1  SALLE DE RÉDACTION DU " GARDEN PLACE TRIBUNE "

 

Jillie traverse rapidement la salle de rédaction. Au passage, elle renverse involontairement une pile de livres et de dossiers entassés sur le bureau d'un des journalistes.

 

JILLIE (se baissant afin d'aider l'homme à ramasser ses documents) : Excusez-moi. Je ne l'ai pas fait exprès.

 

L'HOMME (accroupi, levant les yeux sur Jillie) : Ce n'est pas grave. Je cherchais justement une occasion pour trier tout ce fatras.

 

JILLIE (s'attardant sur un des livres qu'elle feuillette) : La civilisation gréco-romaine ? (regardant l'homme) C'est le sujet de votre prochain article ?

 

L'HOMME (riant) : Non, pas du tout. C'est mon livre de chevet en ce moment. Un cadeau que l'on m'a fait à Noël.

 

Jillie et l'homme se redressent après avoir ramassé tous les documents.

 

L'HOMME : Je vous remercie. (se passant la main dans les cheveux d'un air gêné) Au fait je ne me suis pas présenté. Brian Simpson, je viens d'être engagé il y a à peine une semaine, à la rubrique fait divers ... Et vous ?

 

JILLIE (lui serrant la main) : Jillie Perkins ... je travaille ici aussi depuis peu de temps.

 

BRIAN (embarrassé) : Oh ... Vous êtes la copropriétaire du journal.

 

JILLIE (amusée) : C'est bien ça. Mais je dois avouer que je suis une novice dans le monde de la presse ...

 

Eric sort à ce moment de son bureau et les rejoint.

 

ERIC : Bonjour Jillie ! (se tournant vers Brian) Je vois que tu as fait la connaissance de Brian. (s'adressant à Jillie) Avec d'autres il est là pour rajeunir l'équipe du journal. (à Brian) On vous laisse travailler (prenant Jillie par le bras et l'entraînant vers son bureau) Viens j'ai quelqu'un d'autre à te présenter.

 

Jillie suit Eric sous le regard charmé de Brian.

 

Dans le bureau d'Eric se trouve assise dans un fauteuil une jeune femme blonde que l'on découvre de dos. Quand Jillie et Eric entrent dans le bureau, la femme se lève et se tournent vers eux. On reconnaît Gretchen Hicks.

 

ERIC (à Jillie) : Je te présente Christine Cromwell du cabinet d'investissement Boardman de New York.

 

Jillie serre la main que lui tend "Christine", à cet instant Jillie est traversée par un vague sentiment de malaise qui se dissipe très vite.

 

JILLIE : Enchantée de faire votre connaissance.

 

"CHRISTINE" : C'est pour moi aussi un plaisir de vous connaître enfin. Eric nous a vanté vos qualités. Il trouve vos idées pour le développement du site Internet du journal très intéressantes.

 

JILLIE (flattée, regardant Eric) : Il exagère. (à "Christine") C'est peut-être parce que je ne connais rien à la presse traditionnelle ...

 

ERIC (l'interrompant) : ... Le journal a besoin d'un souffle nouveau, pour cela il lui faut des idées nouvelles et des gens nouveaux. Jillie, c'est les deux à la fois. Je compte aussi beaucoup sur elle en ce qui concerne la chaîne de télévision locale que nous nous apprêtons à acquérir. (s'adressant plus particulièrement à "Christine") Si bien entendu, nous réussissons à convaincre suffisamment d'investisseurs de nous suivre afin de concrétiser notre projet. Et pour cela, c'est sur vous que je compte, chère "Christine".

 

"CHRISTINE" (souriante) : Je crois que vous n'avez rien à craindre à ce sujet. Garden Place est une ville où presque tout est à reconstruire. Nombreux sont ceux prêts à se battre pour y mettre les pieds d'une façon ou d'une autre.

 

JILLIE (à "Christine", sur le ton de la plaisanterie) : Je le soupçonne de vouloir devenir le nouveau Rupert Murdoch.

 

ERIC (souriant) : A l'échelle de la ville ou du comté simplement. Je ne suis pas aussi ambitieux que tu as l'air de le penser.

 

"CHRISTINE" : Je vous prie de m'excuser, mais j'ai d'autres rendez-vous en ville.

 

ERIC : Je vous remercie d'être passé au journal ce matin. Les informations que vous m'avez communiqué me seront très utiles lors de ma rencontre à New York avec nos futurs investisseurs de la côte est.

 

"CHRISTINE" (à Eric) : Rien de plus normal. C'est aussi l'intérêt de Boardman & associés que votre projet aboutisse. Au revoir et à bientôt. (à Jillie) Au revoir Jillie. Encore une fois, ravie d'avoir fait votre connaissance.

 

JILLIE : Au revoir.

 

"Christine" quitte le bureau d'Eric.

 

JILLIE : Qu'en pars-tu à New York ?

 

ERIC : Demain.

 

JILLIE (dont le visage s'assombrit) : Eric, j'ai quelque chose à te demander ...

 

ERIC (s'asseyant sur son bureau et prenant la main de Jillie) : Que se passe-t-il ? Tu es si pâle tout d'un coup.

 

JILLIE (émue) : C'est au sujet de la mort de Flora.

 

ERIC : Pourquoi y penses-tu maintenant ?

 

JILLIE : Je ne sais pas. Je ressens parfois comme un malaise, comme si sa mort ...

