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1 à GREAT GARDEN PRÈS DU LAC, SAMEDI MATIN
Gil a réussi à convaincre Frank de se joindre à lui pour son jogging. Frank le suit péniblement.
FRANK (essoufflé) : Ouff ... Je n'en peux plus ...
GIL : Allez ... Encore un effort ... Plus qu’un kilomètre.
FRANK (le front en sueur) : Non, vraiment, je n'y arrive plus ... Continue sans moi ... je termine en marchant ...
GIL : Ok, on se retrouve à l'appart ...
FRANK : Ouais ...
Gil poursuit son jogging tandis que Frank se laisse tomber sur le premier banc qui se présente à lui.
Derrière lui …
UNE VOIX D'HOMME : Bonjour Frank.
Frank ouvre les yeux, la lumière du soleil empêche Frank de voir le visage de l'homme qui se penche sur lui. Il porte sa main à son front pour se protéger du soleil ...
FRANK : Aiden ?!?!
AIDEN : Comment vas-tu ?
FRANK : Heu ... (Surpris) ... Je veux dire bien, je vais bien.
AIDEN : Tu fais souvent ton jogging dans ce parc ?
FRANK : C'est un ami qui m'a entraîné ici ce matin. Je n'ai plus l'habitude de courir.
AIDEN : J'ai vu !
FRANK : Tu me suivais ?
AIDEN : Non, je t'ai aperçu ... par hasard.
FRANK : Tu vis à Garden Place ?
AIDEN : Depuis quelques semaines.
FRANK : Tu en as eu assez de San Francisco ?
AIDEN : On peut dire ça comme ça.
Frank se lève.
AIDEN : On continue ensemble ?
FRANK : Comment ?
AIDEN : Le jogging !
FRANK : Ha oui, si tu veux. L'ami qui était avec moi a poursuivi seul, je ne pouvais plus le suivre ... Normal, c'est un prof de sport, il est plus entraîné que moi ...
Aiden, le pied droit contre le banc, relace une des ses chaussures.
FRANK : Au fait, tu travailles où ?
AIDEN (en reprenant sa course) : Je suis prof de sport ...
FRANK : Ha ...
Frank se met à suivre Aiden.
2 MAISON DES KRUEGER
La caméra nous offre un plan panoramique de la chambre. Les volets sont fermés et il fait sombre. Flora est assise dans un coin de la pièce. La caméra zoome sur elle. Elle ne bouge pas. On pourrait penser qu'elle dort, mais ses yeux sont ouverts, fixant un objectif qu'elle ne peut pas voir.
La porte de la chambre s'ouvre sur Eric. Il s'approche de la fenêtre et ouvre les volets, projetant ainsi une lumière naturelle dans la pièce. Si Flora ne peut la voir, au moins réchauffera-t-elle son visage et son cœur. Mais l'attitude de Flora ne change pas. Elle reste prostrée. Eric s'approche d'elle.
ERIC (doucement) : Flora ? Vous n'êtes pas venue prendre le petit déjeuner. Vous allez bien ?
Pas de réponse.
ERIC : Maître Lu Ming vient en fin de matinée pour la lecture du testament. Je lui ai demandé de venir à la maison, je pense que ce serait plus simple pour vous.
Toujours aucune réponse de Flora, qui reste prostrée dans son fauteuil. Eric soupire.
ERIC : Ca fait deux semaines maintenant que vous vous murez dans le silence de cette chambre. Vous ne pensez pas qu'il est temps de refaire surface ?
Flora bouge la tête, comme si elle venait de se réveiller.
FLORA : J'ai tout perdu Eric. Comment je pourrais refaire surface ? Je n'en ai ni l'envie, ni le courage.
ERIC : Pensez à Joe. Croyez-vous qu'il aurait aimé vous voir réagir de la sorte ?
FLORA : Le problème, Eric, c'est que je ne fais que penser à Joe. Je ne peux pas penser à autre chose... pas maintenant.
ERIC : Je me fais du souci pour vous, Flora.
FLORA : Eric, tu t'occupes toujours du Garden Place Tribune, n'est-ce pas ?
ERIC : Oui.
FLORA : Très bien, ton père tenait beaucoup à ce journal, tu sais.
Eric fronce les sourcils. Depuis la mort de Joe, Flora sombre dans une dépression que rien ne semble pouvoir atténuer.
3 APPARTEMENT DE NANNE
Tim lui aussi est déprimé, mais pour d'autres raisons. Assis sur le canapé de la pièce principale, il observe Nanne occupée à écrire son roman sur l'ordinateur. Nanne, de son côté, n'est ni inspirée, ni concentrée à sa tâche. Elle songe à Tim et au fait qu'il a prit de grandes distances vis-à-vis d'elle depuis le drame du hold-up à la banque.
Décidée à avoir enfin une explication sensée, elle enregistre le maigre travail qu'elle a effectué, se lève et se dirige vers le canapé où Tim, avec sa barbe de deux semaines, fait semblant de lire un magazine.
NANNE : Tim, il faut qu'on parle !
TIM : Ecoute, Nanne, je n'ai vraiment pas envie de parler.
NANNE : Il le faudra bien, pourtant. Ca fait deux semaines maintenant que tu ne m’adresses presque plus la parole. Tu parles par monosyllabes. On ne parle plus de nos projets d’avenir... qu'est-ce qui se passe ?
TIM : Rien...
NANNE : Arrête Tim. Je sais que quelque chose te tracasse. Nous n'avons plus fait l'amour depuis qu'on est revenu du Lac Tahoe.
Tim se lève, énervé.
TIM : Tu ne penses vraiment qu'à ça ! Le sexe... le sexe... le sexe !!! Il n'y a vraiment que ça qui fait tourner le monde, ç’est pas possible !!!
NANNE : Tim, je te parlais d'amour, pas de sexe. Je n'arrive pas à comprendre ta réaction.
TIM : Laisse tomber, Nanne.
Tim prend sa veste et quitte l'appartement. Désormais seule dans l'appartement, Nanne soupire.
GÉNÉRIQUE DE DÉBUT
SPECIAL GUEST STAR
4 FLOWERS STREET, APPARTEMENT DE DAVID
David est endormi sur le canapé du salon de son appartement. La télévision est restée visiblement allumée toute la nuit et diffuse les images d'une émission de téléachat.
On frappe à sa porte.
David reste endormi.
On frappe à nouveau à la porte, avec plus d'insistance.
DAVID (maugréant) : Argh ... Hummm ..
Maintenant la personne frappe violemment à la porte.
DAVID (somnolent) : J'arrive ...
Il se lève péniblement et va ouvrir la porte. Il porte un caleçon et un large tee-shirt "Bart Simpson"
DAVID : Lacey ?!?
LACEY (tout sourire aux lèvres) : Bonjour David !
DAVID : Que viens-tu faire chez moi à cette heure ?
LACEY : Je t'ai apporté des croissants , tu aimes toujours les petits déjeuners français ?
DAVID (mal réveillé) : Quoi ?
LACEY : J'en ai pris pour trois cette fois, au cas où ... (avec un clin d'œil)
DAVID (sans conviction) : Ha Ha.
LACEY : Je sais. Je sais, il est près de 11 heures mais c’est le week-end, non ? Y a pas d’heure pour prendre un p’tit déjeuner le samedi. Et puis … (hésitante) … j'ai besoin de parler à un ami.
DAVID : On est ami ? (avec un clin d'œil)
David est maintenant tout à fait réveillé.
DAVID : Je vais préparer du café.
Lacey le suit dans la cuisine. Elle remarque le désordre qui règne dans l'appartement. Les boîtes en carton contenant des reliefs de pizzas et des bouteilles de bière vides.
