1  DEVANT L'IMMEUBLE DE GARDEN VIEW

Beth sort de l'immeuble, avec un sac poubelle dans la main. Elle porte un pantalon noir très serré et un tee-shirt blanc, tout aussi serré. Elle s'arrête brusquement et regarde les emplacements des containers. Ils sont vides.

BETH : C'est pas vrai, ces imbéciles ont une fois de plus oublié de sortir les containers à poubelles.

Elle hausse les épaules et se dirige alors vers une petite porte, à côté de la grande entrée. Elle pénètre dans le débarras servant à ranger les containers. Toujours son sachet à la main, Beth appuie sur le bouton de l'interrupteur, mais rien ne se passe.

BETH : Et en plus, ils n'ont pas changé l'ampoule… tous des incompétents… des imbéciles et des incompétents !

Beth tâtonne pour trouver un container.

BETH : Oh, quelle poisse.

Soudain, on entend un cri effroyable ! Beth sursaute. Ce n'est pas elle qui a crié, mais elle imite le cri, tant elle a eu peur.

BETH : Qu'est-ce que c'est ? …

Pas de réponse. Le cri se répercute une nouvelle fois. Et une nouvelle fois, Beth sursaute. Elle panique totalement.

BETH : Qui est là ? !

Précautionneusement, elle fait un pas en direction du cri. Elle regarde entre deux containers et ouvre grand les yeux.

BETH (terrorisée) : Oh, Mon Dieu….

Devant elle se trouve Kelly, bien vivante, mais avec un visage apeurée, des cheveux ébouriffés et des yeux ouverts qui regardent dans le vide.

 

 

 2  DANS L'APPARTEMENT DE LACEY

Elle est assise sur son canapé de plusieurs couleurs et rit de bon cœur. C'est un rire franc, sincère et plein d'énergie. Devant elle se dresse Gil, déguisé en squelette. Il chante :

GIL : We wish you happy halloween, halloween, halloween…We wish you happy halloween, talidada.

Tout l'appartement de Lacey est décoré selon la circonstance : une citrouille taillée sur la petite table, quelques squelettes affreux en forme de mobile, sans oublier un monstre sanglant punaisé sur la porte. La lumière aussi n'est pas épargnée, elle est tamisée et donne à la pièce un aspect lugubre.Tout en chantant, Gil se dandine.

LACEY : Mais qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui ?

Gil ôte son masque et on le découvre enfin.

GIL : Halloween m'a toujours paru comme une fête très gaie.

LACEY : Sans blague !

GIL : Oui. Et en plus je suis heureux, donc je chante… J'ai bien le droit de m'exprimer, non ?

LACEY : Ah, mais tout à fait, mon cher amigo.

Gil se jette sur le canapé coloré de Lacey.

GIL : Et en plus de ça, j'ai une bonne nouvelle… mais alors, une excellente nouvelle.

LACEY : Vraiment ! Et quoi donc ? Nanne s'est rendue compte que tu étais l'homme de sa vie ?

GIL : Non. Nanne est à New York pour l'instant. Je te parle de Frank et Menley.

LACEY : Le chien et le chat de Garden View. Tu as encore l'espoir de les voir se réconcilier ?

GIL (en chantant) : Mieux que ça… ils vont se réconcilier… grâce à moi et à mon plan génial.

LACEY : Je suis curieuse de connaître ton plan génial…

Gil se lève.

GIL : Pas maintenant. J'ai un cours à donner dans 1/2 heure.

LACEY (proteste) : Ah, non, tu me laisses sur ma faim la. Dis moi.

GIL : Plus tard, chère amie… Patience…

Il remet son masque de squelette et se dandine jusqu'à la sortie.

GIL : We wish you happy halloween, halloween, halloween…

 

 

 GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

 

 SPECIAL GUEST STAR

 

 3  APPARTEMENT DES LAYTON

Nous voyons Beth dans son grand fauteuil. Elle a le visage extrêmement pâle et les traits tirés. Sans bouger, elle fixe un point imaginaire. On entend un bruit de porte et l'on voit Frank entrer dans l'appartement. Il n'aperçoit pas Beth tout de suite, puisqu'il est occupé à enlever ses souliers. Debout, il se masse les pieds avec une grimace. C'est seulement maintenant qu'il voit Beth et son visage blanc.

FRANK : Qu'est-ce que tu fais planter là comme ça ? On dirait une momie.

BETH (qui continue a regarder un point imaginaire) : Ou étais-tu ? Il est 11 heures passé.

Frank se vautre sur le deuxième fauteuil, et prend le magazine télé qui se trouve sur la petite table. Il attrape la télécommande et rapidement allume la télévision.

FRANK : Je ne pense pas avoir de comptes à te rendre.

Il regarde Beth plus en détail et voit bien que quelque chose ne va pas.

FRANK : Tu as pris ton laxatif, ce soir ?

BETH (qui semble sortir de sa léthargie et regarde Frank pour la première fois) : Quoi ?

FRANK : Tu as une tête de constipée.

BETH : Toujours les mots pour faire mal. Si ça serait un sport, tu serais champion du monde.

Frank se désintéresse de Beth et regarde la télévision. Jusqu'à ce que:

BETH (calmement) : J'ai retrouvé Kelly.

Frank regarde Beth et s'agite sur son fauteuil. Le programme télé n'a plus aucun impact sur lui.

FRANK : Qu'est-ce que tu dis !

BETH : J'ai retrouvé Kelly. Elle était dans le débarras aux containers.

FRANK : Elle est vivante ?

BETH (exaspérée) : Bien sûr qu'elle est vivante, idiot. Si elle serait morte, je serai sans doute au poste de police à cette heure, réfléchis un peu.

FRANK (ignorant la remarque) : Elle va bien ?

BETH : La pauvre est totalement perdue. Tu aurais dû voir son regard. Ca m'a fait un choc.

FRANK : Et qu'est-ce que tu as fait ?

BETH : Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? J'ai appelé Stuart, pardi.

FRANK (exaspéré) : Génial ! Ah je te félicite… Tu n'en rates pas une, toi !

BETH : Mais qu'est-ce que tu racontes ?

FRANK : Tu ne sais pas que Stuart est peut être mêlé à la disparition de Kelly. Menley pense qu'il a déjà tué une femme.

Beth se lève. De toute évidence, évoquer Menley la met hors d'elle.

BETH : Menley est moitié folle. Tu connais Stuart comme moi. Il ne ferait pas de mal à une mouche. Et laisse-moi te dire encore une chose, c'est que Stuart, ton soi-disant assassin, a tout de suite emmené sa femme à l'hôpital.

 

 

 4  À L'UNECAIN, DANS LA SALLE DE CLASSE DE MENLEY

On entend la sonnerie marquant la fin de l'heure. Les élèves, pressés, se dépêchent de ranger leurs affaires dans leur sac. Menley a juste le temps de crier, depuis son pupitre.

MENLEY / Et n'oubliez pas que je veux que vous lisiez le chapitre consacré à Shakespeare pour mardi prochain.

Mais les élèves partent et bientôt, elle se retrouve seule dans la classe. Elle soupire.

MENLEY : Et bon halloween…

Soudain, Lacey arrive dans la salle d'une démarche énergique, surprenant ainsi Menley. Elle cours jusqu'au pupitre.

MENLEY : Lacey… Tu veux te reconvertir en prof de sport ou quoi.

LACEY : Menley… je viens juste de l'apprendre maintenant. On a retrouvé Kelly.

Menley se lève d'un bond.

MENLEY : Quoi ?... Morte ?

LACEY : Non, elle est vivante.

MENLEY : Dieu soit loué. Et ou est-elle ?

LACEY : A l'hôpital. Stuart l'a emmené hier soir.

Menley prend en vitesse son tricot posé derrière sa chaise ainsi que son sac, et se dirige vers la sortie.

LACEY : Ou tu vas ?

MENLEY : A l'hôpital.

LACEY : Je m'en doutais.

Lacey suit Menley.

 

 

 5  HÔPITAL CENTRAL, DANS LA CHAMBRE DE KELLY

Kelly est prostrée dans son lit. Elle ne bouge pas. Ses yeux sont grands ouverts. Le docteur Kirios est penché sur elle. Il l'examine. Il porte une petite lampe près des yeux de la femme, mais elle n'a aucune réaction. Il secoue la tête. En retrait, on voit Stuart, les bras croisés, qui observe la scène.

DR KIRIOS : Kelly ? Kelly, vous m'entendez ?

Mais Kelly ne bouge pas. Stuart les rejoint. Il pose une main sur le bras de Kelly.

STUART : Ma chérie, c'est moi. C'est Stuart… Réponds-moi s'il te plaît.

Kirios et Stuart se regardent.

Plus tard, Kirios et Stuart marchent le long du couloir.

KIRIOS : Kelly a subit un grave traumatisme, un peu comme il y a six mois.

STUART : Elle s'en est remise, il y a six mois. Est-ce qu'elle s'en remettra aujourd'hui ?

KIRIOS : Je n'en sais rien Stuart, je n'en sais rien.

Stuart soupire.

KIRIOS : Je sais juste une chose : Kelly ne souffre d'aucune lésion, interne comme externe. Nous l'avons examinée, elle n'a pas été violée, n'a pas reçu de coup. Rien. Son mal est psychique, non physique.

STUART : Qu'essayez-vous de me dire ?

KIRIOS : Que Kelly a impérativement besoin de l'aide de professionnels.

STUART : Des psy ?

KIRIOS : Je sais que vous n'aimez pas trop ça, mais il faudra passer par là. Moi, personnellement, je ne peux rien faire… Excusez-moi d'être aussi direct avec vous, mais sans l'aide d'un psychiatre, j'ai peur que Kelly soit perdue et finisse ses jours dans un asile.