 

ERIC : Que veux-tu dire ?

 

JILLIE (hésitante) : ... J'ai le sentiment que sa mort ...

 

ERIC : Tu penses qu'il ne s'agit pas d'un accident ?

 

JILLIE : Non ! Ce n'est pas ça. Mais tout s'est passé si brutalement.

 

ERIC (la prenant dans ses bras) : Je n'aurais pas dû te faire lire le rapport de la police d'Amsterdam qui relatait l'accident. Je suis désolé.

 

JILLIE : Non, au contraire. Tu as bien fait. Et même si la femme qui lui servait d'accompagnatrice pendant son voyage n'a pas été retrouvé par la police je ne met pas en doute les témoignages des gens qui ont assisté de loin à l'accident ni les conclusions de l'enquête ... Mais si tu savais comme elle me manque ... Je n'ai connu ma véritable mère que quelques semaines seulement ...

 

ERIC (lui caressant les cheveux) : Je te comprends. Je sais ce que c'est l'absence d'une mère.

 

 

 2  GARDEN PLACE - CABINET " SHARK & SULLIVAN "

 

Sa mallette dans une main, un journal qu'elle parcourt rapidement dans l'autre Diana Shark sort de l'ascenseur et pénètre dans les bureaux du cabinet Shark & Sullivan réaménagés dans ceux de l'ancien cabinet Farris à Garden Place.

 

A son bureau Ursula est occupée à défaire les derniers cartons que viennent d'apporter deux déménageurs que croise Diana en sortant du cabinet.

 

URSULA : Diana ! Bonjour, comment allez-vous ?

 

 

DIANA (délaissant le journal) : Bonjour Ursula. Je vais bien merci. Est-ce que j'ai des messages ?

 

URSULA (après avoir consulté le nouvel ordinateur installé sur son bureau) : Non, aucun.

 

DIANA (reprenant sa lecture) : Dans ce cas je vais prendre des dossiers dans mon bureau et rejoindre immédiatement David au tribunal.

 

URSULA : Vous n'avez pas de messages mais des visiteurs.

 

DIANA : Des visiteurs ?

 

URSULA : Oui, Mr Sullivan et deux jeunes femmes sont arrivés il y a un peu moins d'une demi-heure.

 

DIANA (étonnée) : Xander est à Garden Place ?

 

URSULA : Oui, il aime vous surprendre, on dirait. Mais cette fois je n'ai pas gaffé, je l'ai tout de suite reconnu. (en montrant un bouquet de fleurs dans un vase) Il a même pensé à nous offrir des fleurs pour égayer les nouveaux bureaux. Un bouquet dans chaque pièce.

 

DIANA (ironique) : Quelle gentille attention.

 

URSULA : Ils vous attendent dans la salle de réunion pour un brunch.

 

DIANA (en se dirigeant vers la porte de la salle de réunion) : Merci, Ursula. (puis elle s'arrête et se retourne vers Ursula) Je viens de lire dans l'édition d'aujourd'hui du Garden Place Tribune qu'il existe un projet de mini série télévisée sur la catastrophe de l'été dernier et j'ai cru apercevoir votre nom, Ursula.

 

URSULA (très fière) : Vous avez bien lu. Mon ami et moi, nous avons vécu la chute de la météorite ... comment vous dire ... de l'intérieur. Et un grand producteur nous a proposé d'écrire notre histoire.

 

DIANA (se pinçant les lèvres pour ne pas rire) : Est-ce que cela signifie que Hollywood va vous enlever à nous ?

 

URSULA (agitant vivement les mains devant elle en signe de négation) : Oh que non ! J'ai bien précisé à Mr Kelley ... le producteur ... qu'il était hors de question pour moi de quitter mon poste ici et de vous mettre dans l'embarras. Jason s'est installé à Los Angeles dans une villa prêtée par la maison de production et moi je communique avec lui par mails pour mettre au point notre scénario.

 

DIANA : Depuis votre bureau ?

 

URSULA (embarrassée et d'une voix traînante) : Oui ... Enfin seulement quand j'en ai le temps ... Pendant ma pause déjeuner par exemple ... et puis le soir ... chez moi.

 

DIANA (amusée) : Je vous félicite pour votre conscience professionnelle ... hors norme, Ursula. (puis plus sérieusement) Pensez à appeler David s'il vous plait . Il doit m'attendre au tribunal. Dites lui que je serai en retard et qu'il commence seul.

 

Flattée par ces paroles Ursula décroche aussitôt le combiné de son téléphone de bureau ...

 

URSULA : C'est comme si c'était fait.

 

... tandis que Diana frappe à la porte de la salle de réunion avant d'y entrer.

 

Dans la salle de réunion, autour d'une grande table ovale recouverte d'une nappe blanche sur laquelle est servi un brunch se trouve Xander Sullivan assis entre deux jeunes femmes.

 

XANDER (se levant à l'entrée de Diana) : Diana. J'ai décidé de te surprendre tôt ce matin avec les deux nouvelles collaboratrices du cabinet de Garden Place. (se tournant vers sa droite) Je te présente Mlle Yasmine Washington que tu connais déjà ...

 

DIANA (en serrant la main de Yasmine) : Nous avons travaillé ensemble sur plusieurs affaires à Boston. Je suis contente que vous ayez accepté de retrouver pour nous votre Californie natale.

 

YASMINE (tout sourire) : Il était difficile de refuser pareille proposition.

