1  GARDEN PLACE MEMORIAL

Le soleil est sur le point de se coucher à Garden Place. Kelly se trouve dans la chambre de Stuart. Songeuse, elle regarde par la fenêtre. Le docteur John Smith interrompt ses rêveries en entrant dans la chambre. Kelly se tourne vers lui, espérant ne pas trahir l'agacement que la situation est en train de lui procurer. Une image traverse son esprit et la fait sourire intérieurement, " Quoi de neuf, Docteur ... Smith ? " se dit-elle et se détend en pensant au célèbre lapin de dessin animé ...

KELLY : Docteur Smith, du nouveau ?

Smith s'approche de Stuart et l'examine. Ensuite, il se tourne vers Kelly et secoue la tête.

DR SMITH : Il est toujours dans un coma très profond.

KELLY : Ca fait deux semaines maintenant, docteur. Est-ce que vous pensez qu'il va s'en sortir ? Est-ce qu'un jour il pourra se réveiller ?

DR SMITH : Kelly,  vous m'avez déjà posé la question cent fois et je vous le redis une nouvelle fois : je ne peux pas me prononcer. La balle a atteint le ventricule droit, nous l'avons extraite lors de l'intervention chirurgicale et tout s'est bien passé, jusqu'à ce que nous constations la formation d'un hématome frontal probablement dû à la rupture d'un petit vaisseau sanguin intracrânien sans doute fragilisé par le coup à la tête reçu par votre mari lorsqu'il s'est effondré à terre. Voilà ce qui m'inquiète, ce traumatisme frontal est responsable du coma dans lequel est plongé Stuart. S'il en ressort nous ignorons s'il présentera des séquelles cérébrales ou non, il est encore trop faible pour subir d'autres examens. Pour l'instant Kelly, vous feriez mieux d'aller vous reposer, vous semblez fatiguée.

Un faible sourire finit par se dessiner sur le visage de Kelly qui tout le long du monologue du médecin observait ses dents " de lapins " en retenant un fou rire.

KELLY : Merci docteur, je crois que je vais suivre votre conseil.

Smith incline la tête et sort de la chambre. Seule avec son mari, Kelly se dirige vers lui et le regarde, l'œil mauvais. Elle s'adresse à Stuart en pensée : " Surtout ne t'avise pas de te réveiller. Sinon, je ferai de ta vie un enfer. J'ai raté mon coup cette fois, mais si tu parviens à sortir du coma, je te promets que tu ne t'en tireras pas comme ça. Personne ne te croiras si tu leur dis ce qui s'est passé au Lac. Tout le monde prendra tes délires comme une séquelle de ton coma. C'est moi la victime aux yeux de tous, et ça ne changera pas ". Retrouvant son sourire, Kelly se dirige vers la porte et sort de la chambre d'hôpital.

 

 2  BUREAU DU JUGE, AU TRIBUNAL

 

BETH : Quoi !

 

Dans le bureau du juge, Beth n'en croit pas ses oreilles ! Elle est assise, les yeux écarquillés par la surprise de ce qu'elle vient d'entendre. A ses côtés, Frank affiche un sourire satisfait.

 

FRANK : Je crois que tu as très bien compris.

 

BETH : 1500 dollars par mois et l'appartement... vous plaisantez j'espère. 

 

Le juge ne semble pas apprécier cette remarque.

 

LE JUGE : Madame Layton, je ne vous permets pas de mettre en doute mon intégrité. J'ai jugé cette affaire en mon âme et conscience. Il n'est pas dans mon habitude de... plaisanter comme vous dites, lorsque je rends un jugement. Maintenant si vous avez un quelconque problème, vous pouvez toujours faire appel de ma décision.

 

Beth se lève.

 

 BETH : Comptez sur moi.

 

Puis elle quitte le bureau, sous le regard emplit de satisfaction de Frank.

 

 

 générique de début

 

 SPECIAL GUEST STAR

 

 3  GARDEN HILL, CHAMBRE DE JILLIE ET JESSICA

Les deux femmes sont dans la chambre. Jessica sort de la douche tandis que Jillie tente de se concentrer sur la lecture d'un magazine. Cependant, Jessica note la nervosité de sa compagne de chambre.

JESSICA : Tu devrais te regarder dans le miroir, ma pauvre fille. On dirait que tu t'attends à ce qu'une bombe vienne exploser cette pièce.

En fait de bombe, c'est quelques coups secs frappés à la porte. Jillie sursaute.

JESSICA : Calme-toi, on dirait une vraie pile électrique.

Chris Garrett, accompagné de Sonny, entrent dans la pièce sans y avoir été invités. Chris se dirige vers Jessica.

CHRIS : Jessica, je suis désolé, mais il va falloir que je fouille dans vos affaires personnelles.

JESSICA : Que se passe-t-il ?

CHRIS : J'ai trouvé ceci dans mon bureau.

Il tend une lettre à Jessica.

CHRIS : Il s'agit d'une lettre, anonyme bien sûr, qui prétend que vous avez réussit à vous procurer de l'alcool lors de votre sortie autorisée, la semaine dernière.

JESSICA : Mais c'est absurde !

CHRIS : Je suis désolé Jessica, mais c'est la procédure.

Il se tourne vers Sonny et lui fait un signe de tête. Sonny se dirige vers l'armoire et l'ouvre. Il sort la boite en carton.

JESSICA : Je suis affreusement humiliée par votre façon d'agir docteur.

Sonny ouvre le carton et en renverse son contenu à même le sol. Pendant ce temps, Jillie regarde par la fenêtre. Sonny est extrêmement surpris de voir que la bouteille n'est plus là.

CHRIS : Jessica, encore une fois, je vous fais toutes mes excuses. Je pensais bien qu'il s'agissait là d'une mauvaise plaisanterie, mais je devais m'en assurer. Je vous laisse tranquille. Sonny, pouvez-vous ranger les affaires de Mme Reaset, s'il vous plaît.

