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1 PARKING EXTERIEUR DE GARDEN VIEW
AM 06:45
Menley marche à vive allure en direction de sa voiture. Le vent froid de ce début de matinée fouette son visage contrarié. Elle traverse l'allée au moment où un taxi déboule juste devant elle. Le taxi s'arrête devant la porte d'entrée de l'immeuble. Nanne et Tim, riant à pleines dents, sortent du véhicule. Nanne fait un signe de la main à Menley.
NANNE : Salut Menley !
Menley s'avance vers eux.
MENLEY : Nanne... Tim... ou étiez-vous passés ?
TIM : Nous étions à Las Vegas...
NANNE (enchaînant en montrant son alliance) : Et on s'est mariés !
Menley accuse le coup. Il ne manquait plus que ça.
MENLEY : Oh... je vois.
Nanne n'attend pas de félicitations de la part de son amie.
NANNE : Tu as le temps de monter prendre un café avec nous ?
MENLEY : Non, désolée. Je file à l'hôpital. Mlle Judical vient d'y être admise.
TIM (sans conviction) : Ce n'est pas trop grave, j'espère.
MENLEY : D'après Daria, elle aurait avalé deux flacons de barbituriques.
NANNE : Oh, Mon Dieu... Tiens-nous au courant !
Puis ils entrent dans l'immeuble, avec leur valise sous les bras.
2 GARDEN VIEW, DANS L'ASCENSEUR
AM 06:48
Nanne est encore sous le choc de la nouvelle.
NANNE : Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ?
Puis Nanne fait la grimace.
NANNE : Tu sens cette odeur ? Ca vient d'où à ton avis ? C'est insupportable !
Mais Tim n'a que faire des problèmes de la Directrice de l'Unecain et des mauvaises odeurs de l'immeuble. Il pense avant tout à Clancy, qu'il a laissé sans nouvelles depuis son départ de Las Vegas et son séjour au Lac Tahoe. Elle risque d'être furieuse. Il doit aller la voir et la convaincre de quitter l'immeuble. Plus elle sera loin de Nanne, mieux cela vaudra. Il doit, pour cela, demander l'aide de Nanne, car Clancy ne quittera l'appartement que si elle a un bon paquet de fric sous le bras. Il réfléchit un instant avant de dire :
TIM : Nanne, ma chérie... j'ai quelque chose à te demander.
NANNE : Je t'écoute.
TIM : C'est difficile à dire ... Je suis gêné, mais j'ai connu quelques problèmes financiers ces derniers temps ... J'ai envoyé de l'argent en Irlande à mon père qui devait être opéré ...
L'ascenseur arrive à destination et ils en sortent. Ils sont maintenant dans le couloir menant à l'appartement de Nanne.
NANNE : Ce n'est pas trop grave, il va bien, j'espère ?
TIM : Mon père ? Oui il va mieux, c'était un problème de ... prostate. Mais avec tout ça, je crois que je suis à découvert à ma banque ...
NANNE : Tim, voyons nous sommes mariés, ne sois pas si gêné ... J'irais à la banque dès aujourd'hui pour retirer de l'argent. Combien te faut-il ?
Tim sourit intérieurement. Tout est tellement facile avec Nanne. Elle gobe vraiment tout.
TIM : Heu ... 15.000 $ ?!?!
NANNE : Très bien, j'irais demander à la banque de débloquer 20.000 $. Je transfèrerai l'argent sur ton compte. Et puis, il faudrait aussi que nous ayons un compte commun, cela serait plus simple !
Tim sourit. "Plus simple, oui ... surtout pour moi"
TIM :Tu es incroyable.
"Et incroyablement stupide" rajoute-t-il intérieurement. Il faut maintenant qu'il convainc Clancy de patienter jusqu'à demain pour recevoir l'argent. 5000 dollars, c'est déjà une somme importante. Ca pourra la calmer.
Nanne ouvre la porte de son appartement.
TIM : Nanne, je vais chez moi cinq minutes. Je voudrais voir mon courier.
3 PARKING DE GARDEN VIEW
AM 06:49
Dans sa voiture, Menley peste tout en frappant le volant avec ses poings. Cette maudite voiture ne veut pas démarrer. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Ses yeux sont encore rougis par le manque de sommeil et le déferlement de larmes de la veille. Il faut cependant qu'elle se rende à l'hôpital avant son cours de 10 heures. Elle prend son téléphone cellulaire et compose un numéro.
Dans son appartement de Flower Street, David est encore couché lorsque le téléphone sonne. Il a beaucoup de mal à se réveiller. Il jette un œil à son réveil digital et soupire. Il regarde dans la direction opposée le garçon qui est à côté de lui et qui dort paisiblement. Environ 25 ans, plutôt mignon. Il pensera à lui demander son nom tout à l'heure.
David décroche le téléphone.
DAVID : Mmmm
MENLEY : David, c'est moi ! Est-ce que tu peux venir me chercher. Ma voiture ne démarre pas et je dois aller à l'hôpital
DAVID : Tu es ... malade ?
MENLEY : Non, je n'ai rien. Mlle Judical y a été admise cette nuit pour tentative de suicide.
David soupire.
DAVID : Menley, tu as vu l'heure ?! Pourquoi tu ne demandes pas à Frank de t'y emmener ?
Silence au bout du fil. Dans sa voiture, Menley pince les lèvres, avant de dire.
MENLEY : Frank n'a pas dormi chez moi cette nuit. Je ne sais pas où il est.
David se redresse sur son lit.
DAVID : Très bien, j'arrive.
4 APPARTEMENT DE TIM
AM 06:50
Tim entre chez lui, et il est surpris par l'odeur nauséabonde, il porte la main à son nez comme pour se protéger de l'odeur qui lui agresse les narines. Ca, c'est la première surprise. La deuxième, c'est qu'il découvre son appartement sens dessus dessous. "Bon sang Clancy, mais qu'est-ce que tu as fichu ici ?"
Clancy, justement, est la troisième surprise de Tim. Et pas la moindre ! Son sang ne fait qu'un tour lorsqu'il voit le corps de la jeune femme, plus très frais, gisant à côté du canapé. L'odeur tenace et la vue du cadavre en décomposition de Clancy suffisent à Tim pour qu'il vomisse - juste à côté de son ex maîtresse - le solide breakfast avalé dans l'avion tout à l'heure.
GéNéRIQUE DE DéBUT
SPECIAL GUEST STARS
5 HÔPITAL MEMORIAL DE GARDEN PLACE – SERVICE D'ACCUEIL DES URGENCES
AM 07:22
David et Menley entrent dans le bâtiment.
DAVID : Ne t'inquiète pas pour ta voiture, je connais un bon garagiste qui pourra s'en occuper.
MENLEY : Tu connais un garagiste, toi ? Tu as eu des problèmes avec ta voiture ?
DAVID : Non.
Il lui fait un clin d'œil. Menley sourit. Le premier sourire de la journée, pense David. Il préfère alors ne pas lui parler de Frank. En tout cas pas maintenant. Il croise le regard d'un interne qui s'arrête devant lui.
L'INTERNE : David ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
DAVID : Salut Jud... je te présente ma sœur, Menley. Nous sommes venus rendre visite à ...
MENLEY : une personne admise cette nuit
L'interne salut Menley, puis s'adresse à David.
L'INTERNE : Je dois y aller. On se voit une autre fois David ?!
David hoche la tête en signe d'affirmation, puis reprend son chemin en direction de la salle d'attente.
MENLEY : C'est incroyable, ça ! Tu es en ville depuis peu de temps et tu connais déjà plus de monde que moi !
DAVID : N'exagérons rien. Ce n'est pas parce que je connais un garagiste et un interne que ça fait de moi quelqu'un de populaire. Tiens, je ne connais pas le médecin chef de cet hôpital, par exemple.
MENLEY : Normal, il est sans doute marié !
DAVID : Ca ne veut rien dire.
Tous deux éclatent de rire.
Ils arrivent dans la salle d'attente et soudain, Menley se fige en voyant devant elle Ursula et... Ursula. Elle s'avance vers une des sœurs jumelles.
MENLEY : Ursula ?
DARIA : Non, moi c'est Daria.
MENLEY (se tournant vers Ursula) : J'ignorais que vous aviez une sœur jumelle ...
URSULA : Même notre mère avait du mal à nous reconnaître.
MENLEY (aux deux sœurs) : Des nouvelles ?
Ursula baisse la tête.
DARIA : Non, pas encore.
6 APPARTEMENT DE TIM
AM 07:24
Tim est affalé sur le canapé, le corps de Clancy et son petit déjeuner transformé en bouillie verdâtre à ses pieds. Il pose ses mains sur son visage et commence à pleurer.
