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1 DEVANT GARDEN VIEW
La voiture de Stuart roule à vive allure dans une des rues de Garden Place. Elle emprunte l'allée de Garden View et disparaît dans le garage.
2 DANS L'APPARTEMENT DES FARRIS, QUELQUES INSTANTS PLUS TARD
Stuart prendre une douche. L'eau saccadée sur sa peau lui fait du bien. Il avait visiblement besoin de se détendre. Il ferme les yeux doucement et entend la sonnette de la porte d'entrée. Vêtu uniquement d'une serviette nouée à la taille, Stuart va ouvrir. Devant lui se dressent Lacey et Gil, un regard de reproche dans les yeux.
GIL : Stuart, mais bon sang, ou étais-tu passé ?
STUART : Je ne crois pas devoir te donner des explications.
LACEY : Où est Kelly ?
STUART : Elle n'est pas ici.
GIL : Où est-elle alors ?
STUART : Ecoutez, vous commencez sérieusement à me taper sur les nerfs.
LACEY : Stuart, hier, tu as kidnappé Kelly devant l'Unecain.
Stuart se met à rire.
STUART : Je n'ai pas kidnappé Kelly, voyons. Je voulais qu'elle vienne avec moi. Je me devais de lui parler, tu peux comprendre ça. J'en avais assez de passer pour le méchant à ses yeux et je voulais le lui expliquer.
GIL : Tu as une façon plutôt expéditive de régler tes affaires.
LACEY : Et ça ne nous dit pas où est Kelly.
STUART : Je sais que je n'ai pas à vous répondre, mais sachez que j'ai déposé Kelly chez son père et à sa demande.
GIL : Quand ?
STUART (il pousse un soupir) : Ce matin, vers les 6 h 00.
Lacey regarde sa montre.
LACEY : Ca fait deux heures maintenant.
STUART (exaspéré) : Oui. Et alors !
LACEY : Alors Ed Burnstein m'a téléphoné il y a dix minutes à peine depuis sa maison pour me demander si j'avais des nouvelles de Kelly.
STUART : Quoi ! Je ne comprends pas.
GIL : C'est simple Stuart. Kelly a une fois de plus disparu. Sauf que maintenant, nous connaissons l'identité de son kidnappeur.
GÉNÉRIQUE DE DÉBUT
SPECIAL GUEST STARS
3 DANS LA SALLE INTERDITE DE L'UNECAIN, À L'AUBE
Tim est couché sur un bureau tandis que Beth est assise, appuyée contre un mur. Tim dors, mais Beth a les yeux grands ouverts. Les cernes qu'elle porte sous les yeux prouvent qu'elle n'a pas dormi de la nuit. Elle est dans un piteux état. Tim se réveille doucement. Il s'étire et se redresse. Beth le regarde, l'œil mauvais et avec une expression de dédain.
BETH : Comment as-tu réussis à dormir ? !
Tim se lève et s'approche d'elle.
TIM : Tu ferais mieux de te lever. Nos geôliers vont bientôt arriver. Sois au moins décente lorsqu'ils viendront.
Il lui tend la main pour l'aider. Toujours aussi mauvaise, Beth refuse son aide et se lève doucement. Elle a mal partout. Lorsqu'elle est debout, elle vascille et se tient au mur. Ses cheveux sont ébouriffés et sa robe froissée.
BETH : Je t'interdis de m'approcher. Surtout ne pose plus jamais tes sales pattes sur moi, tu entends ?
TIM : Beth. On est dans la même galère. Pourquoi ne pas se comporter comme des êtres évolués ?
BETH (ricanant) : Un être évolué ? Toi ? Un triple idiot oui ! Tout ce qui vient d'arriver est ta faute.
TIM : Comment ça ma faute ? C'est bien toi qui m'a entraîner dans cette affaire, non ?
BETH : Oui. Et j'ai eu tort. Tu n'es capable de rien. Tu es vraiment un raté en tout point.
TIM : Tu veux que je te dise : c'est ta faute si on est enfermé ici.
BETH : Ma faute ! Non mais tu plaisantes.
TIM : A vouloir à tout prix récupérer ton mari, voilà ou ça nous a mené.
BETH : Si tu n'avais pas été aussi stupide, tu n'aurais pas engagé ce bon à rien de Charlie Memphis, et ils n'auraient rien su. Alors, je vais te dire une chose : je veux que tu laisses tomber ce que je t'ai demandé de faire à propos de la liaison de Menley et Frank. Parce que de toute façon, tu es trop idiot pour te faire apprécier par une femme, même par cette stupide Menley.
TIM : Je te signale que tu étais bien contente de te blottir dans mon lit à une certaine époque.
BETH : Si tu savais comme je le regrette !
Un silence, puis :
BETH : Je veux récupérer mon argent, Tim. Tu me dois 8000 dollars et tu as intérêt à me les rembourser le plus vite possible, parce que sinon…
TIM (la défiant) : Parce que sinon quoi ?
BETH : Sinon, je te fais passer le savon de ta vie. Je viendrais saisir pour 8000 dollars de meubles chez toi. Et comme je connais la valeur de tes meubles, je peux te dire que tu n'en auras plus aucun.
TIM : Espèce de sale garce !
BETH : Répète un peu ?
TIM : Sale garce ! Sale garce ! sale garce.
Tim et Beth sont tellement occupés à se disputer qu'ils n'ont pas entendu Frank et Menley ouvrir la porte. Frank se racle la gorge. Beth et Tim regardent vers eux.
FRANK : Alors ? On a bien dormi ?
Beth s'avance vers Frank avec de petits yeux méchants.
BETH : Toi… Tu vas me payer ça très cher, mon vieux. Je demande le divorce sur le champ et je vais te faire mordre la poussière, à toi et à ta petite morue.
Elle désigne de la tête Menley.
4 CABINET BURNSTEIN, DANS LE BUREAU DE STUART
Il entre dans la pièce et s'arrête brusquement lorsqu'il voit Ed, assis à son bureau.
STUART : Ed, mais qu'est-ce que…
Stuart n'a pas le temps de finir sa phrase. Ed se lève et se précipite sur lui en le prenant par le cou et en le plaquant contre le mur, à côté de la porte. Son visage, rouge, exprime la colère.
ED : Qu'avez-vous fait de ma fille ?
Il maintient toujours la pression sur Stuart. Mais Stuart, plus fort de le vieil homme, arrive à se dégager sans problème. Il reprend ses esprits.
STUART : Ed, je ne sais pas ce qui se passe en ce moment, mais je n'y comprends plus rien.
ED : Oh ! Ne jouez pas à ce jeu. Dites-moi où vous avez emmené ma fille, et je vous préviens, vous allez avoir la police aux fesses…
STUART : Ed, calmez vous. J'ignore où est Kelly. Je l'ai déposé chez vous ce matin, vers 6 h 00.
ED : Vous mentez Farris. Kelly n'est jamais revenue à la maison.
STUART : Je peux vous assurer que je l'ai moi-même déposée devant la porte.
ED : Il y avait quelqu'un pour confirmer vos dires ?
STUART : Non. A cette heure, vous deviez sans doute dormir, je n'ai vu personne.
ED : Comme par hasard ! Stuart, arrêtez de me prendre pour le dernier des imbéciles !
STUART : Mais Ed, je vous donne ma parole…
ED : Votre parole ne vaut rien à mes yeux. Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, mais je veux revoir ma fille.
STUART : Ed, bon sang. Vous me laissez une chance de m'expliquer, oui ou non ?
Ed ne répond pas. Stuart prend ce silence pour une affirmation.
STUART : J'ai peut-être exagéré hier, lorsque j'ai emmené Kelly de force dans ma voiture, mais je voulais absolument savoir pourquoi elle m'en voulait, vous comprenez ? Dans la voiture, nous avons longuement parlé. Kelly pense que je suis à l'origine de tous ses problèmes, que c'est moi qui lui veut du mal. J'ai eu beau essayé de lui dire que je n'y étais pour rien et que je l'aime, rien n'y a fait. Nous avons décidé de nous séparer définitivement. Et vers 6 h 00, je l'ai ramené chez vous.
Ed observe pendant un temps Stuart avant de dire, l'air mauvais.
ED : Je n'en crois pas un mot.
Stuart soupire, l'air découragé.
5 À GREAT GARDEN
Nanne et Lacey se promènent côte à côté. Nanne observe une Lacey plutôt triste.
NANNE : Comment va ta mère ?
LACEY : J'aimerai bien le savoir… Elle est partie.
NANNE : Déjà ! Mais elle venait à peine d'arriver.
LACEY : Je l'ai mise à la porte.
NANNE : Lacey !
LACEY : En fait, je le regrette. C'est quand même ma mère, même si elle a pas mal de défauts. Je ne lui ai pas laissé beaucoup de chances. (elle s'arrête et regarde Nanne) J'ai peur de ne plus la revoir.
NANNE : Le lien entre une mère et sa fille n'est jamais vraiment brisé. Je suis sûre que te la reverras.
LACEY : J'ai été très dure avec elle. Bon ! Assez parlé de moi. Dis moi plutôt comment tu vas.
NANNE : Tout va très bien pour moi en ce moment. (puis, après un silence) Stuart est venu me voir.
Lacey ne cache pas sa surprise. Elle regarde Nanne et s'arrête à nouveau.
LACEY : Tu plaisantes ! Et quand ?
NANNE : Le jour où ta mère a organisé sa petite fête.
LACEY : Qu'est-ce qu'il voulait ?
NANNE : Un soutien.
LACEY : J'espère que tu l'as envoyé ballader !
NANNE : Lacey, écoute… Je connais Stuart depuis que je suis à l'Unecain. Et toi aussi, tu le connais depuis pas mal de temps. Est-ce que tu peux croire qu'il ait fait du mal à Kelly ?
