|
1 DANS LA SUITE DE MLLE JUDICAL
Mlle Judical est assise sur son fauteuil, occupée à découper des recettes dans un magazine. La porte d'entrée s'ouvre sur Flora, tout sourire.
FLORA : Coucou !
Mlle Judical se lève et court vers Flora, elle l'embrasse.
MLLE JUDICAL : Flora ! Enfin te voilà, ma chérie.
FLORA : Et oui, enfin de retour.
MLLE JUDICAL : Alors, Rome, c'était comment ?
FLORA : Super Alice. Il faudrait que tu y ailles un jour, tu sais. C'est vraiment génial. J'ai passé un séjour magnifique.
MLLE JUDICAL : Pour l'avoir prolongé de deux semaines, je veux bien te croire.
FLORA : Tu ne m'en veux pas de t'avoir laissée seule aussi longtemps ?
MLLE JUDICAL : Mais non bien sûr. Viens donc t'asseoir, j'ai des tas de choses à te dire.
Elle invite l'aveugle à s'asseoir sur le canapé. Elle lui prend la main.
FLORA : Moi aussi, j'ai plein de choses à te raconter, mais toi d'abord... Alors, quoi de neuf ?
MLLE JUDICAL : Pendant ton absence, j'ai beaucoup réfléchi. J'ai réfléchis sur ma vie, sur mes envies, sur ce que j'ai fait ces derniers temps.
FLORA : Et ?
MLLE JUDICAL : Et je pense que tu as raison. Mon travail était un échappatoire, j'essayais d'échapper à la peur de m'engager sérieusement avec une personne... Je sais que ce n'est pas la solution. Je dois aller de l'avant, je dois pouvoir réussir une vie à deux. Et j'en ai envie Flora, j'en ai tellement envie. Donc...
FLORA : Donc ?
MLLE JUDICAL : J'ai décidé de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour reconquérir Joe... Qu'est-ce que tu dis de cela ?
Pas grand chose apparemment, puisque Flora reste sans voix. Son sourire s'efface.
2 SUR UNE ROUTE PRÈS DE GARDEN VIEW
La voiture de Gil s'élance sur la route qui mène à Garden View. Au volant de sa voiture, le jeune homme fredonne l'air qu'il entend à la radio. Au deuxième tournant, il aperçoit une voiture rouge à l'arrêt. Une très belle jeune femme donne un coup de pied contre le pneu de la voiture, en colère. Gil stoppe juste devant la voiture en panne.
GIL : On a des problèmes ?
CLANCY : Cette satané voiture me fera mourir. Je l'ai pourtant emmené au garage la semaine dernière !
Gil ouvre le capot et commence à regarder le moteur.
GIL : Mmmmm
CLANCY : Quoi, mmm ?
GIL : En fait, je n'y connais rien en mécanique. (Il rit). Venez... je vous emmène au garage le plus proche.
CLANCY : Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas ?
GIL : Pas du tout... au fait, je m'appelle Gil Chabert.
Clancy serre la main que Gil lui tend.
CLANCY : Clancy Monroe.
3 GARDEN PLACE MEMORIAL
Menley et Kelly sont seules dans la salle d'attente. Menley fait le va-et-vient, nerveuse.
MENLEY : Cette attente est insupportable.
Pas pour Kelly, en tout cas, car la jeune femme est calme. Elle fixe le mur sans rien dire. Menley met ce type de comportement sous l'effet du traumatisme. "Pauvre Kelly, se dit-elle".
Mais derrière le regard triste et sans vie de Kelly se cache des pensées bien plus machiavéliques que Menley n'aurait jamais soupçonné.
"Si seulement il pouvait mourir... Ca m'enlèverait un poids de la poitrine. Déjà je ne serais plus obligée de faire la navette entre le Cabinet et l'hôpital, et puis j'aurais enfin ma vengeance".
Sur ces mauvaises pensées, Frank fait irruption dans la salle d'attente. "Le boy scout ! Il ne manquait plus que lui !"
Frank embrasse Menley.
FRANK : J'ai eu ton message. Comment va Stuart ?
MENLEY : On n'en sait rien. On attend toujours.
Frank regarde Kelly avec compassion. "Le boy scout venu au secours de Miss Nunuche, quel portrait touchant.. Maintenant, il va me demander comment je vais."
FRANK : Kelly, ça va ?
"Et toc ! Ca ira beaucoup mieux quand le docteur viendra m'annoncer que Stuart est mort !"
KELLY : Ca ira beaucoup mieux lorsque le docteur viendra m'annoncer que Stuart va bien.
MENLEY : On est tous avec toi, Kelly.
"C'est bien là, le problème... Si seulement vous pouviez me laisser respirer !"
KELLY : Merci d'être là.
Le docteur arrive enfin dans la salle d'attente. Kelly se lève, anxieuse de savoir.
DOCTEUR SMITH : Kelly, le cœur de votre mari s'est arrêté de battre...
"Enfin... il était temps !"
DOCTEUR SMITH : Nous avons réussit à le faire repartir.
KELLY : Vous voulez dire qu'il n'y a plus de danger pour Stuart ?
SMITH : A l'heure actuelle, non. Mais il est toujours dans le coma.
Kelly ferme les yeux.
KELLY : Dieu merci, il est en vie.
"Oh non..."
GéNéRIQUE DE DEBUT
SPECIAL GUEST STARS
4 APPARTEMENT DE KELLY
Kelly est sur le pas de la porte, avec Menley et Frank.
MENLEY : Tu es sûre de ne pas vouloir venir chez nous ?
KELLY : Non merci. Je suis fatiguée, je crois que je vais aller me coucher tout de suite.
FRANK : Je comprends, tu passes par des moments très difficiles...
Kelly hoche la tête. "Oui. Vous supporter toi et Miss Nunuche pendant deux heures relève de l'exploit !"
KELLY : Merci pour tout. Bonne nuit.
Elle entre dans son appartement et ferme la porte. Elle s'y adosse et pousse un soupir de soulagement. Enfin seule ! Maintenant, un bon bain chaud et un plateau télé pour chasser le stress que ces deux nigauds lui ont donné.
