. Regarde comment il t'a traité à la réception et maintenant, il n'est même pas là alors que vous aviez rendez-vous !
 

Nanne se lève.
 

NANNE : Je vois que tu n'as pas changé d'état d'esprit. Dans ce cas, il vaut mieux qu'on arrête cette conversation. Au revoir Gil.
 

Et Nanne quitte le café, laissant Gil en colère.

 

 

 16  APPARTEMENT DE JILLIE
 

Elle est assise sur son canapé, en face de la télévision, qu'elle regarde. On la sent nerveuse. Elle croise ses bras, puis les décroise. Elle finit par prendre la télécommande

et éteint le poste de télévision. Elle prend ensuite un magazine sur la petite table, devant le canapé. Elle le feuillette nerveusement avant de le reposer à sa place. Elle se lève et va dans la cuisine. Elle y fait d'abord les cent pas, puis s'arrête devant une armoire, ouvre la porte, hésite un instant, puis rapidement en sort une bouteille de vodka. Elle contemple la bouteille un instant. Finalement, elle repose la bouteille à sa place, prend sa mallette qui se trouve sur la chaise et quitte l'appartement.
 


 17  GREAT GARDEN
 

Mlle Judical se promène avec Joe Krueger dans les allées du grand jardin de Garden Place.
 

MLLE JUDICAL : Merci.
 

Joe sourit.
 

JOE : Pourquoi me remerciez-vous ?
 

MLLE JUDICAL : Merci de m'avoir enlevée de la routine de l'Unecain pour apprécier un instant de cette belle journée.
 

JOE : Il est parfois agréable de prendre un moment pour venir à Great Garden se recharger les batteries.
 

MLLE JUDICAL : Oh oui. Et Dieu sait si j'en ai besoin.
 

JOE (après un bref instant) : Qu'avez-vous décidé au sujet de Jillie Perkins ?
 

MLLE JUDICAL : Le Conseil d'Administration va statuer sur son cas jeudi prochain. En tout cas, je vous remercie de n'avoir rien publié dans votre journal.
 

JOE : Je tiens toujours mes promesses, vous savez.
 

MLLE JUDICAL : Oui, je sais. Vous êtes un véritable ami.
 

JOE : Je voudrais devenir bien plus que cela pour vous.
 

Mlle Judical s'arrête de marcher et regarde Joe dans les yeux..
 

MLLE JUDICAL : Joe !
 

JOE : Vous connaissez mes sentiments à votre égard, Alice.
 

MLLE JUDICAL : Mais je…
 

Joe pose son index sur la bouche de Mlle Judical, lui signifiant qu'elle ne doit rien dire d'autre. Puis, doucement, il porte ses lèvres contre les siennes.
 


 18  CHEZ BRONSKI
 

Siria et Jillie sont attablées. Devant elles, des papiers éparpillés sur la table et deux tasses de café. Jillie rassemble les papiers.
 

SIRIA (souriante) : Merci beaucoup Mlle Perkins. J'ai finalement compris pas mal de choses grâce à vous.
 

JILLIE (souriante) : J'en suis heureuse, Siria. Vraiment.
 

Siria et Jillie terminent de rassembler leur document et les ranger dans leur mallette respective. Puis Siria regarde Jillie.
 

SIRIA : Vous êtes un très bon professeur, Mlle.
 

JILLIE (surprise) : Vraiment ?
 

SIRIA : Oui, grâce à vous et à vos cours, je pense que je vais choisir une Faculté en Sciences Economiques.
 

JILLIE (émue) : Et bien. Je… je suis vraiment très flattée.
 

SIRIA : Mlle Perkins, je ne voudrai pas abuser de votre temps et de votre patience…
 

Siria hésite. Elle se mord la lèvre.
 

JILLIE : Et bien Siria, qui a-t-il ?
 

SIRIA : Il y a encore le chapitre des fluctuations monétaires que l'on pas vues.
 

JILLIE : Veux-tu qu'on se fixe à nouveau une heure demain ?
 

SIRIA : Ca ne vous dérange pas ?
 

