1  HACIENDA du désert de Mojave

 

La caméra survole le désert jusqu'à la résidence où l'on aperçoit au bord de la piscine Kelly Farris en monokini blanc qui s'apprête à plonger.

 

Vue sous l'eau du plongeon. Kelly nage jusqu'au bord opposé puis se relance pour une nouvelle longueur. Le soleil est au zénith.

 

Pendant que Kelly nage, un premier plan sur une grille au fond de la piscine puis un second quand la grille s'ouvre et laisse passer deux requins.

 

Pendant quelques instants les deux squales tournent au-dessous de Kelly. Et, brutalement, ils attaquent ! Dans un souffle Kelly n'a le temps de pousser qu'un seul cri et voilà que l'eau de la piscine prend la couleur du sang de la victime qui très vite cesse de se débattre.

 

 

 

L'eau s'assombrit jusqu'au noir total dans un silence mortel ...

 

... Soudain surgit du néant le visage de Jessica Reaset.

 

JESSICA (très tendue, le visage apeuré) : Kelly, ma chérie ... Réveille toi, je t'en prie ...

 

 

 GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 2  DÉSERT DE MOJAVE - à l'intérieur de l'HACIENDA

 

Allongée sur un lit dans une pièce sans fenêtres, simplement vêtue d'un jeans et d'un tee-shirt blanc, Kelly est réveillée brutalement par sa mère qui la secoue des deux mains.

 

JESSICA (en prenant sa fille dans les bras et en essayant de la relever) : Mon Dieu, Kelly. Nous devons nous enfuir.

 

Kelly le regard dans le vide tente de reprendre ses esprits tandis que la pièce résonne des bruits de pas de course et des cris provenant de toute la résidence et que de la fumée s'échappe du système de ventilation des murs.

 

KELLY (en se levant péniblement avec l'aide de Jessica) : Maman ? Mais que fais-tu ici ...

 

JESSICA : Il faut se dépêcher et profiter de la confusion causée par l'incendie pour s'échapper d'ici.

 

Jessica aide Kelly à marcher jusqu'à la porte de la pièce qu'elle ouvre ... Elle jette un oeil dans le couloir et entraîne sa fille avec elle ...

 

 

 3  SAN FRANCISCO - CABINET D'AVOCATS " SHARK & SULLIVAN "

 

La porte du cabinet s'ouvre devant Diana Shark, les traits tirés. Elle se dirige vers le bureau d'Ursula à l'accueil.

 

DIANA : Bonjour Ursula.

 

Ursula surprise, écarte maladroitement les pages du journal dans lesquelles elle était plongée et laisse tomber la sucette qu'elle avait en bouche.

 

URSULA : Euh ... Diana ?!?!

 

DIANA : Mlle Shark, s'il vous plait.

 

URSULA : Oui ... Euh, bien sûr ... Mlle Shark, je croyais que vous ne deviez pas venir travailler au cabinet ce matin. Vous m'aviez dit hier soir que votre fille était malade et que vous vouliez rester auprès d'elle.

 

DIANA : Je suis simplement passée prendre quelques dossiers. (ironique) Je ne vous ennuie pas ?

 

URSULA : Non ... Euh, pas du tout.

 

DIANA : Bien, j'en suis heureuse et ... que lisiez vous avec autant d'intérêt ?

 

URSULA : (se retournant vers le journal froissé tombé à ses pieds) : Les offres d'emploi.

 

Diana fait mine d'être étonnée.

 

URSULA (vivement) : Euh, rassurez-vous. Je ne veux pas changer d'emploi, c'est pour mon ami ... il est au chômage depuis trop longtemps ... à mon goût.

 

DIANA (poussant faussement un soupir de soulagement) : Ouf, moi qui craignais de vous perdre si vite. Au fait, des messages pour moi ?

 

URSULA : Non. (puis à voix basse, se replongeant dans son journal) Et David est absent toute la journée. Il plaide au tribunal.

 

DIANA : Je vous demande pardon ?

 

URSULA (relevant le nez du journal) : Il plaide ... Ca lui arrive parfois.

 

Diana interloquée par la conversation qu'elle vient de tenir avec sa secrétaire s'apprête à entrer dans son bureau quand Ursula subitement se lève et trotte vers elle à petits pas une feuille de papier à la main.

 

URSULA : Je viens de me rappeler. Quelqu'un a appelé tôt ce matin pour vous. Un certain monsieur ... Euh ... Sullivan

 

DIANA (le visage figé dans une expression glaciale) : Xander Sullivan ?

 

URSULA : Je crois oui. Vous le connaissez ?

 

Comme seule réponse Diana pointe son index sur la feuille de papier que tient toujours en main Ursula et où est imprimée l'entête du cabinet.

 

URSULA : Ohhhhhhh ! ...

 

DIANA (relevant les sourcils, un sourire sarcastique aux lèvres) : Rentrez chez vous. Je crois que nous n'avons plus besoin de vous ...

 

URSULA (les larmes aux yeux) : Je vois ... (puis ne pouvant maîtrisez un sanglot) Vous me virez ...

 

Alors qu'elle s'apprête à pleurer à chaudes larmes.

 

DIANA : ... Nous n'avons plus besoin de vous ... pour aujourd'hui. Rentrez chez vous et trouvez un nouvel emploi à votre ami.

 

URSULA (passant aussi vivement des larmes aux rires qu'elle regagne son bureau) : Je met le répondeur et je file. A demain, Dia ... Mlle Shark.

 

Diana pousse un vrai soupir, se prend la tête à deux mains et entre enfin dans son bureau.

 

 

 4  SAN FRANCISCO - BUREAU DE DIANA AU CABINET D'AVOCATS " SHARK & SULLIVAN "

 

Diana s'installe dans le fauteuil de son bureau ; elle prend le combiné du téléphone, appuie sur une touche et fait pivoter le siège afin d'admirer la vue sur la baie de San Francisco.

 

DIANA : Xander ! Comment vas-tu ?

 

A l'autre bout du fil sur le siège arrière d'une limousine aux vitres teintée un homme répond à son téléphone portable.

 

XANDER SULLIVAN : Chère Diana ! Je vais bien et toi ?

 

DIANA : L'organisation du Cabinet sur la côte ouest me prend beaucoup de temps et d'énergie.

 

XANDER : Evidement mais je connais la passion qui t'anime quand il s'agit de développer l'affaire que nous ont transmis nos pères.

 

DIANA : Tu me connais si bien ... Au fait, pourquoi voulais-tu me joindre ?

 

XANDER : J'ai fait le tour de nos clients à Seattle et je m'apprêtais à rentrer à Boston quand j'ai eu l'idée de constater par moi-même où en étaient nos projets en Californie.

 

DIANA (contrariée) : Bien sûr ! Quand viens-tu ?

 

XANDER (en riant) : Dans une heure si la circulation reste fluide.

 

DIANA (étonnée) : Tu ... tu es à San Francisco !?

 

XANDER : Je viens de quitter l'aéroport

 

Une sonnerie retentit.

 

DIANA : Un instant Xander, j'ai un deuxième appel

 

DIANA : Oui ?

 

Dans la résidence du désert, Gretchen s'est isolée dans une pièce pour téléphoner alors que ses hommes s'activent pour maîtriser l'incendie.

 

GRETCHEN : Kelly Farris et sa mère se sont enfuies.

 

DIANA (en colère) : Comment ?!?!

 

GRETCHEN : Elles ont profité d'un incendie dans la résidence pour s'échapper avec un de nos 4x4.

 

DIANA : Ce sont elles qui ont mis le feu ?

 

GRETCHEN : Certainement.

 

DIANA : Rattrapez les et ramenez les à la base ... vivantes.

 

GRETCHEN : Entendu.

 

Gretchen ferme son téléphone portable tandis que Diana prend quelques instant pour se remettre de la nouvelle et poursuivre sa conversation avec Xander Sullivan.

 

DIANA (plus calme) : Navrée ... Encore le travail ...

 

XANDER : Je comprends ... (puis en remontant la vitre de la limousine) Je serai en retard, finalement, il semble qu'un accident ralentit la circulation sur l'autoroute.

 

DIANA : J'ai beaucoup à faire, tu sais. Pourquoi ne passerais-tu pas ce soir dîner à l'appartement. Holly sera heureuse de te voir, elle garde le lit depuis deux jours à cause d'une gastro-entérite et ta visite lui changera les idées.

 

XANDER : Pauvre petite ... C'est d'accord. (en faisant un signe au chauffeur) Je vais à mon hôtel et vous rejoint toutes les deux ce soir chez vous.

 

DIANA : A ce soir.

 

XANDER : Bye.

 

Xander ferme son téléphone portable tandis que Diana raccroche et s'allonge en soupirant dans son fauteuil ; les yeux fermés elle oublie le panorama devant elle et s'abandonne à ses souvenirs ...