"Mon Dieu, mais qu'est-ce que je vais faire ?"
Puis il se lève et commence à faire les cent pas dans l'appartement en désordre. Il panique, ne sachant comment aborder le problème. Le choc de la découverte du corps est passé maintenant. Il doit se forcer à réfléchir à la situation. S'il prévient les flics, comment expliquera-t-il à Nanne la présence de Clancy dans son appartement ? Et si Gil apprend la mort de Clancy chez lui, il fera très vite le rapprochement et ira dire à Nanne qu'ils étaient amants.
Il n'arrive plus à réfléchir. Il va devoir pourtant faire une gros effort de concentration, car quelqu'un frappe à la porte. Il s'agit de la dernière personne au monde qu'il aurait voulu voir débarquer ici.
NANNE : Tim, tu es là ? Je peux entrer ?
Tim est maintenant totalement paniqué. Il gesticule dans tous les sens.
TIM : Une minute, ma chérie !
Il rassemble tout son courage pour prendre le corps raide de la pauvre Clancy et l'emmène dans la salle de bain, avant d'aller ouvrir à Nanne, totalement essoufflé.
NANNE : Qu'est-ce qui t'arrive ? On dirait que tu as couru ?
Elle observe les grosses gouttes de sueurs qui perlent sur le front de son mari.
NANNE : Tim ? Tu vas bien ? Tu as de nouveau de la fièvre ?
Soudain, derrière l'épaule de Tim, elle aperçoit le désastre.
NANNE : Mon Dieu, Tim ! Mais que s'est-il passé ici ?
TIM : Je... je n'en sais rien, Nanne. Sans doute un cambriolage.
Nanne entre dans l'appartement et constate les dégâts.
NANNE : On dirait que l'odeur est plus forte ici que dans le reste de l'immeuble.
Tim rassemble le peu d'énergie qu'il lui reste pour virer Nanne le plus vite possible de l'appartement.
TIM : Ne t'inquiète pas pour ça, Nanne.
NANNE : Mais il faut prévenir la police.
TIM : Je vais le faire. Nanne, tu peux faire une chose pour moi ?
NANNE : Oui, bien sûr !
TIM : J'aimerai que tu ailles à l'hôpital prendre des nouvelles de Mlle Judical.
NANNE : Tim, mais enfin, je ne peux pas te laisser comme ça !
TIM : Je préfère régler cette affaire tout seul, je ne veux pas que tu t'en fasses pour ça. L'important, c'est Mlle Judical. Je suis inquiet pour elle. Pendant ce temps, je vais à la police déposer une plainte, d'accord ?
NANNE : Tu ne veux vraiment pas que je t'accompagnes ?
TIM (souriant) : Tu es gentille, ma chérie, mais tout ceci n'est pas grave. J'arriverai à me débrouiller tout seul.
NANNE : Bon, puisque c'est ce que tu veux. Après tout, tu as raison, ce n'est pas si grave puisqu'il n'y a pas eu mort d'homme !
7 GARDEN HILL
AM 08:44
Dans le jardin, Jillie termine son jogging. Elle récupère en faisant des étirements.
Lacey arrive par derrière.
LACEY : On m'a dit que je pouvais te trouver ici.
Jillie s'arrête soudain et se retourne.
JILLIE : C'est bizarre, mais je savais que tu viendrais.
LACEY : Qu'est-ce qui t'as fait penser une chose pareille ?
JILLIE : Eric... je suppose que tu l'as rencontré, n'est-ce pas ?
LACEY : Qu'est-ce que tu as bien pu lui raconter ?
JILLIE : Pourquoi ?
LACEY : Quand va-t-on cesser de répondre aux questions de l'autre par une autre question ?
JILLIE : Pourquoi es-tu venue ?
LACEY : Ca suffit Jillie ! Eric et moi sommes à nouveau ensemble, et tu ne pourras rien y changer.
Jillie s'approche de Lacey avec un regard de défi.
JILLIE : Et qu'est-ce que tu crois que je vais faire ? Que je vais t'arracher les cheveux ? Que je vais engloutir une bouteille de vodka pour oublier ? Ah non, Lacey... cette époque est révolue, ma chère. J'ai fini de me lamenter sur moi-même.
LACEY : Je me fiche de savoir ce que tu es devenue. Je veux simplement que tu laisses Eric tranquille.
Jillie éclate de rire, mettant Lacey mal à l'aise.
JILLIE : Tu as donc si peu confiance en toi et en ton nouveau couple pour venir vociférer de la sorte ? Mais regarde-toi, tu es toute pâle. Tu paniques à l'idée qu'Eric puisse te quitter pour moi. Tu as peur, Lacey. Peur que perdre à nouveau Eric, c'est ça ?
LACEY : Je te préviens Jillie, ne te mêles pas de mes affaires avec Eric, sinon tu vas le regretter.
JILLIE : Tes menaces ne me font plus peur. Si tu viens me voir, c'est que quelque chose ne va pas entre toi et Eric. Tu pensais m'intimider, comme à une autre époque, mais j'ai bien changé. Aujourd'hui, je me sens forte.
LACEY (sarcastique) : Toi, en position de force ?! Tu es dans un centre de désintoxication, enfermée dans un cocon, loin des soucis du monde réel. Je ne te donne même pas une semaine après ta sortie avant que tu ne replonges une nouvelle fois dans l'alcool.
JILLIE : Tu ferais mieux de partir. Je crois qu'on s'est tout dit.
Mais Lacey persiste.
LACEY : Eric est à moi...
JILLE : Eric serait ravi de savoir que tu parles de lui comme d'un objet. Il n'appartient à personne. La façon dont tu te comportes me laisse à penser que ton avenir avec Eric est loin d'être tracé. Et je m'en réjouis. Tu ne le mérite pas.
LACEY : Parce que toi, tu le mérites ?
Lacey pivote et se précipite vers la porte de sortie. Jillie, quant à elle, expire très fort, comme si la conversation qu'elle vient d'avoir avec Lacey l'avait plus épuisée que son jogging.
8 APPARTEMENT DE TIM
AM 08:59
Dans la pièce encore en désordre, Tim marche de long en large, essayant de trouver une issue à la situation qu'il vit en ce moment. Il se retrouve avec un cadavre en décomposition dans la salle de bains qui répand une odeur nauséabonde et tenace dans tout l'immeuble, une femme trop naïve qui risque pourtant de s'apercevoir à tout instant que quelque chose ne va pas... Tim doit se rendre à l'évidence : il est dans la panade la plus complète ! Il a beau retourner la situation dans tous les sens, il en arrive à la même conclusion : il lui faut de l'aide.
Il décroche son téléphone et compose un numéro.
TIM : C'est moi. Il faut que tu viennes à mon appartement le plus vite possible, c'est très urgent. Je t'en prie, fais vite !
9 HÔPITAL MEMORIAL, DANS LA CHAMBRE DE JOE
AM 09:38
Joe est assis sur le fauteuil, dans le coin de la pièce. Apparemment, il va beaucoup mieux. Flora est avec lui. Elle rayonne.
FLORA : Je suis contente. La maison paraissait vide sans toi.
JOE : Le médecin a dit que je n'avais plus aucune raison de rester ici. Et je vais t'avouer une chose, encore une journée dans cet hôpital, et la nourriture qu'ils proposent m'aurait donné des crampes d'estomac.
FLORA : Que dirais-tu d'un bœuf carottes pour ce soir ?
JOE : J'en rêve depuis une semaine...
FLORA (faussement indignée) : Je pensais que c'était uniquement de moi, que tu rêvais.
Eric les interrompt en entrant dans la chambre. Il a une mine affreuse et Joe le remarque.
JOE : Eric... quelque chose ne va pas ?
ERIC : Je viens de croiser Menley Weaver dans le hall de l'hôpital ... Alice Judical est ici.
La tristesse se lit sur le visage de Flora.
FLORA : Comment ça, ici ?
ERIC : Elle a été admise tôt ce matin.
JOE : Que s'est-il passé ?
ERIC : D'après Menley, elle aurait avalé deux flacons de somnifères.
Flora se lève brusquement et se dirige vers la porte.
FLORA : Je vais aller prendre de ses nouvelles.
Elle laisse Joe et Eric, seuls. Joe est effondré par la nouvelle. Eric ressent sa peine et son sentiment de culpabilité. Il s'assoit à côté de son père.
ERIC : Ne te sens pas responsable de ce qui est arrivé.
JOE : Comment veux-tu que je ne me sente pas responsable ! Alice est toujours amoureuse de moi et je me suis marié avec sa meilleure amie. Mieux ! Elle débarque en plein milieu de mon mariage alors qu'elle n'était même pas au courant. Alors ne me dis pas que je ne dois pas me sentir responsable, parce que je suis responsable.