JILLIE (elle rit) : Mais non voyons. Au contraire, ça me fait plaisir. Mettons… demain 18 heures ici même.
 

SIRIA : C'est à dire qu'ici, on n'est pas vraiment tranquille. Que diriez-vous de venir à la maison ? Comme ça, vous ferais la connaissance de Maman.
 

JILLIE : Entendu. Demain chez toi.
 

Siria prend un papier et griffonne une adresse qu'elle tend à Jillie.
 

SIRIA : Voici mon adresse…
 

Elle se lève.
 

… il faut que je file maintenant. Encore merci Mlle Perkins.
 

Siria quitte le café alors que Jillie affiche un visage satisfait.
 


 19  DANS UNE FÔRET
 

Nous sommes sur un terre plain. Menley et Gil arrivent en voiture. Gil arrête la voiture et sort, imité par Menley. Le terre plain est entouré par une forêt drue.
 

GIL : Voilà. C'est ici que Kelly a dit s'être fait enlevée.
 

Menley regarde tout autour d'elle. Tout en marchant, elle observe, scrute les environs et le sol.
 

GIL : Nous n'avons rien trouvé à l'époque. Pas la moindre trace


Gil se place au centre du terre plain.
 

GIL : C'est ici même que l'OVNI se trouvait. Aucune trace de brûlure d'herbe.
 

Soudain, Menley semble attirée du regard par le sol.
 

MENLEY : Gil, viens voir ça !
 

Gil arrive près de la jeune femme et regarde dans la même direction qu'elle.
 

GIL : On dirait des traces de pneus. Ce pourrait-il que Kelly soit venue ici hier soir ?
 

MENLEY : Ca ne prouve rien Gil. Tu sais, il y a des tas de voitures qui peuvent passer par là. En tout cas, ce n'est qu'une bonne vieille trace de pneu d'une bonne vieille voiture. Rien de surnaturel.
 

Gil et Menley se regardent.
 


 20  à LA TERRASSE D'UN CA
 

Ed Burnstein est attablé devant un café avec sa fille Kelly. Il semble préoccupé en la voyant. De plus, Kelly affiche un visage résigné. Elle est déprimée.
 

ED : Tu ne finis pas ton café, ma chérie ?
 

Kelly ne répond pas. Son visage et son regard sont vides d'expression.
 

ED :Kelly voyons, il faut te ressaisir.
 

Kelly regarde enfin son père.
 

KELLY : Me ressaisir ? ! Papa, je te signale que j'ai été victime d'un enlèvement. J'ai vécu des choses horribles et ce n'est pas la première fois.
 

ED : Kelly, je suis là pour t'aider.
 

KELLY : Papa, la seule chose qui pourrait m'aider, c'est de me croire. Ca me ferait un grand bien, car je suis en train de me battre seule contre ces monstres.
 

ED : Pourquoi ne pas prévenir la police ?
 

KELLY : J'ai déjà eu l'occasion de voir la police à l'œuvre la dernière fois, et c'est comme si elle n'avait rien fait.
 

ED : Ecoute, mon ange. Moi je peux t'aider. Je connais un très bon docteur.
 

KELLY : Papa, arrête. Je ne suis pas folle.
 

Des larmes montent aux yeux de la jeune fille.
 

KELLY (dans un sanglot) : Mais pourquoi personne ne veut me croire, mon Dieu, pourquoi ?


 21  DANS UN COULOIR DE L'UNECAIN
 

Jillie arpente le long du couloir. Elle est sobre. Elle s'arrête soudain lorsqu'elle aperçoit Lacey qui vient à sa rencontre. Lacey sourit.
 

LACEY : Tiens, mais voici notre chère amie Jillie Perkins ! Si tu cherches une table sous laquelle te rouler, suis mon conseil : il y en a de très belles chez Bronski.
 

JILLIE (souriante) : C'est vraiment formidable, ma chère. Mais les méchancetés, dues sans aucun doute à tes manques et à tes frustrations de femme célibataire, que tu me flanques à la figure pour te faire remarquer… ces méchancetés ne m'atteignent plus.
 

