1  GARDEN PLACE

 

La caméra survole Garden Place. Autour du lac et de Great Garden la reconstruction de la ville se poursuit. Au-delà des limites de la ville la caméra nous amène dans une forêt où, au centre d'un parc aménagé, se dresse une imposante résidence grise au toit rouge. La caméra pénètre à l'intérieur par une fenêtre entre ouverte. Elle longe un couloir jusqu'à une porte en bois massif sur laquelle est accrochée une plaque ou il est inscrit " Mildred Fletcher - Infirmière chef ". De l'autre côté de la porte, derrière un bureau se tient assise une femme au visage bienveillant.

 

MILDRED (en se levant et en s'adressant à une personne assise dans un des deux fauteuils installés en face d'elle) : Je vous le répète ; vous êtes entre de bonnes mains ici. (lui indiquant de la main la porte de son bureau) Venez. Je vais vous montrer votre chambre. Nous en profiterons pour visiter la résidence.

 

Une femme se lève du fauteuil. La caméra se trouve au niveau de son épaule ; on ne distingue pas le visage de la femme. Elle s'approche de Mildred Fletcher qui tient la porte de son bureau ouverte. Elle passe devant une fenêtre et jette un œil à l'extérieur. Elle aperçoit derrière le feuillage d'un arbre deux jeunes femmes en train de disputer une partie de tennis. Les deux joueuses donnent l'impression de se traîner sur le court en gazon et de ne pas réellement se passionner pour le jeu tout comme une troisième femme assise sur la chaise d'arbitre et qui s'est endormie en comptant les points.

 

MILDRED (s'adressant à la femme) : De nombreuses activités vous serons proposées ... sportives ou artistiques. (en souriant) Elles sont préconisées par le Pr Gollum et font partie intégrante de la thérapie qu'il a mis au point.

 

Le femme écoute sans détourner les yeux du terrain de tennis. Zoom avant de la caméra. On reconnaît maintenant les deux joueuses  ; il s'agit de Jillie Perkins et de Lacey Krueger.

La scène est filmée à travers la fenêtre, depuis le bureau de Mildred Fletcher. Jillie est au service. Lacey renvoie la balle difficilement. Quelques échanges, au cours desquels la balle manque quasiment à chaque fois de retomber dans le filet quand brusquement Lacey frappe de toute ses forces dans la balle en poussant un cri de rage. Sous la violence du coup une corde de sa raquette casse. Jillie ne parvient pas à se placer correctement par rapport à la balle qui percute son visage à pleine vitesse.

 

Jillie crie de douleur. Elle se tient la tête des deux mains puis reprend son souffle et se précipite vers Lacey. Elle bondit par dessus le filet avant de se ruer sur Lacey. Les deux femmes en viennent à se battre comme des chiffonnières aux pieds de la chaise d'arbitre qu'elles bousculent ne manquant pas ainsi de réveiller brutalement Ursula Fortner.

 

Tandis que dans son bureau Mildred pose sa main sur l'épaule de la nouvelle pensionnaire de la résidence, trois hommes en blouse blanche font leur apparition sur le court de tennis et séparent rudement les deux furies.

 

MILDRED : Venez Mlle Weaver ...

 

Apparaît alors seulement le visage pâle et bouffi de Menley Weaver, alourdie d'une quinzaine de kilos.

 

 

 GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 

 2  GARDEN PLACE - AU " MEA CULPA "

 

Le nouveau " Mea Culpa " restauré n'est encore qu'un gigantesque local vide. Le comptoir, situé sur la gauche, est couvert de draps blancs. Quatre éphèbes aux muscles saillants mais dont la virilité laisse à désirer sont accoudés au comptoir en train siroter des bières. Luke, l'un des quatre, parle avec une gestuelle non équivoque.

 

LUKE : Un type super bien monté ... un vrai délice. J'ai commencé à lui caresser les fesses. Je vous raconte pas les filles : il avait de ces fesses ! Deux beaux melons prêts à être dévorés. Bref, je lui dégrafe le pantalon, histoire d'aller plus loin dans mes investigations. Ensuite, je me mets à genoux et m'apprête à déguster une délicieuse glace à deux boules. Et à cet instant, j'ai eu un mouvement de recul.

 

 

BOBBY : Pourquoi ? La glace était fondue ?

 

LUKE : Non ... non ... au contraire. Rien à redire du côté du bâton. C'était plutôt au niveau des boules.

 

Ses trois comparses le regardent sans comprendre. Luke secoue la tête d'une manière peu virile.

 

LUKE : Il n'y avait qu'un seul parfum !

 

Exclamations au sein du petit groupe.

 

PETE : Et où était l'autre ?

 

LUKE : Il paraît qu'elle n'est jamais descendue.

 

Jimmy secoue la tête en soupirant.

 

JIMMY : Pauvre Arthur. Ca ne doit pas être évident à gérer ...

 

LUKE (offensé) : Pauvre Arthur ! Pauvre de moi, tu veux dire. Penser passer une nuit d'enfer avec un super mec et me retrouver au lit avec seulement la moitié d'un homme ...

 

Les élucubrations de Luke sont interrompues par des claquements de mains. Amanda fait son entrée dans la pièce vêtue d'une robe rouge moulante.

 

AMANDA : Allons, allons, les filles, au boulot. Je vous rappelle que le Mea Culpa rouvre dans deux semaines à peine. Alors bougez un peu vos fesses siliconées et arrêtez vider les réserves du bar !

 

Les quatre jeunes gens soupirent et retournent peindre une partie du mur. De l'autre côté de la pièce se trouve un couple également occupé à peindre. Amanda se dirige vers eux en souriant.

 

AMANDA : Frank chéri ! C'est vraiment gentil à toi d'être venu. J'ai besoin d'hommes forts. (elle fait un signe de tête vers Luke et ses acolytes puis se retourne vers Frank avec une moue) et crois-moi c'est pas évident. (elle lui pince la joue en souriant) Mais maintenant que j'en ai trouvé un, je vais le garder.

 

FRANK (rougissant) : Oui, sauf que je ne pourrais pas resté plus d'une heure : je dois être de retour au "Cookies 'n' Books" dans deux heures ... Au fait, je crois que tu connais Nanne.

 

Amanda se tourne vers Nanne en souriant.

 

AMANDA : Bien sûr, on s'est croisé plusieurs fois au " Cook's ". Elle m'a conseillé une fois sur le choix d'un livre de cuisine française. Merci d'être venue.

 

NANNE : Ca me fait très plaisir de me rendre utile.

 

AMANDA (à Frank) : Au fait, tu as des nouvelles de Malcolm ?

 

FRANK (son sourire s'efface) : Non, ça fait près d'un mois qu'il n'a plus donné signe de vie.

 

AMANDA (perplexe) : Curieux...

 

FRANK : Quoi ?

 

AMANDA : Je veux dire ... je ne pensais pas qu'il aurait abandonné la partie aussi vite avec toi. Il m'avait semblé très accro ...

 

FRANK (gêné) : Tu remues le couteau dans la plaie, n'en rajoute pas.

 

AMANDA : Désolée.

 

De l'autre côté de la pièce, Bobby fait tomber par mégarde un pot de peinture. Amanda se tourne vers lui.

 

AMANDA : Bobby ! Mais quelle sotte !

 

BOBBY : Désolé, Amanda.

 

AMANDA (riant) : Tu vides ma réserve de bière et maintenant tu gaspilles la peinture. Si ça continue, je te flanque avec le maire de Garden Place pour la soirée de réouverture de la boîte.

 

BOBBY (s'affolant) : Non Amanda, ne fais pas ça. Pas le maire. La dernière fois, il m'a demandé de faire des choses ... enfin des trucs ... que même moi je ne connaissais pas.

 

Amanda se met à rire et se retourne vers un Frank perplexe.

 

FRANK : Le maire de Garden Place ?

 

Amanda lui fait un clin d'œil entendu.

 

AMANDA : Il va de soi que vous n'avez rien entendu, vous deux.

 

NANNE (en riant) : Nous emporterons le secret dans la tombe.

 

FRANK (à Amanda) : Tu me sembles de très bonne humeur ces derniers temps.

 

AMANDA : Il y a de quoi. J'attends depuis tellement longtemps la réouverture du Mea Culpa ...

 

FRANK : Amanda, tu ne me l'as fait pas. Il y a encore une semaine, tu pestais parce qu'on t'avait livré des chaises et des tables qui n'étaient pas assortis, et vendredi dernier tu étais au bord de la crise d'apoplexie parce que Luke avait vomi sur le tapis que tu avais fait venir d'une boîte SM de Berlin ... Alors, que cache cette soudaine bonne humeur ?

 

AMANDA (en souriant) : Je ne vois pas de quoi tu parles ...

 

FRANK : Il y a un homme là dessous...

 

NANNE : Vos yeux brillent, Amanda. Ne dites pas le contraire.

 

AMANDA : D'accord, d'accord, je vais tout vous dire. Il a 34 ans, il est archéologue et il est mignon comme un chou.

 

FRANK : Et bien, on dirait que tu es mordue.

 

AMANDA : Je suis tout simplement amoureuse, Frank chéri. Et c'est la première fois que ça m'arrive depuis des lustres.

 

FRANK : Et quand aurons-nous la chance de connaître la perle rare ?

 

AMANDA : Bientôt j'espère. (elle regarde sa montre) Je suis en retard. J'ai rendez-vous avec mon prince charmant au musée de Garden Place. C'est aujourd'hui l'inauguration de l'expo sur les météorites, vous êtes au courant ?