Sonny ne répond pas. Il regarde Jessica d'un oeil mauvais et lentement, se baisse pour ranger ses affaires tandis que Garrett quitte la pièce.

Jillie se lève et se dirige vers la sortie.

JESSICA : Où tu vas ?

JILLIE (irritée) : Je vais prendre l'air. Pourquoi ? Il y a un problème ?

JESSICA : Je te trouve curieusement bien irritable aujourd'hui, Perkins.

JILLIE : Vas te faire voir.

Et elle quitte la pièce.

Jessica et Sonny sont maintenant seuls.

JESSICA : Alors, mon petit Sonny, Comme ça, tu croyais m'avoir, hein ? Et qu'est-ce que tu espérais ? Que je sois virée de Garden Hill pour que tu puisses continuer ton petit trafic ?

Sonny ne répond pas. Il finit de ranger les affaires personnelles de Jessica, puis se lève et la regarde sans mot dire.

JESSICA : J'ai pris la peine de vérifier mes affaires la nuit dernière et j'ai vu la bouteille. Je sais que c'est toi qui a fait ça. Je sais tout à propos de tes petites combines à la noix.

SONNY : Je ne sais pas de quoi vous parlez.

JESSICA : Arrête de me prendre pour une demeurée.

Sonny lui sourit méchamment.

SONNY : Vous êtes une femme intelligente. Qu'avez-vous fait de la bouteille ? Vous l'avez bu ?

JESSICA : Pourquoi ? Tu en as besoin pour la refiler à une des pensionnaires de Garden Hill ?

Sonny commence à s'énerver.

SONNY : Ecoute-moi bien, la vieille. T'as pas intérêt à parler de ça à qui que ce soit, tu m'entends ? Parce que sinon, je te ferai manger les pissenlits par la racine.

JESSICA : Oh, des menaces ?

SONNY : Si jamais Garrett apprend que je refourgue de l'alcool ici, je te tue.

UNE VOIX : Vous n'en aurez pas l'occasion.

Sonny se retourne, surpris de voir Chris Garrett et Jillie dans l'encadrement de la porte donnant à la salle de bains.

CHRIS : Vous n'ignorez pas qu'une porte de la salle de bains de chaque chambre donne sur le couloir. Mais vous ignorez que Mlle Perkins a eu le courage de vous dénoncer et de parler de votre trafic.

SONNY : Je...

CHRIS : Inutile de dire quoi que ce soit. Faites vos bagages immédiatement, vous êtes viré !

Sonny jette à Jillie un regard glacial, si bien que la jeune femme ne peut réprimer un frisson de dégoût.

SONNY : Tu me le paieras cher, Perkins !

Puis il s'en va en claquant la porte.

CHRIS : Merci à vous deux.

JESSICA : Quand Jillie m'a dit que Sonny lui avait proposé de l'alcool en échange de quelques "services particuliers", je me suis fait un devoir de la protéger et de démasquer Sonny. (elle regarde Jillie). Heureusement que Jillie est une femme forte et qu'elle a résisté à la tentation.

CHRIS : Quoi qu'il en soit, je suis fier de vous deux. Voulez-vous dîner à ma table ce soir ?

JESSICA : Nous en serons ravies.

Chris quitte la chambre. Jillie pousse un soupir de soulagement.

JILLIE : Merci de ne pas m'avoir dénoncée.

JESSICA : Tu as pris la bonne décision en me parlant de la bouteille que vous avez caché dans mes affaires. Tu as fait un grand pas en avant, Jillie. Tu dois continuer dans cette direction.

JILLIE : Je ne pouvais pas te laisser accuser. J'ai réalisé tous les efforts que tu as fait pour te sortir de l'alcool et que j'étais sur le point de gâcher ta vie... comme j'ai gâché la vie de Siria et de sa famille.

JESSICA : N'en parlons plus, tu veux ? Considère qu'aujourd'hui, c'est le premier jour de la nouvelle vie de Jillie Perkins.

 

 4  GREAT GARDEN, ENTRÉE B, PRÈS DU LAC

Le vent glacial frappe le visage de Menley. Elle contemple le lac, emmitouflée dans son  manteau. Perdue dans ses pensées, elle n'entend pas Frank arriver. Aussi sursaute-t-elle lorsque son ami lui pose la main sur l'épaule.

MENLEY : Frank, c'est toi ! Tu m'as fait peur.

FRANK : Tu es à fleur de peau depuis le drame de Noël.

MENLEY : J'essaie simplement de comprendre.

Frank caresse les cheveux fraîchement coupés de Menley. Il lui sourit.

FRANK : Menley, tu devrais arrêter de te prendre la tête avec cette histoire.

MENLEY : Cette Marie Jo doit bien se trouver quelque part. Elle s'est volatilisée comme par enchantement.

FRANK : Elle est soupçonnée de meurtre, tout le monde ferait pareil à sa place.

MENLEY : Il doit bien y avoir un indice… Nous savons que Marie Jo est en fait Jane Strombaski…

FRANK : En tout cas, on le soupçonne.

MENLEY : Ce ne peut être qu'elle, Frank. Pourquoi la police n'arrive pas à mettre la main dessus ?

FRANK : Follet et Track font du bon travail. Et on devrait les laisser faire leur job.  Allez viens, Lacey nous attend. Nous dînons chez elle ce soir, tu n'as pas oublié ?

Menley sourit et embrasse Frank.

 

 5  GREAT GARDEN, PRÈS DU KIOSQUE

Main dans la main, Nanne et Tim se promènent dans une allée du splendide jardin. Ils rient.

NANNE : Tu as vu la tête du bonhomme lorsque tu lui as dit que tu étais professeur ?