 

XANDER (se tournant vers sa gauche) : ... Et voici Mlle Heather Trent. Après un stage dans notre cabinet de Seattle à la fin de ses études il est temps pour elle maintenant de confirmer ici tout le bien que pensaient d'elle ses professeurs.

 

DIANA (en serrant la main d'Heather) : Ravie de faire votre connaissance. Je fais toujours confiance à Xander en ce qui concerne l'embauche de nouveaux collaborateurs. (se tournant vers Xander) Il sait parfaitement juger les personnes et évaluer leurs qualités et potentiel.

 

HEATHER (un brin de malice dans les yeux) : Je suis très heureuse d'avoir l'opportunité de travailler avec vous, Mlle Shark.

 

XANDER (en se frottant les mains et en riant) : Bon, maintenant que les présentations sont faites. Que diriez-vous mesdemoiselles de passer à table ?! (puis allant ouvrir la porte de la salle de réunion et d'une voix enjouée) Ursula, mettez de côté votre travail et venez vous joindre à nous ...

 

 

 GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 3  GREAT GARDEN - PRÈS DU SITE DE " BIG CRATER "

 

Survol du parc de Great Garden qui a peu souffert de la chute des débris de la météorite sauf dans une zone limitée sur laquelle zoome la caméra. Au centre de cette zone : d'une trentaine de mètres de diamètre et d'une dizaine de mètres de profondeur " Big Crater " est le résultat de la pulvérisation au sol du fragment le plus imposant de Cléo.

 

Diana veste en cuir noir, pantalon noir, marche dans les allées aménagées autour du site quand la sonnerie de son téléphone portable retentit.

 

DIANA : Allô.

 

A l'autre bout du fil la voix d'Eric Krueger.

 

ERIC : Décidément le noir te va bien.

 

DIANA (regardant autour d'elle) : Où es-tu ?

 

ERIC : Derrière toi, à environ une cinquantaine de mètres.

 

Diana se retourne et finit par apercevoir Eric assis sur un banc. Elle s'installe sur une souche d'arbre près d'elle et tous deux poursuivent leur conversation.

 

DIANA : Comment est-ce que cela se passe au journal ?

 

ERIC : Pas assez vite à mon avis. Régulièrement les galeries sous le bâtiment sont inondées, ce qui ralentit les travaux.

 

DIANA : Et tes deux femmes, comment est-ce que cela se passe entre elles ?

 

ERIC (en ricanant) : Je me sens comme un Casque Bleu entre deux zones ennemies. J'ai pour l'instant réussi à maintenir le cessez-le-feu instauré à Noël.

 

DIANA : Jillie n'a aucun doute sur ce qui se passe sous ses pieds au journal ?

 

ERIC : Elle est bien trop occupée avec la direction du site Internet du journal et pense déjà à notre future chaîne de télévision. Et si cela ne suffit pas, le souvenir de sa mère, l'empêche de s'intéresser à autre chose.

 

DIANA : Mais tu l'aimes, n'est-ce pas ?

 

ERIC (soupirant) : Tu connais la réponse, non ? Toi, qui sait mieux que personne lire dans mes pensées.

 

DIANA : Es-tu certain de la contrôler ?

 

ERIC : Tant qu'elle sera amoureuse de moi, oui. Ne dit-on pas que l'amour rend aveugle ?

 

DIANA (souriant) : A t'entendre on se croirait dans un soap.

 

ERIC : A propos de manipulation, comment t'en sors-tu avec Xander ?

 

DIANA : Comme prévu il a choisi les deux collaboratrices que nous souhaitions pour le cabinet de Garden Place.

 

ERIC : Tu ne changeras pas. Tu obtiens toujours tout ce que tu veux, surtout des hommes et en particulier de Xander.

 

DIANA (ricanant) : Nous avons été élevés ensemble. Depuis notre enfance nos pères voulaient que nous assumions ensemble leur succession à la tête du cabinet. Seulement ils n'avaient pas compris que Xander n'était qu'un faible, près à tout pour devancer mes moindres volontés. Et ça fait plus de trente ans que cela dure.

 

ERIC : Des nouvelles de Kelly Farris ?

 

DIANA : Aucune. Mais je ne m'occupe plus de sa recherche. Les Soeurs se chargent elles-mêmes de la retrouver.

 

ERIC : En résumé, la phase 2 du Projet se poursuit.

 

DIANA : Quand seras-tu de retour ?

 

ERIC : Cela ne dépend pas de moi, mais d'Elle. (après une pause) Embrasse Holly pour moi.

 

DIANA : Je n'y manquerais pas.

 

ERIC (hésitant) : Diana ... Tu es la première à qui je l'apprend : ... L'enfant que Lacey attend est un garçon. Holly aura bientôt un petit frère.

 

DIANA (ironique) : Félicitations. Dans cette histoire Lacey aura au moins servi à te donner un héritier.

 

ERIC : Ne sois pas si sarcastique.

 

DIANA : Je te souhaite bon voyage, Eric.

 

Elle raccroche.

 

 

 4  UN RESTAURANT à GARDEN PLACE

 

Menley, Nanne, Lacey et Sibella sont attablées dans un restaurant tex-mex de Garden Place.

 

SIBELLA (la bouche en feu se précipitant sur son verre d'eau) : Bonté divine. Ce guacamole est trop épicé pour mon palais.