LACEY : Ils ne t'atteignent que lorsque tu es ivre morte. Ce qui ne va pas tarder. Je suppose que tu vas aux… toilettes.
 

JILLIE : Non, je vais à mon cours, voir mes élèves. La boisson, c'est terminé pour moi.
 

LACEY (elle rit) : Et moi je suis la femme du Pape ! Non Jillie, sois sérieuse pour une fois. Avoue que tu as un problème.
 

JILLIE : Le seul problème que j'ai, c'est toi ! Et toi, c'est plus d'un que tu as. Et franchement, je te plains.
 

LACEY : Oh non, ma fille, c'est moi qui te plains.
 

Lacey sort de sa poche une feuille qu'elle montre à Jillie.
 

JILLIE : Qu'est-ce que c'est que ça ?
 

LACEY : Une convocation. Je suis convoquée jeudi prochain dans la grande salle de l'Unecain pour statuer sur le devenir d'une certaine personne qui s'appelle….
 

Ironiquement, elle prend le papier et le regarde.
 

… ah bien oui. Jillie Perkins. C'est bien écrit là !
 

JILLIE (elle blêmit) : Tu veux dire que…
 

LACEY (moqueuse) : Et oui ma chère. Je fais partie du Conseil d'Administration.
 


 22  DANS LA SUITE DE MLLE JUDICAL
 

Mlle Judical est assise sur le canapé, perdue dans ses pensées. Flora arrive, une tasse de café à la main. Comme elle est aveugle, elle dépose soigneusement la tasse sur la petite table. Mlle Judical sourit.
 

MLLE JUDICAL : Merci Flora.
 

Flora s'assoit à côté d'elle.
 

FLORA : Pouuf, ça fait du bien de se reposer.
 

Toujours dans ses pensées, Mlle Judical ne répond pas.
 

FLORA : Et maintenant, ma chère Alice, tu vas me dire ce qui ne va pas. Et ne me dis pas que c'est à cause de Jillie Perkins, je ne te croirais pas. Il y a autre chose.
 

MLLE JUDICAL : Est-ce que j'arriverai un jour à te cacher quelque chose ? ! Si encore tu pouvais voir sur ma figure que quelque chose ne va pas…
 

FLORA (elle sourit) : Je ne peux pas voir… mais je peux ressentir.
 

MLLE JUDICAL : Et que ressens-tu chez moi ?
 

FLORA : Une affaire de cœur.
 

MLLE JUDICAL : Bingo !
 

FLORA : Joe Krueger ?
 

MLLE JUDICAL : Nous étions à Great Garden hier après-midi et… enfin, il m'a embrassée.
 

Flora se redresse.
 

FLORA : Mais voilà qui devient intéressant.
 

MLLE JUDICAL : Eh, eh, ne t'emballes pas, tu veux ! Disons que ce baiser m'a…m'a remuée quelque part.
 

FLORA : Ca s'appelle être amoureuse.
 

MLLE JUDICAL : Ce ne s'appelle pas être amoureuse ! C'était frais… gentil… tendre… super.
 

FLORA (elle persiste) : Ca s'appelle être amoureuse.
 

Mlle Judical pose ses mains sur son visage, comme le fait une adolescente en proie à une émotion.
 

MLLE JUDICAL : Oh, Flora, mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne comprend pas.
 

FLORA : Je viens de te le dire deux fois. Tu es amoureuse.
 

MLLE JUDICAL : Je n'en sais rien. C'est que… mon travail me prend énormément de temps. J'ai tout investi dans l'Unecain. Et m'engager dans une relation me fait très peur.
 

FLORA : Tu as peur de quoi au juste ?
 

MLLE JUDICAL : D'être une femme au foyer. C'est un rôle qui ne me va pas. Je ne me vois pas mariée, c'est tout.
 

FLORA : Le mariage est une des choses les plus formidables Alice. C'est formidable parce que tu peux tout partager avec l'être aimé. Tes joies, tes peines, tes interrogations, tes angoisses. C'est formidable d'avoir quelqu'un à côté de soi, quelqu'un qui vous apporte un soutien, des encouragements…de l'amour.
 