TIM : Il a bafouillé, je ne sais plus trop quoi.

NANNE (imitant l'homme) : Je.. je.. Enfin... vous ? Un professeur ?

Ils rient de plus belle.

TIM : Épouse-moi.

La phrase de Tim arrive comme un cheveu sur la soupe, surprenant Nanne, qui ne rit plus.

NANNE : Quoi ?

TIM : Écoute Nanne, on passe des moments formidables ensemble. On s'aime et rien ne pourras venir entraver cet amour. Je pense qu'il est temps de passer à la vitesse supérieure, qu'est-ce que tu en penses ?

NANNE : Tim, c'est un peu trop tôt pour moi.

TIM : Très bien, très bien. Quand tu seras prête, tu me feras signe.

NANNE : Essaie de comprendre.

TIM : J'ai parfaitement compris ma puce, ne t'inquiètes pas pour ça. Je saurais attendre.

Il lui sourit puis l'embrasse tendrement.

 

 6  APPARTEMENT DE LACEY   

Lacey, Gil, Menley et Frank sont à table. L'ambiance est excellente.

MENLEY : Lacey, ton ragoût est une pure merveille.

LACEY : Normal, c'est une recette de Maman.

GIL : Cette chère Sibella a plus d'un tour dans son sac.

FRANK : Au fait, tu as des nouvelles d'elle ?

LACEY : Oui, j'ai reçu une carte ce matin. Elle et Charlie sont à Houston.

MENLEY : Ca semble bien se passer pour elle.

LACEY : Il semblerait que grâce à Charlie, ma mère ait retrouvé une vie stable.

La conversation est interrompue par la sonnerie de la porte d'entrée. Lacey se lève et se précipite vers la porte de couleur verte. Elle l'ouvre et est agréablement surprise de voir un beau jeune homme, d'environ 25 ans, lui sourire.

L'HOMME : Bonjour. Euh... Lacey Calvin ?

Lacey est sous le charme de l'inconnu.

LACEY : Oui, et si vous venez me vendre quelque chose, j'achète tout de suite, beau brun.

L'HOMME : En fait, je viens voir Menley Weaver. J'ai frappé chez elle, mais elle n'est pas là. Une jeune femme que j'ai croisé dans le couloir m'a dit qu'elle est ici.

LACEY : Oui, mais son cœur est pris... tandis que le mien... ouh... il s'emballe !

Le jeune homme ne répond pas, gêné devant le franc-parlé de Lacey. Cette dernière remarque l'embarras de l'étranger.

LACEY : Commencez d'abord par me dire qui vous êtes.

L'HOMME : Je m'appelle...

MENLEY : Daviiiid !!!!!

Menley aperçoit le jeune homme et court vers lui. Tous deux s'enlacent, devant le regard incrédule de Lacey et de Frank qui approche à son tour de la scène.

FRANK (à Lacey) : Qui c'est ?

LACEY (imitant Menley) : Daviiiiid... (puis plus sérieusement) c'est tout ce que je sais.

MENLEY (à David) : Laisse-moi te regarder ! Mon Dieu ce que tu as changé !

DAVID : La période ado boutonneux est finie.

Menley se tourne vers ses amis. Entre temps, Gil a rejoint le groupe.

MENLEY : David, je te présente Lacey Calvin, ma meilleure amie. (Lacey fait un clin d'oeil à David)... Frank Layton...

Lacey s'approche de David.

LACEY (d'un air entendu) : c'est son petit ami...

MENLEY : Et Gil Chabert.

LACEY (toujours à David) : Et lui ce n'est qu'un ami pour moi, nous ne sommes pas ensemble.

Menley adresse à Lacey un regard faussement accusateur vers Lacey.

LACEY : D'accord, je me tais.

MENLEY : Je vous présente mon petit frère David.

Lacey note un certain soulagement chez Frank.

FRANK : Ravi de vous connaître.

Lacey prend David par le bras.

LACEY : Entrez donc, vous allez goûter mon ragoût et vous le trouverez tellement bon que vous ne pourrez plus vous en passer... je parle du ragoût...

Plus tard, alors que chacun déguste sa glace, David est le centre d'intérêt de la conversation.

DAVID : ... De Yale.

GIL : Superbe école.

DAVID : Oui, j'y ai passé des bons moments.

MENLEY : David a obtenu son diplôme de Droit la saison dernière.

FRANK : Et maintenant, vous faites quoi ?

DAVID : J'ai travaillé deux mois en tant que stagiaire dans un cabinet juridique. Et maintenant que mon contrat est terminé, j'en profite pour rendre visite à ma sœur. Je me suis dit que c'était maintenant ou jamais.

LACEY : Et vous comptez rester combien de temps à Garden Place ?

DAVID : Quelques jours... Ca dépend surtout de ma sœur et de la place qu'elle a dans son appartement.

LACEY (d'une voix charmeuse) : Le mien est désespérément vide depuis que ma mère est partie en voyage...

MENLEY : Lacey ! (puis, s'adressant à son frère) Tu peux rester chez moi autant que tu veux

 

 7  DEVANT L'APPARTEMENT DE NANNE

Tim monte l'escalier menant sur le palier de Nanne, un bouquet de fleurs à la main. L'ascenseur cligne et la porte s'ouvre sur Gil. Tim s'arrête et se met en retrait afin de ne pas se faire voir. Gil arrive devant la porte de Nanne et sonne.

NANNE : Gil ! Ca c'est une surprise.

GIL : Je ne te dérange pas au moins ?

NANNE : Mais non, pas du tout, c'est toujours un plaisir de te voir. Et ça faisait bien longtemps.

GIL : Trop longtemps.

Dans le couloir, Tim a une mine déconfite. 

Une fois Gil entré dans l'appartement, Nanne lui offre un verre et s'assoit sur le canapé, en face de lui.