LACEY (songeuse) : Et Jason ? Lorsque tu sortais avec lui, est-ce que tu aurais pu t'imaginer qu'il t'aurait frappée et séquestrée ? On ne connaît jamais assez les gens, Nanne. C'est pour ça qu'il faut s'en méfier. Tu es encore très jeune et tu manques d'expérience, mais crois-moi, la vie n'est pas un dessin animé de Walt Disney.
6 DANS L'APPARTEMENT DE TIM
Charlie est devant la télé, bien installé sur un fauteuil confortable, avec une bouteille de bière à la main et un paquet de chips sur ses genoux. Il se délecte devant un dessin animé. Il prend une bonne poignée de chips et mord avidement, laissant une bonne partie à côté. Tim ouvre la porte d'entrée et entre dans le salon. Charlie se retourne. Il sourit.
CHARLIE : Salut vieille branche. T'as dormi dehors cette nuit ? J'espère qu'elle en valait le coup.
Charlie lui fait un clin d'œil entendu. Tim, de son côté, marche lentement vers Charlie, le regard mauvais. Le sourire de Charlie s'efface. Tim prend Charlie par le col de sa chemise et le force à se lever.
TIM : Charlie Memphis, tu vas quitter cet appartement et ma vie à tout jamais.
CHARLIE : A ta place, je ne ferais pas ça. N'oublie pas que je peux tout dire à Menley.
Tim tient toujours Charlie par le col et hausse la voix.
TIM : Menley sait tout, espère de triple imbécile ! Si tu n'avais pas voulu jouer double jeu, elle ne t'aurait pas vue avec Beth. Tu es vraiment la personne la plus stupide que j'ai rencontré de toute ma vie.
Charlie n'en mène pas large, maintenant qu'il ne peut plus faire chanter Tim.
CHARLIE : Mais, Tim… mon pote. On est potes, non ? Laisse moi t'expliquer… Je… Ce n'est pas ce que tu crois….
Pendant que Charlie tente vainement de s'expliquer, Tim, toujours par le col, l'emmène près de la porte et le met dehors. Il referme la porte et se frotte les mains comme pour dire : " bon débarras ".
7 À GARDEN HILL, AU RÉFECTOIRE
Le réfectoire est relativement grand, plutôt d'aspect sympathique. Il ressemble plus à une salle de restaurant qu'à une cantine. Les tables sont chacune occupées par six personnes. Jillie est avec Jessica et quatre autres filles.
Un infirmier, en blouse blanche, est chargé de surveiller l'ensemble des personnes attablées. Il est jeune, environ 25 ans, les cheveux blonds. Il n'arrête pas de regarder Jillie.
Jillie, elle, ne mange pas, préférant tracer des ronds avec sa fourchette dans la purée. Une des filles la regarde.
LA FILLE : T'as pas faim ?
JESSICA (moqueuse) : Non… C'est pas ça. C'est que notre compagnie n'est pas assez bien pour notre grande dame. C'est qu'elle vient de l'Unecain, Madame !
Les quatre filles émettent un sifflement. Mais elles sont faussement impressionnées. Jillie semble à cent lieux d'ici.
UNE AUTRE FILLE : Ben dis donc. L'Unecain. Moi j'ai jamais eu le droit de passer devant.
LA PREMIERE FILLE (moqueuse) : Tu t'ennuie après tes crayons et tes couleurs ?
JESSICA : Non, elle s'ennuie après la bouteille.
Les filles rient. Jillie sort de sa léthargie et regarde Jessica, sans aucune expression sur le visage. Sonny, l'infirmier, regarde toujours Jillie. Il s'approche du groupe.
SONNY : Qu'est-ce qui se passe ici ? Y a un problème ?
UNE DES FILLES : Oui, Sonny, un gros… Je n'arrive plus à respirer… J'ai besoin d'un bouche à bouche.
Elle tend les lèvres vers Sonny. Il faut dire qu'il est plutôt mignon. Les filles rient, à l'exception de Jillie et Jessica qui la regarde. Sonny ignore la remarque déplacée de la jeune fille (elle doit avoir seulement 19 ans), et regarde Jillie.
SONNY : Ca va mademoiselle ?
Jillie hoche la tête d'une manière peu assurée, puis se plonge à nouveau dans la contemplation de son assiette remplie.
8 DANS L'APPARTEMENT DE NANNE
Nanne est devant la porte de son appartement, Stuart en face d'elle. Elle est surprise de voir l'homme.
NANNE : Stuart, mais qu'est-ce que tu fais ici ?
STUART : Je t'en prie, Nanne. Laisse moi entrer. Il faut que tu m'aides.
Le ton est suppliant. Avec un soupir, Nanne s'écarte pour laisser passer Stuart.
NANNE : Je te préviens, je n'ai pas beaucoup de temps à te consacrer.
Stuart se retourne vers Nanne et va droit au but.
STUART : Nanne, tu es la seule personne dans ce monde qui me croit innocent. Je suis sûr qu'on fond de toi, tu sais que je n'ai rien fait.
NANNE : Stuart, dis moi ce que tu veux de moi.
STUART : Je veux que tu m'aides à découvrir la vérité sur ce qui se passe. Il y a un complot contre moi. Je vais être inculpé de meurtre. Ce n'est plus qu'une question de temps maintenant. Je ne veux pas aller pourrir des années en prison pour un crime que je n'ai pas commis.
NANNE : Mais je ne vois pas comment t'aider.
STUART : J'ai besoin d'un soutien moral, Nanne. Un soutien moral parce que sinon, je plonge.
Nanne regarde Stuart sans rien dire.
9 À GARDEN HILL
Jillie et Jessica sont couchées dans leur lit respectif. Si Jessica dort à poing fermés (elle ronfle même un peu), Jillie a les yeux grands ouverts. Nous la voyons dans les pénombre en train de se tourner et de se retourner. Ses yeux brillent. Elle se lève, enfile ses pantoufles et sort de la chambre pour aller dans la salle à manger réservée au personnel.
Il n'y a personne à cette heure avancée de la nuit. Jillie fouille les placards un à un, à la recherche d'une bouteille d'alcool. Soudain, la lumière s'allume. Jillie est prise en flagrant délit par Sonny, qui se tient devant elle. Il lui sourit, et lui montre une bouteille de vodka qu'il tient dans la main.
SONNY : C'est ça que vous cherchez ?
Comme hypnotisée par la bouteille, Jillie s'avance vers elle, les bras tendus. Elle ne dit rien. Elle arrive près de Sonny et lui arrache la bouteille des mains. Celui-ci sourit toujours. Elle enlève le bouchon en tremblant, et toujours tremblante, avale le liquide à pleine gorgées… pour le recracher tout de suite.
JILLIE : C'est de l'eau !
SONNY : Cette fois, c'est de l'eau. Mais la prochaine fois, il se peut que ce soit de la vraie et pure vodka… comme vous l'aimez.
JILLIE : Donnez-moi en. Je vous en prie… je… je paierai ce qu'il faut.
SONNY : Je veux bien t'en donner… mais ce n'est pas de l'argent que je veux.
Il lui caresse les cheveux en lui souriant, d'un air entendu. Jillie se détache et lui crache à la figure. Son sourire s'efface. Il essuie le crachat de la jeune femme.
SONNY : Tu viendras à moi un jour où l'autre ma belle. Parce que je sais que tu as besoin de boire, hein. Tu fais peut-être ta petite mijaurée maintenant, mais tu vas bientôt ramper devant moi pour une petite goutte de ce délicieux liquide.
Puis il quitte la pièce, laissant Jillie seule, en train de pleurer.
10 RETOUR CHEZ NANNE, DANS SA CUISINE
Stuart est assis en face de Nanne, un verre de bière dans la main, tandis que la jeune femme boit une tisane. Elle passe ses doigts dans les cheveux, comme elle le fait quand elle est fatiguée.
NANNE : Stuart, je suis fatiguée. On a tout revu en détail. Il est l'heure d'aller se coucher.
STUART : Bien. De toute façon, je vais me débrouiller pour aller chez FX-SPE, la boutique ou, paraît-il, j'ai acheté un costume d'extra terrestre pour faire peur à ma femme. Et on verra bien s'il se souvient vraiment de moi ou pas.
Quelqu'un sonne à la porte. Nanne se lève et ouvre la porte d'entrée. Follet et Track sont devant elle.
FOLLET : Mlle Bolevino. C'est un plaisir de vous revoir.
NANNE : Inspecteur ? Je peux savoir ce que vous venez faire ici ?
TRACK : Nous sommes venus voir si vous saviez où se trouve Stuart Farris, par hasard.
Stuart est à l'entrée de la pièce principale, mais personne ne peut le voir. D'autant plus que lorsqu'il s'aperçoit qu'il s'agit de Follet et Track, il se retranche encore plus derrière la porte qui donne sur la cuisine. Nanne a un mouvement de recul.
NANNE : Pourquoi ? Vous le cherchez ?
FOLLET : Il est impliqué dans le meurtre de John Chapmann et dans la disparition de sa femme.
NANNE : Vous allez l'inculper ?
TRACK : Mlle Bolevino, dites-nous simplement si vous savez où il est.
FOLLET : Sa voiture est sur le parking de Garden View, mais il n'est pas à son appartement.
On sent Nanne embarrassée, elle ne répond pas. Follet insiste.
FOLLET : Et bien, Mlle. Vous l'avez vu oui ou non ?
Stuart, près de la porte, n'en mène pas large.
