|
1 DEVANT L'UNECAIN
Jillie gare sa voiture. Elle sort, prend son attache case à l'arrière et ferme la porte. En face d'elle on voit Milio. Ils sont à environ 50 mètres l'un de l'autre. Jillie ne le voit pas encore, puisqu'il est à moitié caché par un arbre. Il l'appelle.
MILIO (appelle en criant) : Jillie Perkins !
Jillie regarde en direction de la voix et aperçoit Milio. Milio lève le bras. Il a un revolver qu'il pointe sur Jillie. Il ferme les yeux et tire.
2 A L'HÔPITAL, DANS LA CHAMBRE DE KELLY
Kelly est debout au milieu de la chambre. Son bagage est posé à ses pieds. En face d'elle se trouvent Ed et Stuart, qui la regardent.
ED : Voilà, ma chérie. Il est maintenant temps pour toi de décider. Soit tu choisis la solution la plus sage, c'est-à-dire tu viens avec moi…
STUART (l'interrompant) : Vous aviez promis de ne pas l'influencer. (puis, se tournant vers Kelly) Kelly, je ne veux que ton bien, c'est pour ça que je te laisse décider, maintenant, si tu veux venir vivre avec moi comme avant, ou aller chez ton père. Sache que quelque soit la décision que tu vas prendre maintenant, je ne t'en voudrai pas.
ED : C'est à toi de choisir.
Kelly ne répond pas, elle se contente de regarder Ed, puis Stuart.
GÉNÉRIQUE DE DéBUT
SPECIAL GUEST STAR
3 À L'UNECAIN, DANS LA SALLE INTERDITE
Gil est occupé à commander des tenues pour ses élèves, en remplissant un bon de commande. Quelques autres professeurs, que nous ne connaissons pas, voguent à leur travail.
NANNE : Surprise !
Gil se retourne brusquement et sourit.
GIL : Nanne !
Il se lève et va l'accueillir comme il se doit, c'est à dire en la prenant dans ses bras.
GIL : Quelle surprise ! Depuis quand tu es revenue ?
NANNE : Depuis… (elle regarde sa montre)… une heure.
Il se détache un peu d'elle et la regarde.
GIL : Laisse moi te regarder.
Nanne sourit. Elle est épanouie, très belle. On dirait que plus aucun soucis ne la tracasse. Ses cheveux blonds frisés donnent à son teint un éclat tout particulier. Ses yeux brillent.
GIL : Tu es superbe ! C'est l'air de New York ?
NANNE : Non, sans doute le fait d'avoir retrouvé un peu ma famille. Nous avons reçu ta carte de condoléances. Ca m'a beaucoup émue, tu sais.
GIL : Ce n'était pas trop dur pour toi.
NANNE : Non, Tante Edmée était une femme qui avait beaucoup vécu, et qui a surtout beaucoup souffert avant de quitter cette terre. Je crois que là où elle est, elle est soulagée.
GIL : Nanne, comme tu as changé !
NANNE : En bien ?
GIL : Tu n'es plus la petite fille craintive qui est partie de Garden Place en larmes.
NANNE : Alors, je prends ça pour un compliment.
Elle va s'asseoir sur la table, à côté des documents de Gil.
NANNE : Sinon, quoi de neuf ?
GIL : Beaucoup de choses. On a retrouvé Kelly, elle va mieux. Et puis, il y a eu…
NANNE : Jillie. Oui, je sais. La pauvre. J'ai croisé Menley dans le couloir, elle m'a raconté. C'est vraiment moche ce qui arrive à l'Unecain en ce moment.
4 À L'HÔPITAL, DANS LA CHAMBRE DE SIRIA
Maria pleure devant le lit de Siria. Elle est toujours branchée sous respiration artificielle. Le docteur Kirios est à ses côtés.
MARIA : Vous croyez qu'elle peut m'entendre ?
KIRIOS : Je ne crois pas, non.
MARIA : Elle était tellement pleine de vie. Comment est-ce possible, docteur ? Pourquoi Siria est retombée dans le comas.
KIRIOS (doucement) : Je crois vous l'avoir déjà dit, Maria. Ecoutez (il la prend par les deux bras) vous devez être forte, vous m'entendez ?
MARIA : Il n'y a rien que l'on puisse faire ?
KIRIOS : Je ne voudrais pas vous donner de faux espoirs, mais la seule solution qui reste, c'est l'opération.
MARIA : Elle comporte des risques ?
KIRIOS : Comme toute opération, vous savez.
MARIA : Docteur, arrêtez votre baratin. Quelles sont ses chances ?
KIRIOS : Très minimes en fait. On peut essayer de lui extraire le caillot. Mais il est logé dans une partie très sensible du cerveau.
MARIA : Et si vous ne faites pas cette opération ?
KIRIOS : Elle restera dans cet état, à moins d'un miracle.
MARIA : Faites l'opération, docteur. (elle regarde Kirios avec insistance) Et sauvez la.
5 DANS L'APPARTEMENT DES LAYTON
Beth est en train de lire dans son fauteuil. Mais elle est nerveuse et regarde sa montre.
BETH : Onze heures ! Mais c'est pas vrai, où est-il encore passé ?
Elle pose son livre et se lève. Elle se rassoit, allume la télé, mais cela ne l'intéresse guère, elle se lève à nouveau et fait les cent pas. Elle se ronge les ongles. Soudain, son regard se porte sur le téléphone, près du fauteuil. Après une hésitation, elle prend le combiné.
6 APPARTEMENT DE MENLEY, DANS SA CHAMBRE
Nous voyons le grand lit de la chambre. Sous la couette, des corps qui remuent et des rires qui fusent. Soudain, les corps montrent leur tête et l'on voit Menley et Frank.
MENLEY (en riant) : Tu es fou, tu as failli…
Frank l'embrasse sur la bouche pour l'interrompre.
FRANK : Avoue que tu aimes ça.
MENLEY : J'ai horreur de me faire chatouiller.
FRANK : Sans blague ? On va voir ça.
Et Frank chatouille Menley, qui se débat en riant.
MENLEY : Non Frank, arrête.. Aaahh.
Mais Frank continue de plus belle. Le téléphone, posé sur la table de nuit, retentit. Menley, tant bien que mal, se détache de Frank et décroche.
MENLEY (qui a du mal à retrouver son sérieux) : Menley Weaver.
Frank lui donne des baisers pendant qu'elle tient le combiné.
MENLEY : Beth !
Frank s'arrête soudain. Menley hausse les épaules.
BETH (d'un ton sec) : Je sais que Frank est chez toi. Passe-moi le.
Menley est gênée par la situation. Elle regarde Frank.
MENLEY : Frank ?
BETH : Oui Frank. J'ai pas dit le pape !
MENLEY : Qu'est-ce qui te fais dire que Frank est chez moi ?
BETH (en colère) : Ne me prend pas pour une idiote, Menley. Je veux parler à Frank.
Beth entend alors un déclic puis le bip-bip de la ligne qui a coupé.
BETH : Allô ?… Allô !
Menley regarde Frank, surprise. Il enlève la main du déclencheur du téléphone.
MENLEY : Pourquoi tu as fait ça ?
FRANK : On ne va tout de même pas se laisser gâcher cette soirée par ce dragon.
MENLEY : Mais…
FRANK (posant délicatement un doigt sur ses lèvres) : Chut. Il n'y a pas de mais. Nous sommes ensemble et heureux d'être ensemble et je ne veux pas que quelqu'un, surtout Beth, ne vienne nous ennuyer dans un moment pareil. Qu'est-ce que tu dirais d'un nouveau voyage sous la couette ?
MENLEY (souriante) : Ne me tente pas…
Et nos deux amoureux reprennent leurs "exercices" sous la couette.
7 UNECAIN, MLLE JUDICAL DANS SON BUREAU, LE SOIR
Mlle Judical étudie un dossier sur son bureau. Seule la petite lampe qui se trouve sur le bureau éclaire la pièce, rendant l'atmosphère pesante.
La porte du bureau s'ouvre brusquement et Mlle Judical sursaute. Une ombre arrive.
MLLE JUDICAL : Qui est là ?
L'ombre se détache et l'on reconnaît Tim. Mlle Judical est soulagée, pensant sans doute à un cambrioleur, à cette heure tardive.
MLLE JUDICAL : Tim ! On peut savoir ce que vous faites ici à une heure pareille ?
TIM : Je savais que je vous trouverais ici.
MLLE JUDICAL : Vous n'avez pas répondu à ma question.
TIM : J'ai un service à vous demander.
MLLE JUDICAL : Et bien, je vous écoute.
Tim est quelque peu gêné.
MLLE JUDICAL (qui perd patience) : Et bien, allez y.
TIM : J'ai besoin d'une petite avance sur mon salaire.
MLLE JUDICAL (soupirant) : Tim, ça ne pouvait pas attendre demain matin ?
TIM : Ce genre de service est peu conventionnel pour un professeur de l'Unecain. Le soir, je suis sûr que personne ne peut nous entendre.