La conversation n'a pas le temps de se poursuivre, car Ed Burnstein arrive, furieux devant eux. Il porte son regard de reproche sur Stuart.

ED : Stuart… Comment avez-vous pu me faire un coup pareil !

STUART (surpris) : Ed ! Mais….

ED (l'interrompant) : Kelly est ma fille, sacré bon sang ! Comment avez-vous pu ne rien me dire de sa réapparition ? Vous êtes égoïste et sans cœur, vous ne pensez vraiment qu'à vous.

Stuart, apparemment excédé, secoue la tête.

STUART : Je n'ai pas arrêté de m'occuper de Kelly depuis hier soir, je n'ai pas eu le temps.

ED : Ou pas eu l'envie plutôt. Dites-le.

STUART : Ed, vous commencez à me chauffer les oreilles, et…

KIRIOS (voulant couper court) : Allons, messieurs, je vous rappelle que vous êtes dans un hôpital ici, pas sur un champ de bataille. Mesurez vos paroles et votre ton.

Ed se tourne alors vers le médecin. Il se calme, mais est toujours nerveux.

ED : Comment va Kelly ? Je veux la voir.

KIRIOS : Je vous conseille d'abord de vous calmer. Allez dans la chapelle prier pour Kelly, et ensuite, vous irez la voir.

Stuart tourne la tête et, surpris, voit Menley et Lacey arriver.

STUART : Il ne manquait plus que ça.

KIRIOS (pensant qu'il s'adressait à lui) : Pardon ?

STUART : Ecoutez docteur, je refuse que Menley Weaver ait un contact quelconque avec Kelly, vous m'entendez. Je lui interdis toute visite.

Menley et Lacey arrivent près de Stuart. Apparemment, Menley a entendu la dernière phrase, puis qu'elle dit à Stuart.

MENLEY : Vous interdisez quoi ?

STUART (il s'énerve) : Menley, retournez chez vous. Vous n'avez absolument rien à faire ici.

MENLEY : Vraiment ?

STUART : Vous n'êtes pas de la famille, à se que je sache.

Menley ignore Stuart et se tourne vers le Dr Kirios.

MENLEY : J'aimerai voir Kelly.

Stuart se met vraiment en colère.

STUART : Vous allez dégager d'ici, ma fille, et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

LACEY : Menley, je crois qu'on ferait mieux de partir.

DR KIRIOS : Mlle Calvin a raison. Vous devriez partir. De toute façon, je n'autorise aucune visite pour l'instant.

Menley regarde Stuart d'un air de défi.

MENLEY : Je reviendrais quand Kelly ira mieux. On pourra ainsi parler tranquillement, elle et moi.

Stuart regarde Menley d'un air méprisant. Il transpire.

 

 

 6  À L'UNECAIN, DANS LA SALLE INTERDITE

Menley entre en trombe et laisse tomber sa mallette sur la table. Lacey la suit.

MENLEY : Ca me met hors de moi !

LACEY : Menley, calme-toi.

MENLEY : Je n'arrive jamais à me calmer quand je suis devant Stuart Farris. Cinq minutes dans la même pièce que lui et il me pousse de l'urticaire partout !

LACEY : Menley, je crois que tu exagères tout de même un peu. Arrête donc de te buter sur cette histoire. Pense un peu à toi.

Menley n'a pas le temps de répondre. Gil, avec son même déguisement de squelette, arrive brusquement dans la salle et fait peur aux deux femmes en criant. Elles sursautent. Lacey reprend ses esprits.

LACEY : Gil, c'est pas drôle.

MENLEY (surprise) : Gil ?

Gil enlève son masque et rit.

GIL : Moi je trouve ça drôle.

MENLEY : Ouais, ben t'es bien le seul.

GIL : Oh, allé, c'est bientôt halloween, quoi ! Un peu de gaieté ne fait de mal à personne.

LACEY : Gil, tu as vraiment un sens peu conventionnel du mot gaieté.

Gil s'assoit sur la table.

GIL : J'ai une bonne nouvelle pour vous, les filles.

Menley s'assoit sur une chaise, l'air abattue.

MENLEY : Et bien, je t'écoute.

Gil quitte son sourire.

GIL : Oh la, la. Mais vous avez l'air complètement HS. On dirait que Dracula vous a vampirisé toute la nuit.

MENLEY : Si Dracula a prit la forme de Stuart Farris, c'est presque le cas.

LACEY (à Gil) : On a retrouvé Kelly hier soir.

GIL : Oui, je sais, j'ai croisé Frank tout à l'heure. Il m'en a parlé. Bon, moi, j'ai autre chose à vous dire.

LACEY : Et quoi donc ?

GIL : Vous deux, vous faites vos bagages. Je vous emmène pour un petit week-end halloween sympa. J'ai loué un chalet en plein dans la montagne, et totalement isolé. Il est très propice à fêter halloween.

MENLEY : Allez-y sans moi. Je n'ai pas envie de m'amuser en ce moment.

LACEY : C'est justement ce dont tu as besoin. Une bonne dose de rigolade.

GIL : Et des peurs bleues à n'en plus finir….

Gil a un rire macabre.

LACEY (gentiment à Gil) : Toi, t'es vraiment pas normal.

MENLEY : De toute façon, j'ai plein de travail en retard. Je ne peux pas me permettre…

LACEY : Oh, Menley, s'il te plaît. Tu ne vas pas me laisser seule tout un week-end avec cet assoiffé de sang.

Gil et Lacey regardent Menley d'un air faussement suppliant. Menley soupire.

MENLEY : C'est d'accord, c'est d'accord.

GIL (souriant) : Ah, fantastique. On va super bien s'amuser, vous verrez.

Puis il remet son masque et se dandine vers la sortie de la salle en chantant.

GIL : We wish you happy halloween, halloween, halloween…

Menley et Lacey rient de bon cœur.

MENLEY : Mais qu'est-ce qu'il a aujourd'hui ?

LACEY : Le retour d'âge avant l'heure. Ca arrive, je l'ai lu dans une revue…

 

 

 7  DANS LE BUREAU DE MLLE JUDICAL

Tout en mangeant un bonbon, Mlle Judical travaille à son bureau. On toque à la porte. Elle lève la tête. La porte s'ouvre sur Joe Krueger. Mlle Judical affiche sa surprise. On devine, en voyant sa tête, qu'elle ne souhaitait pas cette visite.

MLLE JUDICAL : Joe !

JOE : Je peux entrer ? Ursula n'était pas à son poste, et…

MLLE JUDICAL : Oui, elle est partie faire des photocopies. Entrez.

Joe s'avance et s'assoit en face d'elle.

JOE : Comment va Jillie ?

MLLE JUDICAL : Pas très bien. Je l'ai laissé travailler. C'était sans doute trop tôt. Elle n'a pas supporté, et s'est enfuit avant même le début du cours.

JOE : Et ou est-elle maintenant ?

MLLE JUDICAL : Elle est chez moi, avec Flora. Elle se repose.

JOE : Elle n'a pas…

MLLE JUDICAL : Non, pas que je sache. Vous savez, pour elle, c'est une première épreuve. Elle en aura bien d'autres, et des plus dures encore.

Un petit silence, puis Joe reprend :

JOE : Et vous, comment allez-vous depuis la dernière fois ?

MLLE JUDICAL : Aussi bien que possible.

JOE : J'ai l'impression que vous m'évitez en ce moment, Alice.

MLLE JUDICAL (gênée) : Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

JOE : Quand je vous appelle, vous n'êtes jamais là. Il faut que je me déplace à votre bureau pour être sûr de pouvoir vous parler.

MLLE JUDICAL : Joe, vous devez comprendre qu'en ce moment, ce n'est pas facile pour moi. Entre les problèmes de Jillie, ceux de Kelly et le travail qu'il y a à l'Unecain, je passe la plupart de mon temps ici, à cogiter ; à essayer de trouver des solutions à tous ces problèmes.

JOE : Et vous pensez fuir la réalité en faisant cela ?

MLLE JUDICAL : Je ne comprends pas.

JOE : Vous avez raison Alice, vous ne comprenez pas. Vous ne savez pas ce qu'est l'amour, parce que depuis toujours, vous avez voué votre vie à votre travail.

MLLE JUDICAL (vexée) : Est-ce là un mal ?

JOE : Non, ce n'est pas ce que je veux dire.

MLLE JUDICAL : Qu'est-ce que vous voulez dire, alors ?

JOE : Je vous l'ai déjà expliqué Alice. Je ne peux pas revenir constamment dessus. Vous savez à quoi vous en tenir avec moi, mais moi, je ne sais pas à quoi m'en tenir avec vous.

MLLE JUDICAL (exaspérée) : Joe, vous êtes trop compliqué.

JOE : Vous croyez ça, ma chère ? Non, je ne suis pas compliqué. La situation est bien claire entre nous. Je vous ai dit qu'il vous fallait laisser une place à l'amour, à la vie, au lieu de vous enfermer dans votre travail.

MLLE JUDICAL : Vous me demandez de laisser tomber l'Unecain pour vous…

JOE : Mais pas du tout, voyons. Vous n'arrivez pas à interpréter les choses comme elles doivent l'être.

MLLE JUDICAL : Ecoutez, Joe, cette conversation me fatigue. J'ai énormément de travail, et…

Joe se lève et tout en se dirigeant vers la porte de sortie.

JOE : Ca va, ca va… j'ai compris. Je vous demande simplement une chose, Alice. Je vous demande de réfléchir à ce que je viens de vous dire.

Puis il quitte la pièce, laissant Mlle Judical avec un visage perplexe.

