1  SUR LA PLAGE DE MALIBU

 

Vue générale de la plage et de la mer, avec le soleil qui se lève en arrière plan. La plage est déserte, à l'exception de deux ombres qui se dessinent. Il s'agit de deux femmes. La caméra se rapproche d'elles et on peut enfin discerner leur visage. Jillie et Flora marchent tranquillement sur le sable, très près des dernières vagues.

 

JILLIE : J'ai téléphoné à ma mè... enfin... à ma mère adoptive.

 

FLORA : Et que lui as-tu dit ?

 

JILLIE : Pas grand chose. Je ne voulais en aucun cas parler de cette histoire par téléphone. A vrai dire, je ne sais plus où j'en suis. Je lui en veux beaucoup de m'avoir caché le fait que j'étais une enfant adoptée. Elle aurait dû m'en parler. Je... je lui en veux beaucoup.

 

FLORA : Avant toute chose, il faut que tu parles avec elle. Il est inutile de la condamner sans avoir sa version des faits. Elle doit beaucoup t'aimer, quoiqu'elle est fait.

 

JILLIE (avec un petit rire amer) : On s'est bien faite avoir, toutes les deux !

 

FLORA (elle respire profondément avant de parler) : Oui, toutes ces années où j'ai pensé que mon enfant était mort...  Et j'apprends que cet enfant, c'est toi !

 

JILLIE : On a énormément de chose à rattraper.

 

FLORA (essayant de détendre l'atmosphère chargée d'émotions) : Laisse-moi compter...36 ans ! Oui, je crois qu'il faudra de nombreuses séances comme celles-ci pour apprendre à se connaître.

 

Jillie et Flora rient. Puis Jillie redevient sérieuse.

 

JILLIE : Est-ce que tu en veux à Alice de t'avoir caché la vérité pendant aussi longtemps ?

 

FLORA : Lui en vouloir ? Pour l'instant, j'ai l'esprit trop occupé par nos retrouvailles pour pouvoir penser à autre chose.

 

JILLIE : Je ne comprends pas pourquoi elle a agit de la sorte.

 

FLORA : J'essaie de lui trouver des circonstances atténuantes, mais c'est difficile.

 

JILLIE : Quand je pense qu'on était si proches, elle et moi. Aujourd'hui, j'ai l'impression que toutes les conversations qu'on a eu ensemble avaient... (elle cherche ses mots)... d'autres significations.

 

FLORA : Arrêtons de penser à Alice, je ne crois pas que c'est le sujet le plus intéressant. Parle-moi plutôt d'Eric. Pourquoi est-il parti si brusquement de Malibu ?

 

JILLIE : Son bureau l'a appelé. Il devait se rendre de toute urgence à Sacramento pour couvrir un événement... Je n'en sais pas plus.

 

 

 2  SACRAMENTO - PALAIS DU GOUVERNEUR

 

Une foule de journalistes attendent devant une porte. Certains portent des caméras, d'autres des micros. Parmi la foule, on reconnaît Eric Krueger. La porte s'ouvre et les flashs crépitent. Gwen Helicok, la mère de Beth, sort de la pièce et se trouve vite assaillie par les journalistes.

 

UN DES JOURNALISTE : Mme Helicok, pouvez-vous nous parler de la déclaration de demain ?

 

GWEN : Je n'ai rien à dire pour l'instant. Vous entendrez ma déclaration comme tout le monde à la télévision demain à midi.

 

UN AUTRE JOURNALISTE : Pourquoi ne pas faire cette déclaration après la réunion que vous venez d'avoir avec le gouverneur ?

 

GWEN : Je n'ai rien de plus à vous dire.

 

Gwen est maintenant bousculée par la foule de journalistes, tous à l'affût du scoop qui permettra de leur donner de l'avancement ou de faire vendre plus d'exemplaires de leur journal. Eric se glisse habilement dans la foule et parvient près de Gwen. Ils arrivent près d'une porte où il est inscrit : "Issue de secours". Il ouvre brusquement la porte et entraîne Gwen avec lui dans les escaliers de secours. Les journalistes n'ont pas le temps de réagir. Gwen et Eric sont déjà en bas des escaliers, près d'une porte.

 

ERIC : C'est une porte de service. A la sortie, une Mercedes vous attend et vous conduira à votre hôtel.

 

GWEN : Qui êtes-vous ?

 

Eric lui sourit et lui tend une carte de visite.

 

ERIC : Eric Krueger, votre sauveur.

 

Gwen lit la carte.

 

GWEN : Et un journaliste, aussi ! Qu'est-ce que vous voulez ?

 

ERIC : Déjeuner avec vous à midi.

 

GWEN : Dites-moi pourquoi j'accepterai de déjeuner avec un journaliste alors que j'en ai envoyé balader une centaine il y a à peine une minute.

 

ERIC : Sans moi, vous seriez encore dans l'arène.

 

Gwen fronce les sourcils.

 

GWEN : Eric Krueger... ce nom me dit quelque chose... Mais oui, c'est ça, vous êtes écrivain.

 

ERIC : A mes heures perdues.

 

GWEN : Ne soyez pas modeste... "Land of promises" a battu tous les records de vente ce printemps.

 

ERIC : Alors, vous acceptez de déjeuner avec un auteur de best sellers ce midi ?

 

Gwen sourit.

 

GWEN : On ne peut rien vous refuser, à vous ! A midi au Santa Barbara's hotel.

 

Elle ouvre la porte et se glisse dehors.

 

 

 GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 

 3  APPARTEMENT DE LACEY -  CHAMBRE D'AMIS

 

LACEY : Menley, tu es sûre ?

 

Menley est assise sur le lit, tandis que Lacey est debout devant elle.

 

MENLEY : Lacey, je ne vais pas rester dans un cocon toute ma vie. Je te remercie de m'avoir hébergée pour cette nuit, mais la vie doit continuer.

 

LACEY : C'est peut-être un peu tôt.

 

MENLEY : Non, plus j'attends, et plus ce sera difficile. Je dois retrouver mes marques, et tout de suite.

 

Lacey n'a pas le temps de répondre car quelqu'un sonne à la porte.

 

LACEY : Je vais ouvrir.

 

Lacey quitte la chambre pour aller ouvrir. Pendant ce temps, Menley reste assise sur le lit, en proie à une grande détresse qu'elle n'a pas montrée à son amie tout à l'heure. Lacey revient rapidement dans la chambre.

 

LACEY : Menley, il y a quelqu'un pour toi.

 

Lacey s'écarte pour laisser passer un homme de haute stature, l'air sombre. Son visage est rude. Il est vêtu entièrement de noir. Les traits de son visage, très prononcés, lui donne l'allure d'un homme peu sympathique.

 

Surprise, Menley se lève.

 

MENLEY : Papa !

 

Lacey laisse le père et la fille ensemble pour retourner dans la cuisine. Hector Weaver vient embrasser sa fille, poliment mais sans plus d'effusions.

 

MENLEY : Papa, mais que fais-tu ici ?

 

HECTOR : J'ai appris la nouvelle. David m'a prévenu.

 

Menley semble contrariée.

 

HECTOR : Tu aurais dû me prévenir... je suis ton père tout de même.

 

MENLEY : Comment va Maman ?

 

HECTOR : Ne change pas de sujet, Menley. Ta mère et moi nous faisons du souci pour toi.

 

MENLEY : Je vais bien papa. Toi et Maman n'avaient pas à vous faire de souci.

 

HECTOR : Je t'avais pourtant prévenu, Menley.

 

Menley soupire, s'attendant au sermon habituel.

 

MENLEY : Papa...

 

HECTOR : Mais tu ne nous a pas écouté. Tu étais pourtant bien à la maison. Il a fallut que tu partes t'installer à New York... et puis maintenant ici, à l'autre bout du pays. Tu n'as pas encore compris que les grandes villes engendrent les plus grands crimes.

 

MENLEY : C'est une perception des choses un peu trop simpliste.

 

HECTOR : Ici, tu rencontres le Diable, ma fille.

 

MENLEY (exaspérée) : Oh, je t'en prie, Papa. Il ne s'agit pas d'une confrontation entre le Diable et Dieu, mais simplement d'un acte horrible commis par une personne.