 

Lacey rie entraînant avec elle Nanne et Menley.

 

LACEY (à Nanne et Menley) : Alors comment s'est organisée votre petite communauté de Whitecastle ?

 

MENLEY : On ne peut mieux. Chacun a trouvé sa place.

 

NANNE : J'ai même réalisé un planning des corvées et ... personne ne rechigne à la tache. Enfin, faut dire ... (en riant) que cela ne fait qu'à peine trois semaines. Nous verrons comment ça se passera dans quelques mois.

 

La sonnerie d'un téléphone portable retentit. Par réflexe Menley, Nanne et Lacey se saisissent du leur.

 

MENLEY (montrant son téléphone portable aux autres) : C'est pour moi.

 

Elle décroche.

 

MENLEY (en aparté au téléphone) : Allo.

 

Nick se trouve sur le chantier de " Chrystal View "

 

NICK  : Est-ce que l'on pourrait se voir ce soir ?

 

MENLEY (enchantée) : Oui, bien sûr.

 

NICK : Alors disons 8 heures au restaurant " Chez Tony ".

 

MENLEY : A 8 heures, d'accord. Je t'embrasse.

 

NICK (hésitant) : Moi aussi.

 

Il raccroche. Menley paraît soucieuse.

 

LACEY (se penchant vers Menley à sa droite) : Et comment va le prince charmant ? Il s'appelle comment déjà ?

 

NANNE : Nick.

 

LACEY : Oui, Nick. Quand vas-tu de décider à nous le présenter officiellement ?

 

MENLEY (gênée) : Nous nous sommes peu vus depuis Noël.

 

LACEY : Que s'est-il passé ?

 

MENLEY : J'ai refusé de venir vivre avec lui dans son appartement.

 

LACEY : Tu as bien fait. Vous ne vous connaissez pas depuis longtemps.

 

MENLEY : Je sais. Je crois qu'il a compris mes raisons. Mais cela n'empêche que ce n'est plus la même chose entre nous. Il est de plus en plus distant.

 

LACEY : Tu crois qu'il y a une autre femme ?

 

MENLEY (après un bref instant d'hésitation) : Peut-être.

 

NANNE : Qui ?

 

MENLEY : Je ne suis pas certaine. Mais s'il devait en avoir une, il se pourrait que se soit Beth.

 

LACEY (étonnée) : Beth Layton ?

 

MENLEY : Quand je vivais avec elle dans le bungalow à Los Angeles elle a plusieurs fois eu l'occasion de le voir seul quand il passait me prendre pour sortir et que je n'étais pas encore rentrée.

 

NANNE : Cela ne suffit pas pour l'accuser.

 

LACEY : Nanne a raison.

 

MENLEY : J'ai bien senti qu'il lui plaisait ... Et il y a autre chose.

 

LACEY : Quoi ?

 

MENLEY : Nick m'a avoué qu'ils avaient passé le réveillon de Noël ensemble dans la boutique de Beth. D'après lui, c'était une soirée improvisée entre deux personnes seules pour les fêtes ... mais j'ai des doutes.

 

NANNE : Dans ces conditions, il n'y a plus de doute possible.

 

SIBELLA (qui vient de retrouver l'usage de sa langue mise à mal par le piment du guacamole) : Vous êtes cocue, ma chère. (d'un air dégoûté) Tous les mêmes, les hommes. Pas un pour rattraper l'autre ...

 

LACEY : Maman ! (à Menley) Décidément ce réveillon de Noël est a oublier très vite pour la famille Weaver.

 

 

 5  LOS ANGELES - AGENCE IMMOBILIÈRE D'IVANA CROW

 

Aiden entre dans l'agence immobilière au moment où Ivana et Jack assis autour du même bureau sont en train de manger des plats cuisinés chinois dans des boites en carton tout en feuilletant des magazines people.

 

JACK : On aura tout vu ... (en montrant à Ivana l'article qu'il est en train de lire) ... Il se marie le mois prochain ! (en gloussant) Pourtant la dernière fois que je l'ai croisé ce n'est pas un anneau de fiançailles qu'on lui passait au doigt !

 

Tout en plongeant ses baguettes dans une des boîtes en carton Jack éclate de rire avant de remarquer l'arrivée d'Aiden. A sa vue il perd le contrôle de ses baguettes et envoie sur le chemisier d'Ivana un morceau de bœuf sauté.

 

JACK (bouche bée en fixant Aiden) : Oh! My gode ...

 

Ivana qui n'a pas encore remarqué l'entrée de son fils essuie la tache sur son chemisier avec la pochette de la veste de Jack.

 

IVANA : Tu ne peux pas faire attention. Un Versace tout neuf. De Donatella, mais tout de même ...

 

Mécontente elle lève les yeux sur Jack et voit Aiden ; l'expression de son visage change. Elle est maintenant mal à l'aise.

 

AIDEN (à Ivana) : Je peux te parler ... (regardant Jack) ... en privé.

 

IVANA : Bien sûr chéri. Suis-moi dans mon bureau.

 

Aiden suit sa mère dans une pièce au fond de l'agence sous le regard gourmand de Jack.

 

Dans le bureau Ivana s'installe dans son fauteuil de direction tandis qu'Aiden reste debout le visage sévère.

 

IVANA (gênée) : Vous m'en voulez encore ta sœur et toi, n'est-ce pas ?

 

AIDEN : Le contraire serait étonnant, non ?