 

FRANK : Plutôt oui. Toute la ville en parle. Ce sont même mes ex beau parents qui en sont les organisateurs.

 

AMANDA : Tu veux dire que Gwen et George Helicok sont ...

 

FRANK (terminant la phrase) : ... les parents de Beth.

 

AMANDA (en chantonnant) : Que le monde est petit ! J'y vais. Cia les amours !

 

Frank et Nanne la regardent partir.

 

NANNE : Il est vraiment extraordinaire.

 

FRANK : Heureusement qu'Amanda ne t'a pas entendu.

 

NANNE : Pourquoi ?

 

FRANK : Elle déteste qu'on parle d'elle au masculin.

 

Frank et Nanne reprennent leur pinceau.

 

FRANK : Je me demande tout de même à quoi il ressemble.

 

NANNE (regardant Frank) : Et bien sûr on ne peut pas aller à l'exposition. Ce ne serait pas correct vis-à-vis d'Amanda.

 

FRANK : Non, bien sûr que non. Ce serait du voyeurisme. Ce ne serait pas correct de faire ça ...

 

 

 3  MUSEUM OF GARDEN PLACE - GRAND HALL D'EXPOSITION

 

NANNE (impatiente) : Alors, tu les vois ?

 

Frank est sur la pointe des pieds et scrute la salle autour de lui. Le grand hall du musée est plein à craquer.

 

FRANK (essayant de couvrir le brouhaha de la foule) : Non ... Il y a beaucoup trop de monde. Je ne savais pas qu'autant de gens pouvaient s'intéresser à des météorites. Après tout, ce ne sont que de vulgaires pierres ...

 

GWEN : ... qui ont failli rayer Garden Place de la carte de la Californie.

 

Frank sursaute en entendant la voix de Gwen et se tourne vers elle, gêné par les propos qu'il vient de tenir. Gwen, au contraire très à l'aise, lui sourit.

 

GWEN : Frank. C'est vraiment gentil à vous d'être venu.

 

FRANK (bredouillant) : G...g...wen.

 

GWEN : Vous sembliez chercher quelqu'un.

 

NANNE : Non. Non. Nous étions juste en train d'admirer ces ... (elle regarde les météorites, cherchant ses mots) ... chondrites carbonées.

 

GWEN : Pas exactement ces roches proviennent de la météorite Cléo ; elles recèlent quelques bizarreries qui ne permettent pas encore de les identifier formellement ... Mais je constate avec plaisir qu'il vous reste des notions de votre séjour chez nous au lac Tahoe (souriant à Nanne) Mme Nanne O'Connell, c'est bien ça ? (prenant un air désolé) J'ai appris pour votre mari ... Je suis navrée.

 

Gwen ressent la gêne de Nanne qui mal à l'aise hoche timidement la tête.

 

GWEN (changeant de sujet) : Bon, je dois vous laisser (elle regarde en direction d'un homme qui entre dans la pièce). Je vois que le maire de Garden Place vient de faire son entrée.

 

Brusquement, la tête de Nanne et celle de Frank pivotent en même temps en direction de l'homme en question. Nanne regarde Gwen se précipiter vers le maire et sa plantureuse épouse. Elle lui sert la main.

 

NANNE (ironique) : Paul Raimondi ... ou devrais-je plutôt dire Mister Nuit d'enfer !

 

FRANK : Oui, mais avec tout ça, on n'a pas encore vu Amanda et le nouvel homme de sa vie.

 

La caméra pivote et survole la pièce jusqu'à Amanda et son prince charmant, occupés à admirer une des pièces du musée. La pulpeuse et extravagante Amanda s'est transformée en une Amanda plus posée, vêtue d'un tailleur noir et coiffée d'un large chapeau à voilette noir et blanc.

 

AMANDA : Alors voilà la fameuse Cléo !

 

L'HOMME : Ou ce qu'il en reste.

 

AMANDA : Impressionnant.

 

L'homme la regarde, une lueur particulière dans les yeux.

 

L'HOMME : Pas aussi impressionnante que toi.

 

AMANDA (à la fois gênée et amusée) : Mark ... Sois sérieux pour une fois.

 

MARK : Et si je n'avais pas envie d'être sérieux.

 

AMANDA : Tu as envie de quoi, alors ?

 

MARK : De toi ! Et maintenant.

 

AMANDA : Mark, on ne peut pas partir, on vient juste d'arriver.

 

MARK : Qui te parle de partir. (il lui met une main aux fesses) Il doit bien y avoir des toilettes dans le coin.

 

AMANDA : Mark, mais tu es insatiable.

 

Il réitère son geste de l'autre main.

 

AMANDA : Arrête, on pourrait nous voir. Je n'ai pas envie de me faire remarquer.

 

MARK : Allez !  Viens ! Ne joue pas les mijaurées ...

 

 

 4  MUSEUM OF GARDEN PLACE - DANS UNE SALLE D'EXPOSITION ANNEXE

 

Sibella admire des fragments de météorites exposés dans une vitrine quand vient la rejoindre Brian Simpson observé de loin par Kristen Perkins en train d'écouter d'une oreille discrète les commentaires de George Helicok sur des prises de vue astronomiques exposées aux murs.

 

BRIAN (quelque peu excédé) : Je commence à en avoir assez de jouer les coursiers entre vous et Kristen Perkins.

 

SIBELLA (levant les yeux de la vitrine) : Cela fait partie de votre nouveau rôle de rédacteur en chef.

 

BRIAN : Je ne crois pas, non ! Vous vous comportez comme des gamines et pas comme les co-dirigeantes d'une entreprise.

 

SIBELLA (haussant le ton) : Ecoutez, Mr Simpson. Ne me faites pas regretter de ne pas m'être opposée à votre nomination. Le journal est géré correctement et ... (jetant un oeil par dessus l'épaule de Brian vers Kristen et George) ... nous venons de conclure comme prévu le rachat de KGP6 en respectant les accords passés par mon gendre.

 

BRIAN : Ce serait tout de même plus simple d'accepter de vous parlez sans intermédiaire.

 

SIBELLA (grimaçant) : Au fait qu'a-t-elle répondu ?

 

BRIAN : Elle n'a pas encore pris sa décision. (il fait une pause) Je crois qu'elle souhaite auparavant s'entretenir avec sa fille.

 

SIBELLA : Je vois. (elle grimace à nouveau en serrant les cuisses et en fléchissant légèrement les genoux) Excusez-moi, Brian. Je dois vous laisser un instant ...

 

Puis elle se dirige en se dandinant comme un canard vers les toilettes sous le regard amusé de Brian.

 

 

 5  MUSEUM OF GARDEN PLACE - TOILETTES POUR DAMES

 

Mark colle Amanda contre le mur des toilettes, son chapeau vole jusqu'au sol. Haletant d'excitation, ils s'embrassent.

 

AMANDA (entre deux baisers) : La porte ...

 

MARK : Elle est verrouillée.

 

Il sort alors de la poche de son pantalon une pince à cheveux qu'il montre à Amanda.

 

MARK : Je suis très doué de mes dix doigts (très excité) Je vais te le prouver.

 

Mark laisse tomber la pince à cheveu parterre et glisse sa main sous le tailleur d'Amanda tout en l'embrassant fougueusement.

 

De l'autre côté de la porte arrive, en se dandinant et faisant la grimace, Sibella Calvin. Elle tente d'ouvrir la porte, mais n'y parvient pas.

 

SIBELLA : Qu'est-ce ... il ne manquait plus que ça.

 

A l'intérieur, Mark caresse le corps d'Amanda, qui retient un cri de plaisir. Elle se mord les lèvres pour éviter de crier. 

 

MARK (dans un souffle) : Tu me rends fou.

 

 

 6  MUSEUM OF GARDEN PLACE - TOILETTES POUR DAMES

 

Sibella essaie d'ouvrir la porte qui s'avère être fermée à clef. Elle interpelle un agent de sécurité.

 

SIBELLA : S'il vous plaît. Auriez-vous un passe pour les toilettes ? Elles sont fermées à clés.

 

L'HOMME : Elle doivent être occupées, Madame.

 

SIBELLA : Je ne parle pas des cabinets, mais des toilettes. (ironique) Vous savez, là où il y a un miroir et où l'on peut se repoudrer...

 

L'HOMME : Cette porte ne devrait pas être fermée.

 

Sibella se dandine de gauche à droite.

 

SIBELLA (s'impatientant) : Je vous dit qu'elle est bloquée. Je n'arrive pas à l'ouvrir.

 

L'HOMME : C'est insensé.

 

SIBELLA : Ecoutez, je n'ai pas de temps à perdre en bavardages. J'ai très envie de ... Enfin, disons que ... je dois avoir une cystite ...

 

L'HOMME : Une quoi ?

 

SIBELLA : (s'énervant) Ecoutez moi bien jeune homme, si je ne vais pas aux toilettes immédiatement, je vais me faire pipi dessus, et si le cas se produit, je peux vous dire que je vais être très en colère. (elle hausse la voix) Alors allez m’ouvrir cette porte !

 

Retour dans les toilettes, Mark fait pivoter Amanda et c'est maintenant lui qui s'appuie contre le mur, faisant face à la porte d'entrée des toilettes. On l'entend dégrafer son pantalon.

 

MARK : Mets-toi à genoux !

 

Amanda s'exécute. Au même moment, la porte s’ouvre sur Sibella qui entre en courant dans la pièce. Elle s’arrête net en voyant le spectacle qui s’offre à elle. Mark se trouve en face de Sibella, confus. Soudain, les traits de son visage se figent. Il saisit Amanda par les épaules et la projette à terre. Il sort alors de sa poche un insigne de police et le montre à Amanda.

