1  DANS L'APPARTEMENT DE GIL

Une main qui frappe violemment contre la porte d'entrée de l'appartement.

A l'intérieur; l'horloge ancienne placée près de la porte d'entrée sonne les cinq heures. La pièce est plongée dans l'obscurité. On entend toujours le martèlement de la main contre la porte. Quelques instants après, la lumière s'allume et l'on voit Gil, en pyjama, qui se frotte les yeux. Ses cheveux sont ébouriffés et il ne marche pas droit lorsqu'il se dirige vers l'entrée. Les coups à la porte commencent sérieusement à l'énerver.

GIL : Voilà, voilà, j'arrive !…

Il ouvre la porte et tombe nez à nez devant Lacey, la mine défaite. Gil, lui, est inquiet de voir son amie si tôt devant sa porte.

GIL : Lacey ! Qu'est-ce qui se passe ?

LACEY : Excuse moi, mais je n'arrivais pas à dormir.

GIL : Et alors tu t'es dit : " si je ne peux pas dormir, je vais embêter mon vieil ami ", c'est ça ?

Lacey entre dans l'appartement.

LACEY : C'est plus sérieux que ça, crois-moi. Il s'agit de Kelly.

GIL : Ils l'ont retrouvé ?

LACEY : Non. Elle m'a téléphoné cette nuit.

GIL : Quoi ?

LACEY : Elle a appelé. Je crois qu'il devait être deux heures, quelque chose comme ça.

GIL : Et qu'est-ce qu'elle a dit ? Où est-ce qu'elle est ?

LACEY : Où elle est, je l'ignore… et quand à ce qu'elle a dit, ce n'était pas très clair. Elle a dit : " il est revenu ".

GIL (attendant la suite) : Et ?…

LACEY : Et la communication a été coupé.

GIL : Tu as prévenu la police.

LACEY : Bien sûr, dès que j'ai eu l'appel… mais ils ne peuvent rien faire. J'ai essayé de voir si on pouvait détecter l'appel, mais apparemment, ça ne marche pas comme ça. (elle ajoute, d'un ton plaintif) Oh Gil, je m'en veux, si tu savais, je m'en veux de ne pas avoir su quoi lui dire…

GIL : Ce n'est pas ta faute…

LACEY : Bien sûr que si. Kelly m'a appelé moi… Elle me faisait confiance parce que j'ai senti qu'elle avait besoin d'aide… Je n'ai pas réussi à la garder en ligne.

 

 2  À GARDEN HILL, À L'AUBE

Jillie se réveille doucement. Elle a mal à la tête. Une douleur lacinante. Dégoûtée, elle regarde à ses côtés Sonny en train de ronfler. Elle se lève doucement, son mal de tête est encore plus intense quand elle est debout. A petits pas, elle se dirige vers la porte de sortie de la chambre.

Une fois sortie de la chambre, Jillie referme la porte doucement pour ne pas réveiller Sonny. Ensuite, elle s'appuie contre le mur et soupire.

A côté du lit de Jessica, sur la table de chevet, le réveil indique 5 h 08. Jillie arrive doucement, et, une fois près de son lit, s'y couche. Elle regarde Jessica. Celle-ci lui tourne le dos. En fait, elle fait semblant de dormir, car elle a les yeux grands ouverts.

 

 3  AU CABINET BURNSTEIN, DANS LE BUREAU DE STUART, À L'AUBE

Menley, Nanne, Stuart et Ed sont dans la pièce. Il y règne une cacophonie pas croyable. Chacun veut s'expliquer et l'un crie plus fort que l'autre. Les phrases se superposent :

MENLEY : J'y comprend plus rien.

STUART (à Ed) : Espèce de sale connard. Assassin…

ED (à Stuart) : Je n'ai tué personne…

STUART : Vous avez falsifié son agenda…

ED (à Stuart) : Parce que vous l'avez tué et vous avez enlevé ma fille. C'était un bon moyen de faire justice.

STUART : Ne parlez pas de justice…

Nanne, près du bureau de Stuart, prend le presse papier et le fait claquer sur le même bureau. Les feuilles éparpillées se soulèvent et le bruit fait taire les protagonistes qui regardent Nanne.

NANNE : Est-ce qu'on ne pourrait pas se comporter comme des gens civilisés et parler calmement ?

Mais Nanne n'est pas écoutée. Au contraire. Il ne faut pas longtemps pour que la cacophonie reprenne. Chacun se fait des reproches, du style :

MENLEY (à Ed) : Vous n'aviez aucun droit d'agir de la sorte, vous risquez gros.

ED : Vous, on ne vous a rien demandé. Restez en dehors de ça.

STUART : Je vous promet que vous allez payer très cher ce que vous avez fait.

La conversation est hachée, chacun interrompant l'autre, c'est à peine si on arrive à suivre.

MENLEY : Vous avez bien trompé votre monde en faisant croire à la culpabilité de Stuart.

ED : Je voulais qu'il paye pour ce qu'il a fait. C'est lui qui a tué Chapmann, je voulais simplement que l'enquête aille plus vite, c'est tout.

STUART : Et Kelly ? Qu'est-ce que vous avez fait de Kelly ?

MENLEY : Mais c'est de la fraude. Vous irez en prison.

ED : Et vous, pour qui vous prenez vous. Vous croyez que pénétrer la nuit par infraction dans un bureau, c'est un jeu pour enfant de chœur ? Vous aussi risquez gros.

MENLEY : Et bien, c'est simple. (Menley se dirige vers le téléphone et décroche le combiné). J'en ai assez de tergiverser sur tout ça. On a qu'à appeler la police, et on verra bien qui ira en prison.

 

 3  AU POSTE DE POLICE

Menley est assise sur un banc, faisant la moue. A ses côtés, Nanne, les bras croisées, fait mauvaise figure. Stuart, quant à lui, regarde en l'air, et enfin Ed, plus en retrait sur le même banc, soupire. La caméra fait un zoom arrière pour agrandir le champ et l'on voit alors quelques personnes, des prostitués et des voyous de bas quartier, certains debouts, d'autres sur des banquettes. Pendant ce temps. La caméra zoom encore plus en arrière et, le clou du spectacle, nous apercevons les barreaux. Plus aucun doute pour nous : nos 4 protagonistes sont en prison !

 

 GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 4  AU POSTE DE POLICE, DANS LE BUREAU DES INTERROGATOIRES

Follet est assis à la table, en face de Stuart. Track est debout.

STUART : Je voulais essayer de vous prouver que je ne suis pas coupable du meurtre de John Chapmann et que je n'ai fait aucun mal à Kelly. Et je crois y avoir réussit. Surtout grâce à Nanne Bolevino.

L'image de Stuart se substitue à celle de Nanne qui est maintenant à la place de Stuart.

NANNE : Je pensais bien faire. Je reste persuadée que Stuart est innocent. J'ai voulu l'aider dans sa démarche. Ce n'était pas malin de ma part d'entrer par effraction et encore moins malin d'entraîner Menley dans mon histoire.

L'image de Nanne se substitue à Menley. Cette fois, c'est elle qui est à la place de Nanne.

MENLEY : J'ai suivi Nanne de mon propre gré. Il faut savoir que je suis très affectée par cette histoire. Je suis arrivée depuis peu à Garden Place, mais j'apprécie énormément Kelly et je veux savoir qui lui fait du mal. J'ai cru longtemps que son mari Stuart était impliqué dans cette affaire, mais maintenant que je sais que Ed Burnstein a falsifié l'agenda électronique de John Chapmann pour faire croire que Stuart avait rendez-vous avec lui le jour de sa mort…

L'image de Menley se substitue à Ed.

ED : Il fallait que cette affaire se termine le plus rapidement possible, vous comprenez. Stuart Farris est un meurtrier, un psychopathe et c'est surtout le mari de ma fille. Je voulais qu'il aille en prison le plus rapidement possible afin que Kelly puisse être le plus possible éloignée de lui.

Ed Burnstein se substitue à Menley Weaver.

MENLEY : Je crois qu'Ed Burnstein a tué John Chapmann…

L'image de Menley se substitue à celle d'Ed Burnstein.

ED : Je n'ai pas tué John Chapmann. C'est Stuart qui l'a tué, j'en suis sûr… c'est lui que vous devez arrêter.

L'image d'Ed se substitue à Menley Weaver.

MENLEY : Ed est proche de la retraite. Il voulait que Kelly prenne sa place au Cabinet Burnstein. Il a tout fait pour faire accuser Stuart des enlèvements de Kelly et de la mort de son collègue.

L'image de Menley se substitue à Ed Burnstein.

ED : Stuart Farris est un sale arriviste. Il est avide de pouvoir. Il savait très bien qu'une fois mon départ à la retraite effective, je donnerais les rênes à John et pas à lui. Il ne l'a pas supporté. Il est capable de n'importe quoi pour arriver à ses fins… même de tuer.

L'image d'Ed se substitue à celle de Stuart.

STUART : Demandez lui de vous fournir des explications sur les faux témoins de l'affaire …

L'image de Stuart se substitue à celle d'Ed.

ED : Je ne me suis jamais procuré de faux témoins. Si effectivement Stuart à raison au sujet de cette affaire, je peux vous assurer que je ne suis pas du tout au courant.

L'image d'Ed se substitue à celle de Stuart.

STUART (ironique) : Pas au courant ? Ed ? Ce type fout son grain de sel partout au Cabinet. Il sait même le nombre de fois que sa secrétaire va aux toilettes dans une journée !

L'image de Stuart se substitue à celle de Nanne.

NANNE : Stuart est innocent, vous ne pouvez pas l'inculper. Vous feriez une grave erreur.

L'image de Nanne se substitue à celle d'Ed.

ED : Stuart est coupable, j'en mettrais ma main à couper.

L'image d'Ed se substitue à celle de Menley.

MENLEY : Je suis sûre qu'Ed Burnstein est coupable.