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 5  GREAT GARDEN - LAC DE GARDEN PLACE - ENTRÉE B, ENVIRON 3 MOIS AUPARAVANT

 

... Au travers d'un feuillage, cachée derrière un arbre la silhouette d'une femme observe la scène qui se déroule devant elle : Kelly s'avançant prudemment près du lac, on entend le bruit des ses pas sur l'herbe fraîche. Tout semble calme... trop calme pour Kelly. Elle se place près du chêne et attend un instant. Elle regarde autour d'elle, en quête de Marie Jo. Mais aucune trace de vie n'est perceptible, mis à part les grillons qui continuent leur tour de chant. La seule lumière provient de la lune qui se reflète dans le lac.

 

Soudain, Kelly entend un craquement de branches derrière elle. Elle se retourne vivement.

 

KELLY (parlant dans le vide) : Je suis ici ! Que me voulez-vous ? Et qui êtes-vous ? !

 

Aucune réponse. Kelly insiste.

 

KELLY : Je sais que vous êtes là, derrière l'arbre. Allons, montrez-vous !

 

Doucement, une ombre se glisse de derrière l'arbre et s'avance vers Kelly. Elle s'approche de plus en plus, jusqu'à venir près de la jeune femme. La lune éclaire enfin son visage et nous voyons Jessica.

 

JESSICA : Kelly...

 

Kelly ne réalise pas tout de suite qui se trouve devant elle.

 

KELLY : Qui... qui êtes-vous ?

 

Mais au fond d'elle, Kelly sait à qui elle s'adresse.

 

JESSICA : Tu ne me reconnais pas ?

 

KELLY : C'est... non ! Ce n'est pas possible.

 

Jessica hoche la tête en souriant timidement.

 

JESSICA : Oui, c'est bien moi.

 

KELLY : Maman ?!

 

Jessica hoche la tête.

 

JESSICA : Je ne voulais pas te faire peur. Je...

 

KELLY : Mon Dieu, mais... comment se fait-il... Ca fait vingt-six ans que tu es partie ! Je t'ai cherchée partout ! Stuart m'a fait comprendre que tu étais morte.

 

JESSICA : Je suis désolée, ma chérie. Si tu savais comme je suis désolée.

 

KELLY : Je... je ne comprends rien ! Pourquoi tu ne m'as jamais donné de nouvelles ? (elle hurle) : Pourquoi ? !

 

JESSICA : Parce que je ne pouvais pas le faire ! On m'y a empêché !

 

KELLY : Ca n'a aucun sens. Qui aurait pu t'empêcher de me voir ?

 

JESSICA : Ton père !

 

KELLY : Ce n'est pas possible ! Tu es partie le jour où Stuart à tué Samantha...

 

JESSICA : Il n'a pas tué Samantha, Kelly. Ce n'est pas lui.

 

KELLY (interloquée) : Quoi ?

 

JESSICA : Ce fameux soir du bal de promo, ton père et moi avons eu une sérieuse discussion...

 

Tandis que le dialogue entre la mère et la fille continue. La caméra suit la femme qui les observe. On perçoit le bruits de ses pas. Elle contourne la scène dont elle est toujours la spectatrice attentive pour se retrouver quelques mètres derrière Jessica dissimulée par le feuillage bas d'un arbre.

 

Plan sur le visage de Kelly qui traduit la surprise et l'incompréhension. Puis plan sur Jessica, qui pleure.

 

JESSICA : C'est moi qui ai tué Samantha... C'est moi !

 

Un long silence pendant lequel Kelly mesure l'importance des paroles de sa mère. Puis :

 

JESSICA : Ensuite, ton père est venu me rejoindre. J'étais effondrée. Il a transporté le corps de Samantha jusqu'au lac et l'y a rejeté.

 

Jessica tourne la tête vers le lac, comme si elle revivait la scène.

 

JESSICA : Ensuite, il m'a demandé de partir. Il m'a fait chanté, il m'a dit qu'il préviendrait la police si je ne partais pas sur le champ. Il voulait que je sorte de sa vie et de la tienne. Alors je suis partie. Sans me retourner. J'ai vécu un véritable enfer... Aujourd'hui, Ed est mort et je peux enfin revenir dans ta vie... si tu veux de moi.

 

Encore un silence, puis Kelly prend la parole.

 

KELLY : Mon père est mort depuis six mois, pourquoi ne pas être venue me voir avant ? Et pourquoi m'avoir donné rendez-vous ici, à l'endroit même où Samantha...

 

JESSICA : Quoi ? Mais je ne t'ai pas donné de rendez-vous.

 

KELLY : Mais le clown... le rendez-vous... et Marie Jo ?

 

JESSICA : Chérie, je ne vois pas de quoi tu veux parler.

 

KELLY : Tu as bien écrit un mot dans lequel tu t'es faite passer pour Marie Jo !

 

JESSICA : Non !  Pourquoi aurais-je fait une chose pareille ?

 

KELLY : Alors pourquoi es-tu ici ?

 

JESSICA : Je t'ai suivi. Depuis la disparition de Stuart ...

 

KELLY (interrompant sa mère) : Ca veut dire que...

 

Soudain Kelly s'arrête. Son visage trahit la peur tandis qu'elle fixe un point derrière Jessica. Ses yeux s'agrandissent d'horreur lorsqu'elle voit, à quelques mètres d'elles, la silhouette de la femme qui approche vers elles

 

KELLY (dans un souffle) : Mon Dieu ... Marie Jo !

 

Jessica se retourne. Kelly prend la main de sa mère.

 

A la lueur faible d'un lampadaire, Kelly reconnaît le visage de Diana Shark.

 

DIANA (applaudissant lentement et de façon ironique) : Quel touchant spectacle. Les retrouvailles d'une mère et de sa fille.

 

KELLY (dont le ton de la voix trahit la colère montante) : Diana, espèce de garce, c'est toi qui a osé joué de la sorte avec moi. Te faire passer pour Marie Jo.

 

DIANA (souriante) : Tu n'apprécies plus les plaisanterie ?!

 

KELLY (un rictus aux lèvres) : Uniquement celles dont je suis l'auteur.

 

DIANA (de façon ironique) : C'est vrai, j'oubliais. Marie Jo est ta création. Et tu m'en veux d'avoir usurpé son identité.

 

Jessica suit avec difficulté le dialogue entre les deux femmes.

 

JESSICA (à Kelly, trahissant sa peur et son incompréhension) : Tu la connais ?

 

DIANA : Nous nous connaissons depuis très longtemps, n'est-ce pas Kelly. (s'adressant à Jessica) Depuis l'époque de la faculté de Droit. (tendant sa main à Jessica) Mais je ne me suis pas présentée, Diana Shark, une très vieille amie de votre fille, Mme Reaset.

 

Jessica sert la main de Diana machinalement sans vraiment trouver un sens à tout se qui se passe.

 

KELLY (à Diana en refreinant sa colère) : Que veux-tu ?

 

DIANA (aux deux femmes) : Terminer l'histoire de ta mère et ainsi vous enlevez Mme Reaset tout sentiment de culpabilité.

 

JESSICA (intriguée) : Que voulez-vous dire ?

 

DIANA : Vous avez effectivement renversé Samantha Strombaski sur cette route cette fameuse nuit. Mais Samantha est morte noyée.

 

JESSICA : Quoi ?

 

KELLY : A quoi joues-tu Diana ?

 

DIANA : Samantha était encore vivante après votre accident Jessica. Ton père, Kelly, s'en était rendu compte quand il s'apprêtait à la jeter une nouvelle fois à l'eau. Malgré cela, il l'a fait et Samantha, ta demi-sœur est morte noyée. Ed Burnstein a ensuite fait disparaître les conclusions de l'autopsie en graissant la patte du médecin légiste et de policiers véreux.

 

JESSICA (les larmes aux yeux) : Quel monstre.

 

Kelly tourne la tête et fixe le lac.

 

DIANA : Il gardait ainsi un moyen de pression idéal sur vous Jessica pour que vous disparaissiez de sa vie et surtout de celle de Kelly.

 

KELLY (le regard toujours tourné vers le lac) : Mon Dieu, le monstre ... c'est moi. Je croyais que Stuart avait tué Samantha.

 

DIANA (s'approchant de Kelly et posant un main sur son épaule, d'une voix compatissante) : Je suis navrée Kelly. (puis de façon plus ironique) Cela doit être très dur de se rendre compte que sa raison de vivre pendant toutes ses années ne tenait qu'aux mensonges de son propre père.

 

Kelly tourne la tête vers Diana, son visage trahit une profonde détresse.

 

KELLY (essayant de se reprendre) : Depuis quand connais-tu la vérité ?

 

DIANA (faisant un pas en arrière) : Veux-tu vraiment le savoir ?

 

KELLY (le regard perçant) : Oh oui. Qu'attends-tu ? Est-ce que tu le savais déjà quand je t'ai demandé de m'aider à sauver le cabinet après la mort de mon père ?

 

DIANA (tournant le dos à Kelly et s'éloignant d'elle) : Je connaissais la vérité bien avant même de faire ta connaissance à l'université. En fait, j'ai tout découvert en parcourant des dossiers que conservait mon père à la maison.