 

HECTOR : Par le Diable ! Quand comprendras-tu enfin que tout est géré, dans la vie, par le bien et par le mal ? Si tu continues à vivre dans cette ville, tu cours à ta perte. Le Diable te rattrapera.

 

MENLEY : Qu'est-ce que tu es en train de me dire ?

 

HECTOR : Je te demande de revenir à la maison.

 

MENLEY : Pas question !

 

HECTOR : Menley, je t'en prie, ne sois pas butée. Je t'avais prévenu du danger que tu pouvais encourir. Le Diable est partout... Dis-moi, est-ce que tu continues à aller aux services religieux ?

 

Menley ne répond pas et baisse la tête.

 

HECTOR : J'en étais sûr ! Menley, la situation devient très grave pour toi. Il y a un service demain à la paroisse du Père Koloh. Il m'a offert son hospitalité et souhaite que je prenne la parole au cours de son service. Est-ce que je peux compter sur ta présence ?

 

Menley regarde son père sans répondre.

 

 

 4  APPARTEMENT DE NANNE

 

Nanne ouvre la porte d'entrée et deux policiers en uniformes se trouvent devant elle, l'air solennel.

 

UN DES POLICIERS : Nanne O'Connell ?

 

NANNE : Oui, c'est moi.

 

LE POLICIER : Pouvons-nous entrer ?

 

Nanne laisse passer les deux policiers sans discuter.

 

NANNE : Ecoutez, j'ai déjà dit tout ce que je savais sur cette triste affaire. Menley n'est qu'une menteuse, Tim n'aurait jamais abusé d'elle...

 

LE POLICIER : Il ne s'agit pas de ça, Madame.

 

NANNE : De quoi, alors ?

 

LE POLICIER : Madame O'Connell, je suis désolé, mais nous venons de retrouver la voiture de votre mari dans le ravin, sur la route 52.

 

NANNE : Quoi ? !

 

LE POLICIER : La voiture est totalement calcinée. Votre mari était à l'intérieur.

 

NANNE : Il est... mort ?

 

Le policier hoche la tête.

 

LE POLICIER : Je suis désolé.

 

Nanne se met à hurler et s'effondre à terre.

 

 

 5  SAN FRANCISCO - QUARTIER DE CHINA TOWN - ARRIERE SALLE D'UNE BOUTIQUE

 

Tim est assis en face d'un vieux chinois en costume traditionnel, portant une longue barbe blanche. L'homme lui tend des papiers. Il s'agit d'un passeport.

 

L'HOMME : Dorénavant, vous vous appelez James Ashford, citoyen canadien, et vous allez déménager à Vancouver.

 

TIM : Kelly m'a promis de l'argent.

 

L'HOMME : Vous l'aurais... mais pas avant d'avoir effectué un dernier petit travail pour Madame Farris. Ensuite, je vous donnerai l'argent et vous quitterez définitivement le pays.

 

 

 6  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE JANE STROMBASKI

 

Muni d'une sacoche et vêtu du traditionnel costume des agents du téléphone, Tim se râcle la gorge avant de sonner à la porte. Jane ouvre. Tim affiche son plus beau sourire.

 

TIM : Bonjour, M'dame. Il y a des problèmes avec les lignes téléphoniques. Je dois vérifier.

 

JANE : Personne ne m'a prévenu.

 

TIM : C'est toujours la même chose, m'dame. Ils font jamais leur boulot convenablement, ces gars du bureau.

 

Jane soupire et laisse entrer Tim.

 

JANE : Très bien, faites ce que vous avez à faire. Je suis dans la cuisine.

 

Tim se dirige près du téléphone, dans le vestibule, tandis que Jane repart dans la cuisine. Tim observe autour de lui et repère une petite armoire, en face du téléphone. Il se déplace jusqu'à elle, sort de sa sacoche un petit sac de sport qu'il place dans un des tiroirs de l'armoire.

 

Fondu enchaîné sur :

 

 

 7  DANS UNE RUE DE SAN FRANCISCO - CABINE TÉLÉPHONIQUE

 

Nous retrouvons Tim auprès d'un téléphone public. Les passants ne font pas attention à lui. Il a le combiné près de l'oreille.

 

TIM : Passez-moi l'inspecteur Follet.

 

Il attend quelques instants, puis :

 

TIM : Je crois comprendre que vous recherchez une certaine Marie Jo, qui s'appelle en réalité Jane Strombaski. Elle est à San Francisco et se fait appeler Jane Elliott.

 

Il raccroche le téléphone, un sourire aux lèvres. Sa mission est enfin terminée.

 

 

 8  NOUVELLE BOUTIQUE DE BETH

 

La caméra nous offre un plan de l'enseigne lumineuse  pendant que la chanson " Go West " des Pet Shop Boys démarre. La caméra descend doucement sur la porte d'entrée, qui est entrouverte, puis entre à l'intérieur. Nous découvrons Beth en train de se déhancher sur la musique du groupe anglais, en même temps qu'elle achalande des vêtements dans les rayons appropriés.  Arrive alors le refrain de la chanson. Beth pose un chemisier sur une des étagères prévue à cet effet, se met devant une glace et commence à chanter, très faux, le refrain de la chanson tout en changeant les paroles.

 

 

 

BETH (en levant les deux bras comme une star) : ... GO BEETHH !!! life is peacefull land !.... GO BEEETHH....  GO BEEETHH  !!!

 

Tout en chantant, elle danse au rythme de la musique et nous fait un véritable "Beth Show". Soudain, elle sursaute en apercevant dans le miroir le visage d'un homme accoudé au mur, près de la porte et qui sourit tout en applaudissant. Beth, rouge de honte, se précipite vers la minichaîne et baisse le volume la musique.

 

L'HOMME : Pourquoi t'arrêtes-tu ? Continue, ma chérie... c'était très bien.

 

Beth se tourne vers l'homme.

 

BETH : Papa ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

 

GEORGE : C'est comme ça qu'on accueille son vieux père...

 

Il regarde autour de lui.

 

GEORGE : Tu t'es bien débrouillée, ma petite fille. Ce magasin est superbe.

 

BETH : Si tu es venu pour acheter quelque chose, le magasin n'ouvrira ses portes que demain.

 

GEORGE : Tu ne me facilites pas la tâche, tu sais.

 

Il s'avance vers sa fille.

 

GEORGE : Ta mère est à Sacramento. Elle donne une conférence de presse.

 

Beth fait la moue.

 

BETH : Difficile de ne pas le savoir, avec le tapage que ça fait. D'ailleurs, ça ne m'étonne pas : Maman a toujours aimé être le centre d'intérêt. Là, elle est à son article.

 

GEORGE : Ne sois pas si dure avec elle. Elle est à fond dans son job. Elle aime ça.

 

BETH : Apparemment plus que sa fille.

 

GEORGE : Je suis fier de toi. Ce magasin... c'est la classe !

 

BETH : Alors, papa. Je n'ai pas beaucoup le temps, j'ai beaucoup de travail...

 

GEORGE  : Je vais t'aider.

 

Beth le regarde sans comprendre.

 

BETH : Quoi ?

 

George prend en main un carton chargé de tee-shirts et sourit à sa fille.

 

GEORGE : Dis-moi dans quel rayon je dois ranger ses vêtements.

 

Beth désigne l'étagère à côté d'elle, sans répondre tant elle est surprise. Chacun s'occupe de ranger des vêtements sur les étagères.

 

GEORGE (tout en travaillant) : Comment va Frank ?

 

BETH  : Nous sommes divorcés.

 

GEORGE : Oh... je crois qu'on a raté quelques épisodes, ta mère et moi.

 

BETH : La faute à qui ?

 

GEORGE : A nous. Sans aucun doute. Nous aimerions ta mère et moi dîner un soir prochain avec toi.

 

BETH : Papa, je n'ai vraiment pas le temps d'aller jusqu'à Sacramento la veille de l'ouverture du magasin.

 

GEORGE : Avec un peu de chance, je pense que ta mère pourra se déplacer jusqu'à Garden Place.

 

BETH  : Papa,  comment se fait-il que tu sois aussi prévenant avec moi ?

 

GEORGE : Je pense qu'il faut un temps pour tout. En ce qui concerne ta mère et moi, on a décidé qu'il était temps de refermer les anciennes blessures et de passer à autre chose.