 

 5  À GARDEN PLACE, DEVANT LA TENTE DES SANS-ABRIS

Plusieurs personnes quittent la tente. Il fait jour maintenant. Le soleil est présent, mais tout de même, il ne doit pas faire si chaud que ça.Charlie s'étire. Sibella sort de la tente et le cherche. Elle s'approche de lui.

SIBELLA : Salut.

Charlie se retourne vers elle et sourit.

CHARLIE : Bonjour… Sorella, c'est ça ?

Sibella hausse les épaules.

SIBELLA : Et en plus, vous n'avez pas de mémoire. Sibella. Je m'appelle Sibella.

CHARLIE : Bien dormi, Sibella ?

SIBELLA : Ma foi, ce n'était pas le Waldorf Astoria, mais le lit de camp était plutôt moelleux.

Charlie ne répond pas. Il regarde les alentours.

SIBELLA : Qu'est-ce que vous comptez faire, aujourd'hui ?

CHARLIE : J'en sais rien. Sans doute me balader à droite à gauche.

SIBELLA : On pourrait peut-être faire un bout de chemin ensemble, qu'est-ce que vous en dites ?

Charlie considère Sibella d'un drôle d'œil.

CHARLIE : Vous êtes sûre ? Hier, vous m'aviez donné l'impression que j'avais la peste. Vous étiez tellement en colère contre moi que le déclenchement de la bombe atomique aurait fait moins de bruit.

SIBELLA : Vous exagérez. D'accord, je n'ai pas été très sympathique hier. Mais vous m'avez quand même sortie des griffes de ces voyous. Je vous dois beaucoup.

Peu bavard, Charlie ne répond toujours pas et se contente de regarder aux alentours. Sibella, impatiente, l'observe.

SIBELLA : Alors ?

CHARLIE : Alors quoi ?

SIBELLA : Vous voulez qu'on fasse un bout de chemin ensemble ou pas ?

CHARLIE : Ouais… ouais bien sûr. Si vous voulez.

SIBELLA : Charlie. Ca fait cinq minutes que j'essaie de vous le faire comprendre.

CHARLIE : Alors allons-y.

SIBELLA (l'air interrogateur) : Où ?

CHARLIE : Ben faire un bout de chemin ensemble.

Et Charlie commence à avancer. Cette fois, c'est Sibella qui le suit, toujours avec son sac en plastique à la main.

 

 6  À GARDEN HILL, DANS LE JARDIN

Jillie est assise sur un banc. Jessica vient s'y asseoir.

JESSICA : Tu permets ?

Elle ne laisse pas à Jillie le temps de répondre et la voilà déjà assise. Jillie évite son regard.

JESSICA : On peut savoir où tu étais cette nuit ?

Pour la première fois, Jillie tourne la tête vers elle.

JILLIE : Je ne vois pas où tu veux en venir.

JESSICA : Tu n'as pas passé la nuit dans la chambre.

JILLIE : Et alors ? T'es ma surveillante ou quoi ?

Jessica secoue la tête.

JESSICA : T'as encore une fois rien compris, Perkins. J'ai pas envie d'avoir des ennuis à cause de toi. Et je voudrais pas que tu fasses des conneries, t'entends ?

Jillie se lève.

JILLIE : Je ne vois pas de quel droit tu te permets de me dire ça. Ce n'est sûrement pas toi qui va me faire la morale ici et me montrer ce que je dois faire.

JESSICA : Pour l'instant, tu ne sais pas ce que tu dois faire. Tu vois pas que t'es complètement paumée en ce moment ? Ta tête est tellement remplie de choses négatives que tu n'arrives même plus à penser rationnellement.

Jessica se lève et lui fait face.

JESSICA : Tu devrais parler au docteur Garrett, t'en as un grand besoin.

Puis Jessica s'éloigne et Jillie la regarde partir.

 

 7  LA RECEPTION DU POSTE DE POLICE

Comme toujours, il règne une certaine agitation à la réception du poste de police. Frank et Gil entrent et regardent autour d'eux. Frank attrape Gil par le bras et lui fait un signe en directin de Nanne, qui sort d'un bureau, l'air fatigué. Elle est suivie de Menley et de Stuart. Frank et Gil courent vers eux.

GIL : Nanne !

Frank prend Menley dans ses bras. Stuart reste à l'écart.

FRANK (à Menley) : On peut savoir ce qui t'as pris ?

NANNE : C'est ma faute, Frank. C'est moi qui l'ai entraîné dans cette aventure.

FRANK (regardant Menley) : Menley ne se laisse jamais entraîner dans une aventure. Elle y court toujours de plein gré.

MENLEY : Frank a raison, Nanne. Ne te rends pas responsable.

GIL : Moi, j'aimerais bien savoir ce qui se passe et pourquoi vous êtes ici.

MENLEY : C'est une longue histoire.

Gil considère alors Stuart d'un œil soupçonneux.

GIL : C'est à cause de lui ?

STUART (à Gil) : Toujours aussi aimable, à ce que je vois.

MENLEY : Non. Ce n'est pas à cause de Stuart.

NANNE : La police nous a relâché nous trois après un sacré blâme et une promesse de ne plus rien faire pour entraver leur enquête.

MENLEY : Oui. Et Ed Burnstein est encore sous les barreaux.

FRANK : Quoi ? Ed ? Mais pourquoi ?

STUART : Il a été inculpé parce qu'il a fabriqué de fausses preuves pour me faire accuser. Sa caution sera élevée et j'espère que personne ne la paiera. Qu'il pourrisse en prison.

Gil s'avance vers Stuart.

GIL : Stuart, il faut que je te dise… Lacey a reçu un appel de Kelly cette nuit.

Le visage de Stuart reprend vie.

 

 8  TERRE PLEIN À GARDEN PLACE

Charlie et Sibella sont seuls. D'un côté, on aperçoit de haut building, probablement Los Angeles et de l'autre côté, les montagnes. Charlie a allumé un feu et fait griller un gros poisson.

SIBELLA :Félicitations.

CHARLIE : Pourquoi ?

SIBELLA : Pour le poisson. Vous êtes un excellent pêcheur.

Charlie est triste. Tout en surveillant son poisson, son esprit semble être ailleurs. Sibella fronce les sourcils.

SIBELLA : Quelque chose ne va pas ?

CHARLIE : Ce poisson me fait penser à bien des choses, vous savez.

SIBELLA : Vous voulez en parler ?

CHARLIE : A quoi bon. Tout cela, c'est du passé.

SIBELLA : Ca peut vous aider à le surpasser, non ?

CHARLIE : Et bien, lorsque j'étais marié, j'allais presque tous les dimanches à la pêche avec mon garçon.

SIBELLA : Vous avez un fils ?

CHARLIE (levant la tête vers Sibella) : Si vous continuez à m'interrompre, j'arriverais jamais à terminer. (un bref silence, puis : ) Bon. Ah, c'était vraiment génial, vous savez. On allait sur le lac du Michigan et on restait des heures et des heures à attendre le poisson. C'était magique. On ne se parlait pas beaucoup, mais on avait pas besoin de ça. Un clin d'œil suffisait à se comprendre.

Lorsqu'il raconte son passé, Charlie est vraiment nostalgique.

SIBELLA : Ou est votre fils, maintenant ?

CHARLIE (embarrassé) : Je n'aime pas parler de ça…

SIBELLA : Ca vous fait peur ?

CHARLIE : Mal plutôt. Il y a vingt ans de cela, mon fils est ma femme sont morts dans un accident d'avion.

SIBELLA (choquée) : Oh, je suis désolée… vraiment…

CHARLIE : Pourquoi vous êtes désolée ? C'était pas votre faute. On devait partir à New York pour aller voir un ballet. Teresa adorait le ballet. On pouvait faire des kilomètres et des kilomètres pour voir un ballet. Elle était ballerine, vous savez. Une grande ballerine. Elle dansait formidablement bien. C'était une fée sur scène. Et dans la vie aussi. Mais cette fois, on s'était disputés, pour une chose sans importance, comme toujours, et je lui avais dit de partir seule avec notre fils parce que je voulais me retrouver seul… Teresa et Jim sont partis… et ne sont plus jamais revenus.

Sibella, à l'écoute de cette confession, a les larmes aux yeux. Charlie lève un regard triste vers Sibella.

CHARLIE : Ils me manquent tellement des fois.

 

 9  UNE RUE À GARDEN PLACE

Charlie et Sibella marchent tranquillement dans la rue calme.

CHARLIE : J'étais anéanti. Je ne vivais que pour eux, vous comprenez. Et ils m'avaient été enlevé. J'étais mort de chagrin. J'en ai perdu mon travail, et le goût de vivre. Je me suis retrouvé seul, et sans le sou. Et voilà où j'ai atterri. Coronell Street, le taudis de Garden Place.

SIBELLA : Vous n'avez pas remonté la pente, depuis.

CHARLIE : Vous savez, lorsque vous perdez tout et que vous vous retrouvez dans la rue, vous tombez dans un engrenage infernal dont vous n'arrivez plus à vous dépatouiller. Impossible de retrouver du travail, un logement. Alors qu'est-ce qu'on fait pour survivre ? Des petits larcins, puis après des plus gros larcins…

Un petit silence, puis :

CHARLIE : Allez, assez parler de moi et de mes malheurs. Parlons plutôt de vous. Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? A part dormir sur les bancs de Great Garden et écouter un vieux radoteur comme moi ?

SIBELLA : Je suis voyante. C'est de ça que je vis, normalement.

CHARLIE (intéressé) : Vraiment ? Et vous voyez quoi pour moi.

SIBELLA (riant) : On ne voit pas les choses comme ça, en claquant des doigts. Vous savez, la voyance, je parle de la vraie, c'est plutôt un ressenti profond. Je vois une personne et mon intérieur me dit ce qu'elle a et ce qui ne va pas en elle, son problème si vous préférez. Alors je lui donne des conseils. Je lui dit comment je vois son avenir, et c'est à elle de voir si elle veut changer pour pouvoir justement changer l'avenir prédit. C'est un peu compliqué peut être, mais c'est vraiment extraordinaire de pouvoir faire cela.