MLLE JUDICAL : Est-ce que tu es en train de me suggérer de foncer ?
 

Flora se lève.
 

FLORA : Je te suggère d'écouter ce que ton cœur a à te dire. Je ne peux pas décider à ta place.
 


 23  LA MAISON DES PARENTS DE SIRIA
 

Siria et sa mère,ainsi que Jillie, se trouvent dans le living, plutôt sobre et peu décoré.
 

SIRIA : Mlle Perkins, je vous présente Maria, ma maman.
 

Jillie tend la main à Maria avec un sourire.
 

JILLIE : Ravie de faire votre connaissance. Vous avez beaucoup de chance d'avoir une fille comme Siria.
 

MARIA (elle sourit en regardant Siria) : Je le sais, Mlle. Elle est formidable.
 

Nota : Maria s'exprime avec un fort accent mexicain.
 

SIRIA (à sa mère) : Mlle Perkins m'est d'une grande aide dans mon travail. Grâce à elle, je suis sûre que je vais réussir mon examen d'entrée en fac économique.
 

MARIA : C'est le fruit de ton travail qui te fera entrer en fac, ma chérie.
 

JILLIE : Ta maman à raison. Tu es très douée et aussi très travailleuse. Tu réussiras, c'est sûr.
 

MARIA : Bien, je vais vous laisser travailler maintenant. Je vais à la cuisine préparer le dîner. (elle se tourne vers Jillie) Vous resterez pour le dîner ?
 

JILLIE (hésitante) : C'est que je ne sais pas trop…
 

SIRIA : Oh s'il vous plaît, Mlle. Maman fait une truite aux amandes vraiment fantastique. C'est un vrai cordon bleue.
 

JILLIE : Et bien… ma foi c'est d'accord.
 

Siria affiche un large sourire.
 

SIRIA : Fantastique !
 

Maria prend congé de Siria et Jillie. L'élève et le professeur s'assoient sur le canapé. Jillie commence à déballer ses affaires sur la petite table. Elle sourit.
 

JILLIE : Tu as une maman formidable, tu sais ça ?
 

SIRIA : Oui, mais ça n'a pas été tout le temps comme ça.
 

JILLIE (surprise) : Ah bon ?
 

SIRIA : Oui, maman et moi avions connus une très triste période. A la mort de Papa, elle a dû nous élever seule, mon frère et moi.
 

JILLIE : Ca ne devait pas être facile pour elle de supporter une telle charge.
 

SIRIA : Elle ne l'a pas supporté.
 

JILLIE : Que veux-tu dire par là ?
 

SIRIA : Maman s'est mise à boire. Une bouteille de vodka par jour.
 

Jillie commence à être mal à l'aise. Mais Siria poursuit.
 

SIRIA : Je n'avais que dix ans à l'époque. Et mon frère en avait huit. Elle n'arrivait plus à nous supporter. La seule chose qu'elle supportait, c'était sa bouteille de vodka. Elle ne s'occupait plus de nous, ne faisait plus à manger, plus de ménage. J'ai dû alors travailler très dur. Je donnais à manger à mon frère et je faisais le ménage. Et quand maman avait sa dose de vodka, elle nous frappait très fort.
 

JILLIE (mal à l'aise) : Siria, il faut que l'on commence à travailler.
 

SIRIA (ignorant cette remarque) : Un jour qu'elle était totalement ivre, elle a pris mon petit frère et lui a passé la main sous l'eau brûlante. Il a tellement hurlé que j'ai encore ses cris dans ma tête.
 

JILLIE : Siria, mais pourquoi me raconter ça maintenant ?
 

SIRIA : Mlle Perkins, je veux vous faire comprendre qu'on peut se sortir de la boisson. Maman y a réussit, mais avec de l'aide. Si elle n'avait pas reçu l'aide de professionnels, elle ne serait plus là aujourd'hui. Maintenant, nous lui avons pardonné parce que nous savons qu'elle n'était pas elle même lorsqu'elle buvait.
 