 

BETH : Comme quoi ?

 

GEORGE : Renouez avec notre fille.

 

Beth regarde son père avec une pointe d'inquiétude.

 

BETH : Tu n'es pas malade, au moins ?

 

George se met à rire.

 

GEORGE : Non, ta mère et moi sommes en parfaite santé. D'ailleurs, on ne s'est jamais aussi bien portés. Nous avons décidé de profiter au maximum des merveilles que la vie nous offre.

 

BETH : Donc j'avais raison...

 

GEORGE : pour quoi ?

 

BETH : Vous êtes vraiment malades.

 

Beth se met à rire. Un rire communicatif puisque George s'y met également.

 

 

 9  SUITE JUDICAL - GARDEN VIEW

 

Daria est au téléphone avec Mlle Judical.

 

DARIA : Non, je ne sais pas où sont passés Jillie et Flora... J'ai appelé chez Flora comme vous me l'avez demandé, et on m'a répondu qu'elle était absente pour plusieurs jours.

 

La sonnette de la porte retentit.

 

DARIA : Je vous laisse Alice... on sonne à la porte. A tout à l'heure.

 

Daria raccroche brutalement et va ouvrir la porte d'entrée. Sa sœur Ursula est devant elle, tout sourire avec un papier dans la main. Daria la fait naturellement entrer.

 

DARIA : Je dois aller voir Alice tout à l'heure. Tu viens avec moi ?

 

URSULA : Oh non ! J'ai plus intéressant à faire.

 

DARIA : Quoi donc ?

 

URSULA : Je viens de recevoir un message d'Angel. Il me donne rendez-vous tout à l'heure dans un bar.

 

Daria explose de joie et embrasse chaleureusement sa sœur.

 

DARIA : C'est formidable, Sula. Mais je le savais déjà. Au cours de ma méditation, ce matin, j'ai eu un flash et j'ai su que quelque chose de formidable allait t'arriver.

 

URSULA : Et ce n'est pas tout. Ton professeur Assenbaum a répondu à ton mail.

 

Elle tend à sa sœur le papier.

 

URSULA : Tu vas être contente. Il sera de passage à Garden Place la semaine prochaine pour donner une conférence et souhaite ardemment ta présence !

 

Daria ne peut plus se contenir de joie. Elle se met à sautiller sur place comme une petite fille à qui on a promis une crème glacée, ses formes généreuses rebondissant de tous les côtés.

 

DARIA : Aaahh, formidable !!!

 

Puis Daria tourne les talons et s'apprête à monter au premier.

 

URSULA : Ou vas-tu ?

 

DARIA : Excuses-moi, mais j'ai un trop plein d'énergie positive à aller décharger.

 

URSULA : Et tu vas le décharger de quelle manière ?

 

Daria fait un clin d'œil à sa sœur.

 

DARIA : Ca, sœurette, c'est la leçon 33 des méthodes du professeur Assenbaum. Il te faudra t'initier aux 32 autres avant.

 

 

 10  APPARTEMENT DE NANNE

 

Nanne est assise sur un canapé, en train de feuilleter un album photo de Tim et d'elle. Elle s'arrête sur une photo de Tim et la caresse tout en pleurant doucement. Quelqu'un frappe à la porte d'entrée. Doucement, Nanne repose l'album et va ouvrir. Gil et Lacey se trouvent devant elle, les mines déconfites.

 

LACEY : Nanne, tu...

 

NANNE  (l'interrompant) : Qu'est-ce que vous venez faire ici ?

 

GIL : Nous sommes venus te présenter nos condoléances.

 

NANNE : Et pourquoi ? Vous n'aimiez pas Tim. Et toi le premier Gil.

 

GIL : Je n'ai jamais eu confiance en lui.

 

NANNE  : Tu étais jaloux de Tim., c'est ça ! Tu n'as jamais réussit à me mettre dans ton lit, c'est ça qui t'embête le plus.

 

Gil est choqué par les propos de Nanne, qu'il juge surprenant venant d'elle.

 

LACEY (à Gil) : Viens, je crois qu'on dérange.

 

NANNE : Je n'ai pas besoin de vous et de votre pseudo-amitié. Vous me donnez envie de vomir. Vous croyez tout connaître de Tim. Moi, j'ai connu un homme formidable, qui m'a rendu heureuse. Et maintenant, je l'ai perdu. Et si je l'ai perdu, c'est entièrement de votre faute, à vous et à Menley. Cette espèce de sale menteuse. Je la déteste. Et je vous déteste.

 

Plus besoin d'ajouter quoi que ce soit. Nanne referme la porte en la claquant, laissant Gil et Lacey perplexes.

 

 

 11  HÔTEL SANTA BARBARA, SACRAMENTO - SALLE DE RESTAURANT

 

L'ambiance feutrée et le décor sobre du restaurant de l'hôtel est propice à des déjeuners intimes. On entend les cliquetis des couverts et une musique d'ambiance est diffusée. A une table, nous retrouvons Eric et Gwen.

 

GWEN : Votre prestation de tout à l'heure m'a beaucoup impressionnée, Monsieur Krueger.

 

ERIC : Que voulez-vous dire ?

 

GWEN : Je parle de votre assurance. Vous aviez assez de confiance en vous pour savoir que j'allais accepter votre invitation à déjeuner. Vous êtes très fort, Monsieur Krueger.

 

ERIC : Appelez-moi Eric.

 

GWEN : Qu'attendez-vous de moi ?

 

ERIC : La même chose que les autres journalistes. Un scoop.

 

Gwen se met à rire.

 

GWEN : Et en plus, vous êtes franc ! Vous possédez de nombreuses qualités, Monsieur Krueger.

 

ERIC : Je vous retourne le compliment.

 

GWEN : Et flatteur, par dessus le marché ! Vous pensez vraiment pouvoir bénéficier d'un traitement de faveur ? Pourquoi vous en dirais-je plus qu'aux autres reporters ?

 

ERIC : Parce que je vous ai sauvé la mise ce matin, devant tous ces journalistes.

 

GWEN : Effectivement, j'ai été très impressionnée, comme je vous l'ai dit. Mais ça en reste là, Monsieur Krueger.

 

ERIC (de but en blanc et en la regardant droit dans les yeux) : Parlez-moi de Cléo.

 

Le sourire jusque là omniprésent de Gwen s'efface et elle semble soudain manquer de confiance en elle.

 

GWEN (soudain inquiète)  : Qui vous a parlé de Cléo ?

 

ERIC : Gwen, si je suis ici, à cette table, en train de déjeuner avec vous, c'est que je suis plus malin que les autres journalistes, vous même en convenez.

 

GWEN : Que savez-vous de Cléo ?

 

ERIC : Que devrais-je savoir ?

 

Gwen s'énerve.

 

GWEN : Vous m'exaspérez, Monsieur Krueger. Je sais que vous êtes en train de bluffer. Mais je vous préviens, ne faites pas paraître un article demain matin dans votre journal, sans quoi je vous fait un procès. L'annonce que j'ai a faire est trop importante pour être prise à la légère.

 

Gwen est interrompue par la sonnerie du portable d'Eric. Ce dernier sourit à Gwen en sortant le portable de la poche de sa veste impeccablement repassée.

 

ERIC : Veuillez m'excuser, les affaires reprennent...

 

Gwen se lève.

 

GWEN : De toute façon, j'estime que notre déjeuner est terminé, je n'ai plus faim (elle jette sa serviette sur son plat encore chaud). Au revoir, Monsieur Krueger.

 

Puis elle quitte la pièce sous le regard surpris et amusé d'Eric. Il décroche finalement le portable.

 

ERIC : Eric Krueger.

 

A l'autre bout du fil se trouve John Ingman, l'un des journalistes du "Garden Place Tribune"

 

JOHN : Eric, c'est John !

 

ERIC : Qui a-t-il ?

 

JOHN : Il faudrait que tu débarques à Garden Place le plus vite possible. Gimms, du Centre Saint Alexis, va tenir une nouvelle conférence de presse à propos de la disparition de Stuart Farris.

 

Eric fronce les sourcils.

 

ERIC : Tu ne peux pas t'en charger ?

 

JOHN : Gimms souhaite uniquement la présence des rédacteurs en chef  des différents média.