CHARLIE : Et bien, on dirait que vous êtes une passionnée dans ce domaine. Je vais voir ce que je peux faire pour vous, alors.

 

 10  MAISON BURNSTEIN, LE JOUR

Dans l'imposante bâtisse d'Ed Burnstein, il y règne le calme le plus complet.

Ed entre par la porte d'entrée. Son visage est triste et fatigué. Il lève la tête et a la grande surprise de voir Kelly. Son visage alors s'illumine. Kelly vient près de lui.

ED : Kelly, ma chérie. (il l'embrasse). Je me suis fait un sang d'encre pour toi. Où Stuart t'as caché, dis-moi.

KELLY : Ce n'est pas Stuart Papa. Écoute, je préfère ne pas discuter de tout cela maintenant, tu veux bien ? Dis moi plutôt ce que tu faisais en prison. J'ai dû payer 50000 dollars de caution pour te faire sortir.

ED : C'est une longue histoire, ma chérie, tu sais. Je ne suis pas très fier de ce que j'ai fait. Maintenant, je le regrette. Mais je l'ai fait pour toi.

KELLY : Tu as fait quoi, Papa ?

ED : Je… bon. De toute façon, tu vas le savoir un jour ou l'autre. Autant que ce soit moi qui te l'apprenne. J'ai falsifié l'agenda électronique de John Chapmann.

KELLY : Quoi ! ? Et pourquoi ?

Le silence d'Ed fait comprendre à Kelly la situation.

KELLY : Oh Mon Dieu… tu voulais faire accuser Stuart du meurtre…

ED : Il a tué Chapmann. Je voulais simplement qu'il…

KELLY (l'interrompant) : Mais comment as-tu pu faire une chose pareille ? C'est ignoble…

ED (gêné) : Chérie, écoute…

Il tend une main vers elle, mais Kelly se retourne et se précipite vers les escaliers. Arrivée aux pieds de ceux-ci, elle se tourne vers son père.

KELLY : Je ne te reconnais plus. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi tu as fait une telle chose.

Soudain, Kelly est prise d'un petit vertige. Elle se tient le front. Elle a mal à la tête. Ed fait un pas en avant.

ED : Est-ce que ça va ?

Kelly reprend ses esprits.

KELLY : Oui. J'ai juste un peu mal à la tête, c'est tout. C'est passé maintenant.

 

 11  À GARDEN HILL

Chris Garrett est à son bureau, en train d'écrire. L'Interphone se met à sonner. Il appuie sur le bouton.

CHRIS : Oui Chloé ?

CHLOE (dans l'Interphone) : Mlle Judical est ici.

CHRIS : Très bien, faites-la entrer.

Chris pousse un soupir et met de côté le travail qu'il était en train de faire. Mlle Judical entre dans la pièce. Chris se lève et lui serre la main.

CHRIS : Mlle Judical. Je suis ravi de vous rencontrer. Asseyez-vous, je vous prie. Je vous ai fait venir parce que je me fais du soucis à propos de Mlle Perkins.

MLLE JUDICAL : Comment va-t-elle ?

CHRIS : Pas très bien. En fait, elle ne fait aucun effort pour surmonter ses problèmes. Au contraire, on a presque l'impression qu'elle s'y complaît. Lors de nos séances, c'est à peine si elle ne me traite pas de monstre sanguinolent prêt à lui sauter dessus. De plus, elle est irascible avec les autres patientes. Parfois, elle se terre dans un coin et ne parle à personne. Et de temps en temps, elle sort de sa coquille, mais uniquement pour attaquer.

MLLE JUDICAL : Ce que vous me dites là n'est pas très optimiste.

CHRIS : Non. En fait, je crois que Jillie n'a pas fait ses adieux à l'alcool. Elle en recherche continuellement.

MLLE JUDICAL (l'air triste) : Je vois. Et qu'est-ce que je peux faire ?

CHRIS : Je ne sais pas si on peut faire grand chose. Il faut à Jillie un déclic. La volonté de s'en sortir doit venir d'elle même et non des autres. Allez lui parler, elle a sans doute besoin de quelqu'un qui la connaisse bien. Observez-la et ensuite, vous me direz ce que vous en pensez.

 

 12  DANS LE JARDIN DE GARDEN HILL, UN PEU PLUS TARD

Jillie est sur le même banc que la dernière fois. Elle fixe un point au loin. Mlle Judical regarde à droite et gauche pour la chercher. Elle la voit finalement et parvient à elle.

MLLE JUDICAL : Jillie. Bonjour.

Jillie lève la tête vers Mlle Judical. La directrice de l'Unecain s'assoie à ses côtés.

MLLE JUDICAL : Comment allez-vous ?

Jillie ne répond pas. Elle regarde à nouveau devant elle. Mlle Judical fouille dans son sac.

MLLE JUDICAL : Je vous ai apporté des gâteaux qu'à fait Flora. Je sais que vous les adorez.

Elle tend le sachet à Jillie, mais cette dernière ne réagit pas. Mlle Judical pose alors le sachet à côté.

MLLE JUDICAL : Jillie. Je sais que c'est dur en ce moment pour vous. Mais il faut me faire confiance. Tout ira mieux dans quelques temps. Vous souffrez beaucoup en ce moment. C'est une souffrance terrible, mais vous ne devez pas baisser les bras. Vous ne pouvez pas vous réfugier constamment dans l'alcool pour fuir vos problème, parce que l'alcool EST un problème. Un problème supplémentaire. Vous pensez tout pouvoir oublier en buvant, mais la mémoire refait toujours surface, avec la gueule de bois en plus, et c'est encore plus de souffrance que vous vous infligez. (Jillie commence à avoir les larmes aux yeux). Soyez patiente, et coopérante. Le docteur Garrett est là pour vous aidez, n'oubliez jamais ça, Jillie.

Mlle Judical regarde Jillie. Elle a toujours les yeux rivés devant elle.

MLLE JUDICAL : Bon. Puisque vous n'avez rien à dire, je m'en vais.

Elle se lève. Alors Jillie se tourne vers elle et murmure :

JILLIE : Ne me laissez pas tomber.

Mlle Judical se retourne. Jillie pleure.

JILLIE : Ne me laissez pas tomber s'il vous plaît. Je… je ne sais plus où j'en suis. J'ai besoin de vous. Je vous en prie. Ne me laissez pas…

 

 13  APPARTEMENT DES LAYTON, DANS LA CUISINE

Frank se sert un jus d'orange tandis que Beth, attablée, lit le journal.

BETH : Tu n'es pas avec ta petite poule, aujourd'hui ?

FRANK : Toujours aussi aimable.

BETH : Je ne sais pas, moi. D'habitude, tu es toujours flanqué avec elle. Tu ne peux même pas aller aux toilettes sans elle. Et aujourd'hui…

FRANK : Ne t'inquiète pas pour ça. Aujourd'hui, Menley remplace Kelly à l'Unecain.

BETH : Ah, je vois, c'est une grande bosseuse par dessus le marché.

Frank frappe son verre vide contre la table de travail et regarde Beth.

FRANK : Qu'est-ce que tu veux ? Tu ne peux pas me ficher la paix trente secondes ? C'est trop te demander ?

BETH : Oh, ta paix, tu vas l'avoir, et plus vite que tu ne le crois.

FRANK : Que Dieu t'entende.

BETH : Que le tribunal m'entende, plutôt ! Je viens de changer d'avocat. Je ne suis plus chez Burnstein. Attends-toi donc à avoir très vite des nouvelles de la procédure de divorce.

 

 14  AU CABINET BURSTEIN, DANS LE BUREAU D'ED

Ed est devant son bureau, une pile de lettre devant lui. Il les consulte rapidement, l'air effaré. Jenny, la secrétaire du cabinet, arrive dans le bureau, une bonne pile de lettres dans la main.

ED : C'est incroyable, Jenny. Nous courrons à notre perte.

JENNY : Et ce n'est pas fini.

Elle pose la pile de lettre sur la table.

ED : Ne me dites pas…

JENNY : Si. Le courrier vient d'arriver et nous avons reçu pas moins de quinze lettres de résiliation.

ED : C'est impossible ! Ils ne peuvent pas nous faire ça !

JENNY : Je suis désolée, Monsieur.

STUART : Désolée de quoi, Jenny ?

Jenny et Ed se tournent vers Stuart, qui se trouve sur le pas de la porte. Il entre. Ed ne fait pas bonne figure en le voyant.

STUART : On peut savoir ce qui se passe ?

ED : Je viens de faire les comptes, Stuart. Nous venons de perdre en une semaine 80 % de nos clients.

STUART : Et la faute à qui ?

ED : Nous ne sommes pas la pour chercher à qui est la faute. Je crois qu'il faut maintenant se serrer les coudes pour trouver le moyen de se sortir de ce merdier.

JENNY : Vous avez une idée ?

ED : Jenny, apportez-moi la liste complète des clients qui ne veulent plus de nous. Je vais essayer de les récupérer comme je peux. (il regarde Stuart) Vous comptez m'aidez ?

Stuart hausse les épaules.

 

 15  À L'HÔPITAL, DANS LE BUREAU DE MISSY PARKS

Kelly est assise en face du bureau du psychiatre. Missie prend des notes, ses grosses lunettes sur le nez.

MISSIE PARKS : Vous avez vos maux de tête depuis combien de temps ?

KELLY : Je ne sais pas… un mois peut-être… deux…. Docteur, qu'est-ce qui se passe avec moi ?

MISSIE : Je vais vous prescrire un examen complet pour voir si vous n'avez rien de physique.

KELLY : Vous pensez que mon mal est psychique ?

MISSIE : Kelly. Vous ne vous souvenez vraiment plus de ce qui est arrivé lors de votre dernière disparition ?

KELLY : Non, docteur, je vous l'ai déjà dit.

MISSIE : Je suppose que votre mal de tête vient du fait que vous avez subi un choc durant ce laps de temps. Votre cerveau voudrait s'en souvenir et votre concentration vous donne ces maux. Ou alors…

KELLY : Ou alors ?