11 LE SOIR, À GREAT GARDEN
Charlie déambule dans Great Garden, à la recherche d'une place pour dormir, maintenant que Tim l'a mis à la porte. Il regarde sans cesse le ciel et nous voyons qu'il observe la pleine lune. Il y a des bancs autour d'un parc. Il se met près d'un banc, puis regarde la lune. Il secoue la tête, va vers un autre banc, regarde à nouveau la lune et secoue la tête une nouvelle fois. Puis il va vers un troisième banc. Dans ce coin, il fait plus sombre qu'ailleurs, car les arbres près du banc cachent la lune. Il regarde à nouveau la lune, et cette fois, hoche la tête en souriant. Il s'assoit sur le banc et se lève immédiatement en entendant un cri de femme, mais aussi en voyant qu'il ne s'est pas vraiment assis sur le banc, mais sur quelque chose, ou plutôt sur quelqu'un. Ses yeux maintenant habitués à la pénombre, Charlie arrive à distinguer ce qu'il n'avait pas vu avant : un sac poubelle dans laquelle dort une femme, sur le banc. Il la regarde, hébété. La femme se lève et s'assoit sur le banc. C'est Sibella Calvin, la mère de Lacey. Elle se trouve dans la même situation que Charlie et n'a pas trouvée d'autre endroit que le jardin de Garden Place pour dormir. Sibella et Charlie ne se connaissent pas puisqu'ils ne se sont jamais croisés dans les couloirs de Garden View durant leur très bref séjour.
SIBELLA : Faites donc un peu attention où vous mettez votre popotin, Monsieur.
CHARLIE : Désolé, ma petite dame.
SIBELLA : Je n'ai que faire de vos excuses. Allez sur un autre banc, ce n'est pas ce qui manque ici. (elle fait un geste impatient) Allez… Allez…
CHARLIE : C'est que je n'aimerais pas trop, vous voyez. Je me base sur la position de la lune pour dormir. Il faut qu'elle soit bien en face de moi C'est une condition sine qua non pour dormir en toute tranquillité. Et votre banc, Madame, est vraiment le meilleur.
Sibella le considère d'un drôle d'œil.
SIBELLA : Votre maman ne vous a pas fini, vous.
CHARLIE : Quoi ?
SIBELLA (impatiente) : Allez sur l'autre banc, je suis sûre que dame Lune vous enverras ses plus beaux reflets. Et maintenant laissez-moi dormir tranquille.
CHARLIE : Mais…
Il regarde la lune. Il va sur l'autre banc et regarde à nouveau. Puis il fait une moue et revient près de Sibella. Cette dernière est replongée dans son sommeil. Charlie s'approche d'elle.
CHARLIE (doucement) : Madame ?
Pas de réponse. Il lui touche alors l'épaule et elle se réveille en sursaut. Elle le regarde d'un œil mauvais.
SIBELLA : Quoi encore ? !
CHARLIE : Vous n'êtes peut être pas sensible à la position de la lune. Moi si. Si ça ne vous dérange pas, pourriez-vous me laisser cette place ?
A nouveau, Sibella considère Charlie. Apparemment, elle le prend pour en fou et préfère ne pas discuter. Elle prend son sac en plastique et son sac poubelle qui la couvre, puis, tout en regardant Charlie, se lève et s'éloigne du banc pour aller sur un autre. Charlie considère son nouveau " lit " avec contentement, et s'y couche, ravi.
12 MAISON DES BURNSTEIN
La maison est plongée dans la pénombre. Tout est calme.
Dans la bibliothèque, Ed est vautré sur un fauteuil, accablé. La lumière n'est pas allumée et seule la lune éclaire la pièce. Brunia, La bonne, passe la tête par la porte de l'entrée.
BRUNIA : Monsieur ?
ED : Oui Brunia ?
BRUNIA : Il y a quelque chose que je puisse faire pour vous ?
ED : La seule chose que je veux Brunia, c'est savoir où se trouve ma fille.
Gênée, Brunia ne répond pas.
ED : Merci Brunia, vous pouvez rejoindre vos quartier.
BRUNIA : Bonne nuit, Monsieur.
Brunia s'en va et Ed pousse un soupir.
13 GREAT GARDEN, À L'AUBE
Les
oiseaux chantent et la caméra s'attarde sur le parc splendide avant de
s'intéresser aux bancs qui forment un rond autour d'un plan d'eau. C'est
là que Charlie et Sibella ont dormi.
Sibella est enfouie sous son sac en plastique. On la voit bouger
doucement. Charlie est sur le banc d'à côté, il sourit et s'étire.
Sibella se lève lentement. Ses traits tirés prouvent qu'elle a passé
une bien mauvaise nuit. Sa mine est défaite, sa bouche pâteuse et ses
cheveux totalement ébouriffés. Elle reprend ses esprits doucement, puis
regarde Charlie. Ce dernier lui sourit. Elle se détourne vivement,
faisant semblant de l'ignorer. Charlie sourit toujours.
CHARLIE : Belle journée, n'est-ce pas ?
Sibella ne répond pas. Rapidement, elle passe la main dans ses cheveux pour tenter de lui donner une forme convenable. Ce qui n'est guère réussit. Charlie sort de sa poche un peigne.
CHARLIE : Je vous le prête si vous voulez.
Sibella regarde Charlie et son peigne, et se détourne à nouveau. Charlie range son peigne en haussant les épaules.
CHARLIE (innocemment) : Vous avez ronflé cette nuit.
Cette remarque fait réagir l'ego de Sibella. Elle le regarde, choquée.
SIBELLA : Je ne ronfle jamais, Monsieur.
Charlie se lève et va vers Sibella. Il lui tend la main.
CHARLIE : Je m'appelle Charlie. Charlie Memphis.
Sibella ignore la main de Charlie et se lève à son tour.
SIBELLA : Et bien, Charlie Memphis. Je trouve que vous n'avez pas de bonnes manières. Je vous serais gré de ne plus m'importuner.
Et d'un pas peu assuré (elle est encore un peu endormie), elle s'en va, laissant Charlie sans voix.
SIBELLA (tout en marchant et pour elle) : Ronfler… Moi ronfler !
14 DANS L'APPARTEMENT DE NANNE
Nanne tend une tasse de café à Stuart. Il a passé la nuit sur le canapé ultra chic de la jeune femme.
NANNE : Tu as bien dormi ?
STUART : Non, pas du tout. Je me suis retourné dans tous les sens.
NANNE : Tu as fait un cauchemar ?
Elle s'assoit sur le fauteuil, en face de lui.
STUART : Je suis déjà en train de vivre un cauchemar, pas besoin de le rêver en plus.
NANNE : Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?
STUART : Tout mon possible pour retrouver l'assassin de John Chapmann et savoir où se trouve Kelly. Il faut aussi que j'aille voir le magasin d'effets spéciaux.
NANNE : Stuart, c'est de la folie. La police te recherche. Tu n'arrivera pas à faire un pas dehors sans tomber sur elle.
On sonne à la porte. Stuart se redresse brusquement.
NANNE : A la cuisine !
Stuart s'exécute et Nanne attend qu'il soit hors de vu pour ouvrir. C'est Menley.
MENLEY : Salut.
Nanne est gênée par l'intrusion.
NANNE : Menley ? !
MENLEY : Je suis venue te remercier pour l'excellent repas que tu nous a offert. C'était de la folie, mais c'était super.
Elle lui tend un panier fleuri. Nanne lui sourit.
NANNE : Menley ! Mais il ne fallait pas voyons.
Mais la gêne de Nanne se lit sur son visage. Menley fronce les sourcils.
MENLEY : Ca va au moins ?
NANNE : Oui… oui bien sûr. Je suis juste un peu étonnée.
MENLEY : Je te l'offre de bon cœur.
NANNE : Menley, il faut que tu m'excuses, mais j'ai encore pas mal de choses à faire avant le travail…
MENLEY : J'avais tout de même espérée voir ton nouvel intérieur. Gil m'a dit que tu as fait des folies.
NANNE : Oui… non… enfin… demain, si tu veux. Pour l'instant, je dois encore faire plein de choses.
Menley regarde à l'intérieur de l'appartement et voit une couverture sur le canapé.
MENLEY : Tu es sûre que ça va ?
NANNE : Oui, ca va. On se voit à l'Unecain, d'accord ?
Et elle referme la porte, le panier à la main. Elle pousse un soupir.
15 DANS LA SUITE JUDICAL
Mlle Judical descend les escaliers du deuxième étage et arrive dans la spacieuse pièce principale. Elle voit alors Joe Krueger. Ce dernier se lève du canapé ou il était installé pour la saluer.
MLLE JUDICAL : Joe Krueger ! Quelle surprise.
JOE : Je suis venu voir comment vous allez. Nous n'avons pas eu l'occasion de discuter tous les deux lors de la fête qu'à donné la mère de Lacey.
MLLE JUDICAL : Mémorable soirée, n'est-ce pas ?
JOE : Alors ? Comment allez-vous ?
MLLE JUDICAL : Vous le voyez : en pleine forme.
JOE : Avez-vous réfléchie à notre dernière conversation ?
MLLE JUDICAL : Vous voulez dire au fait que je m'investisse trop dans mon travail et pas assez dans ma vie privée ? Non. Je n'ai pas eu le temps. J'avais trop de travail.
Elle pouffe de rire et Joe comprend qu'elle plaisantait.
JOE : Que diriez-vous d'un bon petit déjeuner bien consistant ? Je vous invite.
MLLE JUDICAL : Ma foi... Je vais trouver une petite heure libre dans mon emploi du temps chargé pour la consacrer à déjeuner avec vous.
16 RETOUR À GREAT GARDEN
Sibella, son sac poubelle dans la main, marche le long d'un lac. Charlie la suit. Visiblement, Sibella n'a qu'une envie : se débarrasser de cet intrus qui la suit à la trace. Il voit à côté de lui un beau champs de violette qu'il montre du doigt.
