1  GARDEN HIGH STREET
 
La grande rue commerciale de Garden Place est très animée en cette période. La musique de Noël " Jingle Bells " retentit, mettant tous les passants de bonne humeur. Les rues sont bardées de décorations lumineuses. Les passants se pressent, beaucoup avec de grands sachets à la main. Il fait un peu froid, malgré le soleil de Californie. 

Un Père Noël géant trône en plein milieu du centre commercial. Autour de lui, des cadeaux et, bien évidemment, des enfants émerveillés. Les boutiques du centre affichent tous des décors de Noël. Parmi la foule, Nanne, Gil, Menley, Frank et Lacey qui forment un groupe joyeux. Lacey est encore une fois habillée de façon excentrique : elle porte un habit rouge qui n'est pas sans ressembler à celui du Père Noël. Menley et Frank se tiennent par la main. Nanne rit avec Gil. Elle porte un paquet sur chaque bras. 

Dans, un magasin de vêtement, Nanne essaie un grand chapeau. Lacey plaisante avec Menley. Frank regarde les lingeries fines. Menley s'en aperçoit et le gronde gentiment d'un coup de coude. 
 
Nanne sort du magasin avec un autre paquet sous le bras. Elle est comique à voir. Derrière elle, Gil suit avec deux autres paquets.
 

 2  L'APPARTEMENT DE NANNE
 
La porte d'entrée s'ouvre sur Nanne, chargée de ses paquets. Elle fait un gros effort pour aller jusqu'au canapé et les laisse tomber. Gil l'imite. Lacey, Frank et Menley suivent derrière. 

NANNE : Qui veut du café ?

LACEY : Ah, enfin une proposition décente. 
 
GIL : La récompense suprême après une demi-journée de dur labeur passée à porter des kilos et des kilos de paquets ! 
 
NANNE : Là, tu exagères !
 
FRANK : Et dis-moi Nanne, tu vas trouver une place pour mettre tout ça ? 
 
NANNE : D'abord, tout n'est pas pour moi, et ensuite… oui… je vais sûrement trouver encore une petite place. 

Lacey regarde la nouvelle installation hi-fi de Nanne et son regard se porte sur l'écran. 
 
LACEY : Ouah ! Il est giga, cet écran.
 
NANNE : L'autre télévision était trop petite. 
 
Lacey se tourne vers Nanne.
 
LACEY (ironique) : Une paire de lunette aurait peut-être été meilleur marché. 
 
Le ton est sympathique et l'ambiance chaleureuse, vivante. La bonne humeur règne à l'approche de Noël.
 
Gil s'effondre sur le canapé. 
 
GIL : Je suis crevé. 
 
Menley l'imite. 
 
MENLEY : Mon empire pour un café !
 
NANNE : Je vais aller le préparer. 
 
Elle quitte la pièce pour aller dans la cuisine. Frank s'assoit sur un fauteuil, en face de l'écran géant, tandis que Lacey scrute le nouveau matériel hi-fi. 
 
LACEY : Vraiment génial. 
 
FRANK : On a passé un bon après-midi. 
 
GIL : Ouais, je crois que ça nous a fait du bien à tous. 
 
MENLEY : Sauf au portefeuille de Nanne. 
 
Tous éclatent de rire. Lacey vient près du groupe. 
 
LACEY : Je crois que je vais me reconvertir en aide-maternelle. Je vois que ça paye mieux. 
 
GIL : Nanne a bien le droit à ça. Elle a passé de mauvais moments ces derniers mois. (il se lève) Je vais aller voir ce qu'elle fabrique dans la cuisine. 
 
Il quitte la pièce.
 
FRANK : Je crois qu'il est toujours accroché à elle.
 
LACEY : Il en est fou amoureux, tu veux dire. 
 
Menley lève la tête, stupéfaite. 
 
MENLEY : Attendez là ! Je dois avoir loupé un épisode. Gil est amoureux de Nanne ? Et depuis quand ?
 
FRANK : Voyons Menley, ça crève les yeux. Gil est dingue de Nanne depuis le premier jour où elle est arrivée à Garden Place. 
 
MENLEY : Sans blague ?
 
LACEY : Oui, mais Nanne ne s'aperçoit de rien et Gil n'est pas capable de faire le premier pas. 

Dans la cuisine, Gil s'approche de Nanne. Cette dernière est en train de mettre du café dans la machine à café.
 
GIL : Nanne, tu dois faire attention. 
 
NANNE : Ne t'inquiète pas, je ne mets que 4 cuillères. Pas de quoi fouetter le sang. 
 
GIL : Je ne parle pas du café, mais de ton héritage. Les gens de Garden View commencent à se poser des questions en te voyant dépenser autant. Si tu ne veux pas que ça se sache, il faut que tu sois un peu plus prudente. 
 
NANNE : Tu as sans doute raison. Mais à l'approche de Noël, je me sens d'humeur dépensière, ce n'est pas ma faute. 
 
 
 3  APPARTEMENT DES FARRIS, DANS LA PIèCE PRINCIPALE
 
Stuart est assis sur le canapé, le visage livide. A ses côtés, le téléphone relié à plusieurs fils. Sur la table se trouve un appareil sophistiqué. Track et Susan Weight sont installés à cette table. Susan se penche vers Track et lui chuchote à l'oreille, avec une moue : 
 
SUSAN : J'ai faim. 
 
Track soupire et se lève. Il va près de Stuart. 
 
TRACK : Monsieur Farris. Est-ce qu'il serait possible de manger un morceau ?
 
Stuart ne répond pas. Il se contente de fixer un point imaginaire, comme s'il n'avait pas entendu la question du détective. D'ailleurs, il ne l'a pas entendu. 
 
TRACK (insistant) : Monsieur Farris ?
 
Cette fois, Stuart lève la tête. 
 
STUART : Hein ?
 
TRACK : Nous sommes ici depuis plusieurs heures, et nous commençons à avoir un petit creux.
 
STUART (sortant de sa léthargie) : Oui… oui bien sûr… il y a du jambon et le pain se trouve dans le panier, près de la cuisinière.

Au moment où Track se dirige vers la cuisine, le téléphone sonne. Stuart sursaute. Track retourne à sa place. 
 
TRACK (à Stuart qui veut décrocher) : Attendez !
 
Track s'assoit, prend des écouteurs. Il regarde Susan. Elle a la main près d'un bouton de l'appareil.
 
TRACK : Prête ?
 
Susan hoche la tête. Track regarde Stuart. 
 
TRACK : Maintenant !
 
Stuart décroche en même temps que Susan appuie sur le bouton. 
 
STUART : Allô ?
 
MARIE JO : Alors, mon ami ? Comment va ? Bientôt Noël. Vous avez fait votre lettre au Père Noël ? 
 
STUART : Ou est Kelly ? Comment va-t-elle ?
 
MARIE JO (exaspérée) : Kelly… Kelly… Il n'y en a que pour elle. Laissez la donc où elle est. Elle y est bien croyez-moi. 
 
STUART : Passez-la moi. 
 
MARIE-JO : Je ne pense pas que ce soit une bonne idée…
 
Des gouttes de sueurs perlent sur le front de Stuart.
 
STUART : Pourquoi ?
 
MARIE-JO : Disons… qu'elle se repose…
 
STUART : Vous ne lui avez pas fait de mal, au moins ?
 
Marie Jo rit de son rire gras et satanique. 
 
STUART : Répondez-moi. Ou est Kelly ? 
 
MARIE-JO : Si vous me parlez encore une fois de Kelly, je raccroche.
 
STUART : Très bien, très bien. Dites-moi pourquoi vous m'appelez, alors. 
 
MARIE-JO : Vous ne devinez pas ?
 
STUART : Vous voulez qu'on se rencontre ?
 
Marie Jo éclate à nouveau de rire. 
 
MARIE-JO : Vous êtes une personne très intelligente, Stuart Farris. 
 
Susan Weight regarde sa montre et, par un geste, elle fait signe à Stuart de continuer. 
 
STUART : Ou ? Et quand ?
 
MARIE-JO : Demain, seize heures, au même endroit. 
 
STUART : Je serai là. Mais il faut que…
 
On entend le bip de fin de communication. Stuart regarde Track et Weight. 
 
STUART : Elle a raccroché. 
 
SUSAN (l'air triomphant) : Bingo ! 
 
Track la regarde.
 
TRACK : Quoi ?
 
SUSAN : On a localisé l'appel. 
 
Stuart est partagé entre la douleur et l'espoir.
 

 générique de début

 SPECIAL GUEST STARS


 4  SUITE DE MLLE JUDICAL
 
La directrice de l'Unecain est en train de décorer son sapin de Noël. Déjà toute la pièce est décorée de divers illuminations. Elle chantonne " White Christmas " en hollandais. La porte d'entrée s'ouvre et Mlle Judical, qui était en train de placer une guirlande sur le sapin, s'arrête pour regarder dans cette direction. Flora, tout sourire, entre, les bras chargés de colis. Derrière elle se trouve Joe, également souriant. 
 
FLORA (souriante) : Je vous avez prévenu que je n'étais pas disposée à manger une glace comme dessert. Je suis maintenant complètement ballonnée. 
 
JOE : Ah, ces problèmes de femmes !
 
FLORA : Problèmes de femmes ? Ne me dites pas que ça ne vous arrive jamais !
 
A ce moment, Joe aperçoit Mlle Judical près du sapin. Son sourire s'efface. Il semble gêné. 
 
JOE : Alice !
 
Flora, qui est aveugle, n'avait pas perçu la directrice. 
 
FLORA : Alice ? Mais que fais-tu ici ? Je te croyais à l'Unecain. 
 
MLLE JUDICAL (amère) : C'est ce que je vois, oui. 
 
FLORA (comme pour s'excuser) : Joe a bien voulu m'aider à faire des courses pour Noël et à choisir des cadeaux pour les amis. 
 
MLLE JUDICAL (blessée) : D'habitude on faisait ça toutes les deux. 
 
FLORA : Sauf que cette année, l'Unecain te prend toute ton énergie. 
 
MLLE JUDICAL (fâchée) : J'aurais pu me libérer pour passer un après midi avec toi. Tu sais très bien que c'est une joie et une tradition entre nous deux. 
 
JOE (jusque la discret) : Bien, j'ai encore du travail au journal… je vous laisse…

Mlle Judical l'ignore, quant à Flora, elle semble remontée contre la directrice et fait la moue. Joe quitte la suite. Flora s'avance à pas précautionneux vers Mlle Judical. 
 
FLORA : On peut savoir ce que tu as aujourd'hui ? 
 
Mlle Judical continue de décorer son sapin. 
 
MLLE JUDICAL : Je ne vois pas de quoi tu parles. 
 
FLORA : Oh, arrête un peu. Je te sens fâchée contre moi. Est-ce que c'est parce que Joe et moi avons passé l'après midi ensemble ?
 
MLLE JUDICAL : Toi et Joe pouvait passer l'après midi, le soir, la nuit, et toute votre vie ensemble, je m'en fiche. 
 
FLORA : Je crois plutôt que tu es jalouse, oui !
 
Mlle Judical cesse son travail et se tourne vers Flora, en colère. 
 
MLLE JUDICAL : Jalouse ? Moi ? Non ! Je ne suis pas jalouse le moins du monde. Je pense simplement que tu ne devrais pas sortir avec lui, c'est tout. 
 
FLORA : On a été faire des courses ! On n'a pas cambriolé une banque !
 
MLLE JUDICAL : Je n'arrive pas à te comprendre Flora.
 
Et soudain, Mlle Judical quitte la pièce pour monter à l'étage, laissant Flora perplexe quant à la réaction de son amie. 
 

 5  UNE
PETITE MAISON DANS UNE IMPASSE
 
Une voiture de police, suivit d'une voiture civile, roulent à vive allure dans l'impasse. Elles s'arrêtent alors brusquement, faisant crisser leur pneus. De la voiture de police sortent Track et Follet, armes à la main tandis que Stuart et Susan Weight descendent de la voiture civile. Follet prend le haut parleur. 
 
FOLLET : Marie Jo. C'est la police, je vous conseille de vous rendre sans faire d'esclandre, ça vaudra mieux pour vous. 
 
Aucun bruit de provient de la maison, très coquette avec un grand porche devant. Le silence en devient pesant.
 
FOLLET : Marie Jo - ou qui que vous soyez - pour la dernière fois, je vous demande de sortir de la maison lentement et de poser vos mains sur la tête.
 
Mais toujours aucun bruit ne provient de la maison. Susan et Stuart s'approchent des deux policiers. 
 
SUSAN (à Stuart) : Vous savez qui habite ici ? 
 
STUART : Non, je n'en ai pas la moindre idée. 
 
Track regarde Follet. 
 
FOLLET : On y va. (il se tourne vers Stuart) Vous restez ici avec l'agent Weight. Et tenez vous à carreaux. 

Mais Stuart est très nerveux, il ne semble pas tenir en place. Follet et Track, toujours l'arme à la main, avancent jusqu'à la porte d'entrée. Chacun se tient d'un côté. Follet regarde Track et lui fait un signe de tête. Track porte doucement la main sur la clenche. Il regarde Follet, surpris : la porte est ouverte. Ils entrent, l'arme pointé. Dehors, Stuart les regarde avec anxiété. 