LACEY : Il te faut une femme ...
DAVID (le visage exprimant de l'incompréhension) : ...
LACEY : ... de ménage.
DAVID (sans conviction) : Très drôle.
LACEY : Tu es sorti la nuit dernière ?
DAVID : Non, plus depuis près de deux semaines.
LACEY : Beaucoup de chose ont changé depuis quinze jours.
DAVID : J'en ai assez de ... me disperser.
LACEY : Cela va rassurer Menley. Elle s'inquiétait de tes ... sorties.
DAVID : Je sais.
David sert les cafés.
DAVID (changeant de conversation) : Alors que me vaut ta visite ?
LACEY : La mort de Joe a bouleversé les vies de Flora et d'Eric ainsi que la mienne ... J'ai peur de perdre Eric.
DAVID : Hum … Voilà qui est clair et précis. Il va certainement s'installer à Garden Place et s'occuper du journal, non ?
LACEY : Oui, et mon problème c'est Jillie, elle va bientôt quitter Garden Hill.
DAVID : Menley m'a un peu parlé d'elle ... de toi … et d’Eric.
LACEY : Une sale alcoolique. Mais je crains qu'Eric ait pitié d'elle et ne s'en rapproche.
DAVID : Eric a bien d'autres soucis en ce moment que de s'occuper de Jillie. Il a surtout besoin de ton soutien.
LACEY : Ouais. Mais je ne suis pas tranquille. Enfin, restons optimistes, après la tempête revient toujours le beau temps. Tout rentrera dans l'ordre.
DAVID : Voilà qui est bien parlé !
LACEY : Et toi, David ... Tu es amoureux, n'est-ce pas ?
DAVID (surpris) : ...
LACEY : Il suffit de voir l'état de ton appart pour en conclure que ton esprit est ailleurs.
David prend un croissant, sourit mais ne la contredit pas ...
5 CHEZ BRONSKI
Tim est à une table, devant un petit déjeuner peu copieux composé d'un café et de deux toasts qu'il n'a pas touché. Beth entre dans le café et se fige en voyant l'état déplorable dans lequel se trouve Tim. Cheveux longs en bataille, barbe de plusieurs jours, visage blanc comme un cachet d'aspirine et cernes sous les yeux, on a l'impression qu'il sort tout droit d'un remake du film "le retour des morts-vivants". Elle s'approche de lui et s'assoit en face.
BETH : Tim ! Tu as une mine affreuse ! On dirait que tu n'as pas dormi depuis quinze jours. C'est ta "Mary Poppins" qui te met dans cet état là ? Tu sais, Nanne est une fille qui semble...
TIM (l'interrompant) : La ferme, Beth. Tiens...
Tim lui tend une enveloppe.
TIM : 300.000 $ comme convenu. Tu peux compter si tu veux.
BETH : Pas la peine. Mais je ne te fais pas confiance pour autant, et s'il manque un dollar, tu entendras parler de moi !
Tim a les yeux baissés sur son café. Beth remarque que quelque chose ne va pas chez lui. Après avoir soigneusement mis l'enveloppe dans son sac, elle fronce les sourcils et l'observe.
BETH : Tim, qu'est-ce qui ne va pas ?
Tim a toujours les yeux rivés sur son café.
BETH : Tim ?
Tim lève alors les yeux vers elle et Beth est choquée de voir qu'ils sont remplis de larmes. Tim est en train de pleurer. La sensibilité de Beth se réveille soudain.
BETH (sincère) : Tim, qu'est-ce qui se passe ?
TIM : C'est... je... Oh, non...!!!!
BETH : Tim, commence par te calmer et raconte-moi ce qui ne va pas.
TIM : C'est... Clancy.
Beth prend soudain peur.
BETH : Oh, mon Dieu ! Ils ont retrouvé le corps !
TIM : Non... non, c'est pas ça.
Tim continue à pleurer. Beth ne l'avait jamais vu dans un tel état, même lorsqu'il était dans les pires ennuis.
BETH : Tim, pour que tu sois dans cet état, il a dû se passer quelque chose de très grave.
Tim reprend sa respiration et tente de se calmer.
TIM : J'ai découvert dans mon appartement le sac à main de Clancy.
BETH : Tu l'as jeté, j'espère !
TIM (ignorant la remarque) : A l'intérieur du sac, il y avait un flacon... un flacon d'AZT et d’autres médicaments.
Beth ne peut s'empêcher de sursauter et aussi de penser aux relations sexuelles qu'elle a eu avec Tim il y a quelques mois. Elle se félicite intérieurement d'avoir toujours pris ses précautions avec les hommes qui ont traversé sa vie.
BETH : Tu as fait le test ?
TIM : Beth, ce n'est pas la peine.
BETH : Tim, tu dois faire le test. Tu en as parlé à Nanne ?
Tim secoue la tête.
TIM : Je n'ai plus fait l'amour avec elle depuis que...
BETH : Bon sang, Tim ! Mais tu es fou ! Il faut que Nanne soit au courant. Tes rapports avec Clancy étaient protégés ?
Tim secoue à nouveau la tête. Beth soupire.
BETH : Tim ! Tu n'as vraiment rien dans la tête ! Et avec Nanne ?
Tim secoue à nouveau la tête.
BETH : Bon, avant tout, ne panique pas, d'accord ? Il faut que tu passes le test, c'est la première chose à faire.
TIM : Mais bon sang, Beth, tu ne comprends pas. Je suis séropositif, je le sais. Je me suis renseigné. J'ai épluché tout ce qu'il y avait sur Internet à propos du SIDA. Quand j'étais au Lac Tahoe, j'ai attrapé une forte fièvre et depuis j’ai toujours ces foutus ganglions ! (Tim porte sa main à son cou). Ca s’appelle une primo-infection.
BETH : Ca ne veut rien dire. Cela pouvait être une simple angine ou un truc dans ce genre. Tu ne peux pas être sûr tant que tu n'as pas fait le test. Ensuite, si tu es séropositif tu devras en parler à Nanne. Elle aussi est concernée. Tu dois penser à elle. Tu le feras, Tim ?
Tim se contente de regarder Beth et toute la détresse du monde se lit dans ses yeux.
6 MAISON DES KRUEGER
Nous sommes dans le bureau de Joe. Maître Lu Ming se trouve devant une petite table. En face d'elle, Eric, Flora et Mme Struggles. Maître Ming regarde l'assistance.
Me MING : Joe a rédigé un nouveau testament, peu après son mariage. Il m'avait demandé de lui rendre visite dans sa chambre d'hôpital pour que je prenne note de ses dernières volontés. Je me suis étonnée de le savoir si pressé, mais il m'a dit qu'après son malaise, il a compris que le temps était précieux.
Lu Ming se racle la gorge et commence à lire le testament. Pendant ce temps, la caméra nous montre en travelling tour à tour Flora, Eric et Mme Struggles.
Me MING : A ma fidèle gouvernante Hariet Struggles, qui m'a toujours soutenu dans les moments les plus difficiles, je lègue la somme de 15.000 dollars et l'argenterie qu'elle a toujours tenu avec soin...
Hariet Stuggles se pince les lèvres. Visiblement, elle attendait plus de son patron.
Me MING : ... A ma douce Flora, je lègue tous les autres biens de cette maison, ainsi que les bijoux de mon ex femme, à l'exception de son alliance, qui revient à mon fils Eric. Concernant le Garden Place Tribune, je décide de faire un partage égal des actions que je possède entre ma femme Flora et mon fils Eric. Je leur fait pleinement confiance pour la gestion du journal.
7 AU MEA CULPA
En milieu de journée, l'établissement est quasiment vide. David y entre et rejoint Amanda qui derrière le bar essuie des verres.