Très nerveuse, Jillie regarde sa montre et se lève.
 

JILLIE (peu persuasive) : Mon Dieu, j'ai oublié que j'avais un rendez-vous ce soir. Je ne peux pas rester, je suis désolée. Il faut que je parte.
 

Jillie est déjà devant la porte du living lorsque Siria lui parle :
 

SIRIA : Mlle Perkins, vous avez besoin d'aide. Laissez quelqu'un vous aider. Vous n'y arriverez pas sinon.
 

Après un bref instant d'hésitation, Jillie finit par partir.
 


 24  DANS UNE RUE DE GARDEN PLACE
 

FRANK : Mais qu'est-ce que vous êtes en train de me raconter ?
 

PENLOCK : Simplement ceci, Frank. Vous êtes dans l'obligation de réintégrer le domicile conjugal.
 

FRANK : Mais c'est complètement fou.
 

PENLOCK : Peut-être. Mais si vous rester dans votre chambre d'hôtel et que vous ne revenez pas à Garden View, Beth intentera son action en justice à vos torts exclusifs. Vous risquez de perdre un gros paquet. N'oubliez pas que Beth suspend sa demande uniquement parce qu'elle souhaite une tentative de réconciliation.
 

FRANK : Mais tout ça se sont des foutaises !
 

PENLOCK : Je le sais, vous le savez. Mais le juge, lui, n'en sait rien. Pensez-y Frank.
 


 25  DANS LA FORÊT
 

Gil et Menley sont au même endroit que la dernière fois. Mais cette fois-ci en compagnie de Kelly, qui sort précautionneusement de la voiture.
 

GIL : Voilà Kelly. Maintenant, essaie de te souvenir. Est-ce que tu étais ici l'autre soir ?
 

Kelly parcours des yeux le terre plain. Elle est apeurée.
 

KELLY : Je… je crois oui. Je ne sais plus.
 

Menley regarde Kelly.
 

MENLEY : Tu y étais seule ?
 

Soudain, Kelly a un flash. Elle se souvient d'une lumière blanche. Elle sursaute, sous le regard de Menley et Gil.
 

GIL : Kelly, qu'y a-t-il ?
 

KELLY : Je me rappelle… il y avait une lumière blanche…
 

Kelly sursaute à nouveau.
 

GIL : Kelly ?
 

KELLY : Du métal !
 

Kelly fait un tel effort de concentration qu'elle transpire sur tout le corps. Elle est parcourue de frissons.
 

MENLEY : Kelly, tu vas bien ?
 

Kelly est maintenant en transe. Ses yeux s'agrandissent. Elle semble se rappeler un événement tragique.
 

KELLY : Non ! Non !
 

GIL : Kelly, dis-moi ce que tu vois.
 

KELLY (ignorant Gil) : Non, non ! Pas ça ! Non, ne me faites pas ça.
 

GIL (insistant) : Pas quoi Kelly ? Qu'est-ce que tu ne veux pas qu'ils te fassent. Dis-moi.
 

Menley commence à paniquer.
 

KELLY : Oh noooon ! ! ! (Elle hurle)
 

MENLEY : Gil…
 

GIL : Kelly, je t'en prie. Dis-moi ce qui se passe ?
 

Kelly pleure. Elle semble revivre une scène.
 

MENLEY : Gil, arrête maintenant !
 

Gil soupire. Il sait qu'il ne peut rien tirer de Kelly.
 


 26  DANS LA SALLE INTERDITE, à L'UNECAIN
 

Nanne entre et aperçoit Tim. Elle va vers lui, l'air mécontent. Lorsque Tim la voit, il est gêné.
 

NANNE : Tim, te voilà enfin ! Je t'ai attendu plus d'une heure chez Bronski hier.
 

TIM : Nanne, je suis vraiment désolé, mais j'avais un tas de boulot. Je voulais décommander. Mais tu sais ce que c'est, je n'ai même pas eu le temps de le faire.
 

NANNE : Tu aurais au moins pu téléphoner.
 

TIM : Je sais Nanne. Ne m'en veux pas. Ce n'est que partie remise, OK ?
 