 

IVANA : Je sais. Je sais, je n'aurais pas dû m'imposer à ce réveillon de Noël au milieu de nulle part. Depuis notre retour Hayley ne veut plus me parler, même pas au téléphone.

 

AIDEN : Maman ...

 

IVANA (esquissant un sourire) : ... Tiens, cela fait longtemps que tu ne m'as plus appelée ainsi ...

 

AIDEN : Maman, je n'avais pas très envie, non plus, de te voir. Mais ...

 

IVANA : Mais ?

 

AIDEN : J'ai longuement discuté avec Hayley.

 

IVANA (essayant de plaisanter) : Au sujet de votre vieille mère indigne ?!

 

AIDEN : Papa et toi ...

 

IVANA (brusquement mise en colère) : Ne me parle plus de ce ...

 

AIDEN (d'une voix ferme) : Ce n'est pas de lui dont il s'agit.

 

IVANA (plus calmement) : Alors pourquoi évoquer cet ignoble personnage qui a sauté sur l'occasion quand tu nous a annoncé que tu étais gay pour suivre ton exemple.

 

Aiden feint d'ignorer le reproche voilé.

 

AIDEN (toujours sur le même ton) : Ce que je voulais dire, c'est que vous nous avez élevés Hayley et moi dans la plus grande liberté d'esprit et tolérance.

 

IVANA (allumant une cigarette et haussant les épaules) : C'était le genre d'éducation que l'on prônait dans les communautés dans lesquelles nous squattions à l'époque.

 

AIDEN : Nous étions libres mais vous nous avez aussi transmis des valeurs : le respect de soi et ... des autres  ...

 

IVANA (le fixant droit dans les yeux) : Tu n'exagère pas un peu là ?

 

AIDEN (après un bref moment d'hésitation) : Pas du tout.

 

IVANA : Où veux-tu en venir ?

 

AIDEN : J'ai commis des erreurs dans ma jeunesse et encore récemment mais c'est en pensant à tout ce que vous nous avez appris papa et toi, que chaque fois je m'en suis sorti. Grâce à vous.

 

IVANA (s'essayant à l'ironie) : J'en suis heureuse pour toi. Et alors ?!

 

AIDEN (de plus en plus déterminé) : Tu es en train de péter les plombs, maman !

 

IVANA : je comble mon ennui, c'est tout.

 

AIDEN : En faisant du mal aux autres et ... surtout à toi ?

 

IVANA (en le défiant du regard) : Que proposes-tu ?

 

AIDEN (serein) : D'abord tu dois arrêter de boire. Finis la vodka au petit-déjeuner.

 

IVANA (en plaisantant) : Cela devrait être facile, et ensuite ?

 

AIDEN (élevant la voix) : Facile ?!! Je veux que tu t'inscrives à un programme de désintoxication. Plus d'alcool, plus de tranquillisants, plus aucune pilule miracle ! Tu m'entends ?!

 

IVANA (s'affaissant dans son fauteuil) : Oui ... Oui ... Tu va m'aider, n'est-ce pas ? (se ressaisissant) Après tout tu as connu ça aussi, non ?

 

AIDEN : Je t'aiderai. Mais sache que si je m'en suis sorti c'est avant tout parce que je me suis pris en charge. Ne compte pas toujours sur les autres !

 

Ivana se montre abattue.

 

AIDEN : Prends toi en charge, maman !

 

IVANA : D'accord. Je vais faire ce que tu veux

 

AIDEN : Bien.

 

Après quelques minutes de silence pendant lesquelles la mère et le fils évitent d'échanger le moindre regard.

 

IVANA (rompant le silence d'une voix hésitante) : Au fait, comment va ... David ?

 

AIDEN (quelque peu déstabilisé par la question) : Il s'est installé avec sa soeur chez une de leur amie à Garden Place.

 

IVANA (inquiète) : Vous vous êtes séparés ?

 

AIDEN : Non. Il veut prendre du recul. Il profite de la réinstallation du cabinet d'avocats où il travaille à Garden Place pour tenter de faire le point, comme il dit.

 

IVANA (sincère) : Je suis désolé, Aiden.

 

AIDEN : Je te crois.

 

Aiden quitte la pièce.

 

Restée seule Ivana sent des larmes montées à ses yeux qu'elle efface rapidement quand la porte de son bureau s'ouvre et qu'apparaît la tête de Jack.

 

JACK : Les histoires de famille ne m'intéressent pas, mais ... (faisant d'un coup de tête allusion à Aiden qui vient de sortir) Est-ce que ses films sont ressortis récemment en DVD ?

 

 

 6  GARDEN PLACE - CHANTIER DE " CHRYSTAL VIEW "

 

A bord de sa voiture Menley roule dans les rues de Garden Place jusqu'au chantier du complexe immobilier " Chrystal View ". Elle se gare près d'un abris en pré-fabriqué et marche difficilement sur un chemin boueux jusqu'à un groupe d'ouvriers en train d'évacuer par pompage l'eau d'un trou dans lequel visiblement ils s'apprêtaient à installer des tuyaux de canalisation. Elles échangent quelques mots avec eux. Ils lui montrent de la main un terre-plein. Un des hommes lui pose son casque de chantier sur la tête. Elle les remercient et s'engage dans la direction qu'ils lui ont indiquée.

