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1 SAN FRANCISCO - DEVANT L'IMMEUBLE DU BUREAU LOCAL DU FBI, 28 janvier 2003
Aiden gare son 4x4 devant l'immeuble du FBI. Le visage trahissant fatigue et inquiétude, il jette un œil à sa montre qui indique 08 : 08 puis fixe l'entrée de l'immeuble les mains crispées sur le volant. Indécis il sort son téléphone portable de la poche de son blouson en cuir, et ouvre le répertoire. Le nom de David s'affiche sur l'écran. Il hésite puis referme le portable et le jette sur le siège passager avant de redémarrer brutalement et de se fondre dans la circulation.
2 GARDEN PLACE - CABINET " SHARK & SULLIVAN "
Derrière son bureau, Diana se tient debout face à
une grande baie vitrée qui lui offre une vue panoramique sur Garden Place en
reconstruction. Son regard vide fixe un point à l'horizon. Elle referme
lentement le clapet du téléphone portable qu'elle tient dans la main droite.
Elle glisse l'appareil dans la poche de sa veste et essuie d'un revers de la
main une larme qui coulait sur sa joue droite, quand brusquement
Ursula complètement paniquée fait irruption dans la pièce ...
URSULA (très agitée) : C'est pas possible ! Diana ! Mon Dieu ! C'est pas possible. Il a pas pu faire une chose pareille.
Diana calmement, ne montrant aucune surprise, se retourne vers Ursula qui se laisse tomber tel un poids mort sur un des deux sièges en face du bureau.
DIANA (contournant son bureau et s'approchant d'Ursula, d'une voix compatissante) : Que se passe-t-il Ursula ? Vous semblez bouleversée ?!
URSULA (hurlant) : Mais je suis anéantie ! Jason ... (hoquetant avant d'exploser en larmes) ... Jason, il vient d'être arrêté par la police de Los Angeles.
DIANA (lui tendant un mouchoir en papier tiré d'une boîte posée sur le bureau) : Que lui reproche-t-on ?
URSULA (en pleurs) : D'être un assassin !
DIANA (s'asseyant sur son bureau face à Ursula) : Expliquez-vous.
URSULA (se mouchant bruyamment) : Il a tué ... (se reprenant) Il aurait assassiné une femme, (adoptant un ton méprisant) plutôt une bimbo blonde californienne qui travaille au studio de télévision.
DIANA (tendant un autre mouchoir en papier à Ursula) : Il connaissait la victime ?
URSULA (reniflant) : Voui ... Elle s'appelle Caytlin Gale. Elle travaille pour Joss Kelley.
DIANA : Le producteur de votre projet télé ?
URSULA (arrachant elle-même un nouveau mouchoir de la boîte en carton) : C'est ça !
DIANA : Quand cela s'est-il passé ?
URSULA (se mouchant à nouveau bruyamment) : Nous étions invités hier soir par Joss dans sa villa de Beverly Hills.
DIANA (feignant l'étonnement) : Vous étiez avec Jason à Los Angeles ?
URSULA (éclatant en sanglots) : Je suis rentrée dans la nuit à Garden Place quand j'ai ... Oh, mon Dieu, c'est pas possible.
DIANA : Pourquoi êtes-vous rentrée seule ?
URSULA (reniflant profondément) : J'ai vu cette petit garce de Caytlin profiter de la faiblesse de mon pauvre Jason pour le séduire.
DIANA : Et vous n'avez rien fait pour les séparer ?
URSULA (baissant ses yeux rougis) : Je n'étais pas de taille, vous comprenez ?
DIANA (prenant la main d'Ursula et la serrant fort dans les siennes) : Nous allons nous charger de la défense de votre ami. Heather est actuellement à Los Angeles, je vais l'appeler et lui demander de s'en occuper. Vous êtes d'accord ?
URSULA (reniflant une nouvelle fois et esquissant un légers sourire) : Je n'osais pas vous le demander ... Mais ... pour les honoraires ?...
DIANA (lâchant Ursula et essayant de se débarrasser dans la corbeille du mouchoir en papier mouillé et resté collé dans sa main) : Ne vous inquiétez pas pour cela. Shark & Sullivan n'a pas pour habitude de laisser tomber ses collaborateurs.
Ursula sourit tandis que Diana après s'être assise dans son fauteuil décroche le combiné téléphonique de son bureau.
GÉNÉRIQUE DE DÉBUT
SPECIAL GUEST STARS
3 à BORD D'UN JET PRIVÉ AU DESSUS DU GOLFE DU MEXIQUE
Assise dans un fauteuil, Melicente Taylor abattue fait face à deux écrans plasma posés sur son bureau. Derrière elle, se trouve accroché au mur un tableau représentant trois femmes.
UNE VOIX DE FEMME (déformée) : Nous sommes de tout cœur avec toi.
MELICENTE (tournant la tête d'un écran à l'autre) : Merci à vous.
UNE AUTRE VOIX DE FEMME (elle aussi déformée et provenant du second écran) : Eric était un acteur important, essentiel même pour l'accomplissement de notre projet. Mais le destin a voulu qu'il ne voit pas sa concrétisation. En sa mémoire nous devons poursuivre notre tâche.
MELICENTE (attristée) : J'en ai pleinement conscience, Morta. Mais laisse à une mère quelques instants pour pleurer son fils.
MORTA : Chère Nona, Decima et moi-même, nous pleurons avec toi la perte de ton fils mais sa disparition subite nous oblige à revoir nos plans et à trouver de nouveaux alliés.
DECIMA : Morta a raison. Nous ne devons pas perdre le contrôle du journal. Il nous faut la coopération de sa veuve ou de son associée.
MELICENTE (alias NONA) : Quelle ironie. La mort d'Eric sauve la vie de Lacey.
MORTA : Pour l'instant et si elle accepte de se ranger de notre côté.
MELICENTE (adoptant un ton plus ferme et résolu) : Je serai à Garden Place dans quelques heures. Je souhaite régler cette affaire le plus rapidement possible.
MORTA : Nous comptons sur toi.
4 GARDEN PLACE MEMORIAL - SERVICE DE PÉDIATRIE
Une puéricultrice aide Sibella a enfiler une blouse et à mettre un masque. Elle la conduit vers une couveuse parmi la dizaine regroupée dans une pièce aux murs vitrés. Elle prend l'enfant dans ses bras et le donne à sa grand-mère. Sibella s'assoie sur une chaise, caresse de l'index le visage de l'enfant avant de commencer à lui donner le biberon que lui a tendu la puéricultrice.
LA PUÉRICULTRICE : Comment va sa mère ?
SIBELLA (les yeux rougis) : Je ne sais pas. Elle n'a plus parlé depuis que la police est venue nous annoncer la mort de mon beau-fils. Elle parait déconnectée du monde réel, perdue dans ses pensées. La naissance de son enfant aurait dû être le plus beau jour de sa vie et (retenant ses larmes) c'est finalement un jour de deuil.
LA PUÉRICULTRICE : Il faut lui laisser du temps.
SIBELLA (regardant son petit-fils prendre son biberon) : Je ne sais plus quoi penser. Mais (levant les yeux vers la femme) vous avez sans doute raison.
La puéricultrice laisse Sibella pour s'occuper d'un autre enfant.
5 SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE HAYLEY
Dans sa chambre, sous le regard perplexe de Winston assis sur le lit, Aiden remplit rapidement un sac de voyage quand provenant du salon retentit la voix stridente d'Ivana.
IVANA : Y a quelqu'un ?! (puis entrant dans la chambre) La porte était ouverte, je ... (s'interrompant en fixant le sac de voyage avant de s'adresser à Aiden) ... Tu pars en voyage ?
AIDEN (en continuant à ranger ses affaires) : Ca me paraît évident, non ?
IVANA (allumant une cigarette) : J'étais passée te dire à toi et à ta sœur ... (tirant une première bouffée de cigarette) ... que j'étais d'accord pour suivre une cure de désintoxication.
AIDEN (la regardant pour la première fois depuis son entrée) : C'est sans doute la meilleure nouvelle de la journée mais je n'ai pas le temps de fêter ça avec toi, aujourd'hui.
IVANA (regardant autour d'elle) : Où est Hayley ? Peut-être ... qu'elle ... se montrera plus ravie de voir sa vieille mère ?
AIDEN (refermant son sac de voyage) : Aucun doute la dessus. Je suis persuadé qu'elle serait très heureuse d'être avec toi en ce moment.
IVANA (levant les bras au ciel) : Alors où se cache-t-elle ?
AIDEN : Elle est partie en voyage ... précipitamment.
IVANA (tirant une nouvelle bouffée de cigarette) : Elle s'est encore envolée à l'autre bout de la planète au bras d'un de ses artistes. Quand aura-t-elle enfin compris que dans le milieu de l'art ce sont les clients qui sont les plus intéressants pas ces scribouilleurs dont les croûtes ne valent quelque chose qu'après leur mort.