 

 

 8  DEVANT GARDEN VIEW, LE SOIR

Beth franchit l'allée qui mène à son immeuble. De chaque côté de cette allée, se trouvent des arbres. Soudain, surgissant d'un arbre, bondit une forme bizarre. Beth sursaute et hurle de terreur. Une bête bizarre, sorte de loup garou, attrape Beth par la gorge. Cette dernière est dans un état proche de l'hystérie. Elle hurle à nouveau. La bête fait peur à voir, surtout dans le crépuscule. Beth est au bord de l'évanouissement. Alors, le loup garou s'arrête, regarde bizarrement Beth, et se met à rire. Les yeux grands ouvert, Beth ne comprends pas. C'est alors que la "bête" enlève son masque et nous avons Tim devant nous. Il rit de plus belle. Le visage de Beth passe de l'incompréhension à la colère.

BETH : Tim O'Connell ! Mais tu n'es pas malade de faire une chose pareille ?

TIM (toujours en riant) : Avoue que c'était réussit, non ?

Pour toute réponse, Beth, la bouche serrée, lui assène une gifle monumentale sur la joue. Tim accuse le coup.

BETH : Espèce d'imbécile. Ne recommence plus jamais ça !

TIM (se touchant la joue) : Ouah, on dirait que tu n'as pas aimé.

BETH : C'est le genre de plaisanterie qui me met hors de moi.

TIM : Et moi, ce qui me met hors de moi, c'est les soi-disant amis qui vous laissent tomber quand vous avez des problèmes.

BETH : Mais de quoi tu parles ?

TIM : De la dernière fois. J'étais à Las Vegas. Une cinglée m'a piqué tout mon fric et je me suis retrouvé dans un beau pétrin. Et quand j'ai téléphoné à Madame, Madame ne pouvait rien pour moi et m'a raccrochée au nez.

BETH (d'un air détaché) : Oh, ça… ?

TIM : Oui, ça ! Je n'ai pas digérer le coup que tu m'as fait.

BETH : Tu t'en est bien sorti, à ce que je vois.

TIM : Oui, et grâce à ton cher mari.

BETH (riant) : Frank ? Tu veux dire que Frank t'a…

Elle laisse sa phrase en suspens et rit de plus belle.

BETH : Et bien, tu devais être dans un sacré pétrin pour t'être abaissé à faire appel à Frank.

Elle passe devant lui toujours en riant et entre dans l'immeuble, laissant Tim planté là, son masque de loup garou dans la main.

 

 

 9  À L'HÔPITAL, DANS LA CHAMBRE DE SIRIA

Siria est assise sur son lit. Elle lit un livre imposant lorsqu'on toque à sa porte. Elle lève la tête et regarde en direction de la porte qui s'ouvre sur Jillie. Siria, surprise, affiche sa joie de voir son professeur.

SIRIA : Mlle Perkins ! Quelle bonne surprise ! Mais entrez donc.

Jillie reste pourtant sur le pas de la porte.

JILLIE : Je ne voudrai pas te déranger.

SIRIA : Mais non, voyons, je suis tellement heureuse de vous voir.

Jillie ferme la porte et va s'asseoir près du lit de Siria.

JILLIE : Vraiment ? Enfin, je veux dire… Tu ne m'en veux pas pour ce que j'ai fait ?

SIRIA : Ce n'était pas très malin, mais non, je ne vous en veux pas. Au contraire. Je suis contente que vous soyez venue, j'ai des choses à vous dire.

JILLIE : Moi aussi. Il faut que tu saches que je regrette infiniment ce qui s'est passée, Siria. J'en fais des cauchemars chaque nuit.

SIRIA : Il ne faut pas. Tout ça c'est du passé. Il faut maintenant se tourner vers l'avenir. Et l'avenir peut être synonyme de bonheur pour vous.

JILLIE (triste) : Tu crois ça ?

SIRIA : Bien sûr, parce que j'en suis persuadée. Mlle Perkins, vous êtes un bon professeur…

JILLIE : Ca, pas tout le monde pense comme toi.

SIRIA (fronçant les sourcils) : Que voulez-vous dire ?

JILLIE : Oh ce n'est rien.

Mais Siria voit bien que Jillie est triste.

SIRIA : S'il y a des gens qui vous ont dit que vous n'êtes pas un bon professeur…

JILLIE (l'interrompant) : Non, ce n'est pas ça.

SIRIA : Il ne faut pas vous laissez aller, Mlle. Il faut être forte, et je suis sûre que vous pouvez l'êtes… quand vous ne buvez pas.

JILLIE : C'est justement parce que je ne suis pas forte que je bois.

SIRIA : Non, vous vous cachez derrière la boisson, c'est tout. C'est le même problème qu'avait Maman à une certaine époque. Regardez comme elle s'en est sorti. Vous aussi pouvez vous en sortir. (sa voix devient plus dure) Arrêtez, arrêtez de vous dire que vous n'êtes pas forte. Je crois en vous, moi. Alors montrez à tous que vous êtes capable de vous en sortir, montrez ce que vous avez à l'intérieur de vous et vous verrez, tout ira bien.

 

 

 10  À L'UNECAIN, DANS LA SALLE DE CLASSE DE JILLIE

Jillie est à son pupitre. D'emblée, on la sent plus à l'aise, et plus forte. Les élèves la regarde d'une drôle de façon. Ce sont des regards pleins de reproches que reçoit Jillie. Mais elle ne se laisse pas ébranler comme la dernière fois.

JILLIE : Bon, et bien nous reprenons là où nous en sommes restés. Si Monsieur Michael veut bien se donner la peine d'aller au tableau.

Elle parle avec assurance. Mais Michael agit comme la dernière fois. Il hue Jillie et les autres élèves ne tardent pas à en faire autant. Mais cette fois, Jillie frappe un grand coup sur la table et se lève.

JILLIE : Ca suffit maintenant !

L'effet est immédiat. Tous les élèves se taisent et le silence règne, juste avant que Jillie ne poursuive :

JILLIE : Mais pour qui vous prenez vous à la fin ? Vous pensez pouvoir faire la loi ! Apprenez d'abord ce qu'est la vie avant de pouvoir émettre un jugement. Vous n'avez aucun droit sur moi, vous êtes ici pour apprendre. Je vous donne des cours d'Economie qui vous servirons plus tard dans votre vie professionnelle, et j'essaie de vous faire entrer ces cours dans vos petites caboches. Je fais mon travail et j'estime le faire bien. Si vous ne pensez pas la même chose, vous n'avez qu'à vous inscrire à un autre cours. Maintenant, Michael, soit tu vas au tableau, soit tu vas rendre visite à Mlle Judical. A toi de choisir.

Rouge comme une tomate, Michael se lève et va de suite au tableau. Les autres élèves ouvrent leur livre.

 

 

 11  À L'HÔPITAL, DANS LA CHAMBRE DE KELLY

Kelly est assise dans son lit, toujours prostrée. Une femme est assise à ses côtés. Missie Parks, la psychiatre de l'hôpital, est assise à ses côtés. Missie est une femme d'environ 40 ans, belle et épanouie, avec de longs cheveux bruns qui descendent en cascade. Elle a un bloc note sur ses genoux et tient un crayon de la main gauche. Elle observe Kelly, qui semble être dans un autre monde.

MISSIE PARKS : Kelly ? Kelly, dites moi quelque chose.

Mais Kelly n'émet pas le moindre son, ni ne fait le moindre mouvement.

MISSIE : Kelly. De quoi avez-vous peur ?

Toujours aucune réaction de la part de Kelly.

MISSIE : Il faut me le dire, Kelly. Vous avez peur de quoi ? Qu'on vienne à nouveau vous chercher ? Comment était l'extra-terrestre qui vous a enlevé.. Je veux dire, quel aspect avait-il ?

Mais Kelly ne bouge toujours pas, regardant un point fixe devant elle.

 

 

 12  PLACE DE LA FONTAINE, à GARDEN PLACE

 

C'est une grande place ou se trouve, au milieu, une gigantesque fontaine avec plusieurs jets d'eau impressionnants. Il règne une grande activité sur cette place. Beaucoup de monde y circulent. On voit une mère assise sur un banc, en face de la fontaine, qui donne à manger à un enfant d'environ 4 ans. Un peu plus loin, regardant la fontaine, nous voyons Stuart. Il est pensif. A ses côtés se trouve Ed, qui le regarde.

ED : A quoi vous pensez ?

Stuart sort de sa rêverie.

STUART : Quoi ?

ED : Vous semblez à cent lieux d'ici.

Stuart ne répond pas. Les deux hommes restent un moment à regarder la fontaine et les jets d'eau puissants sans rien dire. Derrière eux, le monde se pressent. Puis Ed reprend la parole.

ED : Je veux que Kelly vienne vivre avec moi.

Ces paroles, Stuart ne les attendait pas. Il tourne la tête vers son beau-père, avec l'air de ne pas avoir bien entendu.

STUART : Qu'est-ce que vous racontez, Ed ?

ED : Simplement qu'après son hospitalisation, je veux que Kelly vienne vivre avec moi. Elle sera mieux qu'avec vous.

STUART : Il y a vraiment des moments ou je me demande ce qui vous passe par la tête. Kelly est ma femme. C'est avec moi qu'elle doit être.

ED : Vous n'avez pas réussit à la rendre heureuse, et vous n'avez pas réussit non plus à résoudre son problème.

Stuart se tourne maintenant complètement vers Ed, en colère.

STUART : Vous savez quoi, Ed. Je crois que le problème de Kelly est héréditaire.

ED : Oh, arrêtez vous voulez ! Je vois simplement que Kelly a besoin d'aide et cette aide, vous ne la lui apportez pas.

STUART (qui élève le ton) : Et qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Que je sois derrière elle chaque minutes… chaque secondes qui passent ? !

ED (d'un air dédaigneux) : Comme vous pouvez être froid à l'intérieur de vous.

Stuart se retourne et commence à marcher d'un pas vif, suivit d'Ed.