Mlle Judical hausse les épaules d'un air qui veut dire "vous racontez n'importe quoi". Elle sort son carnet de chèque du tiroir et l'étale sur la table. Elle prend un stylo.
MLLE JUDICAL : Il vous faut combien ?
TIM : 9000 dollars.
Mlle Judical pose son stylo et regarde Tim, exaspérée.
MLLE JUDICAL : Tim, dans quel pétrin vous vous êtes encore fourré ? Vous me demandez un acompte sur votre salaire. Mais c'est trois fois votre salaire que vous me demandez.
TIM : Il s'agit de mon père, en Irlande. Il est malade et…
MLLE JUDICAL : Vous m'avez déjà fait le coup du père malade en Irlande la dernière fois. Soyez plus original.
Mal à l'aise, Tim ne répond pas. Mlle Judical soupire.
MLLE JUDICAL : Je ne peux que vous donner un acompte de 1000 dollars. Je ne peux pas faire plus.
TIM (voulant protester) : Mais…
Mlle Judical signe le chèque et le lui tend.
MLLE JUDICAL : C'est à prendre ou à laisser.
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Tim saisit le chèque et quitte la pièce.
8 DANS LA PRISON DE LOS ANGELES
Dans une pièce sombre, avec seulement une table et deux chaises, nous retrouvons Milio, assis en face de son avocat. Près de la porte, un gardien.
L'AVOCAT : Milio. Le geste que vous avez commis est très grave.
MILIO : Elle l'a méritée.
L'AVOCAT : Milio, si vous partez dans cet état d'esprit au procès, vous allez en prendre pour plusieurs années, croyez-moi. Alors si vous pensez que Mlle Perkins en vaut la peine, libre à vous.
MILIO : Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Que je demande pardon ? Pas question.
L'AVOCAT : Il n'est pas question de ça. Vous avez attenté à la vie d'une personne, et délibérément. C'est un acte très grave, Milio.
MILIO (exaspéré) : Vous l'avez déjà dit !
L'AVOCAT : Je vous le redit parce qu'il me semble que cela ne rentre pas dans votre cervelle.
MILIO : Vous avez un plan pour me faire sortir de là ?
L'AVOCAT : On va voir ça. Nous allons plaider coupable, mais Milio, je veux absolument vous voir regretter le geste que vous avez fait. Sinon, on ne s'en sortira pas.
9 DANS LA SUITE DE MLLE JUDICAL, à GARDEN VIEW
Jillie est assise sur un fauteuil, le bras en écharpe. Flora se dirige vers elle.
FLORA : Tout va comme vous voulez ?
JILLIE (amère) : Siria est a moitié morte, j'ai reçu une balle dans l'épaule, et vous me demandez si ça va comme je veux ? Laissez moi rire.
Flora s'assoit dans l'autre fauteuil.
FLORA : Vous êtes en colère, Jillie, c'est normal.
JILLIE : Flora, s'il vous plaît, arrêtez de vous prendre pour un psy, ça m'énerve.
FLORA (ignorant la remarque) : Qu'est ce que vous comptez faire ?
Jillie regarde son bras en écharpe.
JILLIE : Certainement pas tricoter en tout cas. Et puis, qu'est-ce que ça peut vous faire ?
FLORA : Jillie, vous êtes toute la journée assise sur ce fauteuil a ressasser vos pensées négatives. J'aimerais bien que vous vous occupiez un peu.
JILLIE (méchante) : Flora, vous êtes un condensé de Mère Téréza, Madame Soleil et Stevie Wonder, mais vous n'avez le talent d'aucun des trois. Je n'ai rien à faire de vos conseils bidons. Maintenant, fichez moi la paix.
10 AU SOUS-SOL DE GARDEN VIEW
Tim, attaché-case à la main, sort de l'ascenseur et se dirige vers sa voiture. Il s'immobilise soudain : ses 4 pneus sont crevés.
TIM : Et merde !
Il entend alors des bruits de pas qui résonnent dans le sous sol. Il fronce les sourcils. Peu rassuré, il préfère se diriger vers l'ascenseur. A mesure qu'il marche, les pas se rapprochent. Plus il marche vite, plus les pas s'accélèrent. Il court et on entend aussi courir. Il est devant l'ascenseur et appuie avec force sur le bouton. Angoissé, il attend que l'ascenseur arrive. Il regarde l'affichage : l'ascenseur est au 1er.
TIM (impatient) : Alléééé.
Mais les pas se font de plus en plus clairs, se rapprochant. La porte de l'ascenseur s'ouvre enfin. Tim s'y engouffre et appuie sur le bouton. Au moment ou la porte se referme, Tim a juste le temps de voir Jack, le colosse de Brock, devant lui, en train de sourire. Un sourire peu rassurant, en fait.
11 À L'UNECAIN, DANS LA SALLE INTERDITE
Beth entre comme une furie dans la pièce. Les professeurs se retournent, par curiosité. Elle arrive près de Frank, qui est à table en train d'écrire. Elle frappe du poing sur la table. Frank la regarde, impassible.
FRANK : Quoi ?
BETH : Je suis venue te parler. Et comme je n'ai pas l'occasion de te voir en ce moment à la maison, je suis bien obligée de venir ici.
Elle parle assez fort pour que les autres professeurs l'entendent. Ils chuchotent entre eux.
FRANK : Baisse un peu le ton, tu te donne en spectacle.
BETH : Pourquoi je baisserais le ton ? Parce que tu veux pas que tes collègues entendent que tu laisses tomber ta femme pour Menley Weaver ?
Frank se lève. Il est gêné. On entend des murmures dans la salle, de la part des collègues de Frank.
FRANK : Beth, ça suffit maintenant.
BETH : Non, toi ça suffit ! Je suis venu simplement pour te dire que si tu continues à ne plus venir à la maison, j'estime alors que tu ne fais aucun effort de réconciliation, donc je demanderai le divorce pour torts exclusifs.
FRANK : Ah, c'est pour ça que tu es venu faire ce foin.
BETH : Quoi ?
FRANK : Tu es venue chercher des témoins en jouant les femmes trompées, c'est ça ?
BETH (avec dédain et plus bas) : Tu ne comprends rien du tout, mon pauvre ami. Je suis venue pour essayer de sauver notre mariage, c'est tout.
FRANK : Il n'y a plus rien à sauver, Beth.
BETH : Alors, c'est fini ?
FRANK : C'est fini depuis longtemps.
12 À GREAT GARDEN
Menley et Frank se promènent dans une allée, main dans la main. Ils sont seuls.
FRANK : Beth va remuer de la boue, tu sais.
MENLEY : Je n'ai pas peur. Et toi ?
FRANK : Moi, je vais repartir à zéro. Si elle obtient ce qu'elle demande, elle aura l'appartement et une bonne partie de mes actions en bourse.
MENLEY : Et ça te fait peur ?
FRANK (souriant) : Pas le moins du monde, si tu es à mes côtés.
MENLEY : De toute façon, elle n'arrivera pas à obtenir tout ce qu'elle demande.
FRANK : Je ne sais pas. Stuart est un avocat très fort.
MENLEY : Ne me parle pas du Stuart, s'il te plaît.
FRANK : Tiens, en parlant du loup…
Il regarde vers sa droite, imité par Menley. Kelly est assise sur un banc, sans rien faire de particulier que d'écouter les oiseaux et regarder le ciel. Ils s'approchent d'elle. Menley lui sourit.
MENLEY : Bonjour, Kelly.
KELLY : Salut.
Menley s'assoit à côté d'elle, tandis que Frank reste debout, en face des deux jeunes femmes.
MENLEY : Comment vas-tu ?
KELLY (ricanant) : C'est bizarre, Menley, mais tu dois être au moins la 250ème personne à me poser la même question depuis que je suis sortie de l'hôpital.
FRANK : On se fait du soucis pour toi.
KELLY (avec un semblant de sourire) : C'est gentil à vous, mais je vais très bien.
MENLEY (hésitante) : Et… Stuart. Comment ça va avec lui ?
Kelly la regarde, surprise.
KELLY : Stuart ! Il va bien.
MENLEY : Mais je veux dire… entre vous deux ?
KELLY : Stuart travaille toute la journée. Je ne le vois pas très souvent.
MENLEY (directe) : Tu n'aurais pas dû revenir habiter avec lui.
FRANK (d'un ton réprobateur) : Menley…
Menley regarde Frank, puis Kelly, d'un air résigné. Apparemment, Kelly ne comprend pas ce que veut dire Menley.
MENLEY : Simplement, Kelly. Fais bien attention à toi, d'accord ?
KELLY : C'est bizarre, tu es la première personne à me parler comme ça. Je veux dire, tout le monde se croit obligé de prendre des gants avec moi. On me demande si ça va… si je vois encore des "choses"…tout le monde me regarde avec pitié… et toi, tu me dit de faire attention… Pourquoi, Menley ?
MENLEY : Parce que je ne voudrais pas te voir souffrir encore plus que tu n'as souffert.
13 TOUJOURS À GREAT GARDEN, UN PEU PLUS TARD
Menley et Frank sont maintenant devant un manège pour enfant. Kelly n'est plus avec eux. Trois mamans, assises sur un banc, regardent leur enfant riant sur les manèges.