Follet et Track sont maintenant dans la pièce principale, décorée très simplement. Il n'y a personne et le silence est total. Track va voir une autre pièce, sur la gauche, sans doute la cuisine. Il revient en secouant la tête. Follet montre alors d'un signe de tête une porte fermée, sur la droite. Doucement, ils se dirigent vers elle. Follet ouvre la porte et les deux homme pointent leur arme en entrant.

A l'extérieur, Stuart n'en peut plus. Il se précipite vers l'entrée de la petite maison. Susan le rattrape par le bras. 

 
SUSAN : Qu'est-ce que vous faites ? L'Inspecteur Follet vous a dit...
 
STUART : Je me moque de ce que dit Follet. Il se trouve que ma femme est peut-être en danger et je dois aller voir... je dois y aller. 
 
Il se dégage et cours vers l'entrée. Finalement, Susan le laisse faire. 

Stuart entre dans la pièce principale. Il entend du bruit et des murmures de voix en provenance de la pièce qui se trouve sur la droite. Il se dirige dans cette direction. La porte est ouverte et Stuart aperçoit Follet, assis sur le lit, penché sur une personne couchée dont il ne voit pour l'instant que les pieds et les mollets. Track, quant à lui, est au téléphone. 
 
TRACK : Oui, elle respire encore. 
 
Stuart avance jusqu'au lit, et c'est à ce moment qu'il voit le visage de la jeune femme. C'est Kelly. Il se précipite vers elle. 
 
STUART : Kelly... Oh, mon Dieu, Kelly.... Mais qu'est-ce qu'elle t'as fait ?
Sur la table de chevet, à côté du lit, se trouve une boite de médicament vide, renversée. Stuart veut la prendre, mais Follet lui retient vivement la main. 
 
FOLLET : Non ! N'y touchez pas.


 6  
À GARDEN HILL,  DANS LA GRANDE SALLE
 
Des enfants - une bonne vingtaine au total - sont regroupés sur une estrade. En face d'eux se trouve un homme qui les dirige avec une baguette. Les enfants, très professionnellement, chantent " Merry Christmas ". Le public est composé des femmes séjournant à Garden Hill. Certaines écoutent avec émerveillement, d'autres plus distraitement. C'est le cas de Jillie, qui ne cesse de regarder Jessica, deux bancs plus loin. Sonny, de son côté, est assis au dernier rang et ne cesse de fixer Jillie. 
Les enfants terminent le chant et le public applaudit. Chris Garrett arrive sur la scène, l'air faussement enjoué. 
 
CHRIS : Merci à la Chorale des enfants de la Miséricorde. Ils sont géniaux, n'est-ce pas ? Bien. Un buffet vous attend dans l'autre pièce. Passez une bonne fin de journée, mesdames. 
 
Les femmes se lèvent dans un brouhaha. 

Le buffet dressé est très alléchant, et l'on voit les femmes s'y précipiter avec gourmandise. Ici, on ne sert que des jus de fruits et du coca. Jillie se fraye un passage entre un groupe de femme pour retrouver Jessica, qui, au buffet, se sert copieusement. Elle se tourne vers Jillie lorsqu'elle arrive. 
 
JESSICA (l'air détaché) : Le saumon est une horreur. Je te le conseille pas. Il a sûrement été pêché à Noël dernier. 
 
Mais le saumon semble être la dernière préoccupation de Jillie. 
 
JILLIE : Je voulais te dire merci. 
 
JESSICA : Et pour quoi ?
 
JILLIE : Tu sais bien pourquoi. Pour ne rien avoir dit à Chris Garrett. C'était plutôt sympa de ta part. 
 
JESSICA : Ne me remercie pas, tu veux. J'ai pas fait ça pour fayoter avec toi. Je me demande vraiment ce que tu fous ici. La plupart des femmes qui sont à Garden Hill, elles sont là pour s'en sortir. On dirait que toi, t'es trop bien pour vouloir admettre que t'as un problème. Je vais te dire une bonne chose, Perkins, arrête avec tes conneries. N'essaie plus de voir Sonny pour mendier une bouteille d'alcool. Non mais tu te rends compte de ce que tu fais ? T'es en train de te prostituer pour une bouteille de vodka... Tu crois pas que t'as un problème, la ?
 
JILLIE : Je voulais simplement te remercier pour n'avoir...
 
JESSICA : Je ne sais pas si j'ai bien fait de l'avoir fermé. Ca ne va sûrement pas t'aider. D'abord, tu fais de moi ta complice, et ensuite, tu continue à te détruire à petit feu. C'est la première et dernière fois, Perkins. Si je te vois encore rôder aux côtés de Sonny, je préviens Garrett. Parce que si tu continues, tu finiras comme ce saumon ... (elle lui jette un morceau sur l'assiette tout en la regardant) ... morte et défraîchie.

 7  APPARTEMENT DE NANNE

Nanne est assise devant sa télévision géante, en train de regarder " La vie est belle " avec James Stewart et Donna Reed. Émue par le film, elle pleure. La sonnerie de la porte d'entrée retentit. Résignée, elle va ouvrir et tombe nez à nez sur... un Père Noël. Malgré le déguisement bien fait, on reconnaît, sous la barbe blanche et son costume rouge, Tim O'Connell. 
 
TIM (l'air enjoué) : Oh...oh... oh... oh... mais on a un gros chagrin. 
 
Il entre dans l'appartement. Nanne, tellement surprise, ne sait pas quoi dire, ni faire. 
 
TIM : On va arranger ça, ma petite... Viens un peu ici...
 
Sans y avoir été invité, il s'assoit sur le canapé et fait signe à Nanne de le rejoindre à côté. Surprise, Nanne s'exécute. 
 
TIM : Alors, ma petite Nanne. Tout d'abord, le Père Noël aimerait savoir si tu as été gentille cette année. 
 
Nanne commence à se détendre. Elle rit.
 
NANNE : La plus gentille des petites filles, Père Noël. 
 
TIM : Tu n'as pas eu de problèmes, alors ?
 
NANNE : Non, le problème c'était les autres. (elle ajoute, malicieuse) Et en particulier une certaine personne qui s'appelle 
Tim O'Connell et qui a été très méchant avec moi. 
 
TIM (se laissant prendre au jeu) : Oh... oh... oh... oh.... celui là, je l'ai déjà corrigé. Il l'a bien mérité et il a promit qu'il ne recommencerait plus. Et il m'a même chargé d'un message pour toi, ma petite. 
 
NANNE : Ah oui ? et lequel ?
 
TIM : Il m'a dit de te dire qu'il... (il reprend sa voix habituel avec un brin de nostalgie) ... qu'il était très amoureux de toi. 
 
Nanne se sent alors gênée. Un silence s'installe, rompu par Tim. 
 
TIM : Oh... oh... oh... qu'est-ce que je dois lui répondre ?
 
NANNE : Qu'il vienne dîner à la maison ce soir, et qu'on en reparlera plus en détail. 

 8  
À L'HÔPITAL GARDEN PLACE MEMORIAL
 
Stuart est debout devant la vitre de la salle de réanimation où se trouve Kelly. Elle est encore inconsciente et l'on voit les infirmières prendre soin d'elle. Stuart à la mine décomposée. Il est au côté de Follet.
 
FOLLET : Nous avons pris des renseignements sur les propriétaires de la maison où se trouvaient Marie Jo et Kelly.
 
Stuart le regarde.
 
STUART : Et ?
 
FOLLET : Les propriétaires sont en Europe depuis plus de trois semaines. On tente de les localiser.
 
Le docteur Kirios est dans la chambre. Il regarde par la vitre Stuart, et décide d'aller le voir. Il arrive près de lui. 
 
STUART (impatient) : Docteur, comment va-t-elle ?
 
KIRIOS : On lui a fait un lavage d'estomac. Elle a avalé un nombre incalculable de somnifère. Ca n'a pas été facile, mais elle est hors de danger. 
 
Stuart pousse un soupir de soulagement. 
 
ED : Stuart ! ! !
 
Du soulagement, Stuart passe à une expression de profonde contrariété. Il se retourne. 
 
STUART : Ed, je...
 
ED : Pouvez-vous m'expliquer pourquoi personne ne m'a prévenu ? ! Je me fais un sang d'encre pour ma fille unique. La moindre des choses serait de m'avertir, non ?
 
STUART : Vous êtes là, non ? C'est que quelqu'un vous a averti. 
 
ED : Jenny m'a prévenu. C'est vraiment malheureux de voir que je suis prévenu par la secrétaire du bureau, comme un vulgaire étranger. Vous auriez dû m'appeler. 
 
STUART (sarcastique) : Kelly va bien. Merci de prendre de ses nouvelles. 
 
ED : Tout ça c'est votre faute Stuart. 
 
STUART : Qu'est-ce que vous voulez dire encore ?
 
ED : Cette Marie Jo... c'est une ancienne relation à vous, avouez le... Elle refait surface maintenant et Kelly est en danger à cause de vous. 
 
STUART (en colère) : La ferme, Ed... Arrêtez de parler pour ne rien dire. Vous ne savez rien de ma vie, ni de celle de votre fille. Vous débarquez ici comme un ouragan pour me faire des reproches et sans même demander des nouvelles de votre fille. Ou est votre intérêt ? A me rabaisser ou à prendre soin de Kelly ?
 
Ed accuse le coup. 


 9  TRIBUNAL DE GARDEN PLACE

Frank est à la barre.  
 
FRANK : Ca c'est passé l'année dernière à la même époque. Beth m'avait soi disant emprunté 2000 dollars pour un projet, et j'ai appris en fait qu'elle était partie en voyage avec Tim O'Connell. Elle ne m'a jamais remboursé ces 2000 dollars.
 
L'AVOCAT DE BETH : Mais il me semble pourtant que vous avez un compte joint ?
 
FRANK : Oui, mais...
 
L'AVOCAT DE BETH : Alors où est le problème, Monsieur Layton ?
 
FRANK : Le problème, c'est que je lui faisais confiance et qu'elle m'a trahit. 

Le temps passe, et c'est maintenant Beth qui est à la barre. 
 
BETH : Tim et moi sommes de bons amis, sans plus. Il n'a jamais été question que je trompe mon mari. Je viens d'une famille très croyante, vous savez. L'adultère est un mot que je bannis de mon vocabulaire. 
 
MAITRE PENLOCK (avocat de Frank) : Vous dîtes donc n'avoir jamais eu de relations intimes avec Tim O'Connell ? 
 
BETH (se sentant offensée) : Non... bien sûr que non voyons. 
Quelques temps plus tard, Gil est à la barre. 
 
GIL : Je trouve que Beth a un culot monstre. La liaison qu'elle entretient avec Tim n'est un secret pour plus personne à Garden View. Tout le monde est au courant. 
 
L'AVOCAT DE BETH : Vraiment, Monsieur Chabert ? Et comment le savez vous ?
 
Gil hausse les épaules. 
 
GIL : Combien de fois j'ai vu Tim entrer dans l'appartement de Beth pendant l'absence de Frank !
 
L'AVOCAT DE BETH : Et selon vous, le fait que Monsieur O'Connell vient rendre visite à Mme Layton dans son appartement en l'absence de son mari signifie qu'ils couchent ensemble ?
 
GIL (ne sachant plus quoi dire) : Oui... enfin oui, je suppose...
 
L'AVOCAT DE BETH : Vous supposez ? C'est justement là le problème, Monsieur Chabert. Votre accusation n'est fondée que sur votre supposition. Maintenant dîtes moi, avez vous déjà vu, de vos yeux vu, Tim O'Connell ayant des rapports intimes avec Beth Layton ?
 
GIL (exaspéré) : Bien sûr que non, mais....
 
L'AVOCAT DE BETH (l'interrompant) : Je n'ai plus d'autres questions, merci. 

Beth revient à la barre. 
 
BETH : J'ai ressenti comme un choc, vous comprenez. Lorsque je me suis promenée à Great Garden et que j'ai vu Frank et Menley s'embrasser avec fougue et passion, j'ai cru que le ciel me tombait sur la tête. Vous ne pouvez pas vous imaginer la souffrance morale que j'ai subi. 

C'est au tour de Menley 
 
MENLEY : Frank et moi nous sommes connus l'été dernier. Je ne savais pas qu'il était marié. 
 
L'AVOCAT DE BETH : Vous voulez dire qu'il vous a menti et qu'il a prétendu être célibataire. 
 
Maître Penlock se lève. 
 
PENLOCK : Objection ! Il répond à la place du témoin.
 
LE JUGE (impassible) : Accordée. Maître Silks, veuillez laisser votre témoin s'exprimer. 
 
SILKS : Très bien. Alors, Mlle Weaver, je formule ma demande autrement. Frank Layton vous a-t-il menti ? A-t-il prétendu qu'il était célibataire pendant vos vacances d'été ?
 
Menley hésite, puis : 
 
MENLEY (faiblement) : Oui. 
 
SILKS : Je n'ai pas entendu, Mlle Weaver. Veuillez parler plus fort. 
 
MENLEY : Oui. 
 
SILKS : Et maintenant, entretenez-vous toujours des relations intimes avec M. Layton ? Avant que vous ne répondiez, je vous rappelle que vous témoignez sous serment. 
 