STUART : Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les gens sont tous contre moi en ce moment. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour avoir tout le monde à dos, je n'en sais rien. Mais je vais vous dire une chose, Ed : je n'ai rien, absolument rien à me reprocher sur Kelly. Je l'ai beaucoup aidé, alors que vous n'étiez même pas à ses côtés. Ah non ! Vous étiez beaucoup trop occupé à faire fonctionner votre foutu cabinet d'avocats. Et maintenant que vous êtes proche de la retraite, vous arrivez la bouche en cœur en vous prenant pour le bon père de famille qui a un cœur gros comme un camion. Vous savez quoi ? Je crois que vous avez peur, une fois parti de votre Cabinet, de vous retrouvez seul. Mais ça, il fallait y penser avant.

 

 

 13  SUR UNE ROUTE CALIFORNIENNE

 

Une splendide Porsche rouge sillonne une route traversant les spectaculaires paysages californiens.C'est Gil qui la conduit. Trois bagages occupent le côté passager, tandis que Menley et Lacey sont à l'arrière. Elles rient comme des folles. Gil, concentré sur la route, sourit.

GIL : On peut savoir ce qui vous fait marrer, les filles ?

MENLEY : On était simplement en train de se demander comment va pouvoir se débrouiller un homme au milieu de deux femmes, pendant tout un week-end.

GIL : Ca ne va pas être facile…

LACEY : Oh que non, et crois moi, on va pas te rendre la tâche facile.

GIL : Dis, c'est pas encore Halloween, et tu me fais déjà peur.

Lacey et Menley rient de plus belle. Lacey est habillée plus excentrique que jamais, avec des bas de toutes les couleurs, et ses cheveux sont tenus par deux couettes de chaque côté, tendus vers le haut. Elle ne paie pas de mine, mais nous le savons, c'est un personnage plutôt original.

Lacey commence à chanter. Menley l'imite et Gil s'y met aussi et notre joyeuse troupe s'embarquent dans une cacophonie des plus incroyables.

 

 

 14  UN CHÂLET, AU MILIEU D'UNE FORÊT

 

En parfait contraste avec la gaieté de nos amis, l'aspect vieillot et lugubre du châlet nous donne la chair de poule. Il ressemble un peu à la maison du film d'horreur "Evil Dead". Les alentours ne sont pas fait pour améliorer les choses puisque le chalet semble planter sur un sol de feuilles mortes. Les arbres qui l'entourent sont pratiquement dénudés et certaines branches font penser à des mains de sorcière prêtes à agripper tout ce qu'elles trouvent sur leur passage.

La Porsche arrive et s'arrête devant les escaliers qui mènent à la terrasse. Gil, Menley et Lacey descendent lentement de la voiture. Ils contemplent la maison d'aspect macabre. Lacey siffle entre ses dents.

LACEY : Et ben. On peut pas dire que tu nous aient amené dans un coin des plus charmants…

GIL : Eh ! C'est pas Halloween tous les jours.

Gil monte les escaliers en premier, suivit de Menley, puis de Lacey. Le bois craque, rendant l'atmosphère encore plus pesante. Arrivé en haut des marches, Gil pose les bagages. Lacey s'étonne.

LACEY : Et bien, tu ne rentres pas ?

GIL : Honneur aux dames.

Il s'écarte pour laisser passer les filles. Lacey hausse les épaules et ouvre la porte. L'ouverture de la porte déclenche un squelette qui se déplie par le jeu d'un mécanisme et se trouve juste en face de Lacey. Cette dernière, surprise, hurle puis descend les escaliers en courant, provoquant le rire de Gil, qui est bientôt imité par Menley.

LACEY : Et ça vous fait rire ! (elle regarde Gil et pointe un doigt accusateur vers lui) Toi, tu ne paie rien pour attendre.

GIL : Allez, on rentre.

MENLEY : Toi d'abord. Je n'ai pas confiance.

Gil lui sourit et passe devant. Pendant ce temps, Lacey les rejoint. Les voilà à l'intérieur de la demeure. Dans le petit couloir, rien n'est fait pour rassurer. Le chalet a été spécialement décoré pour l'occasion d'Halloween, et des monstres sanguinolent ornent les murs.

LACEY : Je savais que j'aurais jamais dû accepter cette invitation. Ca m'apprendra à toujours vouloir faire de nouvelles expériences.

Le salon n'est guère plus accueillant que le reste. Gil entre en premier, toujours suivit par Menley et Lacey. Les deux filles avancent précautionneusement, sans doute par peur d'une nouvelle farce. Et elles ont raison, car Gil en profite pour aller près de la table du séjour et appuie discrètement sur un bouton. Soudain, la porte se ferme juste derrière Lacey qui sursaute une nouvelle fois de peur. En plus, sur la porte maintenant fermée se trouve un monstre hideux avec deux yeux rouges qui clignotent.

LACEY : Gil, je sens que je vais te tuer avant la fin du week-end. A moins que je ne sois moi-même morte de trouille avant !

MENLEY (à Gil) : Est-ce que tu peux nous dire ou tu as déniché… (elle regarde autour d'elle et désigne la maison)… ce truc ?

GIL : Il appartient à un de mes amis d'enfance. C'est un grand amateur d'horreur…

LACEY : Ca, on avait remarqué.

GIL : Il est parti en France pour trois semaines et a bien voulu me prêter ce petit palace pour le week-end d'Halloween.

LACEY : Et il aurait pas une petite case en moins, ton copain ?

MENLEY (soupirant) : Je sens qu'on va s'amuser comme des fous. Moi qui déteste avoir peur.

Elle se tourne sur sa gauche et sourit en voyant un poste de télévision dans le coin de la pièce.

MENLEY : Ah, au moins, il y a la télé. On ne sera pas totalement coupé du monde.

Elle va jusqu'à la télé et l'allume. Son sourire s'efface lorsqu'à l'écran apparaît une scène du film d'horreur "Evil Dead". C'est au moment ou le monstre sort de la trappe dans la cabane. Menley se tourne vers Gil et montre du doigt la télé.

MENLEY : Qu'est-ce que…

GIL (haussant les épaules) : Je vous ai dit que c'est un amateur d'horreur. Il n'a qu'une seule chaîne sur cette télévision : une qui est spécialisée dans l'horreur.

LACEY (faisant la moue) : Et ben ça promet !

MENLEY : Tu as raison, Lacey, le copain de Gil est totalement fêlé.

 

 

 15  SUR LA TERRASSE DE "CHEZ BRONSKI"

Il n'y a que peu de monde sur la terrasse ronde de "Chez Bronski". Seulement deux tables sont occupées. Une par deux vieilles dames qui discutent vivement, et l'autre par Joe Krueger et Flora. Flora a devant elle un chocolat chaud et Joe une bière.

FLORA : Que voulez-vous que je vous dise, Joe ?

JOE : Vous connaissez Alice mieux que moi. Vous êtes amies depuis l'enfance. J'aimerais savoir ce qui se passe en elle.

FLORA : Il faut le lui demander.

JOE : Je l'ai déjà fait, mais elle se ferme, et j'en ignore la raison.

FLORA : Il se trouve qu'Alice a voué toute sa vie à son travail. La direction de l'Unecain est un prestige. Elle assume ses fonctions pratiquement à la sueur de son front. Elle ne connaît rien d'autre que son travail.

JOE : Elle ne laisse donc aucune place à l'amour.

Flora secoue la tête.

FLORA : Ce n'est pas ça Joe. Le problème, c'est qu'elle n'est sans doute pas prête à franchir le pas et à laisser tomber tout ce pourquoi elle a travaillé si dur.

JOE : Mais je ne lui demande pas d'abandonner son poste à l'Unecain.

FLORA : Pour elle, c'est comme si.

JOE (après un instant) : Et vous me conseillez quoi ?

FLORA : Alice est plus qu'une amie pour moi, c'est comme une sœur. Je veux la voir heureuse et je pense que vous pouvez la rendre heureuse. Il faut simplement qu'elle arrive à s'en rendre compte. Alors soyez patient Joe, et je suis sûre que tout s'arrangera.

 

 

 16  RETOUR AU CHÂLET

Il ne fait pas encore nuit. Le vent fait soulever les feuilles mortes et fait se pencher les branches des arbres. A l'intérieur, Lacey est assise sur la petite table, les genoux pliés. Menley et Gil sont sur le canapé, en face.

GIL (prenant la voix d'un monstre) : Vous entendez le vent souffler… Le loup garou n'est pas loin…

Menley frissonne. Lacey la regarde avec surprise.

LACEY : Ne me dis pas que tu as peur de cet énergumène !

MENLEY : Non, mais je commence à avoir froid.

GIL : Ouais, moi aussi. Je crois qu'on va faire un feu. Après tout, il y a une cheminée, autant en profiter, non ?

Menley se lève.

MENLEY : Je vais aller chercher du bois. J'en ai vu dehors, près de la porte d'entrée.

GIL (imitant un monstre et regardant Lacey) : Ah, ah… Il ne restera plus que nous deux dans cette pièce… Prépare-toi pour ton initiation satanique…

Lacey reste indifférente. Elle se lève.

LACEY : Ca aurait été avec plaisir Satan, mais ce sera pour une prochaine fois. Je vais allé préparer un gâteau pour ce soir.

GIL : Excellente idée.

Dehors, Menley ramasse quelques morceaux de bois. Elle se redresse en entendant le bruit d'un moteur de voiture. Elle reconnaît tout de suite celle de Frank. Il klaxonne avant de s'arrêter. Menley le regarde descendre de la voiture, toujours avec ses bûches dans la main. Frank est surpris de voir Menley. Il monte les escaliers et ils se retrouvent face à face.

FRANK : Menley ! Je ne savais pas que tu étais ici.

MENLEY (peu convaincue) : Sans blague.

FRANK : Gil m'a invité à venir passer le week-end, mais il ne m'avait pas dit que tu serais là.