MENLEY : Je crois que Kelly devrait être tenue au courant de ce que l'on soupçonne sur Stuart.
FRANK : Je ne sais pas trop si c'est une bonne idée.
Menley regarde Frank.
MENLEY : Il va recommencer. Je ne sais pas ce qu'il cherche à faire avec sa femme, mais il est en train de la détruire.
Frank ne répond pas et baisse les yeux. Menley comprend.
MENLEY : Tu n'es pas de mon avis, je vois. Tu crois que j'imagine des choses sur Stuart.
FRANK : Menley, tu t'es basée sur le fait d'avoir vu Stuart nettoyer à fond une armoire, et sur un chiffon tâché de sang retrouvé dans son container à poubelle. Tu pensais que Kelly avait été tuée par Stuart. Mais Kelly est bien vivante et le sang retrouvé sur le chiffon n'est pas le sien.
MENLEY : Quelque chose ne tourne pas rond chez Stuart. J'en suis persuadée.
14 À L'HÔPITAL DE GARDEN PLACE
Le brancard emmène Siria au poste opératoire. Plusieurs médecins, dont le docteur Kirios, sont autour d'elle. Maria, en pleurs, veut s'accrocher au brancard, comme si elle ne voulait pas voir partir sa fille dans cette pièce si froide, où elle risque de mourir. Kirios la prend doucement par le bras.
KIRIOS : Maria, tout va bien se passer.
Maria regarde Kirios dans les yeux. Le visage de la femme est ravagée par la douleur et les pleurs.
MARIA : S'il vous plaît, docteur.
C'est une supplication qui veut dire : "sauvez ma fille".
Mlle Judical apparaît au bout du couloir. Elle se précipite vers Maria.
MLLE JUDICAL : Maria… (elle la prend par le bras). Venez. Laissez faire les médecins. Nous allons prendre un bon chocolat chaud dans la salle d'attente, et ensuite, nous irons prier dans la chapelle…
Elle entraîne Maria vers la cafétéria. Maria se retourne vers le brancard et a juste le temps de voir sa fille entrer au bloc. Les deux battants de la porte se referment.
15 AU CABINET BURNSTEIN, DANS LE BUREAU DE STUART
Debout devant une armoire, sur le côté, il classe des documents dans des classeurs suspendus. La porte est ouverte et Gil et Lacey apparaissent. Lacey toque. Stuart se retourne.
STUART (ironique) : Tiens, voilà nos trois mousquetaires… (il regarde mais ne voit que Gil et Lacey). Mais où est donc notre troisième larron ? Ah oui, j'oubliais… elle est interdite de séjour dans mon immeuble.
LACEY (ignorant la remarque) : Stuart, excuse nous de débarquer comme ça… mais nous sommes venus te parler de Kelly.
STUART (toujours aussi ironique) : C'est pas vrai ! Je pensais qu'on parlerait des prochaines élections présidentielles. Quand est-ce que vous allez apprendre enfin à vous occuper de vos affaires. Je ne vous ai rien demandé. Et Kelly non plus.
GIL : Kelly a besoin d'aide.
STUART : Et vous vous posez la comme quoi ? Psychiatre ? Educateur spécialisé ? SOS extra terrestre ?
LACEY : Stuart, ce n'est pas drôle… Nous sommes venus en tant qu'amis…
STUART : Nous étions amis Lacey. Nous ne le sommes plus. De la part de Menley, ça ne m'étonne pas. Elle est nouvelle à Garden Place… Mais toi… Lacey, que je connais depuis des années… Comment as-tu pu me faire un coup pareil ? Fouiller mon passé… remuer la boue… Tu me déçois beaucoup.
LACEY : C'est du passé tout ça Stuart. Maintenant, ce qui compte, c'est Kelly et son avenir.
GIL : Nous avons songé à une solution pour soigner ta femme, Stuart.
STUART : Tiens donc… et bien, je suis curieux d'entendre ça.
LACEY : Kelly devrait essayer de se faire hypnotiser, ainsi elle serait à même de se souvenir de ce qui s'est passé dans l'appartement lorsqu'elle… a été enlevé… Je connais un bon…
STUART (l'interrompant en riant) : Laisse moi deviner. Ce serait une idée de Menley Weaver que ça ne m'étonnerait pas. (son rire s'efface et il redevient sérieux, voire dur). Ma femme va beaucoup mieux. Elle essaie d'oublier ce cauchemar… laissez-la tranquille, laissez-nous tranquille et sortez de nos vies. Kelly n'a pas besoin de vos conseils et de votre soutien à la godille. Une bonne fois pour toutes : occupez vous de vos problèmes et laissez-nous en paix.
16 DANS UNE RUE, À GARDEN PLACE
Tim se promène dans une rue calme, son attache case à la main. Il n'y a que peu de monde à cette heure de l'après-midi où beaucoup travaillent dans les bureaux. Tim passe devant l'entrée d'un grand immeuble en verre. Il est alors "happé" par deux bras costauds qui l'entraînent à l'intérieur de l'immeuble.
L'entrée de cet immeuble est très grand. Mais il n'y a personne à l'intérieur. Simplement, au fond, un comptoir à réception… mais personne derrière. De grandes colonnes sont éparpillées un peu partout.
Tim est devant Jack. Il n'en mène pas large. Brock arrive par une porte, sur la gauche. Il sourit en regardant Tim.
BROCK : Alors, mon ami. Surpris de nous voir ?
Totalement effrayé, Tim ne répond pas. Il se contente de regarder, d'un œil guère rassuré, Jack le colosse.
BROCK : Je crois que tu as quelque chose pour nous, non ?
Toujours en regardant le colosse (comme hypnotisé par lui), il sort de la poche intérieure de son veston un chèque, qu'il tend à Jack. Jack lui sourit, prend le chèque et le donne à Brock. Brock regarde le montant, stupéfait. Doucement, il avance vers Tim, et une fois à sa hauteur, lui donne un violent coup de poing dans le ventre. Tim se plie en deux devant la douleur.
BROCK : 1000 dollars ! J'aime pas qu'on se foute de ma gueule.
Tim reprend son souffle. Il se tient toujours l'estomac endolori.
TIM : C'est tout ce que j'ai pu trouver pour l'instant. Prenez ça comme acompte. Je vous réglerai le reste dès que possible.
Un silence pendant lequel Tim et Brock se regardent les yeux dans les yeux. Tim a l'air d'un chien battu et Brock de son maître qui vient de le battre.
BROCK : Trois jours. Je te laisse trois jours pour rassembler les 8000 dollars que tu me dois. Si je les ai pas dans trois jours… Tim O'Connell ne sera plus de ce monde.
Il continue à défier Tim de son regard haineux. Puis, toujours en le regardant, il s'adresse à Jack.
BROCK : Tu viens, Jack.
Jack le colosse et Brock le maître quittent l'immeuble, laissant Tim en proie au désarroi et à la peur.
17 L'OPéRATION DE SIRIA - PLUSIEURS ENDROITS
Tout est prêt dans la salle pour commencer l'opération de Siria. Le docteur Kirios a chaussé ses gants de médecin. Il a un masque sur la tête. Autour de lui, plusieurs autres médecins et des infirmières. Une des infirmières s'adresse à Kirios.
L'INFIRMIERE : Vous voulez quoi, docteur ?
KIRIOS : "L'adagio" d'Albinoni.
Sans un mot, l'infirmière se dirige dans un coin de la pièce ou se trouve une mini chaine hi-fi. Elle prend une cassette, l'introduit dans le compartiment et appuie sur "play". On entend alors le fameux "Adagio" d'Albinoni. L'infirmière retourne à son poste. L'opération commence. Nous voyons les médecins à l'œuvre.
Dans la salle d'attente, Mlle Judical est près de Maria. Cette dernière a les yeux dans le vide. On dirait qu'elle est en état de choc. Simplement, elle attend. Elle attend sans doute un miracle des chirurgiens.
A la prison, Milio est dans sa cellule, sur une banquette, son menton posé sur ses genoux. Il pense à Siria.
L'image de Milio disparaît peu à peu. Nous voyons alors, toujours sur l'adagio d'Albinoni, les médecins s'agiter. L'écran de contrôle clignote. Le cœur de Siria a lâché. Le docteur Kirios tente de la réanimer avec un massage cardiaque.
Pendant que Kirios essaie une fois… puis deux fois, l'image de Jillie dans un fauteuil de la suite de Mlle Judical se superpose. Une larme coule sur son visage. L'adagio d'Albinoni continue de nous accompagner. L'image de Jillie s'efface et retour sur :
Kirios persiste à vouloir réanimer le cœur de Siria. Un médecin pose une main sur lui, afin de lui dire qu'on ne peut plus rien faire. Résigné, Kirios enlève son masque. Son visage affiche à la fois déception, rage de ne pas avoir réussi, et peur parce qu'il va devoir informer Maria. L'écran de contrôle du cœur de Siria est droit. Et toujours l'adagio comme fond sonore.