AIDEN (attrapant sa mère par les épaules et en la regardant droit dans les yeux) Maman, je te promets de lui faire la leçon dès que je la retrouv ... (puis se reprenant) ... dès que je la reverrai. (puis lâchant sa mère et prenant Winston dans les bras avant de le donner à Ivana) Tu pourrais t'occuper de Winston pendant mon absence ?!
Ivana interloquée reçoit le chien dans les bras mais ne sait apparemment pas de quelle manière le porter. Elle souffle une bouffée de fumée de cigarette au museau de Winston qui éternue avant de se mettre à grogner et à se débattre.
IVANA (n'arrivant pas à maîtriser le carlin) : Qu'est-ce que tu veux que je fasse avec ça. J'ai déjà Jack pour me tenir compagnie au bureau ?!
AIDEN (enfilant son blouson en cuir et prenant son sac de voyage en main) : J'ai laissé les clefs de l'appart sur la table de la cuisine. Je suis certain que vous allez très bien vous entendre tous les deux.
Il embrasse sa mère sur la joue et caresse la tête de Winston ce qui a pour effet de le calmer avant de sortir de la chambre.
IVANA (médusée) : Mais tu reviens quand ?
Aiden arrive au seuil de l'appartement. Il se retourne vers sa mère qui l'a suivi portant Winston dans ses bras comme un nourrisson.
AIDEN (lui adressant un salut de la main accompagné d'un clin d'œil) : Très bientôt. Ne t'inquiète pas.
Aiden claque la porte de l'appartement et disparaît dans le couloir de l'immeuble tandis qu'Ivana se dirige vers la cuisine en s'adressant à Winston.
IVANA (tirant une dernière bouffée de sa cigarette) : Il me cache quelque chose. (en se mettant à bercer Winston comme un enfant) J'en suis sûre ... Tu sais Winston, une mère sent quand ses enfants ont des problèmes.
Sous l'effet de la fumée de cigarette Winston éternue une nouvelle fois.
IVANA (écrasant sa cigarette dans l'évier de la cuisine) : Je sais, je sais ... Je devrais aussi arrêter de fumer. Inutile de me le rappeler. Mais on ne peut pas mettre un terme à tous ses vices en même temps ... (bercé Winston s'endort très vite et commence à ronfler) Et puis la vie serait si ennuyeuse ...
6 LOS ANGELES - DANS UN COMMISSARIAT DE POLICE
Accompagnée par un inspecteur de police Heather Trent marche le long d'un couloir.
L'INSPECTEUR DE POLICE : Depuis son arrestation il reste prostré, les yeux hagards. (passant sa main sur son front en soufflant) Vous pouvez pas imaginer le carnage. Si vous aviez vu ...
Heather en tailleur strict, une mallette en cuir à la main droite, se montre impassible, les yeux cachés derrière une paire de lunettes noires.
L'INSPECTEUR DE POLICE (en ouvrant une porte sur sa gauche) : Il est là. Entrez, je vous prie.
Heather d'un signe de la main fait comprendre au policier qu'elle veut rester seule avec lui.
L'INSPECTEUR DE POLICE : Il est menotté et attaché à son siège. En cas de problème je serai derrière la porte.
Toujours d'un signe de tête Heather remercie le policier.
Elle entre dans la pièce, referme la porte derrière elle alors que l'inspecteur tentait de jeter un coup d'œil à l'intérieur.
Du regard elle fait le tour de la pièce en retirant ses lunettes noires. La pièce aux murs blancs est petite, meublée uniquement d'une table et de deux chaises. Sur l'une d'elle est assis Jason Patrick en tenue de prisonnier. Derrière lui une fenêtre haute laisse passer les rayons du soleil qui créent une sorte d'aura lumineuse autour de sa tête.
Jason menotté lève la tête vers Heather.
JASON (d'une voix douce et monocorde) : Vous avez pleuré.
Un moment décontenancée Heather se reprend immédiatement, s'approche de la table et s'assoie en face de Jason en posant sa mallette entre eux deux.
HEATHER : Je m'appelle Heather Trent, du cabinet d'avocats Shark & Sullivan de Garden Place. Votre amie Ursula Fortner nous a demandé de nous charger de votre défense. (cherchant à fixer le regard de Jason qui systématiquement fuit le sien) Est-ce que vous acceptez ?
JASON (regardant la mallette sur la table) : Ursula est mon ange gardien. C'est Dieu qui l'a envoyée auprès de moi.
HEATHER : Est-ce que vous vous souvenez de ce qui s'est passé la nuit dernière ?
JASON (fixant maintenant le lien en cuir qui attache sa jambe droite à l'un des pieds de la table scellés au sol) : Le Démon est venu à moi pour me tenter.
HEATHER (croisant ses deux mains sur la table) : Vous avez lutter contre lui et vous avez fini par le tuer ?
JASON (regardant pour la première fois le visage de Heather) : Vous avez perdu un être cher, c'est pour cela que vous avez pleuré ?
HEATHER (se réajustant sur sa chaise) : Nous ne sommes pas ici pour parler de moi mais de vous et du meurtre de Caytlin Gale. Vous connaissiez Caytlin Gale, n'est-ce pas ?
JASON (baissant la tête) : Je ne me souviens plus de rien. (se prenant la tête de ses deux mains attachées) Tout est si confus dans mon esprit. (levant ses yeux embués de larmes vers Heather et poussant un soupir de résignation) C'est une nouvelle épreuve que Dieu m'impose. Il veut encore tester ma Foi.
HEATHER (ouvrant sa mallette) : J'ai quelque chose à vous montrer ... (elle en sort un ordinateur portable) ... qui vous rafraîchira la mémoire.
Jason intrigué suit du regard les mains en mouvement de Heather.
Heather ouvre le portable. Elle allume l'ordinateur puis tourne l'écran vers Jason. Elle le regarde droit dans les yeux et appuie sur la touche "Enter".
HEATHER : La chambre du motel était piégée ... truffée de caméras. Voici un extrait de ce qui a été filmé.
D'abord réticent à regarder l'écran Jason finit par ne plus pouvoir s'en détacher. Son visage pâlit et se fige dans une expression d'horreur. Des gouttes de sueurs apparaissent sur son front puis se mettent à ruisseler et viennent se mêler aux larmes qui perlent aux coins de ses yeux.
Après quelques minutes qui dans le silence ambiant ont paru une éternité, son regard se porte sur Heather.
JASON (le regard perçant plongeant dans celui de son avocate) : C'est vous ! Vous êtes le Démon.
HEATHER (refermant l'ordinateur portable et d'une voix ne trahissant aucune émotion particulière) : Vous faites erreur. C'est bien vous que l'on voit sur cette vidéo en train de massacrer cette pauvre fille et de la violer après sa mort. S'il y a un démon dans cette pièce, ... ça ne peut être que vous !
La vie semble quitter le regard de Jason terrifié et complètement perdu.
HEATHER (sur un ton plus ironique) : Dans ces conditions vous défendre ne sera pas une chose facile. Sans oublier votre passé judiciaire. (elle fait une pause) Il vous reste néanmoins une possibilité d'échapper à la justice des hommes ...
Bref silence.
JASON (la tête basse, fixant le lien qui l'attache à la table) : Pourquoi ?
HEATHER : Vous en savez trop.
JASON (levant la tête vers elle) : Je n'ai jamais rien dit.
HEATHER : Vous nous auriez trahis un jour ou l'autre. Vous avez travaillé pour Kelly Farris. Vous étiez présent lors de la chute de la météorite. Vous connaissez le but de notre Projet.
JASON (défiant pour la première fois Heather du regard) : C'est donc ça. Vous vous êtes servi de moi comme cobaye pour une de vos expériences de manipulation mentale.
HEATHER (sarcastique) : Vous pensiez être moins influençable que Kelly Farris ?
Jason ne répond pas. Il baisse une nouvelle fois la tête et joint ses mains en signe de prière.
Heather range l'ordinateur portable dans sa mallette puis se lève.
HEATHER : J'informerai Les 3 Sœurs que l'expérience a réussi même si au dernier moment vous avez retrouvé un semblant de lucidité.
Elle quitte la pièce abandonnant Jason à ses prières.
7 LOS ANGELES - DEVANT LE COMMISSARIAT DE POLICE
Une foule de journalistes de la presse écrite et de la télévision se presse sur le perron du commissariat de police. Au milieu de la cohue Joss Kelley le visage fermé tente de se frayer un chemin en sortant de l'immeuble tandis que les journalistes le harcèlent de questions.
UN JOURNALISTE : Joss ! Quels étaient vos rapports avec la victime et le meurtrier ?
JOSS (levant les bras au ciel) : Voyons, voyons. Du calme. Je répondrai à toutes vous questions comme je viens de le faire auprès des services de police. Mais je vous en prie, laissez-moi respirer.
UN AUTRE JOURNALISTE (poussé par ses confrères et cherchant à retrouver son équilibre en s'agrippant au bras de Joss) : Connaissiez-vous Jason Patrick " l'Ange exterminateur " depuis longtemps ?
JOSS (repoussant le journaliste des deux mains et d'une voix tremblante) : Nous travaillions ensemble sur un projet de mini-série télé.