GIL : Alors, raconte moi tout.

NANNE : Oh ! Il n'y a pas grand chose à dire.

GIL : Comment arrives-tu à gérer ton argent ?

NANNE : J'ai tout laissé aux soins des banquiers pour l'instant. Je t'avoue que je ne sais pas encore ce que je vais faire. Tout ça est si soudain. Je me retrouve du jour au lendemain millionnaire, ce n'est pas franchement facile à gérer.

GIL : C'est une bonne chose de ne pas se lancer comme ça à l'aveuglette dans les placements.

NANNE : Et toi, comment vas-tu ?

GIL : Ca roule.

NANNE : Ca roule ? C'est tout !

GIL : Tu vois toujours Tim, je suppose.

Nanne hoche la tête.

NANNE : Il m'a demandé de l'épouser.

Gil s'agite sur son fauteuil.

GIL : Tu n'as pas accepté, j'espère !

NANNE : Gil ! Je t'assure que Tim a changé. Il est bon, doux, gentil. C'est quelqu'un de formidable.

GIL : Mon Dieu, Nanne, mais comment a-t-il pu te manipuler de la sorte. Tu ne vois donc pas son jeu ?

Nanne baisse la tête.

NANNE : Gil, je ne veux pas me disputer avec toi.

GIL : Est-ce qu'il est au courant pour ton héritage ?

NANNE : Non... non, je ne lui ai encore rien dit.

GIL : Nanne, je t'assure que je ne veux que ton bien. Je te demande de me faire confiance. Méfie-toi de Tim.

 

 8  DANS LA CHAMBRE D'UN MOTEL, AU PETIT MATIN

Tim est allongé sur le lit. A ses côtés se trouve une superbe blonde qui se réveille en s'étirant. Elle regarde Tim et lui sourit. A côté d'elle, sur la table de chevet, il y a le bouquet que Tim devait apporter à Nanne. Clancy Monroe (c'est le nom de la femme), porte un baiser sur la joue de Tim.

CLANCY : Encore merci pour les fleurs. C'est très gentil à toi.

Tim se lève.

CLANCY : Où tu vas ?

TIM : J'ai du travail.

CLANCY : Je croyais que tes cours ne commençaient qu'à 10 heures.

Tim sourit.

TIM : Je te parle d'un autre travail. J'ai rendez-vous.

Clancy fait la moue.

CLANCY : Avec cette Nanne ?

TIM : Gil Chabert lui court autour et je n'aime pas ça.

CLANCY : Tu es sûr de vouloir aller la voir ?

TIM : Il le faut, chérie.

CLANCY : Je sais, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ce que vous faites quand elle est avec toi.

Tim s'approche du lit, s'assoit près de Clancy et lui prend la main.

TIM : Clancy, écoute-moi. Je n'éprouve aucun sentiment pour Nanne et n'en éprouverais jamais. Tout ce que je veux, c'est pouvoir nous assurer notre avenir. Nanne est à la tête d'une fortune et je ne veux pas passer à côté. J'ai trop ramé dans ma vie pour pouvoir passer à côté de ce magot, tu comprends ? Je fais ça pour nous deux, ma chérie.

Il embrasse rapidement Clancy et se lève.

TIM : Il faut que j'y aille maintenant.

CLANCY : Encore merci pour...

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase que Tim est déjà dehors.

CLANCY (plus bas et pour elle) : ... les fleurs.

 

 9  APPARTEMENT DE MENLEY

David est assis sur le canapé, une tasse de café à la main. Il sourit à Menley qui entre dans la pièce.

MENLEY : Tu as bien dormi ?

DAVID : Comme un ange... Frank n'est pas encore réveillé ?

MENLEY : Non, son premier cours n'est que dans deux heures.

DAVID : Tu es une vraie femme à surprise, dis-moi.

MENLEY : Tu parles de Frank ?

DAVID : Papa et Maman sont au courant... je veux dire, que tu vis avec quelqu'un ?

MENLEY : Pas encore, non. Je comptais le faire prochainement. En fait, Frank n'habite ici que depuis une semaine. Depuis que... son divorce a été prononcé.

DAVID : Aïe. Un homme divorcé... il va falloir que tu prennes des pincettes avec les parents. En tout cas, moi, je le trouve très sympa, ton copain.

MENLEY : Assez parlé de moi. A toi, maintenant. Je veux tout savoir. Tu as pris contact avec des cabinets d'avocats à Saint-Paul ou à Minneapolis ?

DAVID : Justement Menley. Hier soir, je n'ai pas été très honnête. Je compte m'installer dans la région.

MENLEY : Pourquoi ?

DAVID : Il y a beaucoup plus de débouchés en Californie. Le Minnesota n'offre que très peu de possibilités.

Menley n'a pas le temps de répondre à son frère, car Frank fait son apparition, tasse de café à la main.

FRANK : Salut ! Il y a des toasts et du bacon à la cuisine.

DAVID : Super, je meure de faim.

Il se lève et va à la cuisine, tandis qu'on sonne à la porte d'entrée. Menley va ouvrir et à la surprise de voir Beth.

BETH : Je veux parler à Frank.

Frank s'approche des deux femmes. Beth reste sur le pas de la porte.

FRANK : Qu'est-ce que tu veux ?

BETH : Recevoir ce qui m'est dû.

FRANK : Le juge a été pourtant clair à ce sujet.

BETH : 1500 dollars par mois ! C'est à peine suffisant pour me nourrir.

FRANK : Il serait peut-être temps pour toi d'apprendre à vivre autrement que sur le dos des autres.

BETH : De quoi tu parles ?

FRANK : Je veux simplement te dire que prendre ce jugement de divorce comme une aubaine.

BETH : Quoi ?

FRANK : Ca t'apprendra pour une fois à être indépendante. Tu devrais trouver du travail et gagner un salaire.