 

Jessica prend sa fille dans ses bras et toutes deux regardent, incrédules, Diana se retourner vers elles.

 

DIANA (visiblement satisfaite de son effet) : Mon père a fait mener une enquête sur toute cette histoire. Il cherchait un moyen pour développer son cabinet sur la côte ouest et, à l'époque, celui de ton père était une excellente affaire. Comme Ed refusait de vendre ...

 

JESSICA (terminant l'exposé elle-même) : Ton père a sorti ce cadavre du placard.

 

DIANA (ironique) : Je constate que quelques soient les circonstances la mère comme la fille n'arrive pas à perdre son sens de l'humour.(puis plus sérieusement) Mon père est décédé avant de réaliser son projet. A moi maintenant de conclure cette affaire, même si le cabinet d'avocats d'Ed Burnstein ne vaut plus rien à présent. Je dois bien cela à la mémoire de mon père.

 

KELLY (se jetant telle une furie vers Diana en sortant le revolver qu'elle cachait dans une poche de son manteau) : Salope !

 

Quand soudain plusieurs hommes armés surgissent des bois environnant et braquent leur armes en direction de Kelly et de sa mère.

 

DIANA (faisant face à Kelly) : Il est temps pour toi de payer pour le meurtre de Stuart Farris.

 

Un homme désarme Kelly qui est traînée avec sa mère en direction du bois qui longe le lac

 

KELLY (cédant à la force mais refusant de se soumettre totalement, se retourne vers Diana) : Tu es autant responsable que moi dans la mort de Stuart en ne me racontant pas plutôt toute la vérité.

 

DIANA : La vérité, Kelly ? Il n'y a pas une vérité mais des vérités. A chacun la sienne.

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 6  SAN FRANCISCO - BUREAU DE DIANA AU CABINET D'AVOCATS " SHARK & SULLIVAN "

 

... Diana ouvre les yeux. Devant elle la baie de San Francisco. La sonnerie du téléphone de son bureau retentit. Elle décroche.

 

DIANA : Oui ?

 

A l'autre bout du fil la gouvernante de sa fille. Une jeune femme d'une trentaine d'année d'origine hispanique.

 

LA GOUVERNANTE : Holly est encore fiévreuse et elle vous réclame.

 

DIANA : Passez la moi.

 

LA GOUVERNANTE : Holly ! Ta maman au téléphone.

 

Une petite fille aux cheveux bouclés châtains clairs et âgée d'environ 5 ans s'approche du téléphone et prend le combiné des mains de la gouvernante.

 

HOLLY : Allo, maman, tu rentres quand ?

 

DIANA : Tout de suite, le temps de prendre la voiture et j'arrive.

 

HOLLY : Je t'aime, maman.

 

DIANA : Moi aussi, ma chérie.

 

 

 7  DÉSERT DE MOJAVE

 

Au milieu de nulle part un 4x4 sillonne à grande vitesse une piste accidentée. Jessica est au volant, à ses côtés Kelly les nerfs à vif fouille l'habitacle.

 

KELLY : C'est pas vrai ... Aucune carte. Rien qui ne pourrait nous indiquer où nous sommes. (se prenant la tête des deux mains) J'en ai assez ... de tout ça ! La radio à bord est hors service et rien à boire ou à manger.

 

 

Elle éclate en sanglots.

 

JESSICA (tout en gardant un œil sur la piste pose sa main droite sur le visage de sa fille) : Allons, allons Kelly. Ressaisis-toi.

 

KELLY (en pleurs) : Tu ne peux pas comprendre ce que je ressens, maman. Ma vie a été brisée la nuit où tu as disparu.

 

JESSICA (fixant la piste devant elles) : Je sais, Kelly. Ce qui s'est passé cette nuit-là a bouleversé nos vies. La tienne, la mienne et ... celle de Stuart. Et même si j'ai du mal à concevoir comment tu as pu durant toutes ces années mener à bien ta vengeance contre celui que tu croyais être l'assassin de Samantha. Tu restes ma fille, Kelly. Je n'ai jamais cessé de t'aimer. Pas un jour ne s'est passé sans que je ne pense à toi.

 

KELLY (en pleurs, le visage tourné vers l'extérieur) : Maman, Stuart était innocent ! Je te croyais morte. Et l'homme qui prétendait être mon père n'a fait que me mentir pendant toutes ces années. Ed Burnstein a transformé la petite fille que j'étais à l'époque en monstre que je suis maintenant.

 

JESSICA (portant son regard sur sa fille qui se retourne vers elle) : Kelly, tu n'es pas un monstre. Tu es ma petite fille et ... (les larmes aux yeux) ... Je suis revenue pour t'apporter toute l'aide et l'amour dont tu as cruellement manqué pendant toutes ces années.

 

KELLY (esquissant un léger sourire) : Je t'aime maman.

 

JESSICA (fixant à nouveau la piste) : J'ai quelque chose à te confier. Je suis revenue à Garden Place depuis plusieurs mois déjà, bien avant de te retrouver. J'y ai suivi une cure de désintoxication dans un centre spécialisé. (se tournant vers Kelly qui regarde médusée sa mère) Je suis alcoolique. (le regard à nouveau fixant l'horizon) Comment et pourquoi je le suis devenue est une bien longue histoire, disons que après avoir quittée la Californie j'ai tenté de reconstruire une nouvelle vie ... J'ai échoué

 

KELLY (les yeux baissés) : Je ne sais pas quoi dire.

 

JESSICA (regardant sa fille) : Alors ne dis rien ... Je suis sobre maintenant, en tout cas pour l'instant ... Mais ce n'est pas ça ce que j'ai à t'avouer.

 

Intriguée Kelly fixe le visage de sa mère.

 

JESSICA (regardant droit devant elle) : J'ai suivi une formation d'ergothérapeute après avoir été chassée par ton père. J'avais envie d'être utile, d'aider les autres. Etre confrontée à leurs malheurs me faisait relativiser le mien ... à défaut de l'effacer.

 

KELLY : Où veux-tu en venir ? Je ne comprends pas.

 

JESSICA (tournant la tête vers elle) : A la sortie de ma cure de désintoxication, j'ai trouvé un travail ... à Garden Place ... (hésitante) ... au centre de rééducation St Alexis ...

 

KELLY (portant ses main à son visage, dans un soupir, la voix tremblante) : ... Et, ... tu as vu ... Stuart ...

 

JESSICA (les larmes aux yeux, posant un regard maternel sur Kelly) : Je me suis occupée de lui ...

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 8  GARDEN PLACE - CENTRE DE RÉÉDUCATION SAINT-ALEXIS - CHAMBRE DE STUART FARRIS, 5 MOIS AUPARAVANT

 

... Stuart Farris est allongé dans son lit, en face de lui un écran vidéo et à coté de sa main droite une tablette sensitive. En faisant glisser l'index de sa main droite sur la tablette il fait se déplacer un curseur sur l'écran.

 

A ses côtés Jessica Reaset qui fait partie en tant qu'ergothérapeute de l'équipe de rééducation qui s'occupe de Stuart l'encourage.

 

JESSICA : Bravo, Stuart. Après cet échauffement êtes-vous prêt à travailler avec moi ?

 

Pour  toute réponse Stuart émet un son guttural et une traînée de bave coule de sa bouche qu'essuie Jessica immédiatement tandis que ses yeux restent fixés sur l'écran.

 

Jessica se tourne vers l'ordinateur qui commande l'appareillage de communication avec laquelle travaille Stuart. Elle actionne plusieurs commandes et apparaît sur l'écran l'image d'un clavier d'ordinateur QWERTY.

 

JESSICA : Stuart, nous allons recommencer l'exercice de hier. Vous vous en souvenez ? Faites glisser le curseur sur une lettre, appuyez une fois et la lettre est sélectionnée. Recommencez avec une autre lettre et ainsi de suite pour former des mots. Vous comprenez ?

 

Stuart fait glisser le curseur sur " O " puis sélectionne la lettre " K "

 

JESSICA (enthousiaste) : J'admire votre ténacité, Stuart. Que de progrès depuis que la mobilité de votre index droit est revenue.

 

STUART > 2 S E M A I N E

 

JESSICA : Oui, cela fait deux semaines.

 

STUART > I M P O R T A N

 

JESSICA : Vous voulez me dire quelque chose ?

 

STUART > K E L Y

 

JESSICA (émue) : Vous voulez voir votre épouse ?

 

STUART > A I M E K E L Y

 

JESSICA : Elle vous aime aussi. Il n'y a pas un jour sans qu'elle n'appelle pour prendre de vos nouvelles et même plusieurs fois par jour.

 

Stuart est pris alors d'une quinte de toux et peine à retrouver son souffle. Jessica prend le fin tube d'aspiration qui sert à désencombrer les bronches du patient et l'introduit dans une des narines de Stuart.

 

JESSICA : Allez, allez, Stuart, cela va passer, calmez vous.

 

Un liquide blanchâtre visqueux s'évacue par le tube puis Jessica le retire.