 

ERIC : Très bien, j'arrive.

 

 

 12  MALIBU BEACH - TERRASSE D'UN RESTAURANT

 

Jillie et Flora déjeunent d'une salade en tête-à-tête.

 

FLORA : Tu vas bientôt devoir retourner à Garden Hill.

 

JILLIE : Oui, mais quelque chose me dit que je ne vais pas y rester longtemps.

 

FLORA : Tu te sent prête à affronter le monde ?

 

JILLIE : Oui. Depuis que je sais que tu es ma mère, j'ai l'impression d'avoir retrouvé une identité... De toute façon, ce n'est pas à moi de décider quand je dois partir, vu que je suis en probation.

 

FLORA : Tu as des nouvelles d'Eric ?

 

JILLIE : Pas encore, mais je suis sûre qu'il va m'appeler.

 

FLORA : Tu es amoureuse de lui, n'est-ce pas ?

 

Le visage de Jillie rayonne.

 

JILLIE : Oui, et je pense qu'il ressent la même chose pour moi.

 

FLORA : Pourtant, aux dernières nouvelles, il est avec Lacey.

 

JILLIE : Plus pour très longtemps.

 

FLORA : Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

 

JILLIE : Je pense que Lacey a laissé passé sa chance en étant trop possessive avec lui. Eric déteste cela. C'est quelqu'un de très indépendant et il aime avoir sa liberté. Lacey le prend tout le temps à la gorge. Crois-moi, il se passera peu de temps avant qu'Eric et moi retrouvions une vie de couple (elle secoue la tête d'un air entendu) : Lacey est trop possessive !

 

 

 13  UN RESTAURANT À GARDEN PLACE

 

Nous passons - sans transition avec la scène précédente - sur un gros plan de Gil.

 

GIL : Mais non, tu n'es pas trop possessive.

 

La caméra recule et nous découvrons Gil, assis en face de Lacey, à une table d'un restaurant. Lacey porte son verre de vin blanc à ses lèvres, boit une gorgée puis repose le verre. Chacun a ses propres préoccupations en tête.

 

LACEY (en parlant d'Eric) : Tu crois ça ? J'ai fait beaucoup d'erreurs ces derniers temps, je m'en rends compte. Eric s'est éloigné de moi.

 

GIL (en parlant de Nanne) : Je n'arrive pas à comprendre ce qui peut lui passer par la tête.

 

LACEY (en parlant d'Eric) : Tu parles ! Il est parti Dieu sait où et il n'a même pas daigné me prévenir.

 

GIL (en parlant de Nanne) : Elle est vraiment obnubilée par ce type. Je me demande ce qu'elle peut lui trouver.

 

LACEY (pensant qu'il parle d'Eric) : Tu sais, les sentiments, ça ne se commande pas.

 

GIL (en parlant de Tim) : Quel salaud ce mec !

 

LACEY (pensant qu'il parle d'Eric) : Là tu exagères. Il est peut-être égoïste et égocentrique, mais ce n'est pas un salaud.

 

Gil regarde Lacey d'un air étonné.

 

GIL : C'est la pire ordure que je n'ai jamais connu.

 

LACEY : Je t'interdis de dire ça de lui.

 

GIL : Tu vas prendre sa défense, maintenant ?

 

LACEY : C'est un type bien. Je l'ai beaucoup aimé... et je l'aime encore.

 

Gil est estomaqué en croyant qu'elle parle de Tim.

 

GIL : Quoi ? !

 

LACEY : On a vécu une très belle histoire d'amour. Même si c'est apparemment terminé, ça fait partie de mes plus beaux souvenirs.

 

GIL : Bien sûr que c'est terminé, puisqu'il est mort.

 

Lacey sursaute.

 

LACEY : Mort ? Eric !

 

GIL : Eric ? Il est mort ? !

 

LACEY : C'est ce que tu viens de me dire !

 

GIL : Je n'ai jamais dit ça ! Je parlais de Tim !

 

LACEY : Je crois qu'on est tous les deux sur deux longueurs d'ondes différentes. Cette histoire avec Eric me rend folle.

 

GIL : Et moi je suis malade rien qu'au fait de penser à ce que Tim a fait à Menley et à Nanne. J'ai perdu son amitié à cause de lui.

 

Lacey fait la moue.

 

LACEY : On serait pas en train de déprimer, par hasard ?

 

Gil et Lacey éclatent de rire. Puis Gil interpelle un serveur, qui vient dans leur direction.

 

GIL : Je te propose un petit remontant, qu'est-ce que tu en dis ?

 

Lacey hoche la tête.

 

GIL (au serveur) : Apportez-nous une bouteille de votre meilleure champagne.

 

 

 14  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE JANE

 

On sonne à la porte d'entrée. Jane sort du salon pour aller ouvrir et écarquille les yeux de surprise en voyant devant elle quatre hommes, dont trois en uniformes de la police.

 

JANE : Oui ?

 

LE POLICIER EN CIVIL : Madame Elliott ?

 

JANE : Oui, c'est moi.

 

L'HOMME : Je suis l'inspecteur Rossi, de la brigade criminelle. Nous avons un mandat de perquisition.

 

Il tend le mandat à Jane qui le  prend.

 

JANE : Je ne comprends pas. Que me voulez-vous ?

 

Rossi fait un signe de tête aux hommes en uniformes qui pénètrent dans la maison.

 

ROSSI : Jane Strombaski, ça vous dit quelque chose ?

 

JANE : Oui, c'est mon nom de jeune fille.

 

ROSSI : Vous êtes mariée ?

 

JANE : Non, j'ai repris mon nom de jeune fille lorsque je suis venue m'installer ici. C'est un crime, Inspecteur ?

 

UN DES POLICIERS EN UNIFORME : Inspecteur ?

 

Il arrive près de Rossi avec un petit sac de sport dans la main. Celui que Tim a déposé.

 

LE POLICIER : Je crois qu'on a trouvé ce qu'on cherchait.

 

JANE : Mais qu'est-ce que... Inspecteur, ce sac n'est pas à moi.

 

ROSSI : Madame Elliott, je vous demanderai de bien vouloir m'accompagner au poste de police.

 

 

 15  APPARTEMENT DE DAVID

 

David est vautré sur son canapé, occupé à zapper à l'aide de sa télécommande. Les images défilent et il ne les voient pas vraiment. Ses pensées sont ailleurs. Il tourne la tête en direction de la petite table en verre qui se trouve à côté du canapé et regarde l'objet peu conventionnel qui trône au milieu de la table, à côté d'un tube de gel. Avec un soupir, il prend le gode dans la main et le regarde en faisant la moue.

 

DAVID (en s'adressant à l'objet) : Et bien, "John Doe", j'ai l'impression qu'on va finir une nouvelle fois la nuit ensemble... en amoureux !

 

Il soupire à nouveau tandis que quelqu'un sonne à la porte d'entrée. Il abandonne son objet de plaisir sur le canapé et va ouvrir la porte. Il écarquille les yeux de surprise et d'embarras en voyant son père Hector se dresser devant lui. A cet instant, il ne sait pas quoi faire, sinon refermer la porte au nez de son père, sans un mot. Il court vers le canapé, saisit le gode et le place sous les coussins. Il prend ensuite le tube de gel et le place dans un des tiroirs de la table. Derrière la porte, Hector continue à sonner sans s'arrêter.

 

DAVID (criant pour que son père l'entende) : Une minute, Papa. J'arrive tout de suite.

 

David parcourt rapidement la pièce des yeux. Il enlève au mur le cadre affichant la beauté musclée d'un homme. Une œuvre d'art, certes, mais que son père n'appréciera sûrement pas. Il glisse le cadre sous le canapé. Ensuite, il va jusqu'à la porte, respire profondément, et ouvre tout en souriant béatement devant Hector.

 

DAVID : Papa ! Quelle surprise !

 

Hector fronce les sourcils.

 

HECTOR : Mais qu'est-ce qui se passe mon garçon ? ! Tu m'as refermé la porte au nez !

 

DAVID : C'est que... il y avait du désordre. J'ai voulu faire un peu de rangement. Je sais que tu déteste le désordre... c'est... c'est pas bien... le désordre.

 

David se mord la lèvre, se rendant compte du ridicule de ses propos. Hector décide de ne pas y prêter attention.