MISSIE : Ou alors vous ne voulez pas vous souvenir de ce qui s'est passé, inconsciemment, bien sûr.

KELLY : Vous voulez dire quoi par là ?

MISSIE : Que vous avez subi un tel traumatisme que votre cerveau ne peut pas l'assimiler. Ou en tout cas pas maintenant.

KELLY : Et si je retrouve la mémoire ?

MISSIE : Vous la retrouverez Kelly. C'est certain. Mais en attendant, vous ne voulez pas vous souvenir, ou du moins, vous ne pouvez pas vous souvenir. Il y a peut-être un moyen de vous libérer de cette charge.

KELLY : Laquelle ?

MISSIE : L'hypnose.

Kelly a un mouvement de recul. Missie la calme tout de suite.

MISSIE : Kelly, écoutez-moi. C'est une très bonne solution. Vous devriez y songer. Promettez-moi au moins d'y penser.

 

 16  DEVANT L'APPARTEMENT DE GIL

L'ascenseur s'ouvre sur Gil. Il en sort, et, regardant devant lui, s'immobilise de surprise. Devant sa porte se trouve un énorme carton, emballé dans du papier cadeau et avec un gros flot sur le dessus. Le paquet est suffisamment grand pour contenir deux personnes. A côté du cadeau, nous voyons une Nanne tout sourire. Gil s'avance et regarde le paquet.

GIL : Mais qu'est-ce… ?

NANNE : Une surprise. Pour toi.

GIL : C'est une blague !

NANNE : Non voyons, j'ai voulu te faire un petit cadeau pour te remercier.

GIL : Me remercier ? De quoi ?

NANNE : De ton amitié sincère. De me soutenir dans les mauvais moments. Tu as toujours été là pour moi. Avec Jason… puis avec Tim…Alors j'ai voulu te remercier comme il se doit.

GIL : Mais Nanne, c'est de la folie.

NANNE : Allez, ouvre…

Gil s'exécute et ouvre le paquet devant une Nanne excitée. Gil n'en revient pas. Il s'agit d'un... :

GIL : Un vélo d'appartement !

NANNE : Le dernier cri. Avec ordinateur de bord. C'est génial, tu verras.

GIL : C'était mon rêve !

NANNE : Et bien, maintenant, c'est la réalité. Tu vas pouvoir t'entraîner à la maison.

GIL : Nanne, je ne peux pas accepter. C'est un cadeau trop cher.

NANNE : Ne t'inquiète pas du prix. Je te l'offre de bon cœur.

GIL : Ca j'en doute pas… mais quand même. Ce modèle est hors de prix. Et en plus, ce n'est même pas mon anniversaire. Je ne sais pas quoi dire.

NANNE : Merci, tout simplement.

GIL : Et bien… merci, tout simplement.

Il la prend dans ses bras.

 

 17  DANS L'APPARTEMENT DE TIM

Il est aussi vide que celui de Nanne est rempli. Tim est dans la pièce principale, en train de manger un sandwich, assis par terre. Il soupire et jette le reste de son sandwich, dégoûté.

TIM : Il va bien falloir que je trouve un moyen de sortir de ce merdier.

 

 18  AU MAGASIN FX-SPE

La rue où se trouve la devanture du magasin est très animée, de nombreuses voitures passent et l'on peut entendre des coups de Klaxon. A l'intérieur, nous retrouvons notre vaillant Fred de la dernière fois, le jeune gérant du magasin. Le cling de la porte d'entrée lui fait lever la tête. Il sourit en voyant les trois visiteurs arriver.

FRED : Bienvenue dans la boutique des meilleurs effets spéciaux de Los Angeles. Fred pour vous servir.

Les trois visiteurs ne sont autres que Stuart, Gil et Lacey. Ils arrivent près du comptoir.

FRED : Que puis-je faire pour vous, messieurs dames ?

Stuart pose les deux mains sur le comptoir et sourit.

STUART : Vous, vous souvenez de moi ?

FRED : Je ne crois pas non. Je devrais ?

STUART : C'est bizarre, mais on m'a dit que vous aviez une bonne mémoire.

FRED : Généralement, oui.

STUART : Vous avez pourtant fait une très bonne description de moi la dernière fois à mes amis.

FRED : Ecoutez, je ne sais pas où vous voulez en venir, mais j'ai pas mal de boulot et…

Stuart se penche vivement sur lui et l'attrape par le col de sa chemise. Fred n'en mène pas large.

STUART : Je m'appelle Stuart Farris, et je suis l'homme qui, soi-disant, est venu vous commander un stupide costume d'extra terrestre avec effet spéciaux. Vous m'avez très bien décrit la dernière fois, trop bien même.

FRED : Lâchez-moi, ou j'appelle la police.

GIL : Je ne vous le conseillerais pas, jeune homme.

LACEY : Vous êtes mal placé pour pouvoir appeler la police. Et faites bien attention, mon ami est très impulsif. Je ne voudrais pas être à votre place.

FRED : Qu'est-ce que vous voulez ?

STUART : Je veux la vérité. Qui est venu chez vous commander ce costume ? Combien vous a-t-il payé pour m'accuser ?

FRED : Je ne sais pas. Lâchez-moi.

GIL : Je vous conseille de coopérer. La vie de cet homme est sur le point de basculer à cause de vous.

LACEY : Dites nous simplement la vérité.

La peur se reflète dans les yeux de Fred.

FRED : Je ne sais pas… ça fait si longtemps.

Stuart serre encore plus fort Fred, au point de commencer à l'étrangler.

FRED (dans un murmure) : Vous me faites mal.

STUART : Qui ?

FRED : Je ne sais plus.

GIL : Si vous ne vous rappelez plus de son nom, décrivez-le.

LACEY : Il était petit ? Gros ? Chauve.

Violemment, Stuart aplati la tête contre le comptoir de Fred, ne lui laissant aucune chance de s'échapper. Il crie de surprise, et de mal.

STUART : Qui vous a commandé le costume ? Comment s'appelait cet homme ?

Fred est au bord de l'apoplexie. Il pleure.

FRED : Je ne voulais pas… je ne voulais pas mentir…

STUART : Qui est cet homme ?

FRED (à bout de nerf et hurlant presque) : C'est une femme !…. Une femme.

Stuart lâche sa prise et regarde Lacey et Gil, stupéfait.

 

 19  DANS GARDEN HIGH STREET

La rue est très animée. C'est l'heure de pointe. Parmi les passants qui se pressent, paquets à la main, nous voyons une femme aux longs cheveux noirs (la perruque est évidente), elle porte d'immense lunettes. Nous ne pouvons pas vraiment distinguer son visage car la caméra est assez éloignée et en plus, quelques personnes passent devant. Pendant ce temps :

FRED (voix off dans son magasin) : Elle m'a dit s'appeler Marie Jo. Elle était vêtue d'un longue robe noire. Elle avait de longs cheveux noirs et d'énormes lunettes. C'est à peine si on pouvait distinguer son visage. Elle m'a dit que si quelqu'un venait me poser des questions, je devais donner votre description. Le pire, c'est qu'elle n'a jamais acheté ce costume.

Aucun doute n'est possible : la personne décrite par Fred est celle qui se promène dans Garden High Street.

 

 20  RETOUR AU MAGASIN FX-SPE

STUART : Comment ça ?

FRED : Je n'ai jamais fait ce costume d'extra terrestre. La femme l'a payé, mais je ne l'ai jamais conçu. Elle m'a donné sa description et les effets spéciaux qui l'accompagne, mais ce costume n'a été que pure fiction.

LACEY : Elle a payé avec quoi ? Une carte ?

FRED : En liquide.

GIL : Il n'y a pas un autre détail dont vous pouvez vous souvenir ? C'est très important.

FRED : Non, je suis vraiment désolé. (il regarde Stuart) je suis désolé si je vous ai fait du tort avec cette histoire, monsieur.

 

 21  DANS LA SUITE DE MLLE JUDICAL, CUISINE

Flora est au fourneaux. L'aveugle prépare un bon repas, toujours avec des gestes précis. Mlle Judical arrive dans la pièce et sent une bonne odeur.

MLLE JUDICAL : Mmmm, du bœuf carottes. J'adore ça.

FLORA : Je sais oui. Tiens, tant que tu es là, tu peux me passer le poivre ? Sur la table.

Mlle Judical s'exécute.

MLLE JUDICAL : Flora, tu es un vrai cordon bleu, tu sais.

FLORA (pas peu fière) : Je sais.

Flora poivre le plat.

FLORA : Tu ne m'as toujours pas dit comment va Jillie.

MLLE JUDICAL : Pas très bien, la pauvre. Elle est en plein conflit avec elle même. Ce n'est pas évident.

FLORA : Ce n'est pas évident non plus pour toi. Heureusement, dans quinze jours, tu pars en vacances à Rome. Ca va te faire du bien, tu verras.

MLLE JUDICAL : Je ne pars pas.

Flora est choquée par cette phrase. Elle laisse tomber sa cuillère dans le plat. Mlle Judical la reprend et goûte le plat.

FLORA : Quoi ?

MLLE JUDICAL : Mm, je crois qu'il manque un peu de sel.

FLORA : Alice, laisse tomber le bœuf carottes et explique moi ce qui se passe.

MLLE JUDICAL : Il se passe que Jillie a besoin de moi. Elle m'a demandé de ne pas la laisser tomber, tu comprends. Je ne peux pas partir pour Noël la sachant seule.

FLORA : Et qu'est-ce que tu comptes faire de plus pour elle, tu veux me le dire ?

MLLE JUDICAL : Je pourrais aller la voir régulièrement pour l'aider à surmonter ses problèmes.

FLORA : Alice ! Je suis là moi aussi pour aller la voir. Et puis il y a Menley, Nanne, Gil….

MLLE JUDICAL : Oui, mais Jillie a confiance en moi, et en moi seule. Menley, Frank et les autres auront sans doute autre choses à faire pendant les fêtes…

FLORA : Et toi aussi tu as autre chose à faire… (Flora secoue la tête) Tu me déçois beaucoup Alice.