5 APPARTEMENT DE MENLEY
Menley et Frank entrent.
MENLEY : Pauvre Kelly !
FRANK : Je ne sais pas comment elle fait pour supporter tout ça...
David sort de la cuisine, un sandwich à la main.
DAVID : Salut vous deux ! (il s'arrête en les regardant). Oh, vous faites des têtes de déterrés.
MENLEY : Stuart a eu un arrêt cardiaque.
DAVID : Il est mort ?
MENLEY : Non, mais je crois que Kelly n'ira sans doute pas travailler lundi. Tu vas avoir fort à faire au Cabinet.
DAVID : Et nous deux, on va avoir fort à faire demain.
MENLEY : Qu'est-ce que tu veux dire ?
DAVID : Pendant ton absence, le téléphone à sonné. Je me suis permis d'y répondre.
MENLEY : Tu as bien fait.
DAVID : Je n'en suis pas si sûr... c'était Maman.
MENLEY : Maman ? Et qu'est-ce qu'elle voulait ?
DAVID : Papa est parti en weekend avec le Ministère.
FRANK : Le ministère ?
MENLEY : Mon père est pasteur au sein de l'Eglise de notre village.
FRANK : Ah...
DAVID : Et comme Maman s'ennuie, elle a décidé de venir nous rendre une petite visite.
MENLEY : Quoi ? Demain ?
DAVID : Demain !
MENLEY : Et bien, voilà une occasion rêvée pour lui dire que tu restes en Californie. Elle ne sera pas contente.
DAVID : Ce que j'ai à lui dire n'est rien en comparaison de ce que toi, tu as à lui dire. N'oublie pas que tu vis avec un homme divorcé, et dans le péché par dessus le marché. Ca risque de jaser à l'Office dimanche prochain.
Menley se mord la lèvre et regarde Frank.
MENLEY : David a raison. Mes parents sont très strictes. Ils nous ont élevé selon des règles bien spécifiques. Maman va être choquée si elle apprend qu'on vit ensemble. C'est à l'encontre de toutes ses croyances.
Frank hausse les épaules.
FRANK : Il faudra bien qu'elle s'y fasse. Et puis, on est plus au XIXème siècle.
MENLEY : Frank, mes parents habitent dans un petit village isolé du Minnesota. Ils sont bigots et sont très respectés par les membres de leur paroisse. Maman ne s'en remettra pas si elle apprend qu'on partage le même lit.
FRANK : Mais c'est incroyable. On est au 21ème siècle, Menley !
DAVID : Pas pour nos parents. Ils sont encore à l'âge de pierre pour ce genre de choses.
FRANK (à Menley) : Et tu suggères quoi ?
6 APPARTEMENT DE LACEY
Lacey ouvre la porte d'entrée et hausse les sourcils, surprise de voir Frank se tenir dans l'encadrement, une valise à la main.
FRANK : Je n'y suis pour rien, c'est une idée de Menley !
Plus tard, Frank est assis sur le canapé et déguste un thé glacé que Lacey a préparé.
LACEY : Elle reste combien de temps, Maman Weaver ?
FRANK : Juste le week-end. Elle doit repartir lundi. Je n'arrive pas à comprendre la réaction de Menley. La semaine dernière, je voulais la demander en mariage et elle a refusé parce qu'elle estime que c'est trop tôt. Et maintenant, elle m'envoie chez toi en week-end parce que "Mère Supérieure" débarque et ne doit pas savoir qu'on vit ensemble.
LACEY : Menley n'a jamais parlé de toi à ses parents ?
FRANK : Si, mais comme un "fiancé" potentiel, le genre potiche-boutonneux qui emmène sa petite amie voir "Harry Potter" au cinéma.
Lacey rit.
LACEY : Allez, on va essayé de se supporter tout un week-end. Ca ne devrait pas être bien difficile.
FRANK : Il y a au moins un point positif dans tout ça. L'arrivée de sa mère fait un peu oublier à Menley l'existence de Marie Jo. Depuis que Stuart s'est fait agressé, cette histoire tourne à l'obsession chez Menley. Je t'avoue que parfois, ça me fait un peu peur.
7 DANS LA SUITE DE MLLE JUDICAL
Flora est seule, installée sur un fauteuil en train de lire un livre en braille. Quelqu'un sonne et elle va ouvrir. C'est Joe.
JOE : Flora !
Elle sourit et ils s'embrassent. Un baiser qui n'est pas innocent.
FLORA : Viens, entre !
Une fois entré, Joe la prend à nouveau dans ses bras.
JOE : Ca fait si longtemps.
FLORA (souriante) : A peine deux jours !
JOE : Ca m'a paru une éternité.
Tous deux s'assoient sur le canapé. Joe prend la main de Flora.
JOE : Est-ce que tu as pu parler à Alice ?
FLORA (son sourire s'évanouie) : Non, c'est justement pour ça que je t'ai demandé de venir. Alice est à l'Unecain en ce moment.
JOE : Il y a un problème ?
FLORA : En quelque sorte oui. Alice m'a dit qu'elle a fait une grosse erreur en te laissant partir. En fait, elle souhaite te reconquérir.
JOE : Quoi ?
FLORA : Joe, je n'ai pas eu le courage de lui dire qu'on était ensemble. Je ne veux pas la faire souffrir.
JOE : Chérie, de toute façon, elle souffrira. Quoi qu'il arrive ! On est obligé de lui dire la vérité. Il faut le faire le plus rapidement possible, parce que sinon, ça sera encore plus dur.
FLORA : Je sais tout ça, Joe. Mais c'est tellement difficile. Je vais perdre son amitié. Et cette amitié m'est tellement précieuse. Alice est comme une sœur pour moi. On se connaît depuis l'enfance. Je ne pourrais pas supporter de la perdre.
JOE : Alice doit comprendre. Elle verra qu'on s'aime très fort. Elle comprendra, j'en suis sûr.
FLORA : Et si elle ne comprend pas.
JOE : Alors il te faudra faire un choix Flora.
Flora soupire.