MENLEY : Oui, mais uniquement parce que....
 
SILKS : Merci, Mademoiselle Weaver. 

Frank est de nouveau à la barre. 
 
FRANK : Je ne prétend pas être un saint. Je fais pas mal d'erreur de jugement, mais je peux vous assurer que si Menley et moi entretenons une relation, c'est parce que nous nous aimons, et aussi parce que je sais qu'entre moi et Beth, c'est irrémédiablement terminé. Beth m'a fait trop souffrir, vous comprenez. 

 10  AU CABINET DE MAÎTRE PENLOCK, DANS SON BUREAU
 
Menley et Frank sont en face de lui. Le visage de Penlock exprime des craintes. 
 
PENLOCK : C'est mal barré, c'est moi qui vous le dis. C'est vraiment mal barré pour vous Frank. Silks est très fort, il a fait passé Beth pour une femme sans reproches, bafouée par un mari menteur et volage. 
 
FRANK : Mais c'est faux !
 
PENLOCK : Je le sais bien, mais le juge, lui, n'en sait rien. 
 
MENLEY : Qu'est-ce qu'on peut faire ?
 
PENLOCK : Il nous reste encore une dernière chance...

 11  
À GARDEN HILL, EN SOIRÉE

Mlle Judical est avec Jillie, dans une petite pièce qui sert de salon. Elles sont seules. Jillie est assise sur un canapé et Mlle Judical sur une chaise, près d'elle. 
 
JILLIE : Aujourd'hui, nous avons eu droit à de très beaux chants de Noël. Ca m'a réchauffé le cœur. 
 
MLLE JUDICAL : J'en suis ravie. 
 
JILLIE : Que comptez-vous faire pour le réveillon de Noël ?
 
MLLE JUDICAL : Et bien, j'espérais qu'on pourrait le passer ensemble, qu'en dites-vous ?
 
JILLIE  : Ce serait une bonne idée. Moi, vous, et Flora. 
 
Le sourire de Mlle Judical s'efface. 
 
MLLE JUDICAL : Flora ne sera pas parmi nous. 
 
Jillie ne demande pas d'explication. Un silence, puis la directrice reprend. 
 
MLLE JUDICAL : Comment se passe votre thérapie ?
 
JILLIE : C'est pas franchement génial. J'essaie de faire des efforts, mais je ne comprends pas toujours tout ce que me dit Monsieur Garrett. 
 
MLLE JUDICAL : Un peu de patience, et ça ira. 
 
JILLIE : Il y a un autre problème. 
 
MLLE JUDICAL : Ah oui ? Et lequel ?
 
JILLIE : C'est ma compagne de chambre, Jessica Reaset. Elle est toujours après moi. Elle ne cesse de me crier après. 
Elle me déteste. En fait, j'ai peur d'elle. Je crois qu'elle est capable du pire pour arriver à ses fins. 
 
Mlle Judical affiche un visage inquiet au récit de Jillie. 
 
JILLIE : Vous ne voulez pas en parler à Chris Garrett ? J'aimerai changer de chambre... je suis sûre qu'il vous écoutera. Parlez-lui s'il vous plaît. 
 

 12  DANS LE BUREAU DE CHRIS GARRETT, UN PEU PLUS TARD
 
Mlle Judical est assise en face de Chris, qui lui est devant son bureau. 
 
CHRIS : Je n'y comprends rien. Jessica est une fille très bien. Ca fait presque un an qu'elle est ici. Elle a eu beaucoup de problème dans sa vie, mais elle remonte la pente doucement, et en plus, ses autres compagnes de chambre ne s'étaient jamais plaintes.
 
MLLE JUDICAL : Est-il possible de changer Jillie de chambre ?
 
CHRIS : Mlle Judical, si on change Jillie de chambre, le problème ne sera pas résolu. Jillie n'évolue pas comme elle devrait le faire. Tantôt elle se renferme sur elle même et je n'arrive pas à la cerner, tantôt elle crache son venin en pleine figure. Mais il n'y a aucune amélioration notable. Elle ne fait pas d'efforts pour s'intégrer au groupe. Jessica n'est pas le problème de Jillie. Son problème, c'est qu'elle doit s'accepter en tant qu'alcoolique. 
 
MLLE JUDICAL : Pourtant, elle me semblait aller mieux. 
 
CHRIS : Ce n'est qu'une façade. 

 
 13  AU GARDEN PLACE MEMORIAL, DANS UN COULOIR
 
Stuart est au téléphone, qui se trouve accroché au mur du couloir.
 
STUART : Ed ? Je voulais simplement vous dire que Kelly s'est réveillée. Comme ça, vous ne pourrez pas me reprocher à nouveau de ne pas vous avoir prévenu. 
 
Puis il raccroche aussi sec.

 
 14  GARDEN PLACE MEMORIAL, CHAMBRE DE KELLY
 
Kelly est assise sur son lit. A ses côtés, on trouve l'Inspecteur et, assis sur une chaise, Stuart. 
 
KELLY : Je vous assure, inspecteur, je ne me souviens de rien d'autre. 
 
FOLLET : Vous dites donc que cette femme, Marie Jo, vous a forcé à prendre ses somnifères ?
 
STUART (excédé) : Elle vous l'a déjà dit trois fois ! Je ne comprends pas pourquoi vous tournez toujours autour du pot. Vous avez sa description, alors qu'attendez vous pour lancer un avis de recherche ?
 
FOLLET (lui aussi excédé) : Monsieur Farris, je ne doute pas de vos compétences en tant qu'avocat. Mais côté enquête, laissez-moi la mener comme bon me semble et gardez vos remarques pour vous. (il se tourne vers Kelly). Demain matin, à la première heure, Susan Weight viendra vous voir pour établir un portrait robot de la femme. Maintenant, excusez-moi, j'ai encore du travail qui m'attend. 
 
Sans attendre de réponse, Il quitte la chambre. Stuart regarde Kelly en souriant. 
 
STUART : Comment tu te sens ?
 
KELLY : Patraque. Très patraque, j'ai l'impression d'avoir bu trois bouteilles de champagne. 
Elle porte alors la main à son front en faisant une grimace. 
 
STUART : Toujours ces maux de tête ?
 
KELLY : Oui, mais ça passe rapidement. 
 
Ed Burnstein entre alors en trombe dans la pièce et cours embrasser sa fille, sans même un regard pour Stuart. 
ED : Kelly, ma chérie.... Comment vas-tu ? Je me suis fait un sang d'encre à ton propos. 
 
KELLY : Je vais bien papa, ne t'inquiète pas. 
 
ED : Je suis obligé de m'inquiéter quand je vois que tu es en danger constant à cause de ton mari. 
 
Stuart se lève, en colère. 
 
STUART : Ah, vous n'allez pas recommencer !
 
Ed se tourne vers Stuart, et s'approche de lui, menaçant. 
 
ED : Je vous préviens, Stuart. N'approchez plus de ma fille, vous m'entendez ? Je ne veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. Alors à partir de maintenant, tenez vous à distance d'elle. Kelly reviendra vivre chez moi, et si jamais vous l'approchez, je vous préviens que je mets tous les flics de Garden Place derrière vous. 
 
KELLY : Papa. Je ne reviens pas vivre avec toi. 
 
Ed se retourne vers Kelly.
 
ED : Quoi ?
 
KELLY : Ma place est auprès de mon mari. 
 
ED : Mais enfin Kelly, tu n'y penses pas. Tant que tu resteras avec lui, tu seras en danger...
 
KELLY : Papa, s'il te plaît, ne discute pas. J'aime Stuart et je sais qu'il a déplacé des montagnes pour me retrouver. Je vais vivre avec lui. Il faut que tu l'accepte. 
 
Soudain, c'est comme si tout un monde s'écroulait autour d'Ed. Son visage exprime la douleur, celle de perdre sa fille. Il baisse la tête, comme vaincu, puis se dirige vers la sortie. Stuart et Kelly le regarde, surpris par cette réaction qui ne lui ressemble pas.

 
 15  GARDEN HIGH STREET, LE SOIR
 
La grande rue de Garden Place est illuminée des décors de Noël. Beaucoup de passants se pressent sur le trottoir. On reconnaît Nanne et Gil, qui marchent tout en discutant. 
 
NANNE : Écoute, Gil. Je ne comprends pas pourquoi tu prends la mouche. 
 
GIL : Je ne lui fait pas confiance, c'est tout. 
 
NANNE : Mais je t'assure qu'il a changé. Tim est devenu quelqu'un de charmant. 
 
GIL : Et tu ne trouve pas ce changement trop brusque ?
 
NANNE : Tu es toujours sur la défensive. Arrête un peu. Tim s'est simplement rendu compte de ses erreurs, et c'est très bien, non ?
 
Gil arrête Nanne et la prenant par le bras, la force à le regarder.
 
GIL : Promets-moi de faire bien attention, Nanne. Je connais bien Tim et je ne pense pas qu'il ait changé aussi brusquement. Sois prudente vis à vis de lui. Tu veux faire ça pour moi ?
 
NANNE (souriante) : Tu sais bien que je ne peux jamais rien te refuser. 

 16  APPARTEMENT DES LAYTON

Frank entre alors que Beth est assise sur le fauteuil. Elle se lève en le voyant arriver. 
 
BETH : Tiens donc, mon cher futur ex époux daigne venir faire acte de présence ce soir. 
 
FRANK (de mauvaise humeur) : La ferme, Beth. 
 
BETH : Il reste du poulet, tu peux le chauffer au micro ondes. 
 
FRANK : C'est plutôt ta tête que j'ai envie de chauffer au micro ondes. 
 
BETH : Ouh, mais c'est qu'il est de mauvaise humeur, monsieur. Tu t'es disputé avec ta petite campagnarde ou quoi ?

Frank ne préfère pas répondre. Il se dirige vers la table basse, près du fauteuil, et voit un tas de papier. 
 
FRANK : C'est quoi ?
 
BETH : En fait, comme je vais gagner le procès en divorce, je suis en train de faire l'inventaire de tout ce qui sera à moi. A commencer par l'appartement et bien entendu les actions que tu possèdes de l'Unecain. 
 
FRANK : Je trouve que tu vas un peu vite en besogne, ma chère. 
 
BETH : Oh non, le juge pense que tu n'es qu'un moins que rien. Il ne te laissera pas t'en sortir comme ça. 
 
FRANK : Tu sais, je me suis toujours demandé ce que tu as contre moi. 
 
BETH : Ne cherche pas, ce n'est plus la peine. Dès que le divorce sera prononcé, je te laisse une journée pour faire tes bagages et dégager d'ici. Tu iras vivre chez ta poule ou ailleurs, je m'en fiche, du moment que je ne te vois plus, c'est le principal. 

 17  SUITE DE MLLE JUDICAL

Flora et Mlle Judical sont en train de manger une soupe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'ambiance n'est pas vraiment chaleureuse. On entend que le bruit des cuillères contre les assiettes. C'est Flora qui finalement rompt le silence. 
 
FLORA : Joe m'a demandé de l'accompagner à Rome pour les vacances. J'ai décidé d'accepter. 
 
Mlle Judical laisse tomber sa cuillère dans l'assiette et le bruit fait sursauter Flora. 
 
MLLE JUDICAL : Félicitations, ma chère. Tu as finalement obtenu ce que tu voulais. 
 
FLORA : Ne rends pas les choses plus compliquées qu'elle ne le sont déjà. 
 
MLLE JUDICAL : C'est toi qui les complique, les choses. Et d'abord, qu'est-ce que tu fais de nos traditions, hein ? Ca fait plus de trente ans qu'on fête Noël ensemble. On formait une famille rien que toi et moi, et maintenant, tu gâches tout. 
 
FLORA : Ne me rends pas responsable de tes erreurs. 
 
MLLE JUDICAL : Mes erreurs ? Mais de quoi tu parles ?
 
FLORA : Tu avais tout le loisir d'accepter de passer Noël avec Joe, je t'y ai même encouragé... et c'est toi qui a tout gâché parce que tu avais la trouille de partir avec lui. 
 
MLLE JUDICAL : J'ai décidé de rester pour Jillie. Tu devrais comprendre ça, non ?
 
FLORA : Tout ce que je comprends Alice, c'est que tu n'es pas bien dans ta peau en ce moment. 
 
MLLE JUDICAL : Est-ce que tu l'aimes ?
 
FLORA : Quoi ?
 
MLLE JUDICAL : Tu as très bien compris Flora. Je te demande si tu es amoureuse de Joe. 
 
FLORA : Je ne préfère même pas répondre. 
 
MLLE JUDICAL : Alors tu l'aimes ! C'est ça. Maintenant qu'il est libre, tu te jettes sur lui comme un fauve sur un morceau de viande. 

C'en est assez pour Flora. Elle se lève, en colère. 
 
FLORA : J'en ai assez entendu pour aujourd'hui. Je crois que tu crèves de jalousie. Tu es encore amoureuse de Joe et tu ne supporte pas de savoir qu'il va partir avec une autre femme. Finalement, il a raison quand il dit que tu ne sais pas ce que tu veux dans la vie. Je vais te le dire maintenant : je ne suis pas amoureuse de Joe, mais je me sens bien à ses côtés. Nous partons en vacances comme des amis, et certainement pas comme des amants. Et crois moi, je ne regrette pas ma décision ; je préfère mille fois mieux passer les fêtes en compagnie d'un homme charmant et formidable plutôt qu'en compagnie d'une vieille radoteuse qui raconte n'importe quoi. Maintenant, excuse-moi, mais je dois préparer mes bagages. Je pars demain en fin de matinée. 