BETH : Tu n'es qu'une sale ordure. Du travail, j'en ai trouvé pour payer tes études, et j'ai dû abandonner les miens à cause de toi.

FRANK : Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis. Je te rappelle qu'on s'était mis d'accord, à l'époque, pour que chacun paye les études de l'autre. Une fois mes études terminées, tu devais reprendre les tiennes, et toi, tu as préféré jouer les grandes dames et profiter de la vie avec l'argent que je gagnais. Alors ne viens pas mettre la faute sur moi !

MENLEY : Tu n'arrête pas de te chercher des excuses...

BETH (interrompant Menley) : Oh toi, la ferme ! Tu devrais retourner dans ta campagne et arrêter de te mêler des affaires des autres.

FRANK : Cette fois ça suffit, Beth. Tu dépasses les bornes.

Il claque la porte au nez de Beth. Menley sursaute.

BETH (hurlant derrière la porte) : Tu vas me le payer très cher, toi et ta petite traînée !

Dans l'encadrement de la porte de la cuisine, David observe Menley et Frank, un morceau de toast dans la bouche.

 

 10  CABINET FARRIS  SUR GARDEN HIGH STREET

Sur la façade de l'immeuble, un homme enlève la plaque où est inscrit "Cabinet Burnstein et Associés", et le remplace par "Cabinet Farris". Jenny, l'ancienne secrétaire d'Ed Burnstein, arrive et regarde l'homme travailler avec un sourire.

Jenny arrive devant la porte entr'ouverte où il est inscrit : "Kelly Farris " et entre dans le bureau. Kelly est à son bureau, le téléphone en main. Elle lève les yeux et signe à Jenny d'entrer.

KELLY : Oui, Monsieur Klein. En fait, depuis la mort de Papa et la tragédie survenue à mon mari, j'ai jugé utile de changer le nom du cabinet et de repartir à zéro... je sais... oui je sais. Je n'y manquerai pas... Je peux compter sur vous pour notre rendez-vous de demain matin ? Parfait.

Elle raccroche. Jenny lui sourit.

JENNY : Les affaires reprennent, on dirait.

KELLY : Oui Jenny. J'ai déjà pris contact avec plusieurs des anciens clients prêts à revenir au Cabinet.

JENNY : Avoir changé la dénomination sociale était une bonne idée.

KELLY : C'était surtout très utile. "Burnstein et Associés" avaient une image de marque des plus déplorables ces derniers temps. Une bonne campagne de pub et tout devrait rentrer dans l'ordre.

JENNY : Je vous admire Kelly. Après toutes les épreuves dont vous avez dû faire face, vous décidez de reprendre le Cabinet de votre pauvre père.

KELLY : Merci Jenny. Mais c'est pour Papa que je fais tout ça, pour sa mémoire. Il aurait été fier de voir sa fille prendre les rênes de son Cabinet.

Kelly sourit à Jenny. "J'ai enfin ce que je veux. La liberté totale, et la direction d'un Cabinet que je vais faire fructifier un maximum. Et mon père n'a rien à voir dans cette décision. Et tu vas voir, ma petite Jenny, que je suis une femme d'affaires implacable"

 

 11  DANS LE JARDIN DE GARDEN HILL

Jessica et Jillie se promènent dans une des allées.

JESSICA : Alors, comment te sens-tu ?

JILLIE : Ca fait seulement deux jours que je ne bois plus d'alcool... c'est dur.

JESSICA : Ta thérapie marche bien ?

JILLIE : Oui, mais...

Jillie s'arrête, imitée par Jessica.

JESSICA : Mais quoi ?

JILLIE : J'ai peur Jessica. Peur de l'avenir, de ce qui m'attend dehors.

JESSICA : Je sais. J'ai ces mêmes peurs. C'est normal. Tu dois être plus forte que les peurs, tu dois les surmonter et tout se passera bien. Mais il faut que tu saches que le combat que tu mènes, tu le mèneras toute ta vie.

JILLIE : C'est aussi ça qui me fait peur.

JESSICA : Tu t'es débarrassée de Sonny, c'est une première étape très importante. Tu arriveras à t'en tirer, j'en suis sûre.

Jillie sourit. Elle est heureuse de voir enfin quelqu'un qui a confiance en elle.

 

 12  DANS LA SALLE INTERDITE DE L'UNECAIN

Nanne est seule dans la salle. Elle mange un sandwich.

TIM : Bon appétit.

Elle lève les yeux et voit Tim. Elle lui sourit.

NANNE : Merci. Tu en veux un morceau ?

TIM : Non, merci. En fait, je suis venu t'inviter au cinéma. J'ai envie de me faire une toile ce soir. Qu'est-ce que tu en dis ?

NANNE : Je ne sais pas, Tim. J'ai du travail à la maison.

TIM : Oh ! Allez... sortir te feras le plus grand bien.

Nanne se lève.

NANNE : Tim, il faut que tu comprennes une chose. Depuis qu'on est ensemble, on se voit presque tous les soirs. J'ai besoin d'un peu d'espace pour moi. Je suis en train d'écrire un livre. Et je dois concilier ce travail avec celui d'aide maternelle à l'Unecain. Comment veux-tu que je j'avance si en plus je sors avec toi tous les soirs ? 

TIM : Tu n'es pas bien avec moi.

NANNE : Je n'ai pas dit ça, Tim. Ce que je veux, c'est pouvoir percer dans le domaine littéraire. J'aime écrire, et j'en ai besoin.

TIM (fronçant les sourcils) : Ce ne serait pas plutôt Chabert qui t'influence et qui te demande de ne plus me voir.

NANNE : Gil n'a rien à voir dans tout ça. Je suis assez grande pour décider moi-même quoi faire de ma vie. Je t'aime beaucoup Tim, mais il ne faut pas trop m'envahir.