Dans la salle d'attente, Maria regarde toujours dans le vide. Elle et Mlle Judical se lèvent lorsqu'apparaît le docteur Kirios. Son visage en dit long. Il n'a pas besoin de parler. On sait. Mlle Judical cache son visage avec ses mains, et Maria s'effondre à genoux en hurlant, son visage ravagé par la douleur et les larmes. Nous ne l'entendons pas, car nous avons uniquement en fond sonore le mélancolique Adagio d'Albinoni.
Dans sa cellule, Milio est dans la même position que nous l'avons vu précédemment. Sauf que maintenant, il pleure.
Toujours sur la musique d'Albinoni, Flora raccroche le téléphone. Jillie s'est levée et regarde vers elle. Flora secoue la tête, triste. Jillie a compris. Elle est secouée de spasmes et d'énormes larmes lui coulent sur les joues.
Pour terminer ce douloureux chapitre, nous voyons Maria qui pose une rose sur le corps de Siria. Gros plan de la rose qui termine l'adagio d'Albinoni.
18 DANS L'APPARTEMENT DES FARRIS
La porte de l'appartement s'ouvre
sur Kelly. Elle est particulièrement jolie. Fini son visage ravagée par la peur.
Elle porte une robe blanche légère. Elle referme la porte, et on dirait qu'elle
a un malaise soudain. Elle porte une main à son front.
19 FLASH-BACK
Kelly se revoit dans l'appartement le jour de sa disparition. Elle se voit pousser le meuble devant la porte, s'effondrer à terre, envahie par la peur mais aussi la fatigue d'avoir poussé le meuble. Puis elle regarde devant elle. Ce qu'elle voit est flou : une ombre dans un flash de lumière. La forme n'est pas vraiment une forme humaine.
20 RETOUR AU PRéSENT
Kelly transpire, tremble de tous ses membres, et en plus, elle est essoufflée.
21 DANS L'APPARTEMENT DE NANNE
La porte est grande ouverte et quelques gros cartons se trouvent devant. Deux hommes sont chargés de prendre les cartons pour les mettre dans l'appartement. L'ascenseur ouvre ses portes et Gil en sort. Il est surpris en voyant tout ce remue ménage.
NANNE : Faites bien attention, c'est fragile.
Gil avance à travers les cartons vers l'appartement de Nanne et frappe.
Nanne est occupée à vérifier ce que font les deux hommes. L'appartement est rempli de cartons déballés. Elle se tourne vers la porte et voit Gil. Elle lui sourit.
NANNE : Gil ! Mais entre donc.
Gil s'exécute et va vers Nanne.
GIL : On peut savoir ce qui se passe ici ? On a l'impression que tu emménage dans ton propre appartement.
NANNE (souriant) : C'est presque ça. En fait, je m'équipe.
GIL : Ah bon, et on peut savoir en quoi ?
NANNE : En tout. Nouvelle télévision écran géant. Système son prologic permettant de recevoir le son comme au cinéma. Nouvelle chaîne hi-fi ultra perfectionnée et surtout… ordinateur dernier cri pour…
GIL (son visage s'illumine) : Ecrire ?
NANNE : Exactement. Je compte commencer à écrire mon livre dès aujourd'hui. Enfin… une fois que tout sera bien installé.
GIL : Je trouve ça formidable, Nanne. Mais ça a du te coûter une petite fortune.
Nanne hausse les épaules comme pour dire "l'argent n'est pas important".
NANNE : Hof, j'ai simplement décidé de me faire un petit plaisir.
GIL (parcourant la pièce des yeux) : Je dirais plutôt que c'est un gros plaisir. Bon, si tu veux des cours d'informatique… pas de problème.
22 DANS LA SUITE DE MLLE JUDICAL
Flora et Mlle Judical sont prêtes à sortir. Mlle Judical a un tailleur noir très élégant, tandis que Flora porte une robe de la même couleur. Flora est prêt de la porte d'entrée.
FLORA : Dépêche toi Alice. Nous allons être en retard.
Mlle Judical est plantée devant Jillie. Cette dernière est vêtue simplement d'un jeans et d'une chemise blanche. Elle a toujours son bras en écharpe. Elle est comme toujours assise dans son fauteuil. Sa mine est défaite. Mlle Judical la regarde avec compassion.
MLLE JUDICAL : Vous êtes sûre de ne pas vouloir venir ?
JILLIE (mauvaise) : Pourquoi faire ? Pour me faire encore une fois tirer dessus par son frère ? Ou pour que sa mère puisse me cracher au visage ?
MLLE JUDICAL : Pour Siria, tout simplement.
Jillie regarde Mlle Judical, aucune émotion ne sort d'elle. C'est sans doute parce qu'elle est tellement blessée au fond d'elle qu'elle refuse quasiment toute émotion de filtrer.
23 CIMETIèRE DE GARDEN PLACE
De nombreuses personnes sont présentes aux obsèques de Siria. Nous avons, bien entendu, assise devant, Maria. Tout de noir vêtue, elle pleure doucement. Elle est digne. Tout aussi digne, à côté d'elle, on voit Milio, les menottes à la main et un policier à ses côtés. S'il ne pleure pas, il fait en tout cas triste mine.
Pendant que la caméra montre les différents invités, le prête célèbre l'oraison funèbre. Le cercueil de Siria est au milieu.
Parmi les invités, il y a tous les camarades de classe de Siria. Nous voyons également Menley, Lacey, Gil, Frank, Nanne, Mlle Judical, Flora et d'autres professeurs de l'Unecain.
A l'issue de l'oraison, les invités viennent maintenant saluer Maria et Milio à tour de rôle et leur donner les condoléances. Nous voyons Nanne, puis Menley. Juste après elle, c'est au tour de Mlle Judical. Lorsqu'elle passe devant Milio, elle lui tend la main, mais celui-ci la regarde droit dans les yeux, refusant la main tendue et lui dit :
MILIO : Un jour, je sortirai de prison. Vous pourrez dire à votre petite protégée que ce jour-là, elle a intérêt à faire très attention, car je vous jure qu'elle va regretter d'être venue au monde. Un jour ou l'autre, Jillie Perkins paiera pour la mort de ma sœur.
Mlle Judical ferme les yeux, attristée par tant de haine.
24 UN CAFÉ à GARDEN PLACE
Jillie est attablée au comptoir. On ne peut pas dire que ce soit le café le plus chic de la ville. Loin s'en faut : les chaises sont sales, les tables bancales et il y a de gros trous dans le comptoir. Qu'importe, Jillie n'est pas venue ici pour la déco.
Le barman, un homme plutôt robuste, s'approche d'elle.
LE BARMAN : Je vous sers quoi ?
JILLIE : Une vodka, bien serrée.
Le barman s'exécute rapidement. Le verre devant elle, Jillie n'hésite pas un seul instant. Elle avale le liquide comme s'il s'agissait de lait. Elle pose le verre sur le comptoir.
JILLIE : Une autre, s'il vous plaît.
25 DEVANT GARDEN VIEW
Beth marche à vive allure en direction de l'entrée de son immeuble. Elle est interpellée par Tim, qui l'appelle en criant :
TIM : Beth ! Beth attends.
Beth fait semblant de ne pas entendre et continue sa marche. Il faut que Tim court pour arriver près d'elle et l'attraper par le bras.
TIM : Beth. Je t'ai appelé… tu n'as pas entendu ?
BETH : Si. Mais j'avais pas envie de te parler, étant donné que nous n'avons plus rien à nous dire.
TIM : J'ai besoin de toi. C'est très grave.
BETH : Tim, tu as toujours besoin de quelqu'un. Quand arriveras tu à t'assumer tout seul ?
TIM : Beth, cette fois ci, c'est vraiment grave. Je risque ma vie. Je t'en prie aide-moi.
BETH (soupirant) : Très bien, très bien… dis-moi ce que tu as parce que de toute façon, tu ne me lâcheras pas avant.
TIM : J'ai besoin que tu me prêtes de l'argent.
BETH (exaspérée) : Tim, c'est toujours la même chose avec toi, c'est pas vrai.
TIM : Beth, écoute moi. Il me faut 8000 dollars. Pour demain.
BETH : Mais dans quelle magouille tu t'es encore fourré ?
TIM : Si je n'ai pas 8000 dollars demain, je suis un homme mort.
BETH : Tim, pour moi, tu es déjà mort.
Et Beth se tourne et fait mine de partir direction l'immeuble Garden View. Mais Tim la prend violemment par le bras et l'oblige à se tourner vers lui. Beth, surprise, crie.
TIM : Il me faut ce fric, Beth. A tout prix.
Il serre le bras de Beth de toutes ses forces. La jeune femme fait une grimace.
BETH : Tim. Mais arrête, tu me fais mal.
D'un geste violent, elle se dégage de l'emprise de Tim, et le regarde droit dans les yeux.
BETH : Tu es vraiment malade, mon vieux. Débrouille-toi tout seul. Je ne veux pas être mêlée à tes magouilles de bas quartier.
Cette fois, elle se retourne et ne laisse pas le temps à Tim de se reprendre. Elle entre dans Garden View.