C'est la première fois qu'on voit Flora en colère. 

 18  À CORONELL STREET
 
Sibella est dans sa petite boutique de voyante que lui a construit Charlie. Ce dernier la regarde de loin, admirant son travail. Sibella est avec une femme pour une consultation. 
 
SIBELLA : Je crois que vous savez maintenant comment gérer votre destin, Stefanie. Allez-y doucement. Ne précipitez pas les choses. Et surtout Stefanie, surtout (elle pose les mains sur les siennes) ... arrêtez de vouloir toujours faire plaisir aux autres. 
 
STEFANIE : J'ai peur de faire souffrir Izaac si je le quitte. 
 
SIBELLA : Vous allez le faire si vous ne le quittez pas. Croyez-moi, il vaut mieux être franche dans ce genre de situation. Parce que si vous ne le quittez pas, vous allez être malheureuse, et Isaac sera malheureux de vous voir malheureuse. Si vous persistez à vouloir faire plaisir aux autres à vos propres détriments, vous vivrez toujours votre vie par procuration. Et ce n'est pas ce que vous voulez, n'est-ce pas ?
Stefanie sourit. Elle sort un billet de 50 dollars qu'elle tend à Sibella.
 
STEFANIE : Merci Sibella. J'ai compris maintenant. 
 
SIBELLA : Tenez-moi au courant. 
 
Stefanie s'en va et Charlie s'approche, avec un sourire. 
 
CHARLIE : Je vous admire beaucoup, Sibella Calvin. Vous êtes une femme exceptionnelle. 
 
SIBELLA (avec affection) : Et vous un vieux fou radoteur.
 
Un homme, imposant, arrive près de la petite cabane de fortune. Il s'appelle Jim Falcus.
 
JIM : Excusez-moi, messieurs dames. Je voudrais m'entretenir avec vous si vous n'y voyait pas d'inconvénient. 
 
SIBELLA : Ce sera 50 dollars.
 
JIM : Non, non. Je ne viens pas en consultation. Je m'appelle Jim Falcus, et je suis le propriétaire du drug store. 
 
CHARLIE (s'attendant au pire) : Ah. 
 
JIM : Oui, je voulais vous dire que vous ne pouvez pas rester ici. 
 
SIBELLA : Et pourquoi ça, jeune homme ?
 
JIM : Parce que le terrain où vous avez bâti ce petit cabanon appartient au drug store. 
 
CHARLIE : Très bien, et vous voulez qu'on vous paye un loyer, c'est ça ?
 
JIM : Non, je veux que vous dégagiez d'ici. Vous gênez le passage de ma clientèle. 
 
SIBELLA : Je ne vois pas en quoi le fait de se trouver près du magasin gêne le passage de la clientèle. Vous racontez n'importe quoi, monsieur. 
 
CHARLIE : Au contraire, ça peut vous faire de la pub. 
 
JIM : C'est le genre de pub dont je peux me passer. Je n'aime pas les charlatans. 
 
SIBELLA : Non mais ! Comment ose-t-il me traiter de charlatan ! Vous ne savez pas à qui vous vous adressez Monsieur. 
 
JIM : Je m'adresse à une personne qui doit déguerpir le plus vite possible de cet endroit. 
 
CHARLIE : Ce n'est pas l'amabilité qui vous écorche la bouche, vous !
 
SIBELLA : Ecoutez, on ne fait absolument rien de mal ici. J'exerce mon métier comme n'importe qui et...
 
JIM : C'est quoi votre métier ?
 
SIBELLA : Je suis voyante...
 
Jim rit. 
 
JIM : Ce soir, je ne veux plus rien voir de ce vieux tas de bois, vous m'entendez ?
 
Puis il s'en va. Sibella regarde Charlie. 
 
SIBELLA : Qu'est-ce qu'on va faire ?
 
CHARLIE : On laisse passer. Peut-être qu'il va se calmer, après tout. 

 19  BUREAU DE JOE KRUEGER
 
Lacey entre dans le bureau. Elle voit alors une grosse valise posée sur le bureau du directeur du journal. Ce dernier, en train de la fermer, lève la tête et sourit. 
 
JOE : Lacey ! Quelle bonne surprise. 
 
LACEY : Je vous dérange peut-être. 
 
JOE : Mais non pas du tout. Entrez voyons. 
 
LACEY (désignant d'un signe de tête la valise) : Vous partez ?
 
JOE : Oui. Dans deux heures, mon avion décolle via l'Italie et loin des soucis de Garden Place. 
 
LACEY : Alors je crois que je vais vous laisser. Vous devez avoir pas mal de choses à régler...
 
JOE : Mais non, voyons. Je suis content de vous revoir. Dites-moi ce qui vous amène. 
 
Lacey s'assoit sur une chaise devant le bureau. 
 
LACEY : C'est au sujet de ma mère. 
 
JOE : Sibella ? Vous avez de ses nouvelles ?
 
LACEY : Non, justement. Autant que vous le sachiez, nous nous sommes quittés en mauvais termes. En fait, je l'ai mise à la porte. Je sais que je n'aurais jamais dû faire une chose pareille. C'était stupide.
 
JOE : Et maintenant, vous le regrettez.
 
LACEY : Oui. Les fêtes sont là et elle me manque. Je me demande où elle se trouve en ce moment. 
 
JOE : Lacey, en quoi puis-je vous aider ?
 
LACEY : Ca aurait été bien si... enfin, si vous auriez pu publier un article dans votre journal, disant que je la recherche et que je voudrais passer Noël avec elle. Si elle lit l'article, elle reviendra. 
 
JOE : Voyons, nous sommes le 23 aujourd'hui. Demain, c'est le réveillon. Voilà ce que je vous propose : Dan, mon bras droit, va s'occuper de cette affaire. Il va faire au mieux pour que l'article paraisse demain, le jour du réveillon, qu'en pensez-vous ?
 
LACEY : Ce serait formidable, mais je ne voudrais pas...
 
JOE : Nous déranger ? Pas du tout, au contraire, ce sera notre article de Noël, un très joli message qui aura de quoi émouvoir toutes les classes de la population. Vous y trouverez votre compte et moi le mien puisque je suis sûr qu'on va vendre davantage d'exemplaires demain. 
 
LACEY (souriante) : Vous êtes vraiment un chic type, Joe.

 20  SALLE D'AUDIENCE DU TRIBUNAL DE GARDEN PLACE
 
Tout le monde est à sa place. Beth est avec son avocat et Frank avec Penlock, tandis que le juge est assis sur son siège. 
 
LE JUGE : Très bien. J'ai donc entendu tous les témoins et...
 
Penlock se lève. 
 
PENLOCK : Votre Honneur ?...
 
Le juge le regarde. 
 
LE JUGE : Oui Maître Penlock ?
 
PENLOCK : Si vous le permettez, j'ai un autre témoin à produire à la barre. 
 
Beth fronce les sourcils tandis que Silks se lève. 
 
SILKS : Votre Honneur, c'est inadmissible !
 
LE JUGE : Pourquoi votre témoin n'est pas sur la liste ?
 
PENLOCK : Parce qu'il ne voulait pas témoigner. Mais mon client l'a finalement persuadé. 
 
BETH (à l'oreille de Silks) : Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
 
LE JUGE (soupirant) : Très bien. Appelez votre témoin, alors.
 
PENLOCK : J'appelle à la barre Tim O'Connell. 
 
Les portes de la salle s'ouvrent et Tim apparaît. Beth le regarde, anxieuse. 
 
Tim est maintenant à la barre. Penlock l'interroge. 
 
TIM : Beth et moi avions une relation intime pendant presque deux ans. On se voyait tous les jours pratiquement, lorsque 
Frank était à l'Unecain. 
 
PENLOCK : Qui a engendré cette relation ?
 
TIM : C'est Beth. Elle me tournait autour depuis pas mal de temps. Elle disait que son mari l'ennuyait, qu'elle voulait de 
nouvelles sensations. Je pense que Frank l'aimait profondément à cette époque, mais Beth s'en fichait. 
Sur son siège, Beth commence à s'énerver. 
 
BETH (entre ses dents) : Tu vas me le payer cher...
 
PENLOCK : Vous n'êtes plus ensemble, maintenant ?
 
TIM : Non, depuis quelques mois, c'est fini entre nous. 
 
PENLOCK : Pourquoi ? 
 
TIM : Parce que Beth m'a entraîné dans une drôle d'aventure. 
 
PENLOCK : C'est à dire ?...
 
TIM : Elle voulait que je fasse du charme à Menley pour que Frank puisse rompre sa relation avec elle. Et comme je ne voulais pas, elle m'a traité comme un moins que rien... et nous avons rompus. 
 
Beth se lève. Elle est en colère. 
 
BETH (criant) : Ce n'est pas vrai ! Ca ne s'est pas passé comme ça ! Espèce de sale menteur.... !
 
Le juge tape sur la table avec son marteau. 
 
LE JUGE : Maître Silks, veuillez calmer votre cliente ou bien je suspend l'audience. 
 
Silks se lève et parle à l'oreille de Beth.
 
SILKS : Calmez-vous, pour l'amour du ciel. 
 
Beth et Silks se rassoient. 
 
TIM : Je demande pardon à Frank pour le mal que j'ai pu lui causer. Vraiment. 
 
PENLOCK : Avez-vous quelque chose à rajouter, Monsieur O'Connell ?
 
TIM : Oui... j'aimerais bien récupérer mes meubles. 
 
PENLOCK : Vos meubles ?
 
TIM : J'avais besoin d'argent, et Beth a insisté pour me prêter 8000 dollars. (on voit alors Beth qui écarquille les yeux tant elle ne croit pas se qu'elle entend). Et comme je n'arrivais pas à rembourser la somme, elle a prit tous mes meubles. Maintenant, je me retrouve sans rien. Je lui avais pourtant dit que je la rembourserai en début d'année prochaine, mais elle n'a rien voulu savoir. 
 
Beth se lève à nouveau, son corps entier est tendu par la colère. 
 
BETH : Mais il ment !... c'est lui qui m'a volé les 8000 dollars...
 
Le juge tape sur la table avec son marteau. 
 
LE JUGE : Ca suffit ! J'en ai assez entendu ! L'audience est suspendu. Nous reprendrons les débats cet après-midi.
 
BETH (criant) : Espèce de salopard ! Tu vas regretter ce que tu m'as fait. 
 
Frank, lui, est satisfait de la tournure que prennent les événements.


 21  SUITE JUDICAL, DANS LA CHAMBRE DE FLORA
 
Elle prépare ses bagages. On toque à la porte. La non voyante s'arrête un instant. 
 
FLORA : Entre. 
 
Mlle Judical apparaît sur le pas de la porte. 
 
MLLE JUDICAL : Joe est ici. 
 
FLORA (amère) : Si tu ne l'as pas jeté dehors, va donc lui dire que j'ai presque fini. 
 
Mlle Judical s'avance près de Flora. 
 
MLLE JUDICAL (l'âme en peine) : Flora, je... je voulais te dire. Je sais que j'ai fait pas mal d'erreurs, et j'ai beaucoup réfléchi. La vieille radoteuse que je suis te dois des excuses. Nous sommes amies depuis tant d'années. Je ne veux pas briser notre amitié Flora. (elle a la gorge nouée et des larmes coulent sur ses joues).Je t'aime....
 
Flora éclate en sanglot et se jette dans les bras de la directrice de l'Unecain. 
 
FLORA : Moi aussi je t'aime, Alice. Noël ne sera pas la même chose sans toi. Joe comprendra...
 
MLLE JUDICAL : Non Flora, non ! Ne décommande pas ton voyage à Rome. Tu vas t'amuser là-bas. Tu vas découvrir des tas de choses, rencontrer des tas de gens. Tu le mérite bien. (un petit silence, puis elle ajoute) Et quant à moi, je vais en profiter pour faire le point sur moi. Je veux savoir où j'en suis, et le fait de rester seule m'y aidera sûrement. 
 
FLORA : Je regrette les paroles que je t'ai dites hier soir...
 
MLLE JUDICAL : C'est du passé maintenant, n'en parlons plus. Je te souhaite le plus merveilleux de tous les Noël.
 
A nouveau, elles s'embrassent. 


 22  DANS L'APPARTEMENT DE LACEY
 
Lacey est avec Gil. Elle essaie de mettre un sapin de Noël droit sur une table. Le sapin est totalement cagneux. Lacey le tient pendant que Gil s'efforce de le mettre sur un support. 
 
LACEY : Je crois surtout que Nanne est une fille très vulnérable en ce moment. 
 
GIL : Oui, et ça me fait vraiment mal au cœur de savoir que ce crétin de Tim lui court encore après. 
 
LACEY : D'après ce que m'a dit Menley, Tim a plutôt assuré au procès du divorce de Frank. 
 
GIL : Tu ne vas pas toi aussi te mettre de son côté...
 