TIM : Alors demain soir ?

NANNE (souriant) : Va pour demain soir.

 

 13  DANS UN QUARTIER CHIC DE LOS ANGELES 

Frank et Menley sont dans une rue, devant une maison. Menley a les yeux fermés. Elle sourit.

MENLEY : Ca y est ? Je peux ouvrir les yeux, maintenant ?

FRANK : Vas-y.   

Elle ouvre les yeux et devant elle se trouve une superbe maison de style coloniale, entourée d'un beau jardin. Dans le jardin, une pancarte "A vendre".

FRANK : Voilà ma chérie. Notre nouveau nid d'amour.

On sent Menley un peu gênée.

MENLEY : C'est... une très belle maison.

Frank la prend par la main et l'entraîne dans l'allée principale.

FRANK : Viens, je vais te montrer l'intérieur. Tu vas tomber amoureuse de cette maison.

 

 14  CHEZ BRONSKI

Lacey boit un Coca avec une paille.

LACEY : C'est quoi le problème ? 

MENLEY : Je n'en sais rien... Je trouve que Frank va un peu vite en besogne. C'est vrai, quoi ! Il vient à peine de divorcer et il veut déjà qu'on achète une maison.

LACEY : Tu m'excuses Menley, mais je ne vois toujours pas où est le problème.

MENLEY (hésitante) : Il n'y en a peut-être pas... je ne sais pas...

LACEY : Tu as peur.

MENLEY : De quoi ?

LACEY : De t'engager.

MENLEY : Non !

LACEY : Est-ce qu'il t'arrive de penser au passé ? Au fait que Frank t'ai laissé tombé à New York ?

MENLEY : Je pense simplement que c'est un peu trop tôt, c'est tout. 

LACEY : Je pense simplement que tu n'as pas répondu à ma question... c'est tout. Et ça veut tout dire.

MENLEY : Mais j'aime Frank !

Lacey hausse les sourcils en buvant une nouvelle gorgée de son Coca.

 

 15  LOCAUX DE LA COMPAGNIE D'ASSURANCE INVOLVED

Beth est en face de l'homme chargé des recrutements.

L'HOMME : Nous recherchons avant tout une personne capable de s'occuper de la partie administrative. Il faut savoir se servir d'un ordinateur.

BETH : Oh, sans problème.

L'HOMME : Nous allons voir.

L'homme lui demande de s'asseoir à son bureau. Beth se retrouve devant un traitement de texte. Le recruteur lui dicte une lettre, mais le problème, c'est que Beth ne connaît pas les touches du clavier. Il lui faut plusieurs secondes pour taper une lettre car à chaque fois, elle doit parcourir le clavier pour trouver la lettre. Le recruteur la regarde, l'air ahuri.  

RECRUTEUR : Bien, Mlle...

BETH : Layton. Beth Layton.

RECRUTEUR : Et bien, Mlle Layton, si je peux être honnête avec vous, vous devriez trouver du travail dans une autre branche. Je suis sûr que vous avez de nombreux atouts... autre que la bureautique.

Beth soupire.

 

 16  DANS UNE RUE

 

" I Feel Good " de James Brown

 

Beth s'arrête devant une porte où il est écrit "Hermann et fils". Afin de montrer qu'elle a évidement d'autres atouts, elle s'est habillée très sexy (jupe courte et maquillage à outrance), pensant ainsi attirer l'attention sur elle. Elle sonne donc à la porte et à la surprise de découvrir un homme en costume, l'air austère et aperçoit juste derrière un cercueil. Elle fait la grimace en découvrant que "Hermann et Fils" est une entreprise de pompes funèbres et maudit intérieurement le journal qui ne l'a pas précisé dans son annonce.

 

 

 

   17  DANS UN SUPERMARCHÉ  

 

" I Feel Good " de James Brown / suite

 

Beth travaille derrière une caisse. Elle porte le costume traditionnel des hôtesses de caisse. Derrière elle, une employée du supermarché supervise le travail de Beth en soupirant. Beth n'est guère douée. Elle est très lente, ce qui provoque une file d'attente de clients mécontents. Au départ, Beth tente de prendre les choses avec le sourire, mais elle s'énerve lorsqu'un client réclame parce qu'elle s'est trompée en rendant la monnaie. Les clients qui attendent sont de plus en plus nombreux. L'employée derrière elle commence également à s'énerver. Calmement, Beth enlève sa coiffe et la pose sur la caisse. Elle se lève, prend son sac et sort du magasin, devant l'air ahurie de l'employée.

 

 

  18  APPARTEMENT DE BETH

 

" I Feel Good " de James Brown / fin

 

Beth entre dans l'appartement. Elle ôte ses chaussures et les jette à terre, puis elle s'affale sur le canapé en soupirant, pensant qu'elle n'est décidément pas faite pour travailler.

 

 

 19  AU CABINET FARRIS

Kelly est plongée dans des dossiers lorsque Jenny l'appelle à l'interphone.

JENNY : J'ai votre premier postulant.

KELLY : Faites-le entrer.

La porte s'ouvre et c'est David Weaver qui entre. Kelly se lève et lui serre la main, lui faisant signe de s'asseoir.

DAVID : C'est l'Agence Matmeat qui m'envoie.

KELLY : Je suis au courant. Bien, jeune homme. Je suis à la recherche d'un nouveau collaborateur capable de m'épauler dans certaines affaires. Il devra également pouvoir effectuer les recherches nécessaires, jurisprudence etc, dans les dossiers délicats qu'il faudra plaider.

DAVID : Ca me convient.

KELLY : Il y a cependant un léger hic. Vous êtes plutôt jeune pour ce poste. Il me faut quelqu'un de qualifié. Je reprends les affaires de mon père et pour l'instant, je suis seule. Je n'aurais pas le temps de former un jeune fraîchement diplômé.