 

 22  DANS LA COUR DE L'UNECAIN

Nous sommes dans la cour réservée aux élèves de maternelle. De nombreux bambins s'amusent, chantent et crient dans la cour. Nanne est chargée de les surveiller. En retrait de la cour se trouve une allée, parsemée de colonnes qui conduit à la cour réservée aux élèves plus grands. Gil passe par là et voit Nanne. Il s'approche d'elle.

GIL : Tiens, je ne savais pas que tu étais de permanence récrée, aujourd'hui.

NANNE : Je remplace Melinda, elle a attrapé un moche virus.

GIL : Nanne, je voulais encore une fois te remercier pour ton cadeau.

NANNE (souriante) : Alors ? Tu l'as déjà essayé.

GIL (souriant) : Ouais, il est parfait. Comme je voulais. Merci, mais je continue à dire que c'était une folie.

NANNE : Laisse tomber.

GIL : Mais si, voyons. Je me pose des questions. D'abord tu changes tout ton équipement hi-fi à la maison, tu nous invite dans le meilleur des restaurants et maintenant, j'ai droit au plus sophistiqué des vélos d'appartement. Tu as gagné au loto ou quoi ?

NANNE : C'est presque ça.

GIL : Tu m'intrigue, là.

NANNE : Disons que j'ai gagné… une certaine somme d'argent… En fait, je ne voulais le dire à personne, mais tu es mon meilleur ami et je te fais entièrement confiance…

A ce moment, la caméra nous montre Tim qui, attache case à la main, est dans l'allée. Il s'arrête au moment où Nanne dit ces mots. Ni Nanne, ni Gil ne le voit. Il se cache derrière une colonne pour écouter la conversation. Nous revenons sur Gil et Nanne.

NANNE : Voilà. J'ai hérité de ma tante qui vient de décéder.

GIL : Ouah, je comprends mieux maintenant.

NANNE (excitée) : Gil, ce n'est pas une petite somme d'argent… c'est une fortune.

Nous retrouvons Tim qui hausse les sourcils, surpris.

GIL : Tu veux dire…

NANNE : Ca se chiffre en millions de dollars. Pour l'instant, l'argent n'est pas entièrement débloqué, mais… surtout n'en parle à personne, même pas à Lacey. Je peux te faire confiance ?

GIL : Bien sûr, mais surtout Nanne, fais très attention à toi. Tu sais, parfois, l'argent fait tourner la tête. Pense à engager un bon conseiller.

NANNE : Ne t'inquiète pas pour moi.

Tim, dans son coin,  esquisse un sourire.

 

 23  APPARTEMENT DES FARRIS, EN DÉBUT DE SOIRéE

Stuart est devant la porte de son appartement, apparemment fatigué. Il cherche ses clés dans la poche, les trouve et ouvre la porte.

Soudain, il s'arrête net, les yeux agrandis par l'horreur de ce qu'il voit et que nous ne voyons encore pas. Sa bouche se plisse. Il est interloqué. Et nous voyons enfin ce qu'il voit : son appartement a été mis à sac. Les meubles sont renversés. Les lampes sont à terre, le canapé a été totalement déchiré à l'aide d'un couteau sans doute ; le contenu des armoires est éparpillé à même le sol. C'est un beau carnage. Les yeux de Stuart se portent sur  la glace d'un petit buffet, où figure une inscription, au rouge à lèvres ".

" DEMAIN JEUDI , 14 H 30 EN FACE DE LA CATHEDRALE "

Le mot est signé MJ et l'on peut supposer qu'il s'agit de la fameuse Marie Jo.

 

 24  CABINET BURSTEIN, DéBUT DE SOIRéE, DANS LE BUREAU D'ED

Il est au téléphone.

ED : Non… non je comprends bien, nous sommes peut être dans une passe difficile, mais qui ne l'a pas été ? Tout va revenir dans l'ordre très prochainement. Je… non… enfin écoutez Matt, nous sommes amis depuis si longtemps… Matt ? Matt !

Matt a raccroché. Ed raccroche à son tour, contrarié. Jenny entre dans le bureau.

ED (à l'attention de Matt) : Espèce de con. (il regarde Jenny) Matt Ferview nous quitte également.

JENNY: Et nous venons de perdre Aifer.

ED : Quoi ? James Aifer ? C'est notre client le plus ancien.

 

 25  À GARDEN HILL, AU REFECTOIRE

Jillie est à table avec les mêmes filles que la dernière fois, dont Jessica. Une nouvelle fois, on constate qu'elle n'a pas beaucoup faim. Elle reste dans son coin tandis que les autres filles rient entre elles. Elle n'est pas du tout dans la conversation. Sonny est chargé de surveiller les filles. Il se promène dans les allées. Il passe dans l'allée où se trouve la table de Jillie. Il ne cesse de la regarder. Jillie lui offre un regard fuyant. Jessica n'est plus dans la conversation des filles. Elle regarde Sonny, puis Jillie et d'après son regard, nous nous doutons bien qu'elle a compris qu'il se passe quelque chose entre les deux. Sonny braque son regard sur Jillie et Jessica s'en aperçoit. Elle fronce les sourcils. Personne d'autres ne remarque le petit manège.

 

 26  APPARTEMENT DES FARRIS, LE LENDEMAIN

Stuart est en train de constater les dégâts faits. Il ramasse une lampe et secoue la tête lorsqu'il voit qu'elle est cassée. Il ramasse ensuite plusieurs objets. A ce moment, la porte s'ouvre et Stuart tourne la tête dans cette direction. On voit Kelly, debout, regardant la pièce en ouvrant de grands yeux.

KELLY : Mon Dieu ! Mais que s'est-il passé ?

Pour toute réponse, Stuart se précipite vers elle et la prend dans ses bras. Kelly est surprise.

STUART : Kelly, tu m'as tellement manqué. Je me suis fait un sang d'encre pour toi, tu sais ?

KELLY : Vraiment ?

STUART : Bien sûr que oui !

Kelly se défait de l'étreinte de Stuart et regarde à nouveau autour d'elle.

KELLY : Il me cherchait.

STUART : Quoi ?

KELLY : Il me cherchait ici, et il ne m'a pas trouvé.

STUART : Mais de qui tu parles ?

KELLY : Hokkri.

Stuart pousse un soupir. " ça ne va pas encore recommencer " semble-t-il se dire. Kelly ressent l'exaspération de Stuart.

KELLY : Je sais que tu me crois folle. Mais je te dis la vérité. Je l'ai vu comme je te vois en ce moment.

STUART : Pourquoi es-tu venue, Kelly ?

KELLY : Je suis venue voir comment tu allais. Et aussi, je voudrai m'excuser pour mon père. J'ai appris ce qu'il t'a fait. C'est vraiment moche.

STUART : Tu reviens à la maison ?

KELLY : C'est encore trop tôt. Je ne sais pas où j'en suis avec moi. Il me faut du temps Stuart.

STUART : Tu veux dire que tu vas rester avec Ed ? Après tout ce qu'il m'a fait.

KELLY : Je t'en prie Stuart, ne complique pas tout. (elle regarde à nouveau autour d'elle) Tu veux un coup de main ?

STUART : Kelly, j'aimerais savoir. Est-ce que tu connais une certaine Marie Jo ?

Kelly hausse les épaules.

KELLY : Ce nom ne me dit rien. Pourquoi ?

STUART : Oh, pour rien.

 

 27  À GREAT GARDEN

Menley et Frank sont près d'un kiosque à musique. Menley mange une glace, adossée contre le mur.

MENLEY : Quand, à ton avis ?

FRANK : Je pense que je devrais avoir des nouvelles de mon avocat dans très peu de temps.

MENLEY : J'ai hâte que tout soit terminé.

FRANK : Et moi donc.

Non loin de là, Nanne est assise sur un banc, occupée à lire un imposant roman.  Devant elle se trouve une petite allée sur laquelle Tim débouche. Il s'approche de la jeune fille.

TIM : Salut Nanne.

Elle lève la tête, et voyant qu'il s'agit de Tim, replonge immédiatement dans sa lecture. Pas démonté le moins du monde, Tim s'assoit auprès d'elle.

TIM : Il fait encore bien bon en cette période de l'année, tu ne trouve pas.

Nanne ferme son livre et regarde Tim.

NANNE : Qu'est-ce que tu veux ?

TIM : Simplement, je t'ai vu lire ce livre, et l'envie m'a pris de venir te dire un petit bonjour, c'est tout.

NANNE : Et bien bonjour… et au revoir !

Elle reprend son livre et s'y replonge à nouveau, ignorant Tim. Il reste un petit moment sans parler, en train de regarder autour de lui. Puis :

TIM : Je comprends que tu sois en colère contre moi. C'est normal. Je n'ai pas été très gentil. Je le regrette profondément. C'est vrai, quoi ! Tu es une chouette fille, et moi je ne suis qu'un imbécile. Je me suis conduit comme un goujat vis à vis de toi, mais tu sais, c'est toujours la même chose avec moi. Dès qu'une fille très bien s'intéresse à moi, et bien… je ne sais pas ce qui se passe, mais… je perds mes moyens, je panique et je fais n'importe quoi.

NANNE (d'un ton plutôt sec) : Qu'est-ce que tu veux ? Que je t'excuses pour t'être comporté comme un nul ? Alors si ça peut te faire plaisir, je m'excuse ! Maintenant, j'aimerais terminé mon chapitre.

TIM : Tu as mangé au moins ? Sinon, je peux t'inviter à prendre quelque chose. Comme ça, je serais vraiment pardonné.

Il lui sourit tendrement, mais Nanne est toujours plongée dans son livre. Tim se lève, l'air faussement résigné.

TIM : Très bien, j'ai compris. De toute façon, tu es une fille trop bien pour être vu avec moi.

Nanne lève la tête.

NANNE Tu m'as dit des choses vraiment blessantes la dernière fois.