 

MARK : Police de Garden Place ! Vous êtes en état d’arrestation pour racolage dans un lieu public.

 

Choquée, Sibella ouvre de grands yeux, puis elle baisse la tête en faisant une grimace de dégoût sur son pantalon mouillée.

 

SIBELLA : Oh, non … C’est pas vrai !

 

 

 7  NORMAN BATE'S HOSPITAL - RÉFECTOIRE

 

La salle à manger se trouve au rez-de-chaussée, elle donne par une grande baie vitrée sur une terrasse. Derrière un comptoir une femme en blouse rose tend à Ursula son plateau repas. Ursula fait du regard le tour de la pièce et aperçoit sur la terrasse Menley en train de dîner. Un sourire aux lèvres elle se met à trottiner vers elle.

 

URSULA (souriante) : Bonsoir Menley. Je peux me joindre à vous ?

 

MENLEY (le visage pâle et triste) : Oui ... Bien sûr.

 

Ursula s'assied en face d'elle. Elle compare leur plateau. Sur celui de Menley une salade verte, un yaourt, une pomme et un verre d'eau ; sur celui d'Ursula cheeseburger, frites, gâteau moelleux au chocolat et une canette de soda.

 

URSULA : Je vois qu'ils vous ont mis au régime !

 

Menley esquisse un faible sourire.

 

URSULA (levant les mains au ciel) : Moi, je dis halte à la restriction cognitive ! J'en ai marre des régimes. Je les ai tous essayé. (elle fait une pause) Vous verrez ; vous ferez votre propre expérience ... Mais aucun ne marche. Excusez-moi de vous parlez aussi franchement mais maintenant que nous sommes pareilles. (elle boit une gorgée de soda) Dorénavant avec l'aide du Pr Gollum je mange ce que je veux, sans restriction ... mais avec modération !

 

MENLEY (changeant de conversation) : Lacey et Jillie ne dînent jamais ici ?

 

URSULA : Non, elles préfèrent prendre leur repas dans leur chambre. (elle se penche vers Menley et lui parle à voix basse) : Entre nous, elles sont ici depuis trois semaines et elle ne vont toujours pas mieux. Elles passent leur temps à s'ignorer et quand elles se retrouvent ensemble à participer à des activités de groupe, cela se termine toujours en bagarre. Je me demande bien pourquoi elles ont décidé de se faire soigner dans le même hôpital.

 

MENLEY : Le Pr Gollum a une excellente réputation.

 

URSULA (béate d'admiration) : Oh ... oui ! Je trouve cet homme ... fascinant.

 

MENLEY : Et vous Ursula, comment allez-vous ?

 

URSULA (entre deux bouchées de cheeseburger) : Mieux. Beaucoup mieux. Je me remet plus vite que je ne le pensais de la mort de Jason. (elle s'essuie le menton dégoulinant de ketchup avec une serviette en papier) Grâce au Pr Gollum ... (elle avale quelques frites) ... j'ai enfin réalisé que ce n'était pas un homme pour moi. Il n'était pas assez ... comment dire ... sain d'esprit.

 

Menley sourit, son regard croise alors celui inquisiteur de l'infirmière chef Mildred Fletcher penchée à une table en train de discuter à l'intérieur du réfectoire avec deux autres patients.

 

 

 8  GARDEN PLACE - CABINET " SHARK & SULLIVAN "

 

David sort de son bureau et passe devant la réception où Jeremy Parker, le nouveau secrétaire, classe des papiers.

 

DAVID : Encore ici à cette heure ?

 

JEREMY : J’avais encore quelques dossiers à ranger, Monsieur ...

 

DAVID (l'interrompt) : Appelez moi simplement David … Ecoutez Jeremy, cela peut attendre demain. Je sais que vous êtes le troisième secrétaire que Diana prend à l'essai en à peine un mois. Mais ne faîtes pas d'excès de zelle ... surtout en son absence. (il sourit) Diana est à Boston pour quelques jours. Vous pouvez rentrer chez vous.

 

Comme réponse, Jeremy hoche la tête. David aperçoit alors de la lumière dans le bureau de Yasmine. Il s’y rend, frappe à la porte et sourit à sa collègue.

 

DAVID : Je n'ai jamais vu autant de personne travailler tard dans ce cabinet.

 

YASMINE (soupirant) : Depuis que Heather a donné sa démission à Diana et est repartie sur la côte est sans donner d'explication le travail ne manque pas. (elle se passe la main dans les cheveux et se frotte la tête) C’est le dossier Michaels qui me préoccupe. Je dois rendre mes conclusions la semaine prochaine, et je ne sais pas si je dois invoquer l’état de légitime défense.

 

DAVID : Qu’en pense Dark Vador ?

 

Yasmine sourit.

 

YASMINE : Elle préfère les circonstances atténuantes.

 

DAVID : Ce type a tué sa femme.

 

YASMINE : Oui, mais elle le menaçait avec un couteau.

 

DAVID : A mon avis, tu devrais rentrer chez toi et dormir un peu. La nuit porte conseil.

 

YASMINE (avec un faible sourire) : Tu as raison. Mais au fait, qu’est-ce que toi, tu fais encore ici ? Tu viens de gagner le procès Jenkins, tu devrais fêter ça.

 

DAVID : Je partais justement. (il fait mine de partir, puis se retourne) Tiens, avant de rentrer chez toi, que dirais-tu d’aller prendre un verre ?

 

YASMINE : Je ne sais pas … je préfère avoir les idées claires pour demain.

 

DAVID (riant) : Allez, ce n’est pas comme si tu allais te saouler toute la nuit. Un thé te ferait le plus grand bien.

 

YASMINE : D’accord.

 

Elle se lève et prend son sac à main lorsque son téléphone portable retentit. Elle repose le sac et sort le portable de la poche intérieure de sa veste.

 

YASMINE : Yasmine Washington … Quoi ? Mais où es-tu ?... Calme-toi, calme-toi … Bien, j’arrive tout de suite.

 

Elle raccroche le téléphone sous le regard interrogateur de David.

 

DAVID : Que se passe-t-il ?

 

YASMINE : C’est mon frère …

 

David reste perplexe.

 

YASMINE : Il est au poste de police. Il a été arrêté. Il faut que j’y aille.

 

Elle saisit son sac et se précipite vers la sortie.

 

DAVID : Je viens avec toi … On prend ma voiture.

 

 

 9  COMMISSARIAT DE POLICE DE GARDEN PLACE

 

David et Yasmine entrent et se précipitent vers la réception où se trouve une femme, les cheveux blonds gras coiffés en queue de cheval retenue par une ficelle. Elle bâille au moment où Yasmine s’adresse à elle. 

 

YASMINE : Je suis Yasmine Washington, je voudrai voir George Washington. Il a été arrêté en fin de journée.

 

L'évocation du nom du frère de Yasmine surprend David, qui hausse les sourcils sans rien dire.

 

LA FEMME : Pourquoi ?

 

YASMINE : Je suis son avocate.

 

La femme aux cheveux gras éclate une bulle de chewing-gum et montre du doigt la porte d'un bureau dans lequel on voit entrer un officier de police en uniforme. Yasmine s'y précipite suivie par David. Elle frappe à la porte du bureau avant d’entrer.

 

L'OFFICIER DE POLICE : Oui.

 

YASMINE : Je suis l’avocate de Mr Washington. Et voici mon collègue David Weaver.

 

L'OFFICIER DE POLICE (il se lève) : Venez.

 

Il emmène les deux avocats dans une pièce sale éclairée par une simple ampoule suspendue au plafond où ils retrouvent George, assis seul à une table. David affiche une réelle surprise en voyant le frère de Yasmine.

 

DAVID : Amanda ?

 

YASMINE (se tournant vers David) : Vous vous connaissez ?

 

DAVID (un peu gêné) : Euh … oui, un peu.

 

Yasmine se dirige vers son frère et l’étreint. George, alias Amanda, fait peine à voir. Encore vêtu de son tailleur noir, son maquillage abîmé par ses larmes, les yeux rougis il tient dans ses mains son impressionnante perruque blonde.

 

AMANDA : Yasmine … C’est affreux. (elle regarde David) Bonsoir, David.

 

Yasmine jette un nouveau coup d’oeil interrogateur à David, qui rougit et baisse les yeux. Puis elle se tourne vers Amanda.

 

YASMINE : George, que s’est-il passé ?

 

AMANDA (triturant dans ses mains sa perruque blonde) : Un salaud. Jamais je ne l’aurais cru capable d’une chose pareille. (fondant en larmes dans les bras de sa sœur) Tous les mêmes, ces mecs ! Ils ne pensent qu’à tirer leur coup et après, il te jette comme un kleenex.

 

YASMINE (lui caressant le visage) : George, commence par te calmer, et ensuite raconte-moi ce qui s’est passé.

 

 

 10  NORMAN BATE'S HOSPITAL

 

Enfouie dans son lit Jillie, l'œil gauche au beurre noir, dort d'un sommeil agité tandis que le vent souffle contre la fenêtre de sa chambre et que des trombes d'eau tombent à l'extérieur.

 

La caméra s'approche du visage de Jillie. L'image se brouille ...

 

Les images et les sons sont déformées : images floues et flottantes ; voix et sons métalliques.

 

En fond sonore les battements assourdis d'un cœur.

 

A bord de sa voiture Jillie pénètre dans le parking souterrain du Garden Place Tribune. Elle se gare à son emplacement réservé, sort du véhicule, ferme la portière à l'aide de la commande infrarouge et se dirige, un sac en bandoulière, vers les ascenseurs.