DAVID : J'ai travaillé pendant deux mois comme stagiaire chez "Shuster et Associés"

KELLY : Ce cabinet a bonne réputation. Vous avez apporter un CV, Monsieur ?...

DAVID : Weaver. David Weaver.

Kelly prend le CV que David lui tend et le parcours. Elle voit notamment que le jeune homme vient du Minnesota.

KELLY : Weaver... vous avez un lien de parenté avec Menley Weaver ?

DAVID  : C'est ma sœur.

KELLY : Je la connais très bien, nous habitons le même immeuble. J'étais professeur de Droit à l'Unecain.

Kelly regarde David. "Je vais être obligé de l'engager. Menley trouverait bizarre que je jette ce petit arriviste de mon bureau. Je n'ai pas trop le choix. Et puis, il faut voir le bon côté des choses : le petit Weaver va sans doute pouvoir me renseigner sur les faits et gestes de cette idiote de Menley". Elle sourit à David.

KELLY : Votre C.V. m'impressionne, David. Yale... "Shuster et Associés"... vous pouvez commencer quand ?

David affiche un grand sourire de victoire.

DAVID : Dès maintenant.

Kelly appelle Jenny par interphone et lui demande de venir. Jenny entre dans la pièce.

KELLY : Jenny, je vous présente notre nouveau collaborateur, David Weaver. Montrez-lui son bureau. Il prendra celui laissé vaquant par John Chapmann.

 

 20  DANS L'APPARTEMENT DE CLANCY

Clancy et Tim prennent le petit déjeuner. Tim a l'air absent. Clancy le regarde tartiner un toast sans conviction.

CLANCY : Ensuite, j'ai fait des emplettes. J'ai trouvé ce merveilleux châle, il ira très bien avec mon ensemble bleu...

Mais on voit bien que Tim n'écoute pas.

CLANCY : Et après avoir acheté le châle, je suis sortie dans la rue et j'ai rencontré un Martien qui m'a enlevé et m'a mis enceinte.

Tim lève la tête.

TIM : Quoi ?

CLANCY : Tu n'as pas écouté un mot de ce que j'ai dit.

TIM : Pardonne-moi ma chérie, mais j'ai la tête ailleurs ce matin.

CLANCY : Ca je vois, oui ! C'est au sujet de Nanne ?

TIM : Ouais ! En quelque sorte. Hier, j'ai eu l'impression qu'elle veut s'éloigner de moi. Prendre ses distances.

CLANCY : Oh ! Chacun a besoin de son intimité, tu ne crois pas ?

TIM : Je suis sûr que Gil Chabert est derrière tout ça. Il faut que j'arrive à neutraliser ce type avant qu'il ne me fiche mon plan en l'air.

CLANCY : Et comment compte-tu t'y prendre ?

TIM (souriant) : J'ai ma petite idée.

CLANCY : J'ai hâte de l'entendre.

TIM : Chabert laissera Nanne tranquille... s'il y a une autre fille dans sa vie.

CLANCY : Tu comptes donc lui procurer une fille.

TIM : Exact.

CLANCY : Et où tu vas la trouver, cette fille ?

Tim ne répond pas. Il se contente de regarder Clancy avec insistance. Elle tartine son toast avec du beurre. N'ayant aucune réponse, elle regarde Tim et s'arrête, comprenant son plan.

CLANCY : Oh ! Non ! Pas question Tim, pas question !

TIM : Clancy, je t'en prie. Je ne te demande pas de coucher avec lui, mais simplement de le distraire... c'est important.

CLANCY : Inutile d'insister Tim, c'est non.

TIM : Je te rappelle qu'on fait tout ça pour notre avenir. Et notre avenir se chiffre en millions de dollars.

Clancy ne répond pas. Elle se contente de regarder Tim et soupire.

 

 21  DANS UN RESTAURANT

Menley et Frank dînent ensemble. Menley joue avec sa fourchette à attraper un petit pois dans l'assiette. Visiblement, elle est ailleurs. Frank la regarde.

FRANK : Menley ?

Menley lève les yeux vers lui.

FRANK : Qu'est-ce qui ne va pas, Chérie ? Tu sembles à cent lieux d'ici.

MENLEY : Ce n'est rien. Simplement je n'ai pas faim.

FRANK : Moi je crois que c'est autre chose. Depuis que je t'ai montré cette maison, tu as pris tes distances vis-à-vis de moi. Tu ne l'aimes pas ?

MENLEY : Ce n'est pas ça.

FRANK : On peut en voir d'autres.

MENLEY : Non, ce n'est pas la peine.

FRANK : Alors dis-moi ce qui ne va pas.

Menley pose sa fourchette.

MENLEY : Je trouve que les choses vont trop vite entre nous. On est en train de brûler les étapes.

FRANK : Je ne comprends pas.

MENLEY : Frank, tu viens à peine de divorcer et déjà, tu songes à fonder un nouveau foyer. Tu ne crois pas que tu vas trop vite ?

FRANK : Non ! Mon mariage avec Beth est terminé depuis des mois. Des années même ! Le divorce n'était qu'une simple formalité. Un vulgaire morceau de papier. Je ne pense pas brûler les étapes en te demandant de vivre avec moi. Je suis sûr de mes sentiments à ton égard.

MENLEY : La question n'est pas là.

FRANK : Où elle est, alors ?

MENLEY : Il me faut du temps.

FRANK : Je t'aime, Menley.   

MENLEY : Moi aussi je t'aime.

FRANK : Mais ?

MENLEY : N'allons pas trop vite. Apprenons d'abord à nous connaître mieux.

FRANK : Je veux t'épouser.

MENLEY : Tu n'as pas écouté ce que je viens de te dire ? C'est trop tôt. Si tu m'aimes vraiment, tu dois comprendre et me laisser du temps.