CHARLIE : Oh ! regardez ces violettes. Elles sont magnifiques, vous ne trouvez pas ? Vous savez que je faisais du parfum de violette dans le temps. Dans mon village, tout le monde me l'achetait. Je faisais une fortune. Tenez, une fois, on m'a même demandé en mariage rien qu'à cause de mes parfums. Et une fois, j'ai même été…
SIBELLE (l'interrompant) : Oh, vous m'embêtez avec vos histoires à dormir debout. Je vous ai dit de me laisser tranquille.
Ils marchent toujours : elle devant et lui derrière.
CHARLIE : Oh, moi, je disais ça… Vous aimez les coquelicots ? Vous préférez peut être les roses…
SIBELLA : J'aime les roses et les coquelicots, mais je n'aime pas les gens qui me collent après comme vous le faites.
CHARLIE : Vous, vous êtes levée du pied gauche. Moi, je dis qu'il faut toujours se lever du droit si on veut passer une bonne journée.
SIBELLA : Si vous voulez que je passe une bonne journée, éloignez-vous de moi, et ça ira beaucoup mieux.
17 DANS L'APPARTEMENT DE TIM
Beth est avec lui. Elle regarde autour d'elle. En fait, elle observe les meubles, va même jusqu'à toucher le petit buffet, avec une moue. Une autre personne est avec elle. Il s'agit d'un homme petit et sans grand intérêt physique. Il a un bloc note dans la main, observe les meubles, et note. Tim, dans un coin, les observe.
TIM : Beth, qu'est-ce que tu fais ?
Voyant Beth faire la moue devant le buffet, le petit homme lui dit :
HOMME : Pas plus de 60 dollars.
BETH : Tu le vois bien Tim. Je t'avais laissé jusqu'à aujourd'hui pour me rembourser les 8000 dollars. Tu ne m'as rien versé, donc je viens prendre tes meubles.
TIM : Ce n'est pas légal, ce que tu fais là !
Beth rit.
BETH : C'est l'hôpital qui se moque de la charité, là. La façon dont tu m'as volé les 8000 dollars était encore moins légale.
TIM : Tu n'as pas le droit de faire ça, Beth.
BETH : Qu'est-ce que tu vas faire ? Hein ? Appelez la police ? Leur dire que je te prends tes meubles parce que tu m'as volé 8000 dollars ? Parce que tu as volé un chèque et que tu as imité ma signature ?
Le petit homme arrive près de Beth tout en écrivant sur son bloc note.
L'HOMME : Voilà, j'ai fait le compte. Pour arriver à 8000 dollars, vous devez prendre tous les meubles, à l'exception de la télévision et de la petite table basse.
TIM : Mais c'est de la folie ! Beth, tu vas pas me faire ça ? !
BETH : Le camion vient ce soir vers 18h00. Tâche d'être là.
18 À GARDEN HILL
Jillie se promène le long de l'allée centrale, bordée de merveilleuses et rares fleurs. Mais elle ne semble guère apprécier le site féerique de Garden Hill. Elle marche droit, sans but. Sonny la rejoint.
SONNY : Alors ma belle. On fait sa promenade ?
Jillie ne répond pas. Elle se contente de marcher.
SONNY : J'ai une super bouteille de vodka. Mais elle est dans ma chambre. Qu'est-ce que t'en dirais de boire quelques gorgées ?
Jillie le regarde, mais ne répond toujours pas.
SONNY : Si jamais tu as soif… (il profite qu'il n'y ait personne à l'horizon pour lui caresser la joue de sa main droite)…. Très soif… et si jamais tu es très gentille avec moi…
Jillie s'écarte de lui, avec dédain.
SONNY : Ma chambre est au dernier étage. Numéro 314. Je suis libre le soir. Et la bouteille de vodka est près du lit.
Tranquillement, Sonny reprend son chemin, laissant derrière lui la pauvre Jillie qui le regarde partir.
19 UNE RUE À GARDEN PLACE
Sibella,
toujours avec son sac de fortune dans les mains, se promène le long de
Garden High Street, la rue commerciale de Garden Place. Il y règne une
bonne ambiance. Les gens circulent joyeusement dans la grande rue, la
plupart avec des sacs remplis d'achats divers.
Sibella s'arrête devant une vitrine et regarde à travers la vitre, non
pas pour voir l'étalage de bibelots divers, mais pour se regarder. Elle
passe ses mains dans ses cheveux pour les aplatir. En arrière plan,
Sibella aperçoit une autre silhouette, celle de Charlie, qui sourit.
Sibella fronce les sourcils et se retourne vers lui.
SIBELLA : Encore vous ?
Tout en souriant, Charlie regarde à travers la vitre et montre du doigt un petit nain de jardin.
CHARLIE : Regardez ce beau petit nain. Il n'est pas magnifique ? J'en avais toute une collection quand j'étais plus jeune.
Il a un regard nostalgique sur le petit nain. Sibella le regarde d'un manière bizarre.
SIBELLA : Vous êtes vraiment bizarre comme type.
CHARLIE : Est-ce que je dois prendre ça pour un compliment ?
SIBELLA : Certainement pas !
Sibella reprend son chemin. Charlie la suit.
CHARLIE : Je ne connais même pas votre nom, Madame.
SIBELLA : Vous n'avez pas besoin de le connaître.
CHARLIE : Ecoutez, nous sommes dans la même situation tous les deux. Pourquoi ne pas faire un bout de chemin ensemble ?
SIBELLA : Nous ne sommes pas dans la même situation. Je ne suis pas une clocharde comme vous.
CHARLIE : Ah bon ? Et qu'est-ce que vous faisiez sur un banc cette nuit ?
SIBELLA : C'est une situation provisoire. Je dois aller retrouver sa sœur qui habite dans le Nevada. Je n'avais pas envie de payer l'hôtel. Il faisait tellement beau dehors.
CHARLIE : Vous avez tout à fait raison, ma chère. Il est toujours très important de rêver.
SIBELLA : Quoi ?
CHARLIE : Je veux dire qu'il est important, quand on est dans un cas désespéré, de s'inventer une sœur. Je pensais que vous auriez inventé un amoureux transit qui vous attend dans un état quelconque.
SIBELLA : Est-ce que vous êtes en train d'insinuer que je mens ?
CHARLIE : Non, pas du tout. Je pense que vous rêvez. Et c'est très bien comme ça. Le rêve fait partie de l'évasion.
Sibella s'arrête brusquement et regarde Charlie.
SIBELLA : Ecoutez Monsieur. Je vous interdit de me suivre. Nous n'avons rien à faire ensemble. Nous n'avons rien en commun et je ne vous aime pas. Je voudrais rester seule et vous m'importunez. Maintenant laissez-moi tranquille. Partez dans la direction opposée de la mienne. (elle fait un geste impatient). Allez… allez…
20 DANS L'APPARTEMENT DE MENLEY
Menley est debout devant la fenêtre, en petite tenue. Frank, également en tenu très légère, est allongé dans le lit. Il regarde Menley.
FRANK : Chérie, si tu venais un peu me réchauffer. Tu peux pas savoir comme il peut faire froid dans ce lit sans toi.
Mais Menley est tellement préoccupée qu'elle n'entend pas Frank.
FRANK : Menley ?
Menley ne répond pas. Cette fois, Frank se lève et va près d'elle. Il l'a prend affectueusement par la taille et regarde dans sa direction.
FRANK : Qu'est-ce qui peut bien attirer ton attention au point de ne pas répondre à mes demandes
Menley est en train de regarder par la fenêtre la voiture de Stuart. Elle croise les bras.
MENLEY : La voiture de Stuart est là depuis hier après-midi.
Elle se détourne de la fenêtre et marche vers l'armoire.
MENLEY : La police a un mandat d'arrêt contre lui, il n'est pas à son appartement. Il a disparu, mais sa voiture est toujours là. Tu ne trouves pas ça bizarre ?
FRANK : Qu'est-ce que tu es en train d'insinuer ?
MENLEY : Rien, simplement, je trouve ça bizarre, c'est tout. Stuart doit bien être quelque part, non ?
FRANK : Il est peut être parti à pied au garage le plus proche prendre une voiture d'occasion et fuir dans un autre Etat.
MENLEY : J'y ai pensé, mais le garage le plus proche est à cinq miles d'ici. Garden Place est peut être une grande ville, mais on l'aurait quand même remarqué… non, il y a autre chose.
FRANK : Tu crois que Stuart est caché dans son appartement ?
MENLEY : Frank, tu te souviens de la soirée qu'à donné Sibella ? Nous avions parlé de Stuart. Tu te rappelles des paroles de Nanne ?
FRANK : Nanne accordait le bénéfice du doute à Stuart.
Menley se tourne vivement vers Frank.
MENLEY : Je suis allée voir Nanne tout à l'heure, pour la remercier du déjeuner de la dernière fois, et elle a été plus que distante avec moi. J'ai voulu entrer pour voir son nouvel équipement, mais elle m'a fait comprendre qu'elle ne voulait pas de moi dans son appartement. Pourquoi ?
FRANK : Elle avait peut être des choses à faire.
MENLEY : Nanne est une très bonne fille. Une trop bonne fille même. Juste avant qu'elle ne referme la porte, j'ai remarqué qu'il y avait une couverture sur le canapé.
FRANK : Et…
MENLEY : Frank. Stuart est chez Nanne, j'en suis sûre.
21 SUR LE PAS DE LA PORTE DE L'APPARTEMENT DE NANNE
Nanne est face à Menley.
NANNE : Oui ?
MENLEY : Nanne, écoute. Laisse-moi entrer s'il te plaît.
NANNE : Menley, je suis fatiguée et j'ai mal à la tête.
MENLEY : Tu es sûre que ce n'est pas autre chose ?
NANNE : Menley, mais qu'est-ce que tu veux ?
Sans demander la permission à Nanne, elle entre.
MENLEY : Je veux t'empêcher de faire une bêtise.