UNE AUTRE JOURNALISTE (agitant son micro sous le nez de Joss et suivie par son cameraman) : Sur la chute sur Garden Place de la météorite Cléo ?!
JOSS (se tournant vers elle) : C'est exact.
JOURNALISTE 2 : Et Caytlin Gale ?!
JOSS (les larmes aux yeux) : Une collaboratrice très compétente et ... je dirais plus : une amie véritable ... Une perte considérable pour toute la profession.
JOURNALISTE 3 : Est-ce que vous avez l'intention de tirer un nouveau scénario de cette histoire ?
JOSS (feignant l'écœurement) Comment pouvez-vous oser penser une chose pareille ! (offusqué) Ne connaissez-vous pas le sens du mot décence ?! (se mettant à pleurer à chaudes larmes et essayant d'écarter avec ses bras la foule devant lui) Excusez-moi ; je n'ai plus rien à ajouter si ce n'est ... (levant au ciel un bras vengeur) ... que j'espère que justice sera faite !
Joss descend les marches du perron et aidé par son chauffeur regagne sa limousine garée contre le trottoir.
JOURNALISTE 3 (en aparté à Journaliste 1) : C'est en tant qu'acteur qu'il aurait dû faire carrière et pas comme producteur. Tu as vu ses larmes de crocodile ?
JOURNALISTE 1 (en aparté à Journaliste 3) : Ca m'étonnerait qu'il ne se serve pas de cette histoire pour en tirer un profit personnel !
8 LOS ANGELES - à BORD D'UNE VOITURE
Au volant d'une Coccinelle orange à points bleus Yasmine Washington roule dans les rues de Los Angeles. A ses côtés Ursula, le visage pâle, les traits tirés reste silencieuse.
YASMINE (n'écartant pas son regard de la route et se voulant rassurante) : Soyez confiante Ursula. Heather est une pro. Elle saura servir Jason au mieux de ses intérêts.
Ursula la tête penchée sur sa droite, les yeux vides, regarde défiler le paysage.
La voiture arrive devant le commissariat de police et croise la limousine de Joss Kelley. Yasmine se gare contre le trottoir opposé. Les deux femmes sortent du véhicule. Yasmine prend la main d'Ursula vêtue d'une simple robe et d'un pardessus noirs ; et l'aide à traverser la rue. Sur le perron du commissariat les journalistes se dispersent sans faire attention à elles, certains regagnent leurs voitures ou camionnettes de télévision garées le long des trottoirs.
9 LOS ANGELES - COMMISSARIAT DE POLICE
A l'instant précis où deux agents de police en uniforme entrent dans la pièce où il est retenu prisonnier pour lui apporter un plateau repas Jason réussit à défaire le lien en cuir qui le maintenait attaché à la table. Il monte sur sa chaise puis sur la table et tandis que les deux policiers sortent leur armes de leur étuis il bondit contre la fenêtre faisant voler en éclats la vitre.
A l'extérieur, un cri surgit de la foule. Les journalistes et autres passants lèvent la tête, parmi eux Ursula et Yasmine qui se trouvent en bas des marches du perron de l'immeuble. Stupeur parmi le public qui voit Jason Patrick filmé par plusieurs caméras sous différents angles s'écraser sur la parabole placée sur le toit d'un camion de télévision, la nuque brisée.
Par la porte battante de l'immeuble Heather Trent sort du commissariat, elle observe la foule se rassembler autour du véhicule de télévision. Une journaliste aide son cameraman à monter sur le toit de la camionnette, caméra à l'épaule.
L'HOMME (criant aux autres) : Il est mort !!!
Ursula à quelques mètres du drame s'agenouille à terre et se met à taper le sol de ses poings en criant sa douleur. Yasmine à ses côtés essaie de la relever et de la réconforter.
Plus en retrait, Heather appelle un numéro de téléphone avec son portable.
HEATHER : Jason Patrick n'est plus une menace.
Elle raccroche et se précipite vers Ursula et Yasmine, réussissant à composer sur son visage une expression mêlant incompréhension et tristesse.
10 GARDEN PLACE - CABINET " SHARK & SULLIVAN "
Diana se tient debout face à la grande baie vitrée derrière son bureau. Son regard vide fixe un point à l'horizon. Elle referme lentement le clapet du téléphone portable qu'elle tient dans la main droite. Elle joue un instant avec l'appareil en esquissant un sourire ...
Puis elle s'assied dans son fauteuil et compose sur son portable un numéro de téléphone.
DIANA : Le clap de fin de votre film a été donné, cher Joss. J'imagine que dans le genre " snuff movie " l'histoire de Caytlin Gale et Jason Patrick fera date.
Joss est confortablement installé à l'arrière de sa limousine un verre de whisky dans une main et son téléphone portable dans l'autre.
JOSS (tout sourire avec une étincelle de malice dans les yeux) : Chère amie, Jason a toujours rêvé d'être acteur ; il me le répétait sans cesse. Nous lui avons donné l'occasion de réaliser son rêve en lui offrant le rôle de sa vie. Je connais de nombreux clients avides d'admirer maintenant ses talents d'acteur.
Il raccroche en poussant un rire proche du ricanement de la hyène.
Dans son bureau Diana referme lentement le clapet du téléphone portable qu'elle tient dans la main droite. Elle pose l'appareil sur son bureau. Elle ouvre un tiroir dont elle sort un petit album de photos qu'elle entreprend de feuilleter, visiblement émue. Les photos classées par années ont toutes été prises à l'occasion des fêtes d'anniversaire de sa fille Holly. Sur quelques unes apparaît le visage d'Eric Krueger.
11 LOS ANGELES - DEVANT LE COMMISSARIAT DE POLICE
Des policiers en uniforme, d'autres en civils se mêlent à la foule des badauds et des journalistes devant l'immeuble tandis que retentit la sirène d'une ambulance qui se gare près du camion de télévision sur le toit duquel repose le corps de Jason.
Assise contre un arbre à même le sol, Ursula parait totalement déconnectée de l'agitation qui l'entoure. A quelques mètres d'elles Yasmine et Heather s'entretiennent avec l'inspecteur de police qui avait conduit Heather auprès de Jason. Elles sont observées, à distance, par Brian Simpson qui se tient à l'écart d'un petit groupe de journalistes.
Lent travelling arrière sur la scène du drame, puis fondu au blanc ...
12 AÉROPORT DE SAN FRANCISCO
Dans la file des passagers en zone d'embarquement Aiden regarde sa montre qui indique 01 : 50 avant de remettre son billet à l'hôtesse.
L'HÔTESSE : Bon voyage, monsieur. Le vol pour Boston aura une dizaine de minutes de retard.
AIDEN : Merci.
Puis il poursuit son chemin sans avoir une dernière fois scruté d'un regard méfiant la foule derrière lui.
13 LAC TAHOE - MAISON DES HELICOK
Beth est en train de faire la
vaisselle dans la cuisine de la maison de ses parents en admirant le paysage
enneigé par la fenêtre quand sa
mère entre dans la pièce une pile d'assiettes sales dans les bras.
GWEN : Je suis désolée. Notre lave-vaisselle a rendu l'âme ce matin.
BETH (les mains plongées dans l'eau savonneuse) : Ce n'est rien maman. Cela me rappelle l'époque où je vivais avec vous.
Gwen pose les assiettes dans l'évier.
GWEN (prenant sa fille par la taille et se serrant contre son dos) : Je suis si heureuse de te voir. (en berçant sa fille) Tu m'a tellement manquée.
BETH (gênée) : Maman, arrête, tu me donnes le mal de mer.
Gwen se détache de sa fille et commence à essuyer la vaisselle posée sur l'égouttoir.
BETH (penchant sa tête vers sa mère avec un un air mutin) : Tu m'en veux ?
GWEN (retrouvant le sourire) : Bien sûr que non, voyons !
BETH (continuant à faire la vaisselle) : Tu sais, si je ne voulais pas vous voir ces derniers temps c'est parce que je n'étais pas bien dans ma peau. Mon divorce, ... mes difficultés à trouver un emploi ...
GWEN (essuyant un plat avec un torchon) : C'est aussi et surtout dans ces moments-là que la famille est importante, tu ne trouves pas ?
BETH : Je le comprends seulement maintenant.
GWEN : Nick a l'air d'être quelqu'un de bien.
BETH (le visage s'illuminant) : Je crois bien que cette fois je suis tombée sur le bon numéro !
La mère et la fille échangent un sourire complice.
BETH : C'est pas que Frank ne soit pas quelqu'un de bien. D'ailleurs nos rapports se sont améliorés ces derniers temps. Je crois que nous resterons amis.
GWEN (se rapprochant de sa fille) : Je vais te faire une confidence ... Ton père n'a jamais beaucoup apprécié Frank. Il trouvait ... comment dire ? ... qu'il manquait d'assurance.
Beth n'a pas le temps de répondre que Nick et George font leur entrée dans la cuisine, chaudement habillés.
