1  GARDEN PLACE

 

La caméra survole Garden Place. Autour du lac et de Great Garden la ville truffée de chantiers est en pleine reconstruction. Au-delà des limites de la ville la caméra nous amène dans une forêt où, au centre d'un parc aménagé, se dresse une imposante résidence blanche. Fondu enchaîné sur la pièce principale, le grand salon dans lequel pénètre Nanne occupée à scruter les moindres recoins de la pièce. A ses côtés se trouve un homme efféminé d'une trentaine d'années qui lui sourit.

 

NANNE : Tout cela me semble très bien, Monsieur ?... excusez-moi, je n'ai pas retenue votre nom.

 

L'homme sourit en dévoilant ses dents d'un blanc étincelant.

 

JACK : Jack ... Juste Jack.

 

 

NANNE : Et bien, Monsieur Juste Jack, cela me semble une bonne affaire.

 

Jack soupire en secouant la tête et en balayant l'air avec ses bras.

 

JACK : Une bonne affaire ! ... Vous voulez rire, très chère. C'est l'affaire du siècle !!! J'en connaît beaucoup qui vendraient père et mère pour une propriété comme celle là. Tenez, pas plus tard que la semaine dernière, une de mes clientes a acheté une propriété au centre ville de Garden Place. Pensez voir ... au centre ville de Garden Place ... après tout ce qui s'est passé ! C'est de la folie. D'ailleurs je lui ai dit "Hermina ... Hermina c'est son nom ... Hermina, c'est de la folie ma chérie, tu peux avoir un véritable château pas très loin d'ici". Et vous savez ce qu'elle m'a répondu ? Elle m'a dit (il imite la voie d'Hermina) "Jack chéri, tu n'y penses pas. Moi ! Me terrer au fin fond de la forêt, parmi les bêtes sauvages ... c'est de la pure folie". J'ai eu beau lui expliquer que cette propriété n'est qu'à quelques minutes à peine par la route du centre ville de Garden Place et qu'il n'y a pas plus de bête sauvage que de cheveux blancs sous la perruque de Cher, mais elle n'en démordait pas. (s'approchant de Nanne et lui posant une main sur l'épaule) Non, je vous le dis, c'est une affaire en or. Et vous serez tranquille ici. (il se précipite vers une des fenêtres et l'ouvre). Et sentez-moi cette bonne odeur. Vous pouvez respirer l'air à plein poumons. Ca sent la nature.

 

NANNE (tentant de l'interrompre) : Jack...

 

JACK : Et vous avez six chambres au total, toutes avec salle de bains.

 

NANNE : Jack...

 

JACK : Bien sûr il y en a qui ne supporte pas le soleil, mais ils sont rares, n'est-ce pas. On a tous besoin de soleil.

 

Nanne lève la main juste devant Jack afin de lui dire d'arrêter.

 

NANNE : Jack, est-ce qu'il vous arrive de vous arrêter de parler ?

 

JACK (agitant ses mains devant lui) : Désolé. Je suis un vrai moulin à paroles. Ma mère me dit souvent ...

 

NANNE (l'interrompant) : Je l'achète.

 

JACK (lui tournant le dos brusquement et se dirigeant vers la porte dans un mouvement aérien) : ... Je vous ai préparé les papiers. (indiquant du doigt tendu la porte) Dans la bibliothèque.

 

 

 2  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE HAYLEY

 

Aiden, vêtu d'un tee-shirt noir moulant et d'un jean délavé,  est assis sur le canapé du salon, occupé à caresser Winston, lorsque la porte d'entrée s'ouvre sur David. Il entre en soupirant et en jetant sa serviette sur la table basse. Puis il s'affale aux côtés d'Aiden. Winston vient lui lécher le visage. Aiden jette un œil à sa montre.

 

AIDEN (en plaisantant) : 3 heures ! Encore une longue et dure journée de labeur ?

 

DAVID : Je suis sur les rotules. J'ai plaidé deux affaires difficiles ce matin.

 

AIDEN : Et tu les as gagnées ?

 

DAVID (regardant Aiden l'air faussement surpris) : Eh ! Tu parles au meilleur avocat de la côte ouest ! Bien sûr que j'ai gagné. J'ai aussi âprement négocié deux semaines de congés avec ce requin de Diana. Ca, c'est ma troisième victoire de la journée, parce qu'elle a accepté.

 

AIDEN : Ce qui veut dire ...

 

DAVID : ... que je suis en vacances dès ce soir.

 

AIDEN : Oh ?! ... Tu sais, à propos du cd-rom de Mansion ...

 

DAVID : ... Oui ?! ...

 

AIDEN : Je bloque toujours.

 

DAVID : Tu travailles dessus depuis plus d'un mois.

 

AIDEN : Je sais. Peut-être qu'Harold Loomis pourrait nous aider ?

 

DAVID : S'il réapparaît un jour ! Plus de nouvelles depuis notre dernière rencontre.

 

AIDEN : Tu m'en veux ?

 

DAVID : Non, pas vraiment. Je commence à m'habituer à Diana Shark. Les papiers signés par Kelly qu'elle m'a montré paraissent légaux. Kelly lui aurait bien cédée le cabinet mais je la soupçonne toujours de dissimuler les conditions réelles dans lesquelles le contrat a été conclu ... (fronçant les sourcils et posant sa main à plat sur le front) Rien que de ressasser tout cela je recommence à avoir mal à la tête ...

 

AIDEN : Viens près de moi.

 

David lui obéit et Aiden commence à lui enlever sa cravate.

 

AIDEN : On pourrait peut-être ... (il embrasse David dans le cou) ... passer les fêtes de fin d'années ... (ses lèvres se posent sur les siennes) ... à Squaw Valley ?

 

HAYLEY : Pas de cochonneries devant Winston, je vous l'ai déjà dit combien de fois ?

 

Aiden et David se redressent tandis qu'Hayley vêtue d'un simple peignoir sort de la salle de bain.

 

HAYLEY (en riant) : C'est encore un enfant. (prenant Winston dans ses bras) Vous êtes vraiment incorrigibles, tous les deux ! Il ne se passe pas une minute sans qu'un de vous ne se jette sur l'autre. (avec un air faussement indigné) un peu de pudeur, voyons.

 

David se met à rire, tandis que la sonnette de la porte d'entrée retentit.

 

HAYLEY : J'y vais !

 

Elle se dirige vers la porte, toujours avec Winston dans ses bras, tandis qu'Aiden regarde David.

 

AIDEN : A Squaw Valley, on aura plus d'intimité. Qu'est-ce que tu en dis ?

 

Hayley ouvre la porte. Devant elle se dresse un homme austère, vêtu d'un complet noir et d'un ridicule chapeau. Une croix épinglée au revers de sa veste. Winston se met à grogner contre le visiteur.

 

HAYLEY : Désolé, Monsieur, mais les trucs mystiques, c'est pas pour moi. Et je n'ai pas d'argent sur moi.

 

L'homme parait déstabilisé par la tenue d'Hayley et les grognements de Winston. Pendant ce temps, Aiden et David s'embrassent sur le canapé. Aiden s'emploie à défaire les boutons de la chemise de David d'une main, tandis que son autre main glisse vers son entrejambes.

 

HECTOR : Je m'appelle Hector Weaver. Je suis le père de David.

 

HAYLEY (avec un sourire gêné) : Oups.

 

HECTOR : Est-ce que mon fils est là ?

 

HAYLEY : Euh, oui, il est ici. (se tournant vers David et un ton plus haut) David, ton père est ici.

 

David se redresse et bondit hors du canapé, tandis qu'Aiden se lève à son tour. Sans y être invité, Hector détournant la tête d'elle pousse d'un geste Hayley et entre dans le salon, où il aperçoit David, les cheveux ébouriffés, la chemise ouverte et la cravate défaite encore autour de son cou. David est tellement surpris qu'aucun son ne sort de sa bouche. A ses côtés, Aiden, assis sur le canapé, baisse la tête.

 

HECTOR : David, mais que se passe-t-il ? Tu as vu ta dégaine ? (son regard se pose alors sur Aiden) Je vous connais, vous. Nous nous sommes déjà rencontrés chez David.

 

AIDEN (en se levant et en tendant la main vers Hector avec un sourire timide) : Monsieur Weaver. Comment allez-vous ?

 

Hector ne répond pas et regarde son fils, attendant visiblement une explication. Devinant facilement l'embarras de David, Hayley lâche Winston à terre et se précipite vers lui. Elle lui prend le bras tout en souriant à son père.

 

HAYLEY : Il faut nous pardonner Monsieur. Nous avons... nous avons un peu joué. Vous savez ce que c'est... On est tellement bien ensemble ...(Hayley regarde David avec un énorme sourire) N'est-ce pas... chéri.

 

Puis elle embrasse sur la joue un David pétrifié, sous le regard tout aussi ahuri d'Aiden. David, debout, fixe son père la bouche ouverte, les yeux dans le vide, tandis que Winston s'attaque au lacet d'une des chaussures d'Hector.

 

 

 GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 3  GARDEN PLACE - RÉSIDENCE KRUEGER

 

La porte d'entrée s'ouvre sur Eric, portant deux énormes valises, et sur Lacey. Eric fatigué dépose les valises dans le vestibule en soupirant.

 

LACEY : Enfin de retour à la maison. Il était temps. Depuis notre retour de lune de miel j'en avais vraiment plus qu'assez de cette suite d'hôtel à Los Angeles.

 

ERIC : J'ai fait accéléré les travaux. J'espère qu'ils n'ont rien bâclé.

 

Lacey entre dans le salon et regarde autour d'elle, l'air satisfait.

 

LACEY : Non, ils ont fait du bon boulot. La nouvelle déco est superbe.

 

UNE VOIX DE FEMME (s'exclamant) : Lacey ! Ma chérie.

 

Surprise, Lacey se retourne et aperçoit Sibella arrivant de la cuisine.

 

LACEY : Maman ! Mais... mais qu'est-ce que tu fais ici ?

 

SIBELLA (se précipitant vers sa fille et l'étreignant) : Embrasse moi. (puis elle se tourne vers Eric avec son plus beau sourire) Bonjour Eric. (elle pose à nouveau son regard sur Lacey) Pour une femme enceinte de six mois, je te trouve superbe.

 

LACEY : Merci, ça fait toujours plaisir ce genre de compliments. Mais tu n'as pas répondu à ma question. Que fais-tu ici ?

 

SIBELLA : C'est Carlotta, la femme de chambre, qui m'a ouvert.

 

LACEY (soupirant) : Maman, ce que je veux savoir, c'est ce que tu fais ici ... à Garden Place. Tu ne devais revenir avec Charlie que la semaine prochaine.

 

SIBELLA : Disons que j'ai avancé la date de ma venue. (soudain inquiète, se tournant vers Eric) Ca ne vous dérange pas, j'espère ?