ERIC : Tu aurais préféré gâché ta chance d'être heureux avec Flora ? Et tu aurais fait quoi ? Tu te serais marié avec Alice et tu l'aurais peut-être rendue encore plus malheureuse qu'elle ne l'est maintenant car tu aurais épousé une femme que tu n'aimais pas !
Joe ne répond pas. Il se contente de fixer le pied du lit, sans vraiment le voir. Eric sourit faiblement.
ERIC : Nous vivons la même situation, toi et moi.
JOE : Qu'entends-tu par là ?
ERIC : Tu te sens responsable pour Alice, et moi pour...
Eric ne finit pas sa phrase. Joe le regarde.
JOE : ... Jillie.
ERIC : J'ai l'impression d'avoir gâché sa vie.
JOE : Et moi j'ai rendu la femme qui m'aimait aigrie et malheureuse au point de la pousser au suicide.
ERIC : Bienvenue au club !
Eric et Joe se regardent. Leur regard exprime une tendre complicité. Jamais Eric et Joe n'avaient été aussi proche.
JOE : Je suis désolé mon fils. Je n'ai pas été juste avec toi. C'est vrai que l'amour de ta mère a dû te manquer, et j'étais trop obnubilé par mon travail au journal pour m'en soucier. Je me disais que je faisais ça pour toi, pour assurer ton avenir, mais ce n'était qu'un prétexte. Je me trouvais là une bonne excuse pour vivre ma vie sans me soucier de la tienne. Je m'en rend compte aujourd'hui, et ça me fait très mal.
ERIC : Moi aussi j'ai des choses à me reprocher. Je suis parti de Garden Place sans un mot d'explication. C'était lâche de ma part. Cette discussion, nous aurions dû l'avoir plus tôt. Mais j'ai préféré fuir les problèmes plutôt que les affronter.
JOE : Encore un trait de caractère qu'on a en commun. En fait, on se ressemble beaucoup, toi et moi. On aurait pu très bien s'entendre.
ERIC : Il n'est pas trop tard, tu sais.
Joe lui prend la main.
JOE : Je sais.
Joe voudrait dire à son fils qu'il l'aime, mais les mots ne lui viennent pas. Il se contente de regarder son fils avec tout l'amour d'un père. Eric comprend le message et sourit à son père.
JOE : Je ne te l'ai jamais dit, mais je suis fier d'être le père d'un écrivain à succès. Ta mère aurait aussi été fière de l'homme que tu es devenu. Je ne passe pas une journée sans penser à elle. Après son décès je me suis plongé dans le travail, pour oublier ma peine.
Eric se contente de sourire en regardant son père avec tendresse.
JOE : Je ne croyais pas pouvoir aimer une autre femme comme elle avant de rencontrer Flora. J'aimerais que tu la considère comme ...
ERIC : ... une nouvelle maman ?
Joe sourit.
ERIC : J'ai très peu de souvenirs de maman. Quelques photos sans plus ... C'est pour cela que j'ai écrit mon premier roman, pour m'inventer en quelque sorte une mère. Je sais que cela peut paraître ridicule. C'était une sorte de thérapie. Je ne connaîtrais jamais ma véritable mère et je ne confondrais jamais Flora avec elle ... mais je te rassure j'ai immédiatement adopté Flora et je l'aime de la même façon que j'aurais aimé maman.
JOE (ému aux larmes) : Je t'aime mon fils.
ERIC : Je sais papa. Je t'aime aussi.
JOE (voulant changer de conversation pour masquer son émotion) : Quand comptes-tu repartir ?
ERIC : J'ai annulé mon passage à Houston, mais je vais sans doute me rendre à Minneapolis la semaine prochaine.
JOE : Parfait. Alors je veux passer le plus de temps possible avec toi avant ton départ. Que dirais-tu de goûter le fameux bœuf carottes de Flora ce soir ?
ERIC : J'en serais ravi !
10 HÔPITAL MEMORIAL, À LA CAFÉTÉRIA PROCHE DU SERVICE DES URGENCES
AM 09:52
Nanne appuie sur le bouton du distributeur et attend que le liquide brunâtre se verse automatiquement dans le gobelet. Munie de son chocolat chaud, elle rejoint Menley, Ursula, Daria et Flora, assises à une table.
NANNE : Je n'arrive pas à comprendre ce qui a pu lui passer par la tête. Comment est-ce arrivé ?
DARIA : Je me suis levée dans la nuit pour prendre un verre de lait. Le professeur Assenbaum préconise de boire du lait lorsqu'on souffre d'insomnie. Le lait est le seul liquide qui calme une âme tourmentée.
URSULA : Ah bon ? Je ne savais pas.
DARIA : Tu devrais lire le livre du professeur Assenbaum, ma chérie. Ma vie à changé du tout au tout grâce à lui et à ses conseils...
Menley fait la moue, tandis que Flora à la tête ailleurs. Nanne toussote gentiment afin de faire comprendre à Daria qu'il serait temps qu'elle en vienne à l'essentiel.
DARIA : Bref, je suis descendue et j'ai trouvé Mlle Judical endormie sur son fauteuil. D'abord je ne voulais pas la réveiller, mais comme le professeur Assenbaum vante les mérite d'un sommeil sur un vrai matelas, je me suis dit qu'il était préférable pour cette pauvre Alice de monter dans sa chambre. J'ai donc essayé de la réveiller, et c'est là que j'ai découvert les deux flacons parterre. Dans un premier temps, j'étais paniquée, vous comprenez ... J'ai tout de suite appelé une ambulance et en attendant leur arrivée, je me suis mise dans la position du lotus devant Alice et j'ai médité de façon à ce que mon âme rencontre la sienne et lui donne l'énergie suffisante pour résister à l'appel du néant.
Elle boit une gorgée de son café.
DARIA : Mon Dieu, j'espère que ça a marché !
Menley et Nanne portent un regard halluciné vers la sœur jumelle d'Ursula, tandis que Gil et Frank arrivent dans la pièce. Menley jette un regard froid à Frank, tandis que Nanne se lève et embrasse Gil.
NANNE : Gil !
GIL : Nanne, mais où étais-tu passée ?
NANNE : Je t'en parlerai plus tard.
GIL : Comment va Mlle Judical ?
FLORA : Nous attendons les nouvelles.
URSULA : Le médecin viendra nous parler lorsqu'il y aura du nouveau.
Frank est devant le distributeur de boissons et commande un expresso. Déterminée, Menley se lève et se dirige vers lui.
MENLEY : Tu n'as rien à me dire ?
FRANK : J'avais un cours tout à l'heure, je n'ai pas pu venir plus tôt.
MENLEY : Arrête ça, tu veux. Je te parlais de cette nuit. Où étais-tu ?
Frank ne répond rien et se contente de marteler le distributeur, voyant que le liquide ne coule pas dans le gobelet.
MENLEY : J'en ai plus qu'assez Frank ! Je ne supporterai pas cette situation plus longtemps. Mon appartement n'est pas...
GIL : Il était avec moi.
Gil, percevant la tension entre le couple, se fait un devoir d'intervenir.
MENLEY : Quoi ?
FRANK : Je suis allé voir Gil pour parler, et je me suis endormi sur le canapé.
GIL : C'est de ma faute, je ne l'ai pas réveillé.
Menley n'a pas le temps de répliquer, car le docteur Jones arrive à ce même moment. Toute l'assistance se tourne vers lui, suspendu à ses lèvres.
JONES : Tout va bien. Nous lui avons fait un lavage d'estomac et maintenant, elle dort.
Tout le monde semble soulagé. Daria triomphe.
DARIA : J'étais sûre que ça marcherait... Ce professeur Assenbaum est un véritable génie !
11 APPARTEMENT DE TIM
AM 10:24
On frappe à la porte. Tim s'empresse d'aller ouvrir. Devant lui, Beth grimaçante se pince le nez avec ses doigts.
BETH : Pouah ! Mais c'est chez toi que ça sent si mauvais ! C'est pas possible ! si tu as décidé de commencer une collection de fauves, sache q'il faut les empailler avant !
TIM : Pas si fort !
Il attrape Beth par le bras et la tire jusque dans l'appartement avant de fermer la porte. Beth aperçoit le désordre.
BETH : Je n'ai pas vraiment envie de te poser la question, mais... qu'est-ce qui se passe ici ?
TIM : Beth, je suis dans la merde la plus complète.
Beth regarde autour d'elle et voit le vomi près du canapé.
BETH : Je vois ça, oui.
TIM : Non, c'est pas ça. Je... je suis fichu. Il faut que tu m'aide, c'est très important.
BETH : Trouve-toi une femme de ménage !
Tim entraîne Beth dans la salle de bains.