GEORGE (à Gwen) : Je prends le break jusqu'à l'héliport. Nick aimerait refaire un tour en hélicoptère au-dessus du lac, histoire d'admirer une dernière fois le paysage avant leur retour à Garden Place.
Nick s'approche de Beth et l'embrasse furtivement sur la bouche.
NICK : Nous ne serons pas longs.
George donne à Nick une tape sur le dos.
GEORGE (à Nick) : Laissons les seules. Je crois qu'elles ont encore pleins de choses à se raconter.
George lance un clin d'œil à Gwen avant d'entraîner Nick hors de la cuisine.
14 SUR L'AUTOROUTE ENTRE LOS ANGELES ET GARDEN PLACE
Yasmine Washington pied au plancher roule à vive allure. Les ronflements d'Ursula endormie sur le siège passager à ses côtés couvrent les bruits du moteur de la Coccinelle.
Derrière elles, au volant de sa voiture Heather Trent essaie de maintenir une distance constante entre leur véhicules malgré la forte circulation quand retentit la sonnerie de son téléphone portable. Elle répond au moyen d'un kit main libre.
HEATHER : Heather Trent ...
A l'autre bout du fil, Melicente Taylor, un téléphone portable à la main, descend de son jet privé qui vient d'atterrir sur un aérodrome proche de Garden Place. Derrière elle quatre hommes en costume noir déchargent ses bagages.
MELICENTE : ... Bonjour Heather. Nona à l'appareil.
Surprise Heather perd une fraction de seconde le contrôle de sa voiture au cours d'une manœuvre de dépassement avant de se rabattre à droite et de retrouver la maîtrise de sa conduite.
HEATHER (reprenant son souffle) : Heu ... Que puis-je faire pour vous ?
MELICENTE (s'installant à l'arrière d'une somptueuse limousine noire) : Diana vient de m'apprendre que l'opération "overdose one" était une réussite totale. Je vous félicite.
HEATHER (avec fierté) : Je suis très satisfaite d'avoir accompli ma mission. (après un bref silence) Cependant la mort d'Eric Krueger m'interdit de me réjouir.
La limousine démarre.
MELICENTE (se mordant les lèvres et en plissant les yeux pour empêcher des larmes de couler) : En effet, c'est une grande perte pour notre organisation.
Melicente s'essuie les yeux avec un mouchoir que lui tend un homme, hors champs, assis en face d'elle.
MELICENTE (après un léger soupir) : A la différence de vous, Gretchen a échoué dans sa mission la nuit dernière.
HEATHER (perplexe) : Mais ...
MELICENTE (l'interrompant) : J'en fais une question de principe. Nous ne pouvons tolérer l'échec. L'enjeu est trop important.
HEATHER : Je comprends.
MELICENTE : Je vous demande donc de vous occuper d'elle. Soyez à la hauteur de votre réputation, Locuste.
HEATHER : Ce sera fait selon vos ordres.
Melicente raccroche. La limousin d'arrête. Elle s'adresse alors à l'homme assis en face d'elle.
MELICENTE (abaissant la vitre électrique et jetant un œil dehors) : Vous voici arrivés à votre destination Pr Gollum, la zone d'accès à votre nouveau laboratoire.
La caméra nous dévoile alors le visage inquiétant du Pr Arthur Gollum ...
15 SALLE DE RÉDACTION DU " GARDEN PLACE TRIBUNE "
Une atmosphère pesante règne dans la
salle de rédaction du journal. Quelques journalistes travaillent seuls à leur
bureau tandis que d'autres membres du personnels ont formé des petits groupes et
discutent à voix basse.
Soudain la porte du bureau d'Eric Krueger s'ouvre brutalement, un homme petit trapu et chauve en sort le visage rouge de colère. Il claque la porte violemment derrière lui.
L'HOMME (en colère) : Saleté de bonne femme !
Puis il se dirige à marche forcée vers la sortie du pool rédactionnel sans prêter la moindre attention à tous les regards qui se portent sur lui.
Il quitte la salle de rédaction en bousculant au passage Gretchen Hicks qui se présente à l'entrée. Elle se retourne vers l'homme qui ne prend même pas la peine de s'excuser avant de s'engouffrer dans le premier ascenseur ouvert.
Gretchen entre dans la salle de rédaction. L'ambiance y est devenue électrique. Le personnel s'agite autour des bureaux, les gens parlent entre eux à haute voix dans une véritable cacophonie.
Gretchen reconnaît Esther Malonic la secrétaire d'Eric en train de rejoindre son bureau une tasse de café à la main.
GRETCHEN (abordant Esther) : Excusez-moi. Je m'appelle Christine Cromwell.
Esther sert la main que lui tend Gretchen.
ESTHER : Je vous reconnais.
GRETCHEN : J'ai appris ce qui s'est passé ce matin. Je suis bouleversée.
Esther regagne son bureau accompagnée par Gretchen.
ESTHER (faisant du regard le tour de la rédaction) : Comme nous tous ici ... Eric était un excellent patron et ... (écrasant une larme avec sa main libre) un homme remarquable ... qui venait de connaître le bonheur d'être papa depuis quelques heures à peine.
Elle essuie ses yeux embués de larmes avec le revers de sa manche.
GRETCHEN (compatissante) : Le destin peut se montrer si cruel avec les meilleures d'entre nous.
ESTHER (reniflant avant de se reprendre) : Vous aviez rendez-vous ce matin avec lui, n'est-ce pas ?
GRETCHEN : Oui, mais je comprendrais si dans ces conditions personne ne pouvez me recevoir.
ESTHER (indiquant d'un signe de tête la porte fermée du bureau d'Eric puis d'un ton sarcastique) : "Elle" va sans doute accepter de vous rencontrer.
GRETCHEN (surprise) : Jillie Perkins ? C'est elle qui a repris seule les rênes du journal ?
ESTHER (laissant échapper un ricanement en s'asseyant à son bureau) : Non, c'est sa mère, Kristen Perkins !
16 GARDEN PLACE MEMORIAL - CHAMBRE DE MENLEY
Menley est allongée dans son lit
d'hôpital une perfusion posée à son bras gauche. Excédée elle met en veille à
l'aide de la télécommande la télévision accrochée au mur dans un coin de la
chambre.
MENLEY : Mais dans quel monde vivons nous ?! Tous ces drames qui s'abattent sur nous. Eric, Jason ... Pauvre Lacey, mère et veuve le même jour.
Elle renifle bruyamment et ouvre un paquet de chips.
Intervient alors Nanne, assoupie dans un fauteuil et réveillée par le froissement du sachet plastique.
NANNE : Encore en train de manger. (s'emportant) Tu passes ton temps à engloutir de la nourriture. Qui te l'a donnée ?
MENLEY (vexée) : Une âme charitable a bien voulu aller m'en chercher au distributeur du hall d'accueil. Et puis, (s'énervant) je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre, couchée dans un lit d'hôpital. Je suis inutile !
NANNE (adoucissant le ton de sa voix) : Mais non, voyons. Comment oses-tu dire cela ?
Nanne se lève et vient s'asseoir au bord du lit de Menley. Elle pose sa main sur celle de Menley pour la réconforter et en profite pour faire glisser parterre le paquet de chips.
MENLEY : Je le vois bien. Je ne sers à rien ... à personne. (les larmes aux yeux) Lacey, Jillie, et Ursula ont besoin d'aide. Elles vivent depuis la nuit dernière un cauchemar permanent, et moi ?! Moi, je suis attachée à ce lit (en tirant sur sa perfusion dans un mouvement d'énervement) et je ne peux rien faire.
NANNE : Le médecin a dit que tu devrais sortir bientôt, dès que tu auras éliminer tes calculs rénaux en urinant.
MENLEY (poursuivant son monologue d'une voix rapide et saccadée sans prêter attention aux propos de Nanne) : Cette impression de ne servir à rien ne date pas d'hier, en fait. A une autre époque j'aurai tout fait pour retrouver Stuart, Kelly ou Jane Strombaski mais j'ai rencontré ce mufle de Nick Kirios et bêtement j'en suis tombée amoureuse. (s'agitant dans son lit) Cet ordure a osé me plaquer parce que je ne me sentais pas encore prête pour coucher avec lui. Je lui ai pourtant parlé du viol. Il aurait dû comprendre. Mais non ! (se lamentant) Il a préféré se jeter dans les bras de cette garce de Beth, trop contente de trouver là l'occasion de se venger de son divorce avec Frank ! (frappant du poing droit le matelas) Je hais Beth ! Je hais les hommes !
NANNE (lui caressant la main droite) : Calme toi. Cela ne sert à rien de t'emporter comme ça.