NANNE : Menley, mais enfin. Tu es chez moi ici et je ne te permet pas…
Menley se dirige vers la porte qui mène à la chambre de Nanne. Cette dernière la suit.
NANNE : Menley ! Tu as perdu la tête ou quoi ?
Menley ouvre la porte, regarde un instant, puis se dirige vers la porte de la cuisine.
MENLEY : Je fais ça pour ton bien, Nanne. Ou est-il ?
NANNE : Je ne sais pas de quoi tu parles.
Menley ouvre la porte de la cuisine et s'arrête net. Stuart se trouve en face d'elle, l'air de quelqu'un qui vient d'être pris en faute.
Sans mot dire, Menley retourne dans la pièce principale, suivit de Nanne et de Stuart. Nanne est dans tous ses états. Menley prend le téléphone.
NANNE : Menley, non. Ne fais pas ça.
Stuart prend le combiné des mains de Menley.
STUART : Menley, s'il vous plaît. Écoutez-moi... Écoutez-moi... Je ne ferais pas ça à votre place.
MENLEY : Pourquoi ? Parce que sinon, vous allez me tuer, comme vous avez tué John Chapmann ? Ou vous allez me séquestrer, comme vous l'avez fait avec Kelly ?
STUART : Je n'ai pas tué John Chapmann et je ne sais pas où est Kelly.
MENLEY : Je ne vous crois pas, Stuart Farris. Vous êtes un fou dangereux.
Elle reprend le téléphone à Stuart et commence à composer le numéro.
NANNE : Non, Menley. Ecoute-le pour une fois. Ecoute-le !
Stuart coupe la communication à l'aide de son index. Menley le regarde.
MENLEY : Ou est Kelly ?
STUART : Puisque je vous dis que je n'en sais rien.
Nanne arrive près de Menley.
NANNE : Stuart n'est pas un assassin, Menley. Je suis sûre qu'il est victime d'un complot.
Menley regarde Stuart avec dédain.
MENLEY : Victime ! lui !
STUART : Menley, si vous appelez la police, Nanne risque de gros ennuis.
Menley regarde Nanne. Nanne porte son regard sur Stuart. Elle est un peu perdue, la pauvre.
STUART : Ce n'est rien Nanne. Je préfère m'en aller avant que tu n'aie des ennuis à cause d'elle.
Stuart quitte l'appartement. Nanne veut le retenir.
NANNE : Stuart !
Mais Stuart part. Nanne se tourne alors vers Menley. Menley a toujours le téléphone dans la main et regarde Nanne, ne sachant que faire.
22 CORONNELL STREET
Sibella arpente la rue, toujours avec la même allure excentrique. Cette fois, Charlie n'est plus derrière elle. Elle se promène tranquillement quand trois jeunes hommes d'une vingtaine d'années se plantent soudain devant elle. Elle s'arrête net. Sibella a devant elle des voyous de pure souche. Ils sont habillés de cuir et leurs vêtements sont plombés par des clous. Un des types a un percing sur le nez, un autre sur la lèvre et ne parlons pas du troisième, tellement tatoué qu'on ne voit plus sa peau.
Sibella a peur, mais n'en montre rien.
UN DES TYPES : Alors, Grand-Mère, on fait sa petite promenade, hein ?
Sibella est outrée du fait qu'on puisse l'appeler Grand-Mère.
SIBELLA : Laissez-moi passer, jeunes hommes. Et je vous interdit de m'appeler Grand-Mère.
Les trois jeunes rient.
LE DEUXIEME TYPE : Comment tu veux qu'on t'appelle alors ? Jeune fille ?
Nouvelle crise de rire. Sibella ne se démonte pas pour autant.
SIBELLA : Je vais vous apprendre à être poli avec les personnes plus âgés que vous, espèce de vauriens.
Et elle balance son sac poubelle, lui servant de valise, sur l'épaule du premier type. Celui-ci fait semblant d'avoir mal, puis rit de plus belle.
LE PREMIER TYPE : Mais c'est qu'elle est colérique, la mémé.
SIBELLA : Comment osez-vous m'appelez ainsi, garnement !
Et paf, un nouveau coup de sac poubelle, cette fois sur la tête. Le type est un peu sonné, et il ne rit plus. Il pointe un doigt méchant sur Sibella.
LE PREMIER TYPE : Eh Mémé, fais gaffe !
Cette fois, Sibella mesure bien le degré de danger et elle commence à se calmer.
SIBELLA : Excusez-moi. Je suis désolée d'avoir dû en arriver là, mais j'aimerais maintenant m'en aller… (elle fait un pas en avant, mais les types devant elle ne bougent pas d'un pouce)… s'il vous plaît, messieurs.
LE TATOUE : T'as fait du mal à mon pote. Tu peux pas partir comme ça.
Là, Sibella n'en mène pas large. Son visage se défait. Elle a vraiment peur maintenant.
SIBELLA : Je… écoutez, je n'ai pas d'argent sur moi.
Comme réponse, le deuxième type lui donne un petit coup de la main sur son épaule. Ce n'est pas grand chose, mais ça arrive à la déstabiliser. Elle se reprend néanmoins. Les trois jeunes l'encerclent, le sourire mauvais. Elle regarde dans tous les sens, apeurée. Elle cherche un moyen de sortir du cercle.
CHARLIE : Ca suffit maintenant !
Les trois jeunes se tournent, en même temps que Sibella, vers la voix.
CHARLIE : Qu'est-ce que vous fabriquez ? Vous êtes malade ou quoi ?
LE TATOUE : On veut juste un peu s'amuser, Monsieur Memphis.
Sibella n'en croit pas ses oreilles : le tatoué connaît le nom de Charlie.
SIBELLA : Monsieur Memphis ? !
CHARLIE (au tatoué) : Jack. Qu'est-ce que ta mère dirait si elle te voyait terroriser une pauvre vieille femme ?
SIBELLA (regardant Charlie et outrée qu'on puisse l'appeler pauvre vieille) : Pauvre vieille ! !
LE DEUXIEME TYPE : Oh allez, Monsieur Memphis, c'était juste pour rigoler un bon coup. On va rien lui faire, à la pauvre vieille.
SIBELLA (regardant le deuxième type et toujours aussi outrée) : Pauvre vieille ! !
CHARLIE : Allez, filez maintenant, et que je ne vous y reprenne plus, vous m'entendez. Sinon, je file voir vos parents.
Sibella, délivrer de son cercle, fonce vers Charlie, qui lui sourit. Elle ne sourit pas, au contraire, ses yeux sont plissés et ne forment plus qu'une fente.
SIBELLA : Pauvre vieille ! !
CHARLIE (embêté) : Je vous sens un peu vexée…
SIBELLA : Un peu vexée ! Un peu vexée ! En colère vous voulez dire ! Comment osez-vous me traiter ainsi devant… devant ces garnements ? Vous n'êtes qu'un malotru, Monsieur Memphis. Et d'abord qu'est-ce que vous faites ici ?
CHARLIE (offensé) : Je suis né dans ce quartier, Madame. Et je n'aime pas la façon dont vous me parlez. Je vous ai sauvé des griffes de ces voyous, et tout ce que vous trouvez à me dire, c'est méchant. Vous êtes sur mon territoire ici. Et puis d'abord, pour qui vous vous prenez à la fin ? Pour Lady Marmelade ? Pour la Reine d'Angleterre ? ! Si vous voulez un bon conseil, ne traînez pas dans Coronell Street, ma petite dame. Parce que vous risquez d'y perdre vos plumes.
Sibella est très offensée par les paroles de Charlie. Elle veut protester :
SIBELLA : Oh… ! oh… !
… mais n'arrive pas à parler. Tout ce qu'elle trouve de mieux à faire, c'est de hausser les épaules, de faire demi-tour et de partir.
23 RETOUR DANS L'APPARTEMENT DE TIM
Son attache case à la main, Tim entre dans son appartement et, triste, le contemple. Il est vide, mis à part une petite table et une chaise, dans un coin. La pièce est triste à voir. Tim s'avance doucement au milieu d'elle. La caméra offre une vue d'ensemble de la pièce vide, avec Tim au milieu, afin d'accentuer la sensation de désolation.
Il est maintenant dans la chambre, tout aussi vide. Il reste cependant une petite armoire et une table de chevet, mais le lit à disparu.
24 SUR LA TERRASSE DE " CHEZ BRONSKI "
Flora et Mlle Judical sont à une table. Il fait relativement beau et presque toutes les tables sont occupées. Mlle Judical semble perdue dans ses pensées.
FLORA : Quoi ?
MLLE JUDICAL : Qu'est-ce qu'il y a ?
FLORA : C'est à toi qu'il faut le demander, ma chère.
MLLE JUDICAL : Pourquoi ?
FLORA : Alice, tu n'as pas dit un seul mot depuis qu'on est assises sur cette terrasse, et en plus du as commandé un chocolat chaud. Et quand Alice Judical boit un chocolat chaud, c'est que quelque chose la tracasse, je me trompe ?
MLLE JUDICAL (en souriant) : On voit que tu me connais par cœur. Je ne peux rien te cacher, à toi !
FLORA : C'est Joe ?
MLLE JUDICAL : Qu'est-ce qui te fais dire ça ?
FLORA : Intuition féminine.
MLLE JUDICAL : Elle marche bien chez toi… Joe m'a demandé de venir passer quelques jours de vacances à Rome pour Noël.
FLORA (attendant la suite) : Et ? …
MLLE JUDICAL : Et c'est tout !
FLORA : Qu'est-ce que tu lui as répondu ?
MLLE JUDICAL : Qu'est-ce que tu voulais que je lui réponde ? J'ai beaucoup de travail…
FLORA : Alice ! Noël est un moment toujours particulier. Pourquoi tu n'accepte pas ? Tu as encore un bon mois avant les fêtes pour te mettre à jour dans ton travail.