AMANDA (parlant seul) : Je dois tout faire ici !
DAVID : Salut Amanda.
AMANDA : Salut beau fermier du Minnesota. Cela faisait longtemps. Je te croyais enlevé par des extra-terrestres. Que viens-tu faire ici à cette heure ?
DAVID : Je cherche Aiden.
AMANDA : Toi aussi ?!?! Qu'avez-vous tous à courir après ce bel Apollon, aux muscles saillants et au visage de brute ...
David rit.
AMANDA (plus sérieusement) : Tu le cherches pourquoi ?
DAVID : Le remercier.
AMANDA : Il ne travaille ici que certains soirs dans la semaine. Il a un autre travail la journée.
DAVID : Tu connais son adresse ?
AMANDA : Je n'ai pas l'habitude de donner ce genre d'information.
David se montre déçu.
AMANDA : Enfin, originaire du Minnesota, tu as assez souffert dans la vie.
Amanda prend un papier et y griffonne quelques lignes. David sourit.
AMANDA (en lui tentant le papier) : Tiens, mais que cela reste entre nous.
DAVID : Merci Amanda.
8 DANS UN RESTAURANT DU QUARTIER CHINOIS
Aiden et Frank sont à une table et dégustent une fondue chinoise.
AIDEN : Merci d'avoir accepté mon invitation
FRANK : Normal. Cela faisait si longtemps.
AIDEN : Alors. Raconte moi ta vie.
FRANK : Je suis prof de français à l’Unecain. Et depuis la tentative de suicide d’Alice Judical, la directrice de l’école, je la remplace à son poste.
AIDEN : Belle réussite professionnelle.
FRANK : Le poste de directeur est temporaire.
AIDEN : Et les amours ? Comment va Beth ?
FRANK : Beth et moi venons de divorcer. Nous ne nous entendions plus du tout. J'ai rencontré une autre femme, Menley, elle est professeur comme moi à l'Unecain et je vivais chez elle jusqu'à il y a quelques jours.
AIDEN : Vous avez rompu ?
FRANK : Oui et non, elle est obnubilée par une affaire qui ne devrait pas la concerner. Cela nous a éloigné l'un de l'autre. Actuellement je squatte le canapé du salon d'un autre collègue Gil. L’ami avec qui je suis allé courir ce matin.
AIDEN : Comment vois-tu l'avenir ?
FRANK (hésitant) : Aucune idée.
AIDEN : Et si je t'invitais chez moi après le déjeuner pour évoquer le passé. Nos années de fac ?
FRANK (intimidé) : J'attendais que tu me le proposes.
9 MAISON DES KRUEGER, DANS LA CUISINE
LACEY : Et tu comptes faire quoi ?
Eric et Lacey sont devant une pile de vaisselle sale qu'ils disposent dans le lave vaisselle. Mme Struggles a pris congé pour la journée.
ERIC : Poser d'abord les fourchettes en haut, puis les assiettes...
LACEY : Je te parle du journal...
L'ambiance n'est pas au beau fixe entre Lacey et Eric. La tension est palpable.
ERIC (un peu énervé) : Je n'en sais rien Lacey ! J'ai enterré mon père il y a moins de trois semaines, et je me retrouve avec toutes ces responsabilités que je n'ai pas demandé !
LACEY : On devait partir, Eric, souviens-toi.
ERIC : Je le sais, mais il y a de nouvelles donnes maintenant.
LACEY : Tu peux engager quelqu'un qui pourra s'occuper du journal à ta place. Je sais pas moi, un homme en qui tu as confiance, par exemple. Tu lui délègues tes pouvoirs.
ERIC : Ca ne marche pas comme ça !
LACEY : Pourquoi pas ? Toi même tu disais que tu ne voulais pas de ce journal...
Eric jette les couverts sur la table de travail. Lacey sursaute.
ERIC : Je sais où tu veux en venir, Lacey. Tu veux qu'on quitte Garden Place le plus vite possible parce que tu as peur. Tu as peur de Jillie.
LACEY (masquant peu sa gêne) : C'est ridicule !
ERIC : Oh, non, et tu le sais très bien. Loin d'ici, Jillie ne sera plus une menace pour toi, c'est ça ?
Eric se dirige vers la sortie.
LACEY : Où vas-tu ?
ERIC : Voir Jillie. Je l'ai appelé tout à l'heure. Je vais aller prendre de ses nouvelles... (il ajoute, sarcastique)... si tu n'y vois pas d'inconvénients.
Lacey secoue la tête d'un air entendu.
LACEY : J'en étais sûre. Tu te laisses encore une fois manipulé par cette fille...
ERIC : Entre nous, Lacey. Tu es bien placée pour parler de manipulation. Dans cet exercice, tu excelles.
Il quitte la pièce, laissant Lacey perplexe.
10 APPARTEMENT D'AIDEN
On sonne à l'interphone.
Vu de la pièce principale de l'appartement. Personne ne répond à l'appel.
Long silence puis ... quelqu'un frappe à la porte en insistant.
AIIDEN (hors champ) : Je viens !
Il sort de sa chambre, en caleçon torse nu et ouvre la porte.
AIDEN : Beth !?
BETH : Bonjour Aiden.
AIDEN : Je ne t'attendais pas.
BETH : Une de tes charmantes voisines m’a ouvert la porte de l’immeuble. Je peux entrer ?
AIDEN (hésitant) : C’est à dire que …
BETH (l’interrompant) : J'ai eu envie de te voir. Beaucoup de chose vont mal autour de moi en ce moment et j’avais besoin de me changer les idées.
AIDEN : Je n'ai pas le temps de te recevoir.
BETH (portant son regard sur Aiden, des pieds à la tête, puis derrière son épaule) : Tu n'es pas seul ?
C’est à cet instant que Frank sort de la chambre à son tour, dans la même tenue qu'Aiden.
BETH (pas vraiment surprise) : Frank.
AIDEN (à Frank) : Pourquoi es-tu sorti de la chambre ?
FRANK (aux deux autres) : Cela ne vous rappelle rien ? (à Aiden) Quand tu m'as parlé de ta rencontre avec Beth, je savais que tous les trois nous devions nous retrouver un jour ou l'autre.
BETH : Mieux vaut tôt que jamais, n'est-ce pas Frank ?
FRANK : Absolument.
AIDEN : Bon, je crois que nous avons beaucoup de chose à nous dire. Je vais faire des courses et je vous cuisine pour le dîner une de mes spécialités.
Aiden sans attendre leur réponse, va dans sa chambre.
BETH (à Frank) : Comment va Menley ?
FRANK : Je vais prendre une douche.
Aiden revient dans la pièce principale, habillé et se dirige vers la porte de l'appartement.
AIDEN : Soyez sages tous les deux.
Frank se dirige vers la salle de bain.
BETH (à Aiden) : Sois tranquille pour ton appartement, nous savons nous tenir.
Aiden sort de l'appartement.
Beth restée seule dans la pièce se jette sur un fauteuil, repère la télécommande et allume la télévision.
11 À GARDEN HILL
Dans sa chambre, Jillie est assise en tailleur sur son lit. Jessica, quant à elle, est debout devant l'armoire.
JESSICA : Tu m'impressionnes, Perkins. Les progrès que tu fais sont remarquables. Je t'avoue que mes progrès étaient nettement moins évidents que les tiens.
JILLIE : Je prends ça pour un compliment.
JESSICA : N’attrape pas la grosse tête pour autant.
JILLIE : Je sais... je sais... le parcours est long. Mais je me sens beaucoup mieux depuis que je n'ingurgite plus une goutte d'alcool.
