1  HÔPITAL CENTRAL DE GARDEN PLACE
 

Jason sort précautionneusement d'une pièce. Il regarde autour de lui. Personne n'est dans le couloir. Il est habillé d'une blouse blanche de médecin. Il a une seringue à la main. Il avance doucement vers la chambre où il est inscrit sur la porte " 245 ". Il ouvre la porte. Gil dort. Jason entre et ferme la porte avec précaution. Tout en s'avancant vers Gil, il murmure :
 

JASON : Il est grand temps que je m'occupe de toi, mon grand. Ca me fait de la peine, je n'ai jamais tué quelqu'un de ma vie, mais là, je n'ai pas le choix. Dis-toi bien que je fais ça pour Nanne. Je sens qu'on va vivre heureux tous les deux. Je lui apporterai tout ce que toi, tu n'aurais pas pu lui apporter.
 

La tête de Gil est reposée du côté opposé à Jason. Jason porte la seringue près de son visage afin de la regarder. Il continue à murmurer :
 

JASON : Ma mère a été infirmière, dans le temps. Elle était obligée de travail pour nous nourrir, mon frère et moi. Un jour, elle m'a appris qu'en injectant de l'air dans le corps d'un être humain, il meurt d'asphyxie. C'est le moment d'essayer pour voir si ça marche vraiment. Ne t'inquiète surtout pas, il paraît que ça ne fait pas mal.
 

Jason approche la seringue du bras de Gil. Brusquement, la porte s'ouvre et une jeune infirmière débarque dans la pièce. Jason, qui est de dos, cache la seringue dans sa poche d'un geste brusque. L'infirmière arrive près du lit de Gil.
 

L'INFIRMIERE : Bonjour, Docteur. Je vois que notre malade va beaucoup mieux. Faut-il laisser la perf à 2,5 ?
 

Des gouttes de sueur perlent sur le front de Jason. Il bredouille :
 

JASON : 2,5. Oui… c'est parfait.
 

L'INFIRMIERE : Bien. Je viendrai prendre sa température dans un quart d'heure…
 

Elle regarde Jason, l'air inquiet


… Docteur, est-ce que vous allez bien ?
 

Jason ne répond pas et continue de regarder Gil. Ce dernier dort toujours, avec la tête de l'autre côté. L'infirmière pivote et se dirige vers la porte de sortie. Gil commence à bouger. Il tourne la tête et ouvre les paupières. Il voit alors Jason qui tend vers son bras la seringue. Il remue et saisit le bouton pour demander de l'aide. Il murmure.
 

GIL : Mmmm !
 

Près de la porte, l'infirmière se retourne. Maintenant Gil se débat et Jason essaie de piquer la seringue dans son bras. L'infirmière arrive près d'eux.
 

L'INFIRMIERE : Mais que se passe-t-il ?
 

GIL : Appelez de l'aide.
 

L'INFIRMIERE (elle regarde Jason) : Mais docteur, que faites-vous ? Arrêtez ! Arrêtez, voyons.
 

Elle prend le bras de Jason pour l'empêcher de piquer Gil. Jason panique. Il pousse violemment l'infirmière qui tombe à la renverse et il quitte précipitamment la chambre.

Dans le couloir, il aperçoit deux médecins et deux infirmiers qui vont vers la chambre de Gil. En les voyant, Jason prend ses jambes à son cou. Il bouscule les infirmiers

et court vers la sortie.
 

DR KIRIOS : Rattrapez-le !
 

Les infirmiers poursuivent Jason. Celui-ci passe la porte de sortie et dévale les escaliers. Il tourne à droite. Les infirmiers sortent à leur tour, essoufflés. Ils regardent autour d'eux et ne voient personne.

 

 

 GéNéRIQUE DE DéBUT
 

 

 2  RETOUR A L'HÔPITAL CENTRAL, DANS LA CHAMBRE DE GIL
 

L'inspecteur Follet et le Sergent Track sont avec le Dr Kirios et Gil. Gil est assis sur son lit. Il va mieux.
 

GIL : Je me souviens parfaitement maintenant. Ce matin là, à l'Unecain, j'ai vu Nanne. Elle avait une ecchymose sur la joue. J'ai tout de suite compris qui lui avait fait ça. J'étais tellement en colère ! Je suis allé à l'appartement de Nanne. Sans discuter, j'ai frappé Jason. On s'est battus. Le hasard a conduit notre bagarre sur le balcon. J'étais près de la balustrade. Nanne est entrée et a crié mon nom. J'étais surpris. Je l'ai regardé et Jason en a profité pour m'asséner un droit qui m'a fait tomber de la balustrade.
 

FOLLET : Vous êtes vraiment sûr que ça c'est passé comme ça ?
 

GIL (d'un ton impatient) : Oui, bien sûr que j'en suis sûr. Je me rappelle les moindres détails…
 

Un instant de silence, puis Gil reprend :
 

… Inspecteur, Où est Nanne ?
 

 

 3  APPARTEMENT DES LAYTON
 

Beth est dans le petit salon. Seule, elle lit un magazine. La sonnerie de la porte d'entrée retentit. Elle se lève et va ouvrir. Tim est devant elle. Il entre, ferme la porte, la prend dans ses bras et l'embrasse fougueusement.
 

BETH : Tim ! Mais qu'est-ce qui te prend ?
 

TIM : J'avais une heure de libre entre deux cours. Et comme je sais que Frank est à l'Unecain en ce moment, je suis venu te faire un petit câlin.
 

Il l'embrasse à nouveau.
 

 

 4  DANS UNE RUE, A GARDEN PLACE
 

Menley et Lacey marchent dans une rue animée. Des gigantesques gratte-ciel en verre servent de décor.
 

LACEY : J'espère qu'ils vont arrêter ce salaud.
 

MENLEY : Et moi, j'espère qu'on va retrouver Nanne saine et sauve. Mais c'est dingue. Qu'est-ce qu'il a pu lui faire ?
 

Les deux femmes s'arrêtent devant un marchand de hot dogs.
 

LACEY : Ca je n'en sais rien. Mais je peux te dire que si la police m'avait écouté, on n'en serait peut-être pas là… Qu'est-ce que tu veux sur ton hot dog ?
 

MENLEY : Moutarde et condiments. Est-ce que la police a une piste ?
 

Lacey regarde le vendeur de hot dog.
 

LACEY : Ketchup pour moi.
 

Puis elle s'adresse à Menley.
 

… aucune idée. Cet inspecteur Follet est vraiment immonde. Je préfère ne plus rien à voir avec lui.
 

MENLEY : Mmm, moi je le trouve plutôt mignon.
 

Elle sourit. Lacey paie le vendeur et les deux femmes reprennent leur route en dégustant leur hot dog.
 

LACEY : Si tu le trouve mignon, je te le laisse volontiers. C'est un goujat, ce mec. Un macho.
 

MENLEY : C'est ce que Scarlett O'Hara pensait de Rhett Butler lorsqu'elle a fait sa connaissance.
 

LACEY : " Autant en emporte le vent " n'est qu'un film. Ici, c'est la réalité. Si tu penses qu'un jour il se passera quelque chose entre Follet et moi, tu perds ton temps.
 

Elle regarde Menley et sourit
 

… espèce d'incurable romantique.
 

Elles rient. Soudain, au coin de la rue, Frank déboule sur elles et il se retrouve nez à nez avec Menley et Lacey.
 

LACEY : Frank ! Mais que fais-tu ici ?
 

FRANK : Bonjour Menley.
 

Frank regarde Menley. Menley baisse les yeux.
 

MENLEY : Bonjour Frank.
 

Lacey regarde Menley, puis Frank, avec un air interrogateur. Frank finit par détacher son regard de celui de Menley et se tourne vers Lacey.
 

FRANK : Je reprends à 1 heure. Je suis venu me payer un hot dog.
 

Lacey montre son hot dog.
 

LACEY : Les grands esprits se rencontrent.
 

Frank observe Menley. Menley a toujours les yeux baissés, et Lacey ne cesse de balader son regard de Menley à Frank.
 

LACEY : Ecoute Frank, on va chez Bronski en attendant le début des cours de l'après-midi. Tu peux nous rejoindre si tu veux.
 