8 DANS L'APPARTEMENT DE CLANCY
Tim sourit à la jeune femme.
TIM : C'est parfait !
CLANCY : Et je suis censée faire quoi, maintenant ?
TIM : Tu lui as donné ton numéro, non ? Alors il va appeler.
CLANCY : Tim, je te le répète, je n'aime pas ça. En plus, ce Gil semble être quelqu'un de bien.
TIM : Je veux simplement qu'il arrête de tourner autour de Nanne. Il faut que j'accélère les choses entre elle et moi. C'est maintenant ou jamais.
Le téléphone sonne et Clancy décroche. Elle pose la main sur le combiné et regarde Tim.
CLANCY (tout bas) : C'est Gil...
La conversation est de courte durée. Tim regarde Clancy avec plein d'espoir. Elle raccroche le combiné.
CLANCY : Je dîne avec lui ce soir.
Le visage de Tim rayonne.
TIM : Parfait !
9 GARDEN HILL, BUREAU DE CHRIS GARRETT
Garrett fait signe à Jessica de s'asseoir.
CHRIS : Vous savez pourquoi je vous ai fait venir, Jessica ?
JESSICA : J'ai mon idée.
CHRIS : Votre thérapie est terminée. Je vous sens assez forte maintenant pour affronter l'extérieur. Vos progrès et votre volonté à vouloir vous en sortir sont exemplaires.
JESSICA : Merci Chris.
CHRIS : Je pense que vous êtes suffisamment armée pour affronter les dures réalités de la vie quotidienne.
Mais Jessica a un regard triste qui n'échappe pas au médecin.
CHRIS : Jessica ? Quelque chose ne va pas ?
JESSICA : Si, tout va merveilleusement bien. Je pense simplement à Jillie.
CHRIS : J'ai comme l'impression que vous vous êtes attachée à elle.
JESSICA : Elle me fait penser à moi lorsque j'étais plus jeune. Elle est sur la bonne voie, mais elle a encore besoin de quelqu'un pour l'épauler. Elle est encore très fragile.
CHRIS : Vous pourrez toujours venir la voir quand vous le voulez. Bon, j'ai également une bonne nouvelle à vous annoncer. St-Alexis, vous connaissez ?
JESSICA : Le centre de rééducation ? Oui, bien sûr. Pourquoi ?
CHRIS : Un poste d'ergothérapeute s'y est libéré. Vous commencez fin de semaine prochaine.
Jessica ne cache pas sa joie.
JESSICA : C'est formidable Chris. Merci beaucoup.
10 AÉROPORT DE LOS ANGELES
Le terminal 3 est bondé de monde. Le vol en partance de Saint-Paul, Minnesota, vient d'arriver. Menley et David se frayent un chemin parmi la foule.
MENLEY : Tu la vois ?
DAVID : Non.
Les passagers du vol sortent un à un par la porte A. Mais pas de traces de Marge Weaver. Soudain, David donne un coup de coude à sa sœur et fait un signe de tête en direction d'une machine à distribuer le café. Marge est plantée devant la machine, l'air sévère. Menley ne peut s'empêcher de noter le manque de goût de sa mère en matière vestimentaire. Flanquée d'un ridicule chapeau jaune dominé par une fleur de tournesol et assorti à un chemisier à fleur, elle est l'image même de la paysanne qui sort de sa campagne. Le sac à main noir, très stylé "années 60", n'arrange rien à l'allure de la femme. Marge anime une discussion houleuse avec un homme d'une corpulence impressionnante. Un peu à l'écart se trouve une frêle petite femme d'une soixantaine d'années. Marge assène à l'homme un violent coup avec son sac à main.
MARGE : Espèce de malotru ! Rendez-lui son dollar !
Menley et David parviennent près de la scène.
MENLEY : Maman ! Mais enfin que se passe-t-il ?
Marge se tourne vers ses enfants et son expression change aussitôt. Un énorme et chaleureux sourire se dessine sur ses lèvres.
MARGE : Menley ! David !
Elle les enlace chacun leur tour, Il sont à l'évidence désorientés par le changement d'attitude de leur mère.
MENLEY : Maman, mais enfin, qu'est-ce qui se passe ?
Marge se tourne vers l'homme et son visage prend à nouveau un air sévère.
MARGE : La dame a laissé tombé un dollar et ce Monsieur dit qu'il est à lui. C'est pas vrai. Espèce de menteur ! Doux seigneur, comment peut-on être aussi voleur et menteur, je vous le demande !
Elle se tourne à nouveau vers Menley et David, et son regard se radoucit. Elle sourit.
MARGE : Oh, mes enfants ! Je suis tellement heureuse de vous voir.
Un nouveau regard vers l'homme et à nouveau un air sévère.
MARGE : Vous allez lui rendre son dollar, oui !
Puis un nouveau regard d'attendrissement sur ses enfants. David est abasourdi en voyant comment sa mère peut passer d'une émotion à l'autre avec un tel brio. Marge aurait été un navire, il aurait eu le mal de mer . Finalement, l'homme corpulent capitule et rend le dollar à la vieille dame, qui ne demande pas son reste et part. L'homme en fait de même, mais dans la direction opposée.
Marge est désormais seule avec ses enfants.
MARGE : C'est incroyable de voir des gens aussi malhonnêtes.
MENLEY : Maman, il s'agissait uniquement d'un malheureux dollar, c'est tout.
MARGE : Un dollar est un dollar. Tiens, avec un dollar, je peux m'acheter une livre de farine chez Mme Stutland. Eh !
Tous trois se dirigent vers la sortie. David porte le petit bagage de Marge.
DAVID : Tu as fait bon voyage ?
MARGE : Oh, c'était fantastique ! Mon premier voyage en avion, et je n'ai même pas été malade.
MENLEY : Comment va Papa ?
MARGE : Ton père va très bien. Il compte bien à ce que tu viennes nous voir cet été... Alors les enfants, qu'est-ce que vous avez prévu pour ce week-end ? Moi, j'ai l'intention de visiter la ville de fond en comble.
11 À GARDEN VIEW
Menley, David et Marge franchissent le seuil de l'immeuble et s'approchent de l'ascenseur.