MENLEY (ignorant la remarque) : Et David. Qu'est-ce qui lui arrive ? Depuis que la mère d'Aiden, quelle véritable cinglée cette femme, a tout raconté à nos parents, il n'est plus lui même. (désolée) Il s'est complètement refermé sur lui. (elle soupire) Je reconnais que j'avais quelques préjugés négatifs sur Aiden ; après tout il a comme même été l'amant de Frank et c'est à cause de lui qu'on a rompu, même si je suspecte cette harpie de Beth d'y avoir une part de responsabilité. (ravalant sa salive) J'admet qu'Aiden a tout de même apporté un certain équilibre dans la vie de David. Et qu'est-ce qui se passe maintenant ? (attristée) Plus de nouvelles d'Aiden. David qui refuse d'en parler ; et moi qui m'inquiète pour mon petit frère. Je n'ai pas envie qu'il recommence à collectionner les aventures sans lendemain. J'en ai marre de croiser ses ex à chaque coin de rue : le garagiste qui a fait la révision de ma voiture le mois dernier, le livreur de pizza et même maintenant un des internes en médecine qui s'occupent moi. D'accord, (résignée) je reconnais les avantages, le service est toujours impeccable. Mais ... (reprenant son souffle) je ne peux plus rencontrer un homme sans ne pas pouvoir m'empêcher de me demander s'il a couché un jour ou non avec David ou Beth ! (se mouchant entre ses doigts en pleurant) C'est pas une vie ...
A cet instant on frappe à la porte de la chambre. Frank entre un livre à la main.
FRANK (regardant d'un air anéanti Menley et Nanne à tour de rôle) : Vous connaissez les nouvelles ?
NANNE (en se levant elle ramasse le paquet de chips et récupère son manteau sur le dossier d'un siège) : Eric est mort. Il a été percuté par une voiture conduite par Milio Johnson, le frère de Siria, qui venait de sortir de prison et qui a essayé une nouvelle fois de tuer Jillie. Jason a commis un crime atroce en massacrant une fille du nom de Caytlin Gale puis il s'est donné la mort en se défénestrant.
FRANK (estomaqué) : Comment peux-tu dire des choses pareilles avec autant de détachement ?
Nanne embrasse Menley sur la joue.
NANNE (à Menley) : Je repasserai dans la soirée. Je vais essayer de voir Lacey.
MENLEY : Je compte sur toi pour lui venir en aide.
NANNE (à Frank, lui donnant une tape amicale sur l'épaule) : Depuis quelques temps, je ne m'étonne plus de rien. (désabusée) Je sens de mauvaises vibrations sur Garden Place en ce moment et ce n'est pas prêt de s'arrêter, crois moi.
Elle montre le paquet de chips qu'elle tient en main à Menley.
NANNE (souriant) : Je le prends avec moi, j'ai un petit creux.
Nanne ouvre la porte de la chambre puis se retourne et glisse à l'oreille de Frank juste derrière elle.
NANNE (à voix basse) : Elle va pas bien. D'après moi, ses crises de boulimie sont le signe d'une dépression.
Frank se retourne vers Menley occupée à fouiller dans sa table de nuit. Son visage s'illuminant quand elle réussi à mettre la main sur un paquet de bonbons.
17 " GARDEN PLACE TRIBUNE " - BUREAU D'ÉRIC KRUEGER
Gretchen assise en face du bureau écoute avec attention Kristen Perkins, en tailleur et chemisier noir, installée dans le fauteuil de direction. Le comportement de Kristen trahit son inexpérience et son appréhension devant ses nouvelles responsabilités. Elle tremble et ne se sent pas à l'aise.
KRISTEN : Je vous le répète Mlle Cromwell, le rachat de KGP6 n'est plus une de nos priorités, pour le moment.
GRETCHEN : Je comprends tout à fait votre situation.
KRISTEN : Il existe un accord écrit entre Jillie et Eric qui stipule qu'en cas de décès d'un des deux co-propriétaires celui qui survit dispose de tout pouvoir pour gérer les affaires courantes jusqu'à la lecture du testament. Lecture qui doit obligatoirement avoir lieu dans les dix jours qui suivent le décès. Dans ces conditions la procuration que ma fille a signé en ma faveur ne m'autorise pas à prendre des décisions pouvant remettre en cause l'avenir de la société.
GRETCHEN : En clair. Le journal sera bientôt dirigé par Jillie associée à la veuve d'Eric, Lacey Krueger, n'est-ce pas ?
KRISTEN : J'imagine sans peine en effet qu'Eric a légué ses parts dans le journal à sa femme. Ma fille et moi, n'avons pas encore eu de contact avec elle depuis le drame. Je ne connais pas ses intentions.
GRETCHEN : Et votre fille ? Comment va-t-elle ?
KRISTEN (attristée) : Très mal. Ce fut, vous l'imaginez bien, un véritable choc pour elle d'assister à la mort d'Eric. Le meurtrier, ce Milio Johnson venait de sortir de prison. (s'emportant) Cet attentat visait en réalité ma pauvre Jillie. Il avait déjà essayé de la tuer, une fois. (versant des larmes) Eric est mort en héros, en sauvant Jillie.
GRETCHEN (étonnée) : Vraiment ? Je l'ignorais, mais pourquoi Milio Johnson voulait-il tuer votre fille ?
KRISTEN : Par vengeance. Il pensait Jillie responsable de la mort de sa sœur.
GRETCHEN (fronçant les sourcils) : Et c'était le cas ?
KRISTEN (baissant les yeux) : Ma fille a vécu un passé douloureux. Elle n'était plus tout à fait elle-même. La justice ne l'a pas considérée entièrement responsable de ses actes.
GRETCHEN : Je vois.
KRISTEN (poussant un soupir) : J'ai peur malheureusement qu'elle ne se remette pas de ce nouveau coup du sort.
18 GARDEN PLACE - ASSOCIATION " NOT TO BE QUEER "
Dans un brouhaha de chaises et de tables déplacées les membres de l'association constitué en majorité d'hommes mettent un terme à leur réunion et commencent à quitter la pièce. Parmi eux on retrouve David et Wlad.
WLAD (tirant David par la manche de son blouson) : Viens je vais te présenter Cole Stenton.
David suit Wlad qui le conduit à un couple, a priori mal assorti, debout sur une estrade en train de ranger des affiches et des tracts à l'entête de l'association dans des cartons : l'homme d'une quarantaine d'années a une carrure athlétique tandis que la femme visiblement plus âgée d'une vingtaine d'années cache difficilement des rondeurs disgracieuses.
WLAD : Cole, je voudrais te présenter un nouveau membre ... (en regardant David mal à l'aise) pour l'instant encore peu loquace, (en plaisantant) il est pourtant avocat, David Weaver. (se tournant vers David) David, Cole Stenton le responsable à l'échelon local de l'association et son épouse Hillary.
David esquissant un sourire aux lèvres serre les mains que lui tendent Hillary et Cole.
COLE : Bienvenu parmi nous, David. Je comprends que tu sois encore intimidé. Je t'ai senti très attentif pendant ces deux heures. Je suis sûr tu ne feras pas qu'assister et que tu participeras activement à nos prochaines réunion. Ainsi grâce à Dieu tu suivras le chemin de la guérison ... (prenant sa femme par la taille et affichant un sourire exagéré) ... comme nous.
HILLARY (penchant sa tête contre l'épaule de son mari) : Cela fera bientôt dix ans que nous nous sommes mariés. (puis en tendant à Wlad et David une boîte à gâteaux en métal) Des muffins faits maison aux pépites de chocolat et aux myrtilles, ça vous dit ?
David refuse poliment d'un geste de la main alors que Wlad n'hésite pas à en prendre plusieurs.
WLAD (à Hillary et Cole) : Merci et à bientôt.
David les salut d'un signe de la main tandis que Wlad l'entraîne vers la sortie.
WLAD (en mordant dans un muffin tout en marchant à coté de David) : J'aimerai tant rencontrer une femme comme Hillary. Bon sang ! Tu as vu comme ils sont heureux ensemble ?!
Perplexe David regarde Wlad en souriant.
19 GARDEN PLACE MEMORIAL - MORGUE
Sibella se rend à la morgue de l'hôpital. Un employé en blouse lui ouvre la porte de la chambre froide. A l'intérieur elle voit une femme vêtue de noir, le visage masqué derrière une voilette, penchée sur le cadavre nu d'Eric Krueger reposant dans une sorte de grand tiroir métallique sous un drap blanc qui recouvre le corps jusqu'à la ceinture. La femme caresse le visage d'Eric de ses mains nues.
Intriguée Sibella s'avance vers elle.
SIBELLA : Qui êtes-vous ?
Melicente Taylor lève alors les yeux vers Sibella.
MELICENTE : J'étais une amie de la mère d'Eric.
SIBELLA (étonnée) : Je la croyais morte depuis des années.
MELICENTE (essuyant ses yeux avec une mouchoir) : Elle est morte il y a plus de trente ans. Mais Eric et moi avons eu plusieurs fois l'occasion de nous rencontrer depuis l'époque où il s'est lancé dans l'écriture de "Mother" son premier roman. Il cherchait à mieux la connaître à travers les souvenirs que j'avais d'elle.
SIBELLA (tendant sa main vers Melicente) : Je m'appelle Sibella Calvin. Je suis la mère de Lacey, la femme d'Eric.
Melicente serre la main de Sibella.
MELICENTE : Je suis contente de faire votre connaissance ... (hésitante) ... malgré les circonstances.