 

A une dizaine de mètres d'elle, une voiture garée démarre brusquement phares éteints. Jillie ne la remarque pas. La voiture accélère. A cet instant Eric sort de l'ascenseur, il voit la voiture et se précipite vers Jillie (accélération des battements cardiaques).

 

ERIC (en courant)  : Jillie ! Attention !

 

Jillie apercevant et entendant Eric devant elle se retourne et voit la voiture foncer vers elle. Soudain les phares de la voiture s'allument éblouissant Jillie qui essaie de protéger ses yeux avec son bras libre. Arrivé à sa hauteur Eric pousse Jillie sur le coté. Elle tombe à terre. Quant à Eric, il ne peut pas éviter la voiture qui en le percutant de plein fouet le projette contre un mur avant de terminer sa course folle contre un des piliers du parking (ralentissement brutal des battements cardiaques).

 

A terre Jillie choquée se relève doucement, passant sa main sur sa nuque et son dos. En se redressant elle cherche du regard Eric.

 

Elle découvre enfin son corps allongé parterre contre une grille d'aération (espacement des battements cardiaques).

 

JILLIE (hurlant) : Eric ! Non !!!

 

Elle coure vers lui.

 

Eric gît dans une mare de sang. Jillie en pleurs s'agenouille auprès de lui (silence de plus en plus long entre deux battements cardiaques).

 

Jillie sourit machinalement quand Eric reprend conscience. Du sang coule de la commissure de ses lèvres. Ses yeux vides fixent le plafond du parking.

 

ERIC (dans un dernier souffle) : Lacey ... Je t'ai toujours aimé ... Tu es la seule ...

 

Un dernier spasme et Eric meurt (arrêt des battements cardiaques en fond sonore).

 

Lacey le prend dans ses bras. Elle le berce un moment avant de reposer son corps. Elle se lève et marche d'un pas solennel vers la voiture et le conducteur responsable de la mort d'Eric. D'un geste avec la manche de sa veste elle essuie ses larmes et renifle plusieurs fois.

 

Elle regarde le conducteur, mort lui aussi, le visage écrasé contre le volant.

 

Ses dernières forces l'abandonnent quand elle reconnaît Jillie Perkins !

 

Elle s'effondre les genoux à terre en hurlant sa douleur ...

 

L'image se brouille ...

 

Une rafale de vent claque contre la fenêtre qui finit par céder. La pluie et le vent qui s'engouffrent dans la chambre provoquent le réveil en sursaut de Lacey terrorisée et en sueurs.

 

 

 11  GARDEN PLACE - APPARTEMENT DE YASMINE, TARD DANS LA SOIRÉE

 

Yasmine referme la porte de la chambre d’amis. Elle rejoint David, assis sur le canapé du salon de l’appartement de Yasmine. Elle s’assoit à ses côtés.

 

YASMINE : Il s’est endormi. (elle se passe la main dans les cheveux en soupirant) Pauvre George. (elle regarde David) Encore du thé ?

 

DAVID : Je veux bien, oui.

 

Yasmine saisit la théière posée sur la petite table et remplit la tasse qu’elle tend à David.

 

YASMINE : Merci pour la caution.

 

DAVID : Ce n’est pas moi qui l’ai payé.

 

YASMINE : Oui, mais sans toi je n’aurais jamais réussit à convaincre le juge Winfred de siéger une audience pour liberté sous caution après ses heures de travail.

 

DAVID : Le juge Winfred est un excellent juge.

 

YASMINE (avec un faible sourire) : Et tu es un excellent avocat. (Elle soupire à nouveau) David, j’aimerais te demander quelque chose.

 

DAVID : Tu veux savoir pourquoi je connais Am… George.

 

YASMINE : Non. Ce ne sont pas mes affaires. George est un type bien, tu sais.

 

DAVID : Je sais.

 

YASMINE : Je suis contente qu’il t’ait pour ami.

 

DAVID : Ce n’est qu’un ami, tu sais … rien de plus.

 

YASMINE (avec un large sourire) : Oui, je sais. Mais je sais aussi que le Juge Winfred est homosexuel et qu’il ne cessait pas de te regarder à l’audience.

 

David se met à rougir. Yasmine s’en amuse.

 

YASMINE : Je voulais juste te demander de t’occuper de l’affaire de George. Avec le dossier Michaels, j’ai peur de ne pas avoir le temps.

 

DAVID : Bien sûr, sans problème.

 

YASMINE (souriant) : Merci. Tu sais, la première fois que je t'ai rencontré j’ai tout de suite su que tu étais un type bien.

 

Yasmine regarde David avec une telle intensité que le jeune homme paraît troublé. L’avocate rapproche son visage de David … de plus en plus près. Leur bouche se frôlent. David se laisse faire, comme tétanisé. Le désir de Yasmine devient de plus en plus ardent. Elle se redresse, se lève et prend la main de David. Il se lève à son tour et se laisse conduire dans la chambre de Yasmine. Arrivés près du lit, Yasmine l’embrasse à nouveau. Puis elle l’entraîne dans le lit. Elle lui enlève sa chemise et entreprend de lui lécher la poitrine. Elle descend jusqu’à l’abdomen, puis défait sa ceinture ... David, couché sur le dos, fixe le plafond, puis ferme les yeux.

 

 

 12  GARDEN PLACE - APPARTEMENT DE YASMINE, LE LENDEMAIN MATIN

 

David, torse nu, arrive dans la cuisine. Il paraît gêné. Yasmine est assise à la table, avec une tasse de café devant elle. Elle lui sourit.

 

YASMINE : Le café est à côté de l’évier. George n’est pas encore réveillé.

 

David s’approche de la cafetière et, sans un mot, se verse un café. Il reste debout, le dos contre le réfrigérateur.

 

DAVID : Yasmine … A propos d’hier … Je…

 

YASMINE : C’était bien. Tu t’es bien débrouillé pour une première. C’était … c’était bien ta première fois ?

 

DAVID : Oui.

 

YASMINE : Alors on va dire que pour un coup d’essai, c’était un coup de maître.

 

David s’approche alors de Yasmine.

 

DAVID : Il faut que l’on parle d’Amanda.

 

YASMINE : Quelle sera ta défense ?

 

DAVID : Amanda a dit qu’elle connaissait très bien l’homme. Elle sortait même avec lui. Si j’arrive à prouver ça, il est possible que je puisse faire annuler cette arrestation. Il faut simplement arriver à convaincre le juge que ce flic n’aurait pas procédé à l’arrestation d’Amanda s’ils n’avaient pas été surpris.

 

Amanda apparaît sur le pas de la porte. Elle a une mine affreuse. D’énormes cernes autour des yeux, elle est vêtue d’un énorme peignoir blanc.

                                                                                                                         

AMANDA : Bonjour, désolée pour cette tête, mais je n’ai pas eu le temps de me faire une beauté.

 

Amanda s’assoit à table, en face de David. Yasmine se lève et va lui chercher une tasse de café qu’elle lui tend.

 

AMANDA : Merci.

 

YASMINE : Comment te sens-tu ?

 

AMANDA (regardant Yasmine qui s’assoit) : Sale.

 

DAVID : Tu n’as aucune raison de te sentir sale. Ce n’est pas ta faute.

 

AMANDA : Je n’en sais rien, David. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est moi qui suis à l’origine de toute cette merde.

 

YASMINE : Tu n’as pas le droit de penser cela.

 

DAVID : C’est ce pauvre type qui est à l’origine de tout ça.

 

Amanda regarde David droit dans les yeux, puis se met à pleurer.

 

AMANDA : Je l’aimais David… Je lui faisais confiance. Il m’avait promis monts et merveilles. Il m’avait dit qu’on allait passer toute notre vie ensemble, qu’on allait vieillir l’un à côté de l’autre. J’avais tellement de projets en tête. Maintenant je n’ai plus rien.

 

Yasmine, les larmes aux yeux, prend la main de son frère.

 

Brusquement Amanda se reprend, elle redresse la tête et s'adresse à David d'un ton péremptoire et viril.

 

AMANDA : Au fait, David, qu'est-ce que tu fais dans cette tenue si tôt le matin dans l'appartement de ma sœur ? J'espère que tu ne lui a pas manqué de respect cette nuit ?!

 

Yasmine et David son gênés.

 

Amanda éclate de rire puis tout aussi rapidement s'effondre en sanglots sous les regards circonspects de Yasmine et David.

 

AMANDA (en pleurant) : Je n'arrive même plus à trouver la force de plaisanter. Ce salaud m'a totalement détruite !

 

 

 13  NORMAN BATE'S HOSPITAL - BUREAU DU Pr GOLLUM

 

Gros plan sur une fesse féminine nue sur laquelle se pose la main d'un homme. L'homme tient dans son autre main une seringue contenant un liquide jaune paille. Il approche l'aiguille de la fesse et dans un mouvement rapide injecte le contenu de la seringue. La femme penchée en avant se redresse et remonte prestement son pantalon puis se retourne vers l'homme.

 

Pr GOLLUM (en regagnant son bureau) : Comme vous ne présentez aucun effets secondaires au traitement et que celui-ci est compatible avec les antibiotiques que vous prenez en ce moment pour soigner votre cystite, nous allons continuer le protocole initial, à raison d'une injection par semaine.

 

Le femme s'assied dans un fauteuil en face de lui. Il s'agit de Sibella Calvin. La pièce qui sert de bureau au Pr Gollum est meublée dans le pur style anglais victorien de la fin du XIXème siècle.

 

SIBELLA (fatiguée) : Pourtant je me sens pas très bien en ce moment ... J'ai ...