 

Menley suit un chemin escarpé jusqu'au sommet du terre-plein manquant plus d'une fois de tomber. Arrivée au sommet elle rejoint Nick en train de consulter des plans.

 

Devant eux " Garden View " sort de terre.

 

MENLEY (haletante) : Je n'ai pas pu attendre ce soir. Au son de ta voix au téléphone j'ai senti que ce que tu avais à me dire étais grave.

 

NICK (reposant ses plans sur une table) : Tu as raison, c'est important. (après une pause, regardant ses pieds) Mais pas au point de devoir te déplacer jusqu'ici pour l'entendre.

 

MENLEY (après avoir repris son souffle, l'air déterminé) : Je t'écoute.

 

NICK (après avoir retiré le casque qu'il portait et en s'efforçant de soutenir son regard) : Je préfère que ... nous ... arrêtions de nous voir.

 

MENLEY (impassible) : C'est ton choix.

 

Elle lui tourne le dos et sans rien ajouter reprend le même chemin en sens inverse.

 

Après quelques mètres seulement, elle se retourne et lui lance.

 

MENLEY : Beth se sert de toi pour me faire souffrir, pour se venger. Rien de plus. Elle ne t'aime pas.

 

Menley se retourne à nouveau et poursuit sa descente. Les yeux noyés de larmes.

 

 

 7  LOS ANGELES - STUDIO DE TÉLÉVISION

 

Jason accompagné de Caytlin une blonde californienne siliconée collaboratrice de Joss Kelley termine la visite des locaux des studios de télévision.

 

CAYTLIN : Voilà Mr Patrick, nous venons de faire le tour des studios où sont tournés les scène d'intérieur de "Filby McAllister". Avez-vous d'autres questions ?

 

JASON (regardant autour de lui puis fixant involontairement la poitrine de son interlocutrice) : C'est impressionnant.

 

CAYTLIN : J'ai entendu Mr Kelley parlez de votre projet de scénario. Vous avez vécu une aventure si fantastique !

 

JASON : C'est Dieu qui a tracé ma voie, vous savez.

 

CAYTLIN (la bouche entre-ouverte, passant sa langue sur ses lèvres) : Il ne vous a pas raté, en tout cas !

 

C'est à ce moment qu'arrive trottinant à petits pas Ursula toute essoufflée.

 

URSULA (reprenant son souffle) : Jason ! Je suis en retard, désolée. Mais Diana avait ... encore ... besoin de moi au bureau. Je n'ai pas pu me libérer plus tôt. Et la circulation sur l'autoroute était terrible ... Tu ne t'es ...

 

Elle s'interrompt en remarquant la présence de Caytlin.

 

URSULA (reprenant sa phrase et défiant du regard Caytlin) : ... pas trop ennuyé sans moi.

 

JASON (à Ursula) : Je te présente Caytlin Gale une collaboratrice, très proche, de Joss Kelley. (à Caytlin) Voici Ursula, une am  ...

 

URSULA (l'interrompant) : ... sa fiancée. Enchantée de faire votre connaissance, Mlle Gale.

 

Jason se montre embarrassé alors que Caytlin ne peut se retenir de pouffer de rire.

 

CAYTLIN : Ravie de vous connaître Ursula. (puis se tournant vers Jason) Je dois vous laisser, mais si vous avez besoin de moi pour quoique ce soit, n'hésitez pas à m'appeler. Vous avez mon numéro de téléphone ... (regardant Ursula) ... personnel. Au revoir Ursula.

 

Caytlin Gale s'éloigne du couple sous les yeux revolver d'Ursula.

 

 

 8  GARDEN PLACE - APPARTEMENT DE NICK

 

L'air dans la salle de bain est saturée de vapeur d'eau. Derrière le rideau Nick prend une douche. La porte s'ouvre, la caméra montre les pieds d'une femme en escarpins noirs. La caméra reste fixée sur ses pieds tandis que la femme se déchausse avant de faire glisser sa robe à terre. Elle s'approche de la cabine de douche. Vue de dos, masquée par la vapeur d'eau, la jeune femme, ôte son soutien-gorge et retire son slip. Elle écarte le rideau de la douche. Nick se retourne vers elle, lui sourit et l'embrasse. Caché par la femme toujours de dos, il lèche son cou, puis descend jusqu'à ses seins, son ventre, et en dessous. C'est alors que la caméra contournant le couple nous dévoile le visage proche de l'extase d'Heather Trent.

 

 

 9  GARDEN PLACE - " COOKIES 'N' BOOKS "

 

Dans la boutique où quelques clients potentiels flânent dans les rayons et où un jeune couple prend un café en lisant des journaux Frank derrière son comptoir tente de réparer une des machines à expresso qui s'est bloquée.

 

LA VOIX DE MALCOLM (dans son dos) : Attends, je vais t'aider.

 

FRANK (se retournant) : Je n'ai pas besoin de ton aide.

 

Malcolm passe outre et vient près de lui. D'un mouvement brusque il débloque la machine.

 

MALCOLM : Voilà, cela devrait aller.

 

FRANK (avec réticence) : Merci.

 

MALCOLM : Tu vas bien ?

 

FRANK (méfiant) : Que viens-tu faire ici ?

 

MALCOLM (montrant du doigt la machine à expresso) : Prendre un café ! Tu me sers un expresso ?

 

FRANK (en préparant l'expresso) : Je n'ai pas grand chose à te dire. (sarcastique) Je ne gagne pas encore assez pour m'offrir tes services.