JESSICA : C'est un bon point pour toi.
Jessica marche jusqu'à la commode. Elle passe d'un geste automatique l'index sur le cendrier placé en décoration, songeant qu'il est temps d'en venir à l'essentiel.
JESSICA : Et avec Eric, ça se passe comment ?
Le visage de Jillie s'éclaire.
JILLIE : Il vient tout à l'heure.
JESSICA : Fais bien attention, Perkins.
JILLIE : Ne t'inquiète pas. D'ailleurs, j'ai pris une décision.
Jessica hausse les sourcils, impatiente d'écouter la suite.
JILLIE : J'ai décidé qu'il était temps pour moi de dire à Eric ce que je ressens pour lui.
JESSICA : Tu ne crois pas que c'est un peu tôt ?
JILLIE : Je suis encore amoureuse d'Eric. Il doit le savoir.
Jessica ne laisse pas paraître sa désapprobation. Elle se contente d'afficher un maigre sourire.
JESSICA : Il faut que je parte maintenant. J'ai encore du travail au Centre.
JILLIE : Un samedi ?
JESSICA : Je m'occupe d'une personne qui... en vaut la peine. Je passe beaucoup de temps avec lui. Sa rééducation nécessite un travail quotidien pour obtenir des résultats.
Elle s'apprête à quitter la pièce. Mais avant, elle se retourne et sourit à Jillie.
JESSICA : Prends bien soin de toi Jillie.
Jillie lui fait un clin d'oeil.
JILLIE : Comptes sur moi.
Une fois dans le couloir, Jessica soupire. Elle marche le long du couloir et aperçoit alors Eric qui arrive, un bouquet de fleurs à la main. Elle l'aborde.
JESSICA : Eric...
Eric lui sourit.
ERIC : Bonjour Jessica.
Eric montre à Jessica le bouquet de roses.
ERIC : Ce sont les fleurs préférées de Jillie... Comment va-t-elle ?
JESSICA : Eric, je peux être honnête avec vous ? Je voudrais savoir quels sont vos sentiments envers Jillie.
ERIC : Pourquoi cette question ?
JESSICA : C'est une question très importante. Jillie est encore fragile, et elle est toujours amoureuse de vous.
Eric fronce les sourcils.
ERIC : Où voulez-vous en venir ?
JESSICA : J'essaie de vous faire comprendre que Jillie est comme un funambule sur un fil. Une fois qu'elle l'aura traversé, elle aura triomphé. Mais pour l'instant, son équilibre est précaire. Un seul faux pas, et c'est la chute. Jillie attend beaucoup de vous en ce moment. Beaucoup trop, je devrais dire. Elle se raccroche à l'espoir de former un couple avec vous, et c'est précisément ce qui m'ennuie.
ERIC : Pourquoi ?
JESSICA : Après l'alcool, Jillie a trouvé une nouvelle dépendance : vous ! Si elle veut s'en sortir, elle doit le faire seule.
ERIC : Est-ce que vous êtes en train de me suggérer de ne plus la voir ?
JESSICA : Je n'ai pas dit ça. Si vous êtes amoureux de Jillie et voulez construire une relation sérieuse avec elle, alors courez la rejoindre. Mais si ce n'est pas le cas, partez !
Jessica ne laisse pas à Eric le temps de répliquer et se dirige vers la sortie. Seul dans le couloir, Eric réfléchit aux paroles de Jessica.
Fondu enchaîné sur Jillie qui attend dans sa chambre. Elle regarde sa montre et soupire.
Fondu enchaîné de nouveau sur Eric. Résigné, il se retourne, dépose le bouquet de fleur dans une corbeille, et quitte Garden Hill.
12 DEVANT L'IMMEUBLE Où HABITE AIDEN
Aiden sort de l'immeuble quand il est interpellé par David.
DAVID : Aiden !
AIDEN : David ?
DAVID : Je suis passé pour te remercier pour l'autre fois.
AIDEN : C'était inutile de te déplacer pour cela.
DAVID : C'est Amanda qui m'a donné ton adresse. Mais tu sortais ?
AIDEN : Oui, j'ai des courses à faire.
DAVID : Dommage. Nous ne pouvons pas entrer chez toi ?
AIDEN : Nous pouvons aussi nous voir plus tard au club.
DAVID (après avoir hésité) : Je croyais que tu ne consommais pas la marchandise du bar sur place ?
AIDEN (ignorant la remarque) : Mon appart est en désordre, je refais les peintures.
DAVID : Si tu voyais le mien, le désordre ne me gène pas.
AIDEN (d'un ton sec) : Je n'ai pas le temps, David.
DAVID : Ok, je n'insiste pas ... Une autre fois, peut-être ?
AIDEN : Une autre fois.
DAVID : A la prochaine, alors ...
AIDEN : Bye, David.
13 SUPERMARCHé " BONO "
Aiden se trouve au rayon des surgelés. Quand derrière lui ...
UNE VOIX DE FEMME : Le rayon des célibataires.
AIDEN (se retournant) : Vous n'êtes pas célibataire, Kelly
KELLY : C'est tout comme.
AIDEN : Frank est chez moi.
KELLY (faisant mine de choisir parmi les produits surgelés) : Bien.
AIDEN : Beth aussi.
KELLY (masquant sa surprise) : Les affaires vont vite.
AIDEN : Pourquoi en voulez-vous autant à Menley Weaver ?
KELLY : Elle s'est mêlée d'une affaire qui ne la concernait pas, malgré mes recommandations elle insiste. J'ai besoin de détourner son attention.
AIDEN : En brisant son couple ?
KELLY : Frank n'est pas un homme fait pour elle.
AIDEN : Vous dites cela sérieusement ?
KELLY : Bien sûr que non. Frank est bien la dernière de mes préoccupations.
La sonnerie du téléphone cellulaire de Kelly retentit.
KELLY (à Aiden) : Veuillez m’excuser.
Kelly tourne le dos à Aiden.
KELLY (à son correspondant) : Oui ? ( … ) Ah Richard, comment allez-vous ? ( … ) Il sort la semaine prochaine, voilà une bonne nouvelle. ( … ) Merci de votre appel. ( … ) Au revoir.
Kelly range son portable dans son sac et se retourne pour faire face à Aiden.
AIDEN : J'ai un problème.
Kelly fixe Aiden.
AIDEN : David Weaver.
KELLY : Le frère de Menley ?
AIDEN : Il a un faible pour moi.
Kelly sourit.
KELLY (d'un ton ironique) : Vous brisez le couple de la sœur en couchant avec son ex-futur époux tout en séduisant le frère. Vous m'impressionnez Aiden.
AIDEN : Le problème est qu'il ne me laisse pas non plus indifférent.
KELLY (toujours ironique) : Qui ? Frank ?
AIDEN : Vous m'avez très bien compris.
KELLY : Remplissez votre contrat d'abord. Et ensuite occupez-vous de David. Mais n'oubliez pas qu'il travaille aussi pour moi au cabinet.
AIDEN : C'est une menace ?
KELLY : David est un bon avocat, je ne voudrais pas le perdre.
Kelly termine de ranger des surgelés dans son caddie et clôt la conversation.
KELLY : Je dois rentrer, mes surgelés vont fondre.
Kelly tourne le dos à Aiden et se dirige vers les caisses.
AIDEN (à Kelly) : Au revoir, Mme Farris.
Kelly ne lui répond pas.
AIDEN (à lui-même) : Quelle femme étonnante ... et dangereuse.
14 APPARTEMENT DE MENLEY
Nina est en face de Ryan. D'un geste, elle ramène ses longs cheveux en arrière tout en toisant Ryan du regard.