FRANK : Je… non… j'ai… je n'ai pas encore préparé mes cours. Il faut que je retourne à l'Unecain... on se voit tout à l'heure.
 

Il s'en va. Lacey et Menley continuent leur route.
 

LACEY : Quand vas-tu te décider à m'en parler ?
 

MENLEY : Te parler de quoi ?
 

LACEY : De toi et de Frank.
 

Menley s'arrête brusquement. Elle regarde Lacey dans les yeux.
 

MENLEY : Mais de quoi parles-tu ?
 

LACEY : Oh, voyons Menley. Tu ne me la fais pas à moi. D'abord tu te sauve de chez Mlle Judical lorsque tu l'aperçois et maintenant, j'ai senti comme un petit malaise

entre vous.
 

Silence. Lacey reprend.
 

… Menley. Frank est bien trop organisé dans son travail pour ne pas avoir déjà préparé ses cours.
 

Les deux filles sont maintenant sur un pont. En contre champ, on aperçoit le fleuve. Menley s'appuie contre la rambarde, imitée par Lacey.
 

MENLEY : J'ai rencontré Frank cet été, si tu veux tout savoir.
 

Lacey ouvre grand les yeux.
 

LACEY : Oh, oh. Je vois.
 

MENLEY : Nous étions à Paris. Sur le pont de la Seine. Un peu dans ce style de décor.
 

Elle balaye du regard l'endroit où elles se trouvent.
 

… J'ai buté contre une pierre et il est venu à mon secours. Nous avons parlé, puis sympathisé,… et nous nous sommes aimés. Oh Lacey c'était vraiment merveilleux, tu sais. J'ai passé sans doute l'été le plus formidable. Ensuite, nous sommes revenus aux Etats-Unis, dans mon petit appartement de New York. Un jour, en rentrant à la maison, Frank n'était plus là. Il était parti, tout simplement.
 

LACEY : Sans rien te dire ?
 

MENLEY : Oh si. Il a pris soin de me laisser une lettre d'adieu.
 

LACEY : Ca ne ressemble pas à Frank.
 

MENLEY : Lacey, écoute, je ne veux plus en parler.
 

Menley pivote et reprend son chemin, imitée par Lacey.
 

LACEY : Je connais Frank depuis très longtemps, tu sais. Est-ce que vous vous êtes parlés depuis ton arrivée ?
 

MENLEY : Nous nous sommes expliqués.
 

LACEY : Et alors ?
 

Menley et Lacey jettent leur papier du hot dog dans une poubelle.
 

MENLEY : Alors il m'a dit qu'il avait eu l'intention de revenir à New York après avoir réglé ses affaires avec Beth.
 

LACEY : Les problèmes qu'ont Beth et Frank ne sont plus un secret à Garden View. Tout le monde sait qu'il y a de l'eau dans le gaz entre ces deux-là. Ecoute Menley, je ne veux pas prendre le parti de Frank, mais c'est un type bien, tu sais. Je le connais depuis pas mal de temps, et je sais qu'il ne voulait pas te faire souffrir. A coup sûr il serait revenu vers toi.
 

Menley s'arrête et regarde Lacey.
 

MENLEY : Lacey, s'il te plaît. Reste en dehors de ça, tu veux ? Je regrette de m'être confiée à toi. Comme je te connais, tu ne vas pas tarder à fourrer ton nez dans mes affaires.


LACEY : Non et oui. Non tu n'as pas à regretter de t'être confiée à moi. Et oui je vais mettre mon petit bout de nez dans cette affaire. Je ne m'appellerai plus Lacey Calvin sans cela !
 

Lacey rit et prend Menley par les épaules.
 

...Je plaisante, voyons. Je suis sûre que tout va s'arranger entre toi et Frank.
 

MENLEY : Quoi ? ! Mais Lacey, c'est terminé entre Frank et moi. Et à tout jamais.


LACEY : Voyons Menley, il ne faut jamais dire jamais. Je suis persuadée que Frank est un type pour toi.

 


 5  APPARTEMENT DES LAYTON
 

Beth et Tim sont enlacés dans le lit de la chambre à coucher.
 

TIM : Beth. Parle-moi de Frank et de Menley.
 

BETH : Que veux-tu savoir ?
 

TIM : On peut dire qu'hier, je suis resté sur ma faim. Tu m'annonce que Menley et Frank ont une liaison, puis tu pars précipitamment.
 

BETH : Il n'y a pas grand chose à dire, tu sais. Menley et Frank se sont rencontrés en vacances. Une amourette d'été, sans plus. Seulement, cette garce est venue à Garden Place. Elle a trouvé le moyen de se faire engager à l'Unecain, pour remettre le grappin sur Frank. Mais la partie est perdue d'avance pour elle.
 

Elle regarde Tim et lui prend le menton dans ses mains.
 

… je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour détruire cette fille. Et si je la détruit, je détruis Frank en même temps. D'une pierre, deux coups.
 

Tim sourit. Beth se lève et va dans la salle de bains.
 

TIM : Tu sais que je suis bien content d'être de ton côté.
 

Puis il ajoute en aparté pour ne pas qu'elle entende.
 

… Lucrèce Borgia version blondasse !
 

 

 6  UNE RUE A GARDEN PLACE
 

Nous sommes à l'extrême sud de la ville, c'est-à-dire à l'opposé des quartiers chics où se trouvent l'Unecain et Garden View. La rue est sombre. Les passants moins nombreux. Les vitrines sales des magasins n'engagent pas à la vente. Le sol de la rue est truffé de papiers, mégots et autres bouteilles de bière et de vin vides. Ricky Jordan marche dans la rue, les mains dans les poches. Entre deux bâtiments douteux se trouve une alcôve. Ricky, qui passe devant, se voit brusquement happé par un bras fort. Il se trouve alors face à face avec Jason. Celui-ci, d'un geste, lui demande de se taire. L'alcôve est une impasse peu recommandable.
 

RICKY : Bon sang, mais Jason. Qu'est-ce qui t'arrive encore ?
 

JASON : Je n'ai pas le temps de t'expliquer. Ecoute, Ricky, il faut que tu m'aide !
 

RICKY : Qu'est-ce que tu veux ?
 

JASON : L'appartement que tu possèdes à Grant View, il est libre en ce moment, n'est-ce pas ?
 

RICKY : Pourquoi tu me demande ça ?
 

JASON : J'ai besoin d'une bonne planque. Personne ne sait que l'appart est à toi. C'est un endroit idéal pour moi en ce moment.
 

RICKY : Ah non. Pas question pour moi de me mêler encore une fois à tes histoires. Cette fois, tu te débrouille tout seul.
 

Jason saisit Ricky par le col et le secoue.
 

JASON : Mais bon sang, Ricky. Tu ne vois pas que je suis dans une merde pas possible. J'ai de gros ennuis, et je ne sais pas comment je vais m'en tirer. Une chose est sûre, si je vais en taule… je n'irais pas tout seul. Tu me suis ?
 

 

 7   A L'UNECAIN
 

Jillie ferme les yeux, ses lèvres tremblent. Le bruit de ses pas résonne dans le long couloir vide. Elle s'arrête devant une porte et regarde à travers la petite vitre. Elle y voit sa salle de classe où ses élèves sont en train de discuter avec animation. Elle reconnaît au passage Siria. Jillie regarde des deux côtés du couloir pour voir s'il n'y a personne. Ensuite, elle fait une centaine de mètres avant de se retrouver devant une autre porte, celle des toilettes. Elle y entre. Dans la pièce, elle pose sa mallette près du lavabo, puis son sac à main qu'elle avait en bandoulière sur la table. De son sac, elle extrait une petite bouteille en fer. Elle retire le bouchon et porte le liquide à sa bouche. Ensuite, elle repose la bouteille dans le sac, se regarde dans le miroir en face d'elle, puis ferme les yeux.
 

 

 8  HÔPITAL CENTRAL DE GARDEN PLACE
 

Lacey entre dans la chambre de Gil. Il y règne un grand remue-ménage. Gil est assis sur le lit, une infirmière tente de le retenir.
 

L'INFIRMIERE : Mais voyons, M. Chabert. Soyez raisonnable, enfin !
 

Lacey avance vers les deux personnes.
 