 

JESSICA : Voilà, ce n'est rien. Vous voulez que je vous laisse vous reposer un instant ?

 

STUART > N O

 

JESSICA : Alors on continue.

 

STUART > K E L Y M A T U E

 

Jessica est bouleversée. Son regard a du mal a quitter l'écran.

 

STUART > K E L Y B E S O I N A I D E

 

Jessica, les larmes aux yeux, regarde Stuart.

 

JESSICA : Je vous le promet Stuart, je vais aider Kelly.

 

STUART > M E R C I

 

STUART > J A I M K E L Y

 

Stuart, les yeux humides, est pris alors d'une frénésie d'écriture

 

STUART > F A U S A U V E K E L Y

 

JESSICA (submergée par l'émotion quitte la chambre en pleurs) : Un instant, je vais revenir ... J'ai besoin d'un peu d'air ...

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 9  DÉSERT DE MOJAVE

 

... Kelly le visage tournée vers l'extérieur regarde le paysage défiler, les yeux dans le vide.

 

JESSICA (hors champs) : Stuart t'aimait Kelly. Il avait compris qu'avant tout tu avais besoin d'aide ... que tu n'étais pas totalement responsable.

 

KELLY (se retournant froidement vers sa mère) : Cela ne change rien au fait que je l'ai tué.

 

JESSICA : Tu as été manipulée par ton père, puis par Diana Shark qui a su profiter de ta faiblesse.

 

 

KELLY (regardant à nouveau le paysage à sa droite en esquissant un sourire ironique, à voix basse) : Moi, que tout le monde croie forte et qui pensait manœuvrer les autres ... quelle ironie !

 

JESSICA : Ce que je ne comprend pas c'est pourquoi Diana nous retenait prisonnières dans cette hacienda au milieu du désert.

 

KELLY : Après que ces hommes nous ont enlevées près du lac. Nous avons été séparées.

 

JESSICA : Oui, pour être conduites dans le désert.

 

KELLY : Toi, tu y as été emmenée directement, pas moi.

 

JESSICA (intriguée, se retournant vers sa fille) : Comment ça ?

 

KELLY : Je suis restée à Garden Place ... Séquestrée dans un immeuble du centre ville.

 

JESSICA : Mais la ville devait être détruite par la chute de l'astéroïde ?!

 

KELLY (ironique) : Hé oui, ... et j'étais même aux premières loges pour assister au spectacle ...

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 10  GARDEN PLACE, ENVIRON 3 mois auparavant

 

... La caméra nous offre une vue panoramique de la ville de Garden Place, totalement déserte. Le calme qui règne sur la ville est pesant. A cette image se superpose l’image de l’astéroïde, Cléo, qui amorce son entrée dans l'atmosphère terrestre.

 

Jason sort de son immeuble, il se trouve seul dans la rue et observe le ciel avec un sourire. Il aperçoit Cléo de loin. Il se met à genoux et lève les bras au ciel, comme pour accueillir l’astéroïde.

 

Plan d'un immeuble dans une rue déserte.

 

Retour sur Jason, dans la rue, toujours à genoux, mais maintenant avec les deux mains jointes. Il prie.

 

Retour sur le précédent immeuble. Plan d’une pièce sombre. Au milieu de cette pièce se trouve un lit. Une femme, toute de blanc vêtue, ouvre les yeux. On reconnaît Kelly. Elle se lève doucement, comme groggy.

 

On voit Kelly sortir de l’immeuble, clignant des yeux face à la clarté du jour. Ses cheveux sont en bataille. La ville est totalement déserte, le visage de Kelly traduit de l'incompréhension et de l'inquiétude. Elle regarde à droite, puis à gauche. Elle est prise de vertiges. Elle court sur la route déserte. Le ciel s'assombrit. Au coin de la rue, elle aperçoit Jason à genoux et court vers lui dans un ralenti caméra. On peut lire sur ses lèvres qu’elle appelle Jason en courant. Elle parvient près de lui et pose la main sur son épaule. Jason se retourne. Puis Kelly tourne la tête et aperçoit Ursula qui court vers eux. Toujours au ralenti,  Kelly tourne un regard angoissé vers la météorite incandescente, toute proche qui explose en milliers de débris de toutes tailles qui enflamment le ciel.

 

Les fragments de la météorite s'écrasent sur la ville. Certains atteignent l'Unecain détruisant totalement l'établissement qui s'embrasse. De nombreux immeubles sont pulvérisés parmi lesquels Garden View dont les vitres explosent sous l'effet du souffle avant que la résidence ne s'effondre. Un incendie gigantesque se propage dans la ville autour de Great Garden.

 

Seuls à genoux au milieu de la rue, Kelly, Ursula et Jason tentent de se protéger tant bien que mal des éclats de verres et des débris qui tombent des immeubles.

 

Près de Kelly, Jason, toujours à genoux continue à psalmodier alors que complètement désespérée Ursula, le talon de sa chaussure droite cassé, tente de fuir dans une rue adjacente en direction de Great Garden. Plan de Kelly se relevant et observant le ciel avant de hurler à la vue des derniers fragments de la météorite qui plongent vers eux.

 

Ecran noir et silence complet. Puis fondu enchaîné sur un décor post-apocalyptique. Survol de la ville en partie détruite. Zoom sur une ruelle sombre, sous un porche on retrouve Kelly évanouie.

 

Le bruit d'un hélicoptère rompt le silence environnant. Au bout de la ruelle apparaît un groupe d'hommes armés vêtus d'une tenue commando noire. Un des hommes s'approche de Kelly. Un genou à terre il tend sa main vers son cou puis la retourne face au ciel la prenant dans ses bras.

 

L'HOMME (dans le micro incorporé à son casque) : Elle est vivante ... / ... A vos ordres madame ... (aux hommes qui l'entoure) Ok, on l'évacue.

 

Un autre homme l'aide alors à porter Kelly sur une civière puis jusqu'au bout de la ruelle où les attend l'hélicoptère.

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 11  DéSERT DE MOJAVE

 

JESSICA (frappant du poing le volant du 4x4) : Quelle garce ! Mais qu'est-ce que tout cela signifie ?!

 

KELLY : Une sorte de jugement divin.

 

JESSICA (lâchant presque les mains du volant) : De quoi parles-tu ?

 

KELLY : J'ai survécu à la chute de l'astéroïde Cléo. Ils y ont vu un signe.

 

JESSICA : Ils ? Diana, tu veux dire ?

 

KELLY : Je ne crois pas que ce soit Diana qui mène le jeu.

 

JESSICA : Alors qui est derrière tout cela et que te veulent-ils ?

 

KELLY : Je l'ignore. Mais d'après ce que nous avons vu ils ne manquent pas de moyens et sont bien organisés.

 

JESSICA (en riant) : Pas tant que cela. Nous avons réussi à leur échapper !

 

KELLY : Je ne me fais aucune illusion. Ils doivent s'être déjà mis à notre recherche ... Au fait, comment as-tu réussi à mettre le feu et à déjouer leur système de sécurité ?

 

JESSICA (plaisantant) : Tu sais ce qu'on dit : un drap, une cigarette mal éteinte et un accident est si vite arrivé ! Ensuite face à l'incendie les hommes de mains de Diana se sont vite désorganiser. Ils ont ouvert ma chambre et dans la panique je leur ai fausser compagnie.

 

KELLY (cherchant ses mots) : Tu sais, ... quand je me suis retrouvée à l'hacienda, seule ... Je pensais t'avoir à nouveau perdue.

 

JESSICA : Nous sommes réunies maintenant, et pour longtemps. Je remercie le ciel d'avoir surpris une conversation entre deux des sbires de Diana, ils parlaient de toi et de la pièce que tu occupais.

 

KELLY : Une chance ! Sinon nous aurions pu passer des mois dans cette prison quatre étoiles sans se douter que nous y étions retenues toutes les deux (puis portant à nouveau son regard vers le paysage qui défile à sa droite, à voix basse) : Diana, quel rôle toi et ton organisation me réservez-vous ?

 

 

 12  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE DIANA SHARK

 

Diana est assise au chevet de sa fille dans sa chambre. La fillette est endormie, ses bras étreignant un ours en peluche usé par l'âge. Diana caresse le visage pâle de l'enfant.

 

LA GOUVERNANTE (la voix basse) : Mlle Shark, voulez-vous déjeuner maintenant ?

 

DIANA (en se levant et en suivant la gouvernante hors de la chambre) : Un sandwich et un soda light suffiront, merci Marissa.

 

Dans le salon Diana s'installe dans un fauteuil, prend machinalement un dossier posé sur une table basse et essaie de se concentrer sur sa lecture ...

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 13  BOSTON - CABINET " SHARK & SULLIVAN ", ENVIRON 4 MOIS AUPARAVANT

 

... Kelly et Diana prennent le thé dans le bureau de cette dernière, installée autour d'une table basse dans de confortable fauteuils anglais.

 

KELLY : Je te remercie encore Diana, d'accepter de m'aider à sauver le cabinet créé par mon père.