LACEY (haussant les épaules et d'un air dégagé) : Tout ce que je disais...
 
Ils s'éloignent du sapin pour le regarder. Il est vraiment bizarre, car tout tordu. Gil regarde Lacey. 
 
GIL : On peut savoir où tu as trouvé cet horreur ? 
 
LACEY : C'est le dernier qui leur restait. 
 
Le sapin tombe de sa cale et de la table rouge. Lacey cache son visage dans ses mains. 
 
LACEY : Oh, non...
 
C'est alors qu'on sonne à la porte. Lacey va ouvrir. Stuart est en face d'elle. 
 
LACEY : Stuart ! Quelle bonne surprise. Entre, je t'en prie. 
 
STUART : Je ne voudrais pas te déranger. (puis, voyant Gil) Salut Gil. 
 
GIL : Stuart, comment tu vas ?
 
STUART : Ca peut aller. Je suis venu vous faire mes excuses pour vous avoir mal traité alors que vous ne souhaitiez que m'aider. 
 
LACEY : N'en parlons plus. Dis-moi plutôt comment va Kelly. 
 
STUART (avec un petit sourire) : Beaucoup mieux... Elle sort ce soir. 
 
LACEY : Génial.
 
Voyant que Gil essaie de redresser l'arbre, Stuart va lui donner un coup de main. 
 
GIL : Tu as des nouvelles de... Marie Jo ?
 
STUART : Non. Elle m'avait donné un nouveau rendez-vous mais encore une fois elle n'est pas venue. Tu sais... j'essaie vraiment de me creuser la tête pour savoir qui peut être cette Marie Jo... J'ai pensé à une ancienne cliente que j'ai défendu et qui aurait perdu son procès par ma faute...
 
LACEY : Il ne doit pas y en avoir des tonnes...
 
Le sapin est redressé. Les trois personnes le regardent. Il penche... il penche... et tombe encore. 
 
LACEY : Cette fois, j'en est assez. On va le mettre dans un coin de la pièce, à même le sol, et puis basta ! 
 
Elle prend le sapin d'une façon comique et le pose par terre, contre le coin de la pièce. Gil et Stuart la regarde faire. 
On sonne à nouveau. 
 
LACEY : Décidément, c'est la journée des visites...
 
Elle va ouvrir et voit Menley. 
 
LACEY (pour rire) : Réception de l'appartement de Lacey Calvin, bonjour... que puis-je pour vous ?
 
Menley affiche un regard triomphant et ignore la remarque de Lacey. 
 
MENLEY : Bingo !
 
Elle entre dans l'appartement. 
 
GIL : Tu as gagné au loto ?
 
MENLEY : Non, c'est mieux que ça... (elle voit Stuart). Stuart, je suis contente que tu sois là. Je crois avoir trouvé la réponse.
 
LACEY : La réponse à quoi ?
 
MENLEY : A l'énigme Marie Jo. 
 
STUART : Menley... je ne voudrais pas te paraître désagréable, mais à chaque fois que tu as fourré ton nez dans mon histoire, ça c'est terminé en catastrophe. 
 
MENLEY : Non, non... j'ai bien réfléchie. Je crois savoir qui est Marie Jo. 
 
Les trois personnes la regardent avec un mélange d'inquiétude et d'espoir.
 
GIL : Et ?...
 
MENLEY : Jane Stombisky ! Ca ne peut être qu'elle ! Souviens-toi Lacey. Quand nous sommes allés la voir, la haine qu'elle éprouvait vis à vis de Stuart. 
 
LACEY : Oui, tu as raison... (elle se tourne vers Stuart). Je crois même qu'elle a dit qu'elle voudrait te voir mort. 
 
Stuart réfléchit. 
 
STUART : Elle m'en a toujours voulu de la mort de sa sœur. Elle est persuadée que je l'ai poussé dans le lac le soir du bal de promo.
 
GIL (levant les bras pour faire l'arbitre) : Attendez... attendez... Pourquoi Jane aurait-elle attendu de si longues années avant de mettre au point une vengeance ?
 
STUART : Parce que les deux détectives de choc que tu as devant toi lui ont ranimé la mémoire. 
 
Lacey et Menley font la grimace en pensant au jour où elles sont allées voir Jane chez elle à Sacramento, à l'époque où elle croyait Stuart coupable. 
 
LACEY : C'est peut-être notre faute ce qui arrive en ce moment.
 

 23  DANS LE JARDIN DE GARDEN HILL
 
Jillie se promène dans une allée bordée de fleurs lorsque Jessica surgit derrière elle et, d'un geste de la main, lui prend l'épaule pour que Jillie se retourne vers elle. Jessica est en colère. Elle frappe Jillie au visage. Cette dernière accuse le coup. 
 
JESSICA : Je sors du bureau de Garrett. Non mais qu'est-ce qui t'as pris de raconter toutes ces choses sur moi ? T'es vraiment malade Perkins. Mais je te préviens que tu marches sur un terrain miné, ma vieille. Tu me refais un coup pareil et je te prie de croire que non seulement Garrett, mais toutes les filles de Garden Hill vont savoir que tu te payes Sonny pour une bouteille de vodka. (elle approche son visage décomposée par la colère de celui de Jillie et dit, menaçante) Est ce que je me suis bien fait comprendre ?
 
Jillie, se sachant en tort, ne dit rien et se contente de regarder Jessica.

 24  CHEZ BRONSKI
 
Nanne est à une table, un diabolo menthe devant elle. Tim arrive dans le café, regarde autour de lui et la voit. Il va vers elle
 
TIM : J'ai reçu ton message et je suis venu aussi vite que possible. Tu n'as pas de problème, j'espère. 
 
Tim semble inquiet, et Nanne sourit. 
 
NANNE : Non, pas de problème. Assieds toi. 
 
Il s'exécute. La serveuse arrive. Tim la regarde. 
 
TIM : Un café.
 
La serveuse s'éloigne nonchalamment. 
 
NANNE : Je voulais simplement te dire que j'ai appris ce qui s'est passé au tribunal. Tu as pris la défense de Frank, c'était très sympa de ta part. 
 
TIM (heureux) : Je n'ai fait que ce que je croyais juste. 
 
NANNE : Tu as fait plus encore. Il t'as fallu beaucoup de courage pour témoigner tes erreurs passées. Je voulais que tu saches que j'apprécie beaucoup. En fait, je suis très impressionnée par ton changement soudain. 
 
TIM : Disons que depuis que je ne suis plus avec Beth, j'ai ouvert les yeux sur pas mal de choses. 
 
NANNE : Je voulais te dire aussi que j'avais passé une bonne soirée en ta compagnie la dernière fois. 
 
TIM : Tu es une cuisinière hors paire. On recommence quand tu veux. 
 
NANNE : Pourquoi pas demain ?
 
TIM : Le soir du réveillon ?
 
NANNE : Oui... à moins que tu aies d'autres projets. 
 
TIM : Non, non... je serais ravi de passer le réveillon de Noël avec la plus charmante des filles de Garden Place. 
Ils se sourient. 

 25  APPARTEMENT DES FARRIS, PIÈCE PRINCIPALE 
 
Nanne et Tim arrivent en riant. 
 
NANNE : J'espère que nous ne sommes pas en retard.
 
Dans la pièce se trouvent Menley, Lacey et Gil qui considèrent les nouveaux arrivés avec surprise, et une petite part de réserve. Gil affiche son mécontentement. 
Sur un pan du mur de la pièce principale, en haut, il y a une affiche ou il est inscrit " BON RETOUR KELLY ". 
Après un temps de silence qui paraît une éternité. Menley prend finalement la parole.
 
 
MENLEY : Non, pas du tout... Stuart et Kelly ne sont pas encore arrivés. 
 
LACEY : Je vous sers quelque chose ? Stuart nous a dit de faire comme chez nous, alors je ne vais pas me gêner. 
 
TIM : Un martini pour moi. 
 
NANNE : Je prendrai quelque chose après. 
 
LACEY : Et un martini... un !
 
Et elle va au bar le servir. Menley prend Nanne a part et s'entretient avec elle. Tim regarde Gil qui ne cesse de le fixer. Il se dirige à pas lent vers lui. 
 
TIM : Y'a un problème ?
 
GIL : C'est toi le problème. Pourquoi est-ce que tu cours après Nanne ?
 
TIM : Je suis amoureux d'elle. Ca te dépasse, hein ?
 
GIL : Je ne veux pas qu'elle souffre à nouveau. 
 
TIM : Tu ne serais pas un peu jaloux, par hasard ?
 
GIL (menaçant) : Je te préviens, O'Connell. T'as plutôt intérêt à ne pas lui faire de mal, parce que sinon, je te jure que tu le paieras très cher. 
 
TIM (d'un air de défi) : J'en ai rien à faire de tes menaces, Chabert. 
 
Lacey est à l'interphone. 
 
LACEY : Oui, George, merci beaucoup.(elle raccroche puis se tourne vers les autres en levant les bras pour faire silence). Attention tout le monde ! Ils arrivent !
 
Menley ferme la lumière et se place avec les autres, devant le panneau de bienvenue. Stuart ouvre la porte et on le voit avec Kelly. Il allume la lumière, et…
 
GIL, MENLEY, LACEY, NANNE, TIM (ensemble) : SURPRISE ! ! !
 
Kelly sursaute. Devant elle, les cinq professeurs lui sourient. Mais Kelly ne fait pas une bonne tête. Elle semble perturbée par cet effet de surprise. Les sourires s'effacent alors pour laisser place à de la gêne. Kelly avance, regarde tour à tour ses cinq collègues. Stuart reste sur le pas de la porte, ne sachant trop que faire. 
 
KELLY : C'est.. c'est… enfin oui, c'est une surprise. 
 
LACEY : Nous sommes venus te souhaiter un bon retour, Kelly. Juste histoire de te dire que nous sommes avec toi dans tes épreuves. 
 
Stuart s'avance. 
 
STUART : En fait, c'était mon idée, chérie. Je voulais te faire un peu oublier toutes ces histoires. 
 
KELLY : C'est vraiment très gentil… oui, ça part d'un bon sentiment… mais je suis désolée… je suis un peu fatiguée…
 
MENLEY : Oui, on comprend. 
 
KELLY : Je m'excuse vraiment, mais il faut que j'aille me reposer. 
 
Elle se dirige vers la chambre. Tout le monde la regarde. Arrivée près du palier, elle se retourne. 
 
KELLY : Mais que cela ne vous empêche pas de faire la fête. Stuart, sers nos hôtes comme il se doit. Je vais juste aller me reposer un peu, et je reviens, d'accord ?
 
Nos cinq personnages se détendent. Ils pensent que les choses sont claires maintenant. 

Arrivée dans sa chambre, Kelly referme la porte derrière elle, s'y adosse et pousse un soupir, puis met sa main sur son front en fronçant les sourcils. 

 
 26  CORONELL STREET, EN FIN DE JOURNÉE
 
Sibella et Charlie marchent côte à côte. Sibella porte un grand sac. Elle est heureuse. A ses côtés, Charlie est tout aussi ravi. 
 
SIBELLA : On a vraiment fait des folies. 
 
CHARLIE : C'est Noël, voyons ! On peut se permettre toutes les folies. 
 
SIBELLA : Si on m'avait dit encore il y a une semaine que je mangerai du foie gras le soir de Noël… Je peux vous dire une chose, Charlie ?
 
CHARLIE : Tout ce que vous voulez, sauf si c'est pour me critiquer…
 
SIBELLA : Je crois que c'est le plus beau Noël que je vais passer… sauf que…
 
Elle s'interrompt, soudain fort mélancolique
 
CHARLIE (l'encourageant à parler) : Sauf que… ?
 
SIBELLA : Oh, rien. Je pensais à Lacey, ma fille.
 
CHARLIE : Vous auriez aimé passer Noël avec elle ?
 
SIBELLA : Mais je le passe avec vous…(elle le regarde avec un sourire) et je remercie le ciel pour ça. 
 
CHARLIE (ému par ces paroles) : Vous le pensez vraiment ?
 
SIBELLA : Depuis le temps qu'on se connaît, vous devriez savoir que je dis toujours ce que je pense. 
 
CHARLIE : Vous allez me faire pleurer…
 
Il regarde droit devant soi, et soudain s'arrête.
 
CHARLIE : Oh, mon Dieu. 
 
Sibella regarde dans sa direction et son sourire s'efface. La petite cabane faite par Charlie totalement détruite.

Sans dire un mot de plus, Sibella et Charlie vont voir Jim Falcus dans son drug store. Derrière le comptoir, ce dernier fait semblant de faire ses comptes de fin de journée. Sibella et Charlie sont en colère. 
 
SIBELLA : Comment avez-vous osé faire une chose pareille ?
 
JIM (sans la regarder et prenant un air détaché) : Je ne vois pas de quoi vous parlez. 
 
SIBELLA : Oh, arrêtez vos simagrées, je parle de notre cabane. Vous n'aviez pas le droit de faire ça.
 
JIM : Cette cabane était sur mon terrain. 
 
CHARLIE : Nous faire ça la veille du réveillon de Noël… vous n'avez donc pas de cœur ?
 
Continuant à faire ses comptes, Jim Falcus ne répond pas. 
 