MENLEY : Je n'en crois pas un mot. C'est une combine que vous avez monté tous les deux, oui.

FRANK : Menley, je te jure…

Frank n'a pas le temps de terminer sa phrase car Gil arrive sur le pas de la porte. Il accueille Frank en lui serrant la main.

GIL : Frank, mon vieux. Tu es arrivé ! Il m'avait bien semblé entendre un bruit de klaxon.

MENLEY (d'un ton sec) : Excusez-moi.

Avec ses bûches, elle rentre dans la maison. Frank prend Gil à part.

FRANK : Tu ne m'avais pas dit que tu avais aussi invité Menley.

GIL (l'air innocent) : A bon… ben j'ai dû oublié…

Dans la cuisine, Lacey prépare un gâteau tout en fredonnant. En ouvrant un des placards accroché près de la table de travail, une petite boite noire l'intrigue. Elle la prend, l'observe et sourit.

LACEY (pour elle) : C'est pas vrai… Gil, tu vas avoir la peur de ta vie.

Elle pose la boite noire près de l'évier et touille son mélange dans la casserole. C'est à ce moment que Menley entre, en colère.

LACEY : Gil t'a encore fait une vacherie ?

MENLEY : Frank est ici.

LACEY : Vraiment ?

D'après le ton qu'emploie Lacey , Menley devine qu'elle était au courant de la venue de Frank.

MENLEY : Tu étais au courant, hein ?

Lacey ne répond pas. Elle goutte son mélange, fait une petite grimace et y ajoute du sucre. Son silence est en fait une affirmation.

MENLEY : Comment as-tu pu laisser faire ça ?

LACEY : Menley, c'est Gil qui invite, pas moi.

MENLEY : Mais tu aurais pu me mettre au courant, tout de même.

LACEY : Pourquoi faire ? Pour que tu annules tout et que tu te retrouves une nouvelle fois toute seule ce week-end ? Pour que tu coures après tes recherches sur Stuart ? Menley, il est grand temps pour toi de penser à t'amuser avec les autres.

MENLEY : Mais pourquoi tu as laissé faire Gil lorsqu'il a invité Frank ?

LACEY : Non seulement je l'ai laissé faire, mais je l'ai encouragé, ma grande.

MENLEY : Quoi ?

 

 

 17  À L'HÔPITAL, DANS LA CHAMBRE DE KELLY

Kelly est toujours prostrée sur son lit. Stuart est à côté d'elle. Il lui tient la main.

STUART : Kelly ? Kelly ma chérie, tu m'entends ?

Mais Kelly reste impassible.

Ed ouvre la porte et entre dans la pièce. Il se met de l'autre côté du lit de Kelly, donc face à Stuart. Il se penche vers sa fille.

ED : Kelly, c'est papa. Kelly…

Alors, Kelly a un mouvement de la tête, qui fait réagir Ed et Stuart. Stuart se lève.

ED : Kelly, tu m'entends ?

Nouveau mouvement nerveux de la tête pour Kelly. Stuart franchit la porte de la chambre et hèle des infirmiers.

Plus tard, Ed marche avec Stuart dans le long couloir.

ED : Vous l'avez bien vu !

STUART : Ed, ce que j'ai vu, c'est un mouvement de la tête de Kelly. Le médecin a dit que c'était nerveux.

ED : Il n'empêche qu'elle a bougé lorsqu'elle a entendu ma voix. Pas la vôtre.

STUART : C'est une compétition ou quoi ? Le premier chez qui Kelly réagira aura gagné ! Vous trouvez pas ça un peu enfantin, surtout pour votre âge.

ED : Stuart, ne soyez pas désagréable. Le fait que Kelly ait réagit à ma voix est bon signe. C'est pour ça qu'elle doit venir habiter chez moi, vous comprenez.

Stuart s'arrête et regarde Ed.

STUART : Ed, vous me fatiguez. Kelly décidera elle-même, lorsqu'elle en sera capable, ou elle habitera à sa sortie d'hôpital, un point c'est tout. Maintenant, arrêtez de tourner autour de moi comme une mouche, ça m'énerve.

Il repart, mais cette fois, Ed ne le suit pas.

 

 

 18  L'HIPPODROME DE GARDEN PLACE, EN FIN DE JOURNÉE

Il y règne un brouhaha indescriptible. Parmi la foule, Tim suit avec attention la course.Il se lève, angoissé, puis finalement, se mord les doigts lors de l'arrivée des chevaux : il a perdu. Désappointé, il se rassoit.

UN HOMME : Tim… Tim O'Connell !

Tim se redresse. En bas des tribunes se trouve un homme trapu, portant une casquette écossaise traduisant le mauvais goût vestimentaire de la personne. Cet homme s'appelle Charlie. Il a environ soixante ans et son aspect est jovial.

Il fait de grands signes à Tim et finit par le rejoindre dans les tribunes.

CHARLIE : Tim, ça fait une paille.

TIM : Charlie Memphis. Tu existes encore ?

CHARLIE : Comment va ? Toujours prof à l'Unecain ?

TIM : Et toi, toujours arnaqueur professionnel ?

Charlie sourit.

CHARLIE : Toujours le mot pour rire, toi. Ca fait une paille que je t'es plus vu sur un champ de courses.

TIM : Toute habitude n'est pas bonne à prendre.

CHARLIE : Mais on revient toujours à ses premiers amours. Dis-moi, avec la tronche que tu te payes, je suppose que t'as perdu.

TIM : Ouais. J'ai plus la main, on dirait.

CHARLIE : Demain, c'est le Grand Prix d'Halloween, j'ai un super tuyau pour toi.

Tim regarde Charlie, intrigué.

Intrigué, mais aussi intéressé, il invite Charlie à prendre un verre au bar de l'hippodrome et ils commandent deux whiskies.

TIM : Je t'écoute.

Charlie s'approche de Tim comme s'il lui parlerait en toute confidentialité.

CHARLIE : Je connais un mec. Il s'appelle Brock. C'est un super crack en courses de chevaux. En plus, il a le bras long… très long, si tu vois ce que je veux dire. Bref, c'est le 14 "Porte du paradis", qui va gagner la course d'Halloween.

TIM : Tu veux dire que la course est truquée !

CHARLIE : Chut… Parle encore plus fort. Bush t'as pas entendu depuis sa maison blanche.

TIM : Tu es sûr de ce que tu me racontes là, Charlie ? Je peux te faire confiance ?

CHARLIE : Eh ! On est potes, non ?

TIM : Le problème, c'est que j'ai plus de fric, pour parier.

CHARLIE : Et c'est là que ton vieil ami intervient.

TIM (riant) : Charlie, je t'ai jamais vu avec un dollar en poche.

CHARLIE : Moi non, mais Brock peut te prêter de l'argent. Il te prête de l'argent et te demande la moitié de la somme en intérêt.

TIM : Les banques sont plus généreuses.

CHARLIE : Ouais, mais t'oublie que tu rentres dans tes frais, puisque tu gagnera la super cagnotte du Grand Prix d'Halloween.

Tim réfléchit un instant.

TIM : Je peux te faire confiance, tu es sûr ?

CHARLIE : Est-ce que je t'ai déjà blousé, mon gars ?

TIM : Des centaines de fois. Bon, on le joint comment, ton Brock ?

 

 

 19  AU CHÂLET, LE SOIR

 

Gil et Lacey (avec ses couettes en l'air et ses vêtements de toutes les couleurs) sont sur le canapé en train de chanter la chanson d'Halloween. De chaque côté d'eux se trouvent deux fauteuils. Menley est installée dans le fauteuil près de Gil. Frank est en face, donc près de Lacey. Mais si Gil et Lacey chantent, il n'en est pas de même pour Menley et Frank, qui font triste mine. Nos chanteurs en herbe sont fatigués de vouloir animer une soirée qui semble mal se passer. Ils chantent de plus en plus doucement, et finalement leurs voix s'éteignent. Lacey se lève.

LACEY : Bien, je vais allé chercher le gâteau. Menley, j'ai besoin de toi.

Dans la cuisine, Lacey découpe le gâteau et les met dans les assiettes.

LACEY : Tu pourrais au moins essayer de faire semblant d'être contente.

Avec la pointe d'un couteau, elle regarde le morceau de gâteau qu'elle vient de couper, et le met dans une assiette.

LACEY : Celui-là, c'est pour Gil.

MENLEY : Je ne fais jamais semblant.

LACEY : Si seulement tu pouvais laisser un peu parler ton cœur.

MENLEY : Mon cœur me dit que je n'aurais jamais dû venir ici.

LACEY : Le problème avec toi Menley, c'est que tu ne comprends pas ton cœur.

Pendant ce temps, Gil et Frank se tiennent toujours au même endroit.

FRANK : Tu vois bien qu'il n'y a rien à faire avec elle. Elle est bornée.

GIL : Oui, mais elle t'aime.

FRANK : Ca c'est toi qui le dit.

GIL : Et je l'affirme. Elle t'aime. Ca se voit dans ses yeux. Si elle ne t'aimait pas, elle ne se ferait pas violence pour être si triste.

Lacey et Menley arrivent avec les quatre assiettes contenant les parts de gâteaux. Lacey tend une assiette à Gil, puis une à Frank et prend la sienne des mains de Menley. Gil, très gourmand, se fait une joie de mordre dans le gâteaux. Mais au même moment, on entend un drôle de bruit et Gil regarde à l'intérieur du gâteau avec une grimace de dégoût. Il y a quelque chose de gluant et de vert.

GIL : C'est dégoûtant. Lacey, tu es dégoûtante.

Cela provoque l'hilarité générale, y compris de Frank et de Menley, qui se regardent pour la première fois de la soirée.