BETH : Mais qu'est-ce que tu fais ? J'ai déjà fait le tour du propriétaire je te signale, et je n'ai pas envie de... aaaaahhh
Beth vient de découvrir le corps de Clancy. Tim pose sa main sur sa bouche pour étouffer le cri. Beth lui enlève la main et sort de la salle de bains.
BETH : Hors de question d'être mêlée à cette histoire !
Elle s'apprête à quitter l'appartement, mais avant qu'elle ne parvienne à la porte, Tim la rattrape.
TIM : Non, attends !
BETH : Tim, il y a un cadavre en décomposition dans ta salle de bains. Tu veux que j'attende quoi ? Que les vers aient finis leurs repas ?
TIM : Je n'y suis pour rien s'il y a un cadavre ici !
BETH : Bien sûr, c'est l'opération du Saint-Esprit ! Laisse-moi te dire qu'il a fait des choses plus louable que ça !
TIM : Je ne plaisante pas, Beth. J'étais parti pendant plusieurs jours et je viens de revenir.
BETH : Et tu as découvert un cadavre dans ton appartement ! Tim, tu te fiches de moi ! Qui est cette fille ?
TIM : Je lui ai prêté mon appartement le temps qu'elle se trouve un toit à elle. Je te le jure Beth, je n'y suis pour rien si elle est morte.
BETH : Tu dois appeler la police.
TIM : Je ne peux pas. Personne ne doit connaître l'existence de cette femme. Et surtout pas Nanne.
BETH : Tim, depuis que je te connais, tu n'as pas cessé d'accumuler les conneries. Mais là, je dois te dire que tu as fait fort !
TIM : Je vais t'expliquer....
BETH : Oh non ! Je n'ai pas du tout envie d'explication. J'ai envie de filer d'ici vite fait bien fait et d'oublier les cinq dernières minutes que je viens de passer avec toi.
Elle veut ouvrir la porte, mais Tim l'en empêche en lui barrant le passage.
TIM : Beth, je viens de me marier avec Nanne.
BETH : Quoi ! Tu t'es... Mais quel rapport avec le macchabée qui est à côté ?
TIM : Si Nanne venait à savoir ça, elle me quitterait.
BETH : Tim, n'importe quelle fille te quitterait dans pareille situation, même Nanne ... et je n'ai que faire de tes états d'âme. En fait, je m'en fiche ! Maintenant laisse-moi passer !
TIM : Nanne est riche, Beth… très riche. Elle a hérité d'une tante. Sa fortune se chiffre en millions de dollars. Si tu m'aides, tu auras tout ce que tu voudras. Ton prix sera le mien.
Beth songe alors au magasin de vêtements féminins qu'elle souhaite tant acheter. Ce serait l'occasion pour elle de réaliser son rêve.
12 CENTRE DE RÉÉDUCATION SAINT-ALEXIS
AM 11:18
Kelly se trouve devant la chambre de Stuart. Elle respire profondément, prête à affronter le pire. Si Stuart commence à parler, ou bien la regarde de travers, elle saura quoi dire et quoi faire. Elle entre dans la pièce et découvre que Stuart n'est pas seul. Une femme aux cheveux roux se trouve avec elle. Intriguée, Kelly s'avance. Elle lui tend la main en souriant.
KELLY : Bonjour, je suis Kelly Farris, la femme de Stuart.
Le sang de Jessica ne fait qu'un tour. Se trouver devant Kelly la remplit d'émotions. Mais elle ne doit pas les faire transparaître devant elle. Elle a toujours su que ce moment arriverait un jour où l'autre, mais elle songe cependant qu'il est encore trop tôt. Rassemblant son courage pour ne pas trembler, elle serre la main de Kelly sans la regarder dans les yeux.
JESSICA : Ravie de faire votre connaissance. Excusez-moi, mais j'ai terminer avec votre mari et j'ai encore un patient à voir.
Elle s'éclipse vers la sortie, mais Kelly la retient.
KELLY : Attendez ! J'aimerai savoir comment va Stuart. Y a-t-il des progrès ?
JESSICA (toujours en évitant soigneusement de regarder Kelly) : Il vaudrait mieux voir le médecin.
Puis Jessica sort de la pièce. Dans le couloir, elle s'affaisse contre la porte en respirant très fort.
Maintenant seule dans la pièce avec son mari, Kelly s'approche de lui. Stuart la regarde. Kelly sourit.
KELLY : Bonjour, mon chéri. J'espère que tu vas bien.
Stuart porte sur Kelly un regard noir et commence à s'agiter. Le sourire de Kelly s'efface. "Il sait... "
KELLY : Tu veux parler ?
Mais Stuart murmure des paroles incompréhensibles en gigotant dans tous les sens. Kelly recule en affichant un sourire machiavélique. Stuart ne peut toujours pas parler.
13 GARDEN VIEW
AM 11:26
Tim est dans la salle de bains de son appartement, occupé à enfiler un sac poubelle aux pieds de Clancy. Beth l'observe. Tim s'arrête et regarde Beth.
TIM : Ca ne te dérangerait pas de me donner un petit coup de main ?
BETH : C'est ton cadavre, pas le mien !
TIM : Je trouve que pour 300.000 dollars tu ne te foules pas trop.
BETH : Je ne vais tout de même pas toucher... ça ! (elle désigne Clancy). Ce n'est pas... hygiénique.
Tim soupire et va dans la cuisine chercher deux paires de gants en caoutchouc roses. Il retourne dans la salle de bains, en tend une paire à Beth et enfile l'autre.
TIM : Tiens, mets-ça ! Si tu ne m'aides pas, on sera encore là demain.
Beth considère les gants puis les enfile en faisant la moue. Une fois les pieds de Clancy enveloppés d’un sac poubelle et un autre autour de sa tête, Tim court chercher le grand tapis du salon et tout deux enroulent Clancy à l’intérieur du tapis. Ensuite, le duo de choc portent le curieux paquet jusqu'à la porte d'entrée de l'appartement.
BETH : Je maintiens que tu aurais dû appeler la police.
TIM : Et dire adieu à la fortune de Nanne ? Ca pas question !
Tim ouvre la porte et scrute les alentours.
TIM : C'est bon, il n'y a personne. Attends-moi là, je vais appeler l'ascenseur.
Pendant que Tim court appuyer sur le bouton de l'ascenseur, Beth songe que la seule chose positive dans cette histoire (mise à part le fait qu'elle va enfin avoir son magasin de vêtements) c'est que l'odeur nauséabonde va disparaître de l'immeuble, dès que la jeune femme dans le tapis sera loin d'ici.
Tim revient en courant jusqu'à la porte de l'appartement.
TIM : C'est bon, on peut y aller.
Tim prend un bout du tapis, et Beth l'autre bout. Ils arrivent à l'ascenseur juste au moment où la porte s'ouvre. Ils y entrent et la porte se referme. Pendant la descente, Beth prend le temps de souffler. Le tapis est appuyé contre le mur.
BETH : J'espère que tu es conscient qu'une fois de plus, tu me mets dans un sacré pétrin !
TIM : Penses aux 300.000 dollars qui t'attendent et évite de me faire des remarques déplacées. C'est déjà assez difficile pour moi.
BETH : Pour toi ? Et moi, tu y penses ?! Je suis devenue ta complice dans cette affaire !
L'ascenseur termine sa descente, et la porte s'ouvre. A ce même moment, Tim songe qu'elle aurait mieux fait de ne jamais s'ouvrir car il découvre devant lui ... Nanne. Cette dernière est interloquée par le tableau qui se trouve devant elle. Un tapis appuyé contre le mur, Tim les mains dans le dos souriant bêtement, et Beth, les cheveux complètement ébouriffés portant des gants en caoutchouc roses.
TIM : Nanne ? Tu es déjà rentrée ?
NANNE : Tim... mais qu'est-ce que tu fais avec Beth ?
Tandis que Tim, les mains dans le dos, essaye de se débarrasser de ses gants en plastique qu'il portait encore, Beth décide de prendre les choses en main.
BETH : Grand Dieux rien ! Je suis en train de refaire la déco de mon appartement et j'ai décidé d'aller jeter ce vieux tapis qui date de mon mariage avec Frank. Trop de mauvais souvenirs ...
La porte veut se refermer, mais Nanne se trouve dans le faisceau infra rouge qui commande la fermeture.
NANNE : Et tu as donc demander de l'aide à Tim !
Tim parvient à enlever les gants et les flanque dans la poche arrière de son jeans.
BETH : Pas du tout. Tim est descendu avec moi, c'est tout. C'est une pure coïncidence.
TIM : Oui, une pure coïncidence.
Tim essaie de trouver une parade, mais il devient de plus en plus difficile de se concentrer. Il a l'impression, depuis le début de la matinée, de vivre dans un brouillard le plus complet.