MARGE : ... J'ai donc dit à Mme Sutland de ne pas s'inquiéter. C'est vrai quoi ! Ce n'est pas parce que deux étrangers décident de venir habiter notre charmante petite ville que tout va changer. Non ! Au contraire, c'est bien d'avoir un peu de sang neuf. C'est ce que j'ai dit à Mme Olsson et à Mme Struck : il faut que notre ville bouge. Et puis, deux nouveaux paroissiens, ça ne fait pas de mal, que j'ai dit !
Menley appuie sur bouton de l'ascenseur, espérant que Marge termine son monologue - qui n'intéresse visiblement qu'elle - le plus rapidement possible.
MARGE : ...Pauvre Mme Struck, les problèmes de sa fille ne s'arrangent pas, elle vit toujours cloîtrée chez elle depuis que ce bon à rien de Tob l'a laissé tombé...
Ils entrent dans l'ascenseur alors que Menley aperçoit Beth qui arrive en courant, souhaitant bénéficier de l'ascenseur avant que les portes ne se referment. Menley ouvre de grands yeux. La dernière chose au monde qu'elle souhaite est une rencontre entre Beth et Marge. Elle appuie sur le bouton afin que les portes se referment rapidement, mais Marge aperçoit Beth et retient la porte. Beth entre dans l'ascenseur.
BETH : Merci.
MARGE (avec un large sourire) : Oh, mais y'a pas de quoi. Si je peux aider les voisins de ma fille...
Beth est soudain intriguée par la femme qui est devant elle.
BETH : Vous êtes ?
MARGE : Moi ? Je m'appelle Marge, Marge Weaver.
BETH : Vous êtes la mère de Menley ? Comme c'est intéressant !
Menley n'en mène pas large. La seule chose qu'elle souhaite, c'est que l'ascenseur arrive à l'étage souhaité. Elle n'a pas confiance en Beth et elle a peur que l'ex femme de Frank ne fasse des révélations trop embarrassantes.
BETH : Et vous venez du Minnesota ?
MARGE (toujours avec un large sourire) : Oui, de Walnut Grove.
Beth a du mal à réprimer un petit rire.
BETH : Je vous demande pardon ?
L'ascenseur s'arrête enfin à l'étage de Beth et les portes s'ouvrent. Menley ne peut réprimer un soupir de soulagement. Beth se rend compte que Menley est mal à l'aise devant la situation et ça l'amuse énormément. Beth voit ici matière à perturber Menley et décide de saisir l'opportunité. La porte de l'ascenseur se referme et Beth est toujours à l'intérieur.
MENLEY : Beth, tu es à ton étage.
Beth ignore la remarque de Menley, qui appuie sur le bouton pour ouvrir à nouveau la porte.
BETH : Madame Weaver.
MARGE : Oh, appelez-moi Marge.
BETH : Très bien, Marge, que diriez-vous de venir prendre une tasse de thé à la maison ?
Les portes se referment à nouveau. Menley appuie à nouveau sur le bouton.
MENLEY : Maman n'est à Garden Place que pour deux jours, nous n'aurons pas le temps...
MARGE : Ne dis pas de sottises, ma chérie ! Bien sûr, je serai ravie de venir prendre le thé chez vous. Les amis de ma fille sont mes amis.
Menley ferme les yeux, exaspérée par les propos tellement convenus de sa mère.
BETH : Parfait ! Que diriez-vous de dimanche après midi ?
MENLEY : Nous avons prévus de te faire visiter Great Garden demain, maman.
MARGE (ignorant la remarque de sa fille) : Demain c'est parfait.
BETH : Quinze heures ?
MARGE : On sera là !
Marge sert la main de Beth comme si elle scellait un pacte. Beth sort enfin de l'ascenseur. Une fois que les portes se referment, Beth rit en se dirigant vers l'entrée de son appartement.
BETH (pour elle) : Walnut Grove...
12 BUREAU DE JOE KRUEGER
Joe est afféré sur sa table de travail lorsque Mlle Judical frappe à la porte et entre discrètement. Joe lève les yeux. Il est surpris et on perçoit un peu de gêne.
MLLE JUDICAL : Je ne vous dérange pas, au moins ?
JOE : Alice ! Mais pas du tout voyons, entrez.
Mlle Judical s'exécute.
MLLE JUDICAL : J'avais espéré que vous m'appelleriez à votre retour de voyage.
JOE : Je comptais le faire, mais j'ai tellement de chose à régler. Trois semaines loin du journal, et c'est l'horreur, croyez-moi.
MLLE JUDICAL (riant) : Oui, je veux bien vous croire. Flora m'a dit que vous aviez passés d'excellentes vacances tous les deux.
JOE (gêné) : Oui, c'était... bien. L'Italie est un pays fantastique .
MLLE JUDICAL : Bon, moi je suis venue ici pour vous inviter à déjeuner.
JOE : C'est très gentil à vous Alice, mais j'ai encore un tas de travail à finir et...
MLLE JUDICAL : Oh ! Allez ! Laissez-vous tenter. Votre travail ne se sauvera pas. Vous le retrouverez cet après-midi.
JOE : C'est vous qui parlez comme ça ? Vous qui n'arrivez pas à décoller de votre siège à l'Unecain !
MLLE JUDICAL : C'est la nouvelle Alice Judical qui parle. Celle qui a décidé de prendre enfin le temps de vivre et de ne plus se laisser imprégnée par son travail.
JOE : Quel changement !
MLLE JUDICAL : Il y a encore plein d'autres changements. Si vous m'accompagnez à déjeuner, je vous dirais lesquels.
Joe lui sourit.
13 CHEZ BRONSKI
Flora est avec Joe autour d'une table.
JOE : Alice est venue me voir à midi.
FLORA : Et ?
JOE : Nous avons déjeuné ensemble.
FLORA : Tu lui as dit pour nous deux ?
JOE : Non. Tu as raison, c'est vraiment difficile de lui en parler. Elle fonde beaucoup d'espoir sur une relation avec moi.
FLORA : Elle te l'as dit ?
JOE : Elle me l'a fait comprendre.