 

ERIC : Mais non voyons, vous êtes toujours la bienvenue ici.

 

SIBELLA : C'est gentil.

 

LACEY : Maman, où est Charlie ?

 

SIBELLA : Il ne viendra pas.

 

LACEY (fronçant les sourcils) : Des problèmes ?

 

Le visage de Sibella change. Son sourire s'efface, elle commence à faire la moue, puis à pleurer. Elle tourne les talons et s'enfuit dans la cuisine. Lacey regarde Eric.

 

LACEY (posant la main sur la torse d'Eric) : Je m'en charge.

 

Elle se rend dans la cuisine. Sibella se mouche bruyamment avec un papier essuie tout qu'elle a trouvé sur le plan de travail de la cuisine. Puis elle va s'asseoir à la table.

 

LACEY : Maman, vas-tu me dire ce qui s'est passé ?

 

SIBELLA : Non ... non, je ne veux pas t'embêter avec ça (elle montre avec son index le ventre arrondi de sa fille), surtout dans ton état.

 

LACEY (feignant l'indifférence) : Très bien.

 

Elle tourne les talons pour sortir de la pièce. Mais avant qu'elle n'en franchisse le seuil, Sibella l'interpelle.

 

SIBELLA (éclatant en sanglots) : Il m'a plaquééééé ! Le salaud, il m'a plaquée ... moi, qui l'ai sorti de la rue !

 

Lacey retourne vers sa mère et s'assoit près d'elle.

 

LACEY : Charlie ? Je n'arrive pas à y croire. Il était tellement amoureux de toi.

 

Sibella arrête de pleurer. Son visage change à nouveau. Il exprime de la haine.

 

SIBELLA : Cette ordure est parti avec Patty Clements, notre voisine. Sale garce ... je l'ai bien vu l'aguicher, mon Charlie. Mais je n'aurais jamais pensé qu'il puisse succomber à la tentation.

 

LACEY : Maman, je suis désolée.

 

Sibella se remet à pleurer à chaudes larmes.

 

SIBELLA : Il est partit le jour de l'anniversaire de notre rencontre. Je suis rentrée à la maison avec un gâteau que j'avais acheté. Il était en train de faire ses bagages. Il m'a dit qu'il était tombé amoureux de Patty Clements et qu'ils allaient partir ensemble chez la sœur de Patty, à Washington.

 

LACEY : Et qu'est-ce que tu as fait ?

 

SIBELLA : J'ai fait la seule chose qu'il y avait à faire. Je me suis approchée de lui et je lui ai balancé le gâteau à la crème en pleine figure.

 

LACEY : Non ?

 

SIBELLA (commençant à sourire) : Si ! Tu aurais dû voir sa tête. Enfin non, tu n'aurais rien pu voir, elle était presque entièrement recouverte de crème.

 

Lacey se met à pouffer de rire, puis se reprend.

 

LACEY : Excuse-moi, ce n'est pas drôle.

 

SIBELLA : Oh si, c'était vraiment très drôle.

 

Sibella se met à rire, imitée par Lacey.

 

 

 4  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE HAYLEY

 

HAYLEY (haussant les épaules) : Je n'y comprends rien.

 

Hayley, David, Aiden et Hector sont assis autour de la grande table ronde du salon. Hayley tient une lettre dans ses mains. David la lui prend.

 

DAVID : Papa, as-tu une idée de qui a pu t'envoyer cette lettre ?

 

HECTOR : Nous l'avons trouvée dans notre boite aux lettres. Tapée à la machine, pas signée, sans adresse d'expéditeur, et sans timbre.

 

AIDEN : Ce qui veut dire que quelqu'un l'y a déposé.

 

HECTOR : Dès que j'ai lu le contenu de cette lettre, j'ai sauté dans le premier avion.

 

HAYLEY : Qui a bien pu écrire des insanités pareilles ?

 

DAVID : L'auteur de la lettre sait où j'habite puisqu'il a donné l'adresse. Mais pourquoi avoir écrit que j'avais des mœurs dissolus ?

 

HAYLEY (passant ses bras autour de la taille de David tout en regardant Hector) : Et c'est pas vrai ! Nous menons une vie tout ce qu'il y a de plus ordinaire. (elle regarde David) N'est-ce pas chéri ? (à Hector) David est si gentil, nous sommes tombés amoureux dès notre première rencontre...

 

La sonnette de la porte d'entrée retentit. Aiden se lève pour aller ouvrir, tandis que Hayley poursuit son laïus.

 

HAYLEY : ... et je peux vous dire que nous formons un couple harmonieux et équilibré. D'ailleurs, je suis issue d'une famille unie et sans problème.

 

Aiden revient dans le salon portant à chaque bras une lourde valise et accompagnée d'une femme d'un certain âge, en tailleur chic, ... Son allure, une cigarette à la bouche et sa démarche mal assurée surprennent Hayley, David et Hector.

 

HAYLEY (à voix basse, baissant la tête de côté) : Manquait plus que ça !

 

LA FEMME : C'est moi chérie ! Je suis éreintée. J'ai passé une demi-heure à l'aéroport en attendant ce maudit taxi que j'avais commandé. Et en plus, il n'y avait pas de bar ... Juste un coffe shop (elle fait la moue) et ils ne servaient que du café ! Quelle horreur ! Tiens, sers-moi un verre de vodka, ça va me rafraîchir le gosier.

 

Hayley pose ses deux mains sur son front en faisant la moue. Puis essayant de se ressaisir.

 

HAYLEY : Maman ! (décontenancée autant qu'Aiden à qui elle lance un regard en coin et qui, les valises encore à la main, est resté planté debout derrière leur mère) Quelle joie de te revoir.

 

Le visage d'Hector traduit une sorte d'incompréhension, mais aussi d'hostilité vis à vis de la nouvelle venue tandis que David se prenant la tête des deux mains pousse un long soupir.

 

 

 5  GARDEN PLACE - NOUVELLE RÉSIDENCE DE NANNE

 

Nanne, Menley, Jillie et Kristen entrent dans le grand salon de la résidence.

 

MENLEY : Nanne, cette bâtisse est extraordinaire.

 

JILLIE : Les chambres sont immenses.

 

KRISTEN : Moi c'est le jardin que j'adore. Je passerai des heures et des heures à me prélasser sur une chaise longue, à l'abri d'un grand chêne.

 

MENLEY : Nanne, ce château est vraiment très grand. Tu n'as pas peur de t'y sentir seule ?

 

NANNE : Qui te dis que je vais y vivre seule ?

 

JILLIE : Oh ... est-ce que tu vas maintenant nous dévoiler l'existence d'un beau prince charmant ?

 

NANNE (riant) : Pas du tout... Dans le genre prince charmant qui se transforme en crapaud, j'ai déjà donné.

 

MENLEY : Alors, qui va habiter ici avec toi ?

 

NANNE (ouvrant les bras devant ses amies) : Vous !

 

Menley, Jillie et Kristen affichent leur surprise.

 

KRISTEN : Comment ça, nous ?

 

NANNE : J'ai acheté ce château ce matin pour qu'on puisse y vivre toutes ensemble. Depuis la catastrophe de Garden Place, on vit tous éloignés les uns des autres. C'est dommage. Et puis, je dois vous dire que je m'ennuie toute seule. J'ai vraiment besoin d'amies comme vous autour de moi.

 

MENLEY : Nanne, je t'ai pourtant dit que je ne voulais pas m'éloigner de Los Angeles pour l'instant.

 

NANNE : Mais ça me ferait vraiment plaisir. Je sais que Jillie et toi, vous avez l'intention d'acheter une maison à Chrystal View. Mais je me suis renseigné auprès de Nick Kirios récemment et il m'a dit que les résidences ne seront pas livrées avant plusieurs mois. Alors, en attendant, ce serait vraiment sympa de venir ici me tenir compagnie. (voyant les mines interrogatives de ses amies) Allez... ne vous faites pas prier.

 

MENLEY (faisant une nouvelle fois le tour de la pièce les yeux levés) : Pour moi, c'est d'accord. J'en ai vraiment plus qu'assez de vivre avec Beth Layton. Cette fille va me rendre dingue.

 

Jillie regarde sa mère. Kristen hausse les épaules.

 

KRISTEN (regardant le jardin par une fenêtre) : On pourra acheter une chaise longue.

 

NANNE (radieuse) : Formidable ! Il faut qu'on fête ça.

 

KRISTEN : Pas maintenant. (elle regarde Jillie) C'est l'heure d'y aller.

 

Jillie regarde sa montre.

 

JILLIE : Oui, on est attendu au bureau de Maître Lu Ming.

 

MENLEY : La notaire ?

 

KRISTEN : Oui, c'est aujourd'hui qu'a lieu l'ouverture du testament de Flora.

 

 

 6  GARDEN PLACE - CABINET DE MAÎTRE LU MING

 

JILLIE (doucement) : Je n'arrive pas à y croire.

 

LACEY (en colère) : Je n'arrive pas à y croire !

 

Maître Lu Ming se trouve derrière son bureau. Elle retire ses lunettes de la main gauche, tout en tenant un document dans la main droite. Elle regarde l'assistance, en face d'elle, composée d'Eric et Lacey Krueger, et de Jillie et Kristen Perkins.

 

MAÎTRE MING : Les termes du testament sont clairs. Mlle Perkins, Flora vous laisse la totalité de ses parts du journal et souhaite que vous le dirigiez avec Eric.

 

 

 7  DANS UNE RUE DE GARDEN PLACE, QUELQUES INSTANTS PLUS TARD

 

Eric sort du cabinet Ming, suivi par Lacey, qui claque la porte derrière elle. Ils marchent dans la rue.

 

LACEY : Comment a-t-elle pu faire une chose pareille ? Attendre près de quatre mois la lecture du testament et entendre cela !

 

ERIC (en marchant) : Jillie était sa fille. C'est normal.

 

LACEY (qui s'énerve) : C'est normal ! C'est normal ?! Eric, ce journal a été créé par ton père. Flora n'a été sa femme à peine quelques mois. Et maintenant Jillie s'octroie la moitié du journal. Ce n'est pas juste.

 

ERIC : Je ne vois pas ce que je peux faire contre ça.

 

LACEY (stoppant Eric d'une main et l'obligeant à la regarder en face) : Jillie est une opportuniste de première. Elle n'a aucun droit sur le journal.

 

ERIC (reprenant sa marche) : Ce n'est pas ce qu'a dit la notaire.

 

LACEY (immobile) : Je me fiche de ce qu'a dit la notaire ! Rachète-lui ses parts, qu'elle sorte définitivement de nos vies !

 

ERIC (se retournant et haussant la voix) : Ce n'est pas le journal qui t'embêtes, mais plutôt le fait que je vais travailler avec Jillie.

 

LACEY (caressant son ventre) : Je ne veux pas qu'elle s'immisce dans notre vie.