 

 

 20  AU BORD D'UN LAC

 

Kelly, en robe de chambre blanche, se promène au bord du lac. Elle regarde les petites vagues qui reflètent des étoiles argentées sur l'eau. Le lac est entouré d'arbres. Kelly attrape une branche et avance juste assez près de l'eau pour voir son visage se refléter. Elle sourit. Elle est belle, avec ses cheveux d'or qui tombent en cascade sur ses épaules. Brusquement, dans le reflet, elle voit une forme bizarre qui bouge près d'elle. Elle prend peur, son visage se crispe. Elle se retourne brusquement et voit juste devant elle, une entité qu'on pourra qualifiée d'extra terrestre puisqu'il n'a pas un visage humain. Ses yeux sont ovales et blanc, puis ils deviennent rouge. Sa peau est semblable à celle d'un lézard. Kelly a tellement peur qu'elle perd l'équilibre et tombe dans le lac.

 

 

 21  CHAMBRE DE KELLY, À L'HÔPITAL

 

Elle se réveille en sursaut et en sueur. Le cauchemar qu'elle vient de faire l'a bouleversée.

 

 

 22  RETOUR AU CHÂLET, À L'AUBE

Même à l'aube, l'aspect du chalet est lugubre. Le vent souffle encore plus fort que la veille. La porsche de Gil qui quitte l'allée. C'est Gil qui la conduit. Lacey est à ses côtés.

LACEY : Je ne sais pas si on a bien fait.

GIL : Mais si voyons.

LACEY : Les laisser seuls... je ne sais pas si c'est vraiment la solution.

GIL : Je suis persuadé que oui. De toute façon, nous viendrons les chercher demain matin. Cette journée, ils vont la passer en tête-à-tête, et crois-moi, il vont avoir des choses à se dire.

LACEY : Ils vont surtout nous en vouloir.

GIL : Arrête d'être pessimiste. Ils vont nous remercier.

LACEY : Nous en vouloir.

GIL (persistant) : Nous remercier.

LACEY (qui veut toujours avoir le dernier mot) : Nous en vouloir.

GIL : Nous remercier.

LACEY : Nous en vouloir.

........

 

 23  PLUS TARD AU CHÂLET, DANS LA CUISINE

 

Frank prépare des œufs à la coque. Menley entre, vêtue d'un juste au corps. Elle transpire, est essoufflée et porte une serviette autour du cou. Elle la prend et la passe sur son visage pour essuyer la sueur. Frank la regarde.

FRANK : Bonjour, tu as fait un jogging ?

MENLEY (exaspérée parce que cette question est inutile) : Non Frank, j'ai été donné un cours d'anglais aux oiseaux du coin.

Elle prend une bouteille de jus d'orange dans le réfrigérateur et s'en verse dans un verre.

MENLEY : Ou sont Gil et Lacey ?

FRANK : Je suppose qu'ils dorment encore.

MENLEY : Mais non, la voiture de Gil n'est plus là.

FRANK (intrigué) : Ah bon. C'est bizarre qu'ils soient partis comme ça, sans rien dire…

MENLEY : Et je me demande bien ou.

Menley et Frank se regardent. Ils croient comprendre.

MENLEY : Oh non… ils n'auraient pas fait ça.

FRANK : Ils en sont capables.

Frank sort les œufs de la casserole, en faisant attention de ne pas se brûler, s'essuie les mains avec un torchon et se dirige vers le vestibule. Il regarde sur le panneau où sont normalement accrochées les clés, et où il avait lui même accroché la sienne. Menley va près de la petite table où se trouve le téléphone. Le combiné est en fait une figure de Dracula. Elle prend l'appareil.

FRANK : Mes clés ne sont plus là.

MENLEY (montrant à Frank le combiné) : Et le téléphone est coupé.

 

 

 24  À L'HÔPITAL, DANS LA CHAMBRE DE SIRIA

Siria et Jillie rient de bon coeur. Milio arrive soudain. Dès qu'il aperçoit Jillie, son regard change.

SIRIA (souriante) : Milio. Super de te voir.

Mais Milio ne porte pas de regard sur sa sœur. Il ne voit que Jillie et son regard est empreint de haine. Il avance. Jillie, percevant la tension, est mal à l'aise.

Milio s'adresse à sa sœur, mais regarde toujours Jillie.

MILIO : Qu'est-ce qu'elle fait ici ?

SIRIA (mécontente) : C'est moi qui l'ait invitée.

MILIO : Elle n'a rien à faire ici. Elle n'est pas de notre monde.

SIRIA : Milio. Mlle Perkins est venue me donner des cours. C'est très gentil à elle.

MILIO (qui s'adresse enfin à Jillie) : C'est pour racheter vos erreurs que vous êtes ici ? Vous croyez que donner un ou deux cours à ma sœur va effacer le mal que vous avez fait à ma famille ?

SIRIA : Milio, ça suffit !

JILLIE : Laisse Siria. Ton frère est en colère et je le comprends.

Jillie, jusqu'à présent assise, se lève et se dirige vers Milio.

JILLIE : Je ne cherche aucun pardon. Je sais que ce que j'ai fait est grave et c'est un geste qui restera à tout jamais gravé dans ma mémoire. Il me harcèlera tous les jours… à chaque fois que j'aurais envie de prendre un verre… il sera présent, là, dans ma tête, dans mon esprit, jusqu'à ma mort. Vous voyez Milio, nous avons tous notre croix à porter. La votre est plus légère maintenant, car Siria va mieux. Mais moi, je vais devoir me battre toute ma vie avec ce cauchemar.

Milio a un rictus.

MILIO : Sortez d'ici, Mlle Perkins.

SIRIA : Mlle Perkins restera ici aussi longtemps qu'elle le veut.

JILLIE : Ce n'est rien, Siria, je dois partir, de toute façon.

Avant que Jillie ne franchisse la porte :

SIRIA : On se voit demain ?

JILLIE (un sourire) : OK pour demain.

 

 

 25  RETOUR AU CHALET, DANS LE SALON

Frank est assis sur le canapé, une tasse de café à la main, alors que Menley fait les cent pas, très nerveuse.

MENLEY : Comment ont-ils pu faire une chose pareille ?

FRANK : Menley, calme-toi un peu. J'ai l'impression d'avoir une pile électrique devant moi.

MENLEY : Ca te va bien de dire ça. En fait, ça t'arrange bien ce qui arrive, hein ?

FRANK : Rester bloqué dans un chalet où tu ne peux pas faire un pas sans tomber sur un monstre sanguinolent, ce n'est peut être pas ce dont j'avais rêvé pour un week-end.

MENLEY : Je te prie de croire que ces deux-là vont m'entendre.

FRANK : Menley, si tu essayais un peu de te calmer… Nous sommes bloqués ici quoiqu'il arrive. Il n'y a rien qu'on puisse faire. Essayons au moins de nous comporter comme des gens civilisés, d'accord ?

Menley ne répond pas, elle se contente de soupirer.

 

 

 26  HIPPODROME DE GARDEN PLACE

C'est l'heure du départ du Grand Prix d'Halloween. On voit les chevaux prêts dans les boxes de départ.Dans les tribunes, Tim est assis à côté de Charlie.

CHARLIE : Alors, pas trop nerveux, mon pote ?

TIM : Tu parles, j'ai misé 6000 dollars sur "Porte du Paradis". Comment veux-tu que je ne sois pas nerveux ?

CHARLIE : Tu n'as aucune raison de l'être, mon vieux. Puisque tu connais le résultat.

TIM : Ouais, je l'espère pour toi.

Le départ est donné. Les chevaux s'élancent.Dans la course, le numéro 14 "Porte du Paradis", est pour l'instant dernier. Tim regarde Charlie d'un mauvais oeil.

TIM : Mais qu'est-ce que c'est… ?

Charlie ne répond pas, il préfère se faire tout petit. Sur la piste, le numéro 11 est en tête, suivit du numéro 8 et 5. Le 14, cheval que Tim a misé, est toujours dernier.Tim regarde la course avec ses jumelles. Puis il se tourne vers Charlie.

TIM : Mais il est dernier !

CHARLIE : Ne t'inquiètes pas, il va remonter.

TIM (qui s'énerve) : Mais non ! Il va pas remonté : ils sont presque tous près de l'arrivée. Bon sang, Charlie, mais qu'est-ce que tu m'a raconté !

Charlie ne répond pas. Il préfère prendre la poudre d'escampette. Il court hors des tribunes. Tim le suit du regard.

TIM : Charlie !

La course se termine. C'est le numéro 8 qui arrive premier, suivit du 11 et du 5. Le speaker annonce l'arrivée et précise que le 14 "Porte du Paradis", termine dernier de la course.

Tim regarde Charlie s'éloigner en courant, ayant visiblement peur de la colère de Tim.

TIM : Charlie ! (il pointe un doigt accusateur vers lui et lui crie : ) Je vais réduire ta sale face de rat en chair à pâtée !

Mais Charlie est maintenant hors de vue. Tim s'assied sur le banc de la tribune et met ses deux mains sur sa tête.

 

 

 27  À L'HÔPITAL, DANS LA CHAMBRE DE KELLY

Beth vient rendre visite à Kelly, toujours prostrée dans son lit. Elle s'assied sur une chaise.

BETH : Salut Kelly. Comment tu vas ?

Bien sûr, pas de réponse.

BETH : On peut dire que tu m'as fichu une de ses frousses dans le débarras aux containers.

Brusquement, une lueur de lucidité passe dans les yeux de Kelly. Elle regarde Beth et commence enfin à parler.

KELLY : J'étais près du lac lorsqu'il est venu. Il portait un habit de couleur blanc. Ses yeux étaient de forme ovale. Sa peau ressemblait à celle d'un lézard. Ses yeux étaient blancs. Sauf quand il communiquait, ils devenaient rouge. Je pouvais lire dans ses yeux. Il m'a dit qu'il s'appelait Hokkri et qu'il venait de la planète Meccrama. Il est venu pour me faire du mal.