FLORA : Joe, qu'est-ce que nous allons faire ?
14 APPARTEMENT DE MENLEY
Menley, Marge, David, Lacey et Frank sont réunis pour dîner. C'est bien évidemment Marge qui mène la conversation.
MARGE : Lorsque j'ai appris par Mme Jones que le fils de Steven Kart avait trempé dans une affaire de voitures volées, je me suis dit : pas étonnant, ce garçon m'a toujours paru bizarre, avec ses cheveux longs et ses pantalons troués.
Marge s'arrête de parler. Elle voit les regards ahuris des autres convives qui tentent de suivre sa conversation sans intérêt, sans toutefois y parvenir.
MARGE : Oh, mais je dois vous ennuyer avec mes histoires. C'est vrai : pourquoi je vous raconte tout ça ? Vous ne connaissez pas les habitants de Walnut Grove.
LACEY : Vous habitez vraiment Walnut Grove ?
MARGE : Oui. Ca fait bizarre, hein ?
Menley arrive avec le plat de poisson.
MARGE : Mmm, ma chérie, ça sent très bon. Tu as fait des progrès depuis que tu as quitté la maison. (elle s'adresse à Frank avec un grand sourire) : vous avez de la chance d'être tombé sur ma fille. (Elle se pâme ): je trouve que vous formez un superbe couple. Au fait, vous vous être connu où ?
FRANK : A Paris. MENLEY (en même temps) : Ici.
Marge ne comprend pas. Menley lui doit alors une explication.
MENLEY : Oui... enfin, on s'est rencontré à Paris, l'été dernier, et on est sorti ensemble pour la première fois ici.
Marge sourit de son large sourire.
MARGE : Ah, Paris... la ville la plus romantique au monde ! Mais dites-moi Frank, vous habitez dans cet immeuble vous aussi ?
FRANK : Oui MENLEY (en même temps) : Non
LACEY : Il habite chez moi.
Tous les regards convergent vers Lacey, heureuse d'être le centre d'intérêt pour la première fois depuis le début du dîner.
LACEY : Son appartement est en travaux, donc il habite chez moi en attendant.
MARGE : Mais pourquoi n'habite-t-il pas chez Menley ?
Frank est un peu gêné de savoir qu'on parle de lui comme s'il n'était pas là.
MENLEY : Parce que David habite ici en ce moment. Cet appartement est trop petit pour trois.
A cet instant, David manque de s'étouffer en avalant un morceau de poisson de travers.
MARGE : David ! Ca va mon chéri.
David reprend son souffle.
DAVID : Ca va... maman... (il regarde Menley) Mon œsophage était sans doute trop étroit pour avaler un aussi gros morceau.
Menley saisit l'allusion et fait une grimace à son frère. Lacey, quant à elle, s'amuse beaucoup.
Frank pense à juste titre qu'il est temps de changer de conversation avant que l'orage n'éclate.
FRANK : Quelqu'un a des nouvelles de Jillie ?
Lacey fait la moue.
LACEY : Oh non... pourquoi gâcher un aussi bon repas ?
MARGE : Qui est Jillie ?
MENLEY : C'est une collègue. Elle a des problèmes avec l'alcool.
MARGE : Ca me fait penser à Mme Hilgaard qui...
Aucun des convives présents n'a envie de voir Marge se lancer à nouveau dans des commentaires lourds sur les habitants de son petit village, si bien que David lui coupe la parole.
DAVID : Vous pensez qu'elle en a encore pour longtemps à se faire soigner ?
MARGE : Mme Hilgaard ne se fait pas soigner, voyons !
DAVID (impatient) : Je parlais de Jillie, Maman !
LACEY : Moins on parle d'elle, mieux on se porte !
MARGE : Elle suit une thérapie ?
FRANK : Oui, à Garden Hill, un centre de désintoxication.
MARGE : C'est bien.
LACEY : Ouais, sauf qu'elle est à Garden Hill de force, parce qu'elle a provoqué un grave accident de voiture en percutant une jeune fille.
MENLEY : J'ai entendu dire que Jessica l'aidait beaucoup.
MARGE : Jillie a percuté Jessica ?
MENLEY : Non, Siria !
MARGE : Qui est Siria ?
MENLEY (exaspérée) : Maman !
MARGE (vexée) : Je te signale ma petite fille que si tu prenais un peu la peine de téléphoner à ta pauvre mère pour lui raconter ce qui se passe dans ta vie, je n'aurais pas à poser autant de questions… Enfin, peu importe. Tiens, passe-moi le sel, le poisson est un peu fade.
Silence gêné tandis que Menley tend le sel à sa mère. C'est Lacey qui rompt le silence :
LACEY : Alors, David. Comment se passe ton nouveau travail chez Kelly ?
Menley, David et Frank regardent Lacey comme si elle avait dit la plus grosse bêtise de toute sa vie.
LACEY : Quoi ?
MARGE : Travail ? Mais… je pensais que tu repartais avec moi dès lundi !
Se rendant enfin compte qu'elle a gaffé, Lacey fait une grimace d'excuse à David.
DAVID : Je voulais t'en parler après le dîner, Maman. J'ai décidé de rester à Garden Place et de m'y installer. J'ai trouvé du travail dans un cabinet d'avocats.
Marge accuse le coup.
MARGE : Bon… bon… si c'est ce que tu veux. Je vois encore une fois que ta pauvre mère est la dernière informée. Ton père va être déçu, surtout qu'il voulait te nommer diacre à notre Eglise. Mais ce n'est pas grave. Tu es un adulte maintenant, tu fais ce que tu veux, pas besoin de demander conseil à tes pauvres parents.
On sent de l'amertume dans la voix de Marge, dont le seul souhait est visiblement de provoquer un sentiment de culpabilité chez son fils.
MARGE : Passe-moi le poivre. Ce poisson est décidément trop fade.
DAVID : Maman, je…
Marge l'interrompt en le regardant droit dans les yeux, avec un rictus.
MARGE (plus fort) : Passe-moi le poivre !