TIM : Je sais Nanne, et je m'en veux beaucoup pour ma bêtise et ma… ma…

Il cherche ses mots. Nanne les trouve à sa place.

NANNE : Méchanceté.

TIM : Ouais.

L'air triste, Tim fait mine de partir. Nanne le regarde et l'interpelle d'une manière peu habituelle pour elle :

NANNE : Eh ! O'Connell !

Tim se retourne.

NANNE : Je veux bien un hot dog.

 

 28  DEVANT LA CATHEDRALE DE GARDEN PLACE

La grosse horloge de la cathédrale sonne 14 h 30. Il y a peu de monde aujourd'hui. Stuart, debout sur la deuxième marche qui mène à l'entrée de la bâtisse, attend la fameuse MJ.

Il attend... il attend... L'heure passe. Il consulte sa montre : 15 h 00. Stuart se résigne : MJ n'est pas venue au rendez-vous.

 

 29  À CORONNEL STREET

Charlie et Sibella sont dans une alcôve de la rue. Charlie est en train de fabriquer quelque chose avec des planches moitié pourries qu'il a trouvé au fond de l'alcôve. Sibella le regarde.

SIBELLA : On peut savoir ce que vous faites ?

CHARLIE : Certainement pas, ma chère. C'est une surprise.

SIBELLA : Tiens donc. Vous - Charlie Memphis - voulait me faire une surprise.

Charlie s'arrête un instant de bricoler pour la regarder.

CHARLIE : Pourquoi ? Ca vous étonne ?

SIBELLA : Un peu oui.

CHARLIE : C'est que vous ne me connaissez pas assez.

Un jeune homme, habillé en cuir et se dandinant, arrive avec un pot de peinture.

LE JEUNE : Voilà votre peinture, M'sieur Memphis.

CHARLIE : Merci Sam. Poses le là.

Il montre à Sam l'endroit où le poser. Sibella regarde Charlie, l'air amusé.

 

 30  SUITE DE MLLE JUDICAL

On sonne à la porte. Mlle Judical va répondre. C'est Joe, il lui sourit avec un bouquet à la main.

JOE : Je ne suis pas trop en retard, j'espère ?

Mlle Judical fait mauvaise figure. Le sourire de Joe s'efface.

JOE : Je crois que si.

Mlle Judical retourne dans la pièce principale et Joe la suit.

MLLE JUDICAL : Joe ! Il est plus de 18 h 00 et nous avions rendez-vous à 17 h 30. Vraiment, vous exagérez.

JOE : Je suis désolé, mais j'avais un papier à terminer sur…

MLLE JUDICAL (en colère) : Je me fiche de vos excuses, Joe. Je suis déçue, vous comprenez. J'attends depuis une demi-heure. J'ai quitté l'Unecain plus tôt pour vous voir, alors que j'aurais pu mettre pas mal de dossiers à jour.

JOE (essayant de la calmer) : Eh, mais je n'ai qu'une demi heure de retard.

MLLE JUDICAL : Une demi heure suffit. Vous me manquez de respect Joe, vraiment !

Joe la considère d'un drôle d'œil.

JOE : Mais quelle mouche vous a piqué aujourd'hui !

MLLE JUDICAL : Quelle mouche VOUS a piqué ! Vous ne voyez donc pas comment vous agissez avec moi !

JOE : Alice, vous êtes en colère et je ne sais pas pourquoi, mais ce n'est en tout pas à cause de moi.

MLLE JUDICAL : Ah bon. Et c'est la faute à qui alors ?

JOE : C'est vous qui devez le savoir.

MLLE JUDICAL : Joe, je suis énormément déçue. Je n'ai jamais eu l'habitude qu'on me fasse attendre de la sorte. Si vous agissez comme ça maintenant, qu'est-ce que ça sera d'ici quelques mois ! Non, non, Joe, je ne peux pas.

JOE : Vous ne pouvez pas quoi ?

MLLE JUDICAL : Je ne peux pas continuer de la sorte avec vous.

JOE : Vous plaisantez j'espère !

MLLE JUDICAL : Joe, vu les circonstances, je ne pense pas pouvoir vous accompagner à Rome pour les fêtes.

Joe est totalement abasourdi par ce qu'il entend.

 

 31  DANS L'APPARTEMENT DES FARRIS, LE SOIR

Stuart, en tenue légère, est dans son lit, en train de regarder la télévi-sion. Les images défilent, mais il ne les voient pas. Il semble être ailleurs. La sonnerie du téléphone le fait sursauter. Il prend le combiné, situé sur la table de nuit.

STUART (las) : Oui.

Une femme lui répond

FEMME : Stuart Farris ?

La voix est rauque.

STUART : Qui est à l'appareil ?

FEMME : On s'est manqué cet après-midi, je suis désolée.

Stuart se redresse. Il a compris qu'il a affaire à MJ.

STUART : Qui êtes-vous ? Et que me voulez vous ?

MARIE JO : Vous ne devinez pas ?

STUART : Pourquoi vous avez mis mon appartement à sac ?

MARIE JO : Parce que vous méritez… vous méritez tout le mal que vous avez fait dans votre vie.

Marie Jo parle d'une voix rauque.

STUART : Je ne comprends rien. Je crois que vous êtes folle, oui. Je vais appeler la police.

MARIE JO : Je ne vous le conseille pas.

STUART : Qu'est-ce que vous voulez de moi ? De l'argent ? C'est ça que vous voulez ?

MARIE JO : Je n'ai que faire de votre fric, Farris. Vous êtes un pervers. Et votre femme ne vaut guère mieux.

STUART : Vous connaissez Kelly ?

MARIE JO : Qui ne connais pas cette sainte nitouche de Kelly Farris. Une vraie emmerdeuse, cette fille. Il est temps qu'elle souffre, et que vous aussi vous souffriez.

STUART : Je crois qu'on a déjà assez souffert.

MARIE JO : Oh, non, ce n'est rien comparé à ce que vous allez subir maintenant. J'ai raté mon coup la première fois. Je voulais vous envoyer en prison pour très longtemps, mais ça n'a pas marché.

Stuart écarquille les yeux.

STUART : Est-ce que vous êtes en train de me dire que vous avez quelque chose à voir avec la mort de John Chapmann ?

Silence au bout du fil, puis Stuart parle en pesant ses mots :

STUART : Vous l'avez tué !

On entend le rire gras de Marie Jo, qui se fait de plus en plus fort.

MARIE JO : Il fallait bien que je trouve un moyen de vous faire du mal. Maintenant, il faut que je trouve autre chose. Je vais vous faire souffrir comme vous n'avez jamais souffert.

Puis on entend le bip-bip signalant que Marie Jo a raccroché. Stuart reste pétrifié, le combiné toujours en main, comme s'il venait de subir un choc, ou plutôt comme si tout cela se passait dans un rêve.

 

 32  DEVANT L'APPARTEMENT DE NANNE

Nanne sort de l'ascenseur et est surprise de trouver, devant la porte de son appartement, Tim.

NANNE : Tim, mais qu'est-ce que tu fais ici ?

TIM : Je suis venu voir si tu as bien digéré ton hot dog.

Nanne ne répond pas. Elle cherche les clés de son appartement dans son sac. Tim monte à la charge :

TIM : Je me suis dit que ce serait sympa si on pouvait dîner ensemble ce soir.

Nanne cesse ses investigations et regarde Tim, étonnée.

NANNE :Quoi ?

TIM : Juste un petit dîner. Histoire de se détendre.

NANNE : Tim, je n'arrive pas à te comprendre. Il y a encore un mois, tu m'aurais traité moins bien qu'une chaussette trouée, et maintenant, tu n'arrêtes pas de me courir après. Pourquoi ?

TIM : Je te l'ai déjà expliqué à midi. Je m'en veux beaucoup de t'avoir traité de la sorte. Tu peux me croire. J'ai pris conscience de la fille formidable que tu es.

NANNE : Et bien, la fille formidable est crevée et ne songe qu'à une chose, se prélasser dans son bain.

TIM : Justement, je suis sûr qu'un bon dîner te remettra sur pied.

Nanne trouve enfin ses clés et ouvre la porte.

NANNE : Merci Tim, une autre fois peut être. Bonne nuit.

Puis elle referme la porte. Tim affiche un sourire.

TIM (pour lui) : Une autre fois sûrement. Et le plus rapidement possible.

 

 33  SUITE DE MLLE JUDICAL

Mlle Judical regarde un programme comique à la télévision et se force à rire. A côté d'elle, Flora est assise, les bras croisés. Elle ne rit pas, au contraire, elle fait mauvaise figure. Mlle Judical la regarde.

MLLE JUDICAL : Quelque chose ne va pas ?

FLORA : Tout juste.

MLLE JUDICAL : Quoi ?

FLORA : Joe est venu me voir.

MLLE JUDICAL : Je vois.

FLORA (un peu en colère) : Et c'est tout ce que tu trouve à dire : je vois !

MLLE JUDICAL : Que veux-tu que je te dise d'autre ?

FLORA : Tu t'es conduit vraiment comme une imbécile, Alice.

MLLE JUDICAL : C'est ce qu'il t'as dit ?

FLORA : Il m'a dit bien plus encore. Il m'a raconté votre entretien et crois-moi, je suis vraiment déçue par ton attitude.

MLLE JUDICAL : Tu n'as entendu qu'un son de cloche.

FLORA : Et il me suffit. Joe est un chic type, il ne méritait pas ça.

MLLE JUDICAL : Je te signale qu'il m'a laissé poireauter plus d'une demi-heure.

FLORA : Parce qu'il avait un travail à finir au journal. C'est un crime ?

MLLE JUDICAL : Il aurait pu téléphoné.

FLORA : Non, non, non… je sais où est ton problème Alice.

MLLE JUDICAL (vexée) : Parce que j'ai un problème ! Et bien merci !

FLORA : Je crois qu'inconsciemment, cette dispute, tu la recherchais. Tu as fait cela parce que tu es pris entre deux feux. D'un côté, il y a Joe et ce voyage à Rome et de l'autre côté, Jillie qui souhaite ta présence. Tu as tranché Alice. Tu as choisi de laisser tomber Rome et Joe et de rester pour les fêtes avec Jillie.