TIM : Je suis descendu pour venir te chercher à l'hôpital. Comment va Mlle Judical ?
NANNE : Bien, mais tu as prévenu la police ?
Là, c'est Beth qui ne suit plus. Nanne saurait-elle quelque chose au sujet du cadavre ?
BETH : La police ?
Tim regarde Beth.
TIM : Oui, j'ai été cambriolé pendant mon absence.
BETH (sarcastique) : Il t'arrive décidément beaucoup de tuiles en ce moment, mon pauvre Tim.
Tim regarde Beth d'un air insistant, de façon à lui faire comprendre qu'il serait préférable pour tous qu'elle songe à se taire. Et comme si la situation n'était pas suffisamment embarrassante, le tapis ne trouve pas d'autre moment pour perdre le fragile équilibre qu'il avait sur le mur et se jeter à terre et atterrir aux pieds de Nanne. Beth pousse un cri d'horreur, en appréhendant le risque que le cadavre de Clancy pourrait faire son apparition hors du tapis. Heureusement non. Beth se précipite pour ramasser le tapis, aidée par Tim qui décidément n'en mène pas large. Tim n'en peut plus, il faut qu'il parte avec Nanne le plus vite possible.
TIM : Viens, Nanne. Je voudrai aller prendre des nouvelle de Mlle Judical.
Il prend Nanne par le bras et l'emmène vers la sortie de l'immeuble. Nanne proteste.
NANNE : Mais j'en viens !
TIM (en accélérant) : Je serais plus rassuré si j'allais là bas.
NANNE : Mon Dieu, Tim, J'ai l'impression que cette maudite odeur nous poursuit !
Pendant ce temps, la porte de l'ascenseur se referme sur une Beth abasourdie, portant désormais seule la pauvre Clancy dans son drôle de linceul.
14 AU FIT-MACHINE
PM 04:34
Vestiaire
des hommes. La caméra se situe à hauteur de l'épaule droite d'une femme dont on
distingue la chevelure blonde mi-longue. Contre les murs des alignements de
casiers, entre les rangées des bancs en bois. Travelling avant à travers la
salle jusqu'à la porte des douches d'où s'échappe un nuage de vapeur d'eau.
Arrivé à l'encadrement de la porte on aperçoit un homme de dos sous une douche. Gros plan sur sa nuque, la caméra plonge progressivement jusqu'au haut des fesses. L'eau cesse de couler, l'homme prend une serviette, s'essuie le visage, le torse, puis se retourne ... et lève la tête en direction de la femme ...
KELLY : Joli spectacle.
Gros plan sur le visage d'Aiden
AIDEN : Ah c'est vous ... Je ne pensais pas vous voir aujourd'hui.
KELLY : J'ai toujours aimé être là où on ne m'attendait pas.
AIDEN : Vous êtes une femme surprenante.
KELLY : Où en êtes-vous ?
AIDEN : Comme vous le pensiez, elle n'a pas hésité à reprendre contact avec moi, après m'avoir aperçu dans Garden High Street.
KELLY : Beth est très prévisible.
Toujours face à Kelly, Aiden noue la serviette autour de sa taille.
AIDEN : Vous la connaissez bien ?
KELLY : Je les connais tous.
AIDEN : Vos amis ?
KELLY : Mes voisins.
Aiden sourit.
AIDEN : Dès notre première rencontre à San Francisco l'année dernière, j'ai su que je ne m'ennuierai pas avec vous.
KELLY : Vous vous en plaignez ?
AIDEN : Pas du tout.
KELLY : La suite du plan ?
AIDEN : Très bientôt. J'ai hâte que tout cela se termine ...
KELLY : ... et empocher les 15 000 $ que je vous ai promis.
AIDEN : Non. Je n'aime pas ce que j'ai à faire.
KELLY : Mais vous aimez l'argent.
AIDEN : Rectificatif. J'ai besoin d'argent. Vous ne me connaissez pas autant que vous connaissez vos ... voisins.
KELLY : J'apprendrai ...
AIDEN : A me connaître ? Cela prendra du temps.
KELLY : Je suis une femme qui sait se montrer patiente.
Aiden sourit.
AIDEN : L'affaire réglée, nous resterons ... en contact ?
KELLY : Vous me rendez un service. Je vous paie pour cela. Si vous ne me trahissez pas nous resterons en bons termes, et si vous avez besoin de mon aide vous pourrez compter sur moi.
AIDEN : Cela a le mérite de la clarté.
KELLY : Je respecte toujours mes engagements que se soit envers les autres ou envers moi-même.
Aiden retire sa serviette ...
AIDEN : Si vous permettez ... On m'attend ...
KELLY : Je vous laisse. Au revoir.
Aiden commence à se rhabiller.
AIDEN : Au revoir, Mme Farris.
15 GARDEN HIGH STREET
PM 04:46
Dans l'artère principale de Garden Place, la caméra nous montre les passants qui se bousculent. On entend des coups de klaxon de temps en temps. C'est l'heure de pointe sur Garden High Street. Les magasins ferment dans une demi-heure et chacun est occupé à faire leur derniers achats de la journée. La caméra s'attarde alors sur une voiture, une BMV noire, stationnée en face de la National Bank. Trois jeunes gens, ne devant pas avoir plus de vingt ans, sont à l'intérieur de la voiture. Il y a Archie, le conducteur du véhicule, Nathan le passager et Phil qui se trouve à l'arrière. Ils observent les allées et venues à la banque.
NATHAN : Bon, on récapitule...
Archie soupire.
ARCHIE : Ca fait dix fois qu'on répète la même chose. Y'en a marre.
NATHAN (il s'énerve) : Merde Archie ! Il faut qu'on soit top synchro ! Bon, moi et Phil on entre dans la banque. On sort nos flingues et on les fait tous se coucher, sauf une employée, celle qui est sur la droite. On lui demande de fourrer le fric dans un sac et on se tire. Toi, tu n'as qu'à attendre. Tu fais chauffer le moteur et on fout le camp direction Coronnell Street. OK ?
16 HÔPITAL MEMORIAL
PM 04:51
Elle se sent merveilleusement bien. Comme enveloppée dans du coton. Il y fait doux, il y fait chaud. Elle aimerait tellement y rester, pour toujours, mais elle sait que c'est impossible. Deux petits anges sont à côté d'elle et ce sont eux qui lui disent que c'est impossible.
LES ANGES : Il faut vous réveiller, Alice. C'est l'heure maintenant. Rappelez-vous, vous avez beaucoup de choses à faire, et vous avez toute la vérité à avouer... vous devez bien cela à vos proches. Et puis, vous avez tellement de choses à réaliser. C'est l'heure Alice... réveillez-vous... Alice... réveillez-vous. Mlle Judical ? Mlle Judical ? Réveillez-vous... Mlle Judical ?
L'image des deux anges se troublent pour ne devenir qu'une image blanche, puis une autre image apparaît... Ce ne sont plus les anges qui parlent maintenant. L'image se précise et Mlle Judical s'aperçoit que les anges ont pris de l'âge et aussi du poids.
DARIA ET URSULA : Mlle Judical ?
La Directrice a maintenant les yeux ouverts et la première image qu'elle a du monde réel est celle de ses deux employées.
MLLE JUDICAL : Daria... Ursula...
Mlle Judical résiste à la tentation de refermer les yeux pour replonger dans son rêve cotonneux et préfère affronter la dure réalité de la vie, matérialisée par la vision d'Ursula et de Daria, souriantes.
URSULA : Vous êtes à l'hôpital, Mlle. Mais tout va bien maintenant.
DARIA : Vous avez essayé de vous suicider, vous vous en rappelez ?
Ursula regarde Daria d'un air sévère. Daria se contente de hausser les épaules, se retenant de dire que le professeur Assenbaum préconise de parler sans fioriture afin de faciliter les rapports entre les âmes.
Tout devient clair dans l'esprit de Mlle Judical. Elle se souvient de tout, du mariage de Joe et Flora, des deux flacons d'Hypnolan, du professeur Assenbaum... et de la cassette. Mon Dieu, la cassette ! Qu'a-t-elle fait ?
MLLE JUDICAL : La cassette !
URSULA : Quoi ?
MLLE JUDICAL : Oh mon Dieu, elle va tout savoir... tout... Je n'aurais jamais dû faire ça. C'est trop important pour que... et je n'ai aucun moyen de récupérer cette cassette... si ça se trouve, elle l'a déjà écouté.
Daria et Ursula ne comprennent pas un traître mot de ce que raconte leur patronne.
DARIA : Dites-moi Alice, tout va bien ? Vous voulez qu'on appelle le médecin ?