NINA : C'est terminé Ryan, j'en ai plus qu'assez d'être la gentille femme qui attend son mari le soir à la maison. Tu passes tout ton temps avec Jill en ce moment.
RYAN : Je te signale que le temps que je passe avec Jill, toi tu le passe avec Cole.
NINA : J'ai des ambitions professionnelles, et je n'ai pas envie de les gâcher.
RYAN : Nina, écoute, on peut arranger cela...
NINA : On ne peut plus rien arrangé, Ryan. Je te l'ai dit, c'est terminé entre nous.
Nina sort de la pièce en claquant la porte.
A ce même moment, Menley et Lacey poussent un cri de triomphe, tandis que le générique de fin du soap s'affiche à l'écran.
MENLEY : Bravo Nina !
LACEY : Bien fait pour Ryan. Les hommes sont tous à mettre dans le même sac.
MENLEY : Ouais, tu l'as dit !
Elle tend la boite de bonbons aux chocolats à Lacey, qui prend le dernier. Menley regarde la boite, hausse les sourcils et la balance derrière le canapé, avant d'en reprendre une autre, pleine cette fois, qui se trouve juste à ses côtés.
LACEY : Je vois que t'as fait des provisions de chocolats.
MENLEY : Ouais, et de soaps aussi. Je les ai tous enregistré cette semaine et je me les passe en boucle. Je n'ai plus que ça à faire, de toute façon.
LACEY : J'en conclu qu'entre toi et Frank, il y a toujours de l'eau dans le gaz.
MENLEY : Je ne l'ai pas vu de toute la journée. Et en plus, il habite chez Gil maintenant.
LACEY : C'est fini entre vous ?
MENLEY : Je n'en sais rien.
LACEY : Et si tu te décidais à lâcher l'affaire Strombaski, le temps serait plus clément entre toi et Frank.
MENLEY : Ca, pas question ! Je ne vois pas pourquoi je ferai des concessions alors que lui n'en fait aucune. J'en ai marre de me laisser marcher sur les pieds par des mecs. Dès que je sors avec un type, c'est toujours la même chose, il faut marcher comme lui.
Elle accompagne ses paroles en engloutissant un autre bonbon au chocolat. Puis elle regarde Lacey.
MENLEY : Et toi ? Comment ça va avec Eric ? Vous comptez partir bientôt ?
LACEY : Euh...C'est quoi le prochain soap ?
15 MAISON DES KRUEGER, BUREAU DE JOE
Eric parcourt la pièce avec nostalgie. Il observe d'abord les prix que Joe a remportés au cours de sa carrière de journaliste, puis les diplômes affichés au mur, ainsi que les meilleurs articles parus dans le Garden Place Tribune. Il se dirige ensuite vers le bureau et considère la pile d'objet se trouvant dans un sac plastique. Son cœur se serre : il s'agit des effets trouvés par la police dans la voiture de son père. Eric soupire. Il faudra bien s'en occuper un jour où l'autre. Il saisit le sac en plastique et en déverse le contenu sur la plage de travail du bureau. Il trie les papiers, et aperçoit alors la petite cassette. Intrigué, il la prend. Puis haussant les sourcils, il voit que le dictaphone se trouve sur le bureau. Il s'en empare et place la cassette à l'intérieur, avant d'appuyer sur "play". On entend la voix de Mlle Judical...
16 HÔPITAL MEMORIAL, SERVICE DE PSYCHIATRIE
... qui dit ceci :
MLLE JUDICAL : Je dois mettre la main sur cette foutue cassette !
Les cheveux en bataille, le regard fou, Mlle Judical est en face de Missie Parks, un des psychiatres de l'hôpital.
MISSIE PARKS : Pourquoi cette cassette vous obsède-t-elle autant ?
MLLE JUDICAL : Mlle Parks... je dois sortir de cet hôpital. Je ne suis pas folle.
MISSIE : Personne n'a dit que vous êtes folle.
MLLE JUDICAL (haussant la voix) : A vous entendre, on pourrait le penser. J'en ai marre d'être traitée comme une gamine. Et j'en ai marre de vos paroles mielleuses qui n'intéressent que vous ! Je dois récupérer cette cassette !
MISSIE : Vous ne voulez toujours pas me dire ce qu'il y a dans cette cassette ?
MLLE JUDICAL (souriant méchamment) : Si... Une bande magnétique.
Imperturbable, Missie continue à observer la directrice de l'Unecain.
MISSIE : Vous n'êtes guère coopérante.
MLLE JUDICAL : Vous n'êtes guère qu'une emmerdeuse !
MISSIE : Très bien, je vois que nous n’avançons toujours pas. Nous reprendrons cette conversation demain.
MLLE JUDICAL (d'un ton suppliant) : Missie, je vous en prie. C'est très important pour moi de récupérer cette cassette. Ce qu'elle contient peut provoquer une onde de choc sans pareil dans la vie d'une femme.
Missie Parks hausse les sourcils et Alice songe qu'effectivement, ses paroles ne sont pas cohérentes, mais comment lui expliquer ?...
MISSIE : Vous êtes encore trop fragile, Alice. Nous devons progresser avant de songer à vous faire quitter l'hôpital.
17 APPARTEMENT D'AIDEN
Aiden est sur le pas de la porte de son appartement. Il pose à terre les paquets du supermarché. Il cherche ses clefs un instant, les trouve, et ouvre avec sa porte.
En entrant, les paquets dans les mains ...
AIDEN (à lui même) : Les choses vont plus vite que vous ne pouvez le croire Kelly.
Devant lui, la tête de Frank puis celle de Beth émergent d'une couverture au centre de la pièce principale de l'appartement.
AIDEN (au couple) : Ne vous dérangez pas pour moi.
Avec un pied il ferme la porte de son appartement. Il se dirige avec ses paquets en direction de la cuisine. Il tourne la tête vers la télévision.
AIDEN : Et en plus … vous l'avez fait devant une de mes vidéos.
Beth et Frank, étouffent avec difficulté un fou rire.
AIDEN : Décidément vous n'avez pas vraiment changés depuis toutes ces années.
18 HÔPITAL MEMORIAL, CHAMBRE DE MLLE JUDICAL
Daria et Ursula parlent toutes les deux en même temps à Mlle Judical, qui lève le bras.
MLLE JUDICAL : Non... non... non... chacune son tour ! Vous n'êtes que deux, et on a l'impression d'être dans une basse-cour.
Les deux jumelles se taisent. Mlle Judical se sent obligée de rajouter :
MLLE JUDICAL : Pire que les sœurs Jacasse ! Bon, Ursula, commencez !
URSULA : Les livres commandés pour la saison prochaine sont enfin arrivés. Il était temps. M. Layton a eu un entretien avec le nouveau professeur de musique.
MLLE JUDICAL : Comment se débrouille-t-il ?
URSULA : Je n'en sais rien, je n'ai pas assisté à son cours... et puis, vous savez, moi et la musique !
MLLE JUDICAL : Je ne parlais pas de ça, petite écervelée ! Je parlais de Frank Layton et de son poste de directeur par intérim.
URSULA : Ah... ça ! M. Layton se débrouille bien. Il est très gentil.
MLLE JUDICAL : Gentillesse ne rime pas avec efficacité, ma chère petite.
DARIA (en toute innocence) : Oui, et vous êtes très efficace comme patronne.
Mlle Judical toise du regard Daria qui baisse les yeux.
MLLE JUDICAL : Daria, aviez-vous quelque chose à me dire ? Si oui, dites pour une fois quelque chose de sensé, ça nous changera !
DARIA : Je voulais juste savoir quand on vous laissera enfin partir d'ici. Je voudrais préparer votre retour à la maison.