LACEY : On peut savoir ce qu'il se passe, ici ?
 

INFIRMIERE : Ah, vous tombez bien, Mlle. Pourriez-vous expliquer à votre ami qu'il ne lui est pas possible pour l'instant de sortir dans son état.
 

LACEY (ironique) : Quoi ! Tu veux déjà quitter cet endroit paradisiaque ?


Elle regarde l'infirmière.
 

… C'est bon, je me charge de lui, ne vous inquiétez pas.
 

L'infirmière hausse les épaules et quitte la pièce.
 

GIL : Lacey, il faut que tu m'aides.
 

LACEY : Mais qu'est-ce qu'il te prend de vouloir t'en aller dans ton état ?
 

GIL : Je vais très bien.
 

LACEY : Ouais, c'est ce que disais Kennedy à Dallas avant d'être assassiné !
 

GIL : Lacey, écoute-moi, je t'en prie. Il faut que je sorte d'ici.
 

Lacey fait une grimace et parle d'un ton ironique.


LACEY : C'est la nourriture ?


GIL : Lacey, je ne plaisante pas.
 

LACEY : Gil, tu viens de passer par des moments pénibles. Tu dois te reposer.
 

GIL : Mais enfin tu ne comprends pas ! Il faut que je retrouve Nanne. Elle a disparu. Je suis sûr que Jason l'a enlevée.
 

LACEY : Calme-toi, calme-toi ! La police est là pour ça.
 

GIL : La police, tu parles ! A quoi elle sert, la police ? Perdre son temps à poser des questions stupides. Moi, je n'ai pas besoin de me poser de questions. Je sais que

Nanne est en danger, et qu'elle a besoin de moi.
 

Gil se lève, il grimace de douleur et porte la main à son estomac.


LACEY : Tu vois bien, tu n'es pas en état de faire quoi que ce soit.


Gil regarde Lacey dans les yeux.


GIL : Je dois retrouver Nanne.
 

LACEY : Et que comptes-tu faire de plus que les flics ?
 

GIL : J'ai un plan. Et crois-moi, ça va marcher.


LACEY : Pour l'instant, mon grand, c'est toi que ne marche pas.


GIL : D'accord, d'accord. Je reste ici, mais à une seule condition.
 

LACEY : Ca, je devais m'y attendre.
 

GIL : Il faut que tu m'aide à coincer Jason Patrick.


LACEY
(en soupirant) : Que faut-il que je fasse ?
 


 9  L'APPARTEMENT DES LAYTON
 

Beth et Tim sont près de la porte d'entrée. Tim enfile sa veste.
 

TIM : Il faut que j'y aille, j'ai un cours dans une demi-heure.
 

Il embrasse Beth et ouvre la porte. Un homme d'une cinquantaine d'années, dans un complet marron, se dresse devant eux, une enveloppe à la main.
 

L'HOMME : Madame Layton ?
 

BETH : Oui, c'est moi.
 

L'homme sourit et lui tend l'enveloppe.
 

L'HOMME : Bonne journée, Madame.
 

Beth, l'enveloppe dans la main, referme la porte. Elle déchire le pli et lit la missive.
 

TIM : Qu'est-ce que c'est ?
 

Beth lève les yeux, un sourire ironique aux lèvres.
 

BETH : Tu ne t'en doute pas ? Ca y est, c'est officiel : Frank demande le divorce.
 

TIM : Et bien, ma chérie, tu as plutôt intérêt à te trouver un très bon avocat.
 

Beth sourit.


BETH : Oui, et je crois l'avoir trouvé.



 10  CABINET BURNSTEIN, DANS LE BUREAU DE STUART
 

STUART : Pas question !
 

Stuart est debout devant son bureau. Beth lui fait face, de l'autre côté.
 

BETH: Mais enfin Stuart, je ne comprends pas. J'ai besoin de toi. Tu es le meilleur avocat de la ville.
 

STUART : Non, Beth, non. Je ne veux pas me mêler de vos histoires.
 

BETH : Je croyais pourtant que nous étions amis.
 

STUART : Mais nous sommes amis. Seulement Frank aussi est mon ami. Non, Beth, je suis désolé, vraiment, mais je ne peux pas interférer dans cette histoire.
 

Dans le couloir, un homme d'environ soixante ans, cheveux gris et un tantinet rondouillard, s'arrête devant la porte d'entrée du bureau de Stuart, sans être vu par les deux personnes. La porte est entrouverte et il écoute la conversation.
 

BETH : Stu, je t'en prie.
 

STUART : Je peux te donner l'adresse d'un très bon confrère, si tu veux. Il s'occupera bien de toi.
 

BETH : C'est toi que je veux.
 

STUART : Pourquoi, Grands Dieux !
 

BETH : Mais parce que j'ai confiance en toi. J'ai besoin d'être défendu par un ami qui me comprenne.
 

Un instant de silence, puis Stuart secoue la tête.
 

STUART : Je ne peux pas faire ça à Frank.
 

BETH : Stu, Frank m'a trompé. Il me trompe encore maintenant avec cette Menley.
 

STUART : Quoi ? Tu veux dire Menley Weaver, le nouveau professeur de l'Unecain ?
 

BETH : Eh oui. Il semblerait que les deux tourtereaux se connaissent depuis un bon bout de temps, vois-tu.
 

STUART : Quand bien même Beth, il n'empêche que Frank est un ami…
 

Stuart s'assoit et prend le combiné du téléphone.
 

… Je vais contacter Gerald McCook. C'est un excellent avocat dans le domaine du divorce.
 

BETH : Stu, laisse ce téléphone. De toute façon, je ne veux pas divorcer.
 

Stuart observe Beth et raccroche le téléphone.
 

STUART : Comment ça, tu ne veux pas divorcer ?
 

BETH : Oui, et c'est pour ça que j'ai besoin du meilleur avocat. Somme toute, j'ai besoin de toi.
 

STUART : Je… je ne comprends rien Beth. J'ai beaucoup de mal à te suivre.
 

BETH : C'est simple : je n'ai nullement l'intention de divorcer. Du moins pour l'instant, et c'est toi seul qui peut m'aider. Je veux différer le divorce le plus longtemps

possible.
 

L'homme qui écoute près de la porte toussote, pour faire comprendre qu'il arrive. Il frappe à la porte, tout en regardant le papier qu'il tient dans la main.
 

ED : Stuart, vous avez une minute, je voudrais…
 

Il lève la tête et regarde Beth.
 

ED : Oh, pardon, je vous croyais seul.
 

Stuart est contrarié par l'arrivée inopinée de son beau-père.
 

STUART : Il ne s'agit pas d'une cliente. Vous devez vous souvenir de Beth Layton, une de mes voisines à Garden View. Beth, voici mon beau-père, Edward Burnstein.

C'est le fondateur du Cabinet Burnstein, Farris et Associés.
 

Ed serre la main de Beth avec un sourire.
 

ED : Oui, je me souviens vous avoir vu au cours de la soirée de charité organisée par Kelly, il y a trois mois. Comment allez-vous ?
 

BETH : Bien je vous remercie. Ravie de vous revoir, M. Burnstein.
 

ED : Appelez-moi Ed, je vous prie.
 

Il regarde Stuart.
 

… Stuart, j'aurais aimé vous parler d'une chose très importante.
 

STUART : Ca ne peut pas attendre ?
 

ED : Ca ne sera pas très long. Il s'agit de l'affaire Feedom et je plaide cet après-midi.
 

BETH : Ce n'est pas grave. Ne vous inquiétez pas. De toute façon, j'étais sur le point de partir.
 

Elle regarde Stuart.
 

… Tache de réfléchir à ma proposition, tu veux ? Je t'appelle bientôt.
 

ED : A bientôt, Mme Layton.
 

Sur le pas de la porte, Beth se retourne et regarde Stuart.
 

BETH : Je l'espère.
 

Beth quitte le bureau. Stuart se rassoit. Ed s'approche du bureau et prend le presse papiers en cristal sur la table. Il l'admire tout en disant :
 

ED : Je n'ai pu m'empêcher d'entendre votre conversation, vous savez.
 

Stuart ne répond pas. Il se contente de tourner la tête. Ed repose le presse papiers et regarde Stuart dans les yeux.
 