26 DANS L'APPARTEMENT DES FARRIS
Le téléphone de la pièce principale sonne. Kelly vient de la cuisine et décroche.
KELLY : Allô ?
C'est Ed Burnstein qui est au bout du fil. Il converse avec son mobile. La rue est très animée et Ed doit crier pour se faire entendre.
ED : Allô, ma chérie, c'est papa. Comment vas-tu ?
Kelly pousse un soupir. Combien de fois va-t-on encore lui demander ça ?
KELLY : Bien Papa. Qu'est-ce que tu veux ?
ED : Ecoute, chérie. Je suis vraiment très embêté. Je suis en route pour le tribunal, je dois remplacer Stuart dans l'affaire Sandoz contre Sherman, et il me manque un document. Stuart m'a dit qu'il était resté à la maison, dans son secrétaire. Il s'agit d'une chemise verte avec le nom Shermann dessus. Ca me ferait énormément plaisir si tu pouvais me l'apporter au tribunal. Je serai dans la salle 28. Je ne t'aurais pas dérangé si ce n'était pas important.
Kelly regarde le secrétaire, qui ne se trouve pas très loin d'elle.
KELLY : C'est d'accord Papa. De toute façon, je n'avais rien à faire d'autre. Je te l'apporte tout de suite.
ED : Merci mon cœur.
Kelly raccroche. Elle soupire et se dirige vers le secrétaire. On irait pas jusqu'à dire qu'il règne un fouillis dans le secrétaire, mais plusieurs papiers sont disposés n'importe comment. Kelly prend une liasse de papier. Très vite, elle trouve la chemise verte avec Sherman écrit dessus. Elle veut refermer le secrétaire, mais un papier de format A4 coince. Elle rouvre et prend papier, qu'elle observe. Soudain, elle fronce les sourcils en lisant ce qu'il y a dessus. Il s'agit d'une facture. La société s'appelle FX-SPE. En dessous du logo, on peut lire : déguisement en tout genre et effets spéciaux sur commande. Dans le corps de la facture, à l'endroit ou il est inscrit désignation, on peut lire : "commande d'un déguisement d'extra terrestre fait sur mesure + effets spéciaux divers". Le montant de la facture s'élève à 3250 dollars. Dans le cadre réservé à la signature du client, il est inscrit Stuart Farris et c'est signé de la main de Stuart.
Kelly n'en reviens pas. On la voit perplexe devant cette facture.
27 DANS L'APPARTEMENT DE MENLEY
Menley tient la facture dans la main. Elle est debout dans le living, Frank à ses côtes et Kelly en face d'eux.
KELLY : Je me suis rappelée de tes paroles à Great Garden. Tu m'as dit de faire attention à moi et tu m'as demandée comment ça allait entre moi et Stuart. Pourquoi, Menley ? Est-ce que tu sais quelque chose que j'ignore ?
Menley regarde Frank et ne répond pas.
KELLY : Je ne sais pas pourquoi je suis venue te montrer cette facture…
MENLEY (l'interrompant) : Tu as bien fait. Kelly, il faudrait mieux que tu t'assois. J'ai des choses à te dire.
KELLY : Je n'aime pas ça.
Mais Kelly s'exécute. Menley s'assoit près d'elle, Frank de l'autre côté. Menley prend la main de Kelly.
MENLEY : Depuis un certain temps, je soupçonne Stuart d'être impliqué dans… dans tes problèmes.
KELLY : Qu'est-ce que tu essaie de me dire, Menley ?
FRANK : Elle veut te dire que Stuart a sans doute monté une mise en scène afin de te faire croire que tu as été enlevée par des extra terrestres.
KELLY (protestant) : Mais c'est insensé voyons. Pourquoi Stuart ferait une chose pareille ?
MENLEY : Je l'ignore. Mais j'ai bien réfléchis. Il est possible qu'il veut te faire passer pour folle.
KELLY : Mais je ne vois pas quel intérêt il aurait de faire ça !
MENLEY : Le cabinet Burnstein ! Il est possible qu'Ed et Stuart ne s'entendent plus, et que ton père ne veuille plus lui donner la présidence du cabinet à son départ. Il reviendrait à qui alors ?
KELLY : A John Chapmann. C'est le deuxième bras droit de Papa.
MENLEY : Et toi, dans tout cela ?
KELLY (réfléchissant) : J'ai une formation juridique et je peux faire partie du barreau. Papa n'a jamais compris pourquoi j'avais choisi d'être professeur de droit. Il a toujours voulu que je travaille pour le cabinet.
FRANK : Nous y voilà ! Ton père parti de la société, il t'aurait demandé de la diriger. Et si tu aurais accepté, Stuart aurait été forcé de travailler pour toi.
KELLY : Mais rien ne dit que j'aurais accepté.
MENLEY : Rien ne dit que tu aurais refusé.
KELLY : Et John Chapmann ?
28 UNE RUE, DEVANT UN IMMEUBLE D'HABITATION
On voit tout un attroupement de badaud sur la rue. Gisant au sol, un homme d'environ 35 ans. Il est habillé élégamment, portant un costume/cravate. Du sang coule de sa bouche. Il a les yeux grands ouverts. De la façon dont le corps est disposé sur la rue, on peut penser qu'il est tombé d'un étage très élevé de l'immeuble. Cet homme, c'est John Chapmann.
29 RETOUR AU CAFÉ, AVEC JILLIE
La nuit commence à tomber sur Garden Place. Jillie est au comptoir, ivre morte. Affalée sur le comptoir, elle parle avec un homme, qui visiblement n'a rien à faire d'elle. Il boit tranquillement sa bière.
JILLIE : Et oui, Monsieur… je vous le dis, j'ai tué une fille. Et… et… vous allez rire… mais j'ai failli être tué moi aussi. (d'un signe de tête, elle désigne son bras en écharpe). Le frère de celle que j'ai tué, il a voulu me tuer, vous vous rendez compte… dans quel monde pourri on vit, hein. (elle a un hoquet, puis lève son verre). Je bois au monde pourri dans lequel on (nouveau hoquet) … vit. (elle crie pour appeler le barman) Barman ! !
Le barman s'approche d'elle.
JILLIE : Un autre… et donnez aussi une (hoquet) bière à Monsieur.
BARMAN : Ce n'est pas vraiment une bonne idée, madame.
JILLIE : J'ai (hoquet) … soif. Et mon ami aussi à soif.
Elle tape vigoureusement sur l'épaule de l'homme qui ne bouge pas d'un pouce.
BARMAN : C'est à moi de décider si une personne a trop bu. Et vous avez ingurgité plus de vodka qu'il n'en faut pour réchauffer un régiment.
JILLIE (en colère) : Mais pour qui vous vous prenez ? Vous ne savez pas à qui vous parlez, Monsieur !
BARMAN : A une personne totalement ivre.
Le barman fait un signe de tête à un grand gaillard assis à une table. Celui ci se lève et va vers Jillie. Il la prend par le bras.
LE GAILLARD : Vous ne pouvez pas rester ici, Madame.
Notre gaillard emmène Jillie vers la sortie. Elle se débat.
JILLIE : Mais lâchez-moi. Lâchez-moi, j'vous dis !
Jillie est jetée dehors par le gaillard. Elle trébuche. L'homme referme la porte. Les passants, dans la rue, tournent la tête vers elle.
JILLIE : Espèce de…
30 DANS LA SUITE DE MLLE JUDICAL
La directrice est en face de Gil, Frank et Joe. Derrière elle se trouve Flora. Les deux femmes ont la mine défaite.
JOE : Alice, si vous nous disiez pourquoi vous nous avez fait venir ici.
MLLE JUDICAL : C'est Jillie. Elle a disparu. Nous l'avons laissée seule pendant l'enterrement de Siria, et lorsque nous sommes revenues, elle n'était plus là.
JOE : Ce n'était pas très malin.
MLLE JUDICAL (ignorant la remarque de Joe) : Vous êtes tous au courant des problèmes de Jillie. Elle est en liberté surveillée, et si la police venait à apprendre qu'elle n'est pas chez moi, les conséquences seront très graves pour elle. Elle peut retourner en prison. Il faut retrouver Jillie avant qu'il ne soit trop tard.
GIL : Vous avez une idée sur l'endroit où elle peut être ?
MLLE JUDICAL : Il faut faire tous les bars de Garden Place. Il n'y a que là qu'elle puisse être.
FRANK : Vous pouvez compter sur nous.
Mlle Judical regarde Joe, attendant un soutien de sa part. Joe baisse la tête, puis la relève et croise le regard de Mlle Judical.
JOE : Vous pouvez compter sur mon entière discrétion.
31 à GARDEN VIEW
Tim gare sa voiture sur le petit parking extérieur, près de son immeuble. Il sort du véhicule et prend l'allée menant à l'entrée de l'immeuble. On entend alors des bruits de pas. Tim se retourne et voit Brock en compagnie de ses deux colosses. Il n'en faut pas moins à Tim pour prendre ses jambes à son cou et fuir au plus vite. Il court donc vers l'entrée de l'immeuble, imité par Brock, puis ses deux colosses.