 

MALCOLM (touché) : Je ne te connaissais pas aussi sarcastique.

 

FRANK : Et moi j'ignorais que tu étais une pute.

 

MALCOLM (esquivant) : Sarcastique et vulgaire.

 

FRANK (posant la tasse de café devant Malcolm) : Parce que moi, je suis vulgaire ?!

 

MALCOLM : Arrête s'il te plait. Je ne suis pas venu pour qu'on s'engueule.

 

FRANK (énervé) : Alors pourquoi ?

 

MALCOLM : Cela fait plus de trois semaines. Tu me manques.

 

FRANK (regardant autour de lui) : Plus bas, s'il te plait. (puis la voix hésitante) Le Malcolm que je connaissais me manque aussi. Pas celui que j'ai aperçu un soir dans un bar de Los Angeles.

 

MALCOLM : Pourtant c'est la même personne.

 

FRANK : Une même personne ... avec deux visages.

 

MALCOLM : Je t'en prie ... (approchant sa main de l'épaule de Frank) ... Reviens.

 

Frank esquive le geste et pose un regard inquiet sur les personnes présentes dans la boutique.

 

FRANK (d'un ton ferme) : Vas-t-en ! Je n'ai rien à te dire !

 

Malcolm avale rapidement l'expresso et quitte la boutique sous les regards moqueurs du jeune couple assis à sa table.

 

 

 10  LOS ANGELES - BUREAU DE JOSS KELLEY

 

Joss Kelley est au téléphone, installé confortablement dans le fauteuil de son bureau.

 

JOSS : Tout se passe comme vous le souhaitez. Il est sous contrôle.

 

On frappe à la porte.

 

JOSS : Je dois vous laisser. Au revoir, chère Diana.

 

Il raccroche.

 

JOSS (en direction de la porte) : Entre mon chou !

 

La porte s'ouvre laissant entrer Caytlin Gale.

 

CAYTLIN (faussement ingénue) : Comment savais-tu que c'était moi ?

 

JOSS (se levant du bureau et allant la prendre dans ses bras) : J'ai reconnu ... (embrassant sa main droite et remontant le long du bras) ... ton coup de main, mon chou.

 

CAYTLIN (gloussant) : Tu es vraiment incorrigible.

 

 

 11  GARDEN PLACE - " GO BETH ! "

 

Beth se trouve dans l'arrière boutique. Allongée en travers d'un fauteuil, d'une main elle zappe de façon frénétique sur les chaînes de télévision qui se succèdent sur l'écran muet face à elle ; de l'autre elle est au téléphone :

 

BETH : Oui, papa. Je sais que tu es en ville depuis une semaine et que nous n'avons pas eu l'occasion de nous voir. Mais la boutique me prend tout mon temps, tu sais.

 

 

A l'autre bout du fil George Helicok tient son téléphone portable au milieu d'un amas de ruines dans un quartier détruit de Garden Place où s'effectuent des recherches scientifiques.

 

GEORGE : Ta mère me rejoint après-demain. Nous pourrions dîner ensemble. Et tu nous présenteras ton nouvel ami.

 

BETH (peu enchantée à cette idée) : Mais je viens à peine d'emménager chez lui.

 

GEORGE (ignorant la réflexion de sa fille) : Alors c'est d'accord ?

 

Beth profite que la sonnerie qui indique qu'un client a franchi la porte d'entrée du magasin résonne pour mettre un terme à la conversation.

 

BETH : Un client vient d'entrer. Embrasse maman pour moi. Je te rappelle.

 

Elle raccroche.

 

BETH (regardant sa montre avec exaspération) : 6 heures ! Je vais fermer et c'est maintenant que se pointe le premier client de la journée !

 

Beth saute du fauteuil, jette la télécommande à terre et se précipite vers le devant de la boutique. Puis stoppe brutalement.

 

BETH (reprenant son calme) : Calme-toi Beth. Ne te montre pas si nerveuse, tu vas le faire fuir.

 

Beth franchit le rideau de velours qui la séparait de la boutique.

 

BETH (déçue) : Ah c'est toi ...

 

Frank est là, lui tournant le dos en train d'inspecter la boutique du regard.

 

FRANK (en se retournant) : Tu as l'air contrarié de me voir ?

 

BETH : Je pensais que c'était une cliente.

 

FRANK (en plaisantant) : Qui sait. (tendant la main vers une des robes exposées) J'ai peut-être l'intention d'acheter.

 

BETH (ironique) : C'est une boutique de fringues pour femmes ... Tu ne trouveras rien pour toi ici. A mois que ...

 

FRANK : Et, si j'avais l'intention de faire un cadeau.

 

BETH (en plaisantant) : J'imagine mal Malcolm portant ce genre de vêtements. C'est pas son style.

 

FRANK : Qu'est-ce que tu connais de Malcolm.

 

BETH : Il suffit de te voir pour comprendre que cela ne va pas fort entre vous.

 

FRANK (fuyant Beth du regard) : Ah bon.

 

BETH : Et que tu es venu voir ta vieille amie Beth pour en parler.

 

FRANK (asseyant l'ironie à ton tour) : Ce n'est pas une boutique de vêtements que tu aurais dû ouvrir mais un cabinet de psychologie.