MLLE JUDICAL : J'espère que vous n'attendez pas mon retour pour faire le ménage à fond ?
DARIA : Non, mais je dois changer de place certains objets.
MLLE JUDICAL : J'ai peur de vous poser la question, mais je n'ai pas trop le choix... Pourquoi voulez-vous changer des objets de place dans mon appartement ?
DARIA : C'est pour que vos chakras soient en harmonie...
MLLE JUDICAL : Mes quoi ... ?! Oh, et puis non... ne me dites rien ! Je n'ai pas envie d'en entendre davantage. Vous touchez un seul des objets qui se trouvent chez moi, et vous pourrez pointer au chômage !
Daria sourit
DARIA : Je vois que vous allez beaucoup mieux, Alice. Je ne comprends pas pourquoi on vous garde encore ici. Vous n'êtes pas folle, pourtant !
MLLE JUDICAL : Avec vous deux à supporter comme employées, je me pose parfois la question !
"Les sœurs Jacasse" n'ont pas le temps de répliquer car Eric arrive précipitamment dans la chambre. Le regard noir d'Eric trahit la colère. Mlle Judical jette un regard inquiet sur Eric tout en parlant à ses employées.
MLLE JUDICAL : Daria, Ursula... laissez-nous seuls.
Les deux sœurs s'éclipsent à petits pas. Eric s'avance vers la Directrice. Il pointe la cassette dans sa direction.
ERIC : J'ai trouvé ceci dans les affaires de mon père.
Mlle Judical ferme les yeux.
MLLE JUDICAL : Mon Dieu, non.
ERIC : Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
MLLE JUDICAL : Eric, je... Est-ce que Flora l'a écouté... Est-ce qu'elle est au courant ?
ERIC : Non, pas encore.
MLLE JUDICAL : Ne lui dites rien, je vous en prie. J'ai fait une grave erreur en laissant ce message.
ERIC : Ce qu'il y a sur la cassette, est-ce que c'est vrai ?
Mlle Judical baisse les yeux.
MLLE JUDICAL : Oui.
Eric est encore plus en colère devant cet aveu.
ERIC : Bon sang, mais vous vous rendez compte de ce que vous avez fait ? Est-ce que vous avez seulement une idée de ce que cette révélation va apporter dans la vie de Flora ?
MLLE JUDICAL : Je vous en prie, Eric. Ne lui dites rien.
ERIC : Comment avez-vous pu faire une chose pareille ? Pendant toutes ces années ? Comment est-ce que vous pouvez vous regarder dans un miroir ? Vous me donnez la nausée !
Eric s'apprête à partir, mais Mlle Judical le retient avant qu'il ne franchisse la porte.
MLLE JUDICAL : Eric ! Vous allez le lui dire, n'est-ce pas ? Pensez aux répercutions que cela aura dans sa vie... Croyez-vous qu'elle soit assez forte pour surmonter cela ?
Eric défie Mlle Judical du regard, sans répondre. Puis il se tourne, ouvre la porte et sort de la chambre, laissant Mlle Judical dans l'expectative.
19 APPARTEMENT DE NANNE, EN FIN D'APRÈS-MIDI
Tim est dans l'encadrement de la porte de la cuisine, occupé à observer Nanne en train de pleurer en épluchant des oignons. Tim est attendri par la scène. Il se remémore les paroles de Beth : " Tu ne peux pas être sûr tant que tu n'as pas fait le test. Ensuite, tu dois parler à Nanne …" Ces paroles martèlent la tête de Tim. Il s'avance vers Nanne et lui sourit.
NANNE : Eplucher des oignons et un vrai calvaire pour moi.
Tim prend le couteau des mains de Nanne.
TIM : Laisse, je vais le faire.
Nanne en profite pour se frotter les yeux avec une serviette propre.
NANNE : Je te remercie.
Tim épluche les oignons sans conviction.
TIM : Nanne, j'ai quelque chose à te dire.
NANNE : Je t'écoute.
TIM : J'ai...
Tim observe le visage angélique de Nanne. A ce moment, il se dégoûte. Tim, même s'il n'a pas fait le test, est intiment persuadé être séropositif. Nanne a peut-être contracté le SIDA à cause de lui. Il laisse tomber son couteau par terre.
TIM : Je te demande pardon.
Nanne sourit.
NANNE : Pardon pour quoi ?
A cet instant, il ne supporte plus de se trouver devant Nanne. Il se précipite dehors.
NANNE : Tim ! Tim... revient... Mais qu'est-ce qui se passe ? Tim ?
Mais Tim vient de franchir la porte de l'appartement de Nanne et se trouve dans le couloir. Il se précipite dans les escaliers en pleurant.
20 MAISON DES KRUEGER, CHAMBRE DE FLORA
Flora est toujours assise dans un coin de la pièce, sans bouger. Eric entre et se dirige vers elle. Il toussote.
FLORA : Eric, laisse-moi seule, s'il te plait.
ERIC : Flora, j'ai quelque chose pour vous.
FLORA : Je ne veux rien. Je veux simplement rester seule.
ERIC : C'est trop important.
FLORA : Plus rien n'est important maintenant.
ERIC : Je pense que vous allez changer d'avis en écoutant ceci...
On voit alors qu'il a le dictaphone dans la main. Il appuie sur la touche "play".
21 APPARTEMENT D’AIDEN
Beth, Frank et Aiden se retrouvent autour de la table ronde de la cuisine.
AIDEN : Que vas-tu faire Frank ?
Beth fixe Frank.
FRANK : Je l’ignore. Je vis cette journée comme un épisode de ma vie hors du temps.
AIDEN : Nous avons vécu pourtant près de deux ans de cette façon à l’époque de la fac.
FRANK : Nous formions un drôle de couple à trois en effet, mais c’est du passé. Nous ne pouvons pas nous permettre de revivre ainsi.
Beth suit avec intérêt la conversation entre les deux hommes.
AIDEN : Tu penses à Menley ?
FRANK : Je crois que tout est fini entre Menley et moi.
Les yeux de Beth s’illuminent.
AIDEN : En es-tu certain ? Nous avons tous une part d’ombre. Toi, ce sont tes pulsions homosexuelles que tu n’as jamais assumées vraiment. Mais rien ne t’interdit de retourner auprès d’elle.
FRANK : À l’époque de la fac, j’étais heureux avec Beth et toi, comblé à tous points de vue.
BETH (à Frank) : C’est gentil de dire cela.
FRANK : Je le pense sincèrement Beth. J’étais amoureux de toi.
AIDEN : Et de moi ?
FRANK : Tu sais bien, qu’entre nous, c’était avant tout une recherche de sensations physiques.
AIDEN : Je reconnais être parti quand j’ai compris que j’étais devenu l’élément de trop entre vous. Vous étiez prêt alors à former un vrai couple. Vous n’aviez plus besoin de moi.
BETH : J’ai regretté ton départ. Nous aurions pu rester amis. Et continuer à nous voir à l’occasion des fêtes, des vacances …
FRANK : Beth a raison.
Beth regarde Frank émue.
AIDEN : Pourquoi vous êtes-vous séparés ?
FRANK : La lassitude de la vie à deux.
BETH : L’accumulation de rancœurs.
FRANK (à Beth) : Je regrette de t’avoir fait tant de reproches. Je reconnais que par ton travail tu as fait vivre notre ménage à ses débuts.
BETH : Il n’y a pas si longtemps j’ai voulu te faire du mal. Mais revoir Aiden m’a fait repensé à tous les bons moments que nous avons partagés à trois … puis à deux.
FRANK : J’ai une question, Beth, pourquoi n’avoir jamais parlé du bébé à Menley ou à l’occasion du divorce au cours du procès ?