Tim entre en trombe dans l'immeuble de Garden View et regarde rapidement autour de lui. Il juge plus prudent de prendre l'escalier. Il arrive au premier étage lorsque les trois hommes entrent dans l'immeuble. Au premier, Tim prend la porte où il est inscrit danger, ne pas entrer. Les hommes aussi prennent l'escalier, ils montent au premier, puis au deuxième. Tim sort de sa cachette et s'assure que les trois hommes sont bien en haut. Ils doivent être maintenant au cinquième étage. Doucement, Tim monte les escaliers et se retrouve sur le perron des Layton. Il frappe doucement, afin de ne pas se faire entendre. Mais il frappe en continue.
Beth est dans la petite pièce, près de l'escalier en colimaçon. Devant elle sont éparpillés de nombreux papiers. Elle tient un stylo dans la main et une calculette à côté d'elle. Visiblement, elle fait ses comptes.
BETH (pour elle même) : Frank a dépensé 1500 dollars à la boutique de vêtement de Great Garden Street. Il faudra que je lui demande des comptes là dessus.
Pendant ce temps, les coups frappés à la porte se font entendre. Beth fronce les sourcils. Elle se lève et va ouvrir. Cette fois, Tim ne lui laisse pas le temps de protester. Il entre, tout simplement, bousculant même Beth au passage. Il referme la porte et pousse un soulagement.
BETH (protestant après la surprise) : Tim, mais enfin, qu'est-ce qui te prend d'entrer chez les gens comme ça ?
Tim reprend ses esprits.
TIM : Ils sont ici... dans l'immeuble.
BETH : Qui ça ?
TIM : Les gars à qui je dois du fric.
BETH : Ah bravo ! Alors maintenant tu m'impliques dans tes magouilles !
TIM : Je te demande de rester chez toi juste le temps qu'ils partent.
BETH : Et tu crois qu'ils partiront quand ? Quand ils auront leur argent ?
TIM : Beth, s'ils me trouvent, je suis un homme mort. Ecoute, on fait un marché : si tu me laisse rester chez toi jusqu'à leur départ, je ne te demanderai plus rien. Tu n'entendras même plus parler de moi, je te le promet.
BETH : Si tu savais ce que je fais de tes promesses…(un petit silence, puis) … Bon d'accord.
TIM : Merci.
Tim avance et voit alors la petite table servant aux comptes de Beth. Il réfléchit un instant, puis se tourne vers elle.
TIM : Beth, j'ai encore une petite chose à te demander.
BETH : Tim, tu exagères !
TIM : J'ai laissé chez toi le fameux pull bleu en cachemire. Il doit être dans ton armoire. Tu pourrais aller voir. Tu sais à quel point j'y tiens, Beth.
Beth soupire. Résignée, elle monte l'escalier en colimaçon. Dès qu'elle est hors de vue, Tim se précipite sur la petite table. Il fouille et ne tarde pas à trouver le carnet de chèque de Beth. D'une main peu assurée, il prend un chèque vierge et y inscrit la somme de 8000 dollars. De temps en temps, il regarde l'escalier en colimaçon, de peur de voir débarquer Beth. Il prend alors une facture où il y a la signature de Beth et imite sa signature sur le chèque qu'il a remplit. Puis il met le chèque dans la poche intérieure de sa veste, et quitte l'appartement.
Beth redescend, les mains vides.
BETH : A mon avis, tu dois te tromper. Il n'y a pas plus de pull en cachemire que de…
Beth ne voit plus Tim.
BETH : Tim ? (elle le cherche)… Tim ?
Ne le voyant plus, elle hausse les épaules comme pour dire "bon débarras".
32 DEVANT L'APPARTEMENT DE TIM
Les deux colosses et Brock sont devant l'entrée.
BROCK : Il va bien finir par se montrer.
La porte de l'ascenseur s'ouvre sur Tim. Brock est les deux malabars sont tout de suite sur la défensive. Mais la démarche assurée et le petit sourire en coin de Tim les désarment quelque peu. Tim arrive près d'eux, pas suffisamment en tout cas pour qu'ils puissent l'atteindre. Il met la main à l'intérieur de son veston. Pensant tout de suite à une arme, les deux colosses sortent leur pistolet.
TIM (calme) : Doucement, doucement les gars. Vous êtes venus chercher votre argent, non ?
BROCK : Pas de coup fourré, O'Connell.
Doucement, Tim sort de sa poche le chèque et le tend à Brock, qui le regarde.
BROCK (méfiant) : Qui c'est cette Beth Layton ?
TIM : Une grande amie à moi. Elle a accepté de me dépanner.
BROCK : T'as intérêt à ce que ce chèque soit réglo, parce que sinon…
Il passe un doigt sous son cou, histoire de dire qu'il peut lui trancher la gorge.
BROCK (à ses colosses) : On se tire.
Ils prennent l'ascenseur. Une fois la porte refermée, Tim se tient contre le mur, il transpire, et soupire de soulagement.
33 DEVANT UN BAR, LE SOIR
Joe et Gil sortent du bar. Joe soupire.
JOE : Nous avons vraiment écumés tous les bars. Mais pas de Jillie. Je commence vraiment à m'inquiéter. Je crois qu'il va falloir appeler la police.
Gil aperçoit Frank qui arrivent vers eux en courant.
GIL : Peut être que Frank a trouvé quelque chose.
Frank arrive près d'eux.
GIL : Alors ?
FRANK : Alors j'ai trouvé le bar où était Jillie. Le barman m'a dit qu'elle était complètement ivre et qu'il a été obligé de la virer du café.
JOE : Ca ne nous dit pas ou elle est maintenant.
GIL : Ca sent mauvais pour Jillie tout ça.
FRANK : Si Jillie est sortie du bar ivre, elle n'a pas pu aller bien loin.
JOE : Il est ou ce bar ?
FRANK : Dans Coronell street.
GIL : Ce n'est pas un endroit très fréquentable.
JOE : C'est même ce qu'on appelle la "zone" de Garden Place.
34 À CORONELL STREET
C'est en effet une rue peu fréquentable. De nombreuses prostituées s'y promènent. La rue est très animée. On y voit beaucoup de jeunes habillés en cuir ou en jeans troués. Marchant côté à côté, Joe, Frank et Gil dépareillent totalement avec leurs vêtements plutôt chics.
GIL : Je me sens pas vraiment rassuré d'être ici.
Une prostituée vient à la rencontre des trois hommes et commencent à les draguer. Mais nos amis n'y prêtent pas attention. Joe porte son attention sur une petite rue perpendiculaire à Coronell street. Plusieurs personnes, sont assises sur le bord de la rue, d'autres sont carrément couchées. Joe donne un coup de coude à Frank et l'oblige à regarder dans la direction de cette petite rue. Gil fait de même.
GIL : Vous ne pensez pas… ?
Il laisse sa phrase en suspens.
JOE : Le mieux, c'est d'aller constater par nous même.
Les trois hommes entrent dans la petite ruelle. Des préservatifs, ainsi que des seringues, traînent par-ci, par-là. Nos hommes ne sont pas du tout rassurés. Ils ont hâte de terminer cette tâche. Ils arrivent près d'un groupe de clochards. Un type d'environ soixante ans dors, couvert par du papier journal. Il tient bien fermement dans sa main une bouteille de vin à moitié vide. A ses côtés, une femme du même âge est assise et se balance de gauche à droite en fredonnant une chanson incompréhensible. Un peu plus loin, une femme jeune, d'environ vingt-cinq ans, regarde autour d'elle, totalement perdue et apeurée. Visiblement, elle est droguée. Gil fait un pas de plus pour voir une autre personne qui n'est pas très loin. Elle est assise, le dos appuyé contre le mur. Gil la regarde.
GIL : Oh, mon Dieu.
C'est Jillie. Elle a les yeux dans le vide, et le visage blanc et fatiguée. Elle ne réagit même pas en voyant Gil.
35 DANS L'APPARTEMENT DE NANNE
Elle est assise sur un canapé très chic, en regardant sa télévision à écran géant tout en souriant. Elle observe autour d'elle, fière de ses nouvelles acquisitions. Puis elle se touche l'estomac avec une petite grimace. Elle se penche et prend le téléphone sur la petite table, également nouvelle. Elle prend son agenda en cuir, regarde un numéro et le compose sur son téléphone ultra perfectionné.
NANNE : Oui, je suis bien chez le traiteur Giorgio ? Voilà, je voudrais vous commander un petit plat pour une personne. J'aimerais bien un plat à base de homard si vous avez… oui… c'est parfait… et aussi du caviar... non, du vrai… voilà, comme entrée oui...
36 DANS L'APPARTEMENT DES FARRIS
Kelly est couchée dans le lit. La porte s'ouvre et Stuart entre. Sur la petite table de nuit, le réveil matin à affichage digital annonce 23 h 51. Stuart fait doucement, afin de ne pas réveiller Kelly. Mais celle-ci, tournée de l'autre côté, à les yeux grands ouverts. Stuart enlève sa cravate, puis sa chemise. Il arrive près du lit et se penche vers elle. Elle lui tourne le dos.