Tim s'apprête à partir mais Nanne le retient.
 

NANNE : Pourquoi pas demain soir ?
 

TIM : Nanne ! J'ai vraiment beaucoup de travail.
 

NANNE (désappointée) : Tu as toujours beaucoup de travail ! Essaie de décompresser un peu. Regarde toi. Tu es tendu comme une corde de violon.
 

TIM : J'ai prévu de… refaire mon appartement, complètement. C'est très dur.
 

Il regarde sa montre.
 

TIM : Oh, mon Dieu, déjà cette heure. Désolé Nanne, il faut que j'y aille.
 

Sans que la jeune fille ait eu le temps de dire quelque chose, il s'en va.
 


 27  APPARTEMENT DES LAYTON
 

Beth est debout près de la petite table. Elle a un sandwich dans la main qu'elle s'apprête à mordre lorsque la porte s'ouvre. Frank arrive, ses bagages à la main. Il la regarde, passe devant elle et emprunte l'escalier en colimaçon pour aller au premier étage de l'appartement. Il ne dit pas un mot, mais son regard exprime de la colère. Beth a un large sourire narquois avant de croquer dans son sandwich.
 


 28  APPARTEMENT DE MENLEY
 

Elle est avec Lacey et Gil. Ils sont assis sur le canapé et prennent un café ensemble.
 

MENLEY : Il est évident pour moi que Kelly souffre d'hallucinations.
 

LACEY : Oui, et elle a simplement besoin d'un bon psy pour lui remettre le ciboulot à l'endroit. C'est tout.
 

Sa tasse à la main, Gil se lève.
 

GIL : Je ne suis pas de votre avis. Je pense que Kelly a véritablement vécu quelque chose dans cette forêt.
 

LACEY : Gil, voyons. Soit un peu sérieux. Tu crois une nouvelle fois que des petits hommes verts sont venus lui chatouiller les pieds ? Mais sois un peu réaliste. S'il y avait eu ne serait-ce qu'une lueur blanche, je crois que plusieurs personnes auraient dû la voir, non ?
 

GIL : On voit que tu n'y connais rien dans ce domaine, ma pauvre. Kelly devait aller consulter non pas un psy, mais un groupe d'études. Le genre d'association où des gens ont vécu les mêmes situations.
 

LACEY (pouffant) : Des bandes de tarés qui ont peur de leur propre ombre. Des sectes, ni plus ni moins.
 

Gil secoue la tête et pose sa tasse.
 

GIL : Je préfère partir avant de m'énerver contre ma meilleure amie.
 

LACEY (ironique) : Contente de savoir que je suis toujours ta meilleure amie.
 

GIL (à son tour ironique) : Une écervelée qui ne comprend rien… mais ma meilleure amie tout de même.
 

Il prend congé des deux femmes.
 

LACEY : Ah Gil ne changera décidément jamais. Toujours la tête dans les nuages.
 

Un silence, puis Lacey regarde Menley.
 

LACEY : Menley, dis-moi. Est-ce que tu as des nouvelles de Frank ?
 

Le visage de Menley s'assombrit.
 

MENLEY
 

Pas depuis le soir du match. Je ne l'ai même pas croisé dans les couloirs de l'Unecain.
 

LACEY : Et tu penses encore à lui ?
 

MENLEY (elle commence à s'énerver) : Je t'ai déjà dit qu'entre lui et moi c'est fini.
 

Lacey se lève. Elle calme Menley.
 

LACEY : D'accord, d'accord, on n'en parle plus. D'ailleurs, Je préfère partir avant de m'énerver contre ma meilleure amie.
 

Lacey et Menley se regardent. Lacey sourit, puis Menley fait de même et le sourire se transforme en éclat de rire.
 


 29  DANS LA COUR DE L'UNECAIN
 

Jillie, sa mallette à la main, repère Siria qui discute avec une de ses amie. Elle va à sa rencontre.
 

JILLIE : Siria ! Je pourrais te parler un instant ?
 

Siria avance vers Jillie, laissant son amie à l'écart.
 