SIBELLA : La mort d'Eric est incompréhensible, quelques heures à peine seulement après la naissance de son fils. (elle soupire) D'abord son père Joe, puis ce fut le tour de la veuve de celui-ci, Flora. La mort frappe depuis quelques mois tout ceux qui prennent la tête du Garden Place Tribune.
MELICENTE (enfilant une paire de gants noirs) : Cela ressemble à une tragédie grecque.
SIBELLA : Vous avez raison. J'ai peur pour ma fille maintenant.
MELICENTE : Elle va hériter du journal ?
SIBELLA : De la moitié des parts de la société. L'autre est détenue par Jillie Perkins, la fille de Flora Stewart Krueger.
MELICENTE : La femme responsable de la mort d'Eric.
SIBELLA (choquée) : Que voulez-vous dire ?
MELICENTE : D'après la police, c'est elle qui était visée par le conducteur de la voiture. Eric s'est précipité pour sauver Jillie mais il n'a pas pu éviter la voiture qui fonçait sur lui et l'a renversé.
SIBELLA (intriguée) : Pourquoi ?!!
MELICENTE : Cet homme voulait venger la mort de sa sœur, tuée dans des circonstances similaires par Jillie Perkins qui était ivre au volant à l'époque.
SIBELLA : Siria Johnson ?!! Ma fille m'a parlé des problèmes d'alcoolisme de Jillie Perkins. Mais j'ignorais la part de responsabilité de Jillie dans la mort d'Eric.
MELICENTE (assénant d'une voix ferme) : Il est mort à la place de Jillie Perkins !
SIBELLA (réfléchissant à ses mots) : Vous avez raison ... (posant son regard sur le cadavre d'Eric) Sans Jillie, Eric serait encore en vie. (sa voix trahissant une colère grandissante) Ma fille ne resterait pas prostrée dans sa chambre d'hôpital refusant de s'occuper de son enfant ... (un bref et pesant silence) ... Jillie doit rendre des comptes !
MELICENTE (contournant Sibella et glissant à son oreille) : Elle doit payer.
SIBELLA (se tournant vers Melicente) : Comment ?!
MELICENTE : Je fais partie d'un groupe de femmes qui lutte entre autre contre toutes les formes d'injustice. (captant l'intérêt de Sibella et la fixant quasiment d'un regard hypnotique) Rejoignez-nous ! ...
20 " GARDEN PLACE TRIBUNE ", LE LENDEMAIN MATIN
Au rez-de-chaussée du bâtiment, dans le hall d'accueil, Brian Simpson entre seul dans un ascenseur. Il appuie sur la touche du sixième étage. Alors que les portes se referment une main de femme se glisse entre elles et provoque leur réouverture. Il s'agit de Kristen Perkins portant une mallette en cuir à la main droite.
KRISTEN : Bonjour.
BRIAN : Bonjour Mme Perkins.
Kristen regarde la touche du sixième étage allumée et se tourne vers Brian.
KRISTEN : Vous montez à la rédaction ?
BRIAN : Oui, madame. Oh, veuillez m'excuser, je ne me suis pas présenté. Brian Simpson. Je fais partie des derniers journalistes à avoir été engagés par Mr Krueger.
KRISTEN : Simpson ? Ma fille m'a beaucoup parlé de vous. (en souriant) Elle vous apprécie énormément, vous savez ...
BRIAN (hésitant) : Comment va-t-elle ?
KRISTEN (crispée) : Son médecin pense qu'une hospitalisation pourrait être nécessaire si elle n'arrivait pas à surmonter son chagrin.
BRIAN (inquiet) : C'est si grave ?
KRISTEN : Je le crains.
Au sixième étage les portes s'ouvrent et Kristen et Eric sortent de l'ascenseur.
BRIAN (saluant Kristen et se dirigeant vers la gauche) : Bonne jour ...
Kristen l'interrompt en le stoppant à l'aide de sa mallette.
KRISTEN : Mr Simpson, hier notre rédacteur en chef adjoint, en désaccord avec certaines de mes décisions, a préféré démissionner. Le poste de nouveau rédacteur en chef qu'il a refusé est libre. Etes-vous intéressé par le poste ?
BRIAN (étonné) : Mais ... je n'ai aucune expérience dans cette fonction ?
KRISTEN (plaisantant) : Et moi ? Croyez-vous que je connaisse quoi que se soit à la direction d'un journal ? Ce sont les événements qui donnent aux hommes l'occasion de se révéler. De plus Jillie a pleinement confiance en vous. C'est d'ailleurs elle qui m'a soufflé votre nom. Alors ?
Brian circonspect se frotte le menton et prend quelques secondes de réflexion.
BRIAN (souriant) : Ok ! J'accepte ! A condition que personne ne s'y oppose au sein de la rédaction. Je ne voudrais pas que cela créer des tensions.
KRISTEN (passant son bras gauche sous le bras droit de Brian et montrant le chemin devant eux avec sa mallette) : Allons de ce pas annoncer la nouvelle à toute la rédaction ! Et si certains ont quelque chose à redire, je me charge de les remettre à leur place.
21 DANS UNE CAVERNE SOUTERRAINE
La caméra suit une galerie souterraine éclairée par des lampes régulièrement disposées sur les parois. Une dizaines d'hommes portant des combinaison et des casques de chantier y travaillent. De l'eau suinte des murs et forme parterre des rigoles.
A un croisement entre deux galeries la caméra s'arrête au niveau du sol et nous montre les jambes nues d'une femme portant des chaussures de sécurité.
UNE VOIX D'HOMME : Nous nous trouvons ici au niveau -4. Au dessus se trouve le laboratoire et deux niveaux plus haut le parking souterrain de l'immeuble du Garden Place Tribune.
La caméra se porte alors sur le visage contrarié de la femme : Melicente Taylor, habillée de façon anachronique en ce lieu, en tailleur mauve, chemisier et veste de haute couture.
L'HOMME : Désolé, je ne voulais pas faire volontairement allusion au drame qui vient de vous endeuiller.
MELICENTE (faisant du regard le tour du niveau souterrain) : Eric m'avait parlé des problèmes d'inondation. Je vois que c'est en passe d'être réglé.
Apparaît alors le visage de l'homme, il s'agit du Pr Arthur Gollum.
Pr GOLLUM : Sous contrôle tout au plus. Les pompes doivent fonctionner jour et nuit sans interruption.
MELICENTE (montrant du doigt une série de canalisations longeant la paroi d'une galerie) : Où vont-elles ?
Pr GOLLUM : Ce sont celles qui communiquent avec le site de Crystal View.
MELICENTE : Elles sont bientôt opérationnelles ?
Pr GOLLUM : Oui, quand elles seront raccordées à celles issues du niveau supérieur.
MELICENTE : Je suis satisfaite de ce que je vois même si nous devons impérativement accélérer les travaux.
Pr GOLLUM : Au risque de nous montrer moins discrets ? N'oubliez pas que le plus étonnant est que tout ce chantier avance sans que personne au-dessus de nos têtes ne s'en aperçoive.
MELICENTE : Vous savez bien que l'équipe regroupée ici par Diana et Eric est constituée d'hommes sûrs et les travaux de réparation de l'immeuble du journal servent de paravent à la construction de notre laboratoire.
Pr GOLLUM : Je suis d'accord avec vous. Je sais aussi que le niveau -2 nous isole du journal, et qu'il n'existe actuellement qu'un seul moyen d'accéder ici par le chemin que nous avons suivi à partir du bâtiment en construction à deux pâtés de maison d'ici. Mais dans les circonstances actuelles je préconise de rester prudent. Nous avons perdu la direction du journal.
MELICENTE : Depuis la nuit des temps, Pr Gollum, l'homme a dû s'adapter aux circonstances pour survivre ... (le visage déterminé) Je me suis personnellement impliquée afin de remettre la main sur la direction du Garden Place Tribune ... d'une manière ou d'une autre.
22 à UNE STATION SERVICE AU BORD DE L'AUTOROUTE AUX ENVIRONS DE STOCKTON
Nick quitte l'autoroute et gagne une station service. Il se gare sur une place de parking. Beth sort de l'auto et se précipite en courant vers les toilettes.
Assis côté conducteur Nick sort et décroche son téléphone portable rangé dans la boîte à gants. Il éteint la radio qui diffusait un morceau de country et appelle un numéro enregistré dans son répertoire.
NICK : C'est moi.
A l'autre bout du fil, Heather Trent en chemise de nuit, encore couchée dans son lit et à moitié endormie.
HEATHER : Nick ! (en baillant) Quand seras-tu de retour ?
NICK (souriant) : Bientôt. Nous sommes sur l'autoroute près de Stockton.
HEATHER : J'ai hâte de te revoir.
NICK (plus sérieusement) : Moi aussi. Nous avons à parler.
HEATHER (intriguée) : De quoi ?
NICK (une intonation de regret dans la voix) : Heather, tu es l'avocate d'un des principaux investisseurs du complexe immobilier de " Garden View ". J'en suis le chef de projet. (il fait une pause) J'ai des réticences à mêler affaires professionnelles et sentimentales.