17 MAISON DE JOE KRUEGER
PM 05:00
La porte d'entrée s'ouvre sur Joe et Flora. Joe rayonne, il est enfin de retour à la maison. La fidèle Madame Struggles vient à leur rencontre. Elle prend la veste de Joe.
MME STRUGGLES : Monsieur Joe, quel plaisir de vous revoir ! Comment vous sentez-vous ?
JOE : En pleine forme, Hariet.
MME STRUGGLES : J'ai préparé des biscuits au miel comme vous les aimez.
JOE : Merci, Hariet, vous êtes une perle.
FLORA : Mme Struggles, j'ai décidé de préparer le repas de ce soir en l'honneur de Joe. Vous pouvez prendre votre soirée.
Mme Struggles jette un regard froid à Flora, qui bien sûr ne le remarque pas. Mais Joe ne manque pas de percevoir l'animosité de sa servante envers Flora. Mme Struggles quitte le vestibule sans mot dire.
FLORA : Mme Sturggles ?
JOE : Elle est partie dans le salon.
FLORA : J'ai l'impression qu'elle ne m'aime pas beaucoup.
JOE : Tu es nouvelle ici. Elle s'y fera très vite.
Joe et Flora entrent dans la pièce qui sert de bureau à Joe.
JOE : Je me servirai bien un petit cognac.
FLORA : Ca pas question ! Tu connais les ordres du médecin : de l'eau jusqu'à nouvel ordre.
JOE : Il n'est vraiment pas drôle, ce médecin !
Il arrive devant son bureau et aperçoit une pile de courrier non ouvert sur la table. Il compulse les enveloppes et s'aperçoit qu'il y en a une à l'attention de Flora.
JOE : Tiens, tu as du courrier.
FLORA : Oh, je t'en prie Joe, Ouvres-la. Moi, je vais aller prendre un bon bain avant de préparer le dîner
Joe sourit.
JOE : J'en salive à l'avance.
FLORA : A tout de suite.
Flora quitte la pièce, pendant que Joe consulte son courrier. Rien de bien intéressant : des factures et des pubs. Son regard se porte à nouveau sur le petit paquet adressé à Flora. Il l'ouvre et en sort une petite cassette pour dictaphone. Intrigué, il regarde un peu mieux à l'intérieur de l'enveloppe, mais il n'y a pas de lettre d'accompagnement, ni même de nom d'expéditeur. Il sort de son tiroir son dictaphone, place la cassette à l'intérieur et appuie sur play. Surpris, il entend la voix d'Alice Judical.
18 APPARTEMENT DE BETH
PM 05:17
Tandis que Clancy repose en paix, lovée dans son tapis bon marché près du meuble télé, Beth écume de rage. Nerveuse, inquiète, stressée, elle fait les cent pas dans la pièce. Munie d'une bombe de désodorisant, elle asperge généreusement la pièce espérant recouvrir l'odeur du corps en putréfaction par celle des bois de senteur.
BETH (maugréant pour elle) : Je vais le tuer ! Mais qu'est-ce qui m'a pris de vouloir me mêler de cette affaire !
Quelqu'un sonne à la porte. Prudente, Beth s'approche et crie :
BETH : Qui est là ?
Le faible "C'est moi, Tim" qu'elle entend lui procure une sensation de soulagement teintée de colère. Elle ouvre la porte, attrape Tim par les cheveux et le tire jusqu'à l'intérieur de l'appartement avant de refermer bruyamment la porte.
TIM : Mais tu es folle ! Tu me fais mal !
BETH : Bon sang Tim, mais qu'est-ce que tu fichais ?
TIM : J'étais avec Nanne et...
BETH (hystérique) : Je me fiche de savoir où tu étais et avec qui ! ! Comment est-ce que tu as pu me laisser seule pendant toute une journée avec... avec... (elle désigne la pauvre Clancy du doigt)... avec ça ?
TIM : Beth, calme-toi. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? J'étais obligé de rester avec Nanne. Elle se serait posé trop de questions. Elle s'en pose déjà assez comme ça.
BETH : Tu aurais dû inventer une histoire, tu es très fort pour ça. Ce n'était pas bien difficile, ta "Mary Poppins" gobe tout ce qu'on lui dit !
TIM : Cette discussion ne mène nul part. On ferait mieux de s'activer, Nanne est partie à la banque, je lui ai dit que j'allais à l'Unecain récupérer mes affaires.
19 NATIONAL BANK DE GARDEN PLACE
PM 05:29
Nanne entre dans la banque, suivit par les deux gangsters Nathan et Phil. Il n'y a pas d'autres clients. La banque est d'ailleurs sur le point de fermer. L'employée fait grise mine en voyant arriver trois clients en fin de journée. Nanne s'avance en souriant vers l'employée, tandis que cette dernière soupire. Elle voit qu'un des hommes approche de Nanne et ne respecte pas la limite de discrétion imposée. Elle s'apprête à le rappeler à l'ordre, mais au même moment, l'homme sort l'arme de sa poche.
Tout se passe en quelques secondes à peine, mais pour Nanne, il s'agit d'une éternité. Elle voit sa vie passée devant ses yeux lorsque Nathan la force à se coucher par terre.
Phil reste près de la porte à surveiller dehors que personne n'entre. Archie est toujours garé en face de la banque, de l'autre côté de la rue.
NATHAN (en tendant un sac à l'employée) : Files-nous le pognon, et démerde-toi ! !
Visiblement préparée à être confrontée à ce genre de situation l'employée ne panique pas, prend le sac et commence à le remplir lentement avec le contenu de sa caisse.
NATHAN (portant son regard vers les cameras de surveillance ) : Plus vite !
Couchée, Nanne est terrifiée. Pour se calmer, elle pense à Tim qui l'attend à la maison et à la bonne soirée qu'ils vont passer ensemble. Elle peut sentir l'agresseur tout près d'elle, pointant son arme.
20 CHEZ JOE, DANS SON BUREAU
PM 05:31
Il appuie sur le bouton stop de son dictaphone. Cela fait trois fois qu'il écoute la confession d'Alice Judical. Il n'en croit pas ses oreilles. Comment Alice a-t-elle pu cacher un secret aussi important pendant toutes ces années ? Abasourdi, il se demande s'il doit en parler à Flora. Après tout, ce message lui est destiné. Si ce secret venait à se savoir, cela changerait toutes les donnes. Il a beau retourner la situation dans tous les sens, il en vient à la même conclusion : mieux vaut en parler avant à Alice.
La cassette dans les mains, il attrape sa veste et se précipite dehors.
21 GARDEN HIGH STREET
PM 05:38
Joe roule en direction de l'hôpital, encore sous le choc de la découverte. Depuis le terrible aveu de la Directrice de l'Unecain, il voit la femme qu'il avait aimé sous un nouveau jour. Il a l'impression de ne l'avoir jamais véritablement connu.
Il est soudain surpris par des lumières bleues qui clignotent au loin, se demandant bien ce dont il s'agit. Plus il se rapproche et plus les lumières s'intensifient. Il comprend alors qu'il s'agit sans doute de voitures de police. Il emprunte la voie principale. Devant lui quatre voitures de police déboulent, sirènes hurlantes, et s'arrêtent net devant la banque, bloquant la route. Joe freine d'un coup sec en faisant crisser ses pneus et comprend qu'il se trouve au coeur d'un drame. Mais il ne pensait pas que ce drame impliquait une personne qu'il connaît bien. Il tourne la tête en direction de la banque et aperçoit deux hommes qui en sortent, tenant une femme et pointant une arme sur sa tempe. Son sang ne fait qu'un tour lorsqu'il voit la femme.
JOE : Mon Dieu ! Nanne !
Il descend de la voiture, malgré les avertissements de la police.
JOE (criant) : Nanne !
Nanne et les deux gangsters se retournent vers lui. Phil tient Nanne, tandis que Nathan est à un mètre environ d'eux. Paniqué, Nathan pointe son arme vers Joe et tire. L'un des policiers tire peu après sur Nathan, qui s'effondre. Phil panique et lâche Nanne qui en profite pour s'enfuir en direction de Joe. Phil regarde de l'autre côté de la rue et voit qu'Archie s'est fait la malle avant l'arrivée des flics. Il tente le tout pour le tout et tire en direction de la police tout en marchant à reculons. Puis il arrive à s'enfuir par une petite rue perpendiculaire à la Garden High Street. Deux policiers le pourchassent en courant.
Pendant ce temps, Nanne est agenouillée devant Joe, en pleurant. Un des policiers est avec eux et demande à un de ses collègues d'appeler une ambulance. Nanne pleure.
NANNE : Joe... mon Dieu... Joe... Ce n'est pas possible.