 

DIANA : Voyons Kelly, cesse de me remercier. Nous sommes amies depuis si longtemps.

 

KELLY : Je suis sincère. Je ne savais plus vers qui me tourner.

 

DIANA : Maintenant il ne faut penser qu'à Stuart et prier pour qu'il se rétablisse.

 

KELLY : Je n'ai guère d'espoir à ce sujet. Hélas ...

 

DIANA : Je suis de tout cœur avec vous deux.

 

KELLY (regardant sa montre) : 18 heures. Mon avion part dans deux heures. Je vais devoir te laisser.

 

Diana et Kelly se lèvent et se dirigent vers la porte du bureau de Diana. Diana tend son manteau à Kelly. Les deux amies s'embrassent.

 

KELLY : J'espère te voir bientôt en Californie.

 

DIANA (souriante) : Pourquoi pas. Je me dit qu'il serait bon pour moi de changer d'air. Le climat de la Nouvelle Angleterre commence à me lasser.

 

KELLY (en sortant du bureau dont lui ouvre la porte Diana) : Au revoir Diana.

 

DIANA : Au revoir Kelly.

 

Kelly traverse l'accueil du cabinet et se dirige vers l'ascenseur. Elle entre dans la cabine, fait un signe de la main en direction de Diana au moment où son visage disparaît derrière les portes coulissantes.

 

Diana referme la porte et va s'asseoir dans le fauteuil derrière son bureau.

 

DIANA (semblant parler dans le vide) : Qu'en pensez-vous ?

 

UNE VOIX DE FEMME (comme sortie de nulle part et très solennelle) : Que nous venons d'assister à une belle démonstration d'hypocrisie.

 

DIANA (un sourire en coin) : Ai-je été aussi mauvaise comédienne que cela ?

 

LA VOIX : Non vous avez été parfaite, Diana ... Comme toujours.

 

DIANA : Merci pour ces compliments.

 

LA VOIX : Kelly Farris également. D'ailleurs il est temps maintenant de cesser de jouer avec elle.

 

DIANA : Qu'entendez-vous par là ?

 

LA VOIX : A nous de décider de son avenir.

 

DIANA : Allez-vous lui proposer de nous rejoindre ?

 

LA VOIX : Ou doit-elle ... périr ?

 

Diana se montre perplexe. Après un instant sans mot échangé.

 

LA VOIX : Au revoir, Diana.

 

DIANA (avant d'appuyer sur la touche d'un interphone dissimulé sous l'accoudoir droit de son siège) : Au revoir.

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 14  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE DIANA SHARK

 

MARISSA : Votre repas, madame.

 

Diana est interrompue dans ses pensées, regardant le sandwich dans l'assiette posée sur la table basse à côté du verre de soda.

 

DIANA (levant son regard vers la gouvernante) : Merci, Marissa.

 

Alors que la jeune femme s'apprête à quitter la pièce.

 

DIANA : Marissa.

 

MARISSA (se retournant) : Oui, madame.

 

DIANA : Prenez le reste de votre journée. Je vais rester auprès d'Holly et je m'occuperai moi-même du dîner.

 

MARISSA : Bien, madame.

 

Marissa quitte la pièce quand le téléphone portable de Diana se met à sonner.

 

DIANA : Vous les avez retrouvées ?

 

A l'autre bout du fil. Dans un 4x4 noir garé au bord de la route, dans une petite ville perdue du désert de Mojave.

 

GRETCHEN (vêtue d'une veste en cuir bordeaux et d'un jeans) : Nous les avons localisées grâce à la balise GPS du 4x4. Nous devrions les intercepter d'ici peu.

 

DIANA : Je compte sur vous Gretchen, ne me décevez pas.

 

Diana raccroche.

 

 

 15  DÉSERT DE MOJAVE

 

Gretchen manipule avec impatience son téléphone portable quand la sonnerie de celui se met à retentir. Elle prend l'appel.

 

GRETCHEN (au conducteur du 4x4 vêtu d'une veste de chasseur noire, assis à ses cotés) : Elles arrivent, faites demi-tour. Mieux vaut ne pas trop attirer l'attention dans ce trou perdu. Le sheriff du coin sans doute en manque d'action depuis longtemps pourrait nous causer des ennuis.

 

Le 4x4 reprend la route, fait demi-tour et quitte la ville.

 

 

Au bout de la ligne droite apparaît au loin devant eux un 4x4 noir. A son bord Kelly et sa mère.

 

JESSICA : Je ne suis pas mécontente d'avoir retrouvé la route. Je commençais à en avoir assez de me sentir perdue dans ce désert de m ...

 

KELLY (l'interrompant) : On vient de dépasser un panneau il indiquait une station service à 10 miles d'ici. Peut-être dans une de ces petites villes du désert.

 

JESSICA : Nous allons enfin retrouver la civilisation.

 

Soudain dans le rétroviseur apparaissent débouchant de chaque côtés de la route deux 4x4 noirs qui engagent derrière elles une course poursuite.

 

JESSICA (un œil sur le rétroviseur central) : Merde, c'était trop facile. Ils viennent d'où ceux -là ?!

 

KELLY (penchant sa tête dehors et regardant derrière elles) : Ils devaient être cachés par ces rochers que nous venons de dépasser. (puis se retournant vers sa mère) Qu'allons-nous faire ?

 

JESSICA (en appuyant sur l'accélérateur ) : Vendre nos peaux très cher, ma fille, très cher.

 

KELLY (le regard fixé sur le rétroviseur central) : Ils se rapprochent !

 

JESSICA : Si on arrive à la station service, on trouvera de l'aide.

 

KELLY (montrant du doigt la route devant elles) : Maman, regarde !

 

En face d'elles, le 4x4 avec Gretchen à son bord arrive en sens inverse roulant à pleine vitesse au milieu de la route. Kelly jette un regard apeuré à sa mère. Jessica braque violemment le volant vers la gauche et leur 4x4 s'engage à nouveau dans le désert, chahuté par le relief accidenté. Derrière elles leurs poursuivants après s'être rejoints relancent leur poursuite.

 

KELLY : On n'arrivera pas à leur échapper.

 

JESSICA (le regard fixé droit devant elle) : Tais-toi Kelly !

 

A bord de sa voiture Gretchen communique par radio avec les deux autres véhicules de la chasse.

 

GRETCHEN (une carte dépliée sur ses genoux) : Dans peu de temps elles vont se retrouver bloquée, le dos au mur. Elles ne peuvent pas nous échapper.

 

Le 4x4 de Kelly et Jessica slalome à pleine vitesse entre les rochers et les cactus tandis que leurs poursuivants gagnent du terrain.

 

KELLY (se retournant sans cesse) : Ils se rapprochent de plus en plus, accélère !

 

C'est alors que Jessica freine brusquement. Kelly bousculée tente tant bien que mal d'amortir la décélération en s'agrippant à l'habitacle du 4x4. Son visage traduit son incompréhension et sa peur, elle regarde sa mère puis ses yeux se tournent vers le point que cette dernière fixe devant elle.

 

Face à elles, un ravin à la pente abrupte les empêche d'aller plus en avant.

 

Jessica se tourne vers sa fille ; en silence les deux femmes se prennent la main tandis que derrière elles les trois 4x4 ralentissent avant de s'arrêter à une vingtaine de mètres derrière leur véhicule.

 

Les deux femmes plongent leur regard l'un dans l'autre. Leurs yeux brillent.

 

KELLY (brise le silence en serrant fort la main de sa mère avant de la lâcher) : Vas-y. Ils ne nous auront pas vivantes !

 

Jessica regarde sa fille une dernière fois, passe la première et accélère brutalement alors qu'en arrière plan on voit Gretchen et ses hommes armés descendre de leur voitures ...

 

 

 16  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE HAYLEY, AIDEN, DAVID et WINSTON

 

Winston trottine vers la porte d'entrée en entendant le bruit de la clef dans la serrure.

 

DAVID (en entrant) : Alors mon vieux, fidèle au poste (en caressant le chien) Quel bon chien de garde tu fais vraiment.

 

Winston se roule parterre. Les quatre fers en l'air il invite David à lui caresser le ventre. Ce dernier après avoir posé son attaché case lui offre ce petit plaisir.

 

Sortant de sa chambre Aiden interrompt les deux compères en plain chahut.

 

AIDEN : Déjà de retour, je pensais que tu allais passer plus de temps au tribunal.

 

DAVID (allongé sur le dos, Winston sur lui entrain de mâchouiller sa cravate) : Le juge à renvoyé à la semaine prochaine mes deux dernières affaires. Et Ursula m'a laissé un message comme quoi le cabinet était fermé le reste de la journée.

 

AIDEN (levant les yeux au ciel) : Faudra m'expliquer un jour comment ton cabinet n'a pas encore fait faillite !

 

DAVID (se redressant, une dernière tape sur les fesses de Winston) : A toi de me le dire. As-tu réussi à décrypter le cd-rom que m'a remis Harold Loomis ?