 

ERIC : Ce n'est pas à toi de décider.

 

Eric lui tourne le dos et poursuit son chemin.

 

 

 8  GARDEN PLACE - DANS UN SALON DE THÉ

 

Kristen et Jillie sont attablées devant un café et une pâtisserie.

 

JILLIE : C'est un cadeau empoisonné.

 

KRISTEN (posant sa main sur la sienne) : C'est un très beau cadeau, Jillie.

 

JILLIE : Tu ne sembles pas comprendre, Maman. Ca va compliquer bien des choses.

 

KRISTEN : Ca risque juste d'embêter Lacey Calvin, et c'est très bien comme ça.

 

JILLIE : Krueger. C'est une Krueger maintenant et elle ne va pas laisser faire une chose pareille.

 

KRISTEN : Elle n'a pas son mot à dire.

 

JILLIE : Ce journal appartient à la famille Krueger, et je ne suis pas une Krueger.

 

KRISTEN : Est-ce que ça veut dire que tu vas vendre tes parts à Eric ?

 

JILLIE : Je n'en sais rien.

 

KRISTEN : Si tu fais ça, tu vas à l'encontre des dernières volontés de Flora ... Penses-y.

 

 

 9  GARDEN PLACE - APPARTEMENT DE NICHOLAS KIRIOS

 

L'appartement se trouve au dernier étage dans un immeuble proche du chantier de construction de Chrystal View.

 

MENLEY : Je pense que ce n'est pas une bonne idée, Nick.

 

Il regarde par la fenêtre et se tourne vers Menley, qui dispose les couverts sur la table.

 

NICK : Pourquoi ? On est bien ensemble, non ?

 

MENLEY : Je pense que c'est un peu trop tôt.

 

NICK : Menley, ça fait quatre mois qu'on se connaît. Ca devrait être suffisant, non ?

 

MENLEY : De toute façon, j'ai déjà accepté la proposition de Nanne.

 

NICK : Nanne n'est qu'une excuse. Tu ne veux pas vivre avec moi, sois honnête et ne te sers pas de ton amie comme excuse !

 

Menley contourne la table et se plante devant Nick.

 

MENLEY : Comment oses-tu dire une chose pareille ? Je ne cherche aucune excuse ! Je trouve que tout cela va trop vite. Il me faut du temps.

 

NICK (étonné) : Trop vite ?! Nous n'avons pas encore ...

 

MENLEY (l'interrompant) : ... arrête ! (attristée) Tu sais très bien que je ne souhaite pas reparler de cela.

 

NICK (la prenant dans ses bras) : Je sais. Pardonne moi, je ne voulais pas te blesser.

 

MENLEY (la tête posée dans le creux de son épaule, les yeux embués) : J'ai besoin de temps ... pour cela aussi.

 

NICK (lui caressant les cheveux) : Nous avons tout le temps devant nous.

 

MENLEY (dans un souffle) : Je t'aime Nick.

 

NICK : Je t'aime, Menley. Je... je t'aime et je veux vivre avec toi. Je veux pouvoir tout partager avec toi.

 

MENLEY (se ressaisissant) : Ecoute, je vais aller passer les fêtes de Noël chez mes parents, dans le Minnesota. Ca me permettra de réfléchir à la situation. On reprendra cette discussion à mon retour. (se détachant de lui et en souriant) En attendant ... un superbe rôti nous attend. Alors, ne gâchons pas cette soirée... d'accord ?

 

Nick l'embrasse et lui sourit.

 

NICK : D'accord.

 

Mais une fois que Menley tourne les talons pour se rendre dans la cuisine, le sourire de Nick s'efface devant la grande baie vitrée qui offre une vue d'ensemble sur la ville en reconstruction. Il secoue la tête.

 

 

 10  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE HAYLEY

 

Le dîner est déjà bien entamé, tout comme Ivana ! La mère de Hayley et d'Aiden est assise à côté d'Hector, face à  Aiden. David et Hayley sont en bout de table. Ivana se penche vers Hector. Winston manchonnant un bout du lacet qu'il a arraché à la chaussure d'Hector observe la scène allongé dans son panier posé près de la table.

 

IVANA : Hector... Hector... quel drôle de nom ! Ce n'est pas le nom du méchant majordome des "Aristochats" ?

 

Hector est visiblement gêné par la présence d'Ivana, qu'il ose à peine regarder.

 

IVANA : Dites-moi Hector, vous n'êtes pas bien causant. C'est votre Religion qui vous l'interdit ?

 

HAYLEY (fusillant du regard sa mère) : Maman !

 

IVANA : Quoi, ma chérie ! Je pose des questions... c'est tout.

 

AIDEN (pour détendre l'atmosphère) : Le père de David est pasteur de l'Eglise Neo-Evangéliste.

 

IVANA : Oh ... Et qu'est-ce qu'elle a de nouveau votre Eglise par rapport à l'ancienne ?

 

HAYLEY : Je t'en prie.

 

IVANA : Bon ... et où exercez-vous ce beau métier, mon père ?

 

DAVID : Nous venons du Minnesota.

 

IVANA : Ca ne m'étonne pas vraiment.

 

HAYLEY : De Walnut Grove. (à David) C'est bien ça chéri, je ne me trompe pas ?

 

Ivana pose une main sur l'épaule d'Hector et approche son visage du sien.

 

IVANA : Et après ça vous allez me dire que vous avez une petite fille qui a les dents de travers, qui porte des tresses et qui dit sans cesse (imitant la voix d'une petite fille) "Oh, ça oui alors !".

 

HAYLEY (interrompant sa mère et s'adressant à Hector) : Quels sont vos projets pour Noël ?

 

HECTOR : Nous passons Noël en famille. (il se tourne vers David) Ta sœur sera là. Veux-tu nous honorer de ta présence, mon fils ? Vous nous avez déjà tant manqué tous les deux pour Thanksgiving.

 

David ne répond pas. Résigné Aiden n'intervient plus dans la conversation entre sa mère et sa sœur et plonge son regard dans son assiette.

 

IVANA (s'adressant tour à tour à Hayley, Aiden David et Hector) : Oh, c'est parfait... Une petite semaine chez les paysans, j'aimerai beaucoup. Ce serait une expérience unique pour moi ... manger une bonne soupe dans un bol, marcher avec des sabots, me vautrer dans la paille, roter à la fin d'un bon repas ...

 

HAYLEY (interrompant sa mère dans son délire) : Maman, je ne crois pas que...

 

IVANA (interrompant sa fille et souriant à Hector) : C'est d'accord, nous viendrons. (à Hayley) Tiens, chérie, verse moi une autre vodka.

 

HAYLEY (exaspérée) : Maman, on est en plein dîner !

 

IVANA : Et alors ? J'ai commencé la journée avec de la vodka, et je m'y tiens. (elle se penche vers Hector avec un sourire niais) Je ne supporte pas les mélanges.

 

 

 11  UNE RUE à LOS ANGELES

 

La caméra nous montre les portes de sorties d'un grand théâtre. Parmi la foule qui sort, on reconnaît Nanne et Frank.

 

NANNE : Extra, cette pièce.

 

FRANK : Oui, ça faisait longtemps que je n'avais pas autant rie. Merci beaucoup.

 

NANNE : Merci de quoi ?

 

FRANK : D'avoir réussi à me convaincre de sortir. J'avais vraiment besoin de voir du monde.

 

NANNE : Je sais que ce n'est pas très facile pour toi, en ce moment.

 

FRANK : C'est une mauvaise passe. Ca ne va pas durer.

 

Ils marchent dans la rue et s'arrêtent près d'un marchand de beignets. Nanne sent la bonne odeur de la pâte à beignets.

 

FRANK : On se laisse tenter ?

 

Nanne hoche la tête, l'eau à la bouche. Frank commande deux beignets aux framboises. Mais il n'a pas le temps de sortir son argent. Nanne le devance et donne les six dollars réclamés par le vendeur. Ils prennent les beignets et continuent à marcher.

 

FRANK : Nanne, tu n'avais pas à faire ça, tu sais.

 

NANNE : A faire quoi ?

 

FRANK : Payer les beignets. Je ne suis pas totalement sur la paille, tu sais.

 

NANNE : Est-ce qu'il t'aide financièrement ?

 

Frank s'arrête brutalement, et regarde Nanne.

 

FRANK : Mais de quoi parles-tu ?

 

NANNE : Menley m'a tout raconté. A propos de toi et de... Malcolm. C'est bien comme ça qu'il s'appelle ?

 

Frank, gêné, ne répond pas. Ils se remettent à marcher. Nanne mord dans son beignet.

 

NANNE : Vraiment délicieux.

 

Frank ne dit toujours rien. Nanne décide de relancer la conversation.

 

NANNE : Je ne vois pas pourquoi tu as peur d'en parler.

 

FRANK : Je n'en ai peut-être pas envie, tout simplement.

 

NANNE : J'aimerais beaucoup le connaître.

 

FRANK : Pourquoi ?

 

NANNE : Parce que j'ai l'intention de faire un petit repas de Noël et je compte vous inviter tous les deux.

 

FRANK : Non, je ne crois pas que ce soit une bonne idée, Nanne.

 

NANNE : Frank, je vais me retrouver toute seule le soir de Noël. Lacey passe les fêtes avec Eric, Menley chez ses parents. (joignant ses mains en signe de prière) Aie pitié d'une pauvre malade.

 

FRANK (haussant la voix) : Ne parles pas comme ça !

 

NANNE : Désolée. Frank, tu me manques.

 

FRANK : Il s'appelle Malcolm et il fait plusieurs boulots, dont celui de serveur dans un bar.

 

NANNE : Et il est canon ?

 

FRANK (faussement choqué) : Nanne !

 

NANNE : Il travaille en ce moment ?

 

FRANK : Oui.

 

NANNE : Alors, qu'est-ce qu'on attend pour aller le voir ?

 

FRANK : Tu plaisantes ?

 

NANNE : Pas du tout. J'ai soif. Je prendrais bien un verre.

 

FRANK (souriant) : Toi alors !

 

 

 12  GARDEN PLACE - RÉSIDENCE KRUEGER

 

SIBELLA : Et pourquoi pas du mouton ?

 

Sibella et Lacey sont autour de la table de la cuisine. Des fiches cuisines sont éparpillées sur la table. Lacey a un crayon dans la main.

 

LACEY : Du mouton ? Tu plaisantes, j'espère.

 

SIBELLA : Ecoute, il faut faire un repas pas comme les autres.

 

LACEY : Effectivement, du mouton pour Noël, ça sort de l'ordinaire.

 

Eric entre dans la cuisine. Il va embrasser Lacey.

 

ERIC : Excusez moi pour le retard. J'espère que vous ne m'avez pas attendu pour dîner ? J'ai eu beaucoup de mal à boucler l'édito de demain.