 

Pr GOLLUM (l'interrompant) : L'état de santé de votre fille vous inquiète, c'est bien normal. (la fixant droit dans les yeux) Vous nous l'avez confiée dans le but de la guérir de la psychose dans laquelle elle est tombée depuis la naissance de son enfant et le décès de son mari. Nous continuerons à l'aider tant que nous pourrons compter sur votre entière coopération et discrétion.

 

SIBELLA (baissant la tête) : Je ferai ce que vous voulez.

 

Pr GOLLUM (se croisant les mains et se penchant en arrière dans son fauteuil derrière le bureau) : J'en suis certain. (il fait craquer ses doigts tandis que brille dans ses yeux une étincelle de cruauté) Il ne peut en être autrement ...

 

 

 14  COMMISSARIAT DE POLICE DE GARDEN PLACE

 

Mark Williams se trouve dans la zone de réception du poste de police. Il bavarde bruyamment avec trois autres collègues en uniformes.

 

MARK : Tu aurais dû voir sa paire de seins. Je te le dit, elle soutenait ce qu'elle avançait cette nana !

 

Les trois autres collègues se mettent à rire. C'est à ce moment que David entre et se dirige vers le petit groupe.

 

DAVID : Excusez-moi, je cherche l'agent Mark Williams.

 

MARK : C'est moi.

 

DAVID : Maître Weaver. Je représente George Washington.

 

Le sourire de Mark disparaît. Il se tourne vers ses collègues.

 

MARK : On se voit au déjeuner, les gars.

 

Les trois hommes prennent congés de David et Mark.

 

MARK : Que voulez-vous ? Je n'ai rien à vous dire.

 

DAVID : Je veux entendre la vérité. Et de votre bouche.

 

MARK : La vérité, c'est que votre client était en train de me faire du baratin. Il m'a demandé 50 dollars pour une pipe.

 

DAVID : Et vous prétendez ne jamais l'avoir vu avant ?

 

MARK : Bien sûr que non. Je n'ai pas l'habitude de fréquenter des pédales.

 

Il n'en faut pas plus pour mettre David dans une rage folle. Il saisit Mark par le col de sa chemise.

 

DAVID : Espèce d'ordure.

 

MARK : Vous voulez me frapper ? Allez-y ! Vous gênez pas. Je me ferais un plaisir de porter plainte contre vous. Vous oubliez l'uniforme que je porte.

 

DAVID (en lâchant Mark) : Vous ne vous en tirerez pas comme ça. Comment pouvez-vous encore vous regarder dans une glace ?

 

Mark lui lance un regard de défi avant de partir, laissant David ravaler sa colère.

 

 

 15  GARDEN PLACE - " WHITECASTLE "

 

Nanne est assise à la table de la cuisine en train de déjeuner quand David entre dans la pièce.

 

DAVID : Bonjour ! (montrant du doigt la barquette de plat cuisiné dans l'assiette de Nanne) Qu'est-ce qu'il y a au menu aujourd'hui ?

 

NANNE : Moussaka ... (faisant grise mine) ou quelque chose qui s'en approche plus ou mois.

 

David ouvre la porte du réfrigérateur et sort une bouteille de lait. Il se verse un verre.

 

 

NANNE : Tu n'es pas rentré cette nuit ?

 

DAVID (hésitant) : Euh ... C'est à dire ... Je suis resté tard au bureau hier soir. Ensuite j'étais trop crevé pour rentrer alors j'ai préféré dormir sur l'un des divans du cabinet.

 

NANNE : Tu as tout de même pris le temps de rendre visite à Menley, n'est-ce pas ?

 

DAVID : Je te l'ai dit, j'ai beaucoup de retard dans mon travail. (finissant de boire son verre d'un trait) J'irais la voir cet après-midi. (il boit une gorgée de lait) Promis.

 

NANNE (le fixant droit dans les yeux) : C'est quoi ton problème David ?

 

DAVID (perplexe) : Qu'est-ce que tu veux dire ?

 

NANNE (avalant une dernière bouchée de moussaka) : Les personnes qui t'entourent dès que d'une façon ou d'une autre elles s'éloignent de toi ; on dirait que tu fais tout pour les oublier.

 

DAVID (en train de laver son verre et lui tournant le dos) : J'ai dans l'idée que ce n'est pas de Menley dont tu parles ?

 

NANNE (souriant) : Tu n'as jamais répondu aux messages laissés par Aiden.

 

DAVID (rangeant le verre dans un placard) : Je n'en reçois plus depuis un mois.

 

NANNE : Nous savons tous que tu n'as jamais été très expressif mais je reste persuadée que tu n'es pas quelqu'un d'insensible.

 

DAVID (baissant les yeux) : J'ai répondu à Aiden. Je suis tombé sur la messagerie de son téléphone portable. J'ai laissé un message disant que je voulais le revoir, que nous avions à parler tous les deux. Mais ça fait un mois qu'il a quitté l'appartement de sa sœur à San Francisco et depuis, plus aucunes nouvelles.

 

NANNE (inquiète) : Comme Malcolm ... C'est curieux.

 

DAVID : Je me suis aussi posé des questions. C'est pourquoi je me suis décidé à appeler sa mère à Los Angeles, malgré ce que je pense d'elle. Elle m'a confié qu'Aiden avait l'habitude de partir sans donner d'explication pendant plusieurs jours ... pour faire le point. (sans conviction) Peut-être que cette fois Hayley et Malcolm l'accompagnent.

 

NANNE (étonnée) : Parce que sa sœur aussi a disparu ?

 

DAVID : Oui. En tout cas cela n'inquiète pas plus que ça leur mère. D'après elle comme je te l'ai dit c'est un comportement habituel dans la famille. Leur père ne donne des signes de vie que très épisodiquement.

 

NANNE : Et toi ? Tu n'es pas inquiet ?

 

DAVID : J'ai pris mes distances avec Aiden ... Je le regrette maintenant ... Mais je comprends aussi qu'il n'ait plus envie de me voir pour l'instant. (il fait une pause) De toute façon, en ce moment c'est pour ma sœur que j'ai peur. Elle a tellement changé ... et si vite. Et tu as raison, il faut que je lui rende visite.

 

Nanne se lève, range son assiette dans l'évier et prend David dans ses bras.

 

NANNE : Menley se trouve entre de bonnes mains. J'ai lu sur Internet que le Pr Gollum était un spécialiste renommé du traitement des troubles du comportement.

 

David la sert dans ses bras, il lui caresse le dos puis troublé par ce contact physique avec Nanne se reprend ...

 

DAVID (gêné ) : Je sens le phoque ... Je ... je dois prendre une douche et me changer.

 

David se sépare de Nanne et quitte rapidement la cuisine.

 

Nanne se met alors à laver son assiette dans l'évier en conversant avec elle-même.

 

NANNE (à voix basse et de manière ironique) : Menley, Jillie, Lacey et Ursula ... Mes pauvres amies vous avez bien besoin d'un psychiatre mondialement reconnu pour régler vos problèmes. Il ne manquerait plus que le retour de Kelly à Garden Place pour que l'hôpital affiche complet ... Je suis en tout cas bien plus intriguée par les disparitions de Malcolm, d'Aiden et de sa sœur ... A mon avis cela cache quelque chose ... Mon Dieu, Nanne ... Vas-tu cesser de parler seule ? Si tu continues comme ça tu vas toi aussi rejoindre le club des patientes du bon docteur Gollum ...

 

 

 16  TRIBUNAL DE GARDEN PLACE, UNE SEMAINE PLUS TARD

 

Vêtue d'un costume stricte beige, d'une cravate rouge et d'une chemise au blanc irréprochable, Amanda a perdu tout son extravagance et est redevenue George. Il est assis à la table des accusés. David arrive précipitamment, sa serviette à la main, et rejoint George.

 

DAVID : Désolé, je suis en retard. Comment te sens-tu ?

 

GEORGE : Ridicule dans ce stupide accoutrement masculin.

 

DAVID : Amanda, c'est nécessaire pour...

 

 

GEORGE (continuant la phrase comme s'il récitait) : ... faire bonne impression au juge ; oui je sais.

 

DAVID : Tout va bien se passer. Le juge Gong Woo est ...

 

GEORGE (l'interrompant en scrutant l'assistance) : Yasmine n'est pas là ?

 

DAVID : Elle plaide une autre affaire. Mais elle a promis de faire son possible pour venir.

 

L'huissier se lève et annonce l'arrivée du juge Woo. David se lève en faisant un clin d'œil à George, signifiant qu'il a confiance en l'issue de l'audience.

 

 

 17  NORMAN BATE'S HOSPITAL - BUREAU DU Pr GOLLUM

 

Le Pr Gollum est assis derrière son bureau. Il consulte un dossier puis lève les yeux et s'adresse à une personne assise en face de lui.

 

Pr GOLLUM : Votre foie ne souffre pas du traitement, nous allons donc poursuivre le protocole comme prévu, à raison d'une injection par semaine.

 

Le femme en face de lui, mal à l'aise, ne cesse de croiser et décroiser ses jambes froissant sa jupe qu'elle plisse avec ses mains. Il s'agit de Kristen Perkins.

 

KRISTEN (inquiète) : J'ai pourtant une cirrhose hépatique, vous êtes certain que ...

 

Pr GOLLUM (l'interrompant) : Je vous ai dit que qu'il n'y avait pas de problème. (la fixant droit dans les yeux) Vous nous avez confiés votre fille dans le but de la guérir de la dépression dans laquelle elle est tombée depuis la mort de son ami. Nous continuerons à l'aider tant que nous pourrons compter sur votre entière coopération et discrétion.