Durant le monologue de Kelly, Beth se sent mal à l'aise. De toute évidence, elle aurait préféré être ailleurs et elle regrette même d'être venu. Kelly se tait brusquement. Dans la pièce, on n'entend pas une mouche volée.

 

 

 28  BETH DANS LE BUREAU DE MISSIE PARKS

Beth vient de rapporter au docteur Parks la conversation de Kelly.

BETH : Moi, je vous dis ça pour aider Kelly.

MISSIE : Et vous avez bien fait.

BETH : J'étais mal à l'aise, vous comprenez. Je ne pensais pas que Kelly était devenue folle à ce point. Quand même ! Un professeur de l'Unecain qui perd les pédales… quand Mlle Judical va savoir ça.

On voit bien que Beth agace sérieusement Missie. Cette dernière se lève, afin de faire comprendre à Beth que la discussion est terminée. Pourtant, Beth reste assise.

MISSIE : Madame… ?

BETH : Layton. Beth Layton.

MISSIE : Madame Layton. Kelly Farris n'est pas folle.

BETH (riant) : Vous n'allez pas croire à ces balivernes quand même !

MISSIE : Je n'ai pas dit ça. Je dis simplement que pour l'instant, Kelly est perturbée.

BETH : Oui. Folle ou perturbée. Pour moi c'est la même chose.

Missie s'efforce d'être aimable. Elle tend la main à Beth qui a finalement compris qu'elle était de trop.

MISSIE : En tout cas, merci. J'ai plus d'éléments maintenant pour travailler avec Kelly.

BETH : Vous croyez que Kelly va finir dans un asile ?

 

 

 29  À PROXIMITé DU CHÂLET

Menley se promène dans la petite forêt, pensive. Surgit alors Frank, qui arrive derrière elle.

FRANK : Menley ! Je te cherchais partout.

Curieusement, Menley est calme. Elle continue de marcher, Frank maintenant à ses côtés.

MENLEY : Chacun son tour.

FRANK : Qu'est-ce que tu veux dire ?

MENLEY : Simplement que moi aussi je t'ai cherché partout lorsque tu es parti à la fin de l'été dernier. Un simple mot pour me dire que tout était fini entre nous. J'en ai conclu que tu ne cherchais qu'une simple amourette d'été. Tu m'as bien eu, Frank. J'étais folle de te faire confiance.

FRANK : Menley, je t'en prie. Je t'ai déjà expliqué. J'ai fait une grave erreur en partant. Je pensais que tu serais mieux…

MENLEY (montant le ton) : Oh arrête ! Je sais ce que tu pensais, tu me l'as déjà dit. Mais moi… (elle est brusquement secouée par des sanglots) mais moi… est-ce que tu as pensé à ce que j'ai pu éprouver lorsque je suis rentrée à mon appartement de New York et que j'ai vu ce… ce mot… ce vulgaire petit mot froid de ta part. Tu n'as aucune excuse, Frank. Aucune.

Et Menley marche plus vite, dans l'espoir de semer Frank, de semer sa vie passé qui la poursuit continuellement. Seulement, dans sa vitesse, elle heurte son pied à une branche morte sur le sol et tombe dans un cri. Frank lui porte secours.

FRANK : Menley !

 

 

 30  AU CHÂLET

MENLEY : Aïe ! !

Elle est assise sur le canapé, son pied blessé sur la petite table. Frank la soigne en lui posant un bandage autour de sa cheville. Sur la table, on trouve du matériel de soin.

FRANK : Je ne te savais pas si douillette.

MENLEY : Je ne suis pas douillette, comme tu dis. Mais ça fait quand même mal.

FRANK : Ce n'est pas trop grave. Il faut simplement que tu ne bouges plus pendant un certain temps.

MENLEY : J'aurais du mal à faire autrement.

FRANK : Tu veux que je te prépare un café ? Ca te remontera un peu.

A l'extérieur, le crépuscule donne au chalet un aspect encore plus lugubre qu'en plein jour. On entend des bruits de pas sur les feuilles mortes. Un homme aux bras musclés apparaît, tenant une matraque dans la main.

 

 

 31  RETOUR DANS LA CHAMBRE DE KELLY, À L'HÔPITAL

Missie Parks est avec elle. Missie est assise sur une chaise alors que Kelly est debout, regardant par la fenêtre.

MISSIE : Parlez moi de la planète Meccrama.

KELLY : Il n'y a rien à dire.

Elle se tourne vers Missie.

KELLY : Pour la première fois, j'arrive à me rappeler ce qui s'est vraiment passé. Ca devrait vous suffire, non ?

MISSIE : Quel aspect avait cette planète ? Etait-elle accueillante ? Froide ?

KELLY : Je ne m'en souviens plus. Je ne sais plus… Je suis fatiguée, docteur.

MISSIE : Et le personnage qui vous a emmené ? Essayez de me parler de lui.

KELLY (résignée) : A quoi bon. Vous ne me croyez pas de toute façon.

 

 

 32  RETOUR AU LUGUBRE CHÂLET

Menley regarde un film d'horreur à la télévision (elle n'a pas d'autres choix), tout en mangeant un paquet de chips. Elle est rivée sur le poste de télé, alors que l'on entend des cris inhumains à vous glacer le sang. Au moment crucial du film, Menley ferme les yeux et s'agrippe aux bras du fauteuil. L'écran projette sur elle des ombres clignotantes inquiétantes.

Soudain, tout s'éteint et Menley se retrouve dans le noir.

MENLEY : Frank !

Pas de réponse.

MENLEY : Frank, ce n'est pas drôle. Rallume immédiatement !

Toujours aucune réponse. Menley pousse un soupir. On entend alors le bruit de la porte d'entrée du chalet qui s'ouvre.

MENLEY : Frank ?

Frank est dans le vestibule. Une matraque s'abat sur ses épaules et il s'effondre.

Menley entend le bruit de la chute.

MENLEY : Frank ! ça suffit maintenant. Arrête de faire l'intéressant et rallume.

Mais le visage de Menley trahit l'angoisse. Seule la pleine-lune éclaire la pièce.

MENLEY : Frank ?

La lumière se rallume enfin. Menley regarde en direction de la porte qui donne sur le vestibule. Ses yeux s'agrandissent et elle sursaute de peur.

 

 

 33  DANS L'APPARTEMENT DE TIM

Tim est allongé sur son canapé. Il dort. Devant lui, la télévision fonctionne pour personne. On frappe violemment à la porte et Tim se réveille en sursaut.

TIM (dans les nuages) : Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?

On frappe à nouveau avec la même intensité. Lentement, il se lève et va ouvrir. Devant lui se trouve un homme d'environ 40 ans, assez petit et menu. Ses cheveux noirs sont longs et retenus par une queue de cheval. Sa barbichette lui donne une certaine assurance. Mais son assurance principale, ce sont les deux colosses qui l'entoure. L'homme à la barbichette, c'est le fameux Brock. Aussi vite qu'il a ouvert la porte, Tim la referme, mais c'était compter sans les deux colosses. Un coup suffit pour que la porte s'ouvre en grand et que Tim tombe au sol devant la force de propulsion de celle ci.

Brock entre, suivit de ses deux colosses. Il regarde Tim, toujours à terre, et lui sourit.

BROCK : Alors, mon gars, on ne veut pas recevoir ses nouveaux amis ? C'est pas bien ça ?

Tim se relève en vitesse.

TIM : Ecoutez, Brock… J'ai été blousé dans cette affaire, et vous le savez aussi bien que moi.

BROCK : En attendant, tu me dois 6000 dollars, plus la moitié, soit au total 9000 petits billets verts.

TIM : C'est Charlie qui m'a dit que…

BROCK : Charlie ? … Charlie qui ? Je connais pas de Charlie, moi.

TIM : Je n'ai pas 9000 dollars sur moi.

BROCK : Demain, les banques sont ouvertes.

TIM : J'ai plus rien à la banque. Mon compte est vide.

BROCK : Ca mon vieux, je veux pas le savoir. Il se trouve que tu me dois du flouze, et j'aime pas les gens qui paient pas leur dette. (il se tourne vers un de ses colosses) Jack, dis au monsieur ce qu'on fait au gens qui ne paient pas leur dette.

Jack s'avance vers Tim, qui n'est pas du tout rassuré. Le colosse lui sourit et déploie des dents qui semblent ne jamais avoir été soignées. Il plonge sa main dans la poche intérieure droite de sa veste, et en sort quelque chose qu'il montre à Tim. Ce dernier manque de s'évanouir en voyant... un doigt humain (l'annulaire très précisément). Ce doigt porte encore une alliance.

BROCK : Celui ci était marié. Pas de chance pour sa femme.

Brock se tourne vers la sortie, suivit par ses "chiens de garde". Avant de partir, il se retourne vers Tim. Celui-ci a le visage livide.

BROCK : Un conseil. Tâche d'avoir le fric à ma prochaine visite. Et essaie de nous accueillir plus gentiment la prochaine fois.

 

 

 34  RETOUR AU CHÂLET

Menley est toujours dans son fauteuil, apeurée. En face d'elle se trouve un homme musclé, avec une matraque à la main. Il lui sourit.

L'HOMME : Salut, ma belle.

MENLEY : Qu'est-ce que vous voulez ? Où est Frank ?

L'HOMME : J'en ai fait mon affaire, ma chérie, t'inquiète pas. Il est au paradis, maintenant.

Le visage de Menley est ravagé par la peur. L'homme s'avance vers elle.

MENLEY : N'avancez pas. Si vous voulez de l'argent, ou des objets de valeur, prenez ce que vous voulez, mais partez, s'il vous plaît, partez.