 

LACEY (ironique) : Tu auras bientôt quelqu'un pour t'aider. A moins qu'elle ne sache pas écrire.

 

ERIC (décidé à ignorer sa remarque) : Et vous faites quoi ?

 

SIBELLA : On réfléchit au repas du soir de Noël. Que pensez-vous du mouton ?

 

ERIC : Du mouton ? Pourquoi pas des escargots ? Les français en raffolent.

 

LACEY (portant sa main à son cou et dans un rictus de dégoût) : Arrête, je vais avoir la nausée.

 

SIBELLA : Des escargots, ça c'est une bonne idée.

 

LACEY : Très bien, vous faites des escargots pour Noël, et rien que de sentir l'odeur, je suis sûre que je vais accoucher par la bouche.

 

SIBELLA (feignant l'écoeurement) : Lacey, tu es dégoûtante.

 

LACEY : Non, sérieusement. Il faut mieux faire un repas très simple. Madame Struggles ne sera pas là. Nous ne serons donc que trois.

 

ERIC : Non. Cinq.

 

LACEY : Comment ça, cinq ?

 

ERIC : J'ai invité Jillie et Madame Perkins.

 

LACEY : Tu as fait quoi ? Non, mais je rêve !

 

ERIC : Elles font partie de la famille.

 

LACEY : Je n'arrive pas à y croire. Comment as-tu pu inviter Jillie et sa sorcière de mère sans même m'en parler ?

 

ERIC : Et d'un, je t'en parle. Et de deux, si je t'en avais parlé avant, tu aurais refusé.

 

LACEY : Décommande-les !

 

ERIC : Quoi ?

 

LACEY : Eric, j'en ai par dessus la tête de Jillie. Elle me ressort par tous les pores de la peau. (elle commence à crier) Je ne peux pas faire un pas ou dire un mot sans que le nom de Jillie soit prononcé. (elle devient hystérique) Jillie par ci ! Jillie par là !

 

SIBELLA : Lacey, calme toi chérie. Ce n'est pas bon pour le bébé.

 

ERIC : Ta mère a raison. Une bonne fois pour toute, Jillie est une amie, rien de plus. Une amie et une associée maintenant. Si tu ne peux pas comprendre ça, tant pis pour toi.

 

LACEY : Eric, je suis ta femme. J'ai mon mot à dire.

 

ERIC : Tu n'es pas objective. Tu détestes Jillie, et tu ferais tout pour l'éloigner de nous.

 

Eric s'apprête à partir. Mais avant qu'il ne parte, Sibella l'interpelle timidement.

 

SIBELLA (hésitante) : Mmm, on sera combien, finalement ?

 

ERIC (en colère) : Cinq !

 

Puis il quitte la cuisine en claquant la porte, si fort que Sibella sursaute. Lacey baisse les yeux. Sibella lui prend la main.

 

SIBELLA : Allons, ma chérie. Ce n'est pas si grave.

 

LACEY : Si c'est grave, Maman. C'est fichu, tu comprends ? Eric va inévitablement se rapprocher de Jillie et il va me laisser tomber.

 

SIBELLA : Tu portes son enfant, ne l'oublie pas. Ecoute, je ne crois pas qu'il va te laisser tomber. Il t'aime. Mais si le cas se présente, n'hésite pas à te servir du bébé pour le garder.

 

 

 13  UN BAR à LOS ANGELES

 

NANNE : C'est un endroit plutôt chic, dis donc.

 

Nanne et Frank viennent d'entrer à l'intérieur d'un bar. L'endroit est clair et agréable. Des tables rondes sont dispersées dans la salle, avec des banquettes en velours bleu autour de chaque desserte. Au fond de la pièce, un comptoir tout en bois de noyé. A droite, on trouve une petite estrade ovale parsemée de spots discrets. Au milieu de cette petite scène, un pianiste interprète un morceau de jazz.

 

FRANK : Oui. Les consommations doivent être hors de prix, ici.

 

NANNE : Ne t'inquiète pas pour ça. C'est moi qui t'es demandé de venir, c'est donc moi qui invite.

 

Frank ouvre la bouche pour protester, mais Nanne lève la main d'un air entendu.

 

NANNE : Et on ne discute pas !

 

Frank lui sourit en guise de remerciements. Nanne scrute l'endroit.

 

NANNE : Alors, il est où ton bel Apollon ?

 

FRANK : Il doit sans doute être au bar. Allons-y.

 

Ils traversent la pièce et parviennent au bar. C'est homme d'une quarantaine d'année qui sert au bar. Ils regardent Nanne et Frank qui prennent place sur des tabourets.

 

LE SERVEUR : Vous désirez ?

 

FRANK : Je cherche Malcolm Reed.

 

LE SERVEUR : Je ne connais pas de Malcolm Reed, désolé.

 

FRANK : Pourtant, il m'a dit qu'il travaillait ici ce soir.

 

Le serveur fronce les sourcils en réfléchissant.

 

LE SERVEUR : Vous voulez sans doute parler de Mack. Il est à la table 3.

 

Le serveur montre du doigt la table. Frank et Nanne se retournent. A la table en question se trouvent deux couples. Un homme jeune et une femme d'une quarantaine d'année, ainsi qu'une femme blonde un peu plus jeune assise à côté de Malcolm. Vêtue d'un smoking, le jeune homme semble très à l'aise. Soudain, la femme se penche vers lui et l'embrasse sur la bouche, avant de lui pincer la joue. Malcolm se met à rire. Frank observe la scène, les yeux vides d'expression, ne pouvant pas croire ce qu'il voit.

 

LE SERVEUR : Si vous êtes des clients de Mack, je crois qu'il ne pourra rien pour vous ce soir.

 

Frank se retourne brusquement vers le serveur.

 

FRANK : Que voulez-vous dire ?

 

LE SERVEUR : La blonde est la fille d'un ponte de l'industrie aéronautique. A mon avis, elle l'a engagée pour toute la nuit ... (il fait un clin d'œil) si vous voyez ce que je veux dire.

 

Le visage de Frank se crispe.

 

LE SERVEUR : Je vous sers quoi ?

 

FRANK : Rien, je n'ai plus soif.

 

Frank se précipite vers la sortie, suivit de Nanne. Malcolm, occupé à distraire sa cliente, ne les a pas vus.

 

Dehors, Frank marche à vive allure dans la rue, imité par Nanne.

 

NANNE : Frank, je suis désolée.

 

Frank s'arrête brusquement et s'affale sur un banc.

 

FRANK : Au moins, grâce à toi, je viens de découvrir le véritable visage de Malcolm Reed (avec un rictus) ... Mack.

 

NANNE : Frank, je crois que tu devrais parler avec lui.

 

FRANK : Pourquoi ? Les faits parlent d'eux-mêmes. Il m'a bien eu.

 

NANNE (soupirant) : Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à me le demander.

 

Frank lève la tête.

 

FRANK (les yeux embués) : En fait, j'aimerais bien avoir un endroit où habiter.

 

 

 14  SAN FRANCISCO - UN BAR DANS CASTRO STREET

 

Ivana entraîne sa fille Hayley à l'intérieur d'un bar.

 

HAYLEY (poussée par sa mère franchit le seuil du bar) : Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté de venir avec toi.

 

IVANA : Ma chérie, je suis ta mère.

 

HAYLEY (se retournant vers elle) : Mais c'est un bar gay !

 

IVANA : Et alors ?! Comme ça nous ne serons pas dérangées, voyons ...

 

HAYLEY (poussée par sa mère sur un tabouret face au comptoir) : A moins qu'un des clients ... (faisant du regard le tour de la salle remplie d'une clientèle hétéroclite) ... ne te prenne pour un vieux travlo !

 

IVANA (faisant d'une main le signe 2 et en indiquant au barman la bouteille de vodka accrochée au dessus du comptoir) : Oh, allez, ne boude pas mon plaisir, ma chérie. C'est ton frère qui m'a fait découvrir ces endroits. A l'époque où ton père et moi avons découvert les mœurs d'Aiden. Nous avons voulu savoir comment vivait notre fils.

 

HAYLEY (ironique) : C'est ce qui a donné l'idée à papa de te quitter pour le jeune mexicain qui entretenait la piscine.

 

IVANA : Cubain. Il était cubain et pas mexicain, une vraie merveille. Je dois reconnaître que ton père a toujours eu bon goût. (allumant une cigarette) Sur ce coup-là il m'a devancée.

 

Le barman blond peroxydé âgé d'à peine une vingtaine d'années vient servir les deux femmes.

 

IVANA (au barman) : Merci, mon chou. (à Hayley) : Il me rappelle ton frère à son âge.

 

HAYLEY : Maman, j'ai dit aux autres que je te raccompagnais à ton hôtel.

 

IVANA : Et alors, tu l'as fait.

 

HAYLEY : Oui, mais nous n'avons fait que déposer tes valises et tu m'as ensuite traînée ici. Il est plus de 2 heures du matin.

 

IVANA : Je te vois si peu. (en avalant une gorgée de vodka) En tant que mère et fille nous devons entretenir, tu sais, cette ... complicité qui nous unit depuis ta naissance.

 

HAYLEY (accoudée au comptoir, se prenant la tête) : Mon Dieu. Epargne moi ton refrain sur l'amour maternel.

 

IVANA : Comme tu veux. Mais ne viens pas te plaindre un jour d'un quelconque manque de dialogue entre nous ... Ce sera de ta faute.

 

Ivana avale une nouvelle gorgée de vodka au moment où un homme vêtu d'une combinaison de latex à la façon Catwoman, portant un collier clouté autour du cou et tenu en laisse par un homme bodybuildé habillé d'un pantalon en cuir et d'un harnais sur le torse crie son prénom derrière elle.

 

L'HOMME : Ivanaaaaa !

 

IVANA (se retournant vers la voix stridente) : Jaaaack !

 

L'homme fait signe à son maître de le conduire au comptoir.

 

Ivana et Jack se font une "bise à la française", et prennent bien soin que leur lèvre ne touche pas leur joue.

 

IVANA : Comment vas-tu, ma chérie. (en jetant un coup d'œil au maître) C'est la nouvelle tendance du moment ?

 

JACK (joignant des gestes non équivoques à ses paroles) : Oh, tu sais, le train-train quotidien. Ca fait un bon bout de temps qu'on ne s'est pas vus, dis moi.

 

IVANA : Je suis arrivée il a y peu de temps en ville. Je reviens de Corée (elle réfléchit). A moins que ce ne soit le Japon. Enfin, dans un de ces pays où les gens ont les yeux bridés et un petit robinet. (en jetant à nouveau un coup d'œil au maître) Tu n'y aurais jamais trouvé ton bonheur, mon pauvre Jack.

 

HAYLEY (choquée) : Maman !

 

IVANA : Mais le saké y est très bon, là-bas.