JILLIE : Siria, je voulais m'excuser pour hier. J'ai vraiment été sotte de partir comme ça. Ce n'était pas très poli.
 

SIRIA : Maman a été peiné de ne pas vous avoir eue à dîner.
 

JILLIE (baisse les yeux) : Je sais, ce n'était pas très malin de ma part. Me pardonnes-tu ?
 

SIRIA : Bien sûr. Je sais pour tout à l'heure.
 

JILLIE : Quoi ?
 

SIRIA : Je sais que le Conseil d'Administration va se réunir pour vous.
 

JILLIE : Les nouvelles vont vite. Ecoute, peu importe le Conseil d'Administration ou autre, je voudrais me racheter. Que dirais-tu de me retrouver tout à l'heure, vers 4 h 00 à la sortie de l'Unecain. Nous passerions chez moi pour étudier.
 

SIRIA (sourire) : C'est une très bonne idée.
 

JILLIE : Bien, alors… à tout à l'heure.
 


 30  APPARTEMENT DES FARRIS
 

Kelly entre comme une furie dans l'appartement. Elle est terrifiée. Elle ferme la porte et s'adosse contre elle. Elle se comporte comme si elle avait été poursuivie. Elle est hors d'haleine.
 

KELLY : Ils ne m'auront pas ! Oh non, ils ne m'auront pas.
 

Elle ferme la porte à clé, mais il semble que cela ne suffise pas à calmer la jeune femme. Elle est au bord de l'hystérie. Elle pousse alors la grosse commode et la fait glisser contre la porte au prix d'un gros effort physique.
 

KELLY : Ils ne m'auront pas !
 

Personne ne peut entrer de l'extérieur maintenant que Kelly a coincé la grosse commode contre la porte. Mais elle est à bout de souffle et s'effondre au pied de la commode en pleurant comme une petite fille et en répétant :
 

KELLY : Ils ne m'auront pas !
 


 31  LE CONSEIL D'ADMINISTRATION DANS LA SALLE DE RéUNION
 

Le Conseil d'Administration est réuni autour d'une table ovale. On trouve à un bout Mlle Judical, qui préside de Conseil et à l'autre bout Jillie. Quatre personnes, dont Lacey sont sur la gauche et quatre autres sur la droite.
 

JILLIE : Je sais que j'ai fait pas mal de bêtises et croyez-moi, je m'en veux énormément. Je n'arrivais pas à trouver un équilibre au sein de mon travail. Mais je vous assure que depuis le soir du match, je n'ai plus touché une seule goutte d'alcool, vous pouvez me croire. Ce que j'essaie de dire, c'est que j'ai trouvé une motivation en la personne de la jeune Siria. Je l'aide en lui donnant des cours particuliers et cela me fait un bien énorme. Grâce à elle, cet équilibre professionnel qui me manquait, je l'ai trouvé. Je sais que je suis un bon professeur… voilà.
 

MLLE JUDICAL : Mlle Perkins, êtes vous prête à suivre une thérapie de groupe au centre spécialisé ?
 

JILLIE : Sauf votre respect, Mlle. Je crois ne pas en avoir besoin. Voyez-vous, je suis maintenant…
 

MLLE JUDICAL (l'interrompant) : Mlle Perkins, s'il vous plaît, répondez à ma question.
 

JILLIE (après une hésitation) : Non, je n'en vois pas la nécessité.
 

Mlle Judical toussote avant de prendre la parole.
 

MLLE JUDICAL : Bien, mesdames et messieurs, vous avez maintenant tous les éléments de l'affaire. Il vous appartient maintenant de statuer sur le devenir de Jillie Perkins au sein de notre établissement… Que ceux qui votent pour le renvoie de Mlle Perkins lèvent la main.
 

Lacey, un grand sourire aux lèvres, est la première à lever la main, suivie par trois autres personnes.
 

MLLE JUDICAL : Qui vote contre ?
 

Quatre personnes lèvent la main. Les votes sont donc partagés.
 

MLLE JUDICAL : Quatre contre quatre. Il m'appartient donc de prendre la décision pour faire pencher la balance.
 