MLLE JUDICAL : Tu veux que je parte avec Joe pour Noël et que je laisse ici ma meilleure amie….
FLORA : Ne pense pas à moi. Je peux très bien me débrouiller. Essaie un peu de penser à toi. Tu devrais accepter cette proposition. Après tout, ça ne t'engage à rien. Ce n'est pas parce que Joe veut t'emmener à Rome que tu vas l'épouser… Tu pourras ainsi mieux le connaître. Moi, je trouve cette idée géniale.
MLLE JUDICAL : Mais…
FLORA : Il n'y a pas de mais. Et surtout ne te fais pas de soucis pour moi. Je saurais m'occuper pendant les fêtes.
Mlle Judical lui sourit et la regarde avec tendresse. Flora ne peut pas la voir, mais sent la chaleur de son sourire et elle sourit à son tour.
25 À GARDEN HILL
Chris Garrett est assis à son bureau, sur son confortable fauteuil. En face de lui, assise sur une chaise, Jillie est nerveuse. Elle ne cesse de se tortiller les doigts.
CHRIS GARRETT : Jillie, arrêtez de vous tordre les doigts comme ça. Dites moi plutôt comment vous vous sentez.
JILLIE (mauvaise) : Certainement pas comme un coq en pâte… Je me sens comme une prisonnière à qui on refuse tout. On me prend pour une moins que rien. On me traite plus bas que terre.
CHRIS : C'est peut être parce que vous le voulez ainsi.
JILLIE : Ce que je veux, docteur Garrett, c'est sortir de cette prison dorée le plus vite possible.
CHRIS : Cela ne dépend que de vous Jillie.
JILLIE (amère) : Ouais, c'est ça !
CHRIS : Si vous persistez à avoir ce genre de comportement, comment voulez-vous vous en sortir ? Depuis que vous êtes à Garden Hill, vous n'avancez pas. Au contraire, j'ai l'impression que vous reculez davantage. Pourquoi ?
Jillie, très nerveuse, se lève et marche d'une allure vive dans le bureau.
JILLIE : Parce que j'en ai marre d'être ici ! Je suis constamment surveillée. Et puis je n'aime pas Jessica Reaset.
CHRIS : Votre compagne de chambre ?
JILLIE : Non, la reine d'Angleterre !
CHRIS : Essayez d'apprendre à connaître Jessica. C'est une brave femme qui a beaucoup souffert dans sa vie.
JILLIE : Elle n'a pas tué une pauvre et innocente fille, elle au moins.
CHRIS : Jillie. Arrêtez de vous culpabiliser. Dites vous que c'est du passé. Vous devez vivre avec, mais pas en faire une obsession. Cet événement tragique vous bloque dans votre évolution et vous ferme toutes les portes parce que vous n'arrivez pas à vivre avec.
L'air mauvais, Jillie s'approche du bureau de Chris, se penche et le regarde dans les yeux.
JILLIE : Vous essayez de prodiguer des conseils, assis bien confortablement dans votre fauteuil de ministre, mais vous n'avez aucune idée de ce que je peux endurer en ce moment. Vous n'avez aucune idée de la souffrance que je peux ressentir au fond de moi. Je suis morte de l'intérieur, docteur. Vous entendez…morte ! Vous, vous êtes vivant. Vous avez une belle petite vie bien tranquille. Le soir, vous allez rejoindre votre charmante épouse et vos bambins joufflus. Et nous ici, nous ne sommes que des cobayes qui justifient votre gros salaire.
CHRIS : C'est de l'envie que je vous inspire ?
JILLIE : La seule envie que vous m'inspirez, c'est celle de vomir.
Chris regarde Jillie, pas gêné pour le moins du monde. Puis il se lève.
CHRIS : La vie que vous décrivez… une petite vie bien tranquille, avec une famille, des enfants qui vous attends et pas de soucis, pas de tracas, pas de souffrance intérieure… cette petite vie Jillie, vous pouvez l'obtenir, vous pouvez y arriver et c'est pour cela que vous êtes ici. Nous vous offrons la chance de vous en sortir, de prendre une nouvelle direction dans votre vie. Songez-y. Ca vaut le coup, croyez-moi.
26 DANS L'APPARTEMENT DE NANNE
Menley est assise sur le canapé, Nanne en face d'elle. Elles ne se parlent pas. Menley est encore un peu en colère, ça se voit. Quant à Nanne, elle est gênée par la situation. Elle regarde Menley et finit par dire :
NANNE : Merci.
MENLEY : De quoi ?
NANNE : De ne pas avoir prévenu la police.
MENLEY : Je l'ai fait pour toi.
Menley se lève.
MENLEY : Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu protèges un assassin, Nanne. Et moi je ne vaut guère mieux puisque je suis maintenant impliquée dans tout ça.
NANNE : Menley, écoute… Je connais Stuart depuis longtemps… Je peux te dire qu'il n'a rien d'un assassin.
MENLEY : Jack l'éventreur avait le visage d'un enfant de cœur.
A son tour, Nanne se lève.
NANNE : Tu n'arrives pas à comprendre. Cette histoire est trop bancale. Si tu y réfléchis à plusieurs fois, il y a des choses qui clochent dans tout ça. Si tu me laissais le temps de t'expliquer…
Menley hésite un instant, puis lève les mains et se rassoit.
MENLEY : D'accord… d'accord… je t'écoute.
NANNE : D'abord il y a la disparition de Kelly, dans son appartement, le mois dernier. La porte était bloquée par une grosse armoire, et Stuart était à l'extérieur. Comment pouvait-il avoir…
MENLEY (l'interrompant) : Nanne, je pense que Stuart a un complice qui était déjà dans l'appartement le jour là. Il a dû se cacher quelque part pendant que nous y étions, puis il est partie avec Kelly lorsque le chemin était libre.
NANNE : Oui, mais alors quel intérêt avait-il a faire tout ce cirque ?
MENLEY : Il veut faire passer Kelly pour folle.
NANNE : Si c'est vraiment le cas, je ne crois pas que c'est comme ça qu'il aurait agit. Bon, le deuxième point, c'est le fameux déguisement d'extra terrestre commandé à Los Angeles. (Nanne bouge sur son fauteuil et se penche vers Menley). Menley, crois-tu que Stuart aurait délibérément laissé la facture de cet achat dans son secrétaire, à la vue de tous, et de sa femme en particulier… lui qui, selon toi, veut la rendre folle ? C'est de la pure folie pour un homme qui a de tels projets de laisser une preuve que sa femme n'est finalement pas folle. A la place de Stuart, j'aurais brûler la facture.
Nanne marque une pause pendant laquelle Menley semble réfléchir.
NANNE : Il y a trop de coïncidences dans toute cette affaire. Je suis persuadée que quelqu'un en veut à Stuart, suffisamment pour s'en prendre à sa femme.
MENLEY : Et John Chapmann ? Stuart avait intérêt à l'éliminer puisqu'il risquait de prendre sa place de président lors du départ à la retraite d'Ed Burnstein. Chapmann mort et Kelly dans un hôpital psychiatrique, plus de problèmes pour Stuart. Il a l'accès libre.
NANNE : Et tu crois qu'il aurait été assez stupide pour laisser le rendez-vous sur l'agenda de John ? Menley, Stuart est un excellent avocat, il connaît toutes les ficelles du métier. Jamais il n'aurait laissé une preuve aussi flagrante, voyons ! S'il avait réellement eu rendez-vous avec John Chapmann, il aurait effacé dans l'agenda électronique.
MENLEY : On ne pense pas toujours à tout.
NANNE : Moi si.
MENLEY : Que veux-tu dire ?
NANNE : Menley, j'ai peut-être un moyen de savoir si ce que j'avance est juste. Tu sais que j'ai fait l'acquisition d'un ordinateur récemment et j'ai bien étudié son mode d'emploi. Il faut que je me rende au Cabinet Burnstein pour regarder l'agenda de Chapmann, et je pourrai peut être prouver l'innocence de Stuart.
MENLEY : Je suppose que tu veux y aller incognito.
NANNE: Forcément. Tu viens avec moi ?
27 UN TERRAIN VAGUE À GARDEN PLACE, LE SOIR
Au beau milieu de ce terrain est implantée une grande tente de fortune. Il s'agit d'un abri pour les sans logement. A Garden Place, les nuits commencent à se rafraîchir et les SDF sont ravis de trouver refuge dans ce centre.
A l'intérieur, des lits sont installés en rang bien serré, comme dans un dortoir. Il y en a au moins une bonne trentaine. Certains sont occupés par des gens qui y dorment déjà. Charlie est assis sur un des lits.
SIBELLA : Salut.
Charlie lève les yeux et aperçoit Sibella, en train de lui faire un maigre sourire.
CHARLIE : Tiens, votre Majesté… Vous n'êtes pas repartie à Buckingham Palace ?
SIBELLA : Je suis venue voir comment vous allez.
CHARLIE : Pourquoi ne repartez-vous pas chez votre sœur, au Nevada ?
Sans y être invitée, Sibella s'assoit à côté de Charlie.
SIBELLA : Je n'ai pas plus de sœur au Nevada que de millions en banque. J'ai menti.
CHARLIE : Vous êtes seule, alors ?
SIBELLA (nostalgique) : Ma fille habite à Garden Place, mais elle m'a mise à la porte.
CHARLIE (compatissant) : C'est moche, ça.
Sibella lui tend un sac en papier.
SIBELLA : Tenez, c'est pour vous.
Dubitatif, Charlie regarde Sibella, puis se décide à prendre le paquet.
CHARLIE : C'est quoi ?
SIBELLA : Une crêpe au sucre. Elle est très bonne.
CHARLIE : Pourquoi vous faites ça pour moi ?