 

JACK : Tu aurais pu venir nous voir au bureau.

 

IVANA : J'ai été très occupée, mon chou.

 

JACK : Je te rappelle que c'est ton agence.

 

IVANA : Oui, oui... mais tu la diriges très bien. Au fait, comment vont les affaires ?

 

JACK  (avec un sourire qui découvre ses dents) : Excellemment bien, ma puce. Je viens de vendre l'horriiiiiible château de Garden Place à une jeune femme, millionnaire mais d'une naïveté confondante.

 

IVANA : Tu parles de cette propriété ultra kitsch ? Quelle horreur ! J'ai été tellement contrariée qu'elle ne soit pas détruite par la chute de la météorite, nous aurions pu au moins empocher l'assurance. Mais si tu as réussi à la vendre, alors c'est encore mieux. Bravo ! Toutes mes félicitations, Jack ! Ca se fête ! Tu vas bien rester prendre un verre avec nous.

 

JACK : J'aimerais bien, mais je dois aller au sauna. (sur le ton de la confidence) J'ai quelques kilos à perdre.

 

IVANA : C'est ça... vas-y... et tu pinceras quelques jolies petites fesses de ma part.

 

Jack lui fait un clin d'œil avant de tourner les talons toujours tenu en laisse par son maître. Ivana les regarde quitter le bar en souriant.

 

IVANA : Quel charmant garçon. Je l'aurais bien proposé à ton frère, mais étant donné qu'Aiden n'est plus libre.

 

HAYLEY (fixant sa mère) : Qu'est-ce qui te fais dire ça ?

 

IVANA : Je t'en prie, chérie. Je ne suis pas née de la dernière pluie.

 

HAYLEY : Mais de quoi tu parles ?

 

IVANA : Ton David. Ce n'est pas à une vielle guenon qu'on apprend à faire des grimaces. C'est plutôt le genre de garçon à regarder "West Side Story" et "La Mélodie du bonheur" plutôt qu'un film de Stallone. C'est aussi le genre de garçon à posséder l'intégral des albums de Cher plutôt que ceux d'Eminem. (elle regarde Hayley dans les yeux) Je me trompe ?

 

HAYLEY : Le père de David n'est pas au courant.

 

IVANA : Si tu veux mon avis, le père de David n'est pas au courant de grand chose dans la vie. A part sa petite famille bien propre et ses serments du dimanche, c'est tout ce qu'il connaît. (terminant son verre) Il est tellement coincé ! 

 

HAYLEY : Surtout ne t'avise pas de le décoincer.

 

Ivana lève son verre vers le barman.

 

IVANA : Une autre, mon chou !

 

Le barman lui fait un clin d'œil en souriant.

 

 

 15  LOS ANGELES - APPARTEMENT DE MALCOLM ET DE FRANK, AU PETIT MATIN

 

Plan de la porte d'entrée de l'appartement, vu de l'intérieur. On entend un cliquetis de serrure et la porte s'ouvre sur Malcolm, visiblement exténué. Surpris, il aperçoit Frank assis dans un fauteuil, en face de lui.

 

MALCOLM : Déjà réveillé ?

 

FRANK : Alors, dure nuit ?

 

MALCOLM : Epuisante. Debout toute la nuit derrière un comptoir, ce n'est pas ...

 

FRANK (l'interrompant en haussant la voix) : Arrête tes salades !

 

MALCOLM (fronçant les sourcils) : Qu'est-ce qui ne va pas ?

 

Frank se lève et se dirige vers Malcolm. Ses yeux trahissent la colère.

 

FRANK : Pendant tout ce temps, tu n'as pas arrêté de me mentir.

 

MALCOLM : Frank, je ne comprends rien à ce que tu me raconte.

 

FRANK : Vraiment, Malcolm ? Ou peut-être devrais-je t'appeler Mack.

 

Malcolm baisse les yeux, se sentant coupable. Frank tourne les talons et se dirige vers le fauteuil. Il se baisse derrière le dossier et attrape un sac de voyage. Malcolm le regarde en fronçant les sourcils.

 

MALCOLM : Qu'est-ce que tu fais ?

 

FRANK : C'est évident, non ! Je pars.

 

MALCOLM : Tu ne peux pas partir comme ça. Ecoute, laisse moi t'expliquer. Ce n'est pas...

 

Frank lève la main, signifiant à Malcolm d'arrêter.

 

FRANK : Non, je ne veux rien entendre. Je n'en ai ni la force, ni l'envie.

 

MALCOLM : Dis-moi au moins où tu vas.

 

FRANK : Nanne a racheté le château de Garden Place. Je vais vivre chez elle en attendant de trouver un appartement. Tu feras suivre le courrier là-bas.

 

Frank s'apprête à ouvrir la porte lorsque Malcolm le retient en posant une main sur son bras.

 

MALCOLM : Frank, s'il te plaît, ne pars pas.

 

FRANK (regardant la main de Malcolm sur son bras) : Ne me touche pas !

 

Surpris par le ton agressif de Frank, Malcolm lâche son bras. Frank ouvre la porte et quitte l'appartement, en prenant soin de fermer la porte.

 

MALCOLM (en donnant un coup de poing dans la porte) : Et merde !

 

 

 16  UN CENTRE COMMERCIAL DE GARDEN PLACE, DANS LA MATINÉE

 

Nous nous trouvons dans centre commercial qui vient de rouvrir au centre ville à l'occasion des fêtes de fin d'année. Kristen flâne dans les rayons d'une parfumerie. Elle prend un flacon dans les mains, en vaporise son poignée et le porte à son nez. Elle semble en apprécier l'odeur. Une femme, à ses côtés, la regarde en secouant la tête. Il s'agit de Sibella.

 

SIBELLA (à Kristen) : Beaucoup trop sucré.

 

Kristen se tourne vers Sibella.

 

KRISTEN : Je vous demande pardon ?

 

SIBELLA : Ce parfum. Il est trop sucré. Je l'ai déjà essayé. Au début, il dégage un parfum subtil de vanille, mais au bout d'une heure, il tourne et sent la transpiration. Une véritable horreur. Vous devriez plutôt essayer celui-ci.

 

Elle prend dans le rayon un flacon qu'elle tend à Kristen. Cette dernière en vaporise sur son autre poignée.

 

KRISTEN : Mmmm. Délicieux. Vous avez raison.

 

SIBELLA : Et très discret en plus, vous ne trouvez pas ? Ma fille m'en avait offert un l'année dernière et depuis, j'en suis devenue accroc.

 

KRISTEN (en riant) : C'est très bizarre ce que vous me dites. J'avais l'intention de l'acheter pour ma fille.

 

SIBELLA : Nous voilà avec un point commun. Nous avons toutes les deux une fille.

 

KRISTEN : Vous semblez avoir bon goût. Peut-être pourriez-vous me conseiller sur le fard à paupières.

 

SIBELLA : Bien entendu. Suivez-moi.

 

Kristen et Sibella parviennent au rayon en question. Sibella sort une boite qu'elle présente à Kristen.

 

SIBELLA : Celui-ci ira très bien pour vous. Elle rehaussera vos pommettes.

 

KRISTEN : Vous avez raison. La couleur est parfaite, je trouve.

 

SIBELLA : Elle ira bien avec la couleur de vos yeux.

 

KRISTEN (souriant) : C'est vraiment très agréable de rencontrer une personne de goût. Je viens de m'installer dans la région avec ma fille, et je ne connais pas beaucoup de monde.

 

SIBELLA : Nous voilà donc avec un deuxième point commun : moi aussi je viens de m'installer à Garden Place.

 

KRISTEN : D'où venez-vous ?

 

SIBELLA : J'ai habité pendant quelques mois à Denver.

 

KRISTEN : Je connais bien cette ville. Très charmante.

 

SIBELLA : Oui. Sauf qu'elle est pour moi synonyme de mauvais souvenirs. Mon ami m'a quitté pour une voisine.

 

KRISTEN : Je suis vraiment désolée. Mais vous savez, les peines de cœur s'estompent avec le temps.

 

SIBELLA : Oh non !

 

KRISTEN : Oh si ! Croyez-en mon expérience.

 

SIBELLA : Non, ce n'est pas ce que je voulais dire, mais derrière vous, il y a une femme que je n'ai vraiment pas envie de voir. Je la connais, c'est une véritable garce.

 

Kristen est toujours en face de Sibella, si bien qu'elle ne voit pas Jillie arriver derrière elle.

 

SIBELLA : Elle a dû me voir. Elle vient vers nous.

 

Jillie est maintenant juste derrière Kristen. Sibella la regarde en faisant la moue.

 

JILLIE : Maman... je t'ai cherché partout.

 

SIBELLA (surprise) : Maman ?

 

Kristen se tourne vers Jillie. Cette dernière fixe Sibella.

 

JILLIE : Sibella... que faites-vous ici avec ma mère ?

 

SIBELLA (à Jillie) : C'est votre mère ! ?

 

KRISTEN (surprise) : Jillie, tu connais cette femme ?

 

JILLIE : Oh oui... Et nous allons même passer Noël ensemble. C'est la mère de Lacey.

 

Kristen se tourne vers Sibella en fronçant les sourcils.

 

KRISTEN : Vous venez de traiter ma fille de garce. Et derrière son dos, par dessus le marché.

 

SIBELLA : Parce que c'en est une. Une garce doublée d'une sale opportuniste.

 

KRISTEN : De quel droit osez-vous parler ainsi de ma fille !

 

SIBELLA : Parce que c'est la vérité. Elle ferait tout pour mettre le grappin sur le mari de ma fille.

 

JILLIE (voulant calmer le jeu) : Allez, viens Maman. Ne restons pas là.

 

KRISTEN (ignorant la remarque de Jillie) : C'est plutôt votre fille qu'il faut blâmer. Elle s'est faite engrossée uniquement dans le but de se marier avec Eric.

 

JILLIE : Maman, je t'en prie, partons.

 

SIBELLA (à Jillie) : C'est la version que vous avez donné à votre mère ? (à Kristen) Laissez-moi vous dire : ma fille n'est pas une opportuniste. Elle aime Eric et Eric l'aime.

 

KRISTEN : Bien sûr, et moi je suis Cléopâtre !

 

SIBELLA : Vieille momie ! Jillie n'est qu'une briseuse de ménage et une menteuse.

 

KRISTEN : Vous allez tout de suite retirer ce que vous venez de dire sur ma fille.

 

SIBELLA : Certainement pas ! Je n'ai fait qu'énoncer des faits réels.

 

JILLIE : Viens, Maman. Ca n'en vaut pas la peine.

 

KRISTEN : Retirez ce que vous venez de dire, sinon...

 

SIBELLA : Sinon quoi ?

 

Kristen ouvre la boite de fard à paupières qu'elle avait encore dans la main. Elle en retire le bâton qui sert à se maquiller, le badigeonne de produit bleu et lacère le visage de Sibella.