STUART (doucement) : Kelly ? Tu dors ?
Kelly ne répond pas. Elle a toujours les yeux grands ouverts. Stuart quitte son pantalon et se couche auprès d'elle. Toute la séquence est dans la pénombre. Il regarde Kelly, puis se tourne de l'autre côté. Une larme apparaît sur la joue de la jeune femme.
37 DANS UN DES COULOIRS DE L'UNECAIN
Le couloir est complètement vide. De chaque côté, plusieurs portes d'entrées de salle de classe. Aucun son, aucun bruit. Puis arrive la sonnerie annonçant le début des cours. Mais une chose bizarre se produit : le couloir reste vide et après la sonnerie, toujours aucun bruit. Arrivent alors quelques professeurs : trois ou quatre que nous ne connaissons pas, mais aussi Menley, Lacey et Frank. Tous se regardent, étonnés. Frank va voir dans sa salle de classe.
LACEY : Mais qu'est-ce qui se passe ?
FRANK : Il n'y a personne dans les classes.
38 SECRéTARIAT DE LA DIRECTION
Ursula, tout habillée de rouge et chaussée de haut talons, court comme à son habitude à petits pas précipités. Elle ouvre la porte du bureau de Mlle Judical sans même frapper.
Mlle Judical, assise à son bureau, est agacée de voir Ursula débarquer de la sorte, alors qu'elle a l'habitude de frapper avant d'entrer. La secrétaire ne laisse pas le temps à sa patronne de répliquer.
URSULA (essoufflée) : Mlle, Mlle…
MLLE JUDICAL : Ursula ! Mais enfin qu'est-ce qui se passe ?
URSULA (qui reprend son souffle) : Il faut que vous veniez, Mlle, c'est très important.
39 DANS UN COULOIR, PRèS D'UNE FENêTRE
Ursula et Mlle Judical regardent par la fenêtre. Ursula est paniquée.
URSULA : Mais qu'est-ce qu'on va faire ? Mais qu'est-ce qu'on va pouvoir faire ?
Mlle Judical jette un regard froid à Ursula.
MLLE JUDICAL : D'abord vous calmer. Ca sera déjà une bonne chose.
Tous les élèves - et il y en a beaucoup - sont massés dans la grande cour. On les entend crier et siffler. Certains tiennent des pancartes dans la main. Sur une est inscrit : "Virez Jillie Perkins" et sur une autre "Pas d'assassin à l'Unecain". Les élèves scandent, en levant les bras :
LES ÉLÈVES : Dehors, Jillie Perkins… Dehors, Jillie Perkins… Dehors Jillie Perkins…
A l'intérieur, deux professeurs, ainsi que Lacey et Frank, viennent rejoindre Mlle Judical et Ursula.
URSULA : C'est la première fois depuis que je travaille ici que je vois ça.
FRANK (à Mlle Judical) : Qu'est-ce que vous comptez faire ?
Mlle Judical regarde Ursula.
MLLE JUDICAL : Ursula ! Arrêtez de jacasser et de remuer dans tous les sens et courez appeler mon avocat.
Puis elle se tourne vers Lacey.
MLLE JUDICAL (mauvaise) : Je suppose que vous êtes contente de ce qui arrive.
Lacey ne répond pas. Elle préfère tourner les talons et partir loin de Mlle Judical.
40 DANS L'APPARTEMENT DES LAYTON
Beth décroche le téléphone.
BETH : Beth Layton à l'appareil.
Derrière un bureau somptueux de la Banque Générale de Garden Place, se trouve un homme élégant, Basil Carlton en ligne avec Beth.
BASIL CARLTON : Mme Layton, bonjour. Ici Basil Carlton de la General Bank de Garden Place. Je me permet de vous appeler pour vous signaler que nous avons bien débité votre chèque de 8000 dollars.
Beth est abasourdi. Elle ne comprend pas.
BETH : Quel chèque ? Mais de quoi parler vous ? Je n'ai jamais fait un chèque d'un tel montant.
BASIL CARLTON : Je suis désolé Madame Layton, mais la comptabilité a bien débité un chèque de 800 dollars ce matin.
Beth réfléchit.
BASIL CARLTON : Je tenais à vous prévenir que votre compte affiche un débit de 3250 dollars. C'est certes fâcheux, mais comme vous êtes une bonne cliente, cela ne vous portera pas préjudice. Vous savez que notre banque consent des prêts très avantageux…
Pendant le discours de Carlton, Beth fronce les sourcils, regarde la petite table, et pense de suite à l'arrivée inopinée de Tim la dernière fois.
BETH (interrompant Carlton) : Je vous remercie de m'avoir prévenu, Monsieur Carlton. Je n'ai pas besoin d'un prêt. Transférer ce qu'il faut de mon plan d'épargne sur le compte et nous n'en parlerons plus. Merci.
Elle raccroche, tout en réfléchissant une nouvelle fois.
41 MAGASIN FX-SPE
Il est situé à Los Angeles. Il s'agit d'un grand magasin dont la devanture expose fièrement des monstres de tous genres.
A l'intérieur, un homme plutôt jeune (environ 22 ans) se tient devant le comptoir. Des monstres apocalyptiques sont dispersés un peu partout sur le comptoir et dans les rayons des magasins. On entend le "cling" de la porte d'entrée. Le jeune homme - il s'appelle Fred - lève la tête pour accueillir ses clients. Nous voyons alors apparaître Kelly, suivit de Menley et Frank. Ils vont jusqu'au comptoir.
FRED : Messieurs dames, bonjour. Je peux vous aider ?
FRANK : Nous souhaiterions parler au responsable du magasin.
FRED (souriant) : Vous l'avez devant vous.
Vu la tête que font nos trois amis, on devine qu'ils sont surpris de voir une personne aussi jeune à la tête d'une telle entreprise. Surprise passée, Menley déplie la facture et la montre au jeune Fred.
MENLEY : Cette facture vous dit quelque chose ?
Fred l'observe attentivement, puis regarde Menley. Son sourire a disparu pour laisser place à une certaine méfiance.
FRED : Pourquoi, il y a un problème ?
FRANK (qui se veut rassurant) : Non, non, pas du tout. En fait, la personne qui a commandé cela nous a fait une belle frousse, et nous voudrions faire de même à un de nos amis.
Kelly, depuis qu'elle est arrivée dans le magasin, n'a pas dit un mot et son regard est fuyant. Fred se détend.
FRED : Ah ! Je comprends. Oui, je me souviens du Monsieur qui est venu commander cela. C'était du bon boulot.
MENLEY : Le problème, c'est que ce déguisement, je ne l'ai pas vue. Et comme mon mari fait toujours d'une souris un éléphant, je préférerais entendre de votre bouche à quoi ressemble ce monstre.
Tous les trois sont suspendus aux lèvres de Fred.
FRED : C'est une de mes meilleures création : une sorte de monstre qui surgirait de nul part. Il fait très peur. (visiblement passionné, Fred joint des gestes à ses paroles) Il est hideux. Ses yeux sont blancs, mais il peuvent devenir rouge. Il possède un petit magnéto relié aux lumières des yeux. Quand le magnéto se met en route, les yeux clignotent. On dirait qu'il parle avec les yeux. C'est génial, non ?
Kelly commence à se sentir mal. Elle s'appuie contre le comptoir, près d'un Dracula plus vrai que nature.
MENLEY : Juste une chose encore, monsieur… ?
FRED : Fred
MENLEY : Monsieur Fred. Mon mari est moi avons fait un pari. Nous savons sur la facture que c'est Stuart Farris qui a payé, mais nous ne sommes pas sûr que c'est lui qui vous a passé cette commande. Pour moi, ce ne peut être que son frère. A moins qu'il ait passé commande par téléphone ?
FRED : Non, non. Je me souviens bien de l'homme qui est venu. C'était il y a un bon mois mais j'ai une mémoire d'éléphant. Il était grand, les cheveux noirs, très élégant.
Aucun doute possible, c'est la description de Stuart. Kelly n'en peut plus, elle quitte précipitamment le magasin.
FRED (d'un air innocent) : Elle n'aime pas les monstres ?
42 AU TRIBUNAL DE GARDEN PLACE, DANS LE BUREAU DU JUGE
Dans le bureau se tiennent trois avocats, le juge et Mlle Judical. Il y a l'avocat de Mlle Judical - Maître Penlock -, celui de Jillie - Maître Sulk - et le procureur général.
LE JUGE : Maître Penlock, que souhaitez vous au juste ?
PENLOCK : Nous avons constitués, Maître Sulk et moi-même, un dossier sur l'état de santé précaire de Mlle Perkins. Il se trouve que Jillie Perkins souffre d'alcoolisme. Son état est alarmant. C'est dans cet état qu'elle a renversée la jeune Siria…
LE PROCUREUR GENERAL (l'interrompant) : Laquelle est décédée suite à ses blessures.