CHARLIE : Venez Sibella. Ne restons pas ici…
 
SIBELLA : Mais il ne va pas s'en tirer comme ça, tout de même. 
 
JIM (levant enfin la tête) : Qui vous dit que c'est moi qui ait détruit votre… espèce de cabanon miteux ? Et même si je l'aurais fait, j'étais dans mes droits. Vous étiez sur ma propriété et vous importuniez mes clients. 
 
SIBELLA : Vos clients étaient bien contents de mes consultations. 
 
JIM : Vos consultations, parlons-en. Escroquer les gens en leur disant ce qu'ils veulent entendre et n'importe quoi d'autre, moi j'appelle pas ça des consultations. J'appelle ça plumer de pauvres gens qui ont du mal à s'en sortir. Maintenant, excusez-moi, mais nous allons fermer. Si vous voulez acheter quelque chose, faites-le tout de suite. (il ferme son livre de compte et les regarde en souriant méchament) Joyeux Noël, messieurs dames. 
 
Sibella et Charlie sortent du magasin. Sibella soupire. 
 
SIBELLA : Qu'est-ce que nous allons faire, maintenant ?
 
CHARLIE : Nous n'avons pas le choix : nous allons devoir retourner chez les sans abris.
 
SIBELLA (plaintive) : Moi qui voulais tant passer le réveillon seule avec vous, dans cette merveilleuse petite cabane. 
 
CHARLIE : Allons Sibella, soyez positive… dites-vous qu'il nous reste encore plein de réveillons à passer seuls ensemble.
Sibella lui affiche un pauvre sourire. 
 
SIBELLA : Vous et votre positivité !
 
CHARLIE (haussant les épaules) : Hé !


 27  DANS UNE RUE DE SACRAMENTO, LE LENDEMAIN MATIN
 
La voiture de Menley roule doucement dans la rue.
 
LACEY : Qu'est-ce que tu fais pour le réveillon ce soir ?
 
MENLEY : Je le passe en tête à tête avec Frank. Le procès est suspendu pendant les fêtes, et nous avons besoin de nous détendre. Et toi ?
 
LACEY (essayant de prendre un air détaché) : Oh, moi ? J'en sais encore trop rien. Je verrais bien. 
 
MENLEY : Nous sommes arrivées. 
 
La voiture s'arrête devant une maison que nous avons déjà vu. Il s'agit de la résidence de Jane Stombaski. Menley et Lacey descendent de la voiture. 
 
LACEY : On aurait peut être dû prévenir la police. On joue encore les détectives amateur, ça ne va pas leur plaire. 
 
MENLEY : On va d'abord voir par nous-même, ensuite on préviendra la police si besoin est. 
 
LACEY : Ouais, je n'attendais pas d'autre réponse de ta part. 
 
Elles arrivent sous le porche et Menley sonne. Une personne que nous ne connaissons pas ouvre la porte. Il s'agit d'une femme assez jeune, environ 30 ans, portant un bébé sous le bras. Elle sourit aux deux femmes. 
 
LA FEMME : Oui ?
 
Menley et Lacey sont un peu déconcertée de ne pas voir Jane ouvrir. 
 
MENLEY : Oui… heu… excusez-nous. Nous cherchons Jane Stombiski. 
 
La jeune femme fronce les sourcils. 
 
LA FEMME : Qui ça ?
 
LACEY : On s'est peut être trompées de rue, Menley ?
 
MENLEY : Non, non … je suis sûre que c'est là. Une dame qui s'appelle Jane Stombaski habite dans cette maison. 
 
LA FEMME : Ah, vous voulez sans doute parler de l'ancienne locataire…
 
LACEY : Mais pourtant nous sommes venues il y a peu de temps la voir et…
 
LA FEMME : Oui, son départ a été très précipité. C'est une chance pour nous. Nous cherchions une maison rapidement, et le propriétaire nous a dit que l'ancienne locataire est partie sans même respecter son préavis. 
 
MENLEY : Quand ?
 
LA FEMME : Il y a deux semaines environ. 

Après avoir remercié la dame, Menley et Lacey retournent à leur voiture. 
 
MENLEY : Son départ correspond à peu de chose près à la date de l'apparition de Marie Jo dans la vie de Stuart et Kelly.
 
LACEY : Oui, et le fait qu'elle est partie comme ça du jour au lendemain sans laisser d'adresse… Menley, je crois que tu avais raison : Jane Stombiski EST Marie Jo !
 
Un silence, pendant lequel Menley et Lacey se regardent. 
 
LACEY : Et qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?
 
MENLEY : On cours prévenir Follet. 

 28  AU CABINET BURNSTEIN, DANS LE BUREAU D'ED

Assis à son bureau, Ed déprime totalement. Méticuleusement, il est en train de découper des petits bonhommes avec du papier qui semble être des documents officiels. Son regard est vide, comme ailleurs, dans un monde qui n'appartiendrait qu'à lui. Pendant cette scène, l'interphone sonne, mais il ne décroche pas. L'entend-t-il vraiment ? La sonnerie s'interrompt et quelques instants après, on toque à la porte. Ed ne réagit toujours pas. Alors la porte s'entrouvre sur Jenny, sa secrétaire. 
 
JENNY : Monsieur Burnstein ?
 
Ed est toujours plongé dans la confection de ses bonhommes. Jenny avance. Elle voit alors le désastre. Elle prend une série de bonhommes en papier et la regarde, effarée. 
 
JENNY : Mais Maître ! Ce sont nos dossiers clients !
 
Ed lève un visage résigné et fatigué vers Jenny. 
 
ED : Quels clients, Jenny ? Nous les perdons tous au fur et à mesure. (il soupire) Je crois que c'est fini, Jenny. (il prend une paire de ses œuvres dans la main) Toutes ces années de dur labeur... J'en ai sué pour arriver à faire de cette boîte le meilleur cabinet de Garden Place. Et maintenant, d'un coup d'un seul, tout est réduit à néant. (il regarde Jenny) J'étais le meilleur, Jenny. Je savais comment appâter le client, comment le faire manger dans ma main. J'ai gagné plus de procès que les cinq autres cabinets de la ville réunis. Je suis un bon avocat. Ce n'est pas juste, Jenny. Ce n'est pas juste. (il commence à pleurer comme un enfant) Qu'est-ce que je vais faire, maintenant ? Ma seule raison de vivre était ma fille et mon cabinet. Et je les ai perdu tous les deux. 
 
Jenny ne dit rien. Elle se contente de regarder Ed, désolée de ce qui lui arrive. 
 
 
 29  UNE RUE A GARDEN PLACE
 
Sibella et Charlie marchent ensemble dans la rue. Sibella, déprimée, soupire. 
 
SIBELLA : Dire que dans deux heures, c'est le réveillon de Noël et qu'on a nulle part où aller. (sa voix exprime maintenant la colère) Tout ça à cause de cet imbécile de gérant. Quel culot tout de même. Nous faire ça le soir de Noël. Ouh ! !
 
Il commence à faire froid et le vent souffle. Sibella sert son cardigan contre elle. Charlie tient un sachet où se trouvent les provisions qu'ils avaient fait la veille. 
 
CHARLIE : Ca ne va pas nous empêcher de faire un bon festin. 
 
SIBELLA : Charlie, vous savez combien de gens il y a dans la tente des sans abri. Nous n'aurons pas assez pour tous les nourrir. Et si jamais ils voient qu'on mange du foie gras, ils risquent de devenir agressifs.
 
CHARLIE : Qu'est-ce qu'on fait ? Il risque de faire froid cette nuit. On ne peut pas rester dehors et on n'a plus assez d'argent pour se payer un hôtel. 
 
Sibella se contente de soupirer très fort. Elle marche sur un journal que quelqu'un a jeté sur le trottoir. Elle n'y prête pas attention. Soudain, le vent fait se déplier les pages et l'on voit, en grand, la photo de Sibella et de Lacey avec un article qui porte le titre suivant : " Le plus beau de mes Noël serait de retrouver Maman. "

 30  APPARTEMENT DE MENLEY, LE SOIR DU RÉVEILLON DE NOËL
Menley et Frank sont blottis l'un contre l'autre sur le canapé, un verre de champagne à la main. L'ambiance est intime. On entend, en fond sonore, un chant de Noël. Frank lève son verre. 
 
FRANK : Joyeux Noël, chérie. 
 
Elle lui sourit. 
 
MENLEY : Joyeux Noël. 
 
FRANK : C'est bizarre, mais il y a encore quelques temps, jamais je n'aurais pensé passer ce réveillon avec toi. 
 
MENLEY : Moi non plus, à vrai dire. 
 
FRANK : Dans une semaine, c'est la nouvelle année. Je crois que c'est le meilleur moment pour faire des projets ensemble, qu'en penses-tu ?
 
MENLEY : Et tu suggères quoi comme projet ? 
 
FRANK : Cette histoire de divorce avec Beth sera enfin terminée. Ce sera le moment pour nous de prendre un vrai départ, en tant que couple, qu'est-ce que tu en dis ?
 
Menley lève son verre. 
 
MENLEY : Je bois à ça. 

 31  APPARTEMENT DES LAYTON, SOIR DU RÉVEILLON

Beth est seule. Elle regarde le sapin qu'elle a confectionné. Il n'est pas grand, pas vraiment beau non plus. Elle a les bras croisés et soupire. Visiblement, elle se sent seule. Elle regarde par la fenêtre. Une famille composée de quatre enfants et des deux parents, marchent gaiement dans la rue. Elle soupire à nouveau, puis se dirige près de la petite table où se trouve le téléphone. Elle prend le combiné et compose un numéro. Quelques instants plus tard, elle sourit. 
 
BETH : Maman ! Bonsoir... comment vas-tu ?... Bien... et Papa ?... Je... je vous appelle pour vous souhaiter un Joyeux Noël... et puis aussi pour vous dire que... ah, tu as des invités... oui.... oui, je comprends... Passe bien le bonjour à Cousine Kate... Oui... oui d'accord, la semaine prochaine tu auras sans doute plus de temps... alors au revoir. 
 
Puis elle raccroche en soupirant de plus belle. 

 
 32  RÉCEPTION DU CABINET BURNSTEIN

L'ascenseur s'ouvre sur Stuart. Il arrive près du bureau de Jenny et affiche sa surprise en la voyant.
 
STUART : Jenny ? Mais qu'est-ce que vous faite encore ici ? Il est presque six heures. Vous devriez déjà être en train de préparer votre repas de Noël.
 
JENNY : C'est Bob qui fait le repas ce soir. Et il n'aime pas m'avoir dans les pieds quand il cuisine. De toute façon, j'avais encore quelques papiers à classer. 
 
STUART : Bien, mais veillez tout de même à ne pas rentrer trop tard. Votre famille doit vous attendre. 
 
Puis il entre dans le bureau d'Ed. 

Ce dernier est toujours dans le même état, assis devant son bureau. Il lève la tête, le regard mauvais. 
 
ED : Qu'est-ce que vous voulez ? 
 
STUART : J'ai téléphoné chez vous et Brunia m'a dit que vous étiez ici. 
 
ED : Vous venez pavoiser, c'est ça ? Ca vous réjouit de voir dans quel merdier je suis, hein ?
 
STUART : Ed, écoutez. Pour une fois, arrêtez d'attaquer de cette façon. Je suis venu parce que c'est Noël. Je voudrais qu'on fasse une trêve, pour une fois. 
 
Ed ne répond pas. Stuart s'assied devant lui. 
 
STUART : Personne n'a le droit de rester seul le soir de Noël. J'aimerais que vous veniez passer le réveillon chez nous. Qu'on puisse, pour une fois, donner l'impression de former une vraie famille.
 
ED : C'est une idée de Kelly ?
 
STUART : C'est une idée qu'on a eu en commun, Kelly et moi. On passera une soirée calme et tranquille, et puis on réfléchira aussi au moyen de sauver le Cabinet. Je n'ai pas plus envie que vous de voir notre travail réduit à néant à cause de nos erreurs. 
 
Il se lève. 
 
STUART : J'ai encore des affaires à régler. Je suis à mon bureau si vous avez besoin de moi. 
 
Arrivé sur le pas de la porte, et après une hésitation, Ed l'interpelle. 
 
ED : Stuart ?
 
Stuart se retourne. 
 
ED : Merci. 
 
Stuart a un bref sourire avant de quitter le bureau d'Ed.

 33  DEVANT L'IMMEUBLE DE GARDEN VIEW
 
Sibella et Charlie sont devant l'immeuble. Sibella contemple le bâtiment, puis regarde Charlie.
 
SIBELLA : Ce n'est pas une bonne idée, Charlie. 
 
CHARLIE : Voyons, Sibella... Lacey est votre fille. Elle sera heureuse de vous voir le soir de Noël. 
 
SIBELLA : Elle ne veut plus entendre parler de moi. Elle me l'a bien fait comprendre.
 
CHARLIE : Parfois, on dit ou fait des choses qu'on regrette par la suite. Laissez tomber votre fierté et votre ego, et allez donc l'embrasser pour lui souhaiter un bon Noël... Cela ne vous coûte rien. 
 
SIBELLA : Je ne supporterais pas un nouveau rejet de sa part. Pas le soir de Noël. Allez venez. 
 