 

AIDEN (en gagnant la cuisine, suivi par Winston et David) : Pas encore. J'y travaille depuis ce matin. Elliot Mansion était un homme très méfiant, il a utilisé plusieurs logarithmes différents pour coder ses fichiers.

 

Aiden sort du réfrigérateur deux canettes de soda ambré light, il en tend une à David et ouvre le second ; tandis qu'à ses pieds Winston vide sa gamelle.

 

DAVID (s'asseyant sur l'un des tabourets du comptoir de la cuisine et en buvant un sourire aux lèvres son soda) : Au fait, Aiden, qu'est-ce que j'ignore encore sur toi ?

 

AIDEN : Comment ça ?

 

DAVID : Hé bien ... J'apprend seulement maintenant que tu es un as de l'informatique. Tu as été barman, prof de sport, acteur porno, escort ... au fait, ... (en feignant la crainte) ... tu as bien mis un terme définitif à ta carrière d'objet sexuel ?

 

AIDEN (collé au dos de David, passant ses bras autour de sa taille et en l'embrassant dans le cou) : Absolument. Aucun bar et aucune salle de sport ne m'ont contacter ces derniers temps ... (en desserrant sa cravate) Et j'ai décidé de ne plus être le jouet que de toi, maintenant.

 

DAVID (soupirant sous les baisers d'Aiden) : Cool ... Alors après avoir déchiffrer le cd-rom tu pourrais pas me montrer comment pirater ... humm ... des sites Internet ?!

 

AIDEN (léchant la nuque de David) : Tu n'en as vraiment jamais assez.

 

DAVID (les yeux mi-clos, le visage béat) : Ben disons Internet offre tellement de ... hummm ... possibilités, et ça nous ferait faire des ... hummmm ... économies.

 

AIDEN (cessant brusquement ses caresses et regagnant leur chambre) : Ok, alors je retourne au travail !

 

DAVID (se levant de son tabouret) : Au fait, tu devrais passer au garage, je crois que ton 4x4 a des problèmes d'embrayage.

 

Sous le regard de Winston David suit Aiden en jetant maladroitement sa cravate sur le dossier d'une chaise d'où elle tombe dans la gueule du carlin toujours prompt à réagir.

 

 

 17  DÉSERT DE MOJAVE

 

... Jessica braque violemment à droite, en accélérant à fond. Le 4x4 longe dangereusement le ravin, secoué par le relief accidenté du sol.

 

Pris au dépourvu Gretchen et ses hommes tirent avec leur armes après un moment d'hésitation en direction des fuyardes. Sans succès. Ils remontent dans leurs véhicules et s'engagent à nouveau dans une course poursuite.

 

KELLY (secouée) : Où as-tu appris à conduire de la sorte ?!

 

JESSICA (amusée) : Elle t'étonne ta mère, hein ? J'ai toujours voulu réécrire la fin du film " Thelma & Louise ".

 

KELLY (se retournant) : Il sont toujours après nous.

 

JESSICA (un œil sur le rétroviseur central, l'autre droit devant elle) : Quand on a une seconde chance ... (se tournant vers Kelly) ... il ne faut jamais hésiter à la saisir !

 

KELLY (se retournant une nouvelle fois derrière elle) : On dirait qu'ils perdent du terrain.

 

JESSICA : C'est peut-être un autre signe divin ?

 

KELLY (à voix basse, joignant ses mains en signe de prière) : J'aimerais tant avoir une seconde chance ...

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 18  SAN FRANCISCO - ÎLE D'ALCATRAZ, ENVIRON 4 MOIS AUPARAVANT

 

... Kelly Farris et Elliot Mansion font partie d'un groupe de touristes qui suivent une visite guidée de la prison. Au grès des mouvements à l'intérieur du groupe ils se retrouvent côte à côte.

 

ELLIOT (engageant la conversation) : Nous n'aurions pas été plus tranquille à mon bureau ?

 

KELLY (souriante) : Je ne suis à San Francisco que pour quelques heures. J'aime cette ville et je ne manque jamais une occasion d'y jouer les touristes.

 

ELLIOT (une étincelle dans l'œil) : Vous alliez toujours plaisir et affaires, Mme Farris ?

 

KELLY (le dévisageant d'un air moqueur) : Hélas non, Mr Mansion. Je fais toujours la part des choses.

 

ELLIOT (changeant de sujet de conversation) : Mon enquête au sujet de l'agression de votre mari piétine, je suis désolé.

 

KELLY : Je crois que maintenant je vais laisser travailler seule la police sur cette affaire.

 

ELLIOT : En êtes-vous certaine ?

 

KELLY : Ne vous inquiétez pas pour vos honoraires, j'ai une autre affaire à vous proposer.

 

ELLIOT (intéressé) : Laquelle ?

 

KELLY : Au sujet d'une vieille amie d'université, Diana Shark.

 

ELLIOT : Du cabinet Shark & Sullivan de Boston.

 

KELLY : Vous connaissez ?

 

ELLIOT : Il crée ou rachète d'autres plus petits cabinets dans tous les Etats-Unis. Comme des supermarchés.

 

KELLY (amusée par la comparaison) : Ou une chaîne de pompes funèbres.

 

Suivant toujours la visite, ils quittent un des bâtiments de la prison et se retrouvent sur une terrasse face à la mer.

 

ELLIOT : La mode est à l'absorption des petits poissons par les gros.

 

KELLY : Je reviens de Boston où j'ai conclu un accord avec Diana Shark afin de renflouer les caisses de mon cabinet et sauver ce qui peut encore l'être ...

 

ELLIOT : ... et vous craignez de vous êtes fait avoir ?

 

KELLY : Je ne crains rien. Je le sais, Mr Mansion.

 

ELLIOT (perplexe, posant une main sur le bras de Kelly pour stopper sa marche) : Je ne comprends pas.

 

KELLY : Je viens de perdre mon cabinet. Selon les termes de l'accord je ne pourrais pas rembourser à temps l'avance que Diana m'a octroyée.

 

Elliot laisse passer quelques touristes attardés qui rejoignent le reste du groupe.

 

ELLIOT : Pourquoi alors avoir accepté ?

 

KELLY (les larmes aux yeux, le regard perdu dans l'océan) : La lassitude. Mon père est mort et Stuart ne sera plus jamais ... (dans un sanglot) ... comme avant.

 

ELLIOT (la prenant dans ses bras) : Je comprends. Vous avez en quelques sorte vendu le cabinet sans vous l'avouer clairement.

 

KELLY (reniflant dans un mouchoir que lui tend de la poche de sa veste Elliot) : C'est ça, oui.

 

ELLIOT : Qu'attendez-vous de moi ?

 

KELLY (reprenant trop rapidement son calme) : Diana Shark cache quelque chose.

 

ELLIOT : De quel ordre ?

 

KELLY : Je la connais. Elle est intelligente et douée en affaire. Elle tient cela, tout comme moi, de son père.

 

ELLIOT : Et alors ?

 

KELLY : Le cabinet Farris est la plus mauvaise affaire qu'elle puisse faire dans toute la Californie.

 

ELLIOT : Dans ce cas vous êtes plus forte qu'elle si vous avez pu la lui vendre.

 

KELLY (souriant) : Non, ce n'est pas cela. Elle sait ce qu'elle fait. Ce que je veux savoir c'est pourquoi et ... pour qui ?

 

ELLIOT : Le développement du cabinet Shark & Sullivan ?

 

KELLY (ironique) : Si toutes les affaires qu'elle traite sont identiques, le cabinet coure à la ruine. Non, il y a autre chose.

 

ELLIOT : Et son associé principal, que pense-t-il de tout cela ?

 

KELLY : Xander Sullivan ? Diana et lui possèdent chacun 40% des parts du cabinet Shark & Sullivan. Mais c'est elle qui détient les rennes du pouvoir. Elle fait ce qu'elle veut de lui. Je crois qu'il est amoureux d'elle mais elle lui fait peur. D'ailleurs elle fait peur à tous les hommes qui s'approchent d'elle. (sarcastique) A se demander comment elle a pu tomber un jour enceinte.

 

ELLIOT : Une véritable maîtresse femme. (après une hésitation) Tout comme vous.

 

KELLY (le dévisageant, une étincelle dans l'œil) : Je ne rentrerai pas avant demain à Garden Place. San Francisco a, je crois, encore bien d'autres trésors à m'offrir.

 

Reprenant Kelly dans ses bras, Elliot approche ses lèvres des siennes ... Tandis qu'ils s'embrassent la caméra s'éloignent d'eux et de l'île d'Alcatraz.

 

... Fondu au blanc ...

 

 

 19  DÉSERT DE MOJAVE

 

... La caméra survole le désert jusqu'aux trois 4x4 noirs qui poursuivent Jessica et Kelly

 

JESSICA : Revoilà la route.

 

KELLY (le regard fixé sur la route qui se dessine devant elles) : A ton avis, pour rejoindre la ville ... qu'elle direction prendre, à droite ou à gauche ?