15 DANS L'APPARTEMENT DE GIL
Clancy est assise sur le canapé lorsque Gil arrive avec un cocktail dans chaque main. Il tend un verre à Clancy, qui lui sourit.
CLANCY : Vous êtes quelqu'un d'extraordinaire, Gil Chabert.
GIL : Pourquoi dites-vous ça ?
CLANCY : Vous volez au secours d'une pauvre fille que sa voiture abandonne et le jour même, vous l'invitez à dîner chez vous.
GIL : Je ne fais pas cette faveur à toutes les filles... uniquement à celles qui en valent la peine. Et je vais même faire mieux que ça : je vous invite demain soir au restaurant, qu'en dites-vous ?
CLANCY : Demain soir, c'est parfait
GIL : Je connais un superbe restaurant à Los Angeles : le Inn's, vous n'allez pas être déçue.
Il dépose un doux baiser sur les lèvres de Clancy.
GIL : J'ai préparé des petits fours pour accompagner le cocktail. Ne bougez pas, je vais les chercher.
Clancy lui sourit tandis que Gil s'éclipse dans la cuisine. La jeune femme en profite pour sortir son téléphone portable de son sac. Fébrilement, elle compose un numéro.
CLANCY (tout bas) : C'est moi. Demain soir au Inn's à Los Angeles.
Puis elle raccroche tandis que Gil arrive avec les petits fours.
16 APPARTEMENT DE BETH
Beth croque une pomme tandis qu'on frappe à la porte. Elle va ouvrir et à la désagréable surprise de voir Menley devant elle.
BETH : Quoi ?
MENLEY : Je veux que tu annules l'invitation de demain.
BETH : Je ne vois pas pourquoi. Je trouve ta maman très sympathique…
MENLEY : Oh, ne joue pas avec moi. Je ne sais pas ce que tu cherches à faire, mais je ne veux pas que ma mère ait quelque chose à voir avec toi.
BETH : Mais qu'est-ce qui te fait peur, Menley ? Tu as peur que je raconte quelques histoires croustillantes dont ta mère n'est pas au courant ? Désolée, mais je maintiens mon invitation. Je serai ravie de voir ta maman. Si toutefois ça te pose un problème, ne viens pas, je ne t'en voudrais pas.
Beth lui claque la porte au nez et mord dans sa pomme avec un sourire ironique. Elle prend ensuite le téléphone et appelle Frank sur son portable.
BETH : Il y a encore quelques affaires à toi dont je voudrai me débarrasser.
FRANK : Très bien, j'arrive.
BETH : Non, pas maintenant. Je dois partir. Viens plutôt demain après-midi, vers 15h00 . Tu en profiteras aussi pour me rendre la clé de l'appartement.
Elle raccroche, sans laisser le temps à Frank de répondre, un sourire malicieux à ses lèvres.
17 DANS LE BUREAU DE JOE, AU JOURNAL
Flora rend visite à Joe qui l'accueil avec un grand sourire. Mais Flora, elle, ne sourit pas.
FLORA : Joe, je n'en peux plus. Il faut que ça cesse.
JOE : De quoi parles-tu ?
FLORA : Alice est mon amie depuis des années. Je ne peux pas lui faire ça. Je ne peux pas risquer de perdre son amitié. Si je la perds... je me perds.
JOE : Et tu suggères quoi ?
FLORA : Alice est attachée à toi. Plus que tu ne le penses. Savoir qu'on est ensemble risque de la briser. Je ne veux pas en arriver là. Joe... je suis désolée, mais... mieux vaut s'arrêter là.
JOE : C'est trop tard Flora.
FLORA : Comment ça trop tard ?
JOE : Alice sait tout. Elle est venue me voir tout à l'heure et voulait des explications. Je lui ai tout dit à propos de nous deux.
18 À L'UNECAIN, DANS LE BUREAU DE MLLE JUDICAL
La Directrice de l'Unecain High School franchit les portes de la réception avec un tel vacarme qu'Ursula, présente derrière le comptoir, sursaute.
URSULA : Mlle Judical, vous m'avez fait une de ces peurs ? Mais que faites-vous ici un samedi soir ?
MLLE JUDICAL : C'est plutôt à moi de vous poser cette question !
Ursula décèle dans la voix de sa patronne une pointe d'énervement.
URSULA : Je suis venue faire un peu de classement. Ma sœur Daria débarque demain chez moi et je suis un peu nerveuse. Je ne vous ai jamais parlé de Daria, je crois ?
MLLE JUDICAL : Non, et vous n'allez jamais m'en parler parce que j'ai autre chose à faire qu'à vous écoutez jacasser comme une pie.
Ursula comprend que Mlle Judical a les nerfs à vif et décide d'avaler le chewing-gum qu'elle mâche, afin de ne pas avoir de remarque désobligeante de la part de la directrice.
URSULA : Mlle Judical, quelque chose ne va pas ?
MLLE JUDICAL : Contentez-vous de faire du classement, c'est dans ce domaine que vous êtes la plus utile.
Sans attendre de réponse, Mlle Judical entre dans son bureau et claque la porte.
A ce même moment, Flora entre à la réception et se dirige vers le bureau de son amie.
URSULA : Bonjour, Mme Flora.
Flora sursaute, pensant qu'elle était seule.
FLORA : Ursula ! Vous êtes ici ? Est-ce que Mlle Judical est à son bureau ?
URSULA : Oui, mais je vous préviens, Mme Flora, elle n'est pas de bonne humeur, mais alors pas de bonne humeur du tout !
Ursula prend dans son sac son paquet de chewing-gum et en prend un comme si sa vie en dépendait. Elle tend le paquet à Flora.
URSULA : Vous voulez un chewing-gum, Mme Flora ?
Flora fait non de la tête et frappe à la porte du bureau.
MLLE JUDICAL : Ursula, fichez-moi la paix et rentrez chez vous.
Flora pousse la porte et entre.
FLORA : C'est moi Alice.
Un lourd silence s'installe entre elles. Silence finalement brisé par Mlle Judical.
MLLE JUDICAL : Comment tu as pu me faire ça Flora ?