MLLE JUDICAL : Tu n'y es pas du tout, ma chère, mais alors, pas du tout.

Flora se lève.

FLORA : Arrêtes de te mentir à toi même.

Puis elle quitte la pièce. Mlle Judical la regarde sans mot dire.

 

 34  À GARDEN HILL, DANS LE PETIT APPARTEMENT DE SONNY

Le nom de Sonny est inscrit sur la porte d'entrée. Celle-ci s'ouvre doucement et Jillie, sans faire de bruit, sort de l'appartement. C'est alors qu'une main la prend et la plaque contre le mur. Jillie, surprise, se trouve face à Jessica. On voit, d'après son physique, que Jillie est ivre. Elle regarde Jessica, les yeux vitreux.

JESSICA (murmure pour ne pas se faire entendre, mais en colère) : J'en étais sûre. Mais t'es vraiment malade, ma fille.

Elle cogne Jillie contre le mur.

JESSICA : T'as perdue la tête ou quoi ! En plus de ça, tu pue l'alcool à cent mètres à la ronde.

Elle cogne une nouvelle fois Jillie contre le mur.

JESSICA : Tu crois que tu vas t'en tirer comme ça ? C'est pas possible comme ces putains de gens riches peuvent être aussi cons ! ! Qu'est-ce que tu cherches, à la fin ? A te faire virer d'ici ? A te retrouver dans la rue, avec les mendiants ? Mais merde quoi ! T'es vraiment qu'une conne ! Maintenant viens, je te ramène dans la piaule.

Pendant cet incartade, Jillie n'a pas bronché. Elle est vraiment trop saoule pour protester ou pour même avoir un quelconque sentiment.

 

 35  POSTE DE POLICE DE GARDEN PLACE, DANS LE BUREAU DE FOLLET

Stuart est debout en face de Follet, lui même assis derrière son bureau. Stuart semble las.

STUART : Vous ne me croyez pas, n'est-ce pas ?

Les bras croisés, Follet scrute Stuart et ne répond rien. Puis finalement, il se lève et marche un peu tout en disant :

FOLLET : Si je comprends bien, une femme - qui dit s'appeler Marie Jo - que vous ne connaissez pas ; que vous n'avez jamais vu ; saccage votre appartement et tue un homme pour pouvoir vous accuser du meurtre et vous faire mettre en prison… il faut m'excuser si je suis un peu sceptique.

STUART : Pourtant c'est la vérité, je vous assure. Elle a dit qu'elle allait continuer. Je ne sais pas ce qu'elle va faire, mais elle prépare quelque chose.

FOLLET (soupirant) : Très bien, très bien. On va mettre quelqu'un pour vous surveiller. Si cette Marie Jo fait surface, on l'aura. Allez au bureau de Track pour faire votre déclaration.

 

 36  GARAGE SOUTERRAIN DE GARDEN VIEW

Stuart se gare dans son box. Il descend de la voiture. La lumière au néon éclaire vivement le sous-sol. Le silence est angoissant. On entend que le bruit des pas de Stuart qui, après avoir fermé la voiture, se dirige vers l'ascenseur. Nous voyons ensuite le pare choc d'une voiture qui démarre en turbo. Stuart est devant elle. Surpris, il se retourne. On comprend que la voiture ne cherche qu'une chose : le percuter. Stuart court de toutes ses forces, et au moment où la voiture peut le percuter, il se jette de côté et tombe à terre. La voiture freine dans un bruit d'enfer. Elle fait marche arrière et s'apprête à nouveau à percuter Stuart. Ce dernier se lève brusquement et cours pour attraper l'ascenseur qui, fort heureusement, s'ouvre dès qu'il appuie sur le bouton, évitant ainsi la voiture.

 

 37  DEVANT L'UNECAIN

Lacey est dans la rue avec Kelly. Elles marchent en direction de l'entrée de l'Unecain.

KELLY : Et maintenant, il parle d'une certaine Marie… Marie Jo, je crois.

LACEY : Ecoute Kelly. Pendant longtemps, j'ai cru que Stuart avait quelque chose à voir avec tes… malheurs. Mais je me suis trompée. Même Menley avoue s'être trompée.

KELLY : Ou veux-tu en venir ?

LACEY : Je pense que Stuart mérite une seconde chance…

KELLY : C'est encore trop tôt pour moi.

Elle s'arrête soudain de marcher et se tient le front avec la main. Elle chavire, sous le regard inquiétant de Lacey.

LACEY : Kelly ! Est-ce que ça va ?

Kelly reprend ses esprits.

KELLY : Oui. Juste une petite migraine. Ce n'est pas bien grave.

LACEY (toujours aussi inquiète) : Tu es sûre ?

KELLY : Oui. Allons-y, nous allons être en retard.

 

 38  À GARDEN HILL, DANS LA CHAMBRE DE JILLIE ET JESSICA

Jillie est assise, penaude, sur la chaise près du bureau. Jessica sort de la salle de bains, en peignoir. Elle s'essuie les cheveux. Elle regarde Jillie d'un air de reproche.

JILLIE : Qu'est-ce que tu comptes faire ?

JESSICA : A propos de ?…

JILLIE : Oh, ne fais pas l'andouille ! A propos d'hier soir.

JESSICA : Ce que tu as fait est vraiment grave. Tu ne te rends pas compte de ce que tu risques… (elle lève les bras au ciel) Et tout ça pour une saleté de bouteille. T'es vraiment tombée bien bas, ma fille.

JILLIE : Tu comptes le dire à Garrett ?

JESSICA : Pourquoi ? Tu as peur qu'il renvoie Sonny et par la même les bouteilles de vodka qu'il cache dans sa chambre ? Ca t'embêterait bien de plus boire, hein ?

Jillie, devant les attaques, commence à s'énerver.

JILLIE : Arrête !

Mais Jessica poursuit.

JESSICA : T'es pas prêt de sortir d'ici, ma vieille. Moi j'aurais honte à ta place. Tu sais comment on appelle ce que tu fais ? Tu le sais hein… On appelle ça du tapin. Une pute, voilà ce que tu es… une vulgaire putain qui se donne pour une bouteille de vodka.

Jillie n'en peut plus. Elle bouche ses oreilles et secoue la tête nerveusement.

JILLIE : Arrête ! arrête ! (puis beaucoup plus fort) ARRETE !

CHRIS GARRETT : Il y a un problème les filles ?

Surprises, Jessica et Jillie se tournent vers Chris qui vient d'entrer dans la pièce.

JESSICA : Docteur Garrett !

CHRIS (regardant Jillie) : Mlle Perkins. Est-ce que ça va bien ?

Silence gêné, finalement rompu par Jessica.

JESSICA : Ce n'est rien docteur. Jillie voulait simplement un tiroir supplémentaire du bureau. Je me suis un petit peu énervée contre elle. Mais ça va mieux maintenant, on s'est mises d'accord. (à Jillie) Pas vrai ?

Jillie hoche la tête mais n'ose pas regarder Chris.

 

 39  CORONNEL STREET

Sibella s'est assoupie contre le mur, à même le sol, dans l'alcôve. Elle est réveillée par des coups de marteaux. Elle se lève. A ce moment, les coups cessent et Charlie arrive près d'elle, le marteau dans la main et un grand sourire.

SIBELLA : Charlie. Vous avez bientôt fini ?

CHARLIE : Ca y est, ma belle. J'ai terminé. Venez… venez voir.

Charlie entraîne Sibella dans la rue et lui montre son chef d'œuvre. Sibella est très émue. Devant elle, elle voit une petite cabane, à côté d'un drug store miteux. Elle est jaune, et possède une grande ouverture sur le devant, avec un comptoir. En haut, il est inscrit, de la main de Charlie : " POUR 50 $, SIBELLA VOUS DIT TOUT SUR VOTRE AVENIR ".

CHARLIE : Alors, qu'est-ce que vous en dites ?

SIBELLA : Charlie… c'est… c'est… (Elle le regarde dans les yeux) personne n'avait jamais fait une chose pareille pour moi. Merci.

CHARLIE : Alors, Madame Sibella. Mettez-vous en place, dans l'attente de vos premiers clients.

Sibella dépose furtivement un baiser sur la joue de Charlie avant d'entrer dans la petite cabane en bois (il y a une petite porte sur la droite). Charlie est vraiment enchanté du baiser.

 

 40  GARDEN PLACE TRIBUNE, DANS LE BUREAU DE JOE

Joe étudie quelques papiers sur son bureau. La pièce est vaste mais un peu en désordre, avec notamment des tas de journaux un peu partout. La porte d'entrée est vitrée et l'on voit, à l'envers, l'inscription " JOE KRUEGER, PRESIDENT ". On voit bien que Joe n'est pas à ce qu'il fait, préoccupé sans doute par ses démêlés avec Mlle Judical. On toque à la porte. Elle s'ouvre doucement sur Flora et une jeune fille qui la conduit avec précaution jusqu'à une chaise, devant le bureau de Joe.

JOE (surpris) : Flora ! Quelle surprise !

Flora sourit en s'asseyant.

FLORA : Merci Mademoiselle.

Joe regarde la fille avec un sourire d'entendement.

JOE : Merci Clara.

Et Clara quitte la pièce.

JOE : Qu'est-ce qui vous amène ici ?

FLORA : Et bien d'abord il est bientôt midi et j'ai faim. Comme Alice reste à l'Unecain, je n'avais pas envie de manger seule. Je voulais savoir si…

JOE : …Je suis libre ? Et bien oui, je suis libre. Surtout depuis qu'Alice ne veut plus me voir. (Il secoue la tête.) Je n'arrive pas à la comprendre.

FLORA : Alice traverse une période difficile en ce moment.

JOE (souriant) : Fidèle Flora. Alice n'a pas d'excuses. Je crois simplement qu'elle ne veut pas s'engager avec un homme pour le moment.

FLORA : Laissez lui du temps.