 

JESSICA (dubitative, passant sa main droite dans les cheveux) : Pas le temps de tergiverser ... On prend à gauche !

 

Le 4x4 s'engage sur le macadam. Jessica accélère. Tandis que leurs poursuivants arrivent à leur tour sur la route.

 

KELLY (se retournant sans cesse) : Nous n'y arriverons pas. C'est term ...

 

JESSICA (l'interrompt brutalement) : Kelly, regarde ! Devant nous !

 

Les yeux grands ouvert Kelly fixe devant elles la ligne de chemin qui coupe la route, les barrière qui commencent à s'abaisser et le train qui s'approche sur leur gauche.

 

KELLY (en se tournant vers sa mère) : C'est de la folie, tu n'y arriveras pas !

 

JESSICA (presque ironique) : Kelly, tu ne reconnais plus un signe du ciel quand il se présente ?!

 

KELLY (désabusée) : Alea jacta est

 

Jessica les mains crispées sur le volant, un œil sur le train de marchandises roule à faible allure, l'autre œil sur le rétroviseur central qui montre les hommes de Gretchen accrochés aux portières de leur 4x4 les armes aux poings.

 

Gretchen se redresse et passe la tête à l'extérieur du 4x4. D'un signe de la main elle ordonne à ses hommes dans les deux autres véhicules de tirer sur les deux fuyardes.

 

JESSICA (ironique) : Merde ! Je croyais qu'ils avaient oublié qu'ils étaient armés !

 

KELLY (fouillant à nouveau l'intérieur de l'habitacle) : Nous n'avons même pas de quoi riposter.

 

JESSICA (toujours le regard fixe devant elle) : La prochaine fois que nous fausserons compagnie à Diana et à sa bande de gorilles je penserai à vérifier l'armement de la voiture !

 

KELLY (percevant l'absurdité de leur aventure, en rajoute) : Des armes et ... une radio qui fonctionne. C'est dingue, si on avait eu de quoi appeler des secours ?

 

JESSICA : Avec des si ?!

 

KELLY (de plus en plus ironique, elle aussi) : Et un réfrigérateur, on a rien bu ni manger depuis hier soir !

 

Les deux femmes se regardent, puis éclatent de rire en franchissant la voie ferrée sous les barrières, devant la locomotive et sous le feu mitraillé de leur poursuivants.

 

KELLY (se retournant sur le train de marchandises long de plusieurs centaines de mètre qui les séparent maintenant de Gretchen et de ses sbires) : Ouah ! ... Ouf ! Tu as réussi ! J'y croyais pas ! Nous voilà tranquilles pour quelques temps.

 

JESSICA (le sourire aux lèvres) : Tu manques de confiance en toi, Kelly. On ne te l'a jamais dit ?

 

Alors que les deux femmes s'éloignent, de l'autre côté du train qui poursuit sa route.

 

GRETCHEN (en colère, sortant de son 4x4 en claquant la porte) : Les garces ! (donnant un coup de pied dans des cailloux) Je vous aurez !

 

 

 20  DÉSERT DE MOJAVE

 

Jessica et Kelly dépassent en sens inverse un panneau indiquant l'entrée dans le désert de Mojave et finissent par arriver dans une petite ville bâtie autour de la grande route qu'elles empruntent.

 

JESSICA (à Kelly ne pouvant s'empêcher de regarder sans cesse derrière elles) : Détends toi, Kelly. Gretchen et sa bande sont loin. Nous avons un peu de temps devant nous avant qu'elle n'arrive ici.

 

KELLY (épuisée) : J'ai soif. J'ai faim et je ne sais pas ce que je donnerai pour une douche. (en s'essuyant le front) Nous sommes en sueur et couvertes de poussières.

 

JESSICA (tournant à gauche dans une rue perpendiculaire à la route principale) : Nous allons bien trouver un endroit pour manger.

 

KELLY : Tu as de l'argent sur toi ?

 

JESSICA (se tournant vers sa fille, l'air amusé) : Je ne pars jamais en cavale sans une peu de monnaie dans la poch ...

 

KELLY (se jetant brusquement sur le volant et le poussant des deux mains vers la gauche) : Attention !

 

JESSICA : Qu'est-ce que ... ?!

 

Le 4x4 vire à gauche brutalement évitant ainsi un enfant en trottinette qui traversait la route de droite à gauche. Mais Jessica ne réussit pas à freiner à temps pour empêcher le 4x4 de percuter l'arrière d'un van garé au bord du trottoir devant une épicerie.

 

Tandis que l'enfant à trottinette poursuit son chemin indifférent à l'incident le conducteur du van sort de son véhicule et, en colère, s'approche du 4x4 du côté de Jessica.

 

L'HOMME : Ma parole, vous êtes malade ! C'est bien les femmes au volant, ça !

 

JESSICA (encore étourdie) : Je suis désolé, c'est cet enf... (puis en écarquillant les yeux) O'Malley ? Pat O'Malley ?!!

 

L'HOMME (surpris à son tour) : Jessica ?

 

JESSICA (sous le regard incrédule de sa fille) : Mais oui, c'est bien moi.

 

O'MALLEY (ouvrant la portière du 4x4) : Qu'est-ce que tu viens faire ici ?

 

JESSICA (sortant du 4x4) : Si je te disais que je suis venue te rendre visite, tu ne me croirez pas, n'est-ce pas ?

 

De l'autre côté du 4x4 Kelly sort du véhicule en levant les yeux au ciel.

 

KELLY (à voix basse) : Encore l'un de vos signes ?

 

JESSICA (à Kelly) : Kelly, viens que je te présente à l'un de mes vieux amis, Patrick O'Malley. (puis à Pat O'Malley) C'est ma fille, Kelly. Tu sais je t'en ai souvent parlé.

 

O'Malley s'approche de Kelly et lui serre chaleureusement la main.

 

O'MALLEY : Heureux de faire enfin votre connaissance Kelly.

 

Kelly pas encore remise de l'incident et plus encore de la rencontre avec cet homme, reste sans voix.

 

JESSICA (prenant sa fille par le bras) : Voyons Kelly, ne sois pas si timide. O'Malley est un ami qui m'a aidée il y a des années pendant une de ces mauvaises périodes qui ont jalonnée ma vie.

 

KELLY (à O'Malley) : Je suis contente aussi de vous rencontrer Mr O'Malley.

 

O'MALLEY : O'Malley, pas de monsieur, tout le monde m'appelle comme ça.

 

JESSICA (à O'Malley) : Que trafiques-tu dans ce désert ? La dernière fois qu'on s'est vu tu arrosais d'insecticide avec ton vieux biplan des vignes à Napa Valley.

 

O'MALLEY : Je vole toujours. Mais cette fois je transporte des touristes au-dessus du désert. Avec mes économies j'ai monté avec d'autres vétérans du Viêt-Nam une petite compagnie d'aviation.

 

Entendant ces paroles, Kelly, souriante, lance à nouveau un regard vers le ciel.

 

KELLY (à voix basse) : Merci.

 

 

 21  Abords du DÉSERT DE MOJAVE - MAISON DE PAT O'MALLEY

 

Kelly et Jessica sont assises à l'avant du van conduit par O'Malley.

 

O'MALLEY : Les gars du garage sont des amis, ils vont vite réparer votre 4x4. C'est pas très solide ces boîtes de conserve nippones, pas comme ce bon vieux van (en donnant une tape au volant).

 

KELLY : Il n'est pas vraiment à nous, vous savez ...

 

JESSICA : ... Nous l'avons emprunté pour faire un tour dans le désert.

 

O'MALLEY (indiquant de la main l'aérodrome) : J'habite un peu plus loin en lisière du désert.

 

Kelly et Jessica observe l'avion garé devant un hangar

 

O'MALLEY (en souriant) : Un piper Navajo, le dernier de notre flotte. Une merveille, capable de vous emmener jusqu'au Mexique si vous le désirez.

 

Jessica et Kelly échangent un regard complice.

 

JESSICA (en plaisantant) : J'ai toujours rêvé de passer Noël à Acapulco.

 

 

Le van dépasse l'aérodrome et finit par stopper devant une petite maison pittoresque à la limite du désert.

 

O'MALLEY (en sortant du van) : Nous y voilà. Mi casa es su casa.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 22  Un GARAGE EN VILLE

 

Les trois 4x4 noirs arrivent devant le garage. Gretchen en sort et se dirige à l'intérieur de l'atelier où deux employés d'environ une vingtaine d'années couverts de cambouis s'activent sur le 4x4 endommagé de Jessica et Kelly.

 

GRETCHEN : Excusez-moi messieurs.

 

Les deux hommes relèvent la tête sous le capot du véhicule.

 

HOMME 1 (en donnant un coup de coude complice à son acolyte) : Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous M'dame ?

 

GRETCHEN (séductrice) : Je crois que cette voiture appartient à une des mes amies et à sa mère.

 

HOMME 2 : Ca se pourrait que se soit la caisse de votre amie. Mais ...