BETH (hésitante) : J’ai toujours mal en pensant à cet enfant que nous aurions dû avoir mais que tu as refusé d’assumer. Je t’en ai voulu, plus que tu ne peux l’imaginer de m’avoir demandé d’avorter sous prétexte que tu ne te sentais pas prêt pour avoir un enfant et que nous manquions d’argent à l’époque. Je t’en veux encore aujourd’hui. Mais cet enfant est aussi un lien qui nous uni et en parler à un étranger m’est impossible.
AIDEN : Ainsi même après mon départ tu ne m’as jamais considéré comme un étranger, Beth. Je me souviens de ta visite chez moi à San Francisco … un an après que j’ai quitté la fac. Tu étais désemparée après t’être faite avorter.
FRANK : J’ignorais que vous vous étiez revus ?
BETH : Aiden était ton amant plus que le mien, mais c’était mon ami et confident aussi. J’avais alors besoin de parler de l’avortement et c’était impossible d’aborder le sujet avec toi.
FRANK : Cela fait très longtemps que nous n’avions pas eu de discussion sans nous envoyer les assiettes à la figure, Beth.
BETH : Nous avons toujours eu du mal à communiquer, Frank, en tout cas (en regardant Aiden) sans l’aide d’une tierce personne.
AIDEN : Au fait, je tiens à mes assiettes, elles me viennent de ma grand-mère.
Tous les trois se mettent à rire.
BETH : Qu’allons nous faire Frank demain ?
FRANK : Je vais quitter Garden View, trouver un appartement ailleurs. Je dois aussi parler à Menley.
AIDEN : Tu peux t’installer ici, pour quelque temps.
Frank fixe Aiden.
AIDEN : Je dormirais sur le canapé.
BETH (après un long moment d’hésitation) : Tu peux aussi rentrer chez nous ?
FRANK : Je ne suis pas sûr de mes sentiments envers toi, Beth. La même journée j’ai fais l’amour avec un ancien amant et avec mon ex-femme, j’ai du mal à me reconnaître. Je dois faire le point.
AIDEN (en levant une bouteille de bière) : Je propose que nous trinquions … à nous trois ! Trois anciens amants, trois nouveaux amis !
BETH et FRANK (ensemble) : A nous trois …
AIDEN : Qui veut encore du Chili ?
BETH et FRANK (ensemble) : Moi !
Ils éclatent de rire en même temps.
22 DANS UN BAR NON LOIN DE GARDEN VIEW
TIM : Un autre, Dan !
Dan, le corpulent serveur, s'avance vers Tim, qui est au comptoir.
DAN : C'est ton troisième scotch en à peine dix minutes. Tu es sûr que ça va ?
TIM : Ca ira mieux une fois que tu m'auras servi.
Dan remplit le verre de Tim, qui l'avale en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
DAN : Tim, qu'est-ce qui se passe ?
TIM : Je suis nul Dan. Le nul de chez nul... J'ai tout gâché. J'ai passé ma vie à faire conneries sur conneries... mais là, ça dépasse tout !
DAN : Je vais appeler ta femme, elle viendra te chercher.
TIM : NON ! Surtout pas ! J'ai fait assez de dégâts comme ça avec Nanne.
L'alcool commence à chauffer les veines de Tim.
TIM : Dan, tu veux que je te dise un secret ?
Il fait signe à Dan de se pencher. Dan est effrayé par le sourire de Tim, qui ressemble plus à un rictus. Ses yeux vitreux sort des ses orbites.
TIM : Je vais mourir...
Puis il éclate d'un rire démentiel.
23 APPARTEMENT DE MENLEY
Menley est assise sur le canapé, les pieds posés sur la petite table en face d'elle. Elle ingurgite chamalos sur chamalos tout en regardant un nouvel épisode de "Passions", lorsque Frank entre dans l'appartement. Surprise, Menley éteint la télé avec la télécommande, pose son paquet de sucreries et se lève.
MENLEY : Frank...
FRANK : Menley, je... je crois qu'on doit avoir une explication, toi et moi.
MENLEY : Il est temps, en effet !
FRANK : Je t'aime toujours Menley. Mais je t'avoue que je ne sais plus où j'en suis. Il y a des... des tas de choses qui se passe dans ma tête... et... et... j'ai envie d'être honnête avec toi... parce que... parce que je t'aime, tu comprends ?
MENLEY : Non, je ne comprends rien du tout, Frank. Tu as bu ?
FRANK : Je vais quitter Garden View un certain temps, je pense. En attendant de trouver un appartement, je vais continuer à dormir chez Gil, il me prête son canapé.
MENLEY : Frank, qu'est-ce qui ne va pas ? Au départ, on se disputait à cause de l'affaire Strombaski, mais maintenant, j'ai l'impression que Marie Jo est bien loin. En tout cas qu’elle n’est plus la seule raison de nos différends. Alors, dis-moi ce qui ne va pas... je pourrais t'aider.
FRANK : Non, tu ne peux pas, Menley. C'est un problème que je dois régler seul.
MENLEY : Dis-moi déjà quel est ton problème, et je verrais si je peux t'aider.
FRANK : C'est très compliqué, Menley.
MENLEY : Tout à l'heure, tu as dit que tu voulais être honnête avec moi. La meilleure façon de l'être est de me raconter ce qui ne va pas. Et puis, tu me dois bien ça, non ? Je t'aime Frank, et je ferais tout pour t'aider.
FRANK : Oui... je... en fait, je... j'ai passé une journée très bizarre aujourd'hui. J'ai retrouvé un ami de longue date. Ca faisait des années qu'on ne s'était pas vu, tu sais...
MENLEY : C'est bien...
FRANK : Non Menley, laisse-moi continuer... c'est très important... Cette rencontre a réveillé plein de souvenirs que je qualifierais de bons souvenirs. Cet... homme connaît très bien Beth aussi. C'est toujours lui qui réglait nos disputes. Quand on était à la fac, on a vécu tous les trois ensemble. C'était le bon vieux temps. En fait, aujourd'hui... j'ai... j'ai voulu me replonger dans le passé... et .... enfin, c'est arrivé comme ça... sans que je le veuille en particulier.
MENLEY : Qu'est-ce qui est arrivé comme ça ?
Soudain, Menley se fige, ayant peur d'avoir compris. Elle écarquille les yeux.
MENLEY : Tu veux dire que toi... toi et lui... ? !
Frank baisse les yeux.
MENLEY : Frank, tu es gay ?
FRANK : Oui ... Enfin non !!! Si … un peu ...
MENLEY : Un peu, ce n'est pas une réponse !
FRANK : J'en sais rien Menley. C'est pour ça que je veux me mettre au vert un certain temps... Je sais que je t'aime et que je me dois d'être honnête avec toi.
MENLEY : Tu l'as aimé, ce garçon ?
FRANK : Pas vraiment, non. C'était une attirance physique et pas sentimentale.
Menley sent que ses jambes ne la portent plus et s'assoit sur le canapé.
MENLEY : J'en ai assez entendu pour aujourd'hui. Tu ferais mieux de partir, Frank.
FRANK : Menley, je...
MENLEY : S'il te plaît !
Frank regarde Menley avec regrets, il aurait tant de choses encore à lui dire. Il tourne les talons et quitte l'appartement. Menley se met à pleurer.
24 À GARDEN HILL, DANS LA CHAMBRE DE JILLIE
Debout devant la fenêtre, Jillie porte un regard nostalgique sur le crépuscule qui commence à envelopper le ciel. Quelqu'un frappe à la porte. Elle sort de ses rêveries pour aller ouvrir. Son regard s'illumine lorsqu'elle voit Eric devant elle.