ED : Acceptez !
 

STUART : Je vous demande pardon ?
 

ED : Acceptez de défendre Beth Layton, mon vieux.
 

STUART : Si vous avez bien écouté ma conversation, et je suis sûr que vous l'avez fait, alors vous m'avez entendu refuser la proposition. Frank est un ami et je ne…
 

ED (l'interrompant) : Laissez donc tomber vos stupides histoires d'amitiés. Cette affaire vaut vraiment le coup. Pensez à la publicité que ça peut nous apporter. Une résidente de Garden View, épouse d'un professeur de l'Unecain. Ce procès risque de faire sensation.
 

STUART : Si vous y tenez, nous allons demander à John de s'en occuper.
 

ED : Stu, vous l'avez entendu : c'est vous qu'elle veut. Vous et personne d'autre. Si vous lui proposez John, elle va s'empresser d'aller chercher ailleurs. Accepter cette

affaire signifie pour nous devenir le cabinet numéro un à Garden Place. La presse et sans doute la télévision vont faire leurs choux gras de cette affaire, et notre chiffre d'affaires risque d'exploser. C'est une opportunité comme jamais.
 

STUART : Le chiffre d'affaires. Mais il n'y a donc que cela qui vous intéresse ?
 

ED : Il faut bien que quelqu'un s'y intéresse. Stuart, je vous ai débauché d'un cabinet d'assistance sociale où vous gagniez trois fois rien, pour faire de vous le mari de ma fille et l'un des avocats les plus prometteurs de cette ville. N'oubliez pas que vous avez une dette envers moi. Sans moi, vous seriez encore à raser les pâquerettes dans cette immonde local désaffecté.
 

STUART : Si j'ai bien compris, vous voulez que j'accepte cette affaire pour vous faire plaisir parce que vous m'avez sorti d'un travail sans doute modeste pour me planter dans votre cabinet et faire de moi votre pantin. Et bien, sachez que ce travail que j'avais avant était gratifiant à mes yeux.
 

ED : N'acceptez pas de défendre Beth Layton pour moi. Faites-le pour vous Stu. C'est une formidable opportunité, et vous le savez très bien.
 

STUART : Ed, j'ai effectivement beaucoup d'ambition. La première est de devenir l'un des avocats les plus réputés de la région. Mais je ne veux pas… je ne peux pas le faire aux dépens de mes amis. Je suis navré si je vous déçois, mais ma réponse et non. N'insistez pas.
 

ED : Ne soyez pas stupide, Stuart.
 

STUART : Malgré tout le respect que j'ai pour vous…

 

ED (l'interrompant à nouveau) : Vous n'êtes pas sans savoir que je vais bientôt me retirer des affaires. Il faudra donc à Burnstein, Farris et Associés un nouveau Président. Vous ne voudriez tout de même pas voir John à cette place, tout de même ?
 

Stuart marque sa surprise.
 

STUART : Que voulez-vous dire ?
 

ED : Je veux dire que John n'aurait pas fait de sentiments dans cette histoire. C'est un battant. Il aurait foncé quitte à perdre l'amitié d'une personne. C'est comme ça que le système fonctionne. Nous ne sommes pas ici pour faire des sentiments. Nous sommes dans une jungle, Stuart. Une jungle où tout les coups sont permis. Nous n'avons pas droit à l'erreur si nous voulons être les meilleurs. Il faudra vous y faire, mon cher gendre, si un jour vous voulez diriger la société. Alors une bonne fois pour toute, redescendez sur terre.
 

Cette fois, Stuart marque son indignation.
 

STUART : Je n'arrive pas à y croire. Vous êtes en train de me faire du chantage.
 

ED : Je suis en train de vous faire prendre conscience de l'énorme impact que pourrait avoir cette affaire pour nous.
 

STUART : En résumé, si je refuse, je n'aurais pas la Présidence du Cabinet à votre départ.
 

Ed s'approche du bureau. Face à Stuart, il pose les deux mains sur le bureau et s'approche de lui.
 

ED : Vous l'aurez, cette Présidence. Parce que vous allez accepter l'affaire Layton.
 


 11  DANS LE BUREAU DE TRENCH
 

La porte s'ouvre brutalement. Trench sursaute. Lacey entre dans le bureau, suivit par la secrétaire de Trench. La secrétaire regarde Lacey de dos, l'air désapprobateur.
 

SUSIE : Mme, voyons ! Vous ne pouvez pas entrer….
 

Susie regarde Trench.
 

SUSIE : M. Trench, je suis désolée, mais cette dame…
 

Trench se lève et interrompt la secrétaire en s'adressant à Lacey.
 

TRENCH : On peut savoir ce qui se passe ici ?
 

LACEY : Je m'appelle Lacey Calvin…
 

TRENCH : Je me fiche de votre nom, ma petite dame. On ne rentre pas dans mon bureau comme dans un salon de thé.
 

LACEY : Pas même pour venir vous parler de Nanne Bolevino ?
 

Le visage de Trench change d'apparence. Il blêmit. Trench regarde Lacey
 

TRENCH : Laissez Susie. Je vais recevoir Madame.
 

Susie quitte le bureau et ferme la porte.
 

TRENCH : Ecoutez, j'ai déjà dit à la police tout ce que je sais. Je n'ai rien à voir avec toute cette histoire. Et vous voulez que je vous dise, ce Gil Chabert mérite bien ce qui lui arrive…
 

LACEY : Arrêtez vos simagrées Trench. Je ne suis pas venue ici pour vous faire des reproches sur ce qui s'est passé entre vous et Nanne, bien que vous mériteriez de passer le plus mauvais des quarts d'heure de votre misérable existence. En fait, je suis ici pour vous demander de l'aide.
 

TRENCH : Je ne comprends pas.
 

LACEY : Je veux que vous m'aidiez à coincer ce salopard de Jason Patrick.
 

TRENCH : Et pour quelle raison je devrais vous aider, dites-moi. Je ne vous connais même pas.
 

Lacey s'approche du bureau.
 

LACEY : Oh si, vous allez m'aider ! Parce que si vous refusez, je vous rendrai la vie tellement infernale que vous allez regretter à tout jamais d'avoir vu le jour sur cette

terre.
 

Trench rit.
 

TRENCH : Vous ne me faites pas peur. Et d'abord, j'aimerai bien savoir ce que vous pouvez faire contre moi.
 

LACEY : Voyons, commençons par le début : dans un premier temps, Gil Chabert va sortir de l'hôpital. Il est très en colère, vous savez. Mais oui ! bien sûr, vous le savez… Au fait, avez-vous une bonne assurance contre le vandalisme ?
 

TRENCH : Si jamais Chabert m'approche, je préviens les flics.
 

LACEY : La police croira-t-elle une personne qui va être accusé de deux tentatives de viol ?
 

TRENCH : Mais qu'est-ce que vous racontez ?
 

LACEY : D'abord Nanne, ensuite moi… pauvre et innocente victime.
 

Trench rit.
 

TRENCH : Ma pauvre petite. Si vous croyez que j'ai envie, ne serait ce que vous effleurer… Mais vous rêvez !
 

Lacey enlève sa veste et la jette nonchalamment sur le sol. Elle sourit.
 

LACEY : C'est pourtant ce que vous avez fait.
 

TRENCH : Mais qu'est-ce que vous racontez, vous êtes folle !
 

LACEY : Vous m'avez…
 

Lacey déchire le haut de son tee-shirt.
 

… arraché mes vêtements…
 

Elle déchire un autre pan du vêtement.
 

… sauvagement… Puis vous m'avez…
 

Elle balaye de son bras droit tout ce qui se trouve sur le bureau de Trench. Les papiers volent et le téléphone tombe sur le sol.
 

… jeté sur votre bureau.
 

TRENCH : Mais arrêtez ! ! Vous êtes complètement cinglée, ma parole !
 

LACEY : Je me suis débattue…
 

Elle se décoiffe
 

…. C'était vraiment affreux…atroce, horrible… Maintenant, il ne me reste plus qu'à crier, et l'affaire est faite. Et vous, mon cher Trench, vous serez fait comme un rat.
 

Trench lève les bras au ciel.
 