Joe baigne dans son sang. La balle l'a atteint à la tête. Il regarde Nanne, tandis que la vie semble le quitter peu à peu.
JOE : Flo ... ra … Cass... ah... ette ...
Puis plus rien. Les yeux de Joe se ferment, tandis que Nanne hurle sa douleur. Joe Krueger vient de quitter notre monde.
22 DANS UNE RUE DE GARDEN PLACE
PM 05:44
BETH : Tim, tu roules trop vite ! Nous sommes en ville, n'oublie pas.
TIM : Plus vite cette histoire sera terminée, mieux ça sera.
BETH : Elle risque de ne pas se terminer comme tu l'espères si jamais on se fait arrêter pour excès de vitesse.
Tim n'a pas le temps de répliquer. A l'intersection de la rue, un homme arrive en courant. Il n'a pas le temps de freiner et percute de plein fouet Phil, le gangster, qui passe par dessus la voiture. Beth pousse un cri strident. Ils entendent alors les sirènes de polices, et Tim décide de prendre la fuite en passant par un sens interdit. Heureusement, la ruelle est déserte.
BETH : Tim, mais qu'est-ce que tu fais !
La ruelle donne sur une route nationale qui quitte Garden Place
BETH : Oh mon Dieu, tu l'as tué... tu l'as tué ! Tu es complètement fou.
Tim s'énerve.
TIM (criant) : La ferme !
BETH : Arrête-toi ! Arrête-toi tout de suite. Je veux descendre de cette putain de voiture !
TIM : Pas question. Tu la ferme et tu te tiens tranquille, OK ? Je l'ai pas vu ce type, merde !
BETH : Tu va t'arrêter tout de suite. Je ne veux pas être mêlé à ça. C'est un meurtre ! Tu viens de commettre un meurtre ! Est-ce que tu t'en rends compte !!
Beth devient aussi hystérique de Tim.
TIM : Je t'ai dit de la fermer !!!
Beth prend alors le volant pour forcer Tim à se mettre sur le côté.
TIM : Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu es folle !!! Arrête.
La caméra nous montre la voiture slalomer sur la route nationale déserte, avant de quitter la route en faisant une embardée spectaculaire au cours de laquelle le coffre de la voiture s'ouvre, laissant échapper Clancy. La voiture termine finalement sa folle course à l'orée d'un bois.
23 AU MEA CULPA
PM 08:12
La camera suit
Malcolm Reed qui entre au MEA CULPA.
Peu de monde en cet fin d'après-midi dans le bar où l'on entend en musique de fond " Diva " de Dana International. Malcolm s'installe au bar et commande une bière à Sally l'habituelle barmaid. Il se retourne et aperçoit David, tee-shirt blanc, blouson en cuir noir, remonter les escaliers qui conduisent aux WC suivi de près par Mike, un autre habitué des lieux qui réajuste son pantalon. David s'installe au bar à la gauche de Malcolm tandis que Mike quitte le bar.
MALCOLM : Une bière ?
DAVID : Pourquoi pas.
Malcolm fait un signe à Sally.
MALCOLM : Tu es là depuis longtemps ?
DAVID : Tu te prends pour ma mère ?
MALCOLM : Non, pour un ami ...
Sally apporte une bière à David qui commence à la siroter le regard fixé vers le miroir derrière le bar qui lui renvoi son image. Après un long silence ...
DAVID : Menley a eu des problèmes avec sa voiture ce matin. Comme j'ai terminé mon travail tôt cet après-midi au cabinet j'en ai profiter pour téléphoner à Mike à son garage. Il m'a proposé de le rejoindre ici ...
MALCOLM (ironique) : Pour signer le contrat de réparation de la voiture de ta sœur aux chiottes ?!?!
DAVID : J'aime beaucoup ma sœur.
A nouveau, long silence. David fixe à nouveau le miroir, Malcolm a la tête basse le regard perdu dans sa bière.
DAVID (tout en continuant à fixer le miroir) : T'es le seul ami que j'ai à Garden Place. D'ailleurs je crois le seul que je n'ai jamais eu.
Malcolm redresse la tête, son visage s'illumine.
DAVID (toujours sans porter son regard sur Malcolm) : Je ne veux plus qu'on baise ensemble.
Le sourire quitte le visage de Malcolm qui marque un instant une expression d'étonnement et d'incompréhension avant de réapparaître. Malcolm a compris qu'il comptait plus aux yeux de David que ses coups d'un soir.
MALCOLM : ...
A cet instant Kyle, un blond peroxydé, salue David par une grande tape sur l'épaule, interrompant Malcolm qu'il ignore ostensiblement.
KYLE : Salut Man
DAVID : Salut Kyle, comment vas-tu ?
Kyle s'assoie sur le tabouret libre à la gauche de David
KYLE : Cool Mec, t'as maté le nouveau barman ?
DAVID : Non.
Malcolm s'est replongé dans sa bière feignant de ne plus suivre la conversation.
KYLE : Un vrai mâle, mates moi ça !
Kyle joint le geste à la parole en désignant d'un coup de tête Aiden qui sert des clients à l'autre extrémité du bar. David suit son regard puis se retourne vers Kyle qui le prend par les épaules avec son bras droit et lui glisse à l'oreille.
KYLE : J'en salive à l'avance.
Kyle en profite pour lécher le lobe de l'oreille de David. David éclate de rire. Malcolm soupire.
DAVID (s'adressant à Kyle) : Le poisson va-t-il se jeter dans les mailles du filet ?
KYLE (gloussant) : Je me débattrai pour la forme et cèderai rapidement à ses brûlants assauts.
Kyle se lève et se dirige vers Aiden, en passant derrière Malcolm ...
KYLE (sans s'arrêter) : Oh Malcolm, je ne t'avais pas vu ... à une autre fois.
DAVID (à Malcolm) : Ne prête pas attention à lui.
MALCOLM : A qui ?
David et Malcolm éclatent de rire ensemble.
24 SUR LA ROUTE NATIONALE
PM 08:23
Tim se réveille au volant de sa voiture avec de violents maux de tête. Il regarde Beth à ses côtés. Elle est réveillée et regarde droit devant elle, les brais croisés. Elle a un léger hématome au front.
TIM : Beth ? Ca va ?
Cet accident aura au moins eu l'effet les calmer tous les deux. Tim approche sa main de la blessure de Beth.
BETH (regardant toujours droit devant elle) : Ne me touche pas ! Ne me parle pas ! Je veux oublier jusqu'à ton existence.
TIM : Beth, on est dans la même galère, toi et moi. Il faut qu'on se serre les coudes, tu comprends ?
Beth se tourne enfin vers Tim et lui offre un regard empreint d'incompréhension.
BETH : Tu as tué un homme, Tim ! Comment est-ce que tu peux être aussi calme en sachant ça ?
TIM : Parce que je suis en train de chercher une solution pour sauver nos peaux, la mienne comme la tienne. Tu as accepté de m'aider, il faut que tu le fasse jusqu'au bout. Ce qui est fait est fait. Je ne suis pas fier de m'être enfuit, ni d'avoir percuté ce gars, mais je ne dois pas y penser maintenant. Le plus important, c'est de sortir d'ici et de se débarrasser de Clancy.
Pour toute réponse, Beth sort de la voiture cabossée et se dirige vers la route. Intrigué, Tim sort à son tour.
TIM : Beth, où est-ce que tu vas ?... Beth ?...
Mais Beth ne répond pas, ne se retourne même pas. Elle continue de marcher d'un pas décidé. Tim la regarde s'éloigner...
TIM : Beth, tu ne vas pas me laisser tomber... Beth !!!
Beth est maintenant sur le bord de la route et la longe. Une voiture arrive, et elle lève les bras en signe de détresse. Mais la voiture ne s'arrête pas.
TIM (criant pour que Beth entende) : Va te faire foutre !!!
Tim est vert de rage, mais surtout désespéré, ne sachant (encore une fois) plus quoi faire. Il aperçoit alors le tapis avec Clancy à l'intérieur à quelques mètre de la voiture. Il ramène son ex petite amie dans le coffre et le referme. Puis il se met à rire. Un rire gras et fort. Un rire nerveux qui se termine en sanglot. A quoi bon remettre Clancy dans le coffre puisque la voiture ne peut plus démarrer !
Sur la route, une autre voiture arrive et Beth entreprend les mêmes gestes. Cette fois, la voiture s'arrête et Beth monte à l'intérieur.
25 MEA CULPA – BACKROOM AU SOUS-SOL
PM 10:06
Dans une quasi obscurité la camera traverse une salle dans laquelle déambulent des hommes pour la plupart torse nu. A deux, trois ou plus certains s'enlacent et s'embrassent d'autres ne font qu'observer.