 

KRISTEN (baissant la tête) : Je ferai ce que vous voulez.

 

Pr GOLLUM (se croisant les mains et se penchant en arrière dans son fauteuil derrière le bureau) : J'en suis certain.

 

Le Pr Gollum se lève et rejoint l'autre côté de la pièce sous le regard de Kristen assise dans son fauteuil. Il se lave les mains à un lavabo puis ouvre un tiroir dans un meuble à côté, il en sort une petite boite métallique d'où il tire une seringue pré-remplie.

 

Pr GOLLUM (en éjectant une bulle d'air de la seringue sous le regard résigné de Kristen) : Veuillez vous approchez Mme Perkins ...

 

 

 18  TRIBUNAL DE GARDEN PLACE

 

David est debout. A ses côtés se trouve le substitut du procureur, un homme aux traits sévères âgé d'une quarantaine d'années.

 

LE SUBSTITUT : Le fait est qu'on ne peut pas laisser passer cette infraction. Je vous rappelle que cela a eu lieu dans un endroit public, et qui plus est culturel. Il serait dégradant pour notre société de permettre de telles pratiques. Nous parlons ici de racolage actif.

 

DAVID (faussement naïf) : Mme le Juge, il n'y a rien de dégradant dans ce qui est reproché à mon client. Il s'agissait d'un acte d'amour.

 

LE SUBSTITUT : D'amour ? Vous plaisantez, Maître. C'était tout sauf de l'amour. C'était ... bestial !

 

DAVID : Je le répète pour mon client, il s'agissait d'exprimer son amour. Le policier qui l'a arrêté, Mark Williams, était son amant.

 

On entend des murmures dans la salle. Mark, qui se trouve dans l’assistance, se lève d’un bon et se penche vers le substitut du procureur qui se trouve devant lui.

 

MARK : C’est faux !

 

LE SUBSTITUT (révolté et s'adressant au juge) : Mais c'est insensé !

 

La porte de la salle d'audience s'ouvre et Marge Weaver, coiffée d'un ridicule chapeau à fleur, entre et s'assoit au dernier rang, à côté de Wlad. Elle regarde brièvement le jeune homme et lui sourit.

 

JUGE WOO : Ca suffit ! Approchez !

 

David et le substitut du procureur s'approchent du juge. Gong Woo les fusille du regard l'un après l'autre en pinçant ses lèvres et remuant son nez.

 

JUGE WOO : On peut savoir ce qui vous prend ? J'ai l'impression d'assister à un spectacle de clowns dans un cirque minable. 

 

LE SUBSTITUT : Mme le Juge, les accusations de Maître Weaver sont très graves, et je n'ai pas été prévenu d'un tel ...

 

DAVID (interrompant le procureur) : Votre Honneur, Mark Williams était l'amant de mon client. Ils sortaient ensemble depuis une semaine. L'agent Williams prétendait être archéologue. C'est lui qui a invité Am... Mr Washington à l'exposition organisée au Musée de Garden Place. C'est lui qui lui a proposé de se rendre dans les toilettes, et qui ...

 

LE SUBSTITUT : Vous n'allez pas écouter ces insanités, c'est un tissu de mensonges ...

 

DAVID (interrompant le substitut) : C'est la vérité ! Mon client a une bonne réputation  ...

 

LE SUBSTITUT (haussant le ton) : Un travesti qui tient une boîte homo, tu parles !

 

Murmure dans la salle où l'on reconnaît assis derrière Amanda, au milieu d'une rangée Luke, Pete, Bobby et Jimmy outrés par les propos du substitut du procureur.

 

DAVID : Nous ne sommes pas en train de faire le procès de l'homosexualité, Mme le juge.

 

JUGE WOO : Ca suffit tous les deux ! Vous commencez par me chauffer les oreilles. Maître Weaver, vos accusations sont très graves.

 

DAVID : Je vous assure que c’est vrai, Mme le Juge.

 

JUGE WOO (se penchant vers David) : Entre nous si je vous affirmais que j'ai eu huit orgasmes successifs la dernière fois que mon mari et moi avons fait l'amour, vous ne seriez pas pas obligés de me croire ; vous n'étiez pas présents et je n’ai aucune preuve. Qu'en dites-vous ?

 

Un moment déstabilisé David se reprend très vite et ose :

 

DAVID (un sourire en coin et s'adressant au juge toujours en aparté) : Que vous avez bien de la chance, Mme le juge. Et que je ne me permettrais pas de mettre en doute votre parole.

 

Le substitut est consterné. Le juge Woo plisse les yeux et fusille du regard le substitut du procureur avant de poursuivre.

 

JUGE WOO : Revenons à notre affaire, Maître Weaver, s'il vous plaît ... Alors avez-vous des preuves ?

 

DAVID : J’ai des témoins que je peux présenter à la barre s’il le faut.

 

JUGE WOO : Et bien voilà ! Enfin quelque chose de concret …

 

LE SUBSTITUT : Mme le Juge, je m’insurge contre …

 

JUGE WOO : Insurgez-vous tant que vous voulez, Maître. Je me fiche de vos états d’âmes. Si Maître Weaver a des témoins, je veux les entendre. Maintenant (elle fait un geste d'impatience de sa main droite) retournez à vos places. Allez... allez...

 

David et le substitut s'exécutent. La porte de la salle s'ouvre à nouveau et c'est au tour de Yasmine d'entrer, avec sa serviette à la main. Elle se place à côté de Marge. Marge la regarde et lui sourit.

 

MARGE (très fière) : C'est mon fils ! l'avocat ...

 

YASMINE : Oh, vous êtes la maman de David ? Je suis Yasmine Washington, une amie et ... consœur de votre fils.

 

MARGE (lui serrant la main) : Et bien, enchantée, Mlle Washington.

 

Marge continue à regarder Yasmine, qui commence à se sentir gênée.

 

MARGE : J'ai vu la lueur ...

 

YASMINE (intimidée) : Je vous demande pardon ? ...

 

MARGE : J'ai vu la lueur dans vos yeux lorsque vous avez parlé de David. (elle pointe le doigt vers Yasmine). Ah là ! encore une fois ! Vous avez les yeux qui brillent à chaque fois qu'on prononce son nom. Allez, dites-moi tout ... vous êtes plus que collègues, non ? (le sourire de Marge s'efface) Non, évidemment que non, quelle idiote je fais, ce n'est pas possible.

 

 

 19  GARDEN PLACE - UN IMMEUBLE ABANDONNÉ SUR CORONNELL STREET

 

La caméra longe Coronnell Street jusqu'à l'une de ses extrémités où se trouve un vieil immeuble désaffecté épargné par la chute de la météorite Cléo. Dans une pièce humide, faiblement éclairée par une froide lumière bleutée provenant d'une lampe halogène, on aperçoit la silhouette d'un homme barbu d'une soixantaine d'années en costume sombre col Mao assis à un bureau, devant l'écran d'un ordinateur.

 

Une porte s'ouvre, faisant un pénétrer un flux de lumière dans la pièce.

 

LA VOIX D'UN HOMME : Vous avez un instant ?

 

L'homme assis à son bureau lève les yeux de l'écran de l'ordinateur en retirant ses lunettes.

 

L'HOMME : Entrez.

 

Brian Simpson entre dans la pièce.

 

BRIAN (faisant du regard le tour la pièce) : Comment trouvez-vous nos installations ?

 

L'HOMME : Spartiate. Mais du moment que cela nous permet d'être discrets et efficaces.

 

BRIAN : Nous venons de recevoir le rapport de notre agent à Kyoto. Il confirme les liens entre Gollum et Decima.

 

L'HOMME : Bien. (il éteint l'ordinateur puis se lève de son bureau) Rejoignons les autres membres de la cellule en salle de réunion. Je sais votre emploi du temps minuté Brian. Dépêchons-nous !

 

Les deux hommes quittent la pièce.

 

 

 20  TRIBUNAL DE GARDEN PLACE

 

Frank se trouve à la barre des témoins. David lui fait face.

 

FRANK : Amanda a dit qu’elle sortait avec un homme formidable depuis une semaine, elle était très amoureuse.

 

DAVID : A qui l’a-t-elle dit, Mr Layton ?

 

FRANK : A moi et à une de mes amies Nanne Bolevino.

 

DAVID : Devait-elle …

 

Le substitut se lève.

 

LE SUBSTITUT : Excusez-moi, Votre Honneur, mais c'est un homme et non une femme qui comparait aujourd'hui devant cette court.

 

Le Juge Woo soupire.

 

JUGE WOO : Vous n’allez pas faire une objection pour ça j’espère.

 

LE SUBSTITUT : Non, mais je veux que les choses soient claires.

 

JUGE WOO : Maître, vous me fatiguez. Qu’on dise « il » ou « elle », je sais qu’il s’agit de l’accusé, je ne suis pas stupide. (elle regarde le substitut) Est-ce que j'ai l'air stupide ?

 

Le substitut est déstabilisé.

 

LE SUBSTITUT : Non … Bien sûr que non, Mme le Juge.

 

Il s’assoit. Gong Woo se tourne vers David.

 

JUGE WOO : Continuez, Maître.

 

DAVID (à Frank) : Est-ce que l’accusé devait voir l’homme en question ?

 

FRANK : Oui. Elle partait justement le rejoindre.

 

DAVID : Où ?

 

FRANK : Au Musée de Garden Place, pour l’inauguration de l’exposition sur la météorite Cléo.

 

DAVID (souriant) : Merci, Mr Layton. (au Juge Woo) Je n’ai plus de questions.