TRENCH : D'accord, d'accord, d'accord, vous avez gagné. Je vais vous aider, mais s'il vous plaît, arrêtez-moi ce numéro… et rhabillez-vous avant que ma secrétaire n'arrive.
 


 12  LA MAISON DES PATRICK ET SES ALENTOURS
 

Jason est caché derrière un buisson et observe Follet, Track et trois autres policiers en uniforme sur le palier de la porte de la maison. Ils parlent avec Mirna Patrick, les traits tirés, visiblement bouleversée. Jason se retourne et s'adosse contre un rocher. Il a le visage en sueur.

JASON
(pour lui) : Nanne ! Comment je vais faire pour aller te chercher ?
 


 13  DANS LA MAISON DES PATRICK
 

MIRNA : Je ne comprends rien à ce que vous me dites. Mon Jason n'est pas un criminel.
 

FOLLET : Mme Patrick, si vous nous laissiez entrer un instant, nous pourrons peut-être vous expliquer.
 

Après un bref instant, Mirna s'écarte de la porte.
 

FOLLET : Merci.
 

Seuls Follet et Track entrent. Les trois policiers en uniforme restent sur la terrasse. A l'intérieur, Track regarde autour de lui, tandis que Follet sort un calepin et un stylo de la poche extérieure gauche de son veston.
 

FOLLET : Mme Patrick, nous aimerions savoir si Jason est venu vous rendre visite récemment.
 

MIRNA : Mais enfin que lui voulez-vous ?
 

TRACK : Essayez d'être coopérative, Mme. Nous vous avons posé une question. Voulez-vous y répondre ?
 

Mirna regarde Track. Son regard part du bas vers le haut. Elle fait la grimace.
 

MIRNA : Je ne l'aime pas, celui-là.
 

Track sourit.
 

FOLLET : Mme Patrick, nous voulons juste savoir si Jason était ici récemment.
 

Mirna détourne son regard de Track pour regarder Follet dans les yeux.
 

MIRNA : Jason est parti de la maison voilà trois ans maintenant. Je ne l'ai plus revu depuis.
 


 14  NANNE AU SOUS-SOL
 

Nanne est couchée. Elle se tient le ventre de ses deux mains. Ses cheveux roux sont ébouriffés et son visage est sale. Elle pleure. Elle s'assoit péniblement sur le bord du lit. Elle regarde le plateau vide, prend dans ses mains les quelques miettes de cookies et les avale, puis s'allonge à nouveau sur le lit.
 

NANNE : Oh Seigneur, aidez-moi, je vous en prie.
 


 15  RETOUR A L'EXTERIEUR DE LA MAISON
 

Track referme la porte.
 

TRACK : Elle ment, c'est sûr.
 

FOLLET : Tu crois peut-être que je ne le sais pas. Il nous faut un mandat de perquisition le plus vite possible.
 

Il fait signe à un policier en uniforme, qui le rejoint.
 

FOLLET : John, tu restes ici avec Connor et Rodriguez pour surveiller les environs. Quelque chose me dit que le jeune Patrick peut revenir ici s'il a besoin d'argent.
 


 16  PARKING SOUTERRAIN DE L'UNECAIN
 

Menley sort de l'ascenseur. Elle emprunte une allée. Il y a deux rangées de voitures de chaque côté. Elle arrive à la sienne lorsqu'elle entend un murmure. Elle tourne la tête en direction du bruit. Son visage exprime l'inquiétude. Elle se dirige vers le murmure. Deux voitures plus loin, elle aperçoit Jillie qui essaye d'ouvrir la portière d'une voiture.
 

MENLEY : Jillie ?
 

Jillie se retourne maladroitement vers Menley. Elle a les yeux brillant. Menley comprend qu'elle est ivre.
 

JILLIE : Menley, je n'arrive pas à ouvrir la portière de ma voiture.
 

Elle se retourne et fait face à la portière. Elle essaye a nouveau de l'ouvrir. Elle est nerveuse.
 

MENLEY : Mais… Jillie… c'est la voiture de Kelly !
 

Jillie s'interrompt, recule d'un pas chancelant et regarde la voiture l'air hagard. Elle fait la moue et ensuite éclate en sanglot. Menley s'approche d'elle.
 

MENLEY : Allons, ce n'est rien.
 

JILLIE : Je te jure, Menley, je croyais que c'était ma voiture.
 

MENLEY : Allez viens, je te ramène à Garden View.
 

JILLIE : Non, ma voiture n'est pas loin.
 

MENLEY : Jillie, il ne vaut mieux pas que tu conduise.
 

Jillie éclate à nouveau en sanglot.
Elles sont dans la voiture de Menley à présent. Après un bref instant, Jillie pouffe de rire. Menley jette un regard inquiet et surpris sur Jillie.
 

MENLEY : Quoi ?
 

Jillie lève sa main droite et la montre à Menley. Elle tient des clés.
 

JILLIE (toujours en riant) : La clé… j'ai essayé d'ouvrir la portière de la voiture de Kelly… ah ah ah, avec ma clé… ah ah ah ma clé… la clé de mon appartement ! Tu ne trouve pas ça drôle ?
 


 17  L'APPARTEMENT DES FARRIS, KELLY ET STUART DANS LA CUISINE
 

Tous deux portent un peignoir. Kelly, une grande tasse à café dans la main gauche, ferme brutalement la porte d'un placard de sa main droite et se tourne avec vivacité vers Stuart.
 

KELLY : Tu as fait quoi ?
 

STUART : Ecoute, chérie. Je n'ai pas eu le choix.
 

KELLY : Mais enfin, comment as-tu pu accepté de défendre Beth ! Je croyais que Frank était ton ami.
 

STUART : Frank est mon ami. Mais je te répète que je n'avais pas le choix.
 

KELLY : Le problème avec toi, c'est que tu n'as jamais su tenir tête à mon père.
 

STUART : Voyons, Kelly, il m'a pratiquement fait du chantage.
 

KELLY : Et toi, bien évidemment, tu tombes dans le panneau.
 

STUART : Si ton père n'était pas aussi borné… Selon lui, l'affaire Layton est un moyen formidable de voir le cabinet se développer. Tu veux que je te dise, c'est un être cupide, il ne pense qu'à faire du fric. Fric et pouvoir, voilà comment il fonctionne.
 

KELLY : Parce que toi, tu n'y songe pas, au pouvoir ? Je te rappelle que si tu acceptes l'affaire Layton, c'est parce que tu as peur que le siège du Président ne te passe sous le nez quand mon père partira.
 

Enervé, Stuart lève les bras au ciel.
 

STUART : D'accord, d'accord… Tu as raison. Je suis quelqu'un de cupide et assoiffé de pouvoir. Est-ce que c'est ma faute si je veux une bonne situation pour ma famille ? Ce poste, je le veux, Kelly. J'ai travaillé dur pour ça. Ton père n'a pas le droit de me faire ça.
 

KELLY : Alors qu'est-ce que tu attends pour réagir, bon sang ! Ne laisse pas mon père n'en faire qu'à sa tête. Il te manipule comme il a manipulé Maman il y a quelques années. Ne le laisse pas faire de toi son pantin.
 

Stuart se lève brusquement et se dirige vers la sortie.
 

KELLY : Stuart, où vas-tu ?
 

Stuart s'arrête devant la porte, qu'il regarde tout en parlant à Kelly.
 

STUART : J'en ai assez entendu de ta part aujourd'hui. Je préfère aller travailler. Le dossier Layton m'attend.
 


 18  HÔPITAL CENTRAL
 

Gil est accoudé au comptoir de la réception, une feuille devant lui et un stylo à sa main droite. Lacey entre et le rejoint.
 

LACEY : On peut savoir ce que tu fais ?
 

GIL : Tu le vois bien. Je signe une décharge.


LACEY : T'es vraiment une tête de mule.
 

GIL : Dis-moi plutôt comment s'est passé ton entretien d'hier avec Trench.
 

LACEY : Comme prévu ! Ah, au fait, tu me dois un tee-shirt.
 

Gil regarde Lacey, l'air étonné. Puis Lacey reprend.
 

LACEY : Trench a contacté le jeune Ricky Jordan. Il reste maintenant à espérer que ton plan va marcher.
 