HEATHER (déçue) : Et si on mettait de côté les sentiments et qu'on se contentait entre nous de relations d'affaires ... (puis d'un air coquin) et sexuelles ?
NICK (en riant) : Heather, tu es une redoutable femme d'affaires ... (il donne la brève impression d'hésiter) J'accepte l'offre.
Nick aperçoit alors Beth sortir de la boutique de la station service.
NICK (à Heather) : Je dois te laisser. Je te rappelle plus tard ... pour fixer un autre rendez-vous ... professionnel.
Heather roule sous les draps en gloussant de plaisir avant de répondre.
HEATHER (coquine) : Au revoir, Mr Kirios.
Elle raccroche son téléphone portable et se glisse sous les draps.
Sur le parking Beth monte dans la voiture et pose un sac en plastique sur le siège arrière.
BETH (à Nick) : J'ai pris des boissons. J'ai l'impression qu'avec la circulation qu'il y a en ce moment ; on est pas prêt d'arriver à Garden Place.
Nick la regarde un sourire en coin.
BETH (perplexe) : Qu'est-ce qu'il y a ?
Nick se penche vers elle et l'embrasse langoureusement.
NICK (en reprenant son souffle) : Je t'aime.
Emue Beth se jette au cou de Nick et l'embrasse à son tour fougueusement.
23 BOSTON - CABINET " SHARK & SULLIVAN "
Seul
dans un ascenseur Aiden vérifie les messages sur son téléphone portable : un
seul message a été laissé, par Frank Layton.
FRANK " Salut Aiden ! Ca fait longtemps qu'on ne s'est pas vu. Je t'appelle car je n'arrive pas à joindre Malcolm. J'ai décidé de nous laisser une deuxième chance. Si tu es en contact avec lui, dis lui de me rappeler ... Autre chose, Menley s'inquiète au sujet de David. J'espère qu'entre lui et toi, tout va s'arranger ... A la prochaine "
La porte de l'ascenseur s'ouvre, Aiden ferme son téléphone portable et se dirige vers l'accueil du cabinet d'avocats.
AIDEN (souriant) : Bonjour. Je voudrais parler à Mr Xander Sullivan.
Face à lui, derrière le bureau de la réception, une jeune femme blonde pulpeuse d'une trentaine d'années le toise de haut en bas.
LE RECEPTIONNISTE : Mr Xander ne reçoit que sur rendez-vous. (dévisageant Aiden) Est-ce que vous avez rendez-vous ?
AIDEN : Non. Mais il me connaît. Je suis un ancien ami du temps de ...
A cet instant Xander Sullivan souriant et entouré de collaborateurs sort d'une salle de réunion. Il aperçoit Aiden, son visage d'assombrit. Il fait signe à ses collaborateurs de ne pas l'attendre ; ceux-ci se dispersent dans différents bureaux tandis que Xander s'approche d'Aiden.
XANDER (gêné) : Que fais-tu ici ?
AIDEN : J'ai besoin de ton aide. Ma sœur et un ami ont été kidnappés à San Francisco il y a moins de 48 heures.
XANDER (mal à l'aise et détournant son regard de celui d'Aiden) : C'est de la police dont tu as besoin, pas d'un avocat.
AIDEN (faisant un pas déterminé vers Xander) : Je te connais depuis longtemps. Je suis quasiment certain que tu n'es pas directement impliqué dans leur enlèvement. C'est ton associée, Diana Shark, la responsable.
XANDER : Tu risques gros en venant jusqu'ici.
Xander fait un signe de tête à deux vigiles postés contre un mur près de la réception.
XANDER (à Aiden) : Ne m'en veut pas mais c'est pour ta sécurité que je fais ça.
Brusquement les deux vigiles empoignent Aiden par les bras.
AIDEN (aux vigiles) : Lâchez-moi (à Xander) Qu'est-ce que tout cela signifie ?!!
XANDER (aux deux vigiles) : Conduisez ce monsieur dehors et veillez à ce qu'il ne remettent jamais plus les pieds dans nos bureaux.
D'un geste les deux vigiles le saluent avant de conduire manu militari Aiden vers l'ascenseur sous les regards croisés de Xander Sullivan embarrassé et de la réceptionniste amusée.
24 UNE RUE DE GARDEN PLACE
Les bras chargés de sacs provenant de boutiques de luxe Kristen Perkins marche sur un trottoir en direction du parking où est garée sa voiture quand une limousine noire ralentit près d'elle, puis roule au pas avant de s'arrêter. Le chauffeur sort de la voiture en manquant de peu de faire tomber Kristen. Il ouvre la portière et pousse Kristen sur le siège arrière en s'assurant que personne autour d'eux n'assiste à la scène.
Sur le siège arrière Kristen qui n'a pas abandonné ses sacs est déséquilibrée par le redémarrage de la limousine qui se met à rouler au pas.
UNE VOIX DE FEMME : Je constate que vous vous êtes offerte une véritable garde robe de PDG, Mme Perkins.
Kristent se tourne vers la femme à sa droite.
KRISTEN (en colère) : Qui êtes-vous ? Et que voulez-vous ?
Le visage au sourire énigmatique de Melicente Taylor apparaît.
MELICENTE : Mon nom n'a pas d'importance.
KRISTEN (réfléchissant) : Attendez. Je crois qu'on se connaît. On s'est déjà rencontré ?
MELICENTE (amusée) : Dans une autre vie, peut-être.
KRISTEN (inquiète) : Qu'est-ce que tout cela signifie ?
MELICENTE : Vous dirigez le Garden Place Tribune avec la procuration de votre fille, Jillie.
KRISTEN : Et alors ?
MELICENTE : Je veux prendre le contrôle du journal.
KRISTEN (sèchement) : Il n'est pas à vendre.
MELICENTE (ironique) : Je n'ai pas l'intention de l'acheter.
KRISTEN : Je ne comprends pas.
MELICENTE : Il suffit à vous et votre fille d'agir selon mes instructions, sinon ...
KRISTEN (la coupant) : Sinon quoi ? Vous allez nous faire tuer ?!
MELICENTE (sarcastique) : Vous ne seriez pas les premières dirigeantes du journal à disparaître prématurément.
Kristen lance un regard inquiet à Melicente.
MELICENTE : En ce qui vous concerne ce ne serait qu'en ultime recours. Rassurez-vous. J'ai un autre moyen de pression sur vous.
KRISTEN (intriguée) : Lequel ?
MELICENTE : L'adoption de Jillie n'était pas légale. Vous l'avez achetée au prix fort.
KRISTEN : De quoi parlez-vous ? Mon mari et moi avons régularisé les papiers avant même que Jillie n'atteigne sa première année.
MELICENTE : Quand j'évoquais le prix fort j'entendais par-là que le vieux Willem Judical vous avez vendu sa fille contre des informations.
Le visage de Kristen pâlit. Elle reste bouche bée.
MELICENTE : Votre mari travaillait à l'époque pour une entreprise sous contrat avec l'armée américaine. Il a fourni des informations relevant du secret défense à Willem Judical qui à son tour les a vendues aux soviétiques. En clair, votre mari a trahi son pays.
KRISTEN (les yeux embués de larmes) : Comment êtes-vous au courant de tout cela ?
MELICENTE : Je le sais, c'est tout.
KRISTEN : Vous êtes prêtes à déshonorer la mémoire d'un homme et toute sa famille pour arriver à vos fins ?
MELICENTE : Sans aucun regret surtout s'il s'agit d'un traître et que cela sert mes intérêts.
La limousine s'arrête près de la place de parking où est garée la voiture de Kristen.
MELICENTE (tandis que le chauffeur vient ouvrir la portière arrière de la limousine) : Je vous laisse réfléchir. Je vous re-contacterez dans quelques jours pour connaître votre réponse.
Le chauffeur referme la portière et regagne sa place avant de redémarrer. La limousine s'éloigne laissant derrière elle Kristen Perkins, sous la pluie, perdue dans ses pensées, ses sacs posés à ses pieds dans des flaques d'eau.
25 GARDEN PLACE - APPARTEMENT DE HEATHER TRENT
La nuit vient de tomber. On sonne à la porte de l'appartement de Heather Trent. Celle-ci habillée d'un tee-shirt blanc et d'un jeans coure ouvrir la porte.
HEATHER : Vous avez trouvez facilement ?
C'est alors qu'entre dans l'appartement Gretchen Hicks en pantalon et pull-over beige sous une veste en cuir mouillée par la pluie tout comme ses cheveux.
GRETCHEN (étonnée) : Vous habitez le seul appartement occupé de l'immeuble ?
HEATHER (débarrassant Gretchen de sa veste) : C'est un immeuble qui vient d'être réhabilité après les dégâts causés par la chute de la météorite. Je viens juste d'emménager. Vous voulez du thé ?
GRETCHEN (suivant Heather dans le coin cuisine) : Volontiers.
Heather verse le thé dans deux tasses jaunes posées sur la table de la cuisine. Elle s'assied à table tandis que Gretchen prend place en face d'elle.
GRETCHEN : Vous avez du sucre, s'il vous plait ?