FLORA : Je suis désolée, Alice. Vraiment désolée. Je ne voulais pas que ça arrive. Joe et moi étions en vacances dans une ville romantique, et… nous nous sommes rapprochés.
MLLE JUDICAL : Je vois ça, oui !
FLORA : Alice, ne m'en veux pas. Je te signale tout de même que c'est toi qui a éconduit Joe avant les fêtes. Si tu étais partie avec lui en Europe, rien de tout cela ne serait arrivé.
MLLE JUDICAL : Ben voyons, ma chère, maintenant tu veux me rendre coupable de la situation.
FLORA : Non, bien sûr que non. Alice, nous sommes amies et…
MLLE JUDICAL : Rectification, Flora. Nous étions amies. Nous ne le sommes plus. C'est terminé.
FLORA : Alice, tu ne peux pas nous faire ça. Notre amitié est trop forte pour... Je te l'ai dit, je n'ai pas voulu ce qui arrive. Mais j'aime Joe, et il m'aime.
Mlle Judical se lève et toise Flora.
MLLE JUDICAL : Ma chère Flora, mais tu n'as rien compris ! Je ne t'en veux pas de sortir avec Joe. C'est vrai que j'ai fait des erreurs et ces erreurs ont conduit à cette situation. Non, ce que je te reproche, c'est de ne pas m'en avoir parlé à ton retour. Tu m'as fait croire que je pouvais récupérer Joe. Je me suis humiliée devant lui, je me suis confiée à toi, et toi, tu n'as rien dit. Comment as-tu pu me faire ça ? Comment as-tu pu me faire croire que je pouvais encore espérer ? C'est monstrueux. Jamais je ne pourrais te pardonner ça Flora, jamais ! Je me sens trahie par ma meilleure amie en qui j'avais une confiance absolue, et c'est à cause de ça que je souffre maintenant.
Au fur et à mesure que Mlle Judical déballe ce qu'elle a sur le cœur, des larmes coulent sur les joues de Flora.
FLORA : Oh, Alice, je suis désolée. J'avais peur de te dire la vérité. J'étais sur le point de rompre avec Joe, et…
MLLE JUDICAL : Laisse-moi seule Flora. S'il te plaît, va-t-en !
19 APPARTEMENT DE BETH, LE LENDEMAIN
Marge et Menley sont assises sur le canapé, en train de déguster un thé. En face d'elles se trouve Beth. Si Marge est parfaitement à l'aise devant cette situation, ce n'est pas le cas de Menley, qui ne cesse de regarder sa montre.
MENLEY : Il est temps d'y aller, Maman.
MARGE : Mais enfin ma chérie, ça ne fait que dix minutes qu'on est ici.
BETH : Menley est toujours très pressée. Toujours à courir à droite et à gauche. Au fait, vous avez fait la connaissance de Frank ?
Menley remue nerveusement, sentant le drame arriver.
MARGE : Oh oui, c'est un garçon charmant, vraiment ! Menley a beaucoup de chance.
Beth regarde Menley avec amusement.
BETH : Oui, elle a beaucoup de chance, et je sais de quoi je parle.
MARGE : Pourquoi ?
Menley se lève.
MENLEY : Il est vraiment l'heure d'y aller, Maman. David nous attend pour aller à Great Garden.
A ce même moment, on entend le cliquetis de la porte. Quelqu'un l'ouvre avec une clé. La porte s'ouvre et Frank apparaît. Il s'arrête, surpris de voir Menley et Marge. A cet instant, Menley s'en veut énormément de ne pas avoir dit à Frank qu'elle se rendait chez Beth avec sa mère. Elle ne pouvait pas savoir que Beth allait pousser le vice jusqu'à demander à Frank de venir. A cet instant, Menley mesure la haine qu'elle a envers Beth.
Beth se dirige vers Frank.
BETH : Justement Frank, nous parlions de toi et du fait que Menley ait beaucoup de chance de sortir avec toi. J'avais aussi beaucoup de chance de t'avoir lorsque nous étions mariés.
20 APPARTEMENT DE MENLEY
Marge et Menley entrent dans l'appartement, tandis que David est installé sur le canapé, occupé à lire une BD.
DAVID : Déjà ?
Elles ignorent David.
MENLEY : Maman, laisse-moi t'expliquer. Je voulais te mettre au courant du fait que Frank était marié. Frank et Beth ne s'entendent plus depuis des années. Bon, c'est vrai, ils viennent à peine de divorcer et je sortais déjà avec Frank alors qu'ils étaient encore mariés…
MARGE : Je sais
MENLEY :… Mais Frank et moi nous nous aimons, Maman. (puis, venant de prendre conscience de ce que sa mère vient de dire) : Quoi ?
MARGE : Je sais tout à propos de Frank, ma petite fille. Enfin je l'ai deviné. Laisse-moi te dire une chose. Je n'aime pas cette Beth, elle me fait penser à Mme Geyshaw. Tu sais, celle qui vend ses horribles pommes au marché. Une vraie vipère cette femme. Bref, quand j'ai vu Beth, j'ai tout de suite pensé qu'elle avait de mauvaises intentions. Tu sais, ta pauvre mère n'est pas née de la dernière pluie.
MENLEY : Je pensais que tu allais me faire un sermon sur les sacrements du mariage…
MARGE : Chérie, voyons… nous ne sommes plus au 19ème siècle. Tout évolue. Le fait que Frank ait été marié ne me dérange pas. Tant mieux s'il n'est plus avec Beth. C'est un garçon très bien et je suis contente pour toi. Tu vois, tu sous-estimes ta pauvre mère en pensant qu'elle est une vieille folle toujours à cheval sur les principes.
MENLEY : Maman, je n'ai jamais pensé ça de toi.
MARGE : Arrête, ou ton nez va s'allonger !... Bon, on va le voir, ce fameux Great Garden, maintenant ? On n'a plus beaucoup de temps. Je repars demain, comme ça Frank pourra revenir s'installer chez toi.
Menley sourit.
MENLEY : Maman, je t'adore !
21 AU INN'S À LOS ANGELES
Gil et Clancy dînent tranquillement ensemble. Gil lève son verre.