 

HECTOR : Je peux entrer ?

 

DAVID : Oui... oui, bien sûr...

 

Hector entre dans l'appartement et le parcourt du regard.

 

HECTOR : Joli endroit.

 

DAVID : Je... je suis surpris de te voir à Garden Place.

 

HECTOR : L'histoire de Menley m'a beaucoup touché. Je suis venu voir comment elle allait... et par la même comment toi tu allais.

 

DAVID : Je vais bien. J'ai trouvé mes marques ici.

 

HECTOR : Tu as surtout trouvé de quoi pactiser avec le Diable. J'espère simplement que tu ne vas pas tomber dans l'antre de l'enfer, mon garçon. Nous t'avons bien éduqué, ta mère et moi. Ce serait dommage de te voir... bref... je suis venu surtout te parler de Menley.

 

DAVID : Tu veux boire quelque chose ? (Hector fait non de la tête). Assieds-toi.

 

Hector s'exécute. Assis sur le canapé, il fait la grimace.

 

HECTOR : Bigre ! Il est dur ce canapé.

 

David rougit.

 

HECTOR : J'ai essayé de faire comprendre à ta sœur qu'il serait mieux pour elle qu'elle revienne vivre un temps à la maison, auprès de moi et de ta mère. Ca lui ferait du bien.

 

DAVID : Et elle a refusé, c'est ça ?

 

HECTOR : J'avais espéré que tu puisses lui faire entendre raison.

 

DAVID : Menley est une grande fille. Elle sait ce qu'elle a à faire.

 

HECTOR : Elle s'est faite agressée, David. Ce n'est pas rien. C'est grave. Elle vit dans un monde de requin.

 

David soupire.

 

DAVID : Papa, observe bien Menley, tu verras que c'est une fille très forte. Je vais essayé de lui parler. Mais si elle refuse, je n'insisterais pas. C'est vrai qu'elle a besoin de se retrouver au calme. Un petit séjour à la maison ne lui ferait pas de mal.

 

Hector sourit.

 

HECTOR : Je savais que je pouvais compter sur toi, mon fils. D'un côté, cela me rassure, je sais maintenant qu'au sein de cette grande ville, tu ne te laisseras pas entraîné sur le mauvais chemin.

 

Quelqu'un sonne à la porte. David s'apprête à aller ouvrir, mais Hector se lève.

 

HECTOR : Est-ce que je peux emprunter tes toilettes ?

 

DAVID : Oui, bien sûr. Au fond du couloir à gauche.

 

David se dirige vers la porte, puis se fige brusquement en écarquillant les yeux.

 

DAVID : Les toilettes !!... Papa !

 

Il court pour rattraper son père qui allait ouvrir la porte des toilettes. Il se place entre son père et la porte.

 

HECTOR : Que se passe-t-il ?

 

DAVID : Excuses-moi, mais... les toilettes... je... dois vérifier s'il reste du papier.

 

Sans attendre la réaction de son père, il ouvre la porte et entre dans les toilettes. Il en ressort quelques secondes plus tard, rouge comme une tomate et avec un sourire embarrassé.

 

DAVID : C'est bon... il y en a !

 

La personne à la porte insiste en sonnant à nouveau. Avant d'entrer dans les toilettes, Hector regarde son fils en haussant les sourcils, ne comprenant pas sa réaction.

 

David, devant la porte, soupire de soulagement et sort de son pantalon un magazine que la morale réprouve et dont on peut voir le titre "Golden Boys". On peut voir également, grâce à l'illustration de la couverture, les sujets plutôt chauds qu'abordent ce magazine. On sonne à nouveau. David, dans tous ses états, ne sait pas quoi faire du magazine. Il ouvre la porte et découvre Aiden.

 

DAVID : Aiden !

 

David sourit, ravi de voir Aiden. Mais il entend le bruit de la chasse d'eau, ce qui lui fait rappeler la présence pesante de son père. Aiden aussi entend le bruit. Il fronce les sourcils.

 

AIDEN : Tu n'es pas seul ?

 

Hector sort des toilettes pour retourner dans la pièce principale. Embêté avec le magazine, David le tend à Aiden, qui le parcourt avec un certain plaisir.

 

DAVID : Je ne te l'ai pas donné pour que tu le lises. Cache-le ! Je t'expliquerai plus tard.

 

Aiden cache le magazine en le glissant dans une des poches de sa veste. Hector arrive près d'eux.

 

HECTOR : David... tu ne me présente pas ?

 

Aiden regarde Hector de haut en bas, en faisant la moue.

 

AIDEN : Je pensais que tu avais meilleur g...

 

DAVID (l'interrompant) : Papa, je te présente Aiden Crow. Aiden... mon père. Aiden est un... collègue.

 

Aiden tend la main à Hector qui la lui sert.

 

HECTOR : Ah, vous aussi êtes avocat !

 

Aiden sourit.

 

AIDEN : A mes moments perdus.

 

David lui donne un coup de coude.

 

HECTOR : Très bien. David, il faut que je m'en aille. Je fais un sermon demain à l'Eglise. Je peux compter sur ta présence ? Et celle de ton ami ? Ravi de vous avoir connu.

 

Aiden opine de la tête. Hector sort de l'appartement.

 

DAVID : Je t'appelle.

 

Il referme la porte et soupire de soulagement. Aiden le regarde.

 

AIDEN : Un sermon ?

 

DAVID : Mon père est Pasteur.

 

Aiden éclate de rire.

 

AIDEN : C'est la meilleure de l'année. En tout cas, ne compte pas sur moi.

 

DAVID : Vraiment ? Ca ne te ferait pas de mal d'y aller... Tu n'aurais pas des choses à te faire pardonner ?

 

AIDEN : Moi ? Non !

 

David lui donne une tape amicale sur l'épaule en le taquinant. Aiden lui répond par le même geste. Les deux hommes se rapprochent et semblent troublés.

 

 

 16  FUNERARIUM DE GARDEN PLACE

 

Nanne, toute de noir vêtue, le visage ravagé par la douleur, sort du funérarium. Il commence à pleuvoir. Elle s'avance dans l'allée lorsque Beth vient à sa rencontre.

 

BETH : Nanne ! Je savais que je te trouverais ici.

 

NANNE (peu amène) : Qu'est-ce que tu me veux ?

 

BETH : Je veux t'aider, Nanne. Je sais que tu traverses des moments très durs, et tu es toute seule. Tu as besoin qu'on t'aide.

 

NANNE (amère) : Je n'ai pas besoin de ton aide, Beth. Je n'ai besoin de personne.

 

BETH : Nanne, je t'en prie... J'ai bien connu Tim. Je sais ce que tu ressens.

 

Nanne commence à se lâcher et pleure.

 

NANNE : Il était si gentil, si compréhensif avec moi. Je l'aimais tellement.

 

Nanne se jette dans les bras de Beth, cherchant du réconfort.

 

BETH (sincère) : Je suis désolée. Ecoute, que dirais-tu d'une bonne tasse de café pour te remettre de tes émotions ?

 

NANNE : Je préfère un chocolat chaud.

 

Beth lève les yeux au ciel sans que Nanne la voit.

 

BETH : C'est vrai... j'oubliais !

 

 

 17  CHEZ BRONSKI

 

Beth et Nanne sont assises à une table. Beth devant un café, et Nanne devant un chocolat chaud. Beth regarde Nanne avec condescendance.

 

BETH : Ca va mieux ?

 

Nanne hoche la tête.

 

NANNE : Excuse-moi, je deviens un peu parano. J'ai l'impression que tout le monde est contre moi.

 

BETH : Je crois plutôt que c'est le contraire.

 

NANNE : Beth, tu as connu Tim... très intimement. Tu sais toi qu'il ne serait pas capable de faire une chose pareille.

 

BETH : Nanne, j'ai quelque chose à te dire... Quelque chose de très important.

 

NANNE : Je t'écoute.

 

BETH : Le jour où...

 

NANNE (interrompant Beth) : Oh, c'est pas vrai !

 

BETH : Quoi ?

 

Nanne regarde en direction de la porte d'entrée du bar et ne peux détacher son regard de l'homme qui se trouve dans l'encadrement de la porte et qui scrute les tables, sans doute à la recherche d'une personne. Beth, qui est dos à la porte, se retourne pour suivre le regard de Nanne et aperçoit Jason Patrick.

 

BETH : Mais qu'est-ce qu'il fait ici ? Je pensais qu'il était encore en prison.

 

Jason aperçoit Nanne et Beth et se dirige vers elles. Nanne est encore sous le choc et ne cesse de regarder Jason.

 

JASON (souriant) : Nanne, ça fait bien longtemps.

 

BETH : Tu n'es pas le bienvenu ici.

 

JASON : Je m'adresse à Nanne... Comment vas-tu ?

 

Nanne ne répond rien. Elle regarde droit devant elle.

 

BETH : Laisse-la tranquille.

 

JASON : Nanne, je voulais te dire que... j'étais désolé. Désolé pour tout le mal que je t'ai fait. J'ai eu le temps de réfléchir en prison et je me suis remis totalement en cause.

 

BETH : Tu devrais encore y être, en prison !

 

JASON : J'ai obtenu une remise de peine pour bonne conduite.

 

BETH (ironique) : Voyez-vous ça...

 

JASON : Nanne, j'aimerais pouvoir me faire pardonner.

 

Nanne se lève doucement. On sent la colère qui monte en elle. Elle se tourne vers Jason, le regard mauvais.

 

NANNE : Te pardonner ? ! Te pardonner ? ! Tu m'as humilié Jason. Tu t'es servi de moi pour essayer d'arriver à tes fins. Tu voulais que je couche avec un producteur pour que tu obtiennes un rôle dans un film minable... tu as essayé de tuer Gil. Tu as détruit ma vie, et maintenant tu voudrais que je te pardonne ! Ce serait trop facile. Je n'éprouve que de la haine pour toi. Tu me dégoûtes et je ne veux plus te voir.

 

Beth observe Nanne avec surprise. Elle ne s'attendait pas à voir la "gentille Mary Poppins" déverser son venin de la sorte.

 

JASON : Nanne, je sais que je t'ai fait beaucoup souffrir, mais...

 

NANNE (l'interrompant) : Jason, tu veux savoir ce que je pense vraiment de toi ?

 

JASON : Oui, si ça peut te soulager.

 

NANNE : Ce que je pense de toi, c'est... ça !

 

Et elle lui crache en pleine figure. Jason accuse le coup et Beth ne peut réprimer un petit rire, une nouvelle fois étonnée par l'attitude de Nanne. Après ce geste, Nanne regarde Jason avec mépris et quitte le bar. Beth regarde Jason d'un air amusé.

 

BETH : Tu l'as pas volé, celle-là !

 

Calmement, Jason tourne les talons et se dirige vers les toilettes. Devant le lavabo, il se regarde dans la glace, ouvre le robinet d'eau et se lave le visage. Puis il s'essuie avec le papier servant à s'essuyer les mains. Il se regarde une nouvelle fois dans le miroir et sourit. Il sort des toilettes. De retour au bar, il parcourt la pièce des yeux. Beth est toujours là, mais seule cette fois. Jason regarde à nouveau autour de lui, puis sourit une nouvelle fois. Il se dirige alors vers une table et se plante devant une personne assise à une table qu'il masque à la caméra. Il sourit à la personne.

 

JASON : Bonjour... Vous êtes exactement comme sur la photo que vous m'avez envoyé. Je suis "Angel".

 

La caméra contourne alors Jason et nous montre le visage d'Ursula, qui rayonne.

 

 

 18  SAN FRANCISCO - POSTE DE POLICE

 

JANE : Je vous l'ai déjà dit. Elliott est le nom de famille de ma mère. Lorsque j'ai quitté Sacramento, j'ai voulu refaire ma vie et repartir à zéro.

 

Jane est avec l'inspecteur Rossi et un autre policier en civil, plus jeune. Elle est assise à une table. Au dessus de la table, une lampe.

 

ROSSI : Parlez-moi de Stuart Farris.

 

JANE : Je le déteste. Il a tué ma sœur.

 

ROSSI : Comment ça ?

 

JANE : Il y a seize ans de cela. Le jour du bal de promo Il a poussé ma sœur Samantha dans le lac de Garden Place.

 

ROSSI : Et c'est pour ça que vous le harcelé ?

 

JANE : Je ne l'ai jamais harcelé !

 

ROSSI : Vous vous êtes fait passée pour une certaine Marie Jo. Vous avez kidnappé et torturé Kelly Farris...

 

JANE : Mais c'est faux ! Cette histoire est complètement dénuée de sens !

 

ROSSI : Vous voulez me faire croire que c'est faux, pourtant vous en vouliez à Stuart parce vous pensez qu'il a tué votre sœur.

 

JANE : Il a tué ma sœur, c'est une évidence. Mais jamais je n'aurais fait ce que vous me reprochez. 

 

ROSSI : Très bien, alors dites-moi ce que vous avez fait de Stuart Farris... Vous l'avez kidnappé, n'est-ce pas ? Ou est-il ? Qui est votre complice qui s'est fait passer pour un brancardier au Centre Saint-Alexis ?

 

JANE : Je ne comprends rien à ce que vous me dites. Je n'ai plus revu Stuart depuis des années et je ne veux plus rien avoir à faire avec lui.

 

ROSSI : Alors comment se fait-il qu'on a retrouvé chez vous une seringue portant des traces de sang. Un sang du même groupe que Stuart Farris ?

 

JANE : C'est une machination. Vous ne comprenez pas que quelqu'un essaie de m'enfoncer ? !

 

Derrière le miroir sans tain, l'inspecteur Follet, de la brigade criminelle de Garden Place, assiste à la scène, en compagnie d'un autre policier de San Francisco, le sergent Riley. 

 

FOLLET : Elle ment !

 

RILEY : C'est évident. On attend les analyses complémentaires du sang retrouvé sur la seringue. Avec ça, on pourra la boucler.

 

FOLLET : Ouais, mais ça ne va pas nous faire revenir Stuart Farris.

 

 

 19  CENTRE SAINT-ALEXIS

 

Dans la salle de conférence, le docteur Gimms termine sa déclaration.

 

GIMMS : En conclusion, le Centre Saint-Alexis, réputé pour sa sécurité et la vigilance de ses gardes, ne saurait en aucun cas être responsable de la disparition de Monsieur Farris. Cependant, nous nous portons partie civile afin que cette histoire soit résolue le plus vite possible et dans les meilleures conditions. Merci.

 

Gimms referme son dossier et se lève, tandis que les journalistes présents dans la salle cherchent à en savoir plus en posant des questions. Mais Gimms ne semble pas disposer à leur répondre. Dans la salle se trouvent Eric, mais aussi Jessica, en retrait. Une fois Gimms parti et donc plus de possibilité aux rédacteurs en chef d'en savoir plus, chacun quitte lentement la pièce. Jessica s'approche d'Eric, encore assis sur sa chaise. Elle s'assoit à côté de lui.

 

JESSICA : Déçu ?

 

Eric se tourne vers Jessica.

 

ERIC : Un peu, oui. Cette déclaration n'apporte rien de plus à l'enquête. Je me suis déplacé pour rien.

 

JESSICA : Comment va Jillie ?

 

ERIC : Bien. Elle est avec Flora.

 

JESSICA : Je m'en doute. Vous... vous allez la rejoindre ?

 

ERIC : Oui.

 

JESSICA : Eric... je me fais énormément de souci pour elle, vous savez. Elle compte beaucoup pour moi.

 

ERIC : Pour moi aussi.

 

JESSICA : Alors il faut l'aider.

 

ERIC : Je ne comprends pas.

 

JESSICA : Il faut l'aider à s'en sortir. Je vais à nouveau vous poser cette question, et ce sera la dernière fois. Pensez-vous construire une relation durable avec Jillie ?

 

Eric se tord nerveusement sur sa chaise, mais ne répond pas.

 

JESSICA : Si votre réponse et non, alors allez la voir immédiatement et dites-le lui. Je vous dit cela parce que c'est très important pour elle de savoir où elle en est. Maintenant qu'elle a retrouvé sa mère naturelle, elle a acquit un équilibre supplémentaire qui l'aidera sûrement à surmonter son échec sentimental.

 

 

 20  HÔPITAL MEMORIAL DE GARDEN PLACE - CHAMBRE DE MLLE JUDICAL

 

Mlle Judical regarde la télévision sans la voir, le bras et la jambe toujours dans le plâtre. Elle affiche un air morose. Quelqu'un frappe à la porte et, sans attendre de réponse, entre dans la chambre. Il s'agit de Frank.

 

FRANK : Bonjour.

 

MLLE JUDICAL : Ah, Frank, vous tombez bien ! Je m'ennuie à mourir. Daria est Dieu sait où, et mis à part "Des jours et des Vies", les programmes télés de l'après-midi ne sont guère affriolants. Alors, dites-moi, quoi de neuf à l'Unecain ?

 

FRANK : La journée sortie des élèves de primaire a été fixée au 28 juin. Au programme, visite de Disneyland.

 

MLLE JUDICAL : Très bien. Quoi d'autre ?

 

FRANK : Les livres scolaires pour la rentrée sont commandés.

 

MLLE JUDICAL : Parfait. Vous n'avez pas de problème avec Ursula ?

 

Frank sourit.

 

FRANK : C'est une perle.

 

Mlle Judical regarde Frank avec une expression de surprise.

 

MLLE JUDICAL : On ne doit pas parler de la même personne... Sinon, vous n'avez rien d'autre à me dire ?

 

FRANK : Non.

 

MLLE JUDICAL : Oh, allez ! Ma vie est d'un tel ennui que j'aimerais bien avoir quelques nouvelles croustillantes, ça me fera passer le temps.

 

FRANK (à fleur de peau) : Vous voulez savoir ce qui se passe en ce moment ? Oh, pas grand chose, vous savez. Stuart Farris à disparu, Menley s'est fait violée par Tim. Tim est mort. Menley et moi ne savons plus trop où nous en sommes. A part ça... tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

 

Mlle Judical affiche une mine déconfite.

 

MLLE JUDICAL : Décidemment, on court de catastrophes en catastrophes. Il ne manquerait plus que le ciel nous tombe sur la tête, et ce serait la totale !

 

 

 21  UNE RUE À GARDEN PLACE

 

Ursula et Jason marchent côte à côté, tout en discutant. Il y a peu de monde dans la petite rue.

 

URSULA : Qu'entendez-vous par "bêtises" ?

 

JASON : A une certaine époque, j'avais l'intention de devenir acteur. J'aurais fait n'importe quoi pour réussir. J'ai fait souffrir une fille à cause de cela.

 

URSULA : Votre petite amie ?

 

JASON : Mon ex petite amie.

 

Ursula sourit.

 

URSULA : Vous pourriez devenir acteur... je veux dire... vous avez le physique qu'il faut.

 

JASON  : Non, ce n'est plus une priorité. J'ai maintenant trouvé ma voie. Devenir acteur, c'est un peu devenir égocentrique. On veut tourner dans des films pour être vu et pour devenir célèbre. Mais c'est un sentiment trop physique. J'ai appris qu'il y avait plus important que le physique.

 

URSULA : Comme quoi ?

 

JASON : La spiritualité. (un silence, puis : ) Croyez-vous en Dieu ?

 

URSULA (après une brève hésitation) : Je fais partie des sceptiques.

 

JASON : Moi oui. Je crois en Dieu. Et très fort. Je sens constamment sa présence lorsque je prie. J'éprouve un sentiment de bien-être extraordinaire.

 

URSULA : C'est ce que j'ai cru comprendre en lisant vos mails.

 

JASON : Ca vous gêne que je parle de Dieu ?

 

URSULA : Non, pas du tout.

 

JASON : Je me sens tellement mieux lorsque je parle de Notre Seigneur. Je lui dois beaucoup. Il m'a ouvert les yeux et a changé toute ma vie.

 

Jason s'arrête et regarde Ursula.

 

JASON : Je vous aime beaucoup. Il y a une énergie positive qui se dégage de vous.

 

Ursula sourit, tout en rougissant.

 

URSULA : Je vous ai dit mon nom, mais je ne connais pas encore le vôtre.

 

JASON : Continuez à m'appeler "Angel". Je suis votre Ange, Ursula. Je crois que c'est Dieu qui nous a réuni.

 

"Angel" sourit en regardant Ursula. 

 

 

 22  APPARTEMENT DE GIL

 

Gil et Lacey sont assis l'un en face de l'autre sur le canapé, un verre de champagne à la main. Ils rient.

 

LACEY : Et tu te rappelles ce qu'on a fait à ce type... comment s'appelait-il déjà ?

 

GIL (riant) : Sullivan.

 

LACEY : Ah oui... Sulli. Il était professeur d'espagnol, je crois. Il n'est resté qu'une année à l'Unecain.

 

GIL : Pas étonnant. Tu t'étais littéralement jeté sur lui au cours de la soirée organisée pour Noël.

 

LACEY : Avant d'apprendre deux semaines plus tard qu'il était gay.

 

GIL (plus sérieux) : On a vraiment passé de bons moments ensemble.

 

LACEY : Oui. Les bons et les mauvais... on a tout passé.

 

Lacey se lève. Mais elle ne se sent pas bien et porte la main à son front. Gil se lève à son tour et s'approche d'elle pour éviter qu'elle ne tombe.

 

LACEY : Ce doit être le champagne. (Gil se rapproche d'elle) On a bu (de plus en plus près)... au moins deux bouteilles...(leur visage se touchent)... je crois...

 

Gil et Lacey s'embrassent avec passion.

 

Fondu enchaîné sur :

 

 

 23  UN HÖTEL À MALIBU - CHAMBRE DE JILLIE

 

Eric entre dans la chambre et Jillie, rayonnante, se jette à son cou.

 

JILLIE : Je savais que tu reviendrais !

 

Eric est embarrassé. Gentiment, il se détache de l'étreinte de Jillie. Il la regarde avec un triste sourire.

 

JILLIE : Alors, Sacramento ? Ca s'est bien passé ?

 

ERIC : Très bien, oui. Je dois y retourner ce soir.

 

JILLIE : Dommage. Je pensais qu'on pouvait dîner en tête-à-tête ce soir.

 

ERIC : Flora n'est pas là ?

 

JILLIE : Elle se repose dans sa chambre. Pour le dîner, elle aurait compris.

 

ERIC : Jillie, il faut que je te parle. Je... Il faut mettre les choses au clair entre nous. Savoir quels sentiments on éprouve l'un envers l'autre.

 

JILLIE : Je t'aime toujours Eric. Je n'ai jamais cessé de t'aimer.

 

Eric ne répond rien et baisse les yeux. Le sourire de Jillie s'efface.

 

JILLIE : Mais j'ai l'impression que ce n'est pas réciproque.

 

ERIC : Jillie, je ne savais pas que tu éprouvais encore ce genre d'attirance pour moi. Après toutes ces années... J'ai beaucoup de sentiments pour toi...

 

JILLIE (appréhendant la suite) : Mais... ?

 

ERIC : Ce que j'éprouve pour toi, c'est une amitié pure et sincère...

 

Fondu enchaîné sur :

 

 

 24  APPARTEMENT DE GIL - DANS LA CHAMBRE

 

Gil et Lacey sont ensemble dans le lit. Ils sont en train de faire l'amour, lovés dans la couette, tandis qu'on entend Eric en voix off qui continuent sa phrase :

 

ERIC (off) : ... mais ça s'arrête là. Je suis toujours amoureux de Lacey et malgré les problèmes qu'on a eu, je ne veux pas la perdre.

 

 

 25  BUREAU DE KELLY - LE SOIR

 

Kelly est occupée à trier des documents dans des classeurs suspendus, tandis qu’on frappe à la porte. Elle se retourne et sourit en voyant la personne qui entre. C’est Jason.

 

JASON : Ta secrétaire n’est plus là, je me suis permis d’entrer.

 

KELLY : Je ne t’attendais plus.

 

JASON : Excuse-moi, j’ai rencontré une amie avec laquelle je correspondais quand j’étais en prison. ( un silence pendant lequel Jason regarde Kelly, puis : ) Ca ne te dérange pas, au moins ?

 

KELLY : Pas du tout, les termes de notre contrat sont clairs et précis : tu fais ce que tu veux… et moi je fais ce que je veux.

 

JASON : C’est juste une amie, tu sais… Ca ne change rien… je veux dire… entre nous ?

 

Kelly s’approche de Jason et l’embrasse avec fougue. Ensuite, elle le regarde et sourit.

 

KELLY : Tu as la réponse.

 

Elle tourne les talons et se dirige vers son bureau. Elle ouvre le tiroir du haut et en sort une clé. Elle contourne le bureau et se plante devant Jason. Elle lui tend des clés.

 

KELLY : Un cadeau pour te remercier : un appartement grand standing dans une des plus belles résidences de Garden Place.

 

Jason sourit.

 

JASON : Nous pourrions continuer à vivre ensemble ?

 

KELLY : Je te l’ai déjà dit : ce n’est pas une très bonne idée. Il vaut mieux être discret. Après la disparition de Stuart …

 

 

 26  ÉGLISE NÉO-EVANGELISTE DE GARDEN PLACE - LE LENDEMAIN MATIN

 

Un certain nombre de fidèles sont réunis pour écouter le sermon du Révérend Weaver. Parmi la foule, on note la présence de Jason, au premier rang. Il contemple Hector avec admiration. Hector est debout sur l'estrade, le micro en face de lui. Il a déjà commencé son sermon quand Menley franchit la porte de l'Eglise. Elle s'assoit au dernier rang, à côté de son frère David qui se tourne vers elle en souriant. Pendant le sermon d'Hector, la caméra nous montre de temps en temps quelques plans de Menley.

 

HECTOR (parlant avec emphase) : Quel est le noyau essentiel à notre épanouissement, mes frères ? Ce noyau autour duquel s'organise nos vies ? Un noyau qu'il faut préserver, car sans ce noyau, le monde irait à sa perte. Ce noyau, mes frères, c'est la famille. (les yeux d'Hector s'embuent de larmes). Il y a peu de temps, ma famille a vécu un drame. Ma fille s'est faite agressée. Et... notre famille en a beaucoup souffert. J'ai été très peiné, non seulement par  ce drame, mais cette peine était accentuée... car notre fille n'a pas voulu prévenir sa famille ! Et alors je me suis demandé : pourquoi notre fille se tient-elle si éloignée de sa famille, au point de vouloir nous cacher ce drame ? Est-ce par honte ? Par désintérêt envers ses proches ? Quelqu'en soit la raison, j'ai d'abord ressenti de la colère envers Notre Seigneur. Pourquoi avoir permis cette tragédie ? Et pourquoi notre famille n'est pas soudée dans la peine ? J'ai d'abord pensé que c'était l'œuvre du Diable, jusqu'à mon arrivée ici, à Garden Place. J'ai vu ma fille et j'ai ressenti un grand bonheur en voyant à quel point elle était forte devant l'adversité. Elle a vaincu sa peine et ses tourments d'une manière remarquable, et j'ai su alors que si elle n'avait pas parlé à sa famille de son drame, c'est parce qu'elle avait tellement d'amour envers nous qu'elle a préféré ne pas nous inquiéter. C'était courageux de sa part et mon cœur s'emplit de joie car je sais que le noyau est resté intact...

 

Fondu enchaîné sur ...

 

 

 27  CHEZ LE PÈRE KOLOH - CHAMBRE D'HECTOR

 

Une valise ouverte est posée sur le lit. Hector s'emploie à bien plier ses vêtements et à les déposer dans la valise. Menley apparaît dans l'encadrement de la porte. Elle frappe. Hector se retourne.

 

MENLEY : Je peux entrer ?

 

Hector hoche la tête, puis se remet à l'ouvrage.

 

MENLEY : Tu pars déjà ?

 

HECTOR : Plus rien ne me retient ici.

 

MENLEY : J'ai beaucoup apprécié le sermon de tout à l'heure. Et... ça m'a fait réfléchir.

 

HECTOR : Sur quoi ?

 

MENLEY : Le... noyau. Je vous aime tellement, toi et Maman. Vous êtes les personnes qui comptent le plus pour moi. Je... je crois qu'un petit séjour à la maison ne me ferait pas de mal.

 

Hector se tourne vers Menley.

 

HECTOR : Ne te sens pas obligée, chérie.

 

MENLEY : Je le veux. Ma décision est prise. De toute façon, il reste à peine un mois avant les grandes vacances scolaires. Je pense qu'ils peuvent se passer de moi. Je reviendrais à la rentrée de septembre. Je ne suis pas si forte que ça, Papa. J'ai... j'ai besoin de vous.

 

Elle se jette dans les bras de son père et ils s'étreignent un long moment.

 

 

 28  MAISON DE KELLY

 

Kelly finit son jogging dominical au seuil de sa maison. Elle trouve en entrant, glissée sous la porte, une enveloppe. Elle rejoint le salon, pose la lettre au dessus de la pile de courrier qu'elle n'a pas encore ouvert et machinalement allume la télévision. Sur l'écran apparaît John Stelman, le présentateur vedette de "California News" sur la chaîne locale KGPtv.

 

Kelly se dirige vers le bar où elle se verse un cocktail de jus de fruits, puis elle s'assoit sur le canapé pendant que John Stelman dit :

 

JOHN : Avec nous Gwen Helicok astronome et professeur au département Physique et Astronomie de l'University of Nevada. (il se tourne vers elle) : Bonjour Gwen... (elle fait un signe de la tête).

 

Kelly considère le courrier posé sur la petite table, tandis que nous parvient des échos de la voix de Gwen à la télé.

 

GWEN  : C'est à la demande du gouverneur de Californie que je m'adresse à vous ... Il y a plusieurs mois l'équipe de l'observatoire de Cerro Tololo au Chili qui suivait la comète IAUC 7907 dans son voyage au cœur de notre système solaire a été témoin d'un événement exceptionnel.

 

Kelly boit une gorgée de son verre et le pose sur la table puis s'empare du courrier, tandis qu'à la télé, Gwen poursuit sa déclaration.

 

GWEN  : La comète qui traversait la frange externe de la ceinture d'astéroïdes qui se situe entre les planètes Mars et Jupiter est entrée en collision avec un astéroïde. Le choc a dévié l'orbite de la comète, sans danger pour nous ...

 

Kelly sans prêter attention à la télévision soupire en voyant toutes les factures qu'elle met de côté. Elle préfère s'intéresser à la lettre trouvée sous sa porte et l'ouvre.

 

GWEN : ... mais a aussi réduit en une multitude de fragments l'astéroïde. (Elle fait une pause.) Un de ses fragments d'un diamètre d'une vingtaines de mètres se dirige vers la Terre ... vers la côte ouest des Etats-Unis.

 

Kelly lève brièvement les yeux vers la télévision puis les pose sur la lettre décachetée.

 

GWEN : Les observatoires du monde entier ainsi que le télescope Hubble ont été mis à contribution depuis des mois. Nous avons pu calculer d'après leurs observations que le météorite que nous avons baptisé Cléo s'écrasera dans la région de ... Garden Place ... dans la journée du 4 juillet 2002. Il sera responsable selon sa composition d'un cratère de plusieurs centaines de mètres ou s'il se fragmente à son entrée dans l'atmosphère d'une pluie de petites météorites d'une dizaine de kilogrammes chacun. (Elle reprend sa respiration) Dès demain seront détaillées les modalités d'évacuation des habitants de Garden Place et de ses environs. L'armée, la sécurité civile et la police seront chargées de maintenir autour de la ville un cordon de sécurité.

 

Le visage de Kelly se crispe, elle a visiblement peur. Mais ce ne sont pas les paroles de Gwen qui en sont responsables. Kelly n'y a plus prêté attention après avoir lu les quelques mots écrits sur la feuille qu'elle a laissé tomber au sol quand Gwen a mis un terme à sa déclaration.

 

GWEN : Le 30 juin tous les habitants de Garden Place auront quitté la ville ... Tout sera fait pour assurer la sécurité et l'hébergement de chacun ... Que Dieu nous préserve.

 

La caméra plonge vers la lettre dans un long travelling. Quelques mots : " Je suis de retour ", signé : Marie Jo !

 

La caméra nous montre à nouveau le visage terrorisé de Kelly.

 

Fondu au noir.

 

 

 GÉNÉRIQUE DE FIN