HEATHER : Bien sûr.
Elle se lève et se dirige vers l'un des placards de la cuisine dont elle sort une boîte de sucre en poudre qu'elle rapporte à Gretchen.
GRETCHEN : Merci.
HEATHER (se rasseyant sur sa chaise) : Vous devez vous demandez pourquoi je vous ai invitée ?
GRETCHEN : Vous m'avez dit au téléphone que vous souhaitiez que nous apprenions à nous connaître.
HEATHER : Et pourquoi pas devenir amies (buvant une gorgée de thé) Diana est très satisfaite de votre travail. Elle vous présente souvent comme l'exemple à suivre.
GRETCHEN (rougissant) : Vous exagérez. Je ne connais personne de plus perfectionniste qu'elle.
HEATHER : Vous ne buvez pas votre thé ?
GRETCHEN : J'attend qu'il refroidisse. J'aime le thé tiède et sucré.
HEATHER : Comme avez-vous été engagée ?
GRETCHEN : Il y a un an environ. Quand j'ai été viré des Marine's pour insubordination.
HEATHER : Que s'est-il passé ?
GRETCHEN : C'était un prétexte. (elle boit un peu de thé) En réalité, j'ai refusé de couvrir un supérieur accusé de viol sur une jeune recrue.
HEATHER : Je suppose que Diana était votre avocate ?
GRETCHEN : Absolument. Vous connaissez sa passion dès qu'il s'agit de se battre contre les symboles du gouvernement. Quand elle a appris mon histoire elle a tenu à me rencontrer et a décidé de s'occuper de mon affaire. Grâce à elle j'ai pu quitter l'armée la tête haute.
HEATHER : Vous lui êtes reconnaissantes ?
GRETCHEN (en souriant) : Eternellement.
HEATHER : Dommage que vous deviez mettre un terme à votre collaboration avec elle dès ce soir.
GRETCHEN (surprise) : Que voulez-vous dire ?
HEATHER : Nona a décidé de vous mettre hors-jeu.
GRETCHEN : Parce que Lacey Krueger est toujours en vie ?
HEATHER : Oui. Elle en fait une question de principe comme elle dit.
GRETCHEN : Et c'est à vous, Locuste, qu'elle a confié cette mission.
HEATHER (avec malice) : Je constate que votre réputation n'est pas usurpée. Vous allez nous manquer Gretc ... (hoquet) ... hen.
GRETCHEN : Cela ne va pas ?
Apeurée Heather regarde Gretchen puis les deux tasses de thé.
HEATHER (paniquée) : Vous avez interverti les tasses ?
GRETCHEN (feignant l'étonnement) : Moi ? ... A votre avis ?
Heather se tient maintenant le ventre en signe de douleur.
GRETCHEN : Nous sommes de la même trempe toutes les deux. Je vous connais Locuste. Si un des thés devait être empoisonné ce ne pouvait être que celui servi dans votre tasse.
Heather est en sueur. Le visage pâle et crispé, les yeux exorbités et la bouche sèche elle écoute Gretchen.
GRETCHEN : Vous saviez très bien que j'allais profiter du fait que les tasses étaient identiques pour les échanger. Ce que j'ai fait quand vous avez été cherché le sucre et ce que vous avez pu observer dans le reflet de la fenêtre de la cuisine. Je me trompe ?
Heather ne peut plus répondre. Elle porte sa main à sa gorge serrée et dans un dernier spasme tombe à terre en renversant sa chaise.
GRETCHEN : Mais vous n'avez pas vu le deuxième échange. La preuve : vous avez bu votre thé avant moi.
Gretchen s'agenouille près de Heather. Elle prend son pouls.
GRETCHEN : Dommage que nous devions mettre un terme à notre amitié dès ce soir.
Le téléphone portable de Heather posé sur le plan de travail de la cuisine émet un bip sonore.
Gretchen se lève et prend l'appareil dont l'écran d'accueil indique la réception d'un message SMS qu'elle s'empresse de lire :
" Le colis est prêt ? "
Gretchen envoie un autre SMS en réponse :
" Oui "
Puis elle éteint le portable, récupère sa veste et se précipite hors de l'appartement laissant derrière elle Heather Trent gisant parterre, morte, un rictus de douleur défigurant le visage et les yeux grands ouverts.
26 GARDEN PLACE - DANS UN BAR
David et Wlad sont confortablement installés, assis sur une banquette, autour d'une table dans un bar au style western où passent en fond sonore des classiques de la musique country.
DAVID : Tu vis à Garden Place depuis longtemps ?
WLAD : Cinq mois environ. Je viens du Wyoming. J'ai assisté en direct à la chute de la météorite Cléo sur CNN. Quand j'ai appris qu'on recherchait des volontaires pour participer à la reconstruction de Garden Place. Je me suis dit pourquoi pas ... A moi la Californie !
DAVID : Et l'association ?
WLAD (sirotant sa bière en bouteille) : J'ai reçu une éducation très religieuse. Mais j'ai toujours été attiré par les hommes. J'ai résisté à la tentation par crainte de faire du mal à mes parents. Mais une fois à Garden Place, les tentations étaient plus nombreuses et mes parents loin ; l'association m'aide à tenir le coup, à rester ce que j'appelle un gay non pratiquant. Je ne suis pas encore guéri. Et toi ?
DAVID (manquant de peu d'avaler de travers sa bière) : Moi ? Que veux-tu dire ?
WLAD : Qu'est-ce qui t'as conduit vers notre groupe ? (en plaisantant) Je ne pense pas que c'est uniquement à cause du tract que je t'ai donné un jour.
DAVID : Le soir du réveillon de Noël la mère de mon copain a tout raconter à mes parents. Elle était ivre. Depuis mon père refuse de me parler.
WLAD : Ca doit être dur pour toi.
DAVID : Faut dire que ce soir-là, mon copain et moi avons fait passer sa sœur pour ma nouvelle petite amie.
WLAD (en souriant) : Vous ne manquez ni d'humour ni d'imagination.
DAVID : J'oubliais de préciser que mon père est pasteur de la très conservatrice Eglise Neo-Evangéliste.
WLAD : On a donc eu le même genre d'éducation.
DAVID : Sauf qu'en ce qui me concerne je ne peux pas prétendre être étiqueté " non pratiquant " comme toi.
Cela fait sourire à nouveau Wlad.
DAVID : La différence entre toi et moi, c'est que je n'ai jamais résisté très longtemps à mes pulsions. Par exemple, le premier mec avec qui j'ai eu des relations sexuelles à quinze ans, il se trouve que c'était le petit ami de ma sœur. Elle refusait de le sucer ...
WLAD (perplexe) : Tu me fais marcher ? Ou tu essaies de me provoquer ?
DAVID : Ni l'un ni l'autre. J'ai simplement envie de me confier ce soir.
Un bip sonore retentit dans la poche du blouson en cuir de David. Il sort son téléphone portable et constate qu'Aiden lui a laissé un message. Il hésite puis range l'appareil dans sa poche sans écouter le message.
WLAD : C'était qui ?
DAVID : Rien d'important.
David boit une nouvelle gorgée de bière et d'un signe de la main commande à une serveuse déguisée en indienne une nouvelle tournée.
DAVID (fixant Wlad du regard et en plaisantant) : J'ai décidé d'arrêter les mecs pas la bière.
27 UNE RUE DE GARDEN PLACE - à QUELQUES pâtés DE MAISON DE L'IMMEUBLE DE HEATHER TRENT
Sous la pluie Gretchen coure dans une sombre rue déserte. A plusieurs reprises alertée par le moindre bruit elle se retourne et scrute les environs. Quand elle atteint une cabine téléphonique délabrée, elle décroche le combiné téléphonique, attend la tonalité et tape trois fois sur la touche " # " avant de composer un code de cinq chiffres. Quelqu'un décroche à l'autre bout du fil.
GRETCHEN (reprenant son souffle) : Je suis grillée. Il faut m'évacuer immédiatement. Je vous attend.
Elle regarde sa montre qui indique 11 : 59 et raccroche puis épuisée s'assied parterre après avoir vérifié que son revolver rangé dans la poche de sa veste en cuir était bien armé.
28 BANLIEUE DE BOSTON - PRÈS D'UNE USINE D'INCINÉRATION
Au volant d'une voiture de location Aiden quitte la route principale en bifurquant à l'embranchement d'une voie secondaire. Quelques minutes plus tard il arrive sur un terrain vague au milieu d'une décharge et en face d'une usine d'incinération de déchets industriels. Il coupe le moteur mais laisse les phares allumés. Il regarde sa montre qui indique 02 : 30. Silence autour de lui, il observe l'usine, ses lumières et les fumées qui en émanent.
Soudain un vrombissement provenant du ciel secoue la voiture absorbée dans un flux de lumière vive. Aveuglé, Aiden protège ses yeux fermés du revers de son blouson en cuir. Quand l'intensité de la lumière diminue, il commence à distinguer s'approchant de lui trois silhouettes humaines.
SPECIAL GUEST STARS
GÉNÉRIQUE DE FIN