PENLOCK : C'est faux, monsieur le Procureur. Siria est morte à la suite d'un caillot de sang qui s'est…
LE PROCUREUR (l'interrompant à nouveau) : Ce caillot, elle l'a eu à cause de l'accident…
LE JUGE : Ca suffit, messieurs, nous ne sommes pas à un procès ! Maître Penlock, continuez…
PENLOCK: Jillie Perkins est une femme qui n'a rien à se reprocher, si ce n'est son problème lié à l'alcool. Nous sommes persuadés, Maître Sulk qui la représente et moi-même, qu'elle a besoin d'aide et de soin en rapport à sa… maladie.
LE JUGE : Ou est Jillie Perkins ? Pourquoi n'est elle pas avec nous ?
MLLE JUDICAL : Elle est très affectée par le décès de Siria, Votre Honneur. Elle se repose chez moi.
LE JUGE : Que suggérez-vous alors ?
PENLOCK : D'abandonner les charges pesant sur Mlle Perkins ou plus précisément de commuer ses charges par une hospitalisation.
LE PROCUREUR (outré) : Votre Honneur, je m'y oppose totalement. C'est un scandale.
PENLOCK : Votre Honneur, j'ai la un dossier complet. Il démontre noir sur blanc que Jillie Perkins n'était pas dans son état normal lorsqu'elle a conduit la voiture, il y a aussi une déposition de l'inspecteur Follet, chargé de l'enquête, qui dit que la jeune Siria elle-même, sur son lit d'hôpital, lui a demandé d'abandonner les charges. Maria, la mère de Siria aussi, plaide en faveur de Jillie Perkins et de son internement dans un centre de désintoxication.
LE PROCUREUR : Votre Honneur, on n'a jamais vu ça de mémoire d'avocat…
LE JUGE : Et bien nous ferons jurisprudence, Maître. Les charges pesant contre Jillie Perkins sont abandonnées à la seule condition que la Mlle Perkins suive, dès aujourd'hui, une cure de désintoxication dans un centre spécialisé.
43 DANS L'APPARTEMENT DE TIM
Tim ouvre la porte et découvre une Beth en colère. Il est gêné.
TIM : Beth ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Je croyais que tu ne voulais plus me voir.
Beth entre sans y avoir été invitée.
BETH (en colère) : Ca t'arrangerais bien !... Comment tu as pu me faire une chose pareille, Tim O'Connell ? !
TIM : Mais de quoi tu parles ?
BETH : Oh, ne fais pas l'innocent. Je parle d'un chèque de 8000 dollars que je n'ai jamais signé !
TIM : Beth, calme toi. Tu vas rentrer chez toi et te faire une bonne tisane…
BETH : Tim. Je te dis que je suis au courant. Mais tu n'as donc rien dans le crâne ? Tu pensais que ces 8000 dollars passeraient comme ça. Tu n'es qu'un sale voleur, Tim. Tu me dégoûte.
TIM : Ecoute Beth. Ne m'en veux pas. Mais ma vie en dépendait. Je te rendrai ces 8000 dollars. Mille par mois, qu'est-ce que tu en dis ?
Tim sourit comme un gamin.
BETH : J'en dis que tu es complètement dingue. Je vais appeler la police.
TIM : Non, Beth, ne fais pas ça, je t'en prie. En souvenir du bon vieux temps, ne fais pas ça.
BETH : Il n'y a pas de bon vieux temps qui tienne Tim.
Un bref silence, puis :
BETH : Il y a une chose que tu peux faire et j'oublie cette histoire de 8000 dollars.
TIM (une lueur d'espoir dans les yeux) : Tout ce que tu voudras, ma chérie.
BETH : D'abord, ne m'appelle pas ma chérie. Venant de toi, ça me donne envie de vomir.
TIM : Alors, qu'est-ce que tu veux ?
BETH : Je veux que tu séduises Menley Weaver. Je veux qu'elle tombe dans tes bras. Je ne veux pas savoir comment tu vas t'y prendre, mais je veux que dans une semaine, la liaison entre Menley et Frank soit terminée, tu m'entends ? Une semaine. Et si je n'ai pas de résultat au bout de cette semaine, j'appelle les flics et je leur fait le coup de la pauvre femme qui s'est fait voler 8000 dollars. On tardera pas à voir que la signature sur le chèque n'est pas la mienne.
44 DANS L'APPARTEMENT DES FARRIS
Kelly entre dans l'appartement. Elle se tient la tête. Visiblement, elle a une migraine. Stuart arrive de la cuisine. Lorsqu'elle le voit, son regard est marqué par la peur. Stuart a un tablier tâché de sang, et une petite hachette dans la main, ce qui accentue le malaise de Kelly.
STUART : Kelly ! Te voilà enfin. Je me suis fait un sang d'encre à ton sujet. J'ai acheté un lapin tout à l'heure et je suis en train de le dépecer. Ca te dirait de le manger ce soir ?
KELLY : J'étais à Great Garden. Je me suis promenée.
Elle parle comme une automate.
STUART : Chérie, il faut que tu m'excuse pour hier soir. Je suis revenu très tard, mais il y a une raison. Un grand malheur est arrivé.
KELLY (intriguée) : Quoi donc ?
STUART : John Chapmann... Il est mort.
Kelly est au bord de l'évanouissement. Tout tourne autour d'elle. Menley et Frank avaient donc raison. Stuart, inquiet de la voir dans cet état, s'approche d'elle.
STUART : Kelly. Ca ne va pas ? Tu es blanche comme un cachet d'aspirine.
KELLY : C'est juste une petite migraine. Ca va passer.
Plus Stuart approche, plus Kelly a peur. Elle fait un pas en arrière. Puis elle se dirige vers la chambre en vacillant et lui dit, sans le regarder et tout en marchant :
KELLY : Je vais aller me reposer un instant. Tu n'as qu'à continuer ce que tu faisais.
Dans la chambre, Kelly referme la porte et s'appuie contre elle en soupirant. Puis, tremblante, elle entreprend de faire ses valises. Elle prend un sac de voyage, le jette sur le lit et y engouffre quelques vêtements en hâte. Pendant ce temps, elle entend les coups de hachette de Stuart qui s'acharne sur le pauvre lapin.
Précautionneusement, Kelly sort de la chambre et marche doucement, afin de ne pas faire de bruit. Elle porte son sac de voyage à une main. Elle regarde du côté de la cuisine. On entend toujours le bruit de la hachette. Elle traverse la pièce principale et se retrouve devant la porte d'entrée. On n'entend plus de bruit venant de la cuisine. Elle pose la main sur la clenche de la porte. Et à ce même moment :
STUART : Kelly ? Mais qu'est-ce que tu fais ?
Kelly se retourne et voit Stuart, l'air sévère. La jeune femme est morte de peur. Elle ouvre la porte d'entrée rapidement et cours dans le couloir.
Elle appuie sur le bouton de l'ascenseur. Par chance, l'ascenseur était à cet étage et la porte s'ouvre de suite. Stuart arrive sur le palier.
STUART : Kelly ! Reviens ! Ne fais pas l'enfant.
Il court jusqu'à l'ascenseur mais la porte se referme avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit.
STUART (criant) : Kelly !
45 SUITE DE MLLE JUDICAL
Nous retrouvons Jillie dans son fauteuil préféré. Elle ne bouge pas. Ne dis rien. Mlle Judical s'approche d'elle. Flora est en retrait. Le directrice se penche vers Jillie.
MLLE JUDICAL : Jillie. Ecoutez moi bien. Nous avons trouvés la meilleure solution pour vous. Vous irez beaucoup mieux après. Les charges ont été abandonnées Jillie, mais vous devez faire l'effort d'aller en clinique, vous m'entendez.
Jillie regarde Mlle Judical, l'air mauvais.
JILLIE : Je n'irais nulle part. Ce n'est pas vous qui allez m'y forcer.
MLLE JUDICAL : Vous êtes obligée d'y aller.
Quelqu'un sonne à la porte. Flora va ouvrir et fait entrer deux hommes en blanc. Lorsque Jillie les voit, elle panique. Elle se lève et se précipite contre le mur.
JILLIE : Non ! Non !
Mlle Judical est accablée par cette situation, de même que Flora.
MLLE JUDICAL : Je vous en prie, Jillie. C'est pour votre bien.
Mais Jillie semble terrorisée par ces hommes en blanc qui avancent vers elle.
UN DES HOMMES : Voyons, Mlle Perkins. Vous allez être bien chez nous, vous verrez.
JILLIE (hystérique) : Non, ne m'approchez pas ! Ne m'approchez pas !
Elle lève les bras comme pour se protéger. Les deux hommes arrivent à son niveau et attrapent Jillie. Elle se débat en criant.
JILLIE : Non ! Non !
Les deux hommes emmènent tant bien que mal Jillie vers la sortie. La jeune femme regarde Mlle Judical.
JILLIE : Ne me laissez pas avec eux ! non ! Ne me laissez pas avec eux.
Mlle Judical est totalement bouleversée. Flora va près d'elle.
Finalement, les deux hommes sortent de l'appartement avec Jillie, véritable furie. Mlle Judical et Flora entendent le cri déchirant de Jillie.
GÉNÉRIQUE DE FIN