Pendant que Menley parle, l'homme avance, toujours avec un sourire. Elle utilise alors toutes ses forces pour se lever et se dirige vers un coin de la pièce, en boitant. L'homme éclate de rire.

L'HOMME : Parce que tu crois que tu pourras aller loin avec une seule canne ?

L'homme avance vers elle. Menley est morte de peur. Il arrive à sa hauteur et la saisit par les épaules. Il essaie de l'embrasser. Menley se débat.

MENLEY : Non, non…

 

 

 35  DANS L'APPARTEMENT DE GIL

Deux verres à champagne se percutent gentiment. Assis sur le canapé Lacey et Gil portent un toast.

GIL : A Frank et Menley. Puissent ils ne pas nous étriper à leur retour !

LACEY (riant) : J'espère que tout va bien pour eux, au moins.

 

 

 36  RETOUR AU CHÂLET

Menley est toujours aux prises avec l'homme. Elle se débat tant bien que mal. Soudain, elle lui donne un coup de genoux dans l'estomac. L'homme la lâche. Elle tente de s'échapper, mais pas longtemps car le tortionnaire la prend par les épaules, la force à se tourner vers lui. Ses yeux sortent des orbites tant il est en colère. Il pince les lèvres. Il lui donne une gifle si forte qu'elle tombe sur le canapé dans un cri. Il se jette alors sur elle, déchire ses vêtements. Menley hurle, pleure, se débat. Soudain, l'homme reçoit un violent coup sur la tête et s'évanouit sur Menley qui continue à pleurer et crier. On voit alors Frank, une solide poupée Halloween dans la main, qu'il lâche. Il prend l'homme pour délivrer Menley et le jette à terre, au bas du canapé. Il prend ensuite délicatement Menley par le bras.

FRANK : Menley ! Tu vas bien ?

Menley se laisse aller à pleurer (doucement maintenant) dans ses bras. Frank se détache d'elle.

FRANK : Il faut s'occuper de ce type. On doit l'attacher. On ne peut rien faire avant le retour de Gil.

MENLEY (pleurant encore) : J'ai eu si peur.

Frank lui prend tendrement le visage dans les mains.

FRANK : C'est terminé maintenant.

 

 

 37  À L'HÔPITAL, DANS LA CHAMBRE DE SIRIA

 

Siria dort, ou du moins le croyons nous. Nous entendons alors l'appareil de contrôle émettre un "bip" répétitif peu rassurant. Aussitôt, deux docteurs et deux infirmières arrivent en trombe dans la chambre avec les ustensiles nécessaires à une réanimation cardiaque.

 

 

 38  RETOUR AU CHÂLET

Frank ferme une porte à clé qui doit donner sur une pièce que nous ne connaissons pas. Il accroche la clé sur le tableau à clés, puis il retourne au salon.Menley est assise sur le canapé. Elle est redevenue calme. Frank se jette à ses côtés et soupire.

FRANK : Il est dans le débarras, bien ficelé et la porte fermé à clé.

MENLEY : Mon Dieu quel cauchemar. (elle regarde Frank) Et toi, comment vas-tu ?

FRANK (touchant ses épaules) : Je crois que je vais avoir un peu mal pendant quelques jours, mais sinon, ça va.

MENLEY : Il faudra que tu ailles consulter le médecin.

FRANK (surpris) : Parce que tu t'intéresse à moi ?

MENLEY (avec un sourire) : Tu m'as quand même sauvé des griffes de ce monstre, non ?

FRANK : Comment va ta cheville ?

MENLEY : Beaucoup mieux.

Il s'ensuit un petit silence durant lequel on devine que Menley a quelque chose à dire à Frank. Puis :

MENLEY : Frank ? Je voudrais m'excuser. Je n'ai pas été très sympa avec toi depuis mon arrivée à Garden Place. On m'a toujours dit que la colère était un grand défaut. Pour Maman, qui est très pieuse, c'est même un péché. J'étais tellement en colère que j'ai oublié toutes les bonnes choses qu'on a vécu à Paris, et à New York cet été.

FRANK : C'est normal, Menley. Je t'ai fait tellement souffrir.

MENLEY : Aujourd'hui, j'ai retrouvé l'homme que j'ai aimé cet été.

FRANK : Je ne vais plus te faire souffrir. J'ai fait beaucoup d'erreurs.

Menley et Frank rapprochent leur visage.

MENLEY : C'est en commettant des erreurs qu'on évolue et qu'on devient plus mature.

Leur visage se rapprochent de plus en plus.

FRANK : Tu me pardonne, alors ?

Leur visage se touchent presque. Et pour toute réponse, Menley embrasse Frank. Sans cesser de regarder Menley, Frank se lève, porte Menley dans ses bras et ils quittent le salon. On a l'impression que plus rien ne compte pour eux. Ils sont seuls au monde, amoureux.

 

 

 39  LE LENDEMAIN MATIN

Curieusement, l'aspect du chalet est moins pesant. On entend même des oiseaux piailler. Dans une des chambre du châlet, Menley se réveille en souriant. Elle s'étire de tout son long. Frank arrive dans la chambre avec un plateau contenant café et tartines.

MENLEY : Ouah ! Petit déjeuner au lit ! J'adore ça.

FRANK : Je m'en souviendrai pour tous les autres petits déjeuners qu'on prendra ensemble.

MENLEY : Combien ?

FRANK : Combien quoi ?

MENLEY : Combien de petit déjeuner on prendra encore ensemble ?

Il se couche à côté d'elle et l'embrasse. Puis il sourit.

FRANK : Des milliers, ma chérie.

Elle lui rend son baiser. On entend alors le klaxon d'une voiture.

FRANK : Voilà nos lâcheurs qui reviennent.r

Gil et Lacey entrent dans le vestibule.

LACEY : Menley ? Frank ?

Pas de réponse. Lacey regarde alors en direction du salon. Elle y voit une pagaille incroyable, due à l'agression de la nuit dernière.

LACEY : Oh, Gil, regarde ça (elle désigne de la tête le salon)

GIL : Qu'est-ce que…

LACEY : Il s'est passé quelque chose. Je crois bien que Frank et Menley en sont venus aux mains. Je savais que c'était une mauvaise idée de les laisser seuls. Je te l'avais dit. Mais tu n'en fait qu'à ta tête.

Gil ne dit rien. On entend alors quelqu'un cogner contre la porte du débarras.

GIL : Ca c'est encore une farce.

Il prend la clé qui se trouve sur le tableau de clé et entreprend d'ouvrir la porte.

LACEY : Fais quand même attention.

Gil ouvre la porte, tout en disant. :

GIL : Et mon vieux, c'est fini Hallo…

Il s'interrompt lorsqu'il voit l'homme d'hier, ficelé comme une saucisse, un ruban adhésif sur la bouche, près de la porte. Il en reste pantois.

GIL (continuant sa phrase) : …ween.

Lacey vient près de le lui et voit l'homme.

LACEY : Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Aucun des deux ne comprend ce qui se passe. Ils restent planté là, ne sachant trop quoi faire, ayant l'impression d'être dans un rêve.

Menley et Frank arrivent, bras dessus, bras dessous, dans le vestibule.

Gil et Lacey regardent l'homme ficelé, puis Menley et Frank, puis à nouveau l'homme ficelé, et à nouveau le couple.

LACEY : On peut savoir ce qui se passe ici ?

MENLEY : Il se passe que vous nous avez laissé seuls toute une journée et toute une nuit. C'était pas très sympa de laisser tomber ses amis comme ça.

Frank regarde Menley.

FRANK : Qu'est-ce qu'on va leur faire pour les punir ?

MENLEY : Je sais pas, moi. Il nous reste encore de la ficelle et du ruban adhésif ?

 

 

 40  DANS LA CHAMBRE DE SIRIA

Siria est branchée sous respiration artificielle. Elle a des tuyaux partout. En larmes, Maria est à ses côtés Le docteur Kirios tente de la consoler. Milio arrive dans la chambre, sans comprendre. Il panique en voyant sa sœur comme ça. Dès qu'elle le voit, Maria se jette dans ses bras, mais Milio ne cesse de regarder Siria et tout l'attirail médical.

MILIO (paniqué) : Mon Dieu, Siria… Docteur, qu'est-ce qu'elle a ?

KIRIOS : Milio. Essayez de vous calmer.

MILIO : Mais bon sang, docteur, dites moi ce qu'elle a.

KIRIOS : Une complication.

MILIO (affolé) : J'avais remarqué oui.

KIRIOS : Un caillot de sang est venu se loger dans le cerveau.

MILIO : Oh, mon Dieu. Et qu'est-ce qu'on peut faire ?

KIRIOS : Nous allons faire au mieux.

 

 

 41  JILLIE DANS SA VOITURE

 

Elle conduit tout en souriant et chantonnant.

 

 

 42  RETOUR SUR MILIO DANS LA CHAMBRE DE SIRIA

Il respire à fond. On voit toute la haine sur son visage. Maria le voit aussi. Il quitte précipitamment la pièce et marche d'un pas déterminé dans le couloir de l'hôpital. On se retourne sur son passage. La haine qu'il y a sur son visage ne l'a pas quitté.

Il est maintenant dans la rue. Sa démarche est plus que jamais déterminée. Il serre les poings.

 43  DEVANT L'UNECAIN

 

 

Jillie gare sa voiture. Elle sort, prend son attache case à l'arrière et ferme la porte. En face d'elle on voit Milio. Ils sont à environ 50 mètres l'un de l'autre. Elle ne le voit pas encore, puisqu'il est à moitié caché par un arbre. Il l'appelle.

 

MILIO (appelle en criant) : Jillie Perkins !

 

Jillie regarde en direction de la voix et aperçoit Milio. Milio lève le bras. Il a un revolver qu'il pointe sur Jillie. Il ferme les yeux et tire.

 

 

 

 GÉNÉRIQUE DE FIN