 

KRISTEN (accompagnant son geste) : Sinon, ça !

 

Surprise par l'attaque, Sibella pousse une exclamation et roule des yeux.

 

JILLIE (fermant les yeux) : Oh... non...

 

Sibella, le visage rayé par le fard à paupière, prend dans l'étalage une lotion démaquillante et en déverse le contenu sur les cheveux de Kristen. Une fois la surprise passée, Kristen fixe Sibella avec un regard empreint à la fois de haine et de dégoût.

 

KRISTEN : Espèce de...

 

Kristen se jette sur Sibella et lui tire les cheveux. Sibella la pousse tellement fort que Kristen tombe sur un lot de pot de crème hydratante en promotion. Les pots s'ouvrent et la crème se déverse sur le sol, provoquant ainsi une pâte blanchâtre et glissante. Sibella fonce sur Kristen et les deux femmes se battent comme des chiffonnières. La scène fait penser à des bagarres dans la boue, sauf que dans ce cas, la boue est blanche. Sibella et Kristen sont bientôt couverte de crème. Attiré par le bruit et les cris, les clients se pressent autour d'elle.

 

JILLIE (criant) : Arrêtez ! (regardant la foule) : Mais faites quelque chose !

 

Mais Sibella et Kristen continuent de plus belle sous les yeux amusés du public autour d'elles. C'est finalement le chef de rayon et son adjoint qui viennent séparer les deux femmes.

 

 

 17  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT D'URSULA ET DE JASON

 

Jason est installé sur son fauteuil, occupé à regarder un programme de télévangéliste, pendant qu'Ursula passe l'aspirateur dans la pièce. D'humeur massacrante, il se lève et retire la prise électrique. Surprise, Ursula lève la tête et voit Jason en colère.

 

JASON : Ursula, combien de fois faudra-t-il te dire de ne pas me déranger devant les serments de James Flanders ?

 

URSULA : Je suis désolée, Jason. J'avais oublié.

 

JASON : C'est ça ton problème ! Tu n'as pas de cervelle. Si tu te prélassais moins devant les feuilletons à l'eau de rose et si tu priais un peu plus, Dieu te donnerait la lumière suprême comme Il me l'a donné. Et tu vivrais en harmonie avec toi même et avec ce qui t'entoure. T'ai-je déjà expliqué ce qu'est la lumière suprême ?

 

URSULA (soupirant) : Oui, Jason.

 

Jason s'apprête à lui faire un nouveau laïus lorsque le téléphone se met à sonner.

 

JASON : Nous continuerons cette conversation plus tard.

 

URSULA (pour elle-même pendant que Jason va décrocher le téléphone) : Une conversation, tu parles ! Un monologue plutôt.

 

JASON (au téléphone) : Allô ... Oui c'est moi ... oui ... pourquoi ?... Je ne sais pas, disons ce soir vers 18 heures. Ici.  

 

 

 18  GARDEN PLACE - BUREAU DE NICHOLAS KIRIOS

 

BETH : Je ne vous dérange pas ?

 

Nick, assis devant son bureau, lève la tête et sourie.

 

NICK : Beth. Non, non, entrez.

 

BETH : Votre secrétaire n'était pas là...

 

NICK : Que me vaut le plaisir de cette visite ?

 

BETH : Je suis venue parler affaires.

 

NICK : Oh... je vous écoute.

 

BETH : J'aimerai acquérir une villa à Chrystal View.

 

NICK : Vous n'êtes pas sans savoir que Menley a également pris une option sur une des résidences.

 

BETH : Je l'ai supporté pendant quatre mois comme co-locataire, je pourrais bien la supporter comme voisine.

 

NICK (en riant) : J'image déjà les querelles de voisinage.

 

BETH : Ah, au fait, tenez ! (elle sort de son sac plusieurs enveloppes) C'est le courrier de Menley. Je l'ai vu quitté le bungalow avec ses valises, j'ai pensé que vous pourriez dans ce cas lui donner son courrier.

 

NICK (se renfrognant) : Menley est partie chez ses parents pour Noël.

 

BETH : Vous ne passez pas les fêtes ensemble ?

 

Beth s'installe sur la chaise en face de Nick. Devinant des problèmes entre Nick et Menley, elle est curieuse d'en connaître la raison.

 

NICK : Non.

 

BETH : Vous savez, je ne comprends pas pourquoi Menley a préféré aller vivre avec Nanne plutôt qu'avec vous.

 

NICK : Moi non plus. J'avoue que j'ai un peu de mal à la cerner. (désirant changer de sujet) Voulez-vous venir voir l'avancement des travaux ?

 

BETH : Quels travaux ?

 

NICK : Chrystal View. Vous êtes toujours décidée à acheter une villa ?

 

Beth se lève.

 

BETH : Oui, naturellement. Mais je n'ai pas le temps aujourd'hui. On en reparlera ... (elle hésite un instant) Vous avez des projets pour la soirée de Noël ?

 

NICK : Pas vraiment. Mon père est parti en Grèce pour les fêtes. Je pense que je vais louer l'éternelle cassette de "La vie est belle" et pleurer devant Donna Reed et James Stewart.

 

BETH : J'ai mieux à vous proposer. On pourrait passer la soirée ensemble.

 

NICK (hésitant) : Je ne sais pas.

 

BETH : Ecoutez, je suis également toute seule pour Noël. Mes parents sont partis en Europe. Je dois vous avouer que je déprime à l'idée de me retrouver seule pour la plus belle nuit de l'année.

 

NICK : Je vous préviens que je ne serais peut-être pas de bonne compagnie.

 

BETH (avec un clin d'œil) : Alors, tant qu'à déprimer, déprimons ensemble.

 

NICK (avec un sourire) : D'accord, si vous y tenez. Et où voulez-vous passer cette belle soirée ?

 

BETH : Je vous téléphonerai pour vous donner rendez-vous. Je dois y aller. A bientôt.

 

Beth quitte le bureau. Dehors, elle pousse un cri de victoire, puis sort son téléphone portable et compose un numéro.

 

BETH : Allô, maman c'est moi. Je ne pourrai pas venir à Noël comme prévu ... j'ai un empêchement ... Je sais bien, moi aussi ça m'embête, mais je ne peux pas faire autrement. Non Maman, non... pourquoi penses-tu que j'ai des ennuis ? ... D'accord, je te rappelle.

 

Elle raccroche, un sourire aux lèvres.

 

 

 19  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT D'URSULA ET DE JASON

 

JASON : Joss Kelley. Ce nom ne dit quelque chose.

 

Installé sur son traditionnel fauteuil, Jason se trouve en face d'un homme au cheveux grisonnant, d'une cinquantaine d'année. Ursula apporte des rafraîchissements.

 

JOSS KELLEY : Je suis producteur à Hollywood. Je travaille principalement sur des séries télévisées et des téléfilms.

 

URSULA : Ah oui ... C'est vous qui produisez "Filby McAllister" ?

 

KELLEY : Oui, nous en sommes à la huitième saison.

 

URSULA : C'est ma série préférée. Sauf que j'ai été très triste lorsque Jeremy est mort d'une overdose juste après avoir appris qu'il était le père de l'enfant qu'attendait la femme de son père. Vous auriez pu ...

 

JASON (l'interrompant) : Ursula, tu ennuies Monsieur Kelley. Vas plutôt nous chercher quelque chose à grignoter.

 

Ursula se renfrogne et va à la cuisine. Jason se penche vers le producteur.

 

JASON : Si vous me parliez un peu du but de votre visite.

 

JOSS : Je n'irai pas par quatre chemins, Monsieur Patrick. Votre vie nous intéresse au plus haut point et nous souhaiterions en faire une mini série.

 

JASON : Vous plaisantez ?

 

JOSS : Pas du tout. On peut dire que vous avez eu un parcours peu orthodoxe pour votre jeune âge.

 

JASON : Savez-vous que j'ai toujours voulu devenir acteur ?

 

JOSS : Je sais tout de vous, Monsieur Patrick.

 

JASON : Est-ce que je pourrai jouer mon propre rôle ?

 

JOSS (remuant sur sa chaise) : Jason. Je peux vous appeler Jason ? (sans prendre le temps d’écouter la réponse) Jason. Nous sommes intéressés par votre histoire. La chute de la météorite, vous seul au milieu d’une ville …C'est votre histoire que nous voulons acheter et adapter à l'écran.

 

URSULA (passant la tête par la porte de la cuisine) : Euh. J’étais là, aussi.

 

JOSS (regardant Ursula) : Chère Ursula. Vous permettez que je vous appelle ainsi. Mais oui ! C’est encore mieux. Un jeune couple d’amoureux victime d’une pluie de météorite dans une ville désertée par ses habitants. Voilà une super histoire à raconter aux téléspectateurs.

 

Ursula rayonnante rejoint les deux hommes au salon.

 

JASON : J’ai toujours rêvé d’être acteur, vous savez.

 

JOSS : Je vous propose, à vous et à votre (lançant un clin d’œil à Ursula) charmante amie un contrat de conseiller artistique en plus de l'achat des droits sur votre histoire. Qu’en pensez-vous ?

 

Jason hausse les sourcils puis regarde Ursula dont les yeux pétillent.

 

JASON : J'en dis que votre proposition est très alléchante.

 

 

 20  WALNUT GROVE - MAISON DES WEAVER, DANS LA MATINÉE DU 24 DÉCEMBRE

 

Marge ouvre la porte d'entrée en souriant. David se trouve en face d'elle emmitouflé dans un manteau, une écharpe autour du cou et un bonnet sur la tête baissé jusqu'aux oreilles.

 

DAVID : Bonjour, Maman.

 

MARGE : David !

 

Elle se jette sur lui, heureuse de le revoir. Elle l'embrasse puis lui pince les joues.

 

MARGE : Mon Dieu, tu as encore maigri ! Regarde toi, tu n'as plus que la peau sur les os. Ta vieille mère va remédier à ça. Je vais te préparer tous les plats dont tu raffoles. Tu reprendras des forces plus vite qu'il ne faut pour le dire.

 

Marge regarde derrière l'épaule de son fils et voit Aiden et Hayley, avec Winston dans ses bras, sortir du taxi et marcher dans le chemin qui mène à la maison et qui vient à peine d'être dégagé de la neige qui continue à tomber à gros flocons. Chacun porte un sac de voyage en bandoulière.

 

MARGE : Qui est-ce ?

 

Aiden et Hayley arrivent devant la maison.

 

DAVID : Maman, je te présente Aiden et Hayley.

 

HAYLEY (tendant la main après avoir enlevé ses gants et lâcher Winston qui se précipite dans la maison passant entre les jambes de Marge qui ne s'aperçoit de rien) : Waoh quel temps ! Madame Weaver, c'est très gentil à vous de nous accueillir.