GIL : Il marchera, je t'assure. On va coincer ce salopard de Jason une bonne fois pour toute.
 


 19  DANS UN APPARTEMENT MITEUX
 

Jason fait les cent pas dans la pièce. Ricky Jordan entre. Il porte un sac de commission dans les mains. Dès son entrée, Jason se précipite sur lui en lui prenant les deux bras avec ses mains. Le sac de provisions tombe à terre.
 

JASON : Ricky, mon vieux, il faut que tu m'aide.
 

RICKY : Commence par me lâcher, parce que tu me fais mal, et ensuite explique-moi ce qui ne va pas, OK ?
 

Jason lâche les bras de Ricky.
 

JASON : Il s'agit de Nanne.
 

Ricky lève les mains au ciel.
 

RICKY : Ah non mon gars, ne me mêle pas à cette histoire.
 

JASON : Mais tu ne comprends pas, Ricky. Il n'y a que moi qui sache où elle est. Et si je ne la rejoins pas, elle va mourir de faim.
 

RICKY : Tu veux dire que tu l'as enfermé quelque part, et personne ne sait où, à part toi ?
 

JASON : Elle est chez ma mère. Et les flics encerclent toute la maison. Ricky, tu dois aller là-bas et la ramener…
 

RICKY : Laisse tomber cette Nanne. J'ai quelque chose de plus intéressant pour toi. Ecoute-moi bien.
 

Ricky se dirige vers un canapé vert râpé et s'y laisse tomber.
 

RICKY : Devine qui m'a appelé hier soir ?
 

JASON : Je ne suis pas d'humeur à jouer au devinette. Alors viens-en au fait.
 

RICKY : Ton copain Trench. Cette brave crapule de producteur de films B.
 

JASON : Qu'est-ce qu'il voulait ?
 

RICKY : Il a une affaire pour toi. Une affaire très juteuse. Une affaire qui peut rapporter plus gros que le loto, mon gars.
 

JASON : Qu'est-ce que c'est ?
 

RICKY : Ca, j'en sais rien. Il faut que tu vois avec lui.
 

JASON : Pas question ! C'est trop risqué pour moi. Je dois d'abord penser à Nanne.
 

Ricky se lève. Il hausse la voix.
 

RICKY : Nanne, Nanne, Nanne ! Les nanas te perdront, mon gars. L'affaire que te propose Trench vaut 1 million de nos petits biffetons.
 

Ricky sort de la poche extérieure de sa chemise un morceau de papier qu'il tend à Jason.
 

RICKY : Appelle Trench. Conclue cette putain d'affaire et fiche le camp le plus loin possible de Garden Place, de la Californie… et même des Etats-Unis. J'ai pas envie d'avoir de problèmes à cause de toi. Plus loin tu seras de moi, mieux je me sentirais.
 

Comme Jason ne bouge pas, Ricky place le morceau de papier dans la poche extérieure de la chemise de Jason, puis quitte l'appartement en claquant la porte.
 


 20  A L'UNECAIN, DANS LE BUREAU DE MENLEY
 

Debout, elle regarde les papiers qu'elle tient dans les mains. Elle marche en direction de la porte de sortie et l'ouvre. Dans le couloir, elle tombe nez à nez devant Frank. Elle lève les yeux et leur regard se croisent. Frank sourit.
 

FRANK : Bonjour Menley.
 

MENLEY : Frank, comment vas-tu ?
 

FRANK : On fait aller. Tu… as cours ce matin.
 

MENLEY : Oui, je vais essayer de faire passer le message d'Hemingway à une classe qui ne connaît sans doute pas le nom de notre Président des Etats-Unis.
 

FRANK : Lourde tâche, n'est-ce pas ?
 

MENLEY : A qui le dis-tu !
 

Menley se tourne pour se diriger vers la gauche.
 

FRANK : Menley !
 

Elle se retourne.
 

FRANK : Je voulais…enfin je voulais te dire… Beth et moi allons divorcer.
 

Menley lève la main comme pour lui faire signe d'arrêter de parler.
 

MENLEY : Non, Frank, non. Je ne veux rien entendre de tes histoires.
 

FRANK : Mais Menley…
 

MENLEY : Notre histoire est terminée, tu comprends ? La page est définitivement tournée. J'accepte de te côtoyer parce que nous travaillons ensemble, mais ça s'arrête là.
 

Sur ces paroles, Menley s'éloigne.
 


 21  LA MAISON DES PATRICK
 

Follet montre un papier à Mirna.
 

FOLLET : Mme Patrick, nous avons un mandat de perquisition.
 

MIRNA : Ca veut dire quoi ?
 

FOLLET : Ca veut dire que pour les besoins de notre enquête, nous sommes dans l'obligation de procéder à une fouille complète.
 

Follet fait un signe, et les trois policiers en uniforme commencent les fouilles. Un des policiers prend un vase dans la main. Mirna se précipite vers lui.
 

MIRNA : Attention à ce vase, malheureux ! Il est très ancien. Il me vient de ma Grand-mère.
 

Nous nous trouvons maintenant dans la cave. Rodriguez, un des policiers en civil, scrute l'endroit minutieusement, sans savoir que Nanne se trouve à quelques mètres à peine. Retour au salon avec Track, Follet et un policier en civil. John, le second policier descend du premier étage. Il va vers Follet.
 

JOHN : Rien en haut, inspecteur.
 

Rodriguez arrive à sa suite.
 

RODRIGUEZ : Et rien dans la cave non plus.
 

Follet soupire.
 


 22  AU CABINET JURIDIQUE PENLOCK
 

Frank est installé devant une table ovale. A ses côtés se trouve son avocat, Maître Penlock, un homme petit et grisonnant d'environ cinquante ans. Ils discutent vivement.
 

FRANK : Mais qu'est-ce qu'elle fait ? Elle a déjà plus d'un quart d'heure de retard !
 

MAITRE PENLOCK : Soyez patient. Elle va arriver. Et calmez-vous un peu.
 

FRANK : Elle ne viendra pas, j'en suis sûr.
 

PENLOCK : Frank, voyons, elle est obligée de venir…


Penlock n'a pas le temps de terminer sa phrase que Beth entre dans la pièce, suivi de Stuart. En l'apercevant, Frank affiche un air surpris, puis désapprobateur. Beth s'assoie en face de Frank, imité par Stuart qui regarde Frank d'un air désolé.

 

BETH : Excusez-moi pour le retard messieurs. J'avais mes ongles à terminer et croyez bien que c'est plus important que cette petite réunion ridicule.
 

STUART (gêné) : Beth, voyons.
 

PENLOCK : Ce ne sera pas long, Mme Layton. Juste le temps de trouver un accord sur le divorce. Mon client souhaite un divorce à l'amiable, pour faciliter les choses.
 

STUART : Malheureusement, ça ne va pas être possible.
 

PENLOCK : Que voulez-vous dire, Maître ?
 

STUART : Mme Layton ne souhaite pas divorcer. Elle pense qu'elle et M. Layton peuvent repartir sur de nouvelles bases et trouver un accord.
 

PENLOCK : Quel genre d'accord ?
 

BETH : Je souhaite que moi et mon mari allions voir un conseiller matrimonial.
 

FRANK : Quoi ? ! Mais qu'est-ce que tu racontes !
 

Beth cligne des yeux en regardant Frank.
 

BETH : Voyons, chéri. Ce serait dommage de ne pas essayer. Je sais qu'on s'aime encore.
 

FRANK : Mais enfin c'est quoi ton problème ? On ne s'aime plus. Je ne vois pas pourquoi on devrait aller voir un conseillé.
 

STUART : Frank, essayez d'être raisonnable. Je pense…
 

FRANK (l'interrompant) : Toi la ferme ! Jamais j'aurais pensé que tu puisses me faire un coup pareil.
 

Il se lève et regarde Beth.
 

...Je veux divorcer, tu entends ! Que tu le veuilles ou non, notre mariage est un fiasco du début à la fin.
 

PENLOCK : Frank, asseyez-vous et calmez-vous.
 

Frank se rassoit. Beth regarde alors Stuart et lui fait un signe de tête affirmatif.
 

STUART : Très bien. Voyant qu'il ne peut y avoir d'accord entre les deux parties, ma cliente rejette la proposition de divorce à l'amiable et souhaite demander le divorce… au tort exclusif du mari.
 