La caméra retrouve David adossé à un mur. Seul son visage est éclairé. En face de lui un homme à l'âge indéfini dans l'ombre, le caresse, puis remonte son tee-shirt blanc et lui lèche les seins avant de l'embrasser.
L'homme retourne David contre le mur. David défait la ceinture de son pantalon que l'homme rabaisse violemment. Les yeux mi-clos David attend que l'homme s'active ...
Quand brutalement l'homme est tiré en arrière par un nouvel arrivant. David se retourne, l'expression du visage mi-irritée mi-excitée.
AIDEN (à l'homme) : Casse toi !
L'homme s'apprête à riposter mais la détermination qu'il lit sur le visage d'Aiden l'en dissuade. Il quitte la scène.
AIDEN (toujours à l'homme) : Je ne veux plus te revoir ici !
David s'approche d'Aiden ...
AIDEN (à David) : Je ne consomme pas la marchandise de la maison.
Le visage de David exprime une certaine incompréhension.
AIDEN (aux hommes qui s'étaient regroupés autour d'eux) : Le spectacle est terminé.
AIDEN (à David, en train de réajuster ses vêtements) : J'espère pour toi que ce n'est pas dans tes habitudes de te faire enculer sans capote.
DAVID (en bredouillant) : Non, je ne m'étais pas rendu compte ...
AIDEN : A l'avenir, fais plus attention à toi.
Aiden s'éloigne de David sous le regard de ce dernier dont le visage trahit maintenant une peur rétrospective.
26 PRÈS DE LA ROUTE NATIONALE
PM 10:13
Tim est appuyé contre la voiture. Seul le bruit des grillons indique qu'il y a une vie dans les alentours. Tim se trouve dans une impasse. D'abord parce que s'il laisse le corps de Clancy non loin d'ici, la police fera le rapprochement avec sa voiture. Mais il n'a pas le choix : il va devoir trimbaler Clancy et son tapis le plus loin possible de la voiture, revenir sur les lieux et appeler une dépanneuse.
Il parvient jusqu'au coffre et l'ouvre. Il songe à Nanne. Elle doit être morte d'inquiétude à l'heure actuelle. D'ici à ce qu'elle appelle la police ... Il regarde le tapis.
TIM : A nous deux, Clancy !
Il attrape le tapis au même moment où, plus loin sur la route, une voiture s'immobilise. Un couple en sort et se dirige vers Tim. Ce dernier referme le coffre précipitamment. Le couple arrive jusqu'à lui.
LA FEMME : Oh mon Dieu, Edwin, ce jeune homme a eu un accident !
EDWIN (à Tim) : Vous allez bien ?
TIM : Oui, ça va, je vous remercie.
A la lueur de la lune, on peut s'apercevoir que le couple est relativement âgé. Tim leur donne une soixantaine d'année.
LA FEMME : Voulez-vous qu'on vous conduise à l'hôpital le plus proche ? Ou bien qu'on appelle quelqu'un ?
TIM : Non, je vous remercie. J'ai déjà prévenu un ami. Il doit arriver. On va bientôt venir me chercher. J'ai aussi appelé la dépanneuse.
EDWIN : Mais vous êtes sûr que ça va ? Je veux dire, vous n'avez rien de casser ?
TIM : Non, rien. Merci de vous en inquiéter. Tout va bien.
LA FEMME : Nous allons tout de même rester ici le temps que votre ami arrive...
Tim soupire. "Aujourd'hui, j'aurais eu la totale. Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter une journée aussi merdique ? La mort de Clancy... les mensonges à Nanne... le plan qui foire... le gars que j'ai éjecté... et maintenant M. et Mme Pot-de-colle qui s'emmêlent".
TIM : Ecoutez, vous êtes très gentils, mais ce n'est vraiment pas la peine de rester avec moi. Je vais me débrouiller tout seul.
EDWIN : Non, Mathilda a raison. Nous allons rester ici. On ne sait jamais.
Tim croise les bras. Là, il est sans ressource. Et aussi incapable de trouver une parade à cette aventure. "Là, je suis coincé... et pour de bon". La seule idée qu'il lui vient en tête est d'appeler Nanne afin de lui dire où il se trouve et qu'elle vienne le chercher. Il trouvera bien un moyen pour revenir le lendemain matin se débarrasser de Clancy. Ceci dit, laisser un cadavre dans le coffre de sa voiture toute une nuit peut s'avérer dangereux, mais Tim n'a pas le choix. Il s'excuse auprès de M. et Mme Pot-de-colle et entre dans la voiture. Il prend son téléphone cellulaire et compose le numéro de Nanne. Après plusieurs sonneries il tombe sur sa messagerie. Il raccroche sans laisser de message. "Merde ! Mais qu'est-ce que tu fous, Nanne ?"
Il n'a qu'une envie, c'est rester dans la voiture. Il ne veut pas parler au couple qui s'incruste dans sa malheureuse aventure. Il va pourtant falloir le faire. Il sort de sa voiture avec l'intention de demander une nouvelle fois au couple de partir. A ce même moment, une autre voiture arrive de la route nationale et se gare près de la voiture des Pot-de-colle. Tim est dépité. "Cette fois, c'est fini, j'en ai marre, je zappe..."
MATHILDA : Ce doit être votre ami.
Tim lève la tête au ciel, se demandant quand cette journée va prendre fin. Il rêve d'être dans son lit, à côté de Nanne. Il baisse la tête et regarde la personne qui arrive. Il pousse un énorme soupir de soulagement en voyant Beth s'approcher. Il sent son cœur s'alléger. C'est comme s'il était prisonnier sur une île déserte depuis trois mois et qu'un bateau venait le chercher. Il sourit. "Beth, tu es le plus beau bateau que j'ai jamais vu".
TIM : Oui, c'est elle. C'est mon amie.
Beth considère le couple d'un regard méfiant.
TIM : Ces gens sont très gentils, ils sont venus me secourir.
EDWIN : Nous sommes heureux d'avoir pu vous aider, Monsieur. Tu viens, Mathilda ?
Et le couple regagne leur voiture. Tim regarde Beth en souriant.
TIM : Je savais que tu ne pouvais pas me laisser tomber.
27 SCÈNE FINALE
" Always on my mind " de Chris de Burgh sert de fond sonore aux trois scènes suivantes. Aucun dialogue n'accompagne ces scènes.
CHEZ JOE
PM 10:23
Flora est à table avec Eric et Lacey. Les assiettes sont vides. L'inquiétude se lit sur leur visage. Flora se lève et va ouvrir la porte d'entrée. Elle est suivie d'Eric et Lacey. Deux policiers en uniforme parlent à Flora. Le visage de l'aveugle passe de l'inquiétude à l'angoisse, puis à une profonde et déchirante douleur, la douleur qu'on éprouve lorsqu'on perd un être cher aussi brusquement. Elle tombe à genoux, tandis que Lacey ne peut retenir ses larmes. Eric se précipite vers Flora pour la soutenir, ils éclatent tous deux en sanglots.
Fondu enchaîné.
A GREAT GARDEN – ENTRÉE B, GARDEN LAKE
PM 10:27
Beth et Tim sont au bord du lac. Ils déroulent le tapis. Beth prend Clancy par les pieds et Tim par les épaules et ils jettent le corps dans le lac. La caméra offre un ralenti sur Clancy qui s'enfonce doucement dans les eaux glacées du lac.
Fondu enchaîné.
APPARTEMENT DE TIM
PM 10:59
Tim regagne son appartement. Il souhaite, avant d'aller voir Nanne, prendre une douche. L'odeur nauséabonde a disparu. Une chance ! Il se tient la tête en signe de douleur. Il se dirige dans la salle de bains. Il cherche des antalgiques dans sa pharmacie sans succès. C'est là qu'il trouve parterre le sac à main de Clancy. Doucement, il prend le sac et le regarde avec nostalgie, repensant aux bons moments qu'il a vécu avec la jeune femme. Puis il regarde dans son sac, il en sort la photo d'une enfant aux cheveux blonds dans un champ de citrouilles, sans doute Clancy enfant. Tim est ému, des larmes coulent de ses yeux. Toujours à la recherche d'antalgiques il vide le sac dans le lavabo. Parmi toutes les affaires de Clancy il trouve un flacon de médicaments à moitié vide dont l'étiquette est en partie effacée. Tim essaie de déchiffrer de quoi il s'agit. Quand soudain son cœur semble avoir cessé de battre, la main tétanisée autour du flacon. Tim a réussi à lire le nom du médicament, trois lettres, trois coups de poignards que lui assène Clancy par delà la mort : A Z T.
Il lève les yeux au ciel puis considère son visage sans expression que lui renvoie le miroir en face de lui.
Fondu au noir.
GÉNÉRIQUE DE FIN