Elle pivote et marche d'une allure précipitée vers la rue. Il fait sombre. Charlie reste planter là et la regarde partir. 
 
CHARLIE : Sibella, revenez !
 
Dans sa précipitation, elle se heurte à une personne, qu'elle ne voit pas bien dans le soir. 
 
SIBELLA : Oh, pardon. 
 
Puis elle regarde mieux et voit Gil. Ce dernier affiche un grand sourire en la voyant. 
 
GIL : Sibella ! Mais c'est merveilleux ! Vous êtes revenue. Alors, vous avez lu l'article.
 
Charlie arrive près d'eux. 
 
SIBELLA : Mais quel article ?


 34  APPARTEMENT DES LAYTON
 
Beth est devant sa table, une bouteille de bourbon moitié vide devant elle. Elle remplie son verre et fait semblant de porter un toast. 
 
BETH (bredouillant) : A tous les gens qui ne m'ont jamais comprise. Puissiez-vous être aussi seuls et malheureux que moi en cette soirée sainte. 
 
Visiblement, elle est saoule.

 35  DANS L'APPARTEMENT DE NANNE

Nanne est avec Tim. Avec un sourire, elle ouvre un paquet cadeau. Tim lui a offert un superbe agenda pour la nouvelle année. 
 
NANNE : Tim ! Il est vraiment superbe. 
 
TIM : Je suis un petit peu gêné, mais avec cette histoire de meubles que je dois récupérer, je suis un peu...
 
NANNE : Non, non, ne t'excuses pas. J'adore ce cadeau. Il me sera précieux pour noter mes rendez-vous. 
 
TIM : Il y a déjà des rendez-vous de mis. 
 
NANNE : Comment ça ? 
 
Elle ouvre l'agenda et le regarde, puis sourit. Tous les jours, il est inscrit : " Rendez-vous avec Tim ". Nanne regarde Tim. 
 
TIM : Je veux prendre un nouveau départ pour cette nouvelle année. J'ai fait beaucoup d'erreurs et je suis le premier à le reconnaître. Je veux que l'année qui vienne, et toutes les autres années, je puisse les passer heureux avec la femme que j'aime... avec toi. 
 
Nanne est émue. Tim s'approche d'elle et l'embrasse tendrement.
 

 36  APPARTEMENT DE LACEY
 
Elle est assise sur le canapé, un mouchoir à la main. Elle pleure sans retenu. On sonne à la porte. Résignée, elle se lève, toujours son mouchoir à la main. Elle va ouvrir la porte, les larmes coulant sous ses joues. Elle se fiche bien qu'on puisse la trouver dans un tel état. C'est Gil qui a sonné. Il la regarde avec un sourire. Mais elle soupire. 
 
LACEY : Gil, je suis désolée, je ne suis pas d'humeur à te recevoir ce soir. 
 
GIL : Oh, allons, Lacey. Tu ne peux pas rester seule ce soir. Pas le soir de Noël. 
 
Il entre s'en en avoir été prié.
 
LACEY : Je te préviens, si tu veux passer la soirée avec moi, ce sera le plus triste Noël de toute ton existence. 
 
GIL : Je voulais passer le réveillon avec Nanne, mais elle préfère le passer avec Tim... donc, je suis seul... donc, nous sommes deux à déprimer. Nous allons passer une soirée entre dépressifs, c'est pas génial, ça ?
 
LACEY (soupirant) : Gil, je n'ai rien préparer pour le dîner. 
 
GIL : Moi si. 
 
Il va ouvrir la porte d'entrée. Deux serveurs arrivent avec des chariots remplis de bonne choses à manger, le tout très bien décoré. Lacey ne peut s'empêcher de pousser une exclamation.
 
LACEY : Gil ! Mais il y a à manger pour tout un régiment !
 
GIL : Ca, c'est mon premier cadeau. Maintenant, je passe au deuxième. 
 
LACEY (maintenant tout sourire) : J'ai déjà peur de découvrir de quoi il s'agit. 
 
GIL : Je me suis permis d'inviter Menley, Frank, Nanne (il fait la grimace) et même cet idiot de Tim. Il n'est pas question d'être seuls, ce soir, nous allons faire la fête. 
 
LACEY : Gil, tu es vraiment très gentil. Vraiment, j'apprécie ce que tu fais pour moi, mais je ne suis pas d'attaque pour recevoir des gens. 
 
GIL : Allons, allons, pas d'histoire. Non mais qu'est-ce que c'est que ça ? Ma meilleure amie, toujours joviale, toujours avec le mot pour rire, et qui déprime le plus beau soir de l'année ? Non, je ne supporterai pas ça. 
 
LACEY : Bon, ben, puisque tu as tout prévue...
 
GIL : Je crois que tu connais bien le dicton. 
 
LACEY : Quoi ?
 
GIL : Le dicton qui dit " jamais deux sans trois ". J'ai donc un troisième cadeau. 
 
LACEY : Ah, non, maintenant, ça suffit avec les cadeaux. 
 
GIL : Oh, il serait dommage que tu loupes celui-ci. 
 
LACEY : Gil, encore une fois, tu es très gentil, mais...
 
GIL : Allons, allons, ne discute pas. J'ai gardé le meilleur pour la fin. Et je suis sûr que tu vas apprécier ce cadeau là. 
 
Il prend Lacey par la main et elle se laisse conduire, lasse, jusqu'à la porte d'entrée. Gil regarde Lacey et lui sourit. 
 
GIL : Joyeux Noël, Lacey. 
 
Puis il ouvre la porte et Lacey tombe nez à nez avec sa mère Sibella, qui lui sourit. Émue, Lacey porte la main à sa bouche. Cette fois, les larmes qui s'échappent de ses yeux sont des larmes d'émotion et de joie. 
 
LACEY : Maman....
 
SIBELLA : Joyeux Noël, chérie. 
 
LACEY : Maman... je...
 
Sibella prend Lacey dans ses bras et la berce doucement. 
 
SIBELLA : Chut, ne dis rien. 
 
Derrière, on aperçoit Charlie, qui, lui aussi ému, sourit. 

 
 37  AU CABINET BURSTEIN, DANS LE BUREAU D'ED
 
Stuart entrouvre la porte d'entrée du bureau. Ed est toujours derrière son bureau. 
 
STUART : Ed, je m'en vais maintenant. Kelly doit nous attendre. Vous venez avec ? 
 
ED : C'est gentil à vous Stuart. Je vais venir. Laissez-moi encore quelques instants, le temps de ranger mes affaires. Inutile de m'attendre, je vais prendre ma voiture. 
 
STUART : Je suis content que vous ayez accepté notre invitation, alors, à tout à l'heure. 
 
ED (avec un mince sourire) : A tout de suite. 
 
Stuart referme la porte du bureau d'Ed. 
 

 38  RETOUR à L'APPARTEMENT DE LACEY

Menley, Frank, Lacey, Sibella, Charlie et Gil sont ensemble. Ils rient, s'amusent, plaisantent. Mais nous ne les entendons pas. Nous n'entendons que la musique de " Douce Nuit ". Lacey regarde sa mère et l'embrasse, un verre à la main. Ils sont tous heureux. 
 

 39  
À GARDEN HILL
 
Toujours sur " Douce Nuit ", nous voyons Jillie qui, un verre de jus d'orange, porte un toast avec Mlle Judical, devant un sapin de Noël. Mlle Judical lui sourit et Jillie affiche elle aussi un sourire. La magie de Noël opère.


 40  RETOUR CHEZ LACEY
 
Nous revenons chez elle, toujours avec la même musique. Tim et Nanne arrivent. Gil considère Tim d'un œil méfiant, tandis que Tim fronce les sourcils en voyant Charlie, qui lui hausse les épaules en souriant. Tim s'avance vers Gil et lui tend la main. Après une hésitation, Gil la lui sert. Après tout, c'est Noël !
 

 41  AU CABINET BURNSTEIN
 
Nous continuons avec la musique de " Douce Nuit ". Stuart est dans l'ascenseur, son attache case à la main. 

" Douce Nuit " nous accompagne toujours. Toujours derrière son bureau, avec des gestes lents, Ed pousse le tiroir principal qui se trouve devant lui. A l'intérieur du tiroir. Il y a quelques papiers, et plus loin, un revolver. 

 

 42  DANS L'APPARTEMENT DE LACEY
 
La fête bat son plein, toujours sous " Douce Nuit ". Nanne embrasse Gil sur la joue, Lacey rit de bon cœur devant une plaisanterie faite par Frank. Charlie sert un verre à Sibella. Lacey va vers Menley et lui murmure quelque chose à l'oreille. Menley fait la grimace, puis finalement hoche la tête. Lacey prend le téléphone. Menley regarde Frank. 

Un peu plus tard,  Lacey ouvre la porte et Beth apparaît. Elle est un peu défraîchie par l'alcool qu'elle a bu, mais elle sourit, heureuse de ne pas être seule. Lacey lui sert la main et la fait entrer. Sibella lui donne un toast et un verre de champagne. Beth regarde Menley et Frank, mais, en ce soir de Noël, on ne distingue aucune haine sur son visage, ni sur celui de Menley et Frank. Noël fait parfois des miracles. Bien entendu, la scène se déroule toujours sous la houlette de la musique " Douce Nuit ". 
 

 43  RETOUR AU CABINET BURSTEIN
 
Au parking souterrain, Stuart, toujours son attache case à la main, se dirige tranquillement vers sa voiture. " Douce Nuit " ne nous quitte pas. 

Quelques étages plus haut, Ed prend lentement le revolver dans sa main, puis, tout aussi lentement, le porte à sa tempe. 

La caméra nous montre la porte fermée du bureau d'Ed. Sur la porte est inscrit, en lettre d'or " Edward Burnstein, PDG ". La musique de " Douce Nuit " s'arrête soudain, puis, cinq secondes plus tard, nous entendons la détonation du revolver. 

 

 44  DANS LE PARKING SOUTERRAIN
 
Stuart est maintenant à sa voiture. Il met la clé dans la serrure de la porte, pour entrer, et à ce moment, il entend un bruit derrière lui. Il se retourne. Personne ne peut être encore ici à cette heure, et surtout le soir de Noël. 
 
Rassemblant tout son courage, il va en direction du bruit. C'est alors qu'il voit la porte qui mène à la sortie de secours se refermer doucement. Il cours vers la porte et l'ouvre. Il voit, au bout du couloir, une femme qui lui tourne le dos. Elle porte un manteau noir et un chapeau de la même couleur. Elle a les cheveux noirs qui lui descendent en cascade sur les épaules. La description faite par Fred, du magasin FX-SPE, lui revient en mémoire :
 
"Elle m'a dit s'appeler Marie Jo. Elle était vêtue d'un longue robe noire. Elle avait de longs cheveux noirs et d'énormes lunettes. C'est à peine si on pouvait distinguer son visage."
 
Le coeur de Stuart fait un bond. Il est persuadé se trouver à quelques mètres à peine de Marie Jo. Il tente de réfléchir calmement à la situation : s'il l'interpelle, elle risque de prendre peur et de se sauver. Et d'abord, si c'est effectivement Marie Jo, que fabrique-t-elle ici à cette heure, et la veille de Noël ?
 
Le coeur de Stuart bat la chamade. Marie Jo, qui n'a pas vu Stuart, sort de l'immeuble. Discrètement, Stuart décide de la suivre. Dehors, il reste encore quelques personnes qui flânent dans la rue. Marie Jo se dirige vers une voiture. Il y entre et démarre. Stuart panique à l'idée de perdre la trace de cette mystérieuse femme qui est sans doute à l'origine de tous ses problèmes. La voiture s'arrête au feu rouge. S'il retourne au parking souterrain pour prendre sa voiture, le feu aura eu le temps de passer au vert depuis belle lurette.  Et le destin fait bien les choses car à se même moment, Stuart aperçoit un taxi qu'il hèle. Le taxi s'arrête et rapidement, Stuart s'engouffre dans le véhicule.
 
STUART : Suivez cette voiture !
 
Le chauffeur de taxi se retourne pour le regarder.
 
LE CHAUFFEUR : Eh mon gars, on n'est pas dans le dernier James Bond.
 
Le feux passe au vert. Il a suffit à Stuart de sortir une liasse de billets verts pour que le chauffeur de taxi se cale sur son siège et démarre. Le feu repasse au rouge, mais le chauffeur, trop content d'avoir reçu de Stuart une journée complète de salaire, fonce et grille le feu. Stuart tente de se décontracter. Il n'a pas perdu la trace de Marie Jo.
 
 
 45  UN PEU PLUS TARD, DANS L'APPARTEMENT DE LACEY
 
Sibella est en grande discussion avec Menley, qui visiblement n'a guère d'intérêt à l'écouter. Le téléphone portable de la jeune femme sonne, soulageant Menley qui échappe ainsi à la suite de la rocambolesque histoire que lui raconte la mère de Lacey. Menley décroche tandis que Sibella se dirige vers d'autres convives.
 
En entendant son interlocuteur, Menley fronce les sourcils. Elle raccroche son portable et se dirige vers Frank et Lacey, qui sont en pleine conversation.
 
MENLEY : Je viens d'avoir un appel de Stuart. Il a trouvé Marie Jo.
 