SIBELLA : Parce que j'avais envie de vous remercier d'avoir pris ma défense devant les trois gaillards, même si vous n'avez pas été très galant.
Charlie ouvre le sac et mord dans la crêpe.
CHARLIE : Mmmm, elle est délicieuse.
SIBELLA : Merci !
CHARLIE : Quoi ?
SIBELLA : C'est la moindre des choses de dire merci.
CHARLIE : Ah ouais, merci.
SIBELLA : Décidément, Charlie Memphis, vous êtes un drôle de type.
CHARLIE : Je sais que des fois, j'ai pas de bonnes manières, mais c'est pas ma faute, je suis comme ça.
SIBELLA : On peut toujours s'améliorer, non ?
CHARLIE : Vous savez, un arbre qui a poussé de travers, on arrive jamais à le redresser… vous restez ici ?
SIBELLA : Je n'ai pas trop le choix. Il commence à faire froid dehors.
CHARLIE : Ouais.
Les deux personnes n'ont plus grand chose à se dire.
SIBELLA : Bon.
Elle se lève. Charlie mord à bonne dose dans la crêpe.
CHARLIE : Vraiment délicieuse.
SIBELLA (pensant qu'il parle d'elle) : Pardon ?
CHARLIE : Je disais, vraiment délicieuse… la crêpe.
SIBELLA : Ah… bon… je vais aller rejoindre le coin des dames.
Elle fait un petit signe de la main et s'en va… Charlie lui sourit.
28 MAISON BURNSTEIN, DANS LE GRAND SALON
Ed est dans son fauteuil, un cigare à la main. Debout, en face de lui, se trouve un homme de corpulence moyenne, les cheveux noirs et les yeux sombres. Il est vêtu d'un jeans et d'un polo noir. Dennis Farlay - c'est son nom - prend des notes.
DENNIS FARLAY : Vous ne me donnez que peu de renseignements. J'aimerai en savoir plus.
ED : Moi aussi j'aimerai en savoir plus, c'est pour ça que je vous engage. Vous êtes le meilleur détective de la ville. Je veux que vous retrouviez ma fille, et aussi que vous mettez la main sur Stuart Farris. C'est lui qui l'a enlevée et il sait donc où elle se trouve. La police n'est pas capable de faire quelque chose, j'espère que vous parviendrez à m'aider et à aider ma fille.
FARLAY : Cette affaire est vraiment très étrange, M. Burnstein.
ED : Alors ? Vous acceptez ou non ? Je suis prêt à payer le prix fort.
FARLAY : La question n'est pas là, Monsieur.
ED : Il n'y a pas de questions du tout. Ou c'est oui, ou c'est non ?
Farlay hésite un instant, puis :
FARLAY : Cette affaire paraît compliqué… mais c'est un beau challenge.
Ed se lève. Il va dans une petite armoire et en retire une enveloppe épaisse.
ED : Parfait. (il tend l'enveloppe à Farlay) Voilà un acompte qui devrait vous satisfaire pour l'instant.
29 DANS L'APPARTEMENT DES LAYTON
Beth ouvre la porte à Tim. Elle soupire en le voyant. Visiblement, elle n'a pas envie de le voir.
BETH : Tim, mais qu'est-ce que tu veux ? Frank peut arriver d'un moment à l'autre.
Tim entre sans y avoir été invité.
BETH : Surtout fais comme chez toi !
TIM : Je voudrais au moins récupérer mon lit.
BETH : Hors de question. J'ai pris pour 8000 dollars de meubles. Soit encore heureux d'avoir toujours ton appartement.
TIM : Mais je ne peux pas dormir par terre, quand même !
BETH : Ils viennent d'ouvrir le centre pour les sans logement. Tu n'as qu'à dormir là-bas.
TIM (écœuré) : Qu'est-ce que tu peux être froide et sans cœur !
BETH : Et toi ? Dans quel état d'esprit tu étais, quand tu m'as volé cet argent ? !
TIM : Tu pourrais au moins me laisser une chance.
La porte d'entrée est restée entrouverte et Frank fait son apparition.
FRANK (jovial) : Salut. Je vous dérange, peut-être ?
Beth fait grise mine. Voir Tim chez elle ne va pas l'arranger dans son histoire de divorce. Elle décide de piquer Frank au vif.
BETH : Tiens, mais c'est Frank Layton ! Tu as déjà quitté ta traînée ce soir ?
FRANK : Venant de toi, plus rien ne me touche.
TIM (à Beth) : Je t'en prie, Beth. J'ai besoin du lit.
Frank regarde Beth sans comprendre. Elle est embarrassée.
FRANK : Du lit ?
BETH : Ce n'est pas du tout ce que tu crois.
FRANK : Mais je m'en fiche, Beth. Tu peux faire toutes les cochonneries que tu veux, du moment que tu me laisses tranquille.
BETH : Ne sois pas stupide, Frank. Tim n'a plus de lit et…
FRANK : Beth, je me fiche de tes explications.
Il entre dans l'appartement et emprunte l'escalier en colimaçon. Une fois qu'il est hors de vue, Beth regarde Tim d'un air méchant.
BETH : Tu n'es vraiment qu'un imbécile. Maintenant, à cause de toi, Frank va penser que tu voulais coucher avec moi.
TIM : Tu n'avais qu'à me rendre mon lit et rien de tout cela ne serait arrivé.
BETH : Oh, la ferme ! Maintenant fiche moi le camp. Je ne veux plus entendre parler de toi.
De rage, elle le pousse vers la sortie et ferme la porte violemment. Ensuite, elle se retourne et voit Frank, en bas des escaliers, qui lui sourit.
30 À GARDEN HILL, DANS LA CHAMBRE DE SONNY
La chambre de Sonny est vraiment quelconque. Un lit plutôt petit se trouve en coin. Il y a une armoire à côté et une commode en face. Les murs sont blancs et sans décoration. Sonny regarde des affaires dans un tiroir de la commode. Il est torse nu, ne portant que son pantalon d'infirmier. On toque à la porte. Il va ouvrir. Jillie, le regard perdu, est en face de lui. Il lui sourit.
SONNY : Je savais que tu viendrais.
Il lui fait signe d'entrer.
31 AU CABINET BURNSTEIN, DANS LA NUIT
Dans le bureau de John Chapmann, il fait sombre. Seule la lune et la petite lampe de poche que tient Nanne éclairent la pièce. Nanne est avec Menley.
MENLEY : Je ne sais pas si tu te rends compte, mais il s'agit d'une effraction. Ca peut coûter cher.
NANNE : Ca peut coûter cher à un innocent.
MENLEY : Sans parler du pauvre gardien de nuit que tu as soudoyé avec ton beau sourire. (Menley imite Nanne) " Oh, Monsieur, c'est si important… si M. Stranger n'a pas son dossier demain à la maison, il va me renvoyer, c'est sûr… ". Une actrice née, cette fille !
A l'aide d'une épingle à cheveux, Nanne réussit à ouvrir la porte du bureau de Chapmann.
MENLEY : On peut savoir ou tu as appris ça ?
NANNE : J'écris des romans policiers, pas des contes pour enfants.
Elles pénètrent doucement dans le bureau.
NANNE : Nous y voilà ! L'agenda est ici.
Nanne aperçoit, grâce à la lumière de la lampe de poche, un mini ordinateur portable sur la table du bureau.
MENLEY : Je ne comprends pas… Normalement, l'agenda devrait être mis sous scellé puisque c'est une pièce à conviction.
NANNE : C'est celui qui est chez John qui est sous scellé. Stuart m'a expliqué que chaque employé était obligé d'avoir un agenda électronique chez eux et un au bureau. Les deux sont synchronisés. Les données saisies au bureau sont directement transmis au domicile et vice versa.
Nanne s'assoit sur la chaise, près du bureau, ouvre le petit ordinateur, l'observe. Menley s'assoit sur le bureau, près d'elle, de façon à voir l'écran. Nous sommes toujours dans la pénombre et avec la lampe de poche, Nanne cherche le bouton qui permet d'allumer le micro ordinateur.
NANNE : Ou est-ce qu'il est, ce truc… Ah, voilà.
Elle appuie sur le bouton et l'ordinateur émet un petit bip. L'écran s'affiche. On voit le reflet de Nanne que renvoie l'écran. Ce reflet a quelque chose d'angoissant. D'ailleurs, l'air est angoissant. Normal, c'est la nuit et les deux femmes sont où elles ne devraient sans doute pas être. L'écran affiche MOT DE PASSE, puis un rectangle dans lequel se trouve le curseur. Nanne affiche sa déception.
NANNE : Mince. C'est bien ce que je pensais.
MENLEY : Quoi ?
NANNE : Il fonctionne avec un mot de passe.
MENLEY : Tu veux dire qu'on a fait tout ça pour rien ?
Nanne la regarde d'un air désolée.
NANNE : J'en ai bien peur.
MENLEY : Essaie son nom. C'est peut être ça le mot de passe.
NANNE : Faut pas rêver.
Elle tape sur le clavier " CHAPMANN " alors que sur l'écran, chaque lettre forme une astérisque. Puis elle valide et l'écran affiche alors " MOT DE PASSE INCORRECT ". Menley et Nanne sont découragées.
MENLEY : Je savais que c'était stupide de venir ici jouer les détectives en jupons en pleine nuit.
C'est alors qu'on entend un grand bruit. Quelque chose qui tombe dans une pièce à côté. Menley et Nanne sursautent, la peur au ventre.
NANNE : Qu'est-ce que c'est ? !
Menley se lève et se dirige doucement vers la porte.
NANNE (en murmurant) : Menley, où tu vas ?
MENLEY : Je vais voir d'où vient le bruit. C'est peut être un chat qui a fait tomber quelque chose.
NANNE : Menley ! On est pas dans un film à suspense. Il n'y a pas de chat dans un cabinet d'avocats.