 

David s'assoit, tandis que le substitut se lève.

 

LE SUBSTITUT : Mr Layton, vous venez de dire que peu de temps avant d'être appréhendé, l'accusé vous a dit qu'il avait rendez-vous avec un homme.

 

FRANK : Oui.

 

LE SUBSTITUT (montrant Mark du doigt) : Etait-ce bien de cet homme qu'elle parlait ? Le reconnaissez-vous ?

 

FRANK : Non...

 

LE SUBSTITUT (feignant l'étonnement) : Non, Mr Layton ?

 

FRANK : Je ne l'ai jamais vu. Je veux dire, Amanda m'a parlé de lui ...

 

LE SUBSTITUT : Mais vous ne l'avez jamais vu, n'est-ce pas ?

 

FRANK : C'est pourtant ...

 

LE SUBSTITUT (interrompant Frank) : Répondez par oui ou par non, Mr Layton. L'avez-vous déjà vu.

 

FRANK (baissant les yeux) : Non.

 

LE SUBSTITUT : Une dernière chose. Monsieur Washington vous a-t-il donné le nom de la personne avait qui il sortait et qu'il devait retrouver au musée ?

 

FRANK : Non.

 

LE SUBSTITUT (l'air suffisant) : Plus de questions.

 

Fondu enchaîné et on retrouve Sibella Calvin à la barre. Le substitut est devant elle.

 

SIBELLA : C'était une situation très gênante, vous comprenez. Je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie.

 

LE SUBSTITUT : Trouver deux personnes dans une situation compromettante, j'admets qu'il y a de quoi être gênée.

 

SIBELLA (s'adressant au juge) : Non, ce n'est pas ça ...

 

LE SUSTITUT (étonné) : Je vous demande pardon.

 

SIBELLA : C'était moi qui étais humiliée. J'avais une cystite, vous comprenez.

 

Le substitut la regarde sans comprendre tandis que David, sur sa chaise, réprime un rire.

 

SIBELLA : Je ne suis pas ici pour vous faire un cours de médecine, mais sachez qu'une infection urinaire, ça ... Comment dire ... Et bien ... vous avez envie d'aller aux toilettes ... Et si vous n'y allez pas immédiatement, c'est une catastrophe ...

 

Les personnes dans la salle se mettent à rire. Le Juge Woo frappe avec son marteau.

 

JUGE WOO : Silence ! Ou j'évacue ...

 

Les rires s'amplifient devant le jeu de mots du Juge. Gong Woo regarde Sibella d'un air faussement désolé.

 

LE SUBSTITUT : J'aimerais bien que l'on revienne à notre affaire, Mme Calvin. Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez vu l'accusé et l'agent Williams.

 

SIBELLA (se penchant) : J'étais trempée. Que vouliez-vous que je ressente d'autre ?

 

LE SUBSTITUT : Le spectacle que vous avez vu lorsque vous avez ouvert la porte, ça ne vous a pas ...

 

SIBELLA : Ah ça ... non, je n'ai rien trouvé de choquant.

 

Le substitut soupire et se rassoit.

 

LE SUBSTITUT (au juge) : Plus de questions.

 

 

 21  TRIBUNAL DE GARDEN PLACE

 

Fondu enchaîné sur Mark Williams qui à son tour répond aux questions de David.

 

DAVID : Vous n'étiez pas en service ce jour-là, n'est-ce pas ?

 

MARK : Non.

 

DAVID : Selon vos dires, mon client aurait proposé en échange d'argent d'avoir avec vous des rapports sexuels dans des toilettes publiques. Après avoir été surpris par un agent de la sécurité du musée vous avez accusé Mr Washington de racolage. Et ce sont bien des collègues à vous qui l'ont ensuite mis en état d'arrestation.

 

MARK : Oui. C'était mon devoir de citoyen.

 

DAVID (ironique) : Mr Williams, que faisiez vous dans les toilettes pour dames du musée ?

 

MARK (déstabilisé) : C'est lui (montrant du doigt George Washington) qui m'a proposé d'y aller pour que nous y soyons plus tranquilles.

 

DAVID : Mr Williams. Mme Calvin nous a dit tout à l'heure que la porte des toilettes des dames était fermée à clef de l'intérieur. C'est bien vous qui l'avez verrouillée à l'aide d'une pince à cheveux ?

 

MARK : Quand cet ... (d'un ton méprisant) homme travesti en femme a commencé à me faire des avances et que j'ai compris à qui j'avais à faire, j'ai préféré fermer la porte à clef afin que personne n'assiste à ce triste spectacle. (il s'adresse au public) Une enfant aurait pu entrer.

 

Murmures dans la salle.

 

DAVID (s'approchant du témoin) : Vraiment ? Pourtant, n'était-ce pas plutôt par besoin d'intimité.

 

LE SUBSTITUT : Objection ! Maître Weaver fait des spéculations et en profite pour agresser le témoin.

 

JUGE WOO : Accordée.

 

DAVID : Je reformule ma question. Si je vous suis bien Mr Williams ; ayant compris les intentions de mon client vous avez agi ce jour-là comme si vous aviez été en service afin d'obtenir un flagrant délit de racolage. Cela ressemble fort à un abus d'autorité, non ?

 

MARK (hésitant) : C'est à dire ...

 

LE SUBSTITUT : Objection !

 

JUGE WOO : Rejetée. (à Mark Williams) Pourquoi avez-vous fermé la porte à clef ?

 

MARK (s'adressant au juge) : C'est elle qui a voulu la fermer. (mal à l'aise) Si je ne l'avais pas fait, elle aurait trouvé cela suspect ...

 

 

 22  TRIBUNAL DE GARDEN PLACE

 

Fondu enchaîné sur le Juge Woo.

 

JUGE WOO : Très bien, j'ai entendu les deux parties et j'en sais suffisamment pour prendre ma décision. A moins que vous n'ayez autre chose à ajouter ?

 

Le substitut fait non de la tête. Gong Woo se tourne vers David.

 

LE JUGE : Maître Weaver ...

 

David hésite un instant, puis se lève. La caméra se tourne vers Marge entourée de Wlad et Yasmine, puis revient sur David.

 

DAVID : Votre Honneur, j'ai ... Depuis le début de ce procès, j'ai le sentiment que le droit à ... la différence constitue l'enjeu de cette affaire. Nous nous trouvons (posant la main sur l'épaule de son client) face à un homme qui vit parfaitement bien sa différence. Est-il inconcevable de penser qu'une personne qui se situerait en dehors de la norme établie par notre société ne soit pas pour autant pervers ? Mr Washington (il se tourne vers George et lui sourit en rectifiant) Amanda m'a fait prendre conscience aujourd'hui d'une chose très importante. Quelque soit notre différence, nous pensons comme les autres, nous mangeons comme les autres, nous rions comme les autres et ... nous aimons comme les autres. Nous sommes fait de la même matière. Il y a juste cette ... préférence qui est la nôtre. Amanda n'avait qu'un seul rêve, celui d'aimer. De partager la vie et les passions d'un homme qu'elle pensait sincère, et d'un seul coup son monde s'est écroulé. Je regarde Amanda et je me dis qu'elle a beaucoup de courage de vivre sa différence. Je regarde Amanda et je me dis que rien ne sert de cacher ses sentiments profonds. Nous sommes des personnes comme les autres, avec nos défauts, mais aussi nos qualités. Je ne minimise pas la faute qui a été commise. On ne fait pas l'amour dans un lieu public, c'est indéniable. Mais le plus coupable des deux, c'est l'homme qui l'a entraîné dans les toilettes (il pointe un doigt accusateur sur Mark qui se trouve dans l'assistance) Un homme qui a profité de sa différence pour satisfaire ses pulsions et qui la rejette maintenant et la traîne dans la boue afin de ne pas à avoir à assumer sa propre différence face à la société.

 

Mark s'agite sur son siège, tandis que David se rassoit. Le juge Gong Woo pose les coudes sur la table.

 

JUGE WOO : Je n'ai pas besoin de me retirer pour rendre ma décision.

 

Dans le public crispés sur leur banc Luke, Pete, Bobby et Jimmy attendent avec fébrilité le verdict.

 

JUGE WOO : Mr Washington, il ne fait aucun doute pour moi que vous avez été victime de l'abus de pouvoir d'un homme en qui vous aviez confiance et que vous aimiez. Cependant, si l'agent Mark Williams vous a effectivement entraîné dans les toilettes pour avoir des relations sexuelles avec vous, vous auriez pu ... vous auriez dû refuser. Il ne vous a pas menacé. Il aurait suffit de refuser, malgré votre amour pour lui ; au risque de le contrarier ou de le perdre. Vous ne l'avez pas fait et voilà où cela vous a mené ... Que cela vous serve de leçon à l'avenir, Mr Washington. La cour vous déclare donc innocent du chef d'accusation de racolage dans un lieu public ...

 

Le visage d'Amanda s'illumine. Alors qu'elle pousse un profond soupir.

 

JUGE WOO (d'un ton cassant) : Je n'ai pas terminé.

 

Le visage d'Amanda se referme.

 

JUGE WOO : ... Je vous condamne cependant à cent heures de travaux d'intérêt général pour trouble à l'ordre public et exhibitionnisme ! Quand à l'agent Williams, je pense qu'il a menti. Il est l'initiateur et un participant actif aux faits jugés devant cette cour. Je demande qu'il soit mis immédiatement à la disposition de la justice afin qu'il réponde bientôt devant elle des chefs d'accusation de trouble à l'ordre public, d'exhibitionnisme, de dénonciation calomnieuse et de parjure ... L'audience est close.