Frank se lève à nouveau. Il est en colère.
 

FRANK (criant) : Quoi ? Mais elle est folle ! Cette femme est folle.
 

Penlock se lève pour calmer Frank. Mais ce dernier ne s'arrête pas.
 

FRANK : Mais enfin, qu'est-ce que tu cherches à faire ?
 

PENLOCK : Maître Farris, sur quel chef pouvez-vous intenter une telle action ?
 

STUART : Adultère. M. Layton entretient une relation depuis quelques semaines.
 

FRANK (criant) : Mais c'est faux !
 

PENLOCK : C'est une accusation très grave, Maître.
 

STUART : Il se trouve que nous avons des preuves que M. Layton a entretenu, et entretient peut-être encore, une relation intime avec Menley Weaver.
 

FRANK (à Beth) : Mon Dieu, mais tu es ignoble. Comment oses-tu mêler Menley à cette affaire ?
 

BETH : C'est bien pour elle que tu veux divorcer, non ?
 

FRANK : Sale garce ! Tu me le paieras cher.
 

STUART : Maître Penlock, je vous suggère de calmer votre client. Ce genre de menace peut lui causer de graves dommage.
 

PENLOCK : Allons, Frank. Calmez-vous.
 

L'avocat et Frank se rassoient.
 

PENLOCK : Que demande votre cliente ?
 

STUART : L'appartement de Garden View, la moitiés des actions de l'Unecain et la moitié des actions en bourses que possède M. Layton, ainsi qu'une pension mensuelle de 2500 dollars.
 

Frank prend la tête entre ses mains et la secoue. Beth affiche un sourire narquois.
 


 23  FRANK ET PENLOCK DANS UNE RUE A GARDEN PLACE
 

Ils marchent d'un pas vif.
 

FRANK : Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
 

PENLOCK : S'ils n'ont pas de preuves de ce qu'ils avancent, ils leur sera difficile d'aller jusqu'au bout.
 

FRANK : Avec Beth, les preuves se fabriquent très vite, vous savez.
 

PENLOCK : Frank, pourquoi ne m'avez vous pas parler de cette fille plus tôt ?
 

Frank s'arrête brusquement et se tourne vers Penlock, l'air fâché.
 

FRANK : Cette fille, comme vous dites, est une fille formidable. Elle m'a redonné goût à la vie et je refuse qu'elle soit mêler à tout ça.
 

PENLOCK : Il le faudra bien pourtant.
 

FRANK : Qu'est-ce que je peux faire ? Je me retrouve coincé. Si elle obtient tout ce qu'elle demande, je me retrouve à la rue.
 

PENLOCK : Elle n'obtiendra jamais tout ça. C'est de la folie.
 

FRANK : Et si elle l'obtient ?
 

PENLOCK : N'oubliez pas qu'au départ, elle ne veut pas divorcer.
 

FRANK : Ou voulez-vous en venir ?
 

PENLOCK : C'est simple Frank. Ou bien vous affronter cette demande de divorce à vos torts exclusifs… ou bien vous restez marié pour le pire… et pour le pire…
 


 24   A L'UNECAIN, MLLE JUDICAL DANS SON BUREAU
 

Elle déguste un bonbon, assise devant son bureau. Son téléphone se met à sonner. Concentrée sur le mâchouillage de son bonbon, elle fait la grimace en décrochant.
 

MLLE JUDICAL : Quoi encore, Ursula !
 

Bref silence, puis :
 

...Faites-le entrer.
 

Mlle Judical raccroche. La porte du bureau s'ouvre et Joe Krueger entre. Son apparence est très soignée. Il porte un costume cravate.
 

MLLE JUDICAL : Joe Krueger. Mais quelle surprise ! Vous venez sans doute pour une interview exclusive qui fera la une de votre feuille de choux.
 

JOE : Non, Alice. Je viens vous présenter mes excuses.
 

MLLE JUDICAL : Tiens donc.
 

JOE : Oui. Je sais que vous avez à cœur la réputation de l'Unecain et je tiens à vous dire que demain, nous allons faire paraître un article sur Jason Patrick .
 

MLLE JUDICAL : Et vous croyez que je vais applaudir ?
 

JOE : Je voulais simplement que vous sachiez qu'il est hors de question pour nous de parler de l'Unecain. Votre école ne sera pas citée une seule fois dans l'article.
 

MLLE JUDICAL : Et bien, Joe. Voilà un revirement de situation à laquelle je ne m'attendais pas. En tout cas merci.
 

Elle sourit. Joe, qui jusqu'à présent avait les mains derrière son dos, lui tend un bouquet de fleurs. Surprise, la directrice prend le bouquet et le sent.
 

MLLE JUDICAL : Elles sont superbes. Merci beaucoup Joe.
 

Elle pose le bouquet sur la table.
 

JOE : Vous pouvez me remercier d'une autre façon.
 

MLLE JUDICAL : Ah bon, et laquelle je vous prie ?
 

JOE : Et bien en fait, j'aimerais vous inviter à dîner ce soir.
 

MLLE JUDICAL : Ce soir ? Et bien… oui, pourquoi pas.
 

Joe affiche un large sourire.
 

JOE : Très bien, je passe vous prendre à 20 heures précises à Garden View.
 

MLLE JUDICAL : 20 heures, c'est parfait.
 

JOE : Il faut que je me sauve maintenant, j'ai l'édito de l'édition de demain à terminer… A ce soir.
 

Joe quitte le bureau. Mlle Judical sourit. Elle prend un dossier qu'elle ouvre. A ce moment, Ursula arrive dans la pièce, avec son éternel air enfantin. Elle s'avance rapidement vers le bureau de Mlle Judical, qui la regarde. Ursula affiche un grand sourire.
 

URSULA : Mlle Judical, j'ai vu M. Krueger avec un bouquet de fleurs. C'est pour vous.
 

MLLE JUDICAL : Bien sûr que c'est pour moi, ma fille.
 

Elle prend le bouquet et le donne à Ursula.
 

MLLE JUDICAL : Tenez, mettez ça dans un vase et allez terminer le rapport que je vous ai donné.
 

URSULA : M. Krueger est vraiment un chouette type, Mlle.
 

MLLE JUDICAL : Ursula, mon petit. Contentez-vous de faire ce que je vous dit. Ainsi tout le monde y trouvera son compte.
 

URSULA (ignorant la remarque) : Il vous a invité à dîner, n'est-ce pas ?
 

Mlle Judical fronce les sourcils.
 

MLLE JUDICAL : Vous n'auriez pas écouté aux portes, n'est-ce pas ?
 

Le sourire d'Ursula s'efface.
 

URSULA : Oh, non Mlle. J'ai juste entendu… Mais je dois vous dire que M. Krueger et un type bien. Vous allez passer une belle soirée.
 

Mlle Judical congédie Ursula d'un geste impatient de la main.
 

MLLE JUDICAL : Allez... allez...
 


 25  A GARDEN VIEW, DANS L'ASCENSEUR
 

Beth appuie sur le bouton afin de l'appeler. Soudain, Tim arrive derrière elle et lui met ses mains autour de la taille par surprise. Beth sursaute et se retourne.
 

BETH : Tim, arrête voyons. On pourrait nous voir.
 

La porte de l'ascenseur s'ouvre. Beth et Tim entrent. La porte se referme et l'ascenseur monte. Brusquement, avec un sourire, Tim appuie sur le bouton d'arrêt.
 

BETH : Mais qu'est-ce que tu fais ?
 

Pour toute réponse, Tim la prend dans ses bras et l'embrasse. Mais Beth le rejette. Tim la regarde d'un air interrogateur.
 

TIM : Qu'est ce qui ne va pas ?
 

Beth appuie sur le bouton pour débloquer l'ascenseur.
 

BETH : Rien. Je reviens d'une audience pour le divorce.
 

TIM : Et alors ?
 

BETH : Tim, il faut qu'on arrête de se voir.
 

Tim appuie à nouveau sur le bouton d'arrêt, mais cette fois pour avoir une explication.
 

TIM : Qu'est ce que tu me racontes ?
 