JILLIE : Eric, je t'ai attendu toute la journée. Il me semble que tu devais venir me voir cet après-midi.
ERIC : Excuse-moi, Jillie. J'espère que tu n'es pas trop déçue.
Jillie sourit.
JILLIE : Tu es là maintenant. C'est le principal. Viens, entre.
Eric entre dans la pièce, et Jillie ferme la porte.
ERIC : Comment te sens-tu ?
JILLIE : Beaucoup mieux depuis que tu es ici. Pourquoi tu n'es pas venu tout à l'heure ?
ERIC : Peu importe.
Eric s'assoit sur le bord de la commode.
JILLIE : Et toi ? Tu supportes ? Je me souviens que lorsque mon père est mort, je pleurais du matin au soir. C'était dur pour moi et Maman.
Eric regarde Jillie.
ERIC : Tu ne m'as jamais parlé de tes parents...
JILLIE : Parce qu'il n'y a pas grand chose à dire. Papa était chef d'entreprise et Maman femme au foyer. Nous vivions une petite maison très agréable à Anchorage.
ERIC : Jillie... j'ai... Ca ne va pas être facile.
Jillie s'attend au pire. Elle pense qu'Eric ne veut plus la voir.
Eric se lève et se dirige vers la sortie, sous le regard surpris de Jillie. Il ouvre la porte et sort dans le couloir. Il revient quelques secondes plus tard avec Flora à son bras.
JILLIE : Flora ? Mais qu'est-ce que vous faites ici ?
ERIC : Je vous laisse un instant.
Eric sort de la pièce avant que Jillie n'est le temps de réagir.
JILLIE : Mais enfin, on va me dire ce qui se passe ici ?
FLORA : Jillie... Je... Il faut que tu m’écoutes sans m'interrompre. Ce que j'ai à te dire est très important.
Inquiète, Jillie s'assoit sur le rebord de son lit. Aidée par Jillie, Flora s’installe à ses cotés.
FLORA : J'ai vécu avec Alice Judical pendant de très nombreuses années. J'étais la fille de sa nourrice. Alice et moi sommes rapidement devenues amies. Je n'avais pas encore vingt ans lorsque ma mère est morte. Nous étions en Hollande à l'époque. Je me souviens avoir été totalement désemparée et j'ai trouvé une épaule sur laquelle me reposer, celle de Willem Judical, le père d'Alice. Je suis tombée follement amoureuse de lui. Nous sommes devenus amants, mais les sentiments qu'il éprouvait à mon égard étaient bien différents des miens. Il ne m'aimait pas. Je n'étais qu'un simple passe-temps pour lui. Il était marié à une femme tendre et aimante et ne voulait pas que sa vie change. Puis je suis tombée enceinte. Les Judical étaient une famille riche et respectée en Hollande. Willem m'a fait comprendre que je ne pouvais pas garder ce bébé. Mais je me suis formellement opposée à l'avortement. Willem aurait voulu me jeter à la porte, mais il avait peur que je ne révèle la paternité de l'enfant. Une fois l'enfant mis au monde, je ne l'ai jamais vu. Willem est venu me voir et m'a dit que le bébé était mort-né. J'ai eu énormément de mal à m'en remettre. Trois ans plus tard, Willem est mort d'un cancer. Sur son lit de mort, il a confessé son secret à Alice : mon bébé n'était pas mort, il l'avait emmené et fait adopté par une famille américaine. Alice n'en a jamais rien dit, pour deux bonnes raisons : par respect envers son défunt père et parce qu'elle voulait me préserver. Elle s'est investie totalement pour retrouver cet enfant. C'est d'ailleurs une des raisons qui l'a poussé à venir s'établir aux Etats-Unis. Mais elle n'a jamais trouvé l'enfant et a préféré ne rien me dire, afin de ne pas me faire souffrir davantage. Et puis, il y a cinq ans, la mère d'Alice est décédée. Nous sommes retournées dans la maison familiale, à La Haye, afin de régler les derniers détails de la vente du domaine. Alice a trouvé, dans les affaires de ses parents, un certificat de naissance. C'était celui de l'enfant que Willem m'avait arraché. Et ô miracle, il y avait aussi des documents qui mentionnaient le nom des parents adoptifs. Il a ensuite été très facile à Alice de retrouver les parents, et l'enfant. Elle a ensuite prit mon enfant sous son aile protectrice.
Flora s'interrompt, sous le coup d'une forte émotion. Elle pleure.
FLORA : Et... cet enfant, Jillie... cet enfant... c'est toi !
Gros plan de Jillie, qui pleure en silence tout en observant Flora et en essayant de supporter le poids de ce qu'elle vient d'apprendre.
25 HôPITAL MEMORIAL
MISSIE PARKS (en colère) : D'accord... d'accord... d'accord !!!
Elle signe un papier avec détermination. Elle se trouve dans la chambre de Mlle Judical en compagnie de cette dernière et de Daria.
MISSIE PARKS : Vous avez gagné ! Je signe votre autorisation de sortie. Mais laissez-moi vous dire une chose : je n'ai jamais vu une malade aussi désagréable que vous !
MLLE JUDICAL : J'ai hâte d'être à demain !
MISSIE : Vous n'avez pas besoin d'attendre demain. J'ai signé votre sortie, vous pouvez quitter l’hôpital dès ce soir ! Je suis de garde cette nuit, et je n'ai pas envie de vous revoir. Plus vite vous partirez, mieux ça sera ! Vous n’êtes ni dépressive ni malade mentale, vous êtes simplement insupportable !
Missie quitte la chambre en claquant la porte.
Mlle Judical regarde Daria.
MLLE JUDICAL : Allons-y !
Au moment où elle veut franchir la porte de sa chambre, une infirmière arrive avec un fauteuil roulant.
MLLE JUDICAL : Oh, je vous en prie, je n'ai pas besoin de ça !
L'INFIRMIÈRE : C'est le règlement.
Mlle Judical se contraint au règlement en ronchonnant. L'infirmière s'apprête à conduire Mlle Judical dans son fauteuil, mais Daria s'interpose.
DARIA (à l'infirmière) : Je peux ?...
L'INFIRMIÈRE (avec un sourire en coin) : Avec plaisir !
Daria conduit le fauteuil de sa patronne, qui continue à ronchonner.
MLLE JUDICAL : Le personnel de cet établissement est exécrable. Je vais écrire une lettre au directeur du Memorial. Il va m'entendre.
Daria soupire.
MLLE JUDICAL : Avant que l'on ne rentre à la maison, emmenez-moi chez Flora !
Elles arrivent devant l'ascenseur. Daria appuie sur le bouton pour l'appeler.
DARIA : Mais enfin Alice, vous n'y pensez pas. Vous allez suivre les conseils du Pr Assenbaum : vous reposer et méditer.
MLLE JUDICAL : Pour l'amour du ciel Daria, arrêtez de m'appeler par mon prénom, vous savez que je déteste ça de la part de mes employés.
Daria soupire une nouvelle fois. La porte de l’ascenseur s’ouvre. Excédée elle donne une violente poussée au fauteuil et lâche les poignées.
Le fauteuil roule vers l’ascenseur.
MLLE JUDICAL : Daria ?!?! … … Arghhhhhhh !!!!
La voix d’Alice Judical s’estompe au fur et à mesure de sa chute dans le vide.
On entend le choc métallique du fauteuil qui s’écrase … puis le silence.
Pendant un instant interminable Daria abasourdie fixe devant elle les câbles de la cage d’ascenseur avant de faire quelques pas et de se pencher en avant.
DARIA (le visage déformé par une horrible grimace) : Oups !!!
GÉNÉRIQUE DE FIN