1  SUITE DE MLLE JUDICAL      

                                             

Elle est assise sur le canapé, triste. Flora lui apporte une grande tasse de café. Etant aveugle, elle fait bien attention de ne pas se heurter au mur. Mlle Judical pourrait l'aider, mais elle connaît bien Flora et elle sait que la femme a ses points de repères. Flora tend la tasse dans le vide et Mlle Judical la prend. Flora s'assoit à côté d'elle.

 

FLORA : Bois, ça te fera du bien.

 

MLLE JUDICAL : Merci Flora.

 

Un silence, puis Flora pose doucement la main sur le bras de Mlle Judical.

 

FLORA : Ca va aller, tu verras. Jillie sortira de cette cure en pleine forme et prête à affronter tous les obstacles.

 

MLLE JUDICAL : Je le souhaite pour elle, mais je ne peux pas m'empêcher de penser au cri qu'elle a poussé quand les infirmiers sont venus la chercher. La pauvre fille. J'ai mal au cœur pour elle.

 

FLORA : Ne te sens pas responsable de ce qui arrive à Jillie. Tu sais très bien que c'est la meilleure solution pour elle. Sinon, elle aurait risqué très gros. Il vaut mieux être à Garden Hill qu'à la prison municipale.

 

Mlle Judical lui sourit.

 

MLLE JUDICAL : Tu as raison. Jillie est entre de bonnes mains. Elle s'en sortira.

 

 

 2  APPARTEMENT DE MENLEY   

                                               

Menley et Frank sont blottis l'un contre l'autre dans le canapé. Un album photo est posé sur les genoux de la jeune femme et elle le feuillette. Etonné, Frank pointe un doigt sur une photo.

 

FRANK : Ne me dis pas que c'est toi !

 

Menley rit.

 

MENLEY : Si. J'avais six mois.

 

FRANK : Tu étais grosse à l'époque.

 

Menley fait semblant d'être offensée.

 

MENLEY : Et bien merci ! J'étais potelée.

 

FRANK : Grosse. C'est le mot le plus juste.

 

Ils rient. On sonne à la porte et les deux personnes se regardent.

 

FRANK : Tu attends quelqu'un ?

 

MENLEY : Non. C'est peut être Lacey.

 

Menley se lève et ouvre. Elle tombe nez à nez sur Stuart. Les yeux de l'homme exprime la colère. Il entre chez Menley sans y avoir été invité.

 

STUART : C'est votre faute tout ça !

 

Frank se lève et se précipite vers Menley.

 

FRANK : Stuart, qu'est-ce qui se passe ?

 

STUART (regardant Menley méchamment) : Demande plutôt à ta compagne de bas étage. C'est elle qui est venue semer la zizanie entre Kelly et moi.

 

MENLEY : Stuart, vous faites irruption chez moi pour me reprocher une chose que vous même avez provoqué.

 

STUART : Kelly est partie. Elle s'est sauvée. Elle a eu peur de moi, vous entendez. Elle a eu peur de moi ! C'est vous qui lui avez mis toutes ces pensées négatives sur moi dans la tête.

 

MENLEY : Je suis bien contente que Kelly soit partie. Je dirais même que je suis soulagée. Au moins, loin de vous, elle n'a plus rien à craindre.

 

STUART (mauvais) : Ou est elle ?

 

MENLEY : Je n'en ai pas la moindre idée et même si je le savais, je ne vous le dirais pas.

 

STUART : Vous n'êtes qu'une sale garce !

 

FRANK (voulant couper court) : Stuart, tu ferais mieux de retourner chez toi et de prendre un bon bain pour te relaxer.

 

Mais Menley n'en a pas fini avec Stuart.

 

MENLEY : Et je vais vous dire encore une chose : vous ne vous en tirerez pas comme ça. Vous êtes démasqué Stuart, et maintenant, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger Kelly.

 

STUART : Espèce de…

 

Vivement, Stuart saisit Menley par le cou. Frank intervient rapidement pour enlever la pression qu'exerce Stuart sur le cou de la jeune femme. Il le repousse violemment.

 

FRANK : Stuart, mais tu as perdu la tête ou quoi ?

 

STUART (regardant Frank) : Non, c'est ma femme que j'ai perdu. (puis son regard mauvais se porte vers Menley)… et c'est à cause d'elle.

 

 

 GÉNÉRIQUE DE DEBUT

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 3  À GARDEN HILL     

                              

C'est la demeure provisoire de Jillie. La bâtisse est très belle. Elle doit dater de la fin du XIXème siècle. Elle est de forme victorienne avec deux grande colonnes blanches à l'entrée. La grande maison est plantée en pleine nature, avec des arbres de toutes sortes qui l'entourent, et, devant, un très beau jardin avec des fleurs somptueuses plantées en rang.

Jillie entre dans la chambre, accompagnée d'un homme d'une quarantaine d'année, très élégant, qu'on suppose être le directeur de l'établissement. La chambre est décorée très simplement : deux lits, deux tables de nuit. En face, deux armoires. Les murs sont crépis couleur crème. Un bureau, au coin, se trouve juste devant la fenêtre. La chambre n'offre pas un grand intérêt, mais elle est faite pour qu'on s'y sente chez soi.

Une femme d'une cinquantaine d'année, blonde décolorée et dont le visage ridé est marqué par des années d'alcoolisme, est assise sur un des deux lits. Elle regarde Jillie, son visage n'exprimant aucune émotion quelconque.

Jillie, ses émotions, elle ne les cache pas. D'après son visage, on la sent à la fois craintive, peu assurée, mais aussi angoissée.

L'homme, Chris Garrett, fait les présentations.

 

CHRIS GARRETT : Jillie, voici votre chambre. J'espère que vous vous sentirez comme chez vous.

 

Les yeux perdus de Jillie se portent sur la femme, puis elle se retourne vers Chris Garrett.

 

JILLIE (parlant doucement) : Qui c'est, elle ?

 

CHRIS GARRETT : Jillie, je vous présente Jessica Reaset, votre compagne de chambre.

 

Jessica Reaset regarde sa nouvelle compagne de chambre sans dire un mot.

 

JILLIE (à Chris Garrett) : Je préférerai être seule.

 

Jessica Reaset se lève brusquement.

 

JESSICA REASET (d'un ton rude) : Moi aussi, je préférerais être seule, ma cocotte, mais j'ai pas le choix. C'est le règlement qui veut ça.

 

Chris Garrett se retourne et va vers la porte. Jillie le regarde.

 

JILLIE : Ou vous allez ?

 

CHRIS GARRETT : Je vous laisse faire connaissance, on se revoit dans une demi heure dans mon bureau. A tout à l'heure.

 

Jillie le regarde partir, l'air désespéré, comme un enfant qu'un parent abandonnerait. Jillie regarde vers la porte fermée quand Jessica lui parle.

 

JESSICA REASET : Je te préviens tout de suite, j'aime pas être dérangée, alors t'essaies de la fermer, OK ? Ah, et puis, extinction des feux à 9 heures précises tous les soirs, j'aime pas dormir avec la lumière. Bon, moi je vais me pieuter une petite heure. T'as intérêt à pas faire de bruit. J'aime pas être dérangée pendant que je dors.

 

 

 4  DANS L'APPARTEMENT DE TIM    

                                

Seul, il fait les cent pas pour trouver une solution à son problème. Il marmonne entre ses dents. De temps en temps, il accompagne ses paroles par des gestes.

TIM
(pour lui même) : Comment elle veut que je fasse ? Comment je peux faire pour séduire Menley, elle me déteste ! Elle en a de bonnes, Beth. Je vais faire quoi ? Me planter devant elle et lui dire : Menley, laisse tomber l'amour de ta vie et viens dans mes bras, ça fera plaisir à Beth et ça me fera gagner les 8000 dollars que je lui ai piqué ? !

 

 

 5  CHEZ ED BURNSTEIN    

                                                

C'est une grande maison qui fait penser à un château. La bâtisse est du style victorien, comme Garden Hill. L'extérieur est très soigné. Ed doit faire sans doute appel à un jardinier, car tout est superbe autour du bâtiment. On accède à la porte principale par de grands escaliers. En bas des escaliers, de chaque côté ses trouvent des têtes de lions en marbre. Sur toute la longueur de la maison, il y a un porche.

La salle à manger est à la fois imposante, et à la fois intime car Ed l'a décoré de manière à rendre un aspect chaud à la pièce. On s'y sent bien. Ed et Kelly sont attablés, Ed au bout de la table, et Kelly sur sa gauche. Kelly regarde son plat et joue avec sa fourchette à attraper un petit pois. Ed mange de bon cœur. Il voit cependant sa fille pensive et pose ses couverts.

 

ED : Kelly, tu ne manges pas ?

 

KELLY : Je n'ai pas faim papa.

 

ED (souriant) : Tu as bien fait de venir ici, ma chérie. (il reprend ses couverts et se remet à manger). Qu'est-ce qui s'est passé avec lui pour que tu viennes si précipitamment ici ?

 

KELLY : Je n'ai pas envie d'en parler.

 

On entend sonner à la porte d'entrée.

 

ED : J'espère qu'il ne t'a pas fait de mal.

 

KELLY (exaspérée) : Papa ! Je n'ai pas envie d'en parler pour l'instant, s'il te plaît !

 

La bonne arrive dans la salle à manger.

 

LA BONNE : Excusez-moi, Monsieur. Monsieur Farris est ici et…

 

Ed ne laisse pas le temps à la bonne de finir. Il se lève d'un bond.

 

ED (à Kelly) : Je vais le recevoir, tu n'as qu'à rester ici.

 

Kelly ne proteste pas. Ed sort et se trouve devant Stuart, sur le perron.

 

ED : Stuart, qu'est-ce que vous venez faire ici ?

 

STUART : Je viens voir Kelly. Je sais qu'elle est chez vous, j'ai vu sa voiture.

 

ED : Kelly n'a rien à vous dire.

 

STUART : J'aimerai l'entendre de sa bouche.

 

ED : Elle ne veut pas vous voir. Laissez-la tranquille.

 

Mais pour toute réponse, Stuart veut entrer dans la maison. Ed le bloque.

 

STUART : Je veux la voir.

 

ED : Vous êtes chez moi ici, Farris. Et vous n'êtes pas le bienvenu.