 

Hayley sert la main de Marge avec un grand sourire. Hector arrive à ce moment, transpirant à grosses gouttes malgré le froid, avec deux valises remplies à l'excès. Il s'arrête près de Marge et pose les valises sur le pas de la porte, exténué.

 

MARGE (à Hayley) : Excusez-moi, mais ... qui êtes-vous ?

 

HECTOR (à Marge) : La petite amie de David. Et lui (il fait un signe de tête en direction d'Aiden) c'est son frère.

 

MARGE (regardant les deux grosses valises que transportait Hector) : A qui sont ces valises ?

 

HECTOR (sèchement, faisant un signe de tête en direction du taxi) : A elle.

 

Marge se tourne et aperçoit Ivana qui arrive de la voiture en clopinant, avec une cigarette à la bouche. Elle est habillé d'un manteau de fourrure et Marge roule des yeux en voyant le superbe tailleur qu'elle porte dessous quand arrivée dans la maison elle se déshabille.

 

IVANA (tendant à Marge son manteau puis en courant se réchauffer comme Winston contre la cheminée dans le salon en se frictionnant) : Quel temps de m ... (elle se tourne innocemment vers Hector) Pardonnez-moi mon père, j'allais me montrer grossière ... (à Winston couché devant la cheminée) C'est pas un temps à mettre un chien dehors, non plus, hein mon Winston (en s'abaissant pour caresser le ventre du chien qui a roulé sur le dos) Mais dites-moi, (se levant et s'adressant à Hector) en arrivant je n'ai pas senti l'odeur des cochons, vous leur avez fait prendre un bain à l’occasion des fêtes où c'est à cause du froid qui gèle même les mauvaises odeurs ?

 

HECTOR (soupirant) : On élève des poules.

 

IVANA (candide) : Ah bon... Et c'est inodore ?

 

Hector secoue la tête, reprend ses valises et entre dans la maison. Ivana se tourne alors vers Marge.

 

IVANA : Vous devez être Maggie ... moi c'est Ivana.

 

MARGE : Marge.

 

IVANA : Marge ?... Mon Dieu quel nom... original.

 

Marge entreprend de toucher du bout des doigts le chemisier d'Ivana avec des yeux exprimant l'envie.

 

MARGE : C'est de la soie ?

 

IVANA : Bien évidemment, très chère. Je ne sors jamais sans Versace. (levant les yeux au ciel) Dieu ait son âme.

 

Marge regarde autour d'elle.

 

MARGE : Où est-il ?

 

IVANA : Dieu ? (dans un soupir) Qui peut le dire ? … Votre mari, peut-être, c’est son métier après tout !?

 

MARGE (le plus sérieusement du monde) : Votre ami Versace est aussi pasteur ?

 

Ivana est d'abord interloquée, puis se met à rire.

 

IVANA : On peut dire que vous avez le sens de l'humour, vous. Vous me plaisez.

 

MARGE : Je ne savais pas que David viendrait avec des amis. Mon mari ne m’a pas prévenu.

 

Menley descend les escaliers et va embrasser son frère dans le salon.

 

DAVID : Salut, petite sœur.

 

MENLEY (à l'oreille de David) : Est-ce que tout le monde se sent prêt à jouer la comédie devant les parents ?

 

DAVID (à voix basse, inquiet) : A vrai dire, je n'en sais rien. Hayley et Aiden, sans doute. Mais je crains que leur mère soit incontrô ...

 

Marge et Ivana en entrant à leur tour dans le salon les interrompent.

 

DAVID (changeant de conversation et prenant Menley au dépourvu) : Nick n'est pas là ?

 

MARGE : Nick ? Qui est Nick ?

 

DAVID : Son petit ami.

 

MENLEY (protestant) : Ce n'est pas mon petit ami.

 

MARGE : David qui débarque avec sa petite amie et sa belle famille, Menley qui sort avec un garçon dont je n'ai jamais entendu parler... (elle lève les mains au ciel) En l'espace de cinq minutes, j'ai connu trois personnes qui font partie depuis longtemps de la vie de mes enfants. Quand vous déciderez-vous enfin à tenir votre vieille mère au courant de votre vie ?!  (puis faisant volte face) Je vais aller préparer le dîner.

 

Pendant que Marge va dans la cuisine, laissant ses invités dans le salon, Ivana scrute la maison.

 

IVANA : Charmante, cette petite demeure (elle se penche vers David) Où se trouve le bar, chéri ?

 

 

 21  GARDEN PLACE - " CHATEAU DE NANNE "

 

Frank se trouve dans le grand salon, debout près de la fenêtre. Il regarde dehors. Ses yeux expriment la tristesse. Il est dans la pénombre. Soudain, la lumière s'allume. Frank tourne la tête et voit Nanne, habillée d'un tailleur très chic. Elle se dirige vers lui.

 

NANNE : Eh ! C'est le soir de Noël ! Tu ne devais pas faire une tête pareille !

 

FRANK : Je n'ai pas envie de faire la fête, ce soir.

 

NANNE : Et tu crois que rester planté là devant la fenêtre va résoudre tes problèmes ?

 

Frank lui fait un triste sourire.

 

FRANK : Je suis désolé Nanne. Je ne devrai pas réagir comme ça. Je sais que tes problèmes sont bien plus graves que les miens, et...

 

NANNE : C'est vrai qu'avaler une dizaine de comprimés par jour à des horaires précis, ça ne vous remonte pas le moral. Mais je me dis que finalement, la vie vaut d'être vécue et s'il faut avaler une tonne de médicaments, alors je le fais.

 

FRANK : J'admire ton courage, tu sais.

 

NANNE (faisant une pirouette) : En plus, je réalise un de mes rêves d'enfant. Je vis dans un véritable château comme les princesses des contes de fée. (arrêtant de tourner sur elle-même) Whitecastle, voilà comment je vais appeler cette propriété. (en riant) Après tout White House, c'est déjà pris, non ?

 

FRANK (riant avec elle) : Tu es extraordinaire. Si tu n'existais pas, il faudrait d'inventer.

 

NANNE : Bon, la dinde est dans le four. Elle ne sera pas prête avant une bonne heure.

 

FRANK (étonné) : Tu as fait une dinde ?

 

NANNE : Eh ! Tu crois qu'on va mourir de faim le soir de Noël ? Toujours est-il que nous avons une heure devant nous et que je voudrai te montrer quelque chose. Alors, habille-toi chaudement parce qu'on sort.

 

 

 22  GARDEN PLACE - RÉSIDENCE KRUEGER

 

Lacey et Sibella sont dans la cuisine, occupées à préparer le repas de Noël.

 

ERIC : Je viens de recevoir une facture de 1800 dollars du centre commercial. (il regarde Sibella qui épluche les pommes de terre). Je ne vous félicite pas !

 

LACEY : Laisse-la tranquille. Ce n'est pas sa faute.

 

Sibella, un pansement sur son menton,  baisse les yeux.

 

SIBELLA : Je vous rembourserai.  

 

ERIC : Je vous préviens vous deux. Ce soir, c'est Noël, et je ne supporterai pas de disputes dans cette maison. C'est compris ?

 

Sibella et Lacey ne disent rien. Elles continuent leur travail.

 

ERIC (plus fort) : C'est compris ?

 

Sibella et Lacey lèvent ensemble les yeux vers lui.

 

SIBELLA & LACEY (se forçant) : Oui !

 

La sonnerie de la porte d'entrée retentit.

 

ERIC : Très bien. Nous sommes d'accord.

 

 

 23  WALNUT GROVE - MAISON DES WEAVER

 

Le dîner de réveillon commence. Marge apporte l'énorme dinde.

 

MARGE : Et voilàààà !

 

Ivana est d'humeur festive.

 

IVANA : Oh, quelle superbe bestiole. Bravo, Maggie !

 

MARGE : Marge.

 

IVANA (regardant la dinde, elle se met à rire) : Vous savez à qui elle me fait penser, cette dinde ? A ma belle sœur. Comme le dit mon frère : bien chaude et toujours farcie.

 

Elle éclate de rire. Marge, Hector, Menley et David la regarde, à la fois étonnés et choqués. Aiden baisse la tête, gêné. Quant à Hayley, elle lance à sa mère un regard plein de reproches.

 

IVANA : Quoi, c'est Noël ! Si on ne peut plus plaisanter.

 

Elle prend son verre de bourbon et en avale une gorgée, tandis qu'Hector sert la dinde. Une fois les assiettes remplies, Ivana se précipite pour manger. Les autres la regarde. Hayley lui donne un coup de pied dans le genou pour lui faire signe de s'arrêter.

 

IVANA : Aïe ! Mais qu'est-ce qui te prends ?

 

Hayley fait un signe en direction d'Hector. Ivana comprend la situation.

 

IVANA : Ah, je vois ! J'oubliais où on avait mis les pieds.

 

Hector, Marge, David et Menley joignent leur main et baissent la tête. Hayley et Aiden se regardent, ne sachant que faire. Ivana baille.

 

HECTOR : Bon Père, nous te remercions pour ce repas ainsi que pour cette soirée exceptionnelle. Puisse tes brebis égarées revenir dans le droit chemin ...

 

Pendant le bénédicité d'Hector, Ivana, peu respectueuse, se lime les ongles.

 

 

 24  GARDEN PLACE - MAGASIN " GO BETH "

 

Beth a invité Nick dans son magasin pour le réveillon de Noël, elle a préparé un repas et a disposé une table près de la vitrine. Ils dégustent un lait de poule en parlant. Beth soupire.

 

NICK : Je ne savais pas que vous possédiez un magasin.

 

BETH : Oui, mais je n'en ai pas profité très longtemps. Je venais à peine d'ouvrir lorsqu'on a dû évacué Garden Place. Aujourd'hui, je suis contente que les réparations soient enfin terminés. Heureusement que l'assurance n'a pas fait traîner les choses. Le magasin rouvrira la semaine prochaine. J'espère faire des affaires avec les étrennes.

 

NICK : Je passerai faire un tour, c'est promis. Je vais d'ailleurs acheter quelque chose pour Menley.

 

Beth soupire.

 

NICK : Quelque chose ne va pas ?

 

BETH : Menley ! Vous n'avez donc aucun autre sujet de conversation ? Depuis le début de la soirée, vous n'avez parlé que d'elle.

 

NICK : Je suis désolé. Vraiment.

 

BETH : Je me demande bien ce que vous lui trouvez, à Menley.

 

NICK (diplomate et voulant changer de conversation) : Donc, vous rouvrez la semaine prochaine.

 

BETH : Oui, et je compte aussi sur le nouveau magasin d'à côté pour attirer la clientèle.

 

NICK : Quel magasin ?