BETH : On ne peut pas nous voir ensemble Tim, sinon, je perds le procès et tout ce que je réclame à Frank.
 

TIM : Est-ce que c'est plus important que notre amour ?
 

BETH : Tim, ne rend pas les choses plus difficiles. Si Frank nous voit ensemble, c'est fini. Adieu les actions et la pension.
 

TIM : Et tu sacrifie notre amour pour ça !
 

BETH : Tim, je t'ai déjà tout expliqué. J'ai trimé pour payer les études de Frank lorsqu'on s'est mariés. J'ai sacrifié ma carrière, et ma vie de femme pour lui. Et lui, qu'est-ce qu'il fait ? Il roucoule avec cette garce…
 

Elle appuie promptement sur le bouton et l'ascenseur redémarre.
 

...Je veux lui faire payer toutes ces années. Je veux qu'il se retrouve sur la paille, et je ferai n'importe quoi pour ça.
 

La porte de l'ascenseur s'ouvre. Beth sort sans regret, laissant Tim sans parole, la porte se refermant sur lui.

 

 

 26  DANS LA MAISON DES PATRICK
 

Nanne est sur son lit, les genoux recroquevillés sur elle. Son regard est vide d'expression. Comme si elle n'espère plus! Soudain, on entend, faiblement, un petit bruit. Puis le bruit se répète. Nanne ne bouge toujours pas. A nouveau le bruit se fait entendre. Alors Nanne commence à bouger la tête, comme si elle se réveillait. Elle essaie de savoir d'où vient le bruit. Elle se lève doucement. Le bruit revient. Elle arrive alors à savoir de quel endroit il provient. Il s'agit d'un tuyau qui longe le mur et qui se trouve dans le coin de la pièce. Elle se dirige vers lui. Arrivée devant, elle voit qu'il communique avec l'étage supérieur.

Nous voyons alors Mirna dans sa cuisine, la radio diffusant la chanson " Believe " de Cher. Elle fait la vaisselle et l'on s'aperçoit alors que le bruit vient de là puisque l'on voit le même tuyau. Mirna pose la vaisselle sur un égouttoir qui touche le tuyau, d'où le bruit.
Nous revenons sur Nanne. Elle comprend que le tuyau communique sur l'étage supérieur. Elle regarde autour d'elle vivement. Ses yeux se posent sur le plateau télé que Jason n'est jamais revenu chercher. Elle se précipite et le prend, puis retourne vers le tuyau. De ses deux mains, elle frappe de toutes ses forces le plateau contre le tuyau. Une fois, puis deux fois.
Dans la cuisine, Mirna n'entend pas. Elle chante avec Cher.
Nanne continue de frapper comme si sa vie en dépendait.
La chanson de Cher s'achève. L'animateur radio annonce que Cher se produira à Las Vegas dans deux semaines.
 

MIRNA (pour elle) :Mmm, il faut que je demande à Sonia si elle peut m'avoir une place.
 

On entend alors faiblement le bruit en provenance du tuyau. Mirna lève la tête, le torchon à essuyer la vaisselle dans la main. Elle coupe alors le son de la radio qui se trouve juste à sa gauche. Le bruit se répète, plus clair maintenant qu'il n'y a plus la radio. Elle fronce les sourcils.
 

MIRNA : Mais qu'est-ce que…
 

Elle pose le torchon et touche le tuyau.
 

MIRNA : Ce tuyau doit descendre à la cave.
 

Un coup de tonnerre éclate. Mirna sort de la cuisine et se dirige vers la cave. Elle ouvre la porte. Il fait noir. Mirna appelle
 

MIRNA : Jason ?… Jason, est-ce que tu es là ?
 

Pas de réponse. L'air interrogateur, Mirna retourne à la cuisine. Il commence à faire sombre. Elle appuie sur l'interrupteur qui se trouve près de la porte, mais la lumière ne s'allume pas. Un nouveau coup de tonnerre éclate.
 

MIRNA : Maudit orage !


Elle prend une bougie dans le tiroir du meuble, juste au-dessus de l'évier et la pose sur un bougeoir. Elle l'allume avec une allumette qu'elle sort de la poche de son tablier et dépose la bougie près de la fenêtre de l'évier.
 

MIRNA : Voilà. C'est mieux comme ça.


Elle reprend son torchon et essuie l'assiette qui lui reste sur l'égouttoir. Le bruit en provenance du tuyau se fait à nouveau entendre.
 

MIRNA : Mais qu'est-ce que ça peut bien être ?
 

Elle fronce les sourcils et soudain, son expression change. Elle écarquille les yeux. Elle vient de comprendre.
 

MIRNA : Mais ce tuyau aboutit… à la pièce secrète…
 

Très vivement, elle jette le chiffon et tourne les talons précipitamment. Mais le torchon heurte la bougie qui tombe sur le rideau de la fenêtre.
Mirna se précipite vers l'entrée de la cave. Elle essaie d'allumer la lumière… en vain. Elle descend alors les marches précautionneusement.
 

MIRNA : Mon Dieu, j'espère que Jason n'a pas enfermé cette petite dans la pièce.
 

Soudain, Mirna manque la fameuse marche qui est cassée et dégringole jusqu'en bas des escaliers. La chute est brutale et Mirna perd connaissance sur le coup.
Dans la cuisine, les rideaux de la fenêtre ont pris feu à cause de la bougie.
 


 27  à GREAT GARDEN
 

Le temps s'assombrit. On entend le tonnerre gronder au loin. Il fait sombre. Jason est caché derrière un arbre du grand jardin, près d'une allée bétonnée. On aperçoit alors un homme, vêtu d'un trench coat et d'un grand chapeau qui marche le long de l'allée. L'homme dépasse l'arbre près duquel Jason se trouve. Jason sort de son abri pour aller sur l'allée bétonnée. Il interpelle l'homme qu'il voit de dos.
 

JASON : Trench ?
 

L'homme s'arrête, mais ne répond pas. Jason insiste.
 

JASON : Trench, si vous me dites pourquoi vous m'avez fait venir. Je n'ai pas de temps à perdre. J'ai besoin de fric, et tout de suite.
 

L'homme se retourne. A la grande surprise de Jason, il ne s'agit pas de Trench, mais de Gil.
 

JASON : Mais qu'est-ce… ?
 

Jason se retourne pour se sauver, mais à peine a-t-il fait trois pas que Follet et Track sortent des buissons qui se trouvent sur les deux côtés de l'allée. Ils empêchent Jason de s'enfuir en se mettant devant lui et en pointant leur arme.
 

FOLLET : Pas un geste.
 

Jason est pris de panique. Il se retourne. Derrière Gil se trouve Lacey et un autre policier qui pointe son arme de façon à protéger Gil. Un coup de tonnerre éclate. Il commence à pleuvoir.
Jason veut prendre quelque chose dans la poche intérieure de sa veste en jean. Il en sort une feuille de papier. Mais le policier qui se trouve près de Gil, pensant qu'il s'agit d'une arme, n'hésite pas et tire sur le jeune homme. Jason reçoit la balle en pleine poitrine et s'effondre. Il lâche la feuille de papier.
 

GIL : NON !!!
 

Gil court vers Jason, suivi par Lacey, Follet et Track. L'autre policier reste en retrait. Gil est à genoux devant Jason, inanimé. Il le secoue.
 

GIL : Réveille-toi bon sang… Ou est Nanne ? Dis-moi où elle est !
 

FOLLET : M. Chabert, s'il vous plaît.
 

Mais Gil ignore Follet, il continue de secouer Jason. La pluie ne cesse de tomber.
 

LACEY : Gil, arrête.
 

GIL (continuant de secouer Jason) : Il faut qu'il me dise où elle est… Il n'y a que lui qui sache. Oh Mon Dieu !
 

Voyant qu'il n'y a rien à faire avec Jason, Gil se calme. Son visage ruisselle sous la pluie.

 

 

 28  DANS LA MAISON DES PATRICK
 

Dans la cave, Mirna ,est toujours inconsciente, en bas des escaliers. Il commence à y avoir de la fumée qui entre et qui provient de la cuisine. On peut entendre le crépitement du feu.
Nanne, dans sa geôle, est assise par terre. Son regard vide n'espère plus.

 


 GÉNÉRIQUE DE FIN