Après un moment de silence, elle se tourne vers Jillie.
 

MLLE JUDICAL : Jillie, que vous vouliez le reconnaître ou non, vous avez un sérieux problème qu'il vous faut résoudre, indéniablement. En tant que directrice de l'Unecain, je ne peux risquer de ruiner la réputation de l'établissement par vos frasques. Je pense que la décision que je vais prendre maintenant satisfera tout le monde. Jillie, je vous signifie une mise à pied de trente jours. Durant cette période, vous serez suivit en permanence par le médecin de l'Unecain. Celui-ci devra établir chaque jour un bilan de votre état. Passés ces trente jours, c'est lui même qui décidera, en fonction de votre progression, si vous êtes ou non apte à garder votre fonction au sein de notre établissement. Cette mesure vous convient-elle ?


Jillie a blêmit à l'annonce de la décision de Mlle Judical.. Elle se lève brutalement
 

JILLIE : Vous ne pouvez pas me faite ça ! Pas à moi. Je vous aie dit que je pouvais m'en sortir…
 

Puis elle hausse la voix.
 

… Je ne suis pas une alcoolique, vous m'entendez ! Je ne suis pas alcoolique.
 

Et elle quitte précipitamment la salle.

 

 

 32  à LA SORTIE DE L'UNECAIN
 

Siria attend Jillie. Elle consulte sa montre.
 


 33  BUREAU DE MLLE JUDICAL
 

Jillie se précipite en courant dans le bureau de Mlle Judical. Elle passe d'abord par le secrétariat où Ursula regarde la jeune femme d'un œil surpris. Jillie s'enferme dans le bureau. Mlle Judical et Lacey arrivent et frappent à la porte.
 

MLLE JUDICAL : Jillie ! Jillie voyons, ne faites pas l'enfant. Ouvrez cette porte !
 

Jillie a le visage ravagé par les larmes. Nerveusement, elle se dirige au petit bar qui se trouve à droite. On entend toujours Mlle Judical frapper et appeler derrière la porte. Jillie prend une bouteille de vodka qu'elle contemple, puis elle avale une très large gorgée du liquide, puis une autre, avant de jeter la bouteille. Elle quitte enfin le bureau et bouscule Mlle Judical et Lacey.
 

JILLIE : Laissez-moi tranquille, vous entendez. Vous avez eu ce que vous voulez, alors foutez-moi la paix !
 

Elle regarde Lacey, l'œil mauvais.
 

JILLIE : Et toi, tu jubiles, hein ? Tu as eu ce que tu voulais finalement. Tu m'as détruite… je n'ai plus rien maintenant.
 

LACEY : Jillie, essaie de comprendre…
 

Mais Jillie quitte la pièce en titubant.
 

MLLE JUDICAL : On ne peut pas la laisser partir comme ça, elle a bu.
 

Mlle Judical cours vers Jillie et lui attrape le bras, mais Jillie la repousse violemment. Elle est maintenant dans le couloir. Lacey arrive près de Mlle Judical.
 

LACEY : Laissez la tranquille, vous voyez bien qu'elle n'est pas dans son état normal. Ca ira mieux une fois qu'elle aura accusé le coup.
 


 34  LE PARKING, PUIS LA SORTIE DE L'UNECAIN
 

Jillie est à bord de sa voiture. Elle quitte le parking à vive allure. A la sortie de l'Unecain, on voit Siria qui regarde une nouvelle fois sa montre, commençant à s'impatienter. Elle aperçoit alors la voiture de Jillie sortir du parking pour venir dans sa direction à une vitesse folle. Jillie, elle, ne voit plus rien, tout se brouille. Elle est ivre. La voiture fonce sur Siria et la percute de plein fouet avant de terminer sa course folle contre un arbre, avec fracas. Il n'y a personne d'autre autour d'eux.
Mlle Judical et Lacey arrivent en courant pour constater les dégâts. La voiture de Jillie n'est plus qu'un amas de ferraille et Siria gît sur le sol, inanimée.
 


 GéNéRIQUE DE FIN