Gil, voyant qu'il se passe quelque chose, les rejoint.
 
LACEY : Où ?
 
MENLEY : Il est en train de la suivre. Elle a pris une voiture et s'est arrêtée à Great Garden. Entrée B.
 
FRANK : Près du hangar désaffecté ?
 
Menley hoche la tête.
 
MENLEY : Qu'est-ce qu'on fait ? On ne peut pas le laisser seul avec cette folle dans un endroit aussi désert.
 
Frank décide de prendre les choses en main.
 
FRANK : Très bien, je vais aller le rejoindre. Gil, tu viens avec moi. Lacey, tu appelles la police.
 
MENLEY : Je viens aussi.
 
FRANK : Non ! C'est beaucoup trop dangereux.
 
Menley défie Frank du regard.
 
MENLEY : J'ai suivi cette affaire depuis le début. Je m'y suis totalement investie. Alors je te préviens : ou bien je pars avec vous, ou bien j'y vais avec ma voiture.
 
 
 46  À GREAT GARDEN. ENTRÉE B
 
Le hangar désaffecté dont parlait Frank est en fait un ancien cinéma qui se trouve juste à côté du grand Lac de Great Garden. Le cinéma a fermé ses portes voilà douze ans, et n'a pour l'instant pas trouvé de nouvel acquéreur. C'est la raison pour laquelle l'endroit est toujours désert. Les visiteurs préfèrent de loin prendre l'entrée A ou C, qui sont plus accueillantes.
 
Stuart se trouve devant l'ancien cinéma. Il y a deux minutes, il a vu Marie Jo passer la porte d'entrée brinquebalante, munie d'une lampe torche. Que peut-elle bien fabriquer ici ? se demande Stuart. Mais la question pour lui n'est plus vraiment importante. L'important, c'est qu'elle est à l'intérieur. Il va enfin pouvoir la confronter.
 
 
 47  SUR LA ROUTE MENANT à GREAT GARDEN
 
Frank conduit la voiture, Gil est à ses côtés et Menley, les bras croisés, se trouve à l'arrière du véhicule. Frank lui jette un regard. Intérieurement, il sourit. Cette femme est une véritable tête de mule. Quand elle a décidé quelque chose, rien ne l'arrête. Au fond, il aime ça.
 
 
 48  DANS L'ANCIEN CINEMA DE GREAT GARDEN
 
Stuart pénètre dans le bâtiment, le coeur battant de plus belle, avec cette certitude qu'il va connaître toute la vérité. Une certitude qui ne le quitte pas, mais une certitude qui lui fait mal. Quelque soit l'issue de cette aventure, Stuart est persuadé que cela le fera souffrir. Il inspire lentement. Marie Jo est à quelques mètres de lui. Elle lui tourne le dos et s'avance vers un point inconnu, avec sa lampe torche à la main.  C'est le moment. L'ultime moment. Il emplit ses poumons.
 
STUART : Marie Jo !!!!!
 
Marie Jo s'arrête brusquement, mais ne se retourne pas. Stuart a l'impression qu'il a la situation en main, ce qui l'encourage à poursuivre :
 
STUART : Ou je devrais plutôt dire Jane. Jane Strombaski, c'est bien toi, n'est-ce pas ? Je te tiens enfin. Tu n'arriveras pas à m'échapper maintenant. Et tu ne vas pas t'en tirer comme ça. Pourquoi, Jane ? Pourquoi toute cette haine ? Samantha est morte, mais je ne l'ai pas tué !
 
La jeune femme ne bouge toujours pas. Stuart sent l'adrénaline monter en lui.
 
STUART : Regarde-moi !
 
La jeune femme lui tourne toujours le dos et ne dit rien.
 
STUART : REGARDE-MOI !
 
La femme se tourne enfin, lentement. Mais elle dirige la lampe torche vers le sol. De ce fait, Stuart ne voit pas son visage. Doucement, avec la main qui lui reste de libre, elle enlève ses lunettes et les jette à terre. Elle fait de même avec sa perruque. Puis, lentement, elle relève la lampe torche pour que Stuart aperçoit enfin le visage de la femme qui lui sourit méchamment. A cet instant précis, la vie de Stuart bascule dans l'horreur la plus totale. Il sait que plus rien ne sera comme avant. Il a l'impression que sa vie entière est anéantie par ce sourire méchant. Il voudrait parler, mais aucun mot ne sort de sa bouche. Il secoue la tête, comme pour tenter d'effacer ce qu'il voit devant lui, comme pour effacer ce sourire. Un sourire qui se transforme en un méchant rictus. Stuart parvient enfin a parler. Le mot qu'il prononce, il a l'impression qu'il est prononcé par quelqu'un d'autre, tant la situation est pénible. Ce mot, c'est "Kelly".
 
En face de lui, Kelly continue à sourire.
 
KELLY : Et bien, mon cher Stuart, tu ne sais plus quoi dire à ta charmante petite femme ?
 
STUART : Je... mais... je... ne comprends pas ce qui se passe. Kelly, je...
 
KELLY (elle se met à rire) : Un avocat qui ne trouve pas ses mots, c'est terrible !
 
STUART : Marie Jo, c'était toi ?
 
KELLY : Marie Jo, Hokkri... tout ce que tu veux. Oui, c'était moi.
 
Stuart, dans son esprit embrumé, pense avoir trouvé la solution.
 
STUART (doucement) : Kelly, ma chérie. Tu es malade. Il faut qu'on te soigne et tu iras beaucoup mieux.
 
KELLY : Donc ça a marché !
 
STUART (étonné) : Quoi ?... Je ne comprends rien.
 
KELLY : Tu n'as jamais rien compris, mon pauvre Stuart. Tu t'es toujours posé en victime, alors que tout est de ta faute.
 
Stuart porte la main à son front.
 
STUART : C'est un cauchemar !
 
KELLY : Le cauchemar, c'est moi qui l'ai vécu... il y a 25 ans de cela.
 
STUART (surpris) : Mais de quoi tu parles ?
 
Kelly s'avance près le lui et le dépasse. Elle parvient à la porte de sortie et lui fait signe de la suivre. Stuart s'exécute et ils se retrouvent à l'extérieur, au bord du lac.
 
KELLY : Tout à l'heure, au parking souterrain, j'ai fait exprès de faire du bruit. Je savais que tu allais me suivre et je voulais t'emmener ici... pour que tu te souvienne.
 
STUART : Mais de quoi, Kelly ?
 
KELLY : J'avais six ans à l'époque. Souviens-toi Stuart. C'était ici, près du Lac. Ce jour-là, le cinéma était fermé. Tu te souviens pourquoi il était fermé Stuart ?
 
Stuart rassemble ses idées. Il n'est venu dans cet endroit une seule fois.
 
STUART : C'était le soir du bal de promo !
 
KELLY : Exact. 1976. Tu étais ici avec Samantha. Et moi, j'étais là (elle montre un grand chêne situé à quelques mètres), derrière l'arbre. Et je t'ai vu te disputer avec Samantha. Je t'ai vu la jeter à l'eau. (elle hausse la voix) Tu l'as tué, Stuart ! Tu as tué ma soeur !!!
 
Stuart n'en croit pas ses oreilles. Kelly poursuit :
 
KELLY : Piotr Strombaski, le père de Jane et Samantha, était le jardinier de mes parents. Ce fameux soir du bal de promo, j'étais à la maison, et j'ai entendu Papa et Maman se disputer. Ils se disputaient très souvent. Mais ce soir-là était pire que les autres soirs. Et j'ai entendu Maman dire à Papa qu'elle entretenait une liaison avec Piotr Strombaski depuis plusieurs années et que... (sa voix s'éteint soudain pour devenir un murmure) que j'étais sa fille. Papa a frappé maman très fort et moi, je me suis enfuit. J'ai couru... couru très vite, comme pour échapper à se cauchemar, et je me suis retrouvé ici. Je me suis assise près du chêne et j'ai pleuré. C'est alors que toi et Samantha êtes venus. Je ne voulais pas qu'on me voit et je me suis cachée... J'ai vu toute la scène, Stuart.
 
STUART : Kelly, ton esprit d'enfant n'a pas perçu la réalité de la situation. J'étais très jeune à cette époque. Samantha était lesbienne et tout le monde le savait. J'avais fait le pari avec des copains de la faire changer de bord le soir du bal de promo. Il est vrai que j'ai été très entreprenant avec elle... trop sans doute... elle a prit peur... Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Je me suis rendu compte de la situation dans laquelle je l'ai mise et j'ai eu honte de moi. J'ai donc voulu calmer Samantha en voulant la prendre dans mes bras, mais elle a pris ce geste pour autre chose et elle a paniqué. Dans la panique, elle est tombée à l'eau... et je n'ai rien pu faire.
 
KELLY : Arrête !!! Arrête de mentir Stuart. Tu l'as tué parce qu'elle ne voulait pas se donner à toi !
 
STUART : C'est faux. Je t'en prie Kelly, crois-moi !
 
KELLY : Depuis ce jour, je t'ai détesté. Je me suis jurée de la venger. Et enfin ce jour arrive.
 
STUART : Si tu voulais vraiment te venger, pourquoi ne l'as-tu pas fait avant ?
 
KELLY : Après le drame, en grandissant, j'ai réfléchi au moyen de te faire payer la mort de ma soeur. Je t'ai séduite, tu m'as épousé. Une fois mariée avec toi, j'avais tout le loisir de réfléchir à la meilleure façon de te tuer. Mais lorsqu'un mari est assassiné, la femme est très souvent suspecte. Donc j'ai pris tout le temps qu'il fallait pour que le cas ne se produise pas. J'ai prétendu m'être fait enlevée pour me poser en victime. J'aurais pu choisir des enlèvements plus "conventionnels", mais j'ai préféré l'histoire des extra terrestres, afin que l'on me croit plus fragile. (elle rit) Je me suis vraiment bien amusée dans ce rôle. "Pauvre Kelly"... ce rôle de victime fragile m'a vraiment bien plu.
 
Priant en silence pour que Menley ait prévenu la police, Stuart essaie de gagner du temps :
 
STUART : Que faisais-tu et ou étais-tu pendant tes pseudo-enlèvements ?
 
KELLY : Je me déguisais en Marie Jo et je partais, la plupart du temps à l'étranger. Et pendant mes exiles, je réfléchissais à la suite de mon plan.
 
STUART : Tu as également orchestré ta disparition dans l'appartement alors que tout était fermé.
 
KELLY : J'ai joué mon rôle à la perfection : j'ai couru à perdre haleine jusqu'à l'appartement, l'air angoissé, au cas où quelqu'un m'aurait vu, il fallait que ce soit réel. J'ai placé l'armoire près de la porte, et je me suis même effondrée tant j'étais fatiguée. Ensuite, lorsque tu es arrivé, je suis sortie par la porte fenêtre du balcon et je me suis collée contre la corniche. Une fois que Menley et Frank partis, et toi dans la douche, je suis revenue et me suis éclipsée doucement. (elle rit). Tu aurais dû voir la tête de Beth lorsqu'elle m'a retrouvée dans le local à container. C'en était comique !
 
STUART : Et Chapmann ?
 
KELLY : Lui est mort pour une autre histoire. Ce type était une véritable ordure. Il a abusé de moi lorsque j'avais seize ans. Il fallait qu'il paie. En plus, je savais que tu allais être accusé du meurtre. En revanche, je ne savais pas que mon père allait sans le savoir me donner un coup de pouce en fournissant une fausse preuve.
 
STUART : Et Marie Jo ? Et Hokkri ? Pourquoi les avoir inventés ?
 
KELLY : Marie Jo et Hokkri étaient un alibi. Toi mort, si on aurait découvert que c'était moi la meurtrière, je me serais fait passer pour une malade souffrant de dédoublement de la personnalité. C'est la personnalité de Marie Jo qui t'aurait tué et j'aurais été internée dans un hôpital psychiatrique un certain temps, avant d'en sortir blanchie. C'était au cas où tout tourne mal.
 
STUART (songeur) : Le crime parfait.
 
KELLY : Ca ma prit du temps... des années, mais je voulais être sûre d'avoir toutes les chances de mon côté pour ne pas être accusée du crime que je vais commettre ce soir.
 
Sur ces faits, Kelly sort de la poche de son manteau un revolver qu'elle pointe sur Stuart.
 
KELLY : Il est temps maintenant de passer à la phase finale de mon plan.
 
Stuart continue à gagner du temps :
 
STUART : Pourquoi as-tu choisi ce moment précis pour me tuer ? Pourquoi aujourd'hui ? 
 
KELLY : Parce que maintenant, j'ai épuisé toutes mes ressources, mais aussi parce que mon père va quitter le cabinet et que je ne veux pas qu'il te revienne à toi. Surtout pas à toi. Plutôt crevée plutôt que te voir à la tête de l'empire que mon père à construit.
 
Un silence, puis Kelly sourit.
 
KELLY : Adieu Stuart...
 
STUART : Kelly, je t'en prie... NON...
 
Kelly appuie sur la détente. La détonation déchire le silence. La balle touche Stuart en pleine poitrine. Stuart s'écroule... sa vie passe devant lui... Jane... Samantha... Kelly... puis... le néant...
 
 

 GÉNÉRIQUE DE FIN