 

GRETCHEN (tout sourire) : Nous devions nous retrouver dans votre ville avant de partir dans le désert. Mais je n'ai pas de nouvelle d'elles et pas de moyens de les contacter.

 

HOMME 2 : ... Comment vous saviez où trouver le 4x4 ?

 

GRETCHEN : On m'a parlé en ville d'un accrochage entre un 4x4 noir et une camionnette.

 

HOMME 1 : Ouais. Celle de Pat O'Malley. (sous le regard désapprobateur de son collègue) Il nous a téléphoné pour qu'on s'occupe du 4x4. Je crois qu'il a dit qu'il connaissait ces femmes et qu'il voulait qu'on s'occupe de leur bagnole tout de suite.

 

GRETCHEN : Où pourrais-je le trouver ?

 

HOMME 1 : Il habite derrière l'aérodrome.

 

GRETCHEN (faisant un clin d'œil à l'homme) : Je vous remercie.

 

HOMME 1 (en s'essuyant les mains avec un torchon sale) : Vous restez en ville longtemps ?

 

GRETCHEN (amusée par la question) : Cela dépendra de mes amies. Au revoir, messieurs.

 

Gretchen quitte l'atelier.

 

HOMME 2 : Tu peux pas fermer ta gueule. Dès qu'une fille t'adresse la parole faut que tu l'ouvres et que tu déballes tout sans réfléchir.

 

HOMME 1 (haussant les épaules avant de replonger sous le capot du 4x4) : J'vois pas où est le problème. Je rendais simplement service.

 

HOMME 2 (en se dirigeant vers le téléphone accroché à des murs de l'atelier) : Tu crois pt'être que c'est le genre de fille à s'intéresser à un mec comme toi.

 

 

 23  Près DE LA MAISON DE PAT O'MALLEY

 

Gretchen et son équipe arrivent devant la maison de Patrick O'Malley. Deux hommes en tenues de commando et armés de fusils mitrailleurs sautent d'un des 4x4 et se dirigent vers la maison dont ils défoncent la porte d'entrée à grands coups de pieds. La caméra qui suit les deux hommes montre une pièce principale vide tandis que les hommes fouillent le reste de la maison.

 

A l'extérieur Gretchen assise à l'avant côté passager dans un des 4x4 se retourne et sort du véhicule en entendant le bruit d'un avion. La caméra zoome sur l'appareil. On reconnaît le piper piloté par Pat O'Malley, à ses côtés se trouve Kelly et derrière elle Jessica.

 

KELLY (le sourire en coin, jetant un dernier regard en direction de Gretchen et de ses hommes de mains) : Je reviendrai ...

 

... Avant de remettre ses lunettes noires pour se protéger des rayons du soleil et fixer l'horizon devant elle.

 

Au sol Gretchen ne cache pas sa colère et fait signe à ses hommes dispersés autour et dans la maison de la suivre et de rejoindre leur véhicule. Réinstallée dans son 4x4 elle sort son téléphone portable de la poche intérieure de sa veste en cuir.

 

GRETCHEN : Elle a réussi à s'enfuir.

 

Son téléphone portable en main Diana Shark est assise auprès de sa fille endormie dans son lit. Elle n'exprime aucune émotion en apprenant la nouvelle.

 

DIANA : Assurez-vous que la base soit à nouveau opérationnelle.

 

Diana raccroche. Tandis que Gretchen donne le signe à son équipe de rentrer à leur base ...

 

 

 24  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE DIANA SHARK

 

... Diana quitte la chambre de sa fille en faisant attention à ne pas la réveiller et rejoint dans le salon de son appartement Xander Sullivan.

 

DIANA : Elle s'est à nouveau endormie.

 

XANDER (installé dans un fauteuil en sirotant un verre de whisky) : Holly est une enfant charmante. Elle te ressemble de plus en plus. Même malade elle garde sa bonne humeur.

 

DIANA : C'est le rayon de soleil de ma vie.

 

XANDER : Toi aussi tu as l'air épuisée. Je devrai peut-être te laisser.

 

DIANA : Non, je t'en prie ... reste. Le dîner est presque prêt.

 

XANDER (montrant du doigt une pile de dossier sur la table basse devant lui) : Je connais ton sens des affaires. (puis après un temps d'hésitation) Mais es-tu certaine que le rachat du cabinet Farris soit une si bonne affaire que ça ?

 

DIANA : Je te rappelle que Kelly Farris est une de mes amies les plus chères. Nous nous sommes connues à la faculté de Droit. Le cabinet a été créé par son père. Il y a quelques mois une succession d'événements plus ou moins prévisibles ont entraîné une perte de clients et donc d'argent ; ce qui a poussé Ed Burnstein a se suicider. Kelly, malgré la perte de son père et la tentative d'assassinat dont a été victime son mari Stuart, a essayé mais en vain de redresser l'affaire. Au bout du compte quand Stuart a été enlevé elle a fini par craquer et m'a demandé de l'aide. Je lui avais déjà avancé des fonds pour assainir sa trésorerie ; mais cette fois elle voulait vendre le cabinet. J'ai accepté son offre au nom de notre amitié et en espérant redresser l'affaire en souvenir de son père que j'admirais.

 

XANDER : Où se trouve-t-elle actuellement ?

 

DIANA (prise au dépourvue par la question) : ... Euh ... Je l'ignore ... (hésitante) Elle m'a parlé d'un voyage ... à l'étranger. A l'université nous rêvions de visiter l'Europe sans jamais avoir trouvé le temps de le faire ...

 

XANDER (plongé dans les papiers des différents dossiers) : Et son mari ?

 

DIANA (feignant la surprise) : Son mari ? Stuart ?

 

XANDER : Oui, Stuart. Où en sont les recherches de la police ? Il détenait des parts dans le cabinet, non ?

 

DIANA : Kelly disposait d'une procuration sur ses parts. Un arrangement entre eux ... au cas où ...

 

XANDER (sirotant à nouveau son verre de whisky) : Je vois.

 

DIANA : La police pense qu'il est mort.

 

XANDER : C'est peut-être mieux pour lui, non ?

 

Diana feint cette fois-ci de ne pas comprendre.

 

XANDER : Il était devenu un vrai légume, non ?

 

DIANA : ... Un légume ? Oui, on peut le dire ainsi (puis après une pause, comme pour changer de conversation) Je vais voir où en est le dîner.

 

Elle se lève et se dirige vers la cuisine avant de se raviser en regardant l'heure à sa montre.

 

DIANA (la voix hésitante) : Oh ... J'ai oublié d'éteindre l'ordinateur dans ma chambre. (de façon encore plus gênée) En fait, non la vérité c'est que je dois me changer. Holly a vomi encore cette après-midi (en montrant un léger sourire aux lèvres son tailleur à Xander).

 

XANDER (amusé) : Je t'en prie. Fais comme chez toi. Et si tu le permets je vais me resservir de ton fameux whisky.

 

Diana entre dans sa chambre, ouvre une armoire, en sort un nouveau tailleur qu'elle jette sur le lit avant de gagner son bureau dans un coin de la pièce sur lequel se trouve un ordinateur portable. Elle se connecte à Internet puis ouvre sa messagerie instantanée et tape :

 

DIANA > Le Phœnix s'est envolé

 

Elle montre son impatience en frappant nerveusement ses doigts sur le bureau. Quand la réponse de son correspondant arrive elle se détend en faisant des mouvements d'étirement du cou et en se massant la nuque.

 

JANUS > C'est ennuyeux

 

DIANA > Je me charge personnellement de le retrouver

 

JANUS > Non. Laissons ce travail à une de nos équipes spécialisées. D'ailleurs après tout, seul, il ne peut pas grand chose contre nous. Nous le retrouverons bientôt.

 

DIANA > Pas de pause dans le Projet ?

 

JANUS > Non

 

DIANA > Phase 2 enclenchée ?

 

JANUS > Oui.

 

DIANA > A vous de jouer

 

Diana met un terme à la connexion Internet ...

 

 

 25  UNE ÎLE DES BAHAMAS

 

... Alors que le soleil couchant embrase l'horizon une femme le dos tourné au rivage, en maillot de bain une pièce bordeaux, les cheveux aussi flamboyant que le ciel sort de l'eau. Elle se retourne en caressant son ventre arrondi. On reconnaît alors Lacey Krueger qui regagne la plage de sable fin.

 

LACEY (marchant dans la mer) : Nous sommes en Lune de Miel, chéri. Comment penses-tu encore à travailler dans cet endroit magnifique. (en montrant avec ses mains le paysage qui les entoure) Tu es vraiment impossible !

 

La caméra nous montre près d'un bungalow en bord de mer son mari dans un hamac installé entre deux palmiers, un ordinateur portable devant lui.

 

ERIC (en fermant l'ordinateur et en éteignant le téléphone portable auquel il était relié) : Tu as raison. Le travail peut attendre notre retour à la maison ...

 

Et joignant le geste à la parole il coure vers Lacey et la prend dans ses bras. Tous deux chahutent dans l'eau en éclatant de rire.

 

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 GÉNÉRIQUE DE FIN