 

Gong Woo frappe avec son marteau. Mark se lève d'un bond.

 

MARK : C'est scandaleux ! Vous n'avez pas le droit.

 

Deux policiers viennent chercher Mark. Tous les trois passent devant David et Amanda.

 

MARK (fusillant du regard Amanda) : Tu me le paieras. (puis se tourne vers David) Vous me le paierez tous, sales pédés !

 

Les deux policiers emmènent Mark en dehors de la salle d'audience. David soupire en regardant Amanda.

 

DAVID : Ca aurait pu être pire.

 

AMANDA : Tu t'en est très bien sorti. Je suis fière de toi.

 

Les yeux embués elle regarde Mark Williams quitté la pièce emmené par les deux policiers puis se lève.

 

AMANDA : Bon, il est temps pour moi de quitter ses affreux habits et redevenir moi-même.

 

David sourit. Il se tourne et découvre sa mère qui se précipite vers lui et l'étreint très fort.

 

DAVID (surpris) : Maman ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

 

MARGE : Je suis venue à Garden Place voir ta sœur. Je suis passé avant à ton cabinet. On m'a dit que tu plaidais au tribunal. J'ai voulu voir comment tu te débrouillais. (elle affiche un grand sourire) David, je suis drôlement fière de toi, mon fils. Ce que tu as dit n'était pas facile à dire, je suppose. Ton père aurait été fier de toi.

 

DAVID (avec espoir) : Il n'est pas là ?

 

Marge secoue la tête négativement, une lueur de tristesse dans le regard. David aperçoit Yasmine et laisse sa mère pour aller la voir. Marge reste près d'Amanda. Cette dernière lui sourit. Marge lui rend un sourire un peu gêné.

 

DAVID : Yasmine, je...

 

YASMINE (masquant sa peine par un sourire poli) :  Non David, ne dis rien ... J'ai compris.

 

Bobby, Pete, Luke et Jimmy se jettent au cou d'Amanda en gloussant de joie.

 

AMANDA (s'exclamant haut et fort) : Eh les chéris, n'oubliez pas que dans une semaine, c'est la grande soirée de réouverture du Mea Culpa. Je veux que tout le monde soit là pour faire la fête.

 

 

 23  NORMAN BATE'S HOSPITAL - DANS LE PARC

 

Menley et sa mère Marge marchent dans le parc de l'hôpital en se tenant la main.

 

MARGE : Tu aurais dû voir comment David s'est bien débrouillé au tribunal. Je suis fière de lui, tu sais ...

 

MENLEY : Je n'en doute pas une seconde.

 

MARGE (interrompant leur marche et regardant sa fille dans les yeux) : Qu'est-ce qui t'es arrivé Menley ? Ton père et moi sommes si inquiets pour toi ?

 

MENLEY (fuyant le regard de sa mère) : Rien de précis ou plutôt un ras-le-bol général, une accumulation de frustrations. A mon arrivée à Garden Place j'ai cru pendant quelque temps avoir trouvé un nouvel équilibre. Ensuite ma vie a basculé après ma séparation avec Frank. Maintenant je ne sais plus où j'en suis.

 

MARGE (jetant un œil au sinistre bâtiment) : Pourquoi avoir décidé de te faire hospitaliser ici ?

 

MENLEY : Seule je ne pouvais plus m'en sortir.

 

Marge la prend dans ses bras et la serre très fort contre son cœur. Menley et elle se mettent à pleurer.

 

De la fenêtre ouverte de son bureau Arthur Gollum et Mildred Fletcher observent la scène.

 

MILDRED : Depuis son arrivée Mlle Weaver se montre particulièrement curieuse au sujet de ses deux amies.

 

Pr GOLLUM (ne quittant pas Menley et sa mère du regard) : Vous vous montrer toujours aussi soupçonneuse, chère Mildred.

 

MILDRED : C'est mon rôle.

 

Pr GOLLUM : Si Mlle Weaver venait à nous créer le moindre problème ... (regardant Mildred avec un sourire sardonique) ... nous savons comment nous occuper d'elle.

 

 

 24  GARDEN PLACE - APPARTEMENT DE WLAD

 

Wlad franchit le seuil de son appartement suivi par David. Ils retirent leur veste en cuir qu'ils jettent sur le canapé au centre de la pièce principale de l'appartement.

 

WLAD (passant derrière le comptoir qui sépare le coin cuisine du reste de la pièce) : Que veux-tu boire pour fêter ta victoire ?

 

DAVID (faisant du regard le tour de la pièce modestement meublée et aux murs décorés d'affiches de cinéma) : Ce que tu as.

 

WLAD : Bière ou whisky du Wyoming ?

 

DAVID (en riant) : Je suis partant pour le whisky.

 

WLAD (en servant deux verres de whisky) : Tu m'as impressionné tout au long du procès. (en plaisantant) Je croyais vivre un épisode de Perry Mason.

 

David rigole. Il s'assied sur un tabouret de l'autre coté du comptoir en face de Wlad.

 

WLAD (lui tendant un verre) : On trinque ?

 

DAVID : Cul sec ?!

 

Les deux hommes trinquent avant de vider leur verre d'une traite. David manque de s'étouffer.

 

DAVID (portant la main à son cou) : T'es sûr que ... (il souffle) ...  que c'est du whisky et pas un détergeant quelconque ?

 

Wlad éclate de rire.

 

WLAD : C'est une production locale. Elle vient de la ferme d'un de mes oncles. Garanti pur malt.

 

DAVID (reprenant une certaine contenance) : Je te crois.

 

WLAD (reprenant son sérieux) : David. J'ai quelque chose à te dire.

 

DAVID : Je t'écoute. (puis en servant une nouvelle tournée de whisky et en plaisantant) C'est pas un simple verre de whisky même du Wyoming qui va m'abattre ...

 

WLAD (cherchant ses mots) : Tu ... tu te rappelles ... quand je disais que ... que je n'étais pas pratiquant ?

 

DAVID (à la fois intrigué et amusé) : Oui ...

 

WLAD (rougissant) : ... Hillary et Cole n'apprécierez pas s'ils entendaient ce que je vais dire, mais ...

 

DAVID (fixant du regard Wlad tout en commençant à siroter son verre de whisky) : J'y vais doucement cette fois avec le whisky ... (puis changeant de sujet) Qu'est-ce que tu disais à propos de Cole et de sa femme ?

 

WLAD (légèrement décontenancé) : Euh ... Ils n'aimeraient pas ...

 

DAVID : ... Mais ils ne sont pas là ... et n'ont pas à tout savoir.

 

WLAD (des gouttes de sueurs perlant sur son front) : C'est vrai ... après tout, ce ne sont pas ... mes parents.

 

DAVID (un sourire en coin) : Je ne te le fais pas dire.

 

WLAD (se ressaisissant et souriant) : Toi ... tu me fais marcher ... Tu ... tu sais où je veux en venir ?

 

DAVID (dégustant son whisky, une lueur coquine dans les yeux) : Moi ?! Nooon ...

 

WLAD (hochant la tête de droite à gauche) : Depuis le début, tu savais ... Depuis notre première rencontre ...

 

DAVID (posant son verre à demi vide sur le comptoir) : Non, pas vraiment. J'y ai souvent pensé mais ... comment dire ... j'étais en plein doute. Une vraie mini crise existentielle ...

 

WLAD (fixant à son tour David droit dans les yeux) : ... que tu as réussi à résoudre ? De la même manière que tu as gagné le procès aujourd'hui ?

 

DAVID (faisant mine de changer de sujet de conversation) : Tu ne bois pas ton verre ?

 

WLAD : Ca pourrait me faire perdre la tête ...

 

DAVID (passant délicatement sa langue sur ses lèvres tout en approchant son visage de celui de Wlad) : J'en ai encore le goût sur mes lèvres.

 

Wlad hésitant à peine se penche vers David et les deux hommes échangent un baiser passionné par dessus le comptoir.

 

 

 25  GARDEN PLACE - Q.G. DE CORONNELL STREET

 

Dans une aile du bâtiment désaffecté l'homme en costume sombre col Mao marche en consultant son PDA dans un couloir ouvrant sur plusieurs pièces toutes équipées d'ordinateurs. Il croise plusieurs personnes affairées qui passent d'une pièce à l'autre sans leur prêter aucune attention quand l'une d'entre elles derrière lui l'interpelle.

 

UNE VOIX DE FEMME : Karl !

 

L'homme se retourne. Le regard interrogatif.

 

Une jeune femme blonde vue de dos s'approche de lui.

 

LA FEMME : J'ai de mauvaises nouvelles. Un de nos invités nous a faussé compagnie.

 

KARL (perplexe) : Aiden Crow ?

 

LA FEMME (la caméra nous dévoilant alors le visage alarmé de Gretchen Hicks) : Non, il est toujours retenu à Boston. Je veux parler d'Elliot Mansion. Il a profité de son dernier changement de résidence surveillée pour s'enfuir.

 

KARL (imperturbable) : Chère Clarice, ne vous inquiétez pas. Notre ami a dû en avoir assez de jouer les morts au frais du gouvernement fédéral.

 

CLARICE : Mais ...

 

KARL (l'interrompant) : Nous savons tous les deux où il va ... ou plutôt qui il va chercher à retrouver.

 

CLARICE : Vous voulez parlez de ... Kelly Farris ?!

 

KARL (affichant un sourire complice) : Vous savez bien que l'amour ferait faire n'importe quoi aux hommes ...

 

CLARICE (ironique) : ... même ressusciter ?

 

KARL (amusé) : Pourquoi pas ?!

 

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 GÉNÉRIQUE DE FIN