 

BETH : Je m'occupe comme je peux. (montrant les deux bras grands ouverts l'intérieur de la boutique autour d'eux) J'ai commis une erreur avec cette boutique, les affaires ne marchent pas du tout. (regardant Frank) Je vais devoir faire des changements sinon je coure à la ruine.

 

FRANK : C'est curieux. Mon magasin juste à côté fonctionne pas trop mal pour ses débuts. Le bouche à oreille est bon.

 

BETH : Contente pour toi. (puis revenant au sujet précédent) ... Alors Malcolm ?!

 

FRANK (fuyant à nouveau le regard de Beth) : Tu insistes.

 

BETH (haussant faussement le ton pour marquer son impatience) : Ne me fais pas perdre mon temps. Tu es venu pour en parler, non ?

 

FRANK (la fixant droit dans les yeux) : Pourquoi à toi ?

 

BETH : Parce que je te connais mieux que personne. Et surtout toi, tu ne connais personne d'autre à qui tu peux parler aussi ouvertement de ton homo ...

 

FRANK (se crispant et l'interrompant) : ... Arrête s'il te plait.

 

BETH : ... sexualité refoulée.

 

FRANK (se dirigeant vers la porte) : Je me suis trompé. Je n'aurais pas dû venir.

 

BETH (s'approchant de lui et lui prenant les mains) : Attends. Je ne vais pas te retenir très longtemps. Mais écoute moi.

 

Frank retire ses mains de celles de Beth et les plonge dans les poches de son pantalon. Il a l'air d'un enfant à qui l'on fait la leçon.

 

BETH : J'ignore ce qu'a fait Malcolm mais ...

 

FRANK (l'interrompant doucement) : ... Il travaille comme escort ...

 

BETH (surprise) : Oh!

 

FRANK : ... je l'ai surpris avec une femme, un soir, dans un bar où il était sensé travailler comme barman.

 

BETH (prenant un air intéressé pour plaisanter) : Tu connais ses tarifs ?

 

FRANK (bougonnant) : Je t'en prie.

 

BETH (posant ses deux mains sur les épaules de Frank et le regardant droit dans les yeux) : Malcolm est ce qu'il est ... Il fait ce qu'il veut ... Mais je suis certaine qu'il t'aime et qu'il ne te ferra jamais de mal volontairement ... (s'écartant de lui) Parle avec lui ... (d'une tape amicale des deux mains sur ses épaules) Mettez tout à plat. Je suis certaine qu'il acceptera, parce qu'il t'aime, de renoncer, pour toi, à jouer les escorts.

 

FRANK (hésitant) : Je ne sais pas. Ca m'a fait mal de le voir avec cette femme.

 

BETH (désinvolte) : C'était du business, rien d'autre !

 

FRANK (hésitant) : Tu as peut-être raison.

 

BETH (en riant) : J'ai souvent raison ... Mais personne ne veut jamais me croire.

 

 

 12  GARDEN PLACE - PROPRIÉTÉ DES KRUEGER

 

Lacey entre dans le bureau d'Eric. Celui-ci y travaille derrière son ordinateur.

 

LACEY : Maman se propose de te conduire demain matin à l'aéroport.

 

ERIC : Tu es sûre que cela ne la dérange pas ?

 

LACEY : Non, pas du tout. Elle veut en profiter pour passer la journée à Los Angeles et y faire des course pour (posant la main sur son ventre arrondi) notre fils.

 

ERIC (en riant) : Parfois j'ai l'impression qu'elle vit ta grossesse par procuration. Elle s'implique de plus en plus.

 

LACEY : Est-ce un reproche ?

 

ERIC (se reprenant) : Non. Je suis très heureux qu'elle t'aide. Ainsi dans quelques semaines nous n'aurons pas a chercher de baby-sitter !

 

LACEY : Tu travailles encore sur ton projet de chaîne de télé ?

 

ERIC : Oui. Je terminais de relire les documents que le cabinet Boardman m'a transmis.

 

LACEY (contournant le bureau et venant s'asseoir dessus face à son mari) : Tu sais Eric ...

 

ERIC (lui prenant la main et l'embrassant) : Oui ?

 

LACEY : J'ai commencé à réfléchir à ... ce que je pourrais faire après mon accouchement.

 

ERIC (en plaisantant) : Ce sera le temps des biberons et des couches-culottes.

 

LACEY (en riant) : Non, je parle de ma vie ... professionnelle.

 

ERIC : A quoi penses-tu ?

 

LACEY (caressant le visage d'Eric) : Je pourrais ... peut-être ... travailler avec toi ?

 

ERIC (étonné) : Au journal ?

 

LACEY : Non. Je pensais à la télé ...

 

ERIC (en souriant) : Pourquoi pas ...

 

Les deux époux s'embrassent alors langoureusement.

 

 

 13  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE HAYLEY, DANS LA SOIRÉE

 

Dans sa chambre Aiden est allongé sur le lit en caleçon et marcel blanc. Il chahute avec Winston. Quand subitement le chien se fige assis sur le lit.

 

AIDEN (lui caressant la tête) : Alors bonhomme, qu'est-ce qui t'arrive ?

 

Aiden suit le regard du carlin fixé sur l'écran de l'ordinateur installé sur un bureau devant le lit.

 

AIDEN (sautant du lit et imité par Winston) : C'est enfin terminé ! On dirait que cela a fonctionné.

 

Aiden s'assoie sur une chaise face à l'ordinateur.

 

Sur le bureau de Windows s'est ouvert une fenêtre dans laquