1  PLATEAU TÉLÉVISÉ DU " JERRY SPRINGER SHOW "

 

Une scène, trois sièges. Sur le siège qui se trouve au milieu est assis Frank. Face à lui, un public chahuteur. Frank semble mal à l'aise.

 

Dans le public la caméra cherche l'animateur vedette Jerry Springer tandis que retentit le générique de l'émission.

 

JERRY SPRINGER : Nous retrouvons notre nouvel invité, Frank. Frank est professeur de Français dans la célèbre Unecain High School de Garden Place. Frank est venu ce soir dire à tous et à une personne en particulier un secret qui lui est devenu trop lourd à porter.

 

La caméra plonge sur le visage fermé de Frank.

 

JERRY : Bonsoir Frank.

 

FRANK : Bonsoir.

 

JERRY SPRINGER : Vous allez bien ?

 

FRANK : Heuh ... Oui.

 

JERRY SPRINGER : Frank, vous êtes venu ici, ce soir, pour parler à votre amie.

 

FRANK : Menley.

 

JERRY : Oui, Menley

 

Le plan suivant montre Menley en coulisses, un casque sur les oreilles.

 

Retour sur le plateau télé.

 

JERRY : Qu'avez-vous à avouer à Menley ?

 

FRANK : ...

 

JERRY : Vous connaissez Menley depuis près d'un an, n'est-ce pas ?

 

FRANK (gêné) : Oui, c'est ça.

 

JERRY : Et, elle ne se doute de rien.

 

FRANK : Non, enfin je ne crois pas.

 

JERRY : Allez Frank faites nous part de votre secret. Soulagez votre conscience.

 

FRANK : Heuh ... Oui ... C'est à dire.

 

JERRY : Vous aimez Menley ... Mais il y a quelque chose en vous ... qui vous empêche d'être heureux avec elle et surtout de la rendre pleinement heureuse.

 

FRANK (agacé) : En fait ... J'ai rencontré une autre personne.

 

JERRY : Vous allez lui annoncer que vous la quittez pour cette autre personne, c'est ça ?

 

FRANK : Pas vraiment.

 

JERRY : Expliquez-vous.

 

Le public exprime son impatience par des cris.

 

JERRY : Allez Frank, courage !

 

FRANK : C'est ... un ... un  homme.

 

JERRY (s'adressant au public puis à la caméra) : Frank va annoncer à son amie Menley qu'il aime une autre personne ... et que cette personne est un homme !

 

Cris de joie du public. La caméra sur Frank montre son visage livide.

 

JERRY : On se retrouve après la pub !

 

Applaudissements et cris du public.

 

Page de publicités composée d'une série de spots absurdes sur diverses confiseries.

 

Générique du "JERRY SPRINGER SHOW". La caméra surfe sur le public et retrouve Jerry Springer.

 

JERRY (à la caméra) : Frank va annoncer devant vous à son amie Menley qu'il est tombé amoureux d'un homme.

 

Gros plan sur Frank. A l'écran s'affiche en dessous de Frank un bandeau où l'on peut lire " Mon amie ignore que j'aime un homme "

 

Entrée en scène de Menley souriante qui vient embrasser Frank et s'assied sur le siège à sa droite.

 

JERRY : Bonsoir Menley.

 

LE PUBLIC (en chœur) : Bonsoir Menley !!!

 

MENLEY :  Bonsoir à tous.

 

JERRY : Menley. Savez pourquoi vous êtes parmi nous ce soir ?

 

MENLEY (se tournant d'abord vers Frank de plus en plus livide puis vers Jerry Springer) : Non, pas du tout.

 

JERRY : Frank a tenu à vous dire ici ce soir quelque chose de très important.

 

MENLEY : Vraiment ?

 

JERRY : Cela va changer votre vie, à tous les deux.

 

MENLEY (impatiente et un peu moqueuse se tournant vers Frank) : Tu vas me demander en mariage ?

 

Rires dans le public.

 

JERRY : Allez Frank, dites lui.

 

La public encourage Frank par des cris.

 

FRANK (à Menley) : Menley ... Je ne peux plus me taire ... J'ai ...

 

MENLEY : Oui, tu as ...

 

FRANK : J'ai ... J'ai rencontré ...

 

Le visage de Menley se referme brutalement.

 

FRANK : ... quelqu'un ... d'autre

 

MENLEY : une autre femme ?!?

 

FRANK : ...

 

MENLEY : Je la connais ?

 

FRANK : Pas vraiment.

 

MENLEY (énervée) : Comment ça pas vraiment ?

 

FRANK : Tu ... connais ...

 

Le public exprime bruyamment son impatience.

 

MENLEY : Qui est-ce ?

 

FRANK : C'est ... un homme.

 

Gros plan sur le visage de Menley totalement prise au dépourvu.

 

MENLEY : Un ... homme ?

 

FRANK : Voui

 

JERRY (au public) : Applaudissons Frank qui a eu le courage d'avouer à Menley son homosexualité.

 

Applaudissements dans le public.

 

FRANK (timidement) : Je suis ... pas ... gay. J'suis bi ...

 

Rires aux éclats dans le public.

 

Sous l'image de Frank apparaît à l'écran le bandeau " Je suis bi "

 

MENLEY (qui semble s'être ressaisie, à Frank) : Je crois que je peux te comprendre.

 

JERRY (à Menley) : Vous êtes certaine de pouvoir lui pardonner ?

 

MENLEY : Lui pardonner, je ne sais pas. Mais le comprendre ... oui. J'ai d'autres personnes gay dans mon entourage, je comprends leur souffrance à l'avouer aux autres. J'ai des sentiments pour Frank, mais si c'est sa voie ... (émue) Je le respecte en tant que personne, peu importe qui il aime.

 

Menley prend dans ses bras Frank visiblement soulagé.

 

Applaudissements nourris accompagnés de " bravo " dans le public.

 

JERRY (à Frank) : Je crois que vous n'avez pas tout dit à Menley.

 

FRANK (de nouveau gêné, à Jerry) : Je dois vraiment ?

 

JERRY : Elle doit savoir, le public veut savoir, les téléspectateurs aussi.

 

FRANK (se tournant vers Menley) :  Tu ... le connais.

 

MENLEY (curieuse) : Il travaille aussi à l'Unecain ?

 

FRANK : non

 

Menley, Jerry, le public attendent dans un long silence.

 

FRANK : C'est ... David !

 

MENLEY (interloquée) : Mon ... David ?!

 

JERRY (à la caméra) : Qui est David, Menley ?

 

MENLEY (choquée) : C'est ... mon ... frère.

 

Cris et sifflets dans le public. Sous l'image de Frank apparaît à l'écran le bandeau " Je trompe mon amie avec son frère "

 

JERRY (au public) : Ce n'est pas tout !

 

Menley toujours sous le choc fixe le doigt que tend Jerry vers les coulisses.

 

JERRY : David est parmi nous !

 

Entrée de David sous un flot d'applaudissements, de sifflets et de cris provenant du public.

 

Frank se lève. David le prend dans ses bras et l'embrasse avec passion. La caméra va du couple vers le visage catastrophé de Menley puis vers le public où l'on retrouve Jerry Springer arborant un sourire de satisfaction.

 

... ... ...

 

Réveil en sursaut de Menley en sueurs sur le canapé devant la télévision où défilent le générique de fin du soap " Des jours et des vies ".

 

Menley s'assied sur le canapé, elle porte ses mains à son visage, puis vers le paquet de chamalos qui se trouve à ses pieds. Elle le retourne, dépitée, il est vide. Tandis que le générique de " Passions "apparaît à la télévision, elle se lève, s'habille et sort de son appartement.

 

 

 GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

 

 SPECIAL GUEST STAR

 

Note de l'auteur : A partir de la scène 2,  toutes les scènes de cet épisode sont tournées avec une caméra mobile. Un caméraman suit les événement avec une caméra à l'épaule, donnant ainsi l'illusion d'un programme de Real-TV. Les scènes, qui se veulent volontairement courtes, sont à chaque fois entrecoupées d'un flash blanc.

 

 2  PRÈS DE GARDEN VIEW,  LA NUIT

 

La caméra suit Menley. On la voit de dos déambuler dans la rue perpendiculaire à Garden View. Elle s'arrête devant un drugstore ouvert 24h/24 et y entre. La caméra mobile la suit. On la voit toujours de dos, tandis qu'on aperçoit le vendeur d'origine pakistanaise face à la caméra. Menley prend un paquet de chamalos et le jette sur le comptoir.

 

LE VENDEUR : 1 dollar, m'dame.

 

Menley paie le vendeur et sort du magasin. La caméra continue à la suivre.

 

 

 3  GARDEN VIEW

 

Menley entre dans l'immeuble d'un pas précipité. Elle appuie sur le bouton de l'ascenseur. La porte s'ouvre. Elle sursaute en voyant Tim devant elle un bref sourire au visage. La mine de Tim est déconfite. Il porte des vêtements sales et déchirés, ses cheveux sont longs et gras, sa barbe doit avoir au moins une semaine.

 

TIM : Salut, Menley...

 

Menley entre dans l'ascenseur, mais Tim reste à côté d'elle en train de l'observer attentivement, tandis que la caméra pénètre également à l'intérieur de l'ascenseur. Menley l'interroge.

 

MENLEY : Tu sors ou non ?

 

Tim ne répond pas et se contente de l'observer. Menley hausse les épaules. La caméra mobile nous montre la main de Menley appuyant sur le bouton de son étage, puis revient sur elle et Tim. Tim s'approche d'elle. Elle peut sentir les effluves d'alcool et le repousse gentiment d'une main en faisant une grimace.

 

TIM : Tu es splendide, Menley.

 

Il a beaucoup de mal a articuler tant il est ivre. Menley ne répond pas. Tim se rapproche à nouveau d'elle.

 

TIM : Je t'ai toujours bien aimé, Menley.

 

MENLEY : Tim, tu as bu. Tu ferais mieux de...

 

La caméra nous montre à nouveau le panneau de commande de l'ascenseur, et la main (cette fois-ci celle de Tim) qui appuie sur le bouton stop. Le plan revient sur Menley et Tim, tandis que l'ascenseur se bloque. Menley, agacée, soupire.

 

MENLEY : Tim, mais qu'est-ce que tu fais ?

 

Plan sur le panneau de commande. Menley s'apprête à appuyer à nouveau sur le bouton pour débloquer l'ascenseur, mais Tim l'en empêche.

 

MENLEY : Tim, ce n'est pas drôle.

 

TIM : Tu es la meilleure des filles, tu sais. Je t'aime vraiment beaucoup. J'ai toujours eu un faible pour toi. Je voulais que tu le saches.

 

MENLEY (tentant de calmer les ardeurs de Tim) : Bon, ben tu me l'as dit maintenant. Je le sais. Tout est bien et on va chacun rentrer à la maison.

 

Retour sur le panneau de commande de l'ascenseur. Menley veut une nouvelle fois appuyer sur le bouton, et une nouvelle fois, Tim l'en empêche. Retour sur eux. Tim commence à embrasser Menley dans le cou. Elle se débat.

 

MENLEY : Mais arrête ! Tu es fou !

 

TIM  : Tu sens bon... J'ai besoin de toi, Menley... j'ai besoin de toi. Me laisse pas tomber...

 

MENLEY : Tu es malade, Tim. Tu as besoin de te faire soigner.

 

Tim plaque Menley contre le mur de l'ascenseur et d'un coup sec, arrache son chemisier. Ni les cris ni les coups que tente de lui asséner Menley ne l'arrête. Il dégrafe les boutons de son pantalon. Menley hurle tandis que Tim s'acharne sur elle.

 

 

 4  APPARTEMENT DE LACEY, 4 HEURES DU MATIN

 

La caméra suit Lacey, les yeux bouffis par le sommeil, ses cheveux roux en bataille. Elle se dirige en vacillant, vers la porte d'entrée, tandis que la sonnette répercute son bruit strident dans toute la pièce.

 

LACEY : J'arrive... j'arrive... du calme !

 

Elle ouvre la porte et découvre, horrifiée, Menley qui se tient le ventre. Un reste de vomissure au bord des lèvres, Menley a les yeux agrandis par l'horreur. Ses vêtements sont déchirés, des traces de sang séché sont visibles sur ses cuisses

 

LACEY : Menley !

 

Elle prend vivement son amie par la taille et l'emmène dans son appartement. La caméra suit les deux femmes au salon, où Menley s'effondre sur le canapé. Sans un mot, Lacey court à la cuisine et rapporte un verre d'eau ainsi qu'une serviette humide. Elle essaie de faire boire Menley, qui n'arrive pas à avaler. Elle pose le verre et éponge le front fiévreux de la victime. Elle attend un instant que Menley ait repris son souffle. Lacey se retient de pleurer.

 

LACEY : Ca va mieux ?

 

Menley ne répond pas. Elle est toujours en état de choc.

 

LACEY : Est-ce que tu as mal ?

 

Menley ne répond toujours pas.

 

Lacey se lève.

 

LACEY : Je reviens tout de suite.

 

La caméra suit Lacey dans la cuisine. Désormais seule, Lacey, qui s'était jusque là contrôlée, commence à paniquer. Elle fait les cent pas, cherchant un moyen de contrôler ses émotions. Elle marche si vite que la caméra a du mal à la suivre. Ensuite elle prend le combiné du téléphone mural et compose le 911.

 

LACEY : Je m'appelle Lacey Calvin. J'habite à Garden View... Mon amie n'est pas bien... non... non... elle s'est faite attaquée... je ne sais pas.... sans doute... elle ne répond pas... elle est en état de choc... je ne sais pas quoi faire, dites-moi quoi faire ? ! Très bien... je vous attends... Est-ce que je dois prévenir la police... d'accord, merci. Je suis au numéro 125.

 

Elle raccroche et revient dans le salon auprès de Menley. Elle s'assoit à côté d'elle et la prend dans ses bras.

 

LACEY : Ca va aller... ça va aller... j'ai appelé les secours, ils vont s'occuper de toi.

 

Soudain, Menley saisit le bras de Lacey avec une telle intensité et une telle surprise que Lacey sursaute. Menley regarde Lacey dans les yeux. Son regard est hagard.

 

MENLEY : Tim...

 

Le visage de Lacey traduit l'incompréhension.

 

LACEY : Quoi ?

 

MENLEY : C'est... Tim.

 

Lacey allonge Menley sur le canapé tout en lui caressant doucement le visage. Voyant que son amie a retrouvé son calme, elle se lève et une nouvelle fois, va téléphoner dans la cuisine. Elle compose un numéro. 

 

 

 5  APPARTEMENT DE GIL

 

Gil est endormi dans son lit. Sur sa table de nuit, le réveil marque 04:18. Le téléphone se met à sonner et Gil se réveille en sursaut. Il prend le combiné.

 

GIL (d'une voix pâteuse) : Quoi ?.... Non Lacey, Frank n'habite plus chez moi depuis hier. Il vient d'emménager dans son nouvel appartement et... (Gil se redresse sur son lit) Quoi ? C'est pas vrai ! Comment va-t-elle ?.... Tim ? Mais c'est dingue ! D'accord... d'accord je m'habille et je vais aller voir. Tiens-moi au courant pour Menley.

 

Il raccroche.

 

 

 6  APPARTEMENT DE NANNE

 

A moitié endormie, elle ouvre la porte de l'appartement. Gil se trouve devant elle.

 

NANNE : Gil, mais tu as vu l'heure ? Qu'est-ce qui se passe ?

 

GIL (ne cachant pas sa vive émotion) : Tim est ici ?

 

NANNE : Je ne crois pas que...

 

Mais Gil entre dans l'appartement.

 

GIL : Il faut que je lui parle ! Où est-il Nanne ?

 

NANNE : Gil, mais vas-tu me dire ce qui se passe ?

 

Gil s'apprête à aller voir dans la chambre, mais Nanne intervient.

 

NANNE : Il n'est pas ici.

 

Gil se retourne vers elle, attendant des explications.

 

NANNE : Il n'est plus ici. Ca fait plus d'une semaine que je ne l'ai pas vu.

 

Nanne se laisse tomber dans un fauteuil et pleure doucement.

 

NANNE : Je ne sais pas ce qui se passe chez lui. Ca fait une semaine que je le cherche... je ne dors plus, je... je...

 

Elle éclate en sanglot. Mais la situation est trop grave pour que Gil se laisse attendrir. Tout en gardant son sang froid, il s'approche de la jeune fille, s'assoit près d'elle et pose ses mains sur ses épaules.

 

GIL (doucement) : Nanne, il faut que tu me promettes une chose. Promet-moi de ne plus approcher Tim s'il revient.

 

Nanne lève vers Gil ses yeux embués par les larmes, ne comprenant pas où il veut en venir.

 

NANNE : Quoi ?

 

GIL : Ecoute-moi, Nanne. Il faut que tu me fasses confiance.

 

NANNE : Gil, je ne comprends rien à ce que tu racontes.

 

GIL : Tim vient d'agresser Menley.

 

NANNE (avec un air d'incompréhension) : Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est impossible !

 

GIL : C'est la vérité, Nanne. Je t'en prie, crois-moi !

 

Nanne se lève.

 

NANNE : Non, non... c'est impossible. Tu dis n'importe quoi...

 

GIL : Nanne... calme-toi.

 

NANNE : Tu ferais n'importe quoi pour briser mon couple... Va-t-en !

 

GIL : Mais je...

 

NANNE (hystérique) : Va-t-en !!! Je ne veux plus te voir... Plus jamais !

 

 

 7  APPARTEMENT DE BETH

 

BETH : Cette fois-ci tu as perdu la tête pour de bon. Je pensais qu'avec l'histoire du cadavre de Clancy, tu étais tombé au plus bas, je vois que je me suis trompé. C'est quoi ta prochaine folie ? Tu comptes faire exploser Garden View ?

 

Beth est debout en face de Tim qui, lui, est affalé sur le canapé. Beth continue.

 

BETH : Non mais regarde-toi, tu es devenu une loque. Tu n'arrives même plus à faire la différence entre le bien et le mal. D'abord Nanne, puis Clancy, et maintenant... Menley ! Tim, comment est-ce que tu as pu faire une chose pareille ? !

 

Tim ne répond toujours pas. Son visage est sans expression.

 

BETH : Tu dois te rendre à la police.

 

Tim lève brusquement la tête vers elle.

 

TIM : Pas question !

 

BETH : Tim, réfléchis ! Menley va de toute façon te dénoncer. Ce que tu as fait est très grave, c'est un crime. Tu t'en rends compte ?

 

TIM : Je... je vais partir... je vais quitter Garden Place et recommencer une autre vie.

 

BETH : Et comment ? Tu comptes peut-être sur l'argent de Nanne ? (elle lève les bras au ciel pour accompagner ses paroles) : Dieu sait si cette fille est stupide, mais pas au point de cautionner ta folie.

 

TIM (le regard implorant) : Beth, il faut que tu m'aides.

 

BETH : La seule chose qui peut t'aider, c'est d'aller voir les flics. Ils sont sans doute déjà à ta recherche.

 

Beth s'approche de Tim.

 

BETH : Tim, est-ce que tu as fait le test ? (Tim ne répond pas). Le test du SIDA, est-ce que tu l'as fait, oui ou non ?

 

Tim secoue la tête.

 

BETH : Tim, en plus de Nanne, il y a maintenant Menley qui est impliquée dans cette histoire. Tu dois faire le test ! (détournant le regard de Tim, dégoûtée) Tu es un monstre ...

 

 

 8  HÔPITAL MEMORIAL

 

Menley est toujours en état de choc. Dans une salle du service d'accueil des urgences elle est allongée sur une table d'examen autour de laquelle tourne la caméra. Le docteur Erin Jones termine son examen gynécologique en pratiquant les prélèvements d'usage. Elle sourit à Menley.

 

DR JONES : Voilà, c'est fini.

 

Jones s'éclipse pendant que Missie Parks fait son entrée. La psychiatre s'approche de Menley.

 

MISSIE : Bonjour Menley, je m'appelle Missie. Comment vous sentez-vous ?... Menley, deux policiers veulent vous voir. Est-ce que vous vous sentez capable de leur parler ?

 

Menley hoche doucement la tête tandis que Missie sourit timidement.

 

MISSIE : Je vais les chercher.

 

La caméra mobile suit Missie qui ouvre la porte donnant sur le couloir. Elle laisse entrer deux policiers, mais la caméra préfère s'intéresser à Lacey, qui se trouve dans le couloir près d'un téléphone mural, et s'approche d'elle. Lacey prend le combiné téléphonique et compose un numéro. Elle semble s'impatienter.

 

LACEY : Allez.... !

 

 

 9  AU MEA CULPA

 

Il y règne une ambiance de fin de nuit. Le bar est pratiquement vide, à l'exception de David qui est au comptoir. Le bar est silencieux et s'apprête à fermer. Le téléphone portable de David se met à sonner, mais il ne daigne pas répondre. Il regarde Aiden qui, de l'autre coté du bar, essuie les derniers verres. Aiden s'approche de lui.

 

AIDEN : On va fermer.

 

DAVID : Je n'ai pas sommeil.

 

AIDEN : Moi si ! Tu devrais rentrer. 

 

DAVID (amer) : Pourquoi ? Personne ne m'attend à la maison.

 

AIDEN : Moi non plus, personne ne m'attend.

 

David lui sourit.

 

DAVID : Je te paye un dernier verre ?

 

Aiden secoue la tête.

 

AIDEN : Je te le répète, le bar va fermer.

 

DAVID : Je ne parlais pas d'un verre au bar, mais plutôt chez moi. Qu'est-ce que tu en dis ?

 

AIDEN : J'en dis que tu es aussi fatigué que moi... Une autre fois peut-être.

 

Le portable de David sonne à nouveau. Contrarié, il soupire en décrochant.

 

DAVID : Ouais ?! (Il se redresse) : Quoi ?!... J'arrive tout de suite.

 

David quitte le bar précipitamment sous le regard incrédule d'Aiden.

 

 

 10  HÔPITAL MEMORIAL

 

La caméra mobile suit David qui se précipite dans le couloir. Lacey le voit arriver et se lève. David va vers elle en courant.

 

DAVID : Comment va-t-elle ? Je veux la voir.

 

LACEY : Elle est encore avec la police.

 

DAVID : Qui lui a fait ça ?

 

Lacey baisse les yeux.

 

LACEY : D'après elle, ce serait Tim O'Connell.

 

Le visage empourpré par la colère, David tourne les talons pour repartir. Lacey le rattrape.

 

LACEY : David, où est-ce que tu vas ?

 

DAVID : Je vais faire payer à ce fils de pute ce qu'il a fait à ma sœur.

 

LACEY : David, arrête ! Laisse la police faire son travail. Tu n'arrangeras rien en voulant faire justice toi-même.

 

DAVID : Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Ce type doit payer. Et je vais lui faire regretter d'être venu au monde.

 

LACEY : La police est déjà à sa recherche. Qu'est-ce que tu espères faire de plus ? Le tabasser ? Tu es un avocat jeune et brillant et tu risques de fiche en l'air ta carrière. Tim O'Connell n'en vaut pas la peine.

 

David toise Lacey du regard puis quitte l'hôpital. La caméra mobile le suit jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Dehors, il fait les cent pas sur le trottoir, totalement hors de lui et ne sachant que faire. Finalement, il extirpe son téléphone portable de sa poche.

 

 

 11  MAISON DES BURNSTEIN, CHAMBRE DE KELLY

 

Kelly est endormie. A ses côtés on discerne le corps d'un homme dont on ne voit pas le visage. Le téléphone, posé à côté du réveil qui marque 05:02, se met à sonner. Doucement, Kelly se réveille mais ne répond pas. L'homme à ses côtés ne bouge pas. Kelly laisse le répondeur se déclencher.

 

REPONDEUR (voix de Kelly) : Bonjour, je ne suis pas là pour le moment, laissez un message après le bip, merci.

 

Le fameux petit bip se fait entendre, puis la voix de David.

 

DAVID : Kelly, c'est David. J'ai un gros problème. Il s'agit de ma sœur.

 

Aussitôt, Kelly se redresse et prend le combiné.

 

KELLY : David ?

 

 

 12  UN PEU PLUS TARD DANS LE SALON

 

Kelly est debout en chemise de nuit devant la porte de la baie vitrée qui donne sur le jardin et plus loin le lac, observant les premières lueurs du soleil qui se lève. Elle semble réfléchir. Des bruits de pas se font entendre, tandis que la caméra mobile se retourne et nous montre les pieds nus d'un homme.

 

L'HOMME : Alors, que se passe-t-il ?

 

La caméra remonte sur le visage de l'homme. Jason Patrick vêtu d'un peignoir sourit à Kelly.

 

KELLY : Tu veux parler du coup de fil ? Rien, un détail sans réelle importance. Je vais cependant être obligée de m'absenter quelques heures.

 

Jason fait le tour du salon.

 

JASON : Jolie, la déco...

 

KELLY : J'ai tout changé depuis que je suis venue m'installer ici.

 

Elle s'approche de lui et dépose un baiser passionné sur sa bouche.

 

KELLY : Tu sais ce que tu dois faire ?

 

JASON : Ne t'inquiètes pas. J'ai répété chaque geste dans ma tête. Je suis fin prêt. Tout se passera bien.

 

KELLY : Je l'espère... pour toi. 

 

 

 13  HÔPITAL MEMORIAL, DANS UN COULOIR

 

Beth est dans le couloir de l'hôpital et ronge son frein. Lacey sort de la chambre de Menley. Beth se précipite vers elle. Lacey est surprise de la retrouver ici.

 

LACEY : Beth, mais qu'est-ce que tu fais ici ?

 

BETH : Je suis venue prendre des nouvelles de Menley.

 

LACEY : Comment sais-tu qu'elle est ici ? Qui t'as prévenue ?

 

Beth est d'abord surprise par la question. Elle hésite et finit par trouver une explication ...

 

BETH : Difficile de ne pas entendre le remue ménage ce matin dans l'immeuble. J'ai croisé un policier en sortant de mon appartement ... Alors, comment va-t-elle ?

 

Lacey fronce les sourcils.

 

LACEY : Depuis quand tu t'intéresses à Menley ?

 

BETH : Ecoute, Menley et moi nous ne sommes peut-être pas les meilleures amies du monde. Mais au cas où ça t'intéresserais de le savoir, j'ai un cœur et je ne suis pas insensible aux malheurs des autres. Alors ? Comment va-t-elle ?

 

LACEY : Mal.

 

Ce sont les seuls mots qu'elle prononce avant de laisser Beth et de quitter l'hôpital.

 

Le visage de Beth se referme. Elle n'aime pas Menley, mais elle ne supporte pas ce que Tim lui a fait.

 

BETH (pour elle) : Tim, il va falloir que tu payes !

 

Kelly arrive à ce moment là et Beth trouve le moment importun pour révéler ce qu'elle sait. Elle se précipite vers elle.

 

BETH : Kelly, il faut que je te parle.

 

KELLY : Pas maintenant !

 

BETH : C'est très important... Kelly, écoute moi.

 

Mais Kelly poursuit son chemin.

 

BETH : Ca concerne le viol de Menley.

 

Kelly s'arrête et se retourne vers Beth, qui en profite pour la rejoindre.

 

BETH : Tu es avocate... donc tu es tenue au secret professionnel, n'est-ce pas ? Tout ce que je peux te dire, tu le garderas pour toi...

 

KELLY : Qu'est-ce que tu sais sur cette affaire ?

 

BETH : C'est Tim...

 

KELLY : Tu ne m'apprends rien ! Tout le monde est au courant.

 

BETH : Oui, mais ce que tout le monde ignore, c'est où se trouve Tim en ce moment.

 

KELLY : Où est-il ?

 

BETH : Tu es sûre que je...

 

KELLY (l'interrompant) : Beth... où est-il ?

 

BETH : Il est venu me voir tout à l'heure et m'a expliqué ce qu'il a fait. Il est en ce moment caché dans une des caves, à Garden View.

 

KELLY : Ne t'inquiète pas, je vais m'arranger pour que tu ne sois pas impliquée dans cette affaire.

 

BETH : Merci Kelly.

 

KELLY : Maintenant, rentre chez toi te reposer. Je m'occupe de tout.

 

Kelly n'attend pas de réponse de Beth et se dirige vers le téléphone mural se trouvant à une quinzaine de mètres. Elle prend le combiné, glisse un dollar dans la fente et compose un numéro.

 

BETH :  Kelly.

 

Kelly se retourne brutalement en raccrochant le combiné.

 

KELLY : Quoi !

 

Beth est surprise par le ton de sa voix, un instant elle semble ne pas reconnaître l'habituelle Kelly. Elle hésite tandis que le visage de Kelly s'adoucit aussi vite qu'il était devenu glacial.

 

KELLY : Tu as autre chose à me dire ?

 

BETH : Non, rien de particulier, seulement si tu pouvais glisser à Menley que je suis passé et que je pense à elle.

 

KELLY : Je lui dirai. Au revoir Beth.

 

BETH :  Au revoir.

 

Kelly s'assure du départ de Beth pour reprendre le combiné téléphonique, introduire un autre dollar dans la fente et recomposer le même numéro.

 

KELLY : C'est moi... Je viens de modifier le plan. Ecoute-moi bien sans m'interrompre ...

 

  

 14  HÔPITAL MEMORIAL, PEU DE TEMPS APRÈS

 

Kelly est dans la chambre de Menley.

 

KELLY : C'est David qui m'a appelé. Tu n'as rien à craindre Menley. Je suis ton avocate et nous allons faire payer à Tim tout le mal qu'il t'as fait. Est-ce que la police est déjà venue t'interroger ?

 

Menley, encore en état de choc, se contente d'hocher la tête.

 

KELLY : Parfait. J'irais les voir pour savoir comment l'enquête avance... (elle sourit à Menley et pose la main sur son bras)Tu vas bien ? 

 

Menley sourit tristement.

 

MENLEY : Merci.

 

KELLY : Tu n'as pas à me remercier, chérie. Je reviendrais te voir dès que je peux. En attendant, repose-toi, d'accord ?

 

Kelly quitte la chambre. La caméra mobile la suit. Dans le couloir, elle est interpellée par Ursula qui court vers elle à petits pas précipités.

 

URSULA : Kelly ! Votre secrétaire m'a dit que je pouvais vous trouver ici.

 

KELLY : Ursula ! Que se passe-t-il ?

 

URSULA (tentant de reprendre son souffle après avoir couru). C'est Mlle Judical... Elle... a besoin de vous.

 

KELLY : Ursula, c'était inutile de venir jusqu'ici pour me prévenir. Vous pouviez me téléphoner.

 

URSULA : Mais Kelly, vous ne comprenez pas... Elle est ici... Mlle Judical est ici. Dans la chambre au fond à droite.

 

Kelly, l'air interrogateur, se dirige vers l'endroit indiqué par Ursula. La caméra mobile la suit toujours. Elle frappe doucement, puis entre et reste interloquée en voyant Mlle Judical avec le bras droit et la jambe gauche entièrement plâtrée.

 

MLLE JUDICAL (énervée) : Kelly, vous voilà enfin... Regardez... regardez dans quel état je suis à cause d'eux.

 

KELLY : De qui parlez vous ?

 

MLLE JUDICAL : Les incapables qui dirigent ce maudit hôpital, pardi ! Ceux sont eux qui m'ont mise dans un état pareil ... Je n'arrive plus à bouger...

 

URSULA : Mais vous arrivez toujours à parler...

 

Mlle Judical porte un regard noir sur son employée qui baisse les yeux comme une coupable. Alice se retourne vers Kelly.

 

MLLE JUDICAL : Je veux qu'ils payent pour ça, vous m'entendez ! Et très cher !

 

KELLY : Je ne comprends rien. Vous dites que c'est l'hôpital qui est responsable de vos plâtres.

 

MLLE JUDICAL : Parfaitement !

 

KELLY (amusée) : En règle général, c'est toujours le cas.

 

MLLE JUDICAL (l'interrompant) : Je suis tombée dans l'ascenseur il y a près d'une semaine.

 

KELLY : Est-ce que vous avez trébuché sur quelque chose ?

 

MLLE JUDICAL (énervée) : Non, bien au contraire. Je suis tombée parce qu'il manquait quelque chose !

 

KELLY (de plus en plus amusée) : Quoi ?

 

MLLE JUDICAL (en colère) : L'ascenseur !

 

KELLY (retenant un fou rire) : Expliquez moi tout cela ... plus calmement.

 

MLLE JUDICAL : Il y a eu un problème avec la cage de l'ascenseur. Les portes se sont ouvertes mais la cage était restée bloquée deux étages plus bas. Cette malheureuse Daria a poussé le fauteuil roulant sans s'apercevoir que la cage de l'ascenseur n'était pas là, et j'ai atterri, avec le fauteuil, deux étages en dessous.

 

Kelly ne peut plus réfréner son fou rire en imaginant la scène grotesque. 

 

MLLE JUDICAL : Vous trouvez ça drôle ?

 

Kelly se reprend en toussotant.

 

KELLY : Non... bien sûr que non. Vous voulez donc attaquer l'hôpital ?

 

MLLE JUDICAL : Et comment !

 

 

 15  GARDEN VIEW

 

Tim sort de sa cachette. Il profite que les deux policiers en faction devant l'immeuble aient leur attention détournée par une jeune femme blonde vêtue d'un tee-shirt blanc moulant et d'un short en jeans en train de promener son chien dans la direction opposée pour se précipiter en dehors de Garden View . Il repère sa voiture non loin de là, sur le parking extérieur. Il regarde à gauche, puis à droite. Les deux policiers viennent d'engager la conversation avec la jeune femme. Tim court vers sa voiture, s'y installe et démarre sans aucun mal. Il sort du parking. Dans le rétroviseur les policiers s'éloignent sans s'être aperçu de rien. La route est calme. Tim ne voit pas la voiture qui se trouve garée sur la route perpendiculaire à la sienne. La mystérieuse voiture, un cabriolet, démarre en voyant celle de Tim. Ce dernier arrive à l'intersection des deux routes et la cabriolet percute l'aile avant droit de la voiture de Tim qui se voit obligé de s'arrêter. Dans la voiture, Tim ne comprend pas ce qui se passe. L'homme à la cabriolet sort de la voiture et se dirige en courant vers celle de Tim. Il entre dans la voiture et pointe une arme sur Tim.

 

TIM : Jason ? Mais qu'est-ce que tu...

 

JASON : Pose pas de question et roule... direction Coronell Street (et voyant que Tim ne bouge pas) : allez ... !

 

Tim s'exécute.

 

 

 16  UNECAIN, BUREAU DE MLLE JUDICAL

 

Ursula est devant son ordinateur, Daria est derrière elle.

 

URSULA : Tu vois, c'est simple. Regarde, j'appuie sur le bouton "réception"... et voilà le travail. (elle attend, puis ): aah, super !

 

Elle tape des mains. Daria sourit.

 

DARIA : Quoi ?

 

URSULA : Il m'a répondu ... Angel m'a répondu.

 

Daria est soudain surexcitée.

 

DARIA : Et qu'est-ce qu'il dit ?

 

URSULA : Laisse-moi lire.

 

Ursula lit le message et ses yeux s'illuminent.

 

URSULA : Angel dit qu'il a quitté son travail à Los Angeles et qu'il vient à Garden Place. Il souhaite qu'on se rencontre.

 

DARIA : C'est formidable ! (elle réfléchit quelques instants) : dis, tu crois que je pourrais écrire au professeur Assenbaum avec ce truc ? (elle désigne l'ordinateur du doigt).

 

URSULA : Bien sûr, si tu connais son adresse e-mail...

 

DARIA : Je crois qu'elle doit se trouver dans le dernier numéro de "Ames et paix", le magazine que publie le professeur Assenbaum pour ses membres.

 

URSULA : Ses membres ?

 

DARIA : Oui, je fais partie du club des "âmes communicantes" créé par le professeur Assenbaum.

 

Daria n'a pas le temps de poursuivre, car Frank arrive au bureau, chargé d'un lourd dossier.

 

FRANK : Bonjour Ursula... Daria.

 

DARIA : Bonjour (à Ursula) je dois te laisser, je vais aller voir Alice.

 

FRANK : Au fait, comment va-t-elle ?

 

DARIA : Elle continue à ronchonner.

 

URSULA : Donc elle va bien.

 

Tous les trois rient de bon cœur. Ursula raccompagne Daria sur le pas de la porte, tandis que Frank pose le lourd dossier sur le comptoir d'Ursula.

 

URSULA (en aparté pour Daria, et avec un clin d'œil) : Tâche de trouver l'adresse.

 

Pour toute réponse, Daria fait un clin d'œil à Ursula avant de partir. Ursula retourne près de Frank.

 

FRANK : Ursula, il faudra penser à préparer la journée spéciale sortie des élèves de primaire. C'est le mois prochain je crois.

 

URSULA : Oui, je m'en occupe. Je suis surprise de vous voir ici. Je pensais que vous seriez auprès de Menley.

 

Frank lève les yeux vers Ursula.

 

FRANK : Pourquoi ?

 

URSULA : Vous n'êtes pas au courant ?

 

FRANK : Non... de quoi ?

 

URSULA : Mon Dieu !.. Mais Menley est à l'hôpital... je suis désolée Frank... je pensais que vous étiez au courant. D'ailleurs j'étais gênée de vous voir ... enfin de nous voir rire de Mlle Judical .. après ce qui s'est passé ...

 

FRANK (inquiet) : Qu'est-il arrivé à Menley ?

 

 

 17  HÔPITAL MEMORIAL, CHAMBRE DE MENLEY

 

Menley est couchée dans son lit, occupée à fixer le plafond. Quelqu'un frappe à la porte et la caméra mobile se tourne vers l'entrée. La porte s'ouvre tout doucement. Frank apparaît avec un bouquet de fleurs dans la main. Menley tourne vers lui un regard sans expression.

 

FRANK : Je... Ursula vient de m'apprendre ce qui s'est passé. Comment vas-tu ?

 

Menley ne répond pas.

 

FRANK : J'aurais tant voulu...

 

MENLEY (l'interrompant) : Cette histoire ne te regarde pas. Tu n'as pas à te sentir concerné.

 

FRANK : Mais pourtant je le suis. Crois-le ou non, je t'aime et je... je ne supporte pas de te voir dans cet état.

 

MENLEY : Frank, s'il te plaît, laisse-moi seule.

 

FRANK : Menley, je...

 

MENLEY (interrompant Frank et perdant son sang froid) : Mais bon sang, Frank, je ne sais plus où j'en suis ! (elle pleure) tout ce gâchis. Tout ce que je fais se termine toujours de la même façon. J'avais placé tant d'espoir dans notre couple, et aujourd'hui... et puis maintenant, ce... va-t'en. Je ne veux plus te voir.

 

Penaud, et sachant qu'il est inutile de discuter, Frank sort doucement de la pièce. Menley continue à pleurer.

 

 

 18  AU CABINET FARRIS, BUREAU DE KELLY

 

Jenny est assise en face de Kelly, son bloc note à la main. Kelly finit de lui dicter une lettre.

 

KELLY : Veuillez agréer, etc. etc. etc. ...

 

JENNY : Cette histoire est incroyable ! Elle est vraiment... tombée... je veux dire... deux étages plus bas.

 

KELLY : Oui, ça paraît difficile à croire, n'est-ce pas ?

 

JENNY : Heureusement, elle va bien.

 

KELLY : Physiquement, oui. Mais mentalement, je me fais du soucis pour elle, je vous l'avoue.

 

La discussion est interrompue par la sonnerie du téléphone. Naturellement, Jenny se lève et décroche.

 

JENNY : Cabinet Farris...

 

Elle tend le combiné à Kelly.

 

JENNY : C'est le centre St. Alexis.

 

L'air interrogateur, Kelly prend le combiné.

 

KELLY : Ici Kelly Farris... Quoi ? ! Ce n'est pas possible... je ne comprends pas... Comment ça disparu ? !... Très bien, j'arrive tout de suite.

 

Kelly raccroche et devant l'air déconcerté de Jenny, se doit de lui donner une explication.

 

KELLY : Il paraît que Stuart a disparu. Je cours au Centre. Appelez David et dites-lui de se rendre à ma place chez Ludlow pour l'affaire des tableaux volés. Il connaît le dossier, on l'a étudié ensemble la semaine dernière.

 

JENNY : D'accord. Comment Stuart a-t-il pu ... disparaître ?!?!.

 

Kelly ne répond pas, elle se lève et quitte le bureau précipitamment.

 

 

 19  AU CENTRE SAINT ALEXIS

 

KELLY : Mais c'est une histoire absolument farfelue que vous me racontez là, Monsieur Gimms !

 

Kelly semble très en colère. Elle se trouve devant le docteur Gimms, qui dirige le centre Saint Alexis. Ils sont à la réception. Gimms semble gêné de voir Kelly faire de l'esclandre devant tout le monde.

 

GIMMS : Madame Farris, je pense que nous serons mieux dans mon bureau...

 

KELLY : Je ne veux pas aller dans votre bureau, je veux qu'on retrouve mon mari ! Comment une chose pareille a pu se produire ? C'est inconcevable.

 

GIMMS : J'en suis le premier étonné. Notre Centre a la réputation...

 

KELLY : Vous n'allez pas me faire un discours sur la réputation de votre Centre. Pas maintenant. Je veux que vous mettiez tout en œuvre pour retrouver Stuart.

 

GIMMS : C'est déjà fait, Madame. La police est prévenue.

 

KELLY : Encore heureux que vous ayez prévenu la police ! Je vous rappelle qu'une criminelle est en liberté et c'est peut-être elle qui a enlevé Stuart !!! Qui l'a vu pour la dernière fois ?

 

GIMMS : Il venait de terminer une séance de rééducation à la piscine au sous-sol et devait rejoindre son ergothérapeute en salle de soin au premier étage.

 

KELLY : Qui est le brancardier qui s'est occupé du transfert ?

 

GIMMS : Nous l'ignorons. (hésitant) Personne n'y a prêté attention ... (tentant de se reprendre) Je veux dire par là ... au brancardier ... (décontenancé par le regard de glace que lui oppose Kelly) Pas à votre mari qui a toujours était ... heu ... entouré par toute l'équipe.

 

KELLY (portant ses deux mains sur son front) : C'est un cauchemar.

 

A quelques mètres de la scène, la caméra mobile nous montre Jessica, qui observe Kelly et Gimms, l'air perplexe.

 

 

 20  DANS UN APPARTEMENT à CORONNELL STREET

 

Tim est affalé sur un canapé, dans un appartement miteux de Coronnell Street. La porte d'entrée s'ouvre et Jason entre dans l'appartement. Tim se lève.

 

TIM : C'est pas trop tôt. On pourrait savoir où tu étais ?

 

JASON : Ca ne te regarde pas, mec. Alors, ferme-là !

 

TIM : Tu pourrais au moins me dire ce que je fais ici.

 

JASON : Tu le sauras bien assez tôt.

 

Jason se dirige vers l'armoire de la cuisine et en sort deux canettes de bière. Il en jette une à Tim. Ce dernier la rattrape tant bien que mal.

 

TIM : Je ne comprends rien.

 

JASON : Y'a rien à comprendre, mec. Contente-toi d'obéir à ce que je te demande de faire, Ok ?

 

Tim se rassoit et ouvre sa canette de bière, tout en observant Jason.

 

TIM : Comment se fait-il que tu sois sorti de prison... ?

 

JASON : Un coup de chance.

 

TIM : Tu t'es fait la malle ?

 

Jason ne répond rien et déguste sa bière. Soudain, Tim se frappe à la tête, comme s'il venait de comprendre une évidence.

 

TIM : C'est à cause de Nanne, c'est ça ?

 

Jason regarde Tim.

 

TIM : Tu ne supportes pas qu'on soit mariés.

 

Jason regarde Tim et la surprise se lit sur son visage.

 

JASON : Toi... et Nanne ? Mariés ?

 

Il éclate de rire.

 

JASON : Toi... et Nanne ? ....

 

Rien ne peut arrêter Jason dans son rire nerveux. Tim le regarde, dépité.

 

 

 21  HÔPITAL MEMORIAL, CHAMBRE DE MENLEY

 

Nanne se trouve face à Menley.

 

MENLEY : Nanne, pourquoi est-ce que tu es venue ici ?

 

NANNE : Je veux savoir, Menley.

 

MENLEY : Je n'ai pas envie de discuter.

 

NANNE : Pourquoi est-ce que tu as dit que c'est Tim qui t'a violée ?

 

MENLEY : Parce que c'est la vérité. Je suis désolée pour toi, Nanne, mais c'est la vérité.

 

Nanne se met à pleurer.

 

NANNE : Je n'en crois pas un mot.

 

On sent que Menley a de la peine pour Nanne.

 

MENLEY : Nanne, je t'en prie. Cette situation est très pénible pour moi.

 

NANNE : Tu mens, Menley, je le sais. Ce que je ne sais pas, c'est pourquoi. Tim n'aurait jamais fait une chose pareille.

 

MENLEY : Il l'a fait, Nanne.

 

NANNE (criant) : Arrête ! Ne redis jamais plus ça devant moi !

 

MENLEY : C'est toi qui est venue me voir, tu voulais la vérité. Et tu l'as maintenant. Ne t'approches plus de lui, Nanne. Ce type est dangereux.

 

NANNE : Tu me dégoûtes, Menley. Je ne sais pas pourquoi tu nous fais autant de mal, à moi et à Tim. Mais on ne se laissera pas faire. Tu es jalouse parce que ton couple avec Frank est fini.

 

Elle quitte la chambre en claquant la porte, laissant Menley désemparée. 

 

 

 22  UNECAIN, SALLE INTERDITE

 

Gil consulte un planning, tandis que Lacey entre dans la salle. Elle semble exténuée. Elle se dirige vers la machine à café et se sert un expresso, avant de rejoindre Gil. Ce dernier lève la tête en la voyant arriver. Lacey dépose le gobelet sur la table et soupire.

 

GIL : Tu as l'air crevée.

 

LACEY : Je le suis. Cette histoire avec Menley m'a secouée.

 

GIL : Comment va-t-elle ?

 

LACEY : Mieux. Je vais la chercher dès la fin des cours. Je pense que dans un premier temps, elle va habiter chez moi, c'est mieux pour elle.

 

GIL : Il lui faudra du temps pour oublier. Et Tim ? Des nouvelles ?

 

Lacey secoue la tête tout en buvant une gorgée du café.

 

GIL : Je n'arrive pas à croire qu'il ait pu faire une chose pareille. Il est vraiment malade. J'espère que Nanne ne l'approchera plus.

 

LACEY (avec un clin d'œil) : La voie est libre...

 

GIL : Arrête !

 

LACEY : Eh, vous êtes faits pour vous entendre, non ?

 

GIL : Je trouve ta remarque déplacée dans le contexte actuel. Est-ce que je te demande où vous en êtes Eric et toi ?

 

Lacey se renfrogne.

 

LACEY : Sujet tabou.

 

Gil se lève.

 

GIL : Il faut que j'y aille. J'ai un match dans cinq minutes.

 

Gil s'en va et Lacey soupire. Elle observe le téléphone se trouvant sur la table et, impulsivement, décroche le combiné et compose un numéro.

 

Dans la maison des Krueger, c'est la fidèle Madame Struggles qui répond.

 

LACEY : Madame Struggles ? Lacey Calvin. Est-ce que Eric est là ?

 

MME STRUGGLES : Désolée, Mademoiselle, mais Monsieur Krueger n'est pas ici.

 

LACEY : Vous savez quand il doit revenir ?

 

MME STRUGGLES : Dans trois jours normalement.

 

Lacey bondit de sa chaise.

 

LACEY : Quoi ? Mais c'est impossible... il m'aurait prévenu !

 

MME STRUGGLES : Pourtant c'est ce qu'il m'a dit ce matin, lorsqu 'il est parti.

 

LACEY : Merci.

 

Elle raccroche, sous le choc de la nouvelle. Elle regarde une nouvelle fois le téléphone.

 

LACEY (pour elle) : Est-il possible ?...

 

Elle ouvre le tiroir du bureau et en sort un annuaire. Elle cherche un numéro et une fois trouvé, elle le compose puis s'éclaircit la voix.

 

UNE FEMME : Garden Hill.

 

LACEY : Oui, bonjour. J'aimerais parler à Mlle Jillie Perkins, s'il vous plaît. Je suis sa sœur.

 

LA FEMME : Un instant.

 

Lacey attend patiemment. La femme doit faire des recherches. Au bout de quelques secondes, la femme revient.

 

LA FEMME : Je suis désolée Madame, mais votre soeur n'est plus chez nous.

 

LACEY : Que voulez-vous dire ?

 

LA FEMME : Rien de plus. Nous ne sommes pas autorisés à donner plus d'informations sur les patients du centre même aux membres de leur famille.

 

Lacey raccroche le téléphone sans répondre. Elle a obtenu l'information qu'elle voulait, et qu'elle craignait.

 

 

 23  L'APPARTEMENT DE CORONNELL STREET

 

Les bras croisés, l'air boudeur, Tim regarde Jason occupé à lire un énorme livre dont la couverture est noire.

 

TIM (exaspéré) : J'aimerais savoir combien de temps on va rester encore ici, et pourquoi je suis ici. Deux petites questions. Ce n'est pas bien compliqué pour y répondre, non ?

 

Jason continue à parcourir son livre, sans un regard pour Tim. Le téléphone portable de Jason se met à sonner. Il abandonne à contrecœur sa lecture pour répondre.

 

JASON : Oui... d'accord...

 

Puis il raccroche et se lève.

 

JASON : Allez, on y va !

 

TIM : Pas trop tôt.

 

 

 24  CORONNELL STREET

 

Jason sort de l'immeuble, suivit de Tim. Ils empruntent un porche qui débouche sur une petite cour mal entretenue. Parmi les ronces se trouve une camionnette. La caméra mobile suit Jason et Tim qui se dirige vers le véhicule. Jason ouvre la porte et fait entrer Tim. A son tour, il entre et démarre la camionnette.

 

TIM : Je peux savoir où on va ? (n'obtenant pas de réponse, il se renfrogne) : non... bien sûr que non, je ne peux pas savoir...

 

Soudain, Tim se tourne et ne peut réprimer un cri. Il se fige.

 

TIM : C'est quoi, ça ?

 

La caméra mobile se tourne vers l'arrière de la camionnette où se trouve un grand sac en plastique. A l'intérieur duquel se trouve visiblement un cadavre.  

 

TIM : C'est un... il est mort ?

 

JASON : T'occupes !

 

Tim lève les yeux au ciel.

 

TIM : Oh non, ça ne va pas recommencer. Ras-le-bol des cadavres.

 

La camionnette sort de la cour et emprunte Coronnell Street.

 

 

 25  HÔPITAL MEMORIAL, CHAMBRE DE MLLE JUDICAL

 

La directrice est avec Daria. Celle-ci a les yeux fermés, et inspire et expire très fort, devant le regard ahuri de Mlle Judical.

 

MLLE JUDICAL : Daria, quelque chose ne va pas ?

 

Daria ouvre les yeux et sourit.

 

DARIA : Ca y est !

 

MLLE JUDICAL : De quoi parlez-vous ?

 

DARIA : Oh, Alice, je l'ai senti... je l'ai senti très fort. Votre âme... elle vibre ! Elle est au même niveau que mon âme. Nous somme en osmose totale, Alice. C'est formidable !

 

Mlle Judical lève les yeux au ciel, visiblement exaspérée par les propos de son employée.

 

MLLE JUDICAL : Bien ! Puisque nous devons communiquer avec nos âmes respectives, mon âme demande à la vôtre si vous avez réussit à joindre Kelly Farris. Je... enfin mon âme aimerait savoir si l'âme de Kelly a progressé en ce qui concerne notre affaire.

 

Daria n'a pas le temps de répondre, car Lacey entre dans la chambre.

 

MLLE JUDICAL : Mlle Calvin, on ne vous a pas appris à frapper avant d'entrer ? (n'attendant pas de réponse) : non... bien sûr que non, on ne vous a pas appris grand chose dans la vie.

 

LACEY : Où est Jillie ?

 

MLLE JUDICAL : Comment voulez-vous que je le sache ? Je suis enfermée dans cet hôpital depuis des semaines ! On m'y traîne de service en service.

 

LACEY : Voyons, vous n'allez pas me faire croire ça. Jillie ne peut pas aller aux toilettes sans vous demander la permission.

 

MLLE JUDICAL : Lacey, vous m'exaspérez. Je vous demanderai de bien vouloir sortir de ma chambre.

 

LACEY : Je veux simplement savoir où se trouve Jillie.

 

MLLE JUDICAL : Aux dernières nouvelles, elle suivait une cure de désintoxication à Garden Hill.

 

LACEY : Elle n'y est plus.

 

Mlle Judical lève vers Lacey un regard surpris.

 

MLLE JUDICAL : Quoi ?

 

LACEY : Ne jouez pas l'hypocrite, bien que ce rôle soit votre préféré. Vous savez où est Jillie et vous savez avec qui elle est.

 

MLLE JUDICAL (pour elle-même) : Flora... elle est au courant...

 

Lacey ne comprend pas.

 

LACEY : Quoi ? Qu'est-ce que Flora vient faire dans cette histoire ?

 

MLLE JUDICAL : Daria... allez prévenir l'infirmier de service qu'une personne m'importune...

 

LACEY : Inutile de vous donner cette peine, Daria. Je m'en vais. (à la directrice) Vous appartenez à la pire espèce que j'ai jamais connu.

 

 

 25  DANS UN APPARTEMENT - LIEU INCONNU

 

Une femme filmée de dos entre dans son appartement les bras chargés de sacs à provision. Elle pose ses achats sur le comptoir de la cuisine puis allume machinalement la télévision qui se trouve dans la pièce principale et retourne ranger ses affaires. La caméra reste fixé sur l'écran de télévision.

 

C'est l'heure du journal télévisé. Le journaliste, prend un air grave. En haut à droite de l'écran, on aperçoit le visage de Stuart.

 

LE JOURNALISTE : Nous venons d'apprendre l'enlèvement de Stuart Farris, célèbre avocat de Garden Place, au Centre Saint-Alexis où il suivait une rééducation après la tentative d'assassinat dont il a été victime il y a quelques mois. La police est toujours à la recherche d'une femme connue sous le pseudonyme de Marie Jo seule suspecte dans ces deux affaires ... Sport. Le match des ...

 

La femme met en veille la télévision à l'aide de la télécommande.

 

La caméra mobile, se tourne alors vers la femme. La surprise se lit sur son visage. Il s'agit de ... Jane Strombaski.

 

 

 26  AU BORD D'UNE ROUTE ABANDONNÉE

 

La caméra mobile attend la camionnette qui vient à sa rencontre. Le véhicule s'arrête au bord de la route. Jason Patrick descend le premier, suivit de Tim.

 

TIM : Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

 

Jason ne répond pas et se contente d'aller au bord du précipice et d'admirer le panorama qu'offre le soleil couchant sur les montagnes californiennes.

 

TIM : Bon, je résume ... je me trouve avec un ex taulard au beau milieu de nulle part en compagnie ... encore une fois ... d'un macchabée à l'arrière d'une camionnette. C'est quoi la prochaine surprise ?

 

Une voiture - la voiture de Tim - se gare juste à côté de la camionnette. Tim fronce les sourcils. Il est encore plus surpris lorsqu'il aperçoit les jambes de la conductrice qui descend du véhicule et se dirige vers eux.

 

TIM : Kelly ? Mais... qu'est-ce que c'est que cette histoire de fou ?

 

Kelly ignore Tim et se tourne vers Jason.

 

KELLY : Il est là ?

 

Jason hoche la tête et va ouvrir les portes arrière de la camionnette.

 

TIM : Kelly, je t'en prie, dis-moi ce qui se passe.

 

Kelly se contente de regarder Tim et le gifle violemment.

 

KELLY : Ca c'est pour la sœur de David !

 

Tim porte sa main à sa joue et se tait.

 

Jason sort le cadavre et le pose à terre. Il ouvre la fermeture éclair et retire le sac noir qui enveloppait le corps. Le visage de Stuart, les yeux clos, apparaît. Tim s'approche et regarde le cadavre avec une surprise non cachée.

 

TIM : Stuart ! Mon Dieu, mais c'est Stuart ! Qu'est-ce qu'il...

 

Le regard glacial de Kelly suffit à interrompre Tim qui porte de nouveau sa main sur sa joue endolorie.

 

TIM (en baissant les yeux) : D'accord, d'accord... je me tais.

 

Jason tend un sac rempli de vêtements à Tim.

 

JASON : Tiens, enfile ça !

 

TIM : Quoi ?

 

JASON : Ne pose pas de question et change toi.

 

Tim obtempère, il entre dans la camionnette  et commence à se déshabiller.

 

Kelly s'approche de Stuart. Elle le regarde et se fige. Stuart vient d'ouvrir les yeux.

 

KELLY (en colère et se retournant brutalement vers Jason) : Il n'est pas mort !

 

JASON : Quoi ?

 

Tim vêtu de ses nouveau habits ressort de la camionnette, complètement déconcerté, il suit la scène sans réagir.

 

KELLY (à nouveau étonnamment calme) : Il n'est pas mort.

 

JASON : Merde ... Qu'est-ce qu'on fait ?

 

KELLY (de plus en plus imperturbable, à Jason) : Achève le.

 

JASON : Comment ?

 

KELLY : Il était prévu de le défigurer à coup de masse pour empêcher toute identification, n'est-ce pas ? Alors fais le.

 

JASON : Mais ... il est vivant ?!?!

 

KELLY : Tu n'as qu'à t'en prendre à toi même ... après tout si tu t'étais montré capable de mettre un terme à ses souffrances d'une manière plus douce, tu nous aurais épargné à tous ces désagréments.

 

JASON (en fixant Stuart) : J'étais pourtant sûr de mon coup en lui injectant une bulle d'air dans sa perfusion.

 

La caméra s'immobilise sur le visage inexpressif de Stuart, les yeux grands ouverts.

 

KELLY (hors champs) : Finissons en.

 

Jason va vers la camionnette et en sort un cric.

 

TIM : Tu ne vas pas ?... Kelly, il ne va pas... ?

 

Mais Jason et Kelly l'ignorent. Un clignement des yeux de Stuart et Jason abat avec une violence inouïe le cric sur son visage. On entend le craquement sinistre des os. Tim se retourne et vomi. Jason regarde Kelly le visage fermé.

 

JASON : Je crois qu'il est mort.

 

Kelly récupère les anciens vêtements de Tim dans la camionnette et les tend à Jason qui s'en sert pour habiller le corps dénudé de Stuart.

Jason et Kelly prennent ensuite le corps de Stuart et l'emmènent dans la voiture de Tim, ils l'installent à la place du conducteur. Ensuite, Kelly rejoint Tim qui a suivi toute la scène à l'écart.

 

KELLY : Te voilà libre, Tim.

 

TIM : J'ai peur de comprendre.

 

Kelly lui tend une enveloppe.

 

KELLY : A compter d'aujourd'hui, Tim O'Connell est mort. Dans cette enveloppe tu trouveras l'adresse d'une personne à San Francisco. Elle te fournira une nouvelle identité. Je lui ai également confié la somme de 50 000 dollars à te remettre en échange d'un dernier service.

 

TIM : Lequel ?

 

KELLY : Tout est dans l'enveloppe. Tu acceptes ?

 

TIM : Est-ce que j'ai vraiment le choix ?

 

KELLY (portant son regard sur le corps de Stuart dans la voiture) : On a toujours le choix.

 

TIM : Ok, j'accepte.

 

KELLY : Parfait. (elle se tourne vers Jason) : Tu es prêt ?

 

Jason hoche la tête. Il enlève le frein à main de la voiture de Tim et la pousse dans le précipice. La voiture amorce sa lente chute, heurtant des rochers et faisant des embardées. Une fois parvenue au bout de son voyage, la voiture prend feu, puis explose.

 

" Devil Woman " de Cliff Richard accompagne les dernières images de la scène finale.

 

Le sourire machiavélique de Kelly est accentué par le reflet des flammes dans ses yeux. Derrière elle Jason se signe alors que Tim accroupi tourne le dos à la scène en se prenant la tête des deux mains.

 

 

 SPECIAL GUEST STAR

 

 GÉNÉRIQUE DE FIN