JOE : Je lui ai laissé tout le temps nécessaire. Maintenant, je ne peux plus attendre. Je ne suis pas son pantin, vous comprenez ?

FLORA : Est-ce que vous voulez dire que c'est terminé entre vous ?

JOE : Tout juste. C'est fini. Terminé. J'ai compris qu'Alice ne voulait pas aller plus loin.

FLORA : Mais elle va peut-être changer d'avis.

JOE : Je vous l'ai dit, Flora. Je ne suis pas son pantin. Un jour elle est rayonnante avec moi, et le lendemain, elle me traite de tous les noms. Elle arrive à passer du positif au négatif d'une façon magistralement étonnante.

FLORA (baissant la tête) : Elle n'est pas comme ça d'habitude. Elle s'est fâchée avec vous à cause de Jillie.

JOE (surpris) : Jillie ! Je ne vois pas ce qu'elle vient faire dans cette histoire.

FLORA : Jillie sera seule pendant les fêtes et a demandé à Alice d'être présente pour l'épauler.

JOE : Mais Jillie n'est qu'une employée pour Alice !

FLORA : Vous savez Joe, Alice a fait passer son travail avant toute chose.

JOE : On revient donc au point de départ. Comme je le dis, il faudrait qu'elle arrive à concilier vie privée avec vie professionnelle.

FLORA : Ce n'est pas facile pour elle.

JOE : Ce n'est facile pour aucun d'entre nous.

FLORA : Je suis aussi venue vous dire qu'Alice va vous rembourser les billets pour Rome.

JOE : Elle n'a pas à le faire. Je compte partir, même sans elle.

Un silence, puis Joe regarde Flora intensément.

JOE : Et si vous m'accompagniez ?

FLORA (surprise) : Je vous demande pardon ?

JOE : J'ai deux billets pour Rome. Alice ne veut pas venir avec moi, autant que quelqu'un en profite. Et pourquoi pas vous ?

FLORA (bredouillant tant elle est surprise) : Mais… enfin je…

JOE : Vous connaissez Rome ?

FLORA : Non… oui… enfin non… je…

JOE : Je vous propose de réfléchir à la proposition devant un bon steak, qu'est-ce que vous en pensez ?

Il sourit et Flora, de son côté, affiche un timide sourire.

 

 41  APPARTEMENT DE STUART

Le téléphone sonne. Stuart, qui est en train de mettre sa veste, s'apprêtant donc à partir, décroche.

STUART : Stuart Farris.

MARIE JO : Vous avez apprécié ma petite surprise d'hier soir ?

STUART : Vous avez essayé de me tuer. Espèce de malade !

MARIE JO : Juste de vous faire peur, Stuart. Je n'ai pas envie de vous voir déjà mourir, pas avant que vous n'ayez souffert autant que moi, j'ai souffert.

STUART : Mais enfin, qu'est-ce que vous voulez ? Et qui êtes vous ?

MARIE JO : Je m'appelle Marie Jo, je crois vous l'avoir déjà dit.

STUART : Ne vous payez pas ma tête.

MARIE JO : J'ai à côté de moi quelqu'un que vous aimeriez bien voir auprès de vous.

STUART (fronçant les sourcils) : Mais qu'est-ce que vous racontez ?

MARIE JO (d'une voix chantante) : J'ai Kelly, Stuart. Elle est avec moi.

Le sang de Stuart ne fait qu'un tour. Il affiche alors une terrible inquiétude sur son visage.

STUART (en un murmure) : Mon Dieu, non !

MARIE JO : Et pourtant si. Elle est ici.

STUART : Où êtes-vous ?

MARIE JO (rire gras) : Vous n'allez tout de même pas croire que je vais vous le dire.

STUART : Passez-moi Kelly.

Un silence qui paraît une éternité, pendant laquelle nous voyons le visage décomposé par l'angoisse de Stuart, puis :

KELLY (pleurant) : Stuart… Stuart…

STUART : Oh, Mon Dieu, Kelly. Est-ce que tu vas bien ? Où es-tu ?

On entend le bip-bip infernal annonçant que la communication a été coupée.

STUART : Kelly ? Kelly ! NOOOON !

Il jette le combiné à terre et part de l'appartement en courant.

 

 42  SALLE INTERDITE DE L'UNECAIN

Stuart arrive en trombe dans la salle. Il se fait tellement remarquer que tous les professeurs présents se retournent sur lui. Stuart aperçoit Menley et Frank dans un coin et cours vers eux.

STUART (à bout de souffle) : Kelly ! Vous ne l'avez pas vu ?

MENLEY : Non, elle n'est pas ici.

STUART : Vous l'avez vue aujourd'hui ?

FRANK : Stuart, si tu nous disais ce qui se passe.

Stuart regarde Frank et soudain, il ne peut plus parler. C'est comme si tout le stress qu'il a subit ces derniers temps sort de sa peau. Il se met à pleurer doucement, puis plus fort, comme un bébé. Menley et Frank le regarde, quelque peu gêné.

 

 43  SALLE DE MATERNELLE DE L'UNECAIN

Nanne pénètre dans la salle et s'arrête net en voyant, devant le pupitre, un gigantesque bouquet de fleurs. Le regard surpris de Nanne fait rire les quelques bambins présent dans la salle. Nanne se dirige vers le bouquet et prend la carte qui est dessus. Elle y lit simplement : " A LA PLUS BELLE DES FILLES " et c'est signé Tim. Un élève lève la main. Nanne, surprise par le cadeau de Tim, ne l'aperçoit pas tout de suite. Finalement, elle le voit.

NANNE : Oui, Bobby ?

BOBBY : C'est votre amoureux qui vous a fait un cadeau.

LA PETITE VOISINE DE BOBBY : Mais non idiot. C'est son mari. Quand papa y se fâche avec maman, il lui donne toujours des fleurs et après y se causent à nouveau.

LA PETITE ELEVE DEVANT LA VOISINE DE BOBBY : T'es nulle ! Elle est même pas mariée. Elle a pas de bague.

NANNE : Allons, les enfants, ça suffit maintenant. Prenez donc vos couleurs et terminez le dessin de ce matin. Je vais passer les voir dans un moment.

 

 44  DANS L'APPARTEMENT DES FARRIS

Nous y retrouvons Gil, assis sur un fauteuil, Menley et Frank, sur le canapé et Lacey qui revient de la chambre. Elle se plante devant eux.

LACEY : Ca y est. Il s'est endormi.

GIL : Pauvre gars.

MENLEY : Je m'en veux beaucoup de l'avoir tellement incriminé alors qu'il n'avait rien à voir dans tout ça.

Menley se lève et prend le combiné du téléphone sur la table. Frank la regarde.

FRANK : Qu'est-ce que tu fais ?

MENLEY : Je vais prévenir Ed.

FRANK : Je ne ferai pas ça à ta place.

MENLEY : C'est le père de Kelly. Il a le droit de savoir.

FRANK : N'oublie ce qu'il a fait à Stuart pour casser le mariage de sa fille.

LACEY : Frank a raison. Moins on s'approche d'Ed Burnstein, et mieux on se portera.

GIL : N'importe comment, il sera prévenu par la police, alors à quoi bon lui téléphoner.

Devant cette unanimité, Menley raccroche le combiné.

 

 45  DANS LA SUITE DE MLLE JUDICAL

Mlle Judical est en train de faire de la couture sur son fauteuil, lorsque Flora entre dans la suite. Mlle Judical regarde sa montre. Flora, elle, semble ravie.

MLLE JUDICAL : Il est déjà 6 heures. Je me faisais du soucis pour toi. Ou étais-tu passée ?

FLORA : J'ai passé une journée formidable.

Elle enlève ses gants et son manteau.

FLORA : Je suis allée voir Joe.

Mlle Judical feint de ne rien laisser paraître.

MLLE JUDICAL : Vraiment. Et comment va-t-il ?

FLORA : Comme quelqu'un qui s'est fait largué.

MLLE JUDICAL : Oh, je t'en prie Flora, on ne va pas revenir la dessus.

FLORA : Non, mais je peux te dire que vraiment, c'est un chic type. Il m'a fait visiter son journal.

MLLE JUDICAL : Tout l'après-midi ?

FLORA : Une bonne partie en tout. Nous avons parlés de choses et d'autres, et le temps à passé à une vitesse grand V.

MLLE JUDICAL : Je vois.

Flora s'assoit en même temps que Mlle Judical se lève.

FLORA : Où vas-tu ?

MLLE JUDICAL : Dans ma chambre me reposer, je suis un peu fatiguée.

Elle quitte la pièce, à la grande surprise de Flora.

 

 46  RETOUR À L'APPARTEMENT DES FARRIS

Stuart est maintenant seul. Assis dans un fauteuil, il sirote un café. Son visage est pensif. Le bruit de la sonnerie du téléphone le fait sursauter au point qu'il renverse du café chaud sur lui. Accusant le coup, il se précipite sur le téléphone.

STUART : Allô ?

C'est Kelly.

KELLY (murmurant comme si elle voulait ne pas se faire entendre) : Stuart… au secours… aide moi….

STUART : Kelly. Ou es-tu ? Dis-moi ou tu es…

KELLY : Elle est dans la pièce à côté, elle veut me tuer.

STUART : Mon Dieu Kelly, où tu es ?

KELLY : Je ne sais pas… (elle commence à pleurer) j'en t'en prie Stuart, viens m'aider.

STUART : Tiens bon chérie, je vais te sortir de là.

KELLY : Elle revient… non…. Non…

STUART : Kelly, que se passe-t-il ?

KELLY (criant) : Non !

On entend alors dans le combiné Kelly hurler, tandis que le visage de Stuart est tordu de douleur et de peur.

STUART (hurlant dans le combiné) : KELLY ! ! !

Puis on entend le bip-bip de l'autre côté du combiné. La communication est coupée. Stuart reste planté la, sans bouger, choqué par ce qui vient de se passer et incapable de faire le moindre geste.

 

 

 GÉNÉRIQUE DE FIN