 

BETH : Avant c'était un bar qui s'appelait "Chez Bronski". Mais Bronski est parti et a vendu l'affaire. Aujourd'hui, c'est une librairie, avec un coin salon de thé d'après ce que les ouvriers qui y ont fait les travaux de réparations et d'aménagement m'ont dit. Vous n'avez pas vu l'enseigne lorsque vous êtes arrivé ? Il s'appelle "Cookies 'n' Books".

 

 

 25  GARDEN PLACE - MAGASIN " COOKIES 'N' BOOKS "

 

Sans transition, la caméra fait un plan de l'enseigne "Cookies 'n' Books", puis descend sur les deux personnes se trouvant devant la boutique. Il s'agit de Frank et Nanne.

 

NANNE : Voilà ma nouvelle acquisition !

 

FRANK : C'est pas mal. En tout cas, c'est très original.

 

NANNE : Je te fais visiter ?

 

FRANK (hochant la tête) : Je te suis.

 

Nanne ouvre la porte avec sa clé et entre, suivit de Frank. Ce dernier regarde autour de lui. Le magasin est divisé en deux parties. A gauche se trouve le salon de thé, et à droite la partie librairie.

 

FRANK : C'est très joli. Et très bien agencé.

 

NANNE : Il y a même une partie presse. Les clients pourront donc acheter leur journaux, et le lire tout en dégustant un bon thé avec une merveilleuse pâtisserie.

 

FRANK : C'est astucieux. Tu as vraiment tout prévu.

 

NANNE : Oui. Et j'ai déjà trouvé un excellent pâtissier, deux serveuses et j'ai engagé l'ancien bibliothécaire de l'Unecain qui pourra renseigner les clients.

 

FRANK (souriant) : Tu as tout prévu.

 

NANNE : Oui. Il ne me reste plus qu'un Directeur, pour faire fonctionner tout ça.

 

FRANK : Ce ne sera pas toi ?

 

NANNE : Non, je n'en aurais pas le temps. (elle lui fait un clin d'œil) J'ai encore d'autres projets. Mais j'ai déjà pensé à quelqu'un.

 

FRANK (continuant à scruter l'intérieur du magasin) : Ah bon.

 

NANNE : Oui... une personne de confiance ... Une personne qui saura gérer un personnel ... Une personne qui a déjà été Directeur par intérim d'une grande école.

 

Frank se tourne vers Nanne. Celle-ci lui sourit.

 

NANNE : Alors, tu acceptes ?

 

FRANK : Si j'accepte ! Nanne, c'est le plus beau cadeau de Noël qu'on pouvait me faire.

 

Frank court l'embrasser.

 

 

 26  GARDEN PLACE - RÉSIDENCE KRUEGER

 

Autour de la table ronde, Eric, Lacey, Sibella, Jillie et Kristen (avec un œil au beurre noir) mangent en silence. On entend le cliquetis des couverts. Eric essaie de détendre l'atmosphère chargée d'électricité.

 

ERIC : Lacey, Sibella... ce dernier est excellent.

 

Aucune des deux ne répond.

 

ERIC (à Jillie et Kristen) : Vous ne trouvez pas ?

 

JILLIE : Oui.

 

Nouveau silence gênant. Eric se racle la gorge.

 

ERIC : C'est incroyable comme les travaux avancent vite à Garden Place. D'ici quelques semaines, la ville reprendra son aspect normal.

 

Personne ne répond.

 

ERIC : Jillie, on m'a dit que tu étais intéressée par une villa sur Chrystal View ?

 

JILLIE : Oui.

 

Nouveau silence.

 

ERIC (après un instant) : Tiens au fait, je ne vous l'ai pas dit. Les travaux sont enfin terminés au journal. D'ailleurs, ton bureau est prêt Jillie. Quand comptes-tu venir travailler ?

 

JILLIE : La semaine prochaine.

 

ERIC : Parfait !

 

Nouveau silence gênant.

 

ERIC : Ils annoncent de la pluie pour demain. C'est dommage. Je ne pense pas que j'irai courir.

 

Personne ne répond. Cette fois, Eric s'énerve. Il lâche ses couverts.

 

ERIC : J'en ai assez. J'abandonne. On n'arrive même pas à passer une bonne soirée ensemble.

 

LACEY : Qu'espérais-tu ?

 

ERIC : Un brin de convivialité pour cette soirée. C'était la moindre des choses. Vous vous comportez comme des gamines. Quand cela va-t-il cesser ? Moi, je laisse tomber. Si c'est pour passer un réveillon de Noël comme ça, je préfère aller lire un bouquin dans ma chambre.

 

Eric se lève et se dirige vers la porte.

 

LACEY : Non Eric, attends !

 

Eric s'arrête et se retourne pour faire face aux tristes visages féminin assis autour de la table.

 

LACEY (à tout le monde) : Eric a raison. C'est Noël. Je pense qu'on devrait tous laisser nos ressentiments de côté et essayer de passer une bonne soirée. On se doit bien un moment de répit, non ?

 

JILLIE : Je suis d'accord.

 

KRISTEN : Ca me va.

 

SIBELLA : Tu as raison chérie. Autant se comporter en personnes civilisées.

 

Eric reste debout près de la porte, dans le doute.

 

LACEY : J'aime beaucoup ta robe Jillie. Elle est neuve ?

 

JILLIE : Oui, je l'ai acheté la semaine dernière. Toi, en revanche, tu as des boucles d'oreilles très jolies. Je ne t'ai jamais vu avec.

 

LACEY : C'est Eric qui me les a acheté.

 

Eric revient à sa place et l'air satisfait, regardent les femmes discuter entre elles.

 

SIBELLA : Au fait Kristen, je ne vous ai pas posé la question, mais avez-vous d'autres enfants ?

 

KRISTEN : Malheureusement non. Mon mari et moi n'avons pas pu en avoir.

 

SIBELLA : C'est triste.

 

KRISTEN : Heureusement, j'ai Jillie.

 

Eric commence à manger avec satisfaction.

 

JILLIE : Eric a raison. Ce dîner est excellent. Félicitations à vous deux. 

 

SIBELLA & LACEY (souriantes) : Merci.

 

 

 27  WALNUT GROVE - MAISON DES WEAVER

 

Le dîner est déjà bien entamé ... Ivana aussi ! Marge arrive avec le dessert : une superbe coupe de glace avec de la crème chantilly et un coulis de framboise.

 

MARGE : Voici le dessert. J'espère que vous allez aimer, je l'ai préparé moi même avec amour. J’y ai mis beaucoup de moi.

 

Ivana regarde le coulis de framboise sur la chantilly.

 

IVANA : Vous avez encore vos règles, à votre âge ?

 

Elle éclate de rire, visiblement fière de sa plaisanterie. Cependant, c'est la seule.

 

HECTOR : Je crois que notre invitée est fatiguée. (à Ivana) Vous devriez peut-elle aller vous coucher.

 

IVANA : Pas du tout, mon grand. La soirée ne fait que commencer.

 

HAYLEY : Maman, tu es totalement ivre. Tu devrais écouter Monsieur Weaver.

 

IVANA : Mais oui, c'est ça, écoutons le berger qui conduit ses moutons dans la bergerie de l'amour. L'amour avec un grand A. Elle balaye des bras l'assistance. Tout est amour ici, n'est-ce pas ? Vous avez une charmante demeure, une charmante fille, un charmant fils et moi je me retrouve avec une nouvelle famille. Tout ça est tellement beau. (elle regarde son verre vide) il ne resterait pas une petite goutte ? J'ai soudain terriblement soif.

 

AIDEN : Maman, tu as assez bu comme ça.

 

HAYLEY : Il faut l'excuser, elle n'est pas toujours comme ça.

 

Marge à un sourire de circonstance. Hector ne bouge pas.

 

IVANA (regardant tour à tour Aiden et Hayley) : Ah, mes deux enfants, ne sont-ils pas charmants ? Je les adore. (elle regarde David) et mon futur beau fils aussi.

 

MARGE (à David et avec une sourde appréhension) : Vous comptez vous marier ?

 

IVANA : Futur beau-fils, c'est une façon de parler...

 

HAYLEY (présageant le pire) : Maman...

 

IVANA : C'est vrai, on n'autorise pas les mariages entre garçons et je ne sais pas pourquoi.

 

HECTOR (fronçant les sourcils) : Je ne comprends pas.

 

HAYLEY : Il n'y a rien à comprendre, Monsieur Weaver. Ma mère a bu plus que de raison et elle ne sait pas ce qu'elle dit.

 

IVANA : Mais si, je sais ce que je dis... et je dis que David et Aiden forment un couple très harm.... (elle se rend alors compte de sa bourde) ... o...nieux. Oh, Mon Dieu !

 

Elle se lève et marche vers la porte en titubant sous les yeux d’Aiden dont le visage exprime à la fois peine et ressentiment.

 

IVANA (le dos tourné aux autres convives) : Finalement, vous avez raison, je vais me coucher et demain, on en parlera plus.

 

David est rouge de honte. Marge baisse la tête. Menley regarde Hayley l'air dépité. Hector, le visage dur, se lève doucement. Il regarde David longuement. David n'ose pas regarder son père. Hector se retourne et marche lentement vers la porte de sortie. Aiden s'apprête à se lever et le suivre mais d'un signe de tête Menley et Hayley lui font comprendre de se rassoire.

 

 

 28  SCÈNE FINALE " WHITE CHRISTMAS "

 

Succession de plans muets avec " White Christmas " par Shania Twain ou Guns N' Roses en fond sonore.

 

Chez les Krueger : chacun déguste son repas en parlant tranquillement.

 

Chez les Weaver : Alors que la neige ne cesse de tomber sur Walnut Grove Hector est assis dans un fauteuil dans le salon faiblement éclairé, une Bible ouverte sur les genoux, le visage contracté. Dans sa chambre David est couché sur son lit, les yeux ouverts dans le vide, les bras croisés derrière la tête. Aiden arrive, s'assis à côté de lui et lui prend la main. Ivana à moitié endormie est affalée parterre contre son lit, encore tout habillée. Marge fait la vaisselle. Hayley vient l'aider. Leur regard se croisent et Hayley lui sourit timidement tandis qu'à leurs pieds Winston quémande des restes du dîner .

 

Malcolm marche dans la rue et s'arrête devant un immeuble grand standing. Nous sommes alors dans un appartement. Une femme qu'on voit de dos (la femme blonde du bar), ouvre la porte et Malcolm apparaît devant elle.

 

Menley est au téléphone et soupire. Plan du téléphone de Nick dans son appartement vide. Chez "Go Beth", Nick et Beth bavardent en riant.

 

Ursula sort une dinde du four et la pose sur la table de la cuisine. Jason se frotte les mains.

 

A Whitecastle, Nanne et Frank dînent en tête à tête. Ils lèvent leur verre. Gros plan sur les verres qui se rencontrent en cliquetant.

 

Fondu au noir.

 

Fin de la chanson.

 

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 GÉNÉRIQUE DE FIN