GIL : Au début d'une belle histoire.
CLANCY : A nous !
GIL : Alors, dites-moi tout sur vous. Je veux tout savoir.
CLANCY : Oh, il n'y a pas grand chose à dire.
A cet instant, Tim et Nanne font leur entrée dans le restaurant. Le serveur les amène à leur table, située non loin de la table de Gil et Clancy. Nanne aperçoit les deux jeunes gens et se fige. Tim fait semblant de ne pas avoir vu Gil.
TIM : Quelque chose ne va pas, ma chérie ?
Tim regarde en direction de Nanne.
TIM : Tu préfères qu'on s'en aille ?
Nanne se reprend.
NANNE : Non, pas du tout. Nous sommes ici, autant y rester.
Ils se dirigent vers Gil et Clancy.
NANNE : Bonjour Gil.
Gil, surpris de voir Nanne, se lève. Il lui sourit.
GIL : Nanne !
Puis son sourire s'efface lorsqu'il voit Tim.
GIL (froidement) : Tim.
TIM : Alors, mon vieux cachottier, tu ne nous présente pas ?
GIL : Si bien sûr. Nanne, Tim, voici Clancy Monroe.
Nanne n'est pas à l'aise devant ce nouveau couple. Après quelques phrases d'usage, Nanne et Tim regagnent leur table.
TIM : Et bien, pour quelqu'un qui se disait amoureux de toi, il s'est vite consolé. En plus, je trouve cette fille vulgaire.
NANNE : Tim, arrête avec ça, tu veux ? On ne va pas parler de Gil toute la soirée.
22 APPARTEMENT DE NANNE
Nanne et Tim reviennent du restaurant.
TIM : Tu n'as pas été très causante ce soir.
NANNE : J'étais un peu fatiguée, c'est tout.
TIM : Bon, je vais te laisser. J'ai un cours à neuf heures demain.
Tim s'apprête à partir, mais Nanne le retient.
NANNE : Non… attends.
Elle se dirige vers lui et l'embrasse avec fougue.
NANNE : Je veux que tu restes ici cette nuit.
Tim lui rend son baiser. Tendrement enlacés, ils parviennent dans la chambre de Nanne. Ils se jettent sur le lit. Tim enlève la robe de Nanne et lui caresse les seins. Nanne sent le désir monter en elle. Elle retire la chemise de Tim, et tout en embrassant son torse nu, défait brutalement sa ceinture et arrache le bouton de son pantalon, puis se met à genoux devant lui.
23 APPARTEMENT DE NANNE, LE LENDEMAIN MATIN
Nanne se réveille doucement et découvre, posé à ses côtés, un plateau contenant tout ce qu'il faut pour un petit déjeuner bien solide. Elle sourit. Tim est déjà en train de s'habiller.
TIM : il faut que j'y aille, sinon, je vais être en retard à mon cours.
Il se penche pour embrasser Nanne, mais cette dernière l'empoigne et lui rend son baiser avec fougue.
NANNE : Un professeur a le droit d'être malade, non ?
TIM : Ou veux-tu en venir ?
NANNE : Tu veux que je te fasse un dessin ?
Tim sourit avec malice.
TIM : Oh oui !
NANNE : Alors viens !
Elle se glisse sous la couette avec Tim et à nouveau ils font l'amour. Nanne gémit de plaisir sous les assauts de son amant. Du coup, le plateau petit-déjeuner tombe avec fracas par terre, mais cela ne semble guère déranger les deux amants, collés l'un à l'autre dans une étreinte torride.
24 AÉROPORT DE LOS ANGELES
Marge entre dans l'avion et fait un dernier signe d'adieu à ses enfants.
DAVID : Tu t'en es plutôt bien sortie, petite sœur.
MENLEY : La réaction de Maman m'a agréablement surprise.
DAVID : Oui, c'est le moins qu'on puisse dire.
Menley regarde son frère.
MENLEY : Toi aussi, tu t'en est bien sortie avec Maman.
DAVID : Oui, elle a fait contre mauvaise fortune bon cœur. J'ai échappé au rôle de diacre dans l'église de Papa.
MENLEY : Je ne parlais pas de ça, David ...
David soupire.
DAVID : Allez viens ! Je te ramène à l'Unecain. Je dois être au bureau dans une heure. Kelly va voir Stuart et elle ne veut que j'assure la permanence au cabinet.
25 DEVANT LA SUITE JUDICAL
Flora sort de l'ascenseur. Elle se dirige vers la porte d'entrée de la suite. Mais parvenue à la porte, elle se heurte à un objet. Elle se penche afin de toucher cet objet qui n'a pas l'habitude de se trouver devant la porte de l'appartement. L'aveugle reconnaît tout de suite au touché sa grande valise. Elle veut alors ouvrir la porte avec sa clé, et découvre que la serrure a été changé. En proie à un profond désespoir, elle s'assoit sur sa valise.
26 GARDEN PLACE MEMORIAL
Kelly pénètre dans la chambre de Stuart et se fige lorsqu'elle aperçoit le docteur Smith, ainsi que deux autres médecins et deux infirmières penchés sur le lit de Stuart. Elle ne peut pas voir ce qui se passe, mais comprend que quelque chose est arrivé. Le docteur Smith se tourne et se dirige vers Kelly, le regard grave. Le cœur de Kelly s'emplit d'espoir. Stuart est sans doute mort, c'est la seule explication possible.
SMITH : Kelly, il faut que je vous parle.
KELLY : Oh, mon Dieu, non… vous voulez me dire que Stuart est…
SMITH : Il va bien. Il vient de se réveiller.
On aurait pu annoncer l'arrivée prochaine d'un cyclone détruisant toute la côte ouest, c'eut été la même chose pour Kelly. Le docteur Smith laisse le passage Kelly afin qu'elle puisse aller voir son mari. Elle s'avance à pas précautionneux jusqu'au lit de Stuart, son cœur battant la chamade. Lorsqu'elle parvient tout près son mari, elle est sur le point de se sentir mal. Stuart porte son regard sur Kelly. Il l'observe en silence, en la fixant intensément.
générique de fin