 

STUART (étonné) : Ed ! C'est moi, Stuart ! Votre beau fils. Comment pouvez vous me traiter ainsi ?

 

ED : Vous avez fait du mal à ma fille, et ça, je ne peux pas le supporter. Maintenant, je vous prie de partir avant que je n'appelle mes gardes.

 

Stuart fait mine de partir, puis se retourne brusquement, et, devant Ed, il crie :

 

STUART : Kelly !

 

Stuart a crié assez fort car Kelly, depuis la salle à manger, l'a entendu. Elle se retourne brusquement en direction de la voix.

Sur le palier, Stuart veut entrer, mais Ed l'en empêche.

 

ED : Ca suffit maintenant !

 

STUART : Vous ne m'empêcherez pas de la voir. (puis, criant) Kelly !

 

On entend alors, au loin, des chiens aboyer. Les aboiements se rapprochent. Stuart se retourne et voit, au bas des escaliers, deux bergers allemands fort peu sympathiques et qui montrent leurs crocs acérés. Avec eux, une personne, un homme d'environ trente ans. Le garde, sans doute. Stuart, du coup calmé, se tourne vers Ed.

 

STUART : Vous n'allez pas faire ça ?

 

ED : Ne m'y obligez pas, Stuart. Maintenant, partez s'il vous plaît.

 

 

 6  DANS UN VIEIL APPARTEMENT        

                                 

L'appartement est défraîchi. Il suffit de voir le papier peint jauni qui se détache du mur, mais aussi le canapé vert clair, truffé de trous qui se trouve au milieu de la pièce. Sans parler des tapis totalement délavés. Une femme porte un sac en plastique dans la main. Elle est habillée de façon excentrique. Une longue robe bariolée style gitane et une coiffe qui ressemble à un turban sur la tête. Elle a environ 55 ans.

La femme prend quelques vêtements qui traînent sur le vieux canapé et les entassent dans le sachet en plastique. Elle fait vite. Apparemment, elle est pressée.

On toque à la porte. La femme sursaute.

De l'autre côté, un homme de forte corpulence, vêtu d'un polo blanc tout tâché, frappe à la porte. C'est le concierge de l'immeuble.

 

LE CONCIERGE : Madame ?

 

Il toque à nouveau.

 

LE CONCIERGE : Madame ? Ouvrez moi. Je vous rappelle que vous me devez quatre mois de loyer.

 

La femme ouvre la fenêtre et, malgré son âge est assez souple pour en sortir, avec son sac en plastique dans les mains.

 

 

 7  UNE RUE À GARDEN PLACE   

                                           

Menley, malette à la main, emprunte une rue peu animée de la ville. Il doit être midi et demi et les magasins sont fermés. C'est sans doute pourquoi il n'y a pas beaucoup de monde.

Tim, dans l'alcôve d'une entrée de magasin, guette l'arrivée de Menley. Lorsqu'elle est dans son champ de vision, il sort de l'alcôve, manque une marche et tombe, juste devant Menley. A terre, Tim se tient la cheville.

 

TIM : Aïe.

 

Menley est surprise de voir Tim.

 

MENLEY : Tim. Est-ce que ça va ?

 

TIM : Non, je crois que je me suis cassé la cheville.

 

MENLEY : Tim. On ne se casse pas la cheville en ratant une marche. En tout cas, pas à ton âge. Mais qu'est-ce que tu fait ici ?

 

TIM : J'avais une heure à passer avant mon prochain cours.

 

MENLEY (méfiante) : Tu ne m'as pas suivit, par hasard ?

 

TIM : Non, non… J'aime bien faire du lèche vitrine. Surtout quand les magasins sont fermés. On est sûr au moins de ne rien dépenser.

 

MENLEY (souriante) : C'est la même chose pour moi.

 

TIM : Et alors, j'ai vu une superbe créature arriver devant moi… et je n'ai pas fait attention à la marche.

 

MENLEY : Tim… arrête.

 

Tim est encore à terre. Menley lui touche la cheville et il fait semblant d'avoir mal.

 

MENLEY : Tu arriveras à te lever ?

 

TIM : J'en sais trop rien.

 

Menley regarde sa montre.

 

MENLEY : C'est ennuyeux, j'ai un cours dans une demi heure.

 

TIM : Tu ne vas pas me laisser comme ça tout de même.

 

Menley regarde au bout de la rue, fronce les sourcils, puis sourit. Elle fait de grands gestes. Tim la regarde.

 

TIM : Qu'est-ce que tu fais ?

 

MENLEY : Je viens d'apercevoir Ursula.

 

TIM (déçu) : Quoi Ursula ?!

 

Ursula arrive, toujours en courant par pas précipités, avec ses hauts talons.

 

TIM : Ca m'étonne qu'elle ne s'est jamais foulée la cheville en courant comme ça.

 

Ursula arrive près d'eux.

 

MENLEY : Ursula, tu tombes bien.

 

Ursula regarde Tim à terre.

 

URSULA (qui exagère toujours) : Mon Dieu, Tim ! (elle porte la main à sa bouche) Mais qu'est-ce qui lui est arrivé ?

 

Tim imite Ursula en faisant des grimaces, sans qu'elle le voit.

 

MENLEY : Il s'est cassé la figure. Ecoute Ursula, tu peux t'occuper de lui ? Moi j'ai un cours qui va commencer.

 

TIM : Ursula est la secrétaire de Mlle Judical. Elle doit être à l'Unecain très tôt.

 

URSULA : Mais non. Ne t'inquiète pas Menley. Je m'occupe de lui.

 

MENLEY : Merci. (elle regarde Tim) A plus tard.

 

Puis elle part. Tim fait une mauvaise figure en la voyant s'éloigner. Ursula se penche vers Tim.

 

URSULA : Ca va ?

 

Tim affiche un visage résigné.

 

TIM : Ouais.

 

Il se lève. Ursula se précipite vers lui.

 

URSULA : Attends, je vais t'aider. Donne moi la main. Oh Mon Dieu, pauvre Tim.

 

Il est un fait évident : Ursula tape sur les nerfs de Tim.

 

TIM (exaspéré) : Ca va ! Ca va !

 

Il se lève tout seul et, sans un regard pour Ursula, s'éloigne d'elle sans même boiter, sous les yeux étonnés d'Ursula.

 

 

 8  À L'UNECAIN, DANS LE BUREAU DE MLLE JUDICAL    

           

Mlle Judical a le téléphone en main. Elle appelle Garden Hill.

 

Chris Garrett décroche

.

CHRIS : Chris Garrett.

 

MLLE JUDICAL : Monsieur Garrett. Ici Alice Judical. Je viens prendre des nouvelles de Mlle Perkins.

 

CHRIS : Elle ne s'est pas encore bien adaptée à la situation. Nous lui laissons le temps de s'installer. Elle a besoin d'avoir ses marques.

 

MLLE JUDICAL : Quand pourrais-je la voir ?

 

CHRIS : Pas pour l'instant, Mlle. Voyez-vous, il faut que j'apprenne à connaître Jillie pour pouvoir vous donner la liberté de la voir. Pour l'instant, il faut qu'elle se détache du passé, et vous, en quelque sorte, représentez le passé pour elle.

 

MLLE JUDICAL : Je ne comprends pas.

 

CHRIS : Ce que j'essaie de vous dire, c'est que pour l'instant, Jillie doit faire face à son problème. Vous avez été une béquille à laquelle elle s'est accrochée très fort. Il faut qu'elle apprenne à vivre sans béquille. Il faut qu'elle avance et il est possible que si elle vous voit maintenant, elle ne tende à régresser dans le passé et donc, dans l'alcool. Vous comprenez mieux maintenant ?

 

MLLE JUDICAL (soupirant) : Oui.

 

 

 9  DEVANT L'UNECAIN     

                                                        

Kelly marche le long de la rue. Elle est interpellée par Lacey.

 

LACEY : Kelly !

 

Kelly se retourne.

 

KELLY : Salut, Lacey.

 

LACEY : Comment tu vas ?

 

Elles marchent maintenant ensemble, côte à côte.

 

KELLY : J'ai quitté Stuart.

 

LACEY : Oui, je sais. Tu as bien fait.

 

KELLY : Des fois, je me le demande.

 

LACEY : Pourquoi ?

 

KELLY : Je connais bien Stuart. Je ne comprends pas comment il a pu me faire une chose pareille. Comment a-t-il pu me faire passer pour folle en payant quelqu'un pour se déguiser en extra terrestre ? Parfois, je me dis que c'est impossible… que Stuart n'est pas capable d'une chose pareille.

 

LACEY : Pourtant, les faits sont là.

 

Lacey et Kelly sont rejointes par Nanne, qui arrive en courant.

 

NANNE (joyeuse) : Salut les filles ! J'ai une super nouvelle pour vous : demain midi, je vous invite à manger chez Galvos. (elle regarde Kelly) Ca te changera les idées. Je vais aussi inviter Gil, Menley et Frank.

 

LACEY : Nanne, Galvos est le restaurant le plus chic et le plus cher de la côte californienne.

 

NANNE : Ouais, et alors ? J'ai bien le droit de gâter mes amis, non ?

 

Les trois filles arrivent près des marches menant à l'entrée de l'Unecain. Lacey veut protester, mais elle n'en a pas le temps.

 

STUART : Kelly !

 

Les trois filles se retournent. On lit de la peur dans le visage de Kelly. Elle ne bouge pas. Lacey le défie du regard.

 

LACEY : Stuart, qu'est-ce que tu veux ?

 

STUART : Je ne t'ai rien demandé, à toi. Je veux parler à Kelly.

 

KELLY : Non, je ne veux pas te parler.

 

STUART : Kelly, pourquoi tu es partie de la maison si précipitamment ? Je crois que j'ai au moins droit à une réponse.

 

LACEY : Tu connais la réponse.

 

STUART (ignorant Lacey) : Kelly, je t'en prie. Dis-moi quelque chose. Parle moi, bon sang. Qu'est-ce que je t'ai fait ? Ne me laisse pas dans l'ignorance. Tu ne sais pas à quel point je souffre depuis ton départ.

 

On entend faiblement la sonnerie de début des cours.

 

NANNE : Ca sonne. On devrait y aller.

 

Et les trois femmes montent les escaliers en courant. Kelly regarde un bref instant derrière elle Stuart.