MENLEY : Oui, bon. Tu suggères quoi, toi ? Te cacher jusqu'à demain matin ?
NANNE : C'est peut être une idée.
MENLEY : Reste ici. Je vais voir.
NANNE : Prends au moins la lampe de poche.
MENLEY : Pour me faire repérer, sûrement pas.
Avant de passer la porte, Menley regarde Nanne.
MENLEY : Tu nous as mis dans de beaux draps, toi.
Le bureau de John Chapmann donne directement sur celui de la secrétaire du cabinet, donc de la réception. Le bureau à côté est celui d'Ed et l'autre celui de Stuart. On dirait que Menley marche sur des œufs. En face du bureau de Stuart se trouvent les archives. Et la porte est ouverte, mais il n'y a pas de lumière. Menley, doucement, arrive près de la porte. Peu rassurée, elle entre dans la pièce.
Des dossiers volumineux sont étalés sur le sol. La fenêtre est ouverte et fait courant d'air. Les dossiers sont tombés et Menley fait le rapprochement avec le courant d'air. Soulagée, elle entre dans la pièce pour aller fermer la fenêtre, au moment où quelqu'un la saisit par le cou. Elle hurle.
Toujours assise sur la chaise, dans le bureau de Chapmann, Nanne a entendu le cri de Menley. Elle se lève brusquement, envahie par la terreur.
NANNE : Oh, Mon Dieu ! !
Sans réfléchir, elle saisit un coupe papier sur le bureau et se précipite hors du bureau.
Et notre vaillante Nanne, armée du coupe papier, avance à petits pas.
NANNE : Menley ? Menley !
Sa voix tremble. Elle commence à pleurer. Elle entend alors du bruit dans la salle des archives. Doucement, elle s'y dirige, et regarde à l'intérieur. A ce même moment, la lumière de la salle des archives s'allume, l'aveuglant.
32 APPARTEMENT DE LACEY, DANS SA CHAMBRE, LA NUIT
Le réveil affiche 1 h 10 du matin. Il fait nuit dans la chambre, éclairée seulement par la lune. Lacey dort tandis que le téléphone sonne. Elle murmure et se retourne, mais la sonnerie du téléphone persiste. Doucement, et en soupirant, elle appuie sur l'interrupteur. Une lumière d'ambiance rougeâtre s'allume. Lacey se redresse avec peine, les yeux rougis par la fatigue. Elle décroche le combiné.
LACEY : Ouais.
UNE FEMME : Lacey ?
Lacey se redresse soudain très vite, ses yeux s'agrandissent. Plus question de dormir pour elle maintenant. Elle ne dormira plus de la nuit certainement. Elle a reconnu la voix au bout du fil.
LACEY : Kelly ! Mon Dieu Kelly, mais où es-tu ? Tout le monde te cherche partout.
KELLY : Je… je… j'ai téléphoné à la maison… personne ne répond…
LACEY : Kelly, calme toi ma chérie. Dis moi simplement où tu es et je viens te chercher, d'accord ?
KELLY : Je… je sais pas où… Je… Lacey… il est revenu.
LACEY : Qui ? Qui est revenu Kelly ? Stuart ?
Il commence à y avoir des grésillements sur la ligne. La voix de Kelly se fait de plus en plus faible.
KELLY : J'ai peur… il est là… Il est revenu me voir.
LACEY : Kelly. Stuart est avec toi ? Dis-moi où…
Mais la ligne émet des bips signifiant qu'on a été coupée.
LACEY : Kelly ? Kelly ! ?
33 RETOUR AUX ARCHIVES DU CABINET BURNSTEIN
Nanne soupire et lâche le coupe papier. Menley est avec Stuart et la regarde.
NANNE : Stuart ! Mon Dieu, mais qu'est-ce que tu fais ici ?
STUART : Je pourrais vous poser la même question.
NANNE : Je suis venue voir l'agenda de John Chapmann.
Stuart regarde Nanne et a un signe de tête vers Menley.
STUART : Et elle ? Qu'est-ce qu'elle fait là ?
MENLEY : Nanne m'a entraînée dans toute cette affaire. J'ai presque cru que vous n'étiez pas responsable de la mort de John Chapman et de la disparition de Kelly, mais maintenant, vu la façon dont vous m'avez agrippé, j'en doute.
STUART : Je pensais qu'il s'agissait d'un cambrioleur, c'est tout.
MENLEY : Je ne vous crois pas du tout. Vous êtes vraiment un menteur né.
STUART (élevant la voix) : Et vous une fouille merde.
MENLEY (élevant également la voix) : Pas une fouille merde. Je cherche la vérité, c'est tout.
STUART : Pourquoi chercher la vérité puisque vous êtes persuadée que je suis coupable ! ?
MENLEY : Oui, vous avez raison, je vais appeler la police. Cette histoire a assez durée. Dites-nous maintenant où est Kelly.
STUART : Puisque je vous dis que je ne sais pas où elle est.
MENLEY : Vous continuez à mentir.
NANNE (criant) : Ca suffit maintenant !!!!
Stuart et Menley s'arrêtent net et regardent Nanne.
NANNE : Vous vous comportez vraiment comme deux gamins en bas âge. Moi, j'ai des choses plus importantes à faire. Il faut que j'arrive à accéder à l'agenda de John Chapmann. Stuart, tu connais le mot de passe ?
MENLEY : Moi j'aimerais surtout savoir ce que Stuart fait ici, dans les archives du Cabinet.
STUART : Je cherchais quelque chose qui pourrait éventuellement m'aider à convaincre les gens bornés (il insiste sur le mot borné, pour bien faire comprendre à Menley qu'il parle d'elle) que je suis innocent.
MENLEY : Vous êtes tellement menteur que vous arrivez à vous persuader de vos propres mensonges.
Stuart ne répond pas. Il se contente d'aller prendre un dossier sur une étagère et la montre à Menley.
NANNE : Qu'est-ce que c'est ?
MENLEY (qui lit) : Le procès Guillemin contre Ferault.
STUART : Le procès du siècle pour le cabinet. J'aurais dû en avoir la charge et à la dernière minute, mon cher beau père a donné l'affaire à Chapmann.
NANNE : Et ?
STUART : Le procès a été gagné… mais dans l'illégalité la plus complète. Je viens de m'apercevoir qu'il apparaît des noms bidons. John Chapmann a payé des témoins pour témoigner en faveur de notre client.
MENLEY : Et comment vous voyez ça ?
Stuart montre à Menley tout une pile de dossier.
STUART : J'ai passé tout l'après-midi à compulser ces vieux dossiers. Chaque témoins est minutieusement fiché. Sauf les témoins du procès Guillemin contre Ferault qui, soit dit en passant, a rapporté plusieurs millions de dollars au cabinet.
NANNE : Tu penses que John Chapmann faisait chanter Ed à ce sujet ?
MENLEY : Tout ça n'est que pure hypothèse. Si ça se trouve, la secrétaire n'a pas bien fait son travail et a oublié de ficher les témoins.
STUART : Menley, vous êtes vraiment une tête dure. Ces témoins n'existent pas.
NANNE : Bon. Stuart. Allons voir notre agenda. On va peut être trouvé quelque chose. Tu as le mot de passe ?
STUART : Oui, bien sûr.
34 RETOUR DANS LA CHAMBRE DE SONNY, A GARDEN HILL
Sonny dort au côté de Jillie. Il ronfle. Jillie a le regard vide d'expression, mais des larmes coulent de ses joues. La caméra descend et nous montre la bouteille de vodka, à moitié vide, par terre. Jillie s'assoit, prend la bouteille et ingurgite une bonne dose d'alcool.
35 DANS LE BUREAU DE JOHN CHAPMANN
Nanne est assise près du bureau, devant l'écran de l'agenda électronique. Menley et Stuart l'entourent. Nanne regarde Stuart, l'air surpris.
NANNE : Quoi ? !
STUART : Ewing. C'est le mot de passe… John était un fan de Dallas.
Nanne tape le mot " EWING " sur le clavier et clique sur Entrée. Nous voyons alors le menu principal de l'agenda. Elle clique avec la souris sur " rendez-vous ". Apparaît alors un agenda. Nanne clique sur le bouton droit de la souris. Une boite de dialogue apparaît. Menley et Stuart la regarde faire, religieusement. Nanne clique sur " Propriété " dans la boite de dialogue.
Nous voyons Nanne, éclairée par l'écran de l'ordinateur. Elle affiche alors un sourire triomphant.
NANNE : Bingo !
MENLEY : Quoi ?
NANNE : Stuart. Quand John Chapmann est-il mort ?
STUART : Le 14 de ce mois.
NANNE : C'est bien ce que je pensais. Regarde un peu... Dernière modification : le… 15 novembre !
MENLEY : Ca veut dire que…
NANNE : Ca veut dire que quelqu'un a utilisé l'agenda de Chapmann le lendemain de sa mort ! Sûrement pour y inscrire le pseudo rendez-vous avec Stuart.
Menley regarde Stuart, dans la pénombre.
NANNE : Stuart. Qui, à part toi et Chapmann a accès au mot de passe ?
STUART : Jenny, notre secrétaire et… Ed !
NANNE : C'est clair, Ed Burnstein a tué Chapmann parce qu'il le faisait chanter à propos des faux témoins, et il a voulu te faire accuser…
Et brusquement, alors que personne ne s'y attend, la lumière s'allume, diffusant une clarté éblouissante qui choquent nos trois amis. Ils clignent des yeux et regardent en face d'eux :
Ed Burnstein se trouve sur le pas de la porte d'entrée du bureau de John Chapmann. Il sourit et applaudit doucement des deux mains, devant Stuart, Nanne et Menley, incrédules.
GÉNÉRIQUE DE FIN