FRANK : Ca veut dire qu'on achète pas la maison ?

MENLEY (avec un triste sourire) : On n'achète pas la maison.

Frank ne cache pas sa déception.

 

 22  À GARDEN HILL, DANS LA CHAMBRE DE JILLIE ET JESSICA

Jessica est couchée sur son lit, les yeux fixant le plafond, tandis que Jillie est assise sur la commode, en train d'écouter le monologue de sa compagne de chambre

JESSICA : A l'époque, la boisson me semblait le meilleur remède pour moi. Avec l'alcool, j'oubliais tout. J'étais plongée dans un monde irréel, ou plus rien n'avait d'importance. Et lorsque je me réveillais avec la gueule de bois, je remettais ça. En fait, je n'étais jamais sobre. Puis j'ai rencontré mon deuxième mari dans un bar louche. On a bu ensemble, on a rit aussi... et on s'est retrouvé en moins de temps qu'il ne faut pour le dire à Las Vegas où on s'est mariés. Le lendemain, je me suis réveillée à ses côtés sans même me rappeler son nom. Je suis pourtant restée mariée avec lui plus de six ans. J'étais dans la déchéance la plus totale. Il buvait et me battait, et moi, je buvais encore plus pour oublier. Un jour, c'est avec un couteau qu'il m'a agressé. Je me suis retrouvée à l'hôpital et les médecins m'ont dit qu'une année supplémentaire à passer avec lui et la boisson, et je serai morte. C'était tentant, mais au contraire, ça m'a donné le déclic. Je me suis dit que je valais mieux que ça. Que la vie valait d'être vécue et je me suis décidée à quitter cet homme et la boisson. J'ai repris mon travail d'ergothérapeute. Ca n'a pas été facile. C'est déjà ma troisième thérapie. J'ai replongé deux fois. (elle regarde Jillie) Ne sous-estime pas les embûches auxquelles tu devras faire face, mais dis-toi bien qu'à chaque nouvelle épreuve, tu en sortiras grandie, parce que tu l'auras vaincue. A chaque fois que tu te battras contre l'alcool et ses tentations, tu obtiendras des forces supplémentaires qui te permettront d'aller plus loin.

JILLIE : J'ai vraiment envie m'en sortir.

JESSICA : . Tu en es capable, Jillie.

JILLIE : Mais dis-moi, il y a une partie de ta vie que tu ne m'as pas raconté. Pourquoi tu as commencé à boire, notamment.

JESSICA : Ca, ma petite, c'est une autre histoire. Je n'ai pas vraiment envie d'en parler. Pas encore, en tout cas.

JILLIE : Je voulais te parler d'une chose. Lorsque Sonny et moi avons caché la bouteille dans tes effets personnels, on y a vu une vieille poupée. La tête était arrachée du corps. Pourquoi est-ce que tu gardes cette poupée ?

Jessica regarde Jillie durement.

JESSICA : Oublie ce que tu as vu, ça vaut mieux.

JILLIE : Ca a un rapport avec ton passé, n'est-ce pas ?

JESSICA : Oublie ça, je te dis !

Le regard de Jessica est tellement dur que Jillie n'ose plus rien dire.

 

 23  AU GARDEN PLACE MEMORIAL  

Kelly franchit la porte de la chambre de Stuart et s'arrête, surprise de voir Menley au chevet de son mari. Elle affiche alors son fameux "faible sourire" et s'approche de Menley. Elle l'embrasse.

KELLY : Menley, je suis contente que tu sois là.

                ... tu parles, Miss Nunuche en personne, je n'avais pas besoin de ça pour finir la journée.

Menley sourit.

MENLEY : Moi aussi je suis contente de te voir.

Kelly regarde Stuart, toujours inconscient sur son lit d'hôpital.

KELLY : Je n'ai pas eu le temps de voir le médecin aujourd'hui. Tu as du nouveau ?

MENLEY : Non, ses fonctions restent stables, apparemment.

Kelly regarde Menley. "Voilà maintenant que cette pimbêche rembrunit se met à faire ses propres diagnostiques. On aura tout vu !"

MENLEY : Kelly, je voulais également te voir pour te remercier. David m'a dit que tu l'avais engagé dans ton Cabinet. C'est vraiment gentil à toi.

"Ben voyons, tout le monde sait que je suis gentille, ma pauvre fille ! Ton imbécile de frère va sans aucun doute m'être très utile pour te neutraliser".

KELLY : Mais c'est normal, chérie. Je n'aurais pas été une véritable amie sinon. De plus, David me semble très compétant. J'ai besoin de sang neuf pour redorer le blason du Cabinet. Tout ce que j'espère, c'est que Stuart sera fier de moi lorsqu'il se réveillera. C'est pour ça que je me lance dans ce travail.

                "Mais oui, ce que je ne t'ai pas dit, c'est que j'espère que Stuart ne se réveillera jamais".

MENLEY : Frank et moi comptons t'inviter à dîner prochainement. Tu n'auras qu'à me dire quand tu es libre".

KELLY : C'est qu'avec le Cabinet et Stuart à l'hôpital, je n'ai guère le temps. Mais je me débrouillerai pour me libérer un soir...".

                "...Quand les poules auront des dents. Une soirée avec Miss Nunuche et son boy-scout suffirait à me faire pousser des boutons partout !"

Menley n'a pas le temps de répondre. Une alarme se déclenche dans les appareils de surveillance de Stuart. Menley s'affole.

MENLEY : Oh, mon Dieu, mais que se passe-t-il ?

Kelly reste pétrifiée. "Ce serait trop beau si..."

Menley court chercher de l'aide, laissant Kelly seule, devant Stuart. L'ébauche d'un sourire machiavélique se dessine sur le visage de Kelly.

 

 

 générique de fin