 

 

 10  APPARTEMENT DE LACEY            

                                 

Lacey semble fatiguée. Sa malette à la main, elle prend la clé d'entrée dans sa poche et ouvre la porte de son appartement.

Après avoir pénétrée dans l'appartement et refermée la porte, elle regarde devant elle. D'abord, elle sursaute, puis après ouvre de grands yeux.

Devant elle, toute souriante, se trouve la femme à la robe bariolée et au sac en plastique qui s'est "échappée" de son vieil appartement. Elle ouvre les bras, comme si elle demande à être applaudi, et sourit.

 

LA FEMME : Surprise !

 

LACEY (effectivement surprise) : Maman ! ?

 

La mère de Lacey s'appelle Sibella Calvin. Elle s'avance vers elle et l'embrasse sur les deux joues, comme à la française, mais sans la toucher.

 

SIBELLA : Comment vas-tu ma chérie ?

 

LACEY (toujours surprise) : Mais Maman, comment as-tu réussie à entrer dans l'appartement ? Il était fermé à clé !

 

SIBELLA : Tu as oublié les histoires que je te racontais quand tu étais enfant ? Ta maman est une fée.

 

LACEY : Je ne me souviens pas t'avoir entendu me raconter des histoires.

 

Revenue de sa surprise, Lacey bouge enfin. Elle jette sa malette sur le canapé coloré de la pièce. Elle se tient le front, visiblement fatiguée. Sibella l'observe.

 

SIBELLA : Dure journée ?

 

LACEY : Je peux savoir ce que tu viens faire ici ?

 

SIBELLA : Je suis venue rendre visite à ma petite fille, c'est tout.

 

LACEY : Maman. Ca fait 6 ans que je ne t'ai pas vu… Et tu débarques comme ça, la bouche en cœur.

 

SIBELLA : Tu me manquais tellement, chérie.

 

LACEY : Maman, qu'est-ce que tu veux ?

 

SIBELLA : Juste rester quelques jours avec toi, mon amour. Ca me ferait tellement plaisir.

 

LACEY : Il n'y a pas beaucoup de place…

 

SIBELLA : Il y a une chambre d'ami.

 

LACEY : Très bien, très bien. Tu peux rester quelques jours, si tu veux.

 

Sibella lui sourit, comme quelqu'un qui vient d'avoir ce qu'il désire.

 

 

 11  SUR LA TERASSE DE " CHEZ BRONSKI "       

                    

Tim est assis à la terrasse ronde, avec un café et un énorme sandwich qu'il semble tout particulièrement apprécié. Des feuilles de salades dépassent du sandwich très garni. Il mange avec appétit. Soudain, il s'arrête de mâcher, son gros morceau encore dans la bouche et regarde de l'autre côté de la rue. Il aperçoit alors Charlie Memphis, l'homme qui est à l'origine de tous ses problèmes. Charlie marche d'un pas tranquille. Tim pose son sandwich, se lève brusquement et va sur la rue. Là, il montre Charlie du doigt et crie :

 

TIM (la bouche pleine) : Charlie ! Charlie Memphis !

 

Charlie se retourne et lorsqu'il voit Tim, il prend ses jambes à son cou et court de toutes ses forces. Tim entreprend de le rattraper. Pour cela, il court sur la route, n'ayant pas peur des voitures qui viennent et qui sont obligées de s'arrêter brusquement. Des coups de Klaxons fusent.

 

UN CONDUCTEUR PAS CONTENT : Eh, patate ! !

 

Tim arrive de l'autre côté de la rue. Il court plus vite que Charlie. N'oublions pas que Charlie a soixante ans. Tim finit donc par le rattraper. Il le prend par les épaules.

 

TIM : Ah, je te tiens, espèce de …

 

Charlie met les mains devant son visage pour essayer de se protéger, de peur de recevoir des coups de la part de Tim.

 

CHARLIE : Non, non. Tim, excuses-moi, je ne voulais pas, ils m'ont obligé, je te jure.

 

TIM (en colère) : A cause de toi, j'ai bien failli crever. Et cette histoire n'est pas fini.

 

CHARLIE : Je te jure, Tim, je voulais pas. Je voulais pas te faire ça. Mais moi aussi j'avais une dette envers Brock. J't'en prie, Tim.

 

La plainte de Charlie fait son effet et Tim se calme. Il lâche Charlie.

 

CHARLIE : Tu as réussit à rembourser Brock ?

 

TIM : Ouais, mais j'ai quelqu'un d'autre sur le dos, maintenant.

 

CHARLIE : Tu me pardonnes ?

 

Tim ne résiste pas à sa figure de chien battu.

 

TIM : OK, OK. Mais ne me refais plus un coup pareil.

 

CHARLIE : Promis, juré, craché…

 

Et il crache. Tim fait une grimace de dégoût.

 

TIM : T'es vraiment immonde.

 

Charlie sent Tim. Celui-ci se demande bien pourquoi.

 

CHARLIE : Ca sent le thon mayonnaise. Tu étais en train de manger ? Ca me donne faim.

 

Un peu plus tard, les deux hommes sont sur la terrasse de Chez Bronski. Charlie mange le sandwich avec avidité. Tim l'observe.

 

TIM : On dirait que t'as pas mangé depuis trois jours.

 

CHARLIE : C'est presque ça.

 

TIM : Allez, dépêche toi, j'ai un cours qui va bientôt commencer.

 

CHARLIE : Tim. Je voudrais que tu m'accorde une petite faveur.

 

TIM : Après ce que tu m'as fait, sûrement pas.

 

CHARLIE (comme un enfant) : Eh ! Tu avais dit que tu me pardonnais.

 

TIM (soupirant) : Dis toujours.

 

CHARLIE : Voilà. Je sais plus ou crécher en ce moment. On m'a mis à la porte de mon taudis hier. Je me demandais si t'aurais pas une petite place dans ton appartement.

 

TIM : Toi, dans mon appartement, alors là, pas question !

 

 

 12  DANS L'APPARTEMENT DE TIM         

                                

Tim jette une couverture à Charlie. Cela veut dire qu'il a changé d'avis.

 

TIM : Tu dors sur le canapé. Et je ne veux pas t'entendre te lever toutes les cinq minutes pour aller pisser, comme le font les petits vieux.

 

CHARLIE : Tu peux compter sur moi, Tim.

 

TIM : Ouais, c'est ce que tu m'avais dit aussi au champ de courses quand tu m'as escroqué de 9000 dollars.

 

CHARLIE : C'est du passé, Tim, c'est du passé.

 

TIM (marmonnant) : Pour moi, c'est encore bien présent.

 

 

 13  DANS L'APPARTEMENT DE NANNE   

                                

Nanne regarde sa télévision écran géant quand on sonne à la porte. Elle va ouvrir, et à sa grande surprise, elle trouve Stuart sur son palier.

 

NANNE : Stuart !

 

STUART : Nanne, je t'en prie. J'ai besoin de toi

.

Quelques instants plus tard, Stuart est assis dans un des fauteuils de Nanne. La jeune femme lui tend une tasse de thé.

 

STUART : Je ne sais pas ce que tout le monde a contre moi, Nanne. J'ai l'impression que toutes les portes se referment. Je ne supporte pas de voir ma femme se détourner de moi. Je l'aime, tu comprends ? J'ai l'impression de vivre un cauchemar. J'ai besoin de savoir.

 

Nanne soupire et se colle au fond de son fauteuil.

 

NANNE : En fait, Kelly a trouvé, dans ton secrétaire, une facture d'une société spécialisée dans les effets spéciaux et les déguisements. Tu as commandé le déguisement ressemblant trait pour trait à l'extra terrestre rencontré par Kelly.

 

STUART : Quoi ?! Mais je n'ai jamais rien commandé. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

 

NANNE : Je te dis simplement ce que je sais.

 

STUART : Mais cette histoire est complètement absurde. Nanne, il faut que tu me crois. Essaie de parler à Kelly, de lui dire que je l'aime et que je l'attend. Tu feras ça ?

 

Nanne ne répond rien. Elle se contente de regarder Stuart.

 

 

 14  DANS LA CUISINE DE LACEY     

                                    

Lacey pousse la porte de la cuisine, à moitié endormie. Nous sommes le petit matin. Sibella est déjà à table avec un grand sourire. Elle porte un peignoir de bain de toutes les couleurs. Sur la table, deux bols, deux tasses et quelques accessoires utiles pour le petit déjeuner.

 

SIBELLA : Bonjour, Chérie. Tu as bien dormi ?

 

Lacey se traîne jusqu'à la table et pointe un doigt sur une forme blanche qui se trouve sur un plat.

 

LACEY : C'est quoi ?

 

SIBELLA : Des flocons d'avoine, mon ange. C'est très bon pour la santé.

 

Lacey fait une grimace et sort du buffet un pot de beurre de cacahuète.

 

SIBELLA : Attention à ton cholestérol.

 

LACEY : Maman, pendant six ans, j'ai surveillé mon cholestérol toute seule, et je m'en suis bien sortie.

 

Assise à la table, elle badigeonne fièrement le beurre de cacahuète sur une tartine. Sa mère la regarde faire, puis hausse les épaules.

 

SIBELLA : Dis-moi, ma chérie. On a pas eu le temps de beaucoup discuter hier. Comment vont tes amours ?

 

LACEY : Le calme plat.

 

SIBELLA : Et ce jeune homme que tu voyais. Comment s'appelle-t-il déjà ? … Eric… Je me souviens que tu te crêpais le chignon avec une de tes collègues à cause de lui… Jillie, c'est ça ?

 

LACEY : Maman, cette histoire est totalement oubliée maintenant. Eric est partie depuis plusieurs années.

 

SIBELLA : Ah, bon. Et Jillie ?

 

LACEY : Elle est en cure de désintoxication.

 

SIBELLA : Drogue ?

 

LACEY : Alcool.

 

SIBELLA : Parfait.

 

Ne s'attendant pas à cette remarque, Lacey regarde Sibella, choquée.

 

LACEY : Maman !

 

SIBELLA : Ben oui. Te voilà le champ libre pour récupérer ton Eric.

 

LACEY (exaspérée) : Mais puisque je te dis qu'il est partie. Il est partie, Maman, très loin de Garden Place.

 

SIBELLA : Si on s'en donne la peine, on peut retrouver une personne n'importe où.

 

LACEY (toujours aussi exaspérée) : Mais écoute Maman. Tu n'as pas bien compris : cette histoire est terminée ! Fini !

 

SIBELLA (un peu vexée par le ton autoritaire de sa fille) : Bon… bon… moi je disais ça comme ça.

 

 

 15  DANS LA CUISINE DE TIM

 

Charlie est en train de presser des oranges avec justement le presse orange qui fait un bruit d'enfer. Tim entre précipitamment dans la cuisine, en colère.

 

TIM : Charlie, bon sang, mais qu'est-ce que tu fous ? Je t'avais dit de pas faire de bruit. Mon premier cours ne commence pas avant onze heures et je voulais encore dormir.

 

CHARLIE : Tu connais pas le dicton, Tim : l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt.

 

Tim voit que Charlie a dressé une belle table bien remplie pour le petit déjeuner. Il s'assoit. Charlie lui sert un café.

 

CHARLIE : Tu as bien dormi ?

 

TIM : Plutôt bien, oui. Tu sais ce qu'on dit : la nuit porte conseil. Et j'ai bien réfléchi.

 

Charlie sert les jus d'orange.

 

CHARLIE : Ah ouais.

 

TIM : Mmm. Je vais avoir besoin de ton aide, mon brave Charlie.

 

 

 16  AU CABINET BURNSTEIN, DANS LE BUREAU D'ED

 

Le bureau d'Ed est absolument splendide. Mais c'est normal, puisque c'est le président fondateur du Cabinet. Il trône sur son fauteuil de ministre quand Stuart arrive. Ed ne prend pas la peine de le regarder.

 

ED : Qu'est-ce que vous voulez encore ?

 

STUART : Le dossier Sherman. Il est ou ?

 

ED : C'est moi qui m'en occupe, désormais.

 

STUART : Bravo. Vous ne perdez pas de temps à ce que je vois.

 

ED : Oh arrêtez, ce n'est pas une punition que je vous inflige. Il se trouve que j'ai plaidé la dernière fois et que vous n'étiez pas là. Je suis obligé de reprendre le dossier.

 

STUART : Comme vous avez repris votre fille.

 

ED : Kelly est venue à la maison de son propre gré. Je ne l'ai pas forcé.

 

STUART : Ed, vous me donnez envie de vomir.

 

UNE VOIX : Pardon, messieurs.

 

Les deux hommes se retournent et observent Follet qui se tient sur la pas de la porte. Ed s'inquiète.

 

ED : Inspecteur ? Il n'est rien arrivé à Kelly, j'espère ?

 

Follet entre dans le grand bureau. Il regarde autour de lui, appréciant la déco parfaite. Ce qui ne l'empêche pas de parler.

 

FOLLET : Je suis venu au sujet de John Chapmann.

 

STUART : Vous avez du nouveau ?

 

Follet regarde Stuart droit dans les yeux.

 

FOLLET : Nous avons reçu le rapport du médecin légiste. Votre collègue ne s'est pas suicidé. On l'a poussé du douzième étage de son immeuble. John Chapmann a été assassiné. Qu'est-ce que vous dites de ça ?

 

 

 17  À GARDEN HILL

 

Dans sa chambre, Jillie fait les cent pas. Ce qui énerve passablement Jessica qui, assise sur son lit, essaie de lire. Elle ferme le livre et regarde Jillie.

 

JESSICA : T'en a encore pour longtemps ? Tu peux pas savoir comme ça m'énerve de te voir dans cet état !

 

Jillie s'arrête et regarde Jessica.

 

JILLIE : Je veux un verre.

 

JESSICA (riant) : Et ben ma fille, t'as pas vraiment choisi le bon endroit pour passer tes vacances. (puis, plus sérieuse :) Ecoute, on est tous passées par là. Je sais que c'est dur, mais c'est la vie. Ca fait partie de ton évolution. Dis-toi que pour l'instant, t'es encore un petit poussin qui vient d'éclore… Tu arriveras à devenir un grand coq.

 

JILLIE : Et toi, qu'est-ce que tu es ?

 

JESSICA : Un coquelet. Maintenant arrête de faire les cent pas. Va te coucher, lis un livre. Je sais pas moi, mais fais quelque chose de plus constructif que de te morfondre pour quelque chose que tu n'obtiendra jamais ici.

 

Jillie se couche dans son lit. Elle prend un magazine en main, pendant que Jessica reprend sa lecture des "hauts du hurlevent". Mais cela ne dure pas longtemps, Jillie ne peut se concentrer sur le magazine. Elle tourne page après page, puis finalement referme le livre de presse et se lève pour faire à nouveau les cent pas. Jessica ferme son bouquin violemment. Elle est en colère.

 

JESSICA : Oh, mais c'est pas vrai à la fin ! Mais qui c'est qui m'a donné cet engin ambulant comme compagne de chambre ?

 

Elle se lève et quitte la chambre.

 

 

 18  DANS L'APPARTEMENT DE TIM

 

Charlie passe l'aspirateur. La porte d'entrée est ouverte. On voit apparaître Beth. Elle fronce les sourcils en voyant l'homme qu'elle n'avait jamais vue. Avec son aspirateur, Charlie lui tourne le dos. Elle avance vers lui est lui met une main sur l'épaule. Charlie sursaute et crie. Puis il se retourne. Il éteint l'aspirateur.

 

CHARLIE : Vous m'avez flanqué une sacrée frousse.

 

BETH : Je suis désolée. Vous êtes qui ?

 

CHARLIE (souriant) : Charlie, M'dame, Charlie Memphis.

 

BETH (qui n'en a rien à faire de son nom) : Je cherche Tim. Il habite toujours là, j'espère ? !

 

CHARLIE : Pour sûr qu'il habite encore là. Il me loge, le temps que je trouve un bon appartement.

 

BETH : Il est là ?

 

Charlie semble subjugué par le charme envoûtant de Beth. Il se cesse de la regarder en souriant.

 

CHARLIE : Qui ?

 

BETH : Tim. Est-ce qu'il est là ?

 

CHARLIE : Non, mais moi j'suis là. Ca vous suffit pas ?

 

Beth le regarde et hausse les sourcils comme pour dire : "mais où Tim a pu dégoter un type pareil". Charlie continue de sourire bêtement.

 

CHARLIE : Vous voulez boire un café ?

 

BETH (ignorant sa question) : Vous direz à Tim que je veux le voir, le plus rapidement possible.

 

CHARLIE : Ou alors un bon petit schnaps ?

 

Mais Beth s'en va. Charlie secoue la tête.

 

CHARLIE : Ouah, quel beau petit lot.

 

 

 19  DANS L'APPARTEMENT DE LACEY

 

Lacey entre dans son appartement, visiblement éprouvée par une bonne journée de travail. Elle ferme la porte renifle une odeur bizarre qui lui fait faire la grimace. Elle appelle :

 

LACEY : Maman ? Qu'est-ce que c'est que cette odeur ?

 

N'ayant pas de réponse, elle se dirige, peu rassurée, vers la cuisine. C'est probablement de là que vient l'odeur.

Lacey n'en croit pas ses yeux : Sibella est assise devant une table dressée de manière peu banale. Un linge blanc recouvre la table. Des cartes de tarot sont dispersées un peu partout, et l'odeur que Lacey a perçu est de l'encens que Sibella a brûlé. Il est au milieu de la table et de la fumée se dégage encore des fines baguettes. Sibella est habillée plus excentrique que jamais et surtout, elle est maquillée à outrance. En face d'elle se trouve une femme d'âge moyen, correctement habillée. Sibella se tourne vers Lacey.

 

SIBELLA (souriant) : Te voilà ma chérie. Je ne t'attendais pas si tôt.

 

LACEY : Je vois ça oui ! On peut savoir ce qui se passe ici ?

 

SIBELLA : Nous avons terminé. Voilà, Irina, n'oubliez pas ce que je vous ai dit. Ayez plus confiance en vous.

 

Irina se lève en souriant. Sibella fait de même.

 

SIBELLA : C'est 70 dollars.

 

LACEY (outrée) : Maman !

 

Irina lui tend un billet.

 

IRINA : Voilà cent dollars, vous pouvez garder la monnaie. Vous m'avez beaucoup aidé. Merci beaucoup, Madame Sibella.

 

Et Irina quitte la pièce sous le regard éberluée de Lacey. Lacey s'approche de sa mère, les bras croisés, le regard inquisiteur. Sibella est en train de rassembler ses cartes.

 

LACEY : Maman, mais qu'est-ce que tu fais ?

 

SIBELLA (l'air innocente) : Et bien comme tu le vois, ma chérie, je fais un peu de rangement.

 

LACEY : Oh, maman, je t'en prie, ne fais pas l'innocente. Tu faisais les cartes à quelqu'un.

 

SIBELLA : J'ai le don de voyance, il faut bien que je m'en serve, non ? Et puis, j'apporte des solutions aux problèmes des gens qui viennent me voir.

 

LACEY : Pour 70 dollars, oui.

 

Sibella finit de rassembler les cartes. Lacey va à la fenêtre pour l'ouvrir.

 

LACEY : Et éteint moi cet encens, on n'arrive plus à respirer, ici.

 

SIBELLA : Ce que tu peux être rabat joie.

 

LACEY : Maman, ce genre de pratique est interdit ici. Tu fais ça illégalement.

 

SIBELLA (haussant les épaules) : Et alors ? Qui va me dénoncer ? Pas toi.

 

LACEY (elle hausse le ton) : Non, mais c'est chez moi que ça se passe. Je risque d'avoir de gros ennuis.

 

SIBELLA : Tu es bien comme ton père, toi. Toujours peur de faire des choses mal.

 

LACEY : Maman, tant que tu seras chez moi, je ne veux plus de consultation de voyance et je ne veux plus d'encens, ni rien d'autre de ce genre. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

 

SIBELLA (tentant de calmer le jeu) : OK, OK…

 

Elle prend son linge blanc et ses cartes et quitte la pièce.

 

 

 20  LA MAISON DES BURNSTEIN

 

Kelly est assise sur son lit. On frappe à la porte. Elle ne répond pas. Elle se tient la tête avec ses mains. La porte s'ouvre doucement et l'on voit Menley qui passe la tête, avec un sourire.

 

MENLEY : On peut entrer ?

 

Sans attendre de réponse, Menley entre, suivit de Nanne. Elles se dirigent vers le lit.

 

NANNE : On ne t'as pas vu aujourd'hui, à l'Unecain.

 

KELLY : Je ne me sens pas très bien. J'ai une sacrée migraine en fait.

 

MENLEY : Ce que tu vis en ce moment n'est pas facile.

 

KELLY : Je n'arrête pas de penser à Stuart… Je ne comprends pas pourquoi il a agit comme ça.

 

MENLEY : Essaie d'oublier un peu Stuart. C'est pour ça que tu as mal à la tête. Essaie de vivre maintenant. Le cauchemar est terminé pour toi.

 

KELLY : Oh, ça non, il n'est pas terminé. Je refais pratiquement toutes les nuits le même rêve.

 

NANNE : Quoi comme rêve ?

 

KELLY : Je le revois constamment dans mes rêves. Il est toujours présent.

 

MENLEY : Tu parles ?…

 

KELLY : Oui, du monstre que Stuart a fait fabriqué… Mais… Menley… il existe. J'ai la profonde conviction que cet être existe pour de bon, tu comprends. Lorsque je l'ai vu, il avait l'air trop réel, beaucoup trop réel pour avoir l'air en caoutchouc.

 

Un peu plus tard, Menley et Nanne s'apprêtent à partir de la maison lorsque Ed arrive par le salon et les interpelle.

 

ED : Mlle Weaver. Nanne.

 

Menley se retourne et prend la main qu'Ed lui tend.

 

MENLEY : M. Burnstein, comment allez-vous ?

 

ED : Je suis content que vous soyez venue. Kelly a vraiment besoin de compagnie.

 

NANNE : Oui, elle est déphasée en ce moment. Je peux la comprendre, elle perd tous ses repères.

 

ED : C'est pour ça qu'on s'efforce de lui en donner de nouveaux. Je maudis Stuart Farris de lui avoir fait subir de telles choses. C'est vraiment ignoble.

 

MENLEY : Stuart ne l'emportera pas au paradis. Un jour ou l'autre, il paiera pour le mal qu'il lui a fait.

 

ED : C'est ce qui lui arrive en ce moment.

 

MENLEY (intriguée) : Que voulez-vous dire ?

 

ED : John Chapmann ne s'est pas suicidé : on l'a poussé du haut de son balcon. La police doit en ce moment même interroger Stuart. Ils ont trouvé dans le calepin électronique de John que Stuart avait un rendez-vous avec lui à 6 h 30 le jour même de sa mort.

 

 

 21 AU POSTE DE POLICE

 

Stuart est dans une pièce où on l'interroge. La pièce est pratiquement vide, à part une table et trois chaises. Stuart est assis, l'air las. Debout en face de lui se dressent Follet et Track.

 

STUART : Puisque je vous dis pour la centième fois que je n'ai jamais eu de rendez-vous avec John Chapmann le jour de sa mort.

 

TRACK : Arrêtez Farris. Puisqu'on vous dit qu'on a retrouvé, sur son agenda électronique, un rendez vous avec vous chez lui.

 

STUART : C'est ridicule. Son bureau est à côté du mien. Si j'aurais voulu le voir pour une affaire quelconque, je ne me serai pas cassé la tête à aller jusque chez lui.

 

Follet tire un papier de sa poche.

 

FOLLET : Je vais vous lire exactement ce qu'il y avait d'écrit sur l'écran : "6 h 30, RDV Stuart à la maison. Dossier Wrangler. Important. Prévoir à dîner. Stuart aime le chinois".

 

STUART (secouant la tête) : C'est incroyable, voyons. Si John m'a fixé un rendez vous, je n'en étais pas au courant, je vous le jure.

 

FOLLET : Alors, ou étiez vous le 14 novembre, jour de sa mort ?

 

STUART : Je n'en sais rien… Je crois que je suis allé faire des courses. Oui, c'est ça, j'avais acheté un lapin pour le cuisiner le lendemain.

Un peu plus tard, Follet et Track se retrouvent dans le bureau du commissaire. Follet est assis à son bureau, les pieds sur la table.

 

TRACK : Il ment.

 

FOLLET (songeur) : Possible.

 

TRACK : C'est même sûr. Et qu'est-ce qu'on va faire ?

 

FOLLET : On ne peut pas le garder.

 

TRACK : Tu n'parles pas sérieusement ! Ce type a tué Chapmann, c'est évident.

 

FOLLET : Les preuves ne sont pas suffisantes. Il en faut plus pour inculper quelqu'un, tu le sais très bien.

 

TRACK : Alors, on va relâcher ce mec, alors qu'on sait très bien que c'est notre homme.

 

Follet se lève vivement et regarde Track.

 

FOLLET : Il m'en faut plus, Track. Va chez Chapmann et fouille. Trouve-moi quelque chose en béton pour inculper Farris. Je peux pas me permettre de le boucler avec ce qu'on a. Farris est un excellent avocat, peut être le meilleur de la ville. Et avec le monde qu'il connaît, je ne veux pas avoir tous les gros bras sur le dos.

 

 

 22  À GREAT GARDEN

 

Menley se promène dans une allée qui n'est fréquentée. Elle apprécie l'air frais, la nature (de grands arbres l'entourent), et les oiseaux qui chantent. Pas pour longtemps, car d'un arbre surgit un petit homme qui tient un couteau dans sa main, il entraîne Menley près de l'arbre et la colle contre le tronc. L'homme n'est autre que Charlie. Terrifiée, Menley le regarde.

 

MENLEY : Qu'est ce que vous me voulez ?

 

CHARLIE : Tes bijoux, et plus vite que ça.

 

TIM : Eh la !

 

Charlie et Menley se retournent. Tim est devant eux.

 

TIM : Menley ! Qu'est-ce…

 

Charlie met le couteau sous la gorge de Menley, qui crie de peur.

 

CHARLIE : Fais pas un geste, ou je l'égorge.

 

Tim est très calme, pour une fois devant ce genre de situation.

 

TIM : Très bien, je ne fais rien. On va juste discuter un peu.

 

CHARLIE : Ah, tu veux discuter… Alors on va discuter…

 

Charlie lâche Menley et va vers Tim, le couteau à la main. La mise en scène et parfaite. Charlie essaie de frapper Tim avec son couteau. Tim le prend par le bras et lui fait lâcher le couteau. Ensuite, Charlie lui assène un coup de poing sur la figure.

 

MENLEY : Tim !

 

Tim accuse le coup et lui rend la pareille. Charlie prend peur et se sauve. Tim se précipite vers Menley.

 

TIM : Menley ! Ca va ?

 

MENLEY : Oui. Merci Tim. On peut dire que cette fois, tu es arrivé au bon moment. Je ne savais pas que ce coin était dangereux.

 

TIM : Il faut toujours se méfier. Allez viens, ne restons pas là. Je t'invite à prendre un bon chocolat chaud chez Bronski. Tu en as besoin, à mon avis.

 

 

 23  DANS UNE CABINE TELEPHONIQUE

 

Charlie est dans la cabine. Il appelle Frank sur son portable.

 

FRANK : Frank Layton à l'appareil.

 

CHARLIE : M. Layton bonjour. Ici le secrétaire de Maître Penlock…j'ai un message de la part de M. Penlock. Il souhaiterait vous voir Chez Bronski immédiatement. Il est avec Maître Farris, qui représentante votre épouse, et ils souhaitent vous communiquer un important message concernant votre procédure de divorce.

 

 

 24  CHEZ BRONSKI

 

A cette heure de la journée, le café est plutôt calme. Menley et Tim sont assis l'un en face de l'autre. Tim boit une bière et Menley un chocolat chaud.

 

MENLEY : Mais dis-moi, qu'est-ce que tu faisais à Great Garden ce matin ?

 

TIM : La même chose que toi, je suppose, j'attendais l'heure de mon cours. C'est toujours agréable de pouvoir se détendre dans un tel endroit avant le stresse du professeur. Et puis, j'adore me promener dans la nature et sentir les bons parfums.

 

MENLEY : Je ne te savais pas si amoureux de la nature.

 

TIM : Tu ne connais rien sur moi. Et c'est dommage, car j'ai l'impression que tu as de moi une mauvaise opinion.

 

MENLEY : Plus maintenant.

 

C'est à ce moment que Frank arrive au café. Il regarde un peu partout, à la recherche des deux avocats, et voit alors Menley et Tim ensemble, en train de sourire. Il fronce les sourcils et va vers eux. Menley l'aperçoit, lui sourit. Frank les rejoint.

 

MENLEY : Frank ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

 

FRANK (regardant Tim) : Je peux te poser la même question.

 

MENLEY : Il s'est passé un truc extraordinaire aujourd'hui. Figure-toi que Tim m'a pratiquement sauvé la vie.

 

FRANK (toujours en regardant Tim) : Sans blague !

 

Tim, lui, regarde sa montre, puis se lève.

 

TIM : Il faut m'excuser, mais j'ai un cours qui va commencer. (à Menley) On se voit plus tard ?

 

Menley lui sourit. Tim part avec un sourire de satisfaction sur son visage. Son plan a marché comme prévu.

 

 

 25  DANS L'APPARTEMENT DE TIM

 

Tim est en face de Beth. Il sourit.

 

BETH : Ca ne me suffit pas.

 

TIM : C'est quand même un grand pas. Maintenant, Menley et Frank sont sûrement en train de se disputer à cause de moi. Tu comprends, Beth. Je suis un héros pour Menley.

 

BETH : Alors qu'elle se dépêche de se jeter dans tes bras, avant que le héros ne devienne un zéro.

 

TIM : T'inquiète pas, j'ai la situation en main.

 

BETH : C'est justement ce qui m'inquiète.

 

 

 26  DANS L'APPARTEMENT DE LACEY

 

Elle est assise sur le canapé, tout en écoutant de la musique avec son baladeur. On sonne à la porte. Une fois… elle n'entend pas… une deuxième fois… Sibella arrive. Elle regarde Lacey. Cette dernière enlève ses écouteurs et regarde sa mère.

 

LACEY : Quoi ?

 

SIBELLA : Tu ne devrais pas écouter de la musique dans ces… (elle désigne les écouteurs) … machins. C'est très mauvais pour l'oreille. Et en plus, tu n'as même pas entendu nos invités sonner.

 

Lacey, surprise, regarde sa mère se diriger vers la porte.

 

LACEY : Nos invités ?

 

Elle se lève. Sibella ouvre la porte et sourit à Menley et Frank.

 

SIBELLA (d'une voix de théâtre) : Bonjour. Vous devez être Menley Weaver ? Je m'appelle Sibella Calvin. Enchantée de faire enfin votre connaissance. Et vous… Monsieur… ?

 

FRANK : Frank. Frank Layton.

 

SIBELLA : Et bien entrez, ne restez pas comme ça.

 

Lacey n'en croit pas ses yeux. Elle va près de sa mère.

 

LACEY : Maman, mais qu'est-ce…

 

Sibella lève la main d'un geste impatient.

 

SIBELLA : Plus tard chérie... plus tard.

 

Sibella disparaît dans la cuisine. Lacey se tourne vers Menley et Frank, gênée.

 

FRANK : Alors, petite cachotière.

 

MENLEY : Tu ne nous avais pas dit que ta maman était là.

 

LACEY : Juste pour quelques jours.

 

MENLEY : Elle est vraiment charmante.

 

LACEY : Ca se voit que tu ne la connais pas.

 

Sibella revient avec un énorme plat de toast.

 

LACEY (surprise) : Et bien, je vois que tu avais tout prévu.

 

SIBELLA : Je vous en prie, prenez place. Je vais chercher la boisson.

 

On sonne à nouveau.

 

SIBELLA (à Lacey) : Chérie, tu veux bien aller répondre ?

 

Lacey, comme dans un rêve, ouvre la porte d'entrée. Nanne et Gil sont devant elle.

 

GIL : Salut la compagnie. (il aperçoit Sibella avec une bouteille à la main). Ah, voilà la meilleure de toutes.

 

SIBELLA : Gil Chabert ! Mon vieux, vous n'avez pas changé d'un pouce !

 

Ils s'embrassent. Lacey est de plus en plus gênée.

 

GIL : Je crois que vous ne connaissez pas Nanne Bolevino.

 

Sibella regarde Nanne en souriant.

 

GIL : Vous avez toujours très bon goût à ce que je vois.

 

NANNE : Nous ne sommes qu'amis. C'est tout.

 

SIBELLA : Allez, mes amis, prenez place. Je sens qu'on va très bien s'amuser. Lacey n'a pas eu la présence d'esprit d'organiser une petite fête pour mon arrivée. Elle est un peu comme son père dans ce genre de chose. Alors comme on dit : on n'est jamais aussi bien servi que par soi même.

 

On sonne à nouveau à la porte. Lacey passe les mains sur son visage, geste qui doit vouloir dire : "mais qu'est-ce qui va encore m'arriver !". Elle se lève et va ouvrir.

 

LACEY : Il ne manquait plus que ça !

 

Devant elle se tient Mlle Judical, Joe Krueger et Flora.

 

FLORA : Bonjour. Votre maman nous a invité à une petite fête ce soir.

 

LACEY (sans conviction) : Entrez.

 

SIBELLA : Bien, je crois que tous le monde est là. Nous pouvons donc commencer les festivités.

 

 

 27  RETOUR À L'APPARTEMENT DE TIM

 

Il ouvre la porte. Charlie est devant lui.

 

TIM : Charlie, mais bon sang qu'est-ce que tu fais ici ?

 

CHARLIE : Je peux entrer ?

 

TIM : Non ! On avait convenu que tu ne remettrais plus les pieds ici après l'affaire.

 

CHARLIE : J'ai nulle part ou aller.

 

TIM : L'hospice est à deux cent mètres.

 

Il veut fermer la porte, mais Charlie la retient avec son pied.

 

CHARLIE : Ce n'est pas gentil, ce que tu dis là.

 

Tim attrape son portefeuille et fouille à l'intérieur.

 

TIM : Bon, combien il te faut ?

 

CHARLIE : Rien, je veux simplement l'hospitalité d'un vieil ami.

 

TIM : Charlie, si jamais Menley te trouve ici, mon plan fout le camp.

 

CHARLIE : A propos de Menley…

 

TIM : Quoi ?

 

Charlie entre dans l'appartement.

 

CHARLIE : Je me demande ce qu'elle dirait si elle était au courant que l'attaque n'était qu'un vaste coup monté.

TIM : Tu ne ferais pas ça…

 

CHARLIE : Ce n'était qu'une hypothèse. Le cas où je dormirai dehors cette nuit, par exemple.

 

Tim soupire. Il a compris le message.

 

CHARLIE : Oh, au fait, j'aimerais bien dormir dans la chambre d'amis, si c'est possible.

 

 

 28  RETOUR À L'APPARTEMENT DE LACEY

 

La petite fête organisée par Sibella bat son plein. Des rires fusent. Seule Lacey fait plutôt grise mine. Sibella est avec Nanne, et regarde ses mains.

 

SIBELLA : Vous avez des mains très douces, ma fille. Vous êtes une artiste, je me trompe ?

 

NANNE : Je ne crois pas non.

 

SIBELLA : Je vois que vous êtes dotée d'une forte imagination. Vous devez sans doute écrire des livres ou des scénarios.

 

NANNE (qui n'en revient pas) : Et bien, oui. J'écris un livre en ce moment.

 

Plus loin, Mlle Judical qui se trouve avec Menley et Flora, regarde du coin de l'œil une Lacey qui semble vraiment mal à l'aise. Une petit sourire en coin, elle se dirige vers elle.

 

MLLE JUDICAL : Mlle Calvin, votre mère à une très forte… personnalité, n'est-ce pas ?

 

LACEY : En effet oui.

 

MLLE JUDICAL : Vous devez être fière d'avoir une maman qui sache deviner l'avenir. C'est une voyante, non ?

 

LACEY : Je ne sais pas ce qu'elle est. Ca fait six ans que je ne l'avais pas vue.

 

MLLE JUDICAL : Elle est très … (elle regarde Sibella faire de grands gestes tout en parlant à Joe) …expansive comme femme.

 

Cette conversation ne plaît pas du tout à Lacey qui décide donc de s'éclipser vers Gil après un :

 

LACEY : Excusez-moi.

 

Elle arrive près de Gil.

 

LACEY : Je sens que je vais craquer.

 

Gil, lui, semble s'amuser comme un fou.

 

GIL : Pourquoi ? Ta mère est vraiment une personne délicieuse.

 

LACEY : Quand on n'est pas dans la même pièce qu'elle, peut être.

 

GIL : Oh, allez Lacey, laisse faire les choses.

 

LACEY : J'ai l'impression de ne plus être chez moi. Elle ne m'avait même pas averti qu'elle faisait une fête. Elle ne m'a pas avertie non plus de son arrivée à Garden Place. En fait, elle ne m'avertis jamais de rien.

 

GIL : C'est une femme imprévisible, et c'est bien comme ça, non ?

 

LACEY : Tu trouves ?

 

Un peu plus loin, Menley voit Frank préoccupé.

 

MENLEY : Frank, qu'est-ce que tu as ?

 

FRANK : Rien, c'est juste cette histoire de ce matin qui me dérange.

 

MENLEY : Le fait que je me sois fait attaquée, ou alors que j'ai pris un verre avec Tim ?

 

FRANK : Ce type n'est pas fréquentable.

 

MENLEY : Ah, nous y voilà. Monsieur est jaloux.

 

FRANK : Je ne suis pas jaloux.

 

MENLEY : Il m'a simplement invité à prendre un verre pour me remettre de mes émotions.

 

FRANK : Je ne suis pas jaloux, je te dis.

 

MENLEY : Mais si, tu es jaloux. (elle lui pince la joue avec deux de ses doigts, comme on le fait souvent à un enfant).

 

 

 29  À GARDEN HILL, LE SOIR

 

Jillie est dans son lit. Elle n'arrive pas à trouver le sommeil et remue. Jessica se réveille et ouvre la lumière. Elle regarde Jillie.

 

JESSICA : Qu'est-ce qu'il y a encore ?

 

JILLIE : Je n'arrive pas à dormir.

 

JESSICA : Si ça continue comme ça, je prends ma batte de base-ball et je peux t'assurer que tu vas dormir.

 

JILLIE : C'est autre chose que je voudrais.

 

JESSICA (exaspérée) : Et voilà qu'elle nous remet ça maintenant ! N'essaie pas de chercher de l'alcool ici, tu n'en trouvera pas. Maintenant, tais-toi et dors.

 

Elle éteint la lumière.

 

 

 30  RETOUR A L'APPARTEMENT DE LACEY

 

Sibella fait décidément tout pour être l'attraction de la soirée. Mal à l'aise, et en colère contre sa mère, Lacey est seule dans un coin. Mlle Judical vient vers elle et se fait ironique :

 

MLLE JUDICAL : On dirait que vous ne vous amusez pas. Vous avez pris votre laxatif, au moins ?

 

LACEY : Mlle Judical, je me passe de vos commentaires.

 

MLLE JUDICAL : Vous devriez vous amuser avec nous. Votre maman est tellement…

 

LACEY (l'interrompant) : Si vous aimez tellement ma mère, allez la rejoindre. Elle vous fera une voyance gratuite, ça ne sera pas facile pour elle de voir au-delà d'un esprit aussi tordu et compliqué que le vôtre, mais ça devrait être un beau challenge pour elle.

 

Mlle Judical accuse le coup alors que Lacey la quitte pour aller voir Gil, Menley et Nanne. Les trois personnes parlent de Stuart et Kelly.

 

MENLEY : J'espère que la police ne l'a pas laissé filer cette fois et que Stuart Farris est bien derrière les barreaux.

 

GIL : Et enfin cette histoire serait terminé.

 

NANNE (jusqu'ici en retrait) : Vous croyez vraiment que Stuart est impliqué dans les disparitions de Kelly ?

 

Elle sort cette phrase innocemment et Menley, Gil et Lacey la regardent.

 

GIL : Qu'est-ce que tu veux dire ?

 

NANNE : Je veux dire qu'on connaît Stuart depuis longtemps. Toi en particulier, Gil. Peux-tu vraiment le croire capable d'un tel acte ?

 

GIL : On parle de faits, Nanne.

 

NANNE : Et moi je parle d'une personne qui a été notre ami pendant longtemps.

 

Petit silence. Menley voudrait répliquer, mais Sibella ne lui en laisse pas le temps. Elle est au milieu de la pièce et demande l'attention générale.

 

SIBELLA : Messieurs, dames, juste un moment d'attention, s'il vous plaît.

 

Bien entendu, tous les regards convergent sur Sibella.

 

SIBELLA : Joe a insisté pour que je fasse une petite réunion spirituelle.

 

Lacey ferme les yeux, appréhendant la suite. Mlle Judical murmure à Flora.

 

MLLE JUDICAL : Elle l'appelle Joe, elle ne perd pas de temps au moins.

 

SIBELLA : Est-ce que ça vous dirait de communiquer avec l'au-delà ?

 

Des murmures fusent dans la pièce.

 

SIBELLA : Bien, donc, je vais vous demander de vous grouper...

 

LACEY (l'interrompant) : Non, maman. Non. (elle s'avance vers sa mère) Maman, il est déjà très tard, tout le monde travaille demain et nous sommes tous fatigués. Je crois qu'on va remettre à une prochaine fois.

 

SIBELLA : Voyons, chérie, ne sois pas si rabat joie. Une petite séance de ce genre ne fait de mal à personne.

 

GIL : Allez, Lacey... Ca peut être amusant.

 

Lacey foudroie Gil du regard, puis se retourne vers Sibella.

 

LACEY : Maman, s'il te plaît...

 

SIBELLA (haussant un peu la voix) : Mais enfin chérie. Laisse-moi donc faire ce petit travail.

 

Lacey n'en peut plus, elle sert le bras de sa mère très fort. Celle-ci semble comprendre le message puisqu'elle se tait et regarde Lacey, offensée. Lacey se tourne vers les invités. Mlle Judical a un sourire ironique en coin. Apparemment, elle se délecte de la situation.

 

LACEY : La soirée est terminée. Merci beaucoup pour votre visite et à demain à l'Unecain.

 

Penauds, tous les invités prennent la porte. Menley a un regard de soutien envers Lacey, ce qui procure du bien à la jeune femme. Mlle Judical sort la dernière. Avant de partir, elle s'adresse à Lacey.

 

MLLE JUDICAL (avec un sourire ironique) : Ce fut une soirée mémorable, Mlle Calvin... vraiment mémorable.

 

Lacey ferme la porte derrière Mlle Judical, sans même prendre la peine de lui répondre. Puis elle se tourne, furieuse, vers sa mère.

 

LACEY : Comment peux-tu me faire une chose pareille ?

 

SIBELLA : Je ne comprends pas. Qu'est-ce qui ne va pas ?

 

LACEY : Ce qui ne va pas ? Je vais te dire ce qui ne va pas. Je suis chez moi ici. Je te vois débarquer sans même me prévenir, tu es entrée ici je ne sais pas comment, et depuis que tu es là, et ça ne fait pas très longtemps, on dirait que tu es la maîtresse de cette maison.

 

SIBELLA : Tu es sûre que c'est ce qui te chagrine ?

 

LACEY : Qu'est-ce que tu veux dire ?

 

SIBELLA : Peut-être as-tu honte de moi. Pourquoi tu n'as dit à aucun de tes amis que j'étais venue te rendre visite ? J'ai dû les appeler moi-même pour les inviter. J'ai pris ton calepin et...

 

LACEY : Maman arrête ! Tu reviens après six ans d'absence.. Six ans pendant lesquelles je n'ai eu absolument aucune nouvelle de toi. Je ne savais même pas si tu étais encore vivante. Et maintenant, tu débarques et tu chamboules tout dans ma vie.

 

SIBELLA : Tu veux que je te dise, ma fille. Je crois que tu ne m'a pas pardonné le passé. Rien que ma seule vue de fait repenser à ce que tu as subit.

 

LACEY : Ce n'est pas ça, Maman. Tu reviens avec le passé, la. Moi je te parle du présent.

 

Lacey essaie de se calmer. Elle passe la main dans ses cheveux.

 

LACEY (plus calmement) : Je suis désolée, Maman, mais je veux que tu fasses tes bagages et que tu partes dès demain matin.

 

Lacey quitte la pièce, laissant Sibella avec un air très triste.

 

 

 31  MAISON DES BURNSTEIN, DANS LA CHAMBRE DE KELLY

 

Elle est habillée et sur le point de partir, lorsque le téléphone, posé sur la petite table de nuit, sonne. Elle va décrocher. Stuart est au bout du fil.

 

STUART : Kelly, c'est moi... ne raccroche pas, je t'en prie. Ecoute-moi.

 

KELLY : Stuart, arrête de me harceler comme ça.

 

STUART : Te harceler ? Mais c'est moi qui suis harcelé Kelly. Kelly, tu dois me croire... je n'ai rien fait, et je n'ai pas tué John... enfin, tu me connais, non ?

 

KELLY : Je croyais te connaître. Mais je vois que je parle à un étranger...

 

Et elle raccroche. Des larmes coulent sur ses joues.

 

 

 32  CHEZ MENLEY, LE LENDEMAIN MATIN

 

Menley est à table et prend son petit déjeuner en compagnie d'une Lacey plutôt morose. Menley lui sert un café.

 

MENLEY : Qu'est-ce qui s'est passé après notre départ ? Tu veux du beurre ?

 

LACEY : Ca a été plutôt dur. Non merci, je suis au régime. Si tu as de la margarine bio, je veux bien.

 

Menley se lève et va chercher la margarine bio dans un placard.

 

LACEY : Je l'ai mise à la porte de mon appartement. Je lui ai demandé de quitter les lieux.

 

Lacey se rassoit et pose la margarine sur la table, déjà encombrée de pains, confiture, café etc.

 

MENLEY : Tu n'avais aucun moyen de parler avec elle ?

 

LACEY : Je me suis laissée emporter hier.

 

MENLEY : Tu le regrette maintenant ?

 

LACEY : J'en sais rien. C'est ma mère, mais parfois, elle peut me taper sur le système.

 

MENLEY : Tu devrais lui laisser une chance, Lacey. Tu sais, une mère, on en a qu'une. Tu es liée à elle par le sang. Elle t'as porté pendant neuf mois...

 

LACEY : Huit. Je tenais déjà pas en place à l'époque.

 

MENLEY : Va la voir, essaie de lui parler, de lui laisser une nouvelle chance. Sinon, tu risques de le regretter. Si elle part, elle peut ne plus revenir. Et tu perds toutes chances de renouer des liens avec elle. Crois-moi Lacey, quoiqu'il arrive, une mère est irremplaçable.

 

 

33  DANS L'APPARTEMENT DE LACEY

 

Lacey entre. D'emblée, elle cherche sa mère.

 

LACEY : Maman.... ?

 

Pas de réponse. Elle regarde dans les pièces.

 

LACEY (plus fort) : Maman.

 

Elle revient dans la pièce principale et voit alors une feuille de papier sur le canapé. Elle prend la feuille et s'assoit pour lire la lettre de sa mère.

Pendant la lecture de la lettre, une image se superpose à celle de Lacey qui lit : on y voit Sibella qui arpente les rues, son sac en plastique à la main.

"Ma toute douce.

Me voilà en route, une nouvelle fois. Mais cette fois, je pars en te disant au revoir. J'ai bien compris qu'il n'y avait pas de place pour moi dans ta vie, et je ne t'en veux pas. Je vais aller rejoindre Edwin, un homme que j'ai rencontré voilà quelques temps maintenant. Et toi, ma chérie, continue à vivre ta vie comme tu l'entends. Tu te débrouille très bien comme ça. Et très bien sans moi. Je sais que j'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma vie. La dernière, c'était hier. Je ne sais pas pourquoi j'agis comme ça. C'est peut être mon tempérament de feu qui veut ça. Je crois que tu es pareille de ce côté, je me trompe ? Ma petite chérie, sois heureuse, rencontre un bel homme, riche de préférence et qui soit gentil, c'est important. Prends bien soin de toi. Ta maman qui t'aime très fort."

Lacey laisse tomber la lettre et pleure doucement.

 

 

 34  DANS LA SALLE INTERDITE DE L'UNECAIN

 

Frank est en train de ranger des dossiers dans une armoire. Tim arrive derrière lui en souriant.

 

TIM : Salut Franky.

 

FRANK (exaspéré) : Qu'est-ce que tu veux ?

 

TIM : Rien, juste discuter avec toi, c'est tout.

 

FRANK : A propos de quoi ?

 

TIM : A propos de qui, tu veux dire... Menley.

 

FRANK : On a rien à se dire, O'Connell.

 

TIM : Je voulais simplement te dire de ne pas te faire de soucis à propos d'elle et moi. Je veux dire, il n'y a rien eu entre nous. Tu peux me faire confiance.

 

FRANK (ricanant) : Confiance ! Mon Dieu, tu es vraiment la dernière personne a qui j'accorde ma confiance.

 

Frank continue son rangement. Tim fait le tour de la table, puis monte à nouveau à l'assaut.

 

TIM : Elle t'a pas parlé de moi ?

 

FRANK : Quoi encore ?

 

TIM : Je voudrais savoir si Menley t'as parlé de moi.

 

FRANK : Le fait d'évoquer ne serait-ce que ton nom me donne la nausée. Alors parler de toi…

 

TIM : Je te trouve très désagréable. J'ai l'impression que tu es jaloux. Menley et moi sommes devenus amis, tu sais. Il faudra t'y habituer.

 

FRANK (en colère) : Ne l'approche plus, tu m'entends.

 

TIM (surpris) : C'est un ordre ?

 

FRANK : Plus que ça. Si jamais tu t'approches encore de Menley, je ne sais pas ce que je te ferais, mais ça fera mal.

 

Tim est bien placé pour voir, à la porte d'entrée, Menley arriver. Frank étant de dos, ne la voit pas.

 

TIM : C'est fou ce que tu me fais peur. Tu veux que je te dise, tu n'es pas à la hauteur pour Menley. Tu n'es qu'un pauvre minable. Moi, je ne l'aurais jamais abandonné à New York. Mais toi, tu es parti comme un lâche. Tu n'es qu'un lâche Layton.

 

Cela suffit à Frank pour se laisser emporter et donner un coup de poing au visage de Tim. Menley, voyant le spectacle, se précipite auprès d'eux.

MENLEY : Frank, mais tu as perdu la tête, ou quoi ?

 

Menley va auprès de Tim.

 

MENLEY : Ca va ?

 

FRANK : Ne t'approche pas de lui, Menley. Ce type est malade.

 

MENLEY : En attendant, c'est plutôt toi qu'on croirait malade.

 

FRANK : Mais Menley, ce type…

 

MENLEY : Frank, tu devrais aller prendre l'air pour te calmer. On discutera plus calmement après.

 

Frank regarde Menley, l'air blessé, puis quitte la pièce. Pendant que Menley le regarde partir, Tim a un sourire. Il a réussit son coup.

 

 

 35  DANS LA GRANDE CUISINE DE GARDEN HILL

 

La cuisine ressemble à celle d'un restaurant. Jillie apparaît au côté de Chris Garrett.

 

CHRIS GARRETT : Voilà la cuisine, Jillie. Chaque mercredi, vous aurez la charge de contribuer au repas du midi.

 

Chris Garrett interpelle une personne de forte corpulence, qui porte une toque sur la tête. Le cuisinier arrive auprès d'eux.

 

CHRIS GARRETT : Jillie, je vous présente André, le chef. Il va vous montrer ou tout se trouve.

 

ANDRE : Aujourd'hui, nous avons de la purée. Autant dire qu'il faut éplucher un certain nombres de pomme de terre.

 

JILLIE (sans conviction) : Ca ne me dérange pas. Ca me fera au moins passer le temps.

Un peu plus tard, Jillie est devant un panier rempli de pommes de terre. Elle les épluche en transpirant. André arrive près d'elle.

 

ANDRE : Ca va, madame ?

 

JILLIE (peu aimable) : Ouais, mais j'ai soif.

 

ANDRE : Vous avez une bouteille d'eau dans le casier, juste à votre droite.

 

André part surveiller ses tartes. Sans grande conviction, Jillie s'arrête et regarde dans le casier. Effectivement, il y a une bouteille d'eau. Mais son regard se pose sur une autre bouteille qu'elle prend dans la main. Il s'agit d'une bouteille de vinaigre de vin. Jillie regarde autour d'elle afin de ne pas se faire prendre, puis ouvre la bouteille et boit au goulot le vinaigre. Elle fait une grimace voulant tout dire, puis tousse.

 

 

 36  DEVANT L'UNECAIN

 

C'est la fin des cours. Kelly sort de l'Unecain. Elle marche seule dans la rue. Des élèves sont néanmoins près d'elle. Mais vous savez ce que c'est, les élèves ne parlent jamais aux professeurs. Un peu plus loin, on voit Ed qui vient chercher sa fille. Il est debout devant son imposante voiture, une mercedes. Il lui fait un signe pour qu'elle le voit. Soudain, devant les yeux d'Ed, une voiture s'arrête brusquement près de Kelly. Ed est à cinq cents mètres environ de Kelly, de l'autre côté de la rue. Stuart sort de la voiture, fait le tour et prend Kelly par le bras. Il la force à monter dans la voiture. Ed lève la main et crie.

 

ED : Hey !

 

Il court vers la voiture de Stuart mais celle-ci part en trombe. Ed court après la voiture, en vain.

 

ED : Kelly !

 

La rage en lui, Ed saisit de sa poche son portable et compose un numéro.

 

ED : Je voudrai parler à l'inspecteur Follet, c'est très important.

 

 

 37  À GREAT GARDEN

 

Menley et Frank marchent ensemble, dans une des allées.

 

MENLEY : Je ne comprends pas pourquoi tu agis comme ça !

 

FRANK : Tim O'Connell n'est pas celui que tu crois. Je le connais depuis longtemps. Il a même eu une liaison avec Beth.

 

MENLEY : Mais il m'a sauvé la vie. Et tu sais très bien qu'il ne pourra jamais rien y avoir entre nous deux.

 

FRANK : Ce que je dis, c'est qu'il faut se méfier de lui. Tiens, tu veux savoir pourquoi je l'ai frappé ? Et bien je l'ai frappé parce qu'il a insinué qu'il pourrait avoir une relation avec toi.

 

MENLEY : Mais c'est ridicule.

 

FRANK : Il m'a provoqué, tout en sachant que tu étais dans les parages, pour que tu puisses prendre sa défense et pour que nous ayons justement ce petit accrochage.

 

MENLEY : Mais pourquoi il ferait une chose pareille ?

 

Frank hausse les épaules.

 

FRANK : Parce qu'il veut t'avoir dans son lit.

 

Menley s'arrête soudain de marcher, et regarde devant elle. Près d'un kiosque à musique, on voit Beth qui discute avec Charlie. Beth s'anime. Frank les voit aussi.

 

FRANK : On dirait Beth.

 

MENLEY : C'est bien elle. Mais, on non, c'est pas possible.

 

FRANK (intrigué) : Quoi ?

 

MENLEY : Frank, le type avec qui elle discute... C'est l'homme qui m'a agressé.

 

Pendant ce temps, Beth ne semble pas apprécier la compagnie de Charlie.

 

BETH : Ecoutez, je ne sais pas pourquoi vous m'avez fait venir ici... mais je vois que je perd mon temps.

 

Elle fait mine de partir, mais Charlie la retient.

 

CHARLIE : Pas si vite, ma petite dame. Je vous ai dit qu'il fallait qu'on cause.

 

BETH : Je n'ai absolument rien à dire à un individu de votre espèce.

 

CHARLIE : Très bien, alors partez. Ce n'est pas grave. Menley Weaver acceptera de m'écouter, elle au moins.

 

La phrase de Charlie à pour but de calmer Beth.

 

BETH : Très bien, qu'est-ce que vous voulez ?

 

 

 38  PLUS TARD, DANS L'APPARTEMENT DE MENLEY

 

MENLEY : Je n'arrive pas à croire qu'on puisse être aussi menteur et tricheur. Tim O'Connell a payé ce bonhomme pour m'attaquer et ainsi se rapprocher de moi. Et sous la houlette de ta femme, en plus de ça.

 

FRANK : C'est bien ce que j'essayais de te dire. Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

 

Menley a un sourire en coin et regarde le téléphone posé sur la petite table.

 

MENLEY : Je crois avoir trouvé un moyen de leur faire regretter ce qu'ils nous ont fait.

 

 

 39  DANS LA SALLE INTERDITE DE L'UNECAIN

 

Tim avance d'un pas précautionneux dans la salle. Il n'y a personne, mis à part lui. Le vide de la pièce, qui a toujours l'habitude d'être animée, confère à cette séquence un aspect plutôt lugubre.

 

TIM : Menley ? Menley je suis là.

 

Beth entre à son tour dans la pièce. Tim se retourne et se trouve nez à nez devant elle. Les deux personnes sont surprises.

 

TIM : Beth ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

 

BETH : Je te retourne la question.

 

TIM : Menley m'a invité à dîner. Je devais la rejoindre ici.

 

Beth fronce les sourcils.

 

BETH : C'est bizarre, mais Frank aussi m'a donné rendez-vous ici. Il avait à me parler.

 

FRANK : Et bien, nous voilà.

 

Beth et Tim se retournent et on a la surprise de voir Menley et Frank dans l'encadrement de la porte, souriant.

 

MENLEY : Nous voilà réunis tous les quatre. De quoi faire une petite fête entre ennemis.

 

TIM : Mais qu'est-ce qui se passe ?

 

FRANK : Il se passe que c'est vraiment pas malin de votre part de vouloir faire peur à Menley en engageant un pauvre type pour la braquer.

 

BETH (jouant l'innocente) : Mais de quoi tu parles à la fin ?

 

MENLEY : Tim, tu me déçois, mon vieux.

 

TIM : Mais j'ai...

 

FRANK : Ce n'est pas très gentil ce que vous avez fait.

 

BETH : D'accord, d'accord, c'était un coup monté. Et maintenant, vous allez faire quoi de nous ?

 

FRANK : Puisque toi et Tim semblait si bien vous entendre dans vos magouilles, je vous propose de passer la nuit ensemble. (il fait un signe de la main en souriant) A demain.

 

Avant que Beth et Tim n'aient eu le temps de comprendre, Menley et Frank sortent de la salle. Les deux autres se précipitent vers la porte. Trop tard, elle est fermée à clé.

 

A l'extérieur, Frank et Menley se regardent. On entend les coups de Beth et Tim qui frappent en continue.

 

BETH : Frank ! Frank ouvre cette porte, ce n'est pas drôle.

 

TIM : Je ne recommencerai plus Menley.

 

Mais Menley et Frank ignorent les plaintes des deux autres et longent le long couloir. Frank tape dans la main de Menley comme le font les sportifs pour se saluer et se congratuler. Ils s'éloignent alors que Beth et Tim continuent de frapper à la porte.

 

BETH (à Tim) : Espèce de triple imbécile. Regarde dans quel pétrin tu nous as encore fourré !

 

 

 40  AU COMMISSARIAT, DANS LE BUREAU DE FOLLET

 

Ed fait les cents pas dans la pièce, énervé. Follet le regarde.

 

FOLLET : Si vous vous calmiez un peu.

 

ED : Me calmer... Vous voulez que je me calme alors que ce timbré de Stuart Farris... ce dangereux criminel a de nouveau kidnappée ma fille !

FOLLET : Il n'ira pas loin. Alors calmez vous.

 

Ed finit par se calmer. Il respire un bon coup et regarde par la fenêtre.

 

 

 41  DANS UN CHAMP DE BETTERAVES

 

La voiture de Stuart roule a vive allure, et s'arrête, formant alors une grande traînée de poussière. Dans la voiture ,Stuart regarde Kelly. Apeurée, elle tente d'ouvrir la portière pour se sauver, mais elle est fermée.

 

STUART : Ne t'acharne pas sur cette porte, tu sais bien que j'ai le verrouillage centralisé.

 

KELLY : Qu'est-ce que tu veux de moi, à la fin ?

 

STUART : Si je t'ai emmené dans un endroit aussi éloigné de toute population, c'est pour que nous puissions être enfin seuls pour discuter. Plus de Menley, plus d'Ed... rien que toi et moi.

 

Le ton de sa voix ne rassure guère Kelly. La voilà seule, loin de tout, aux prises avec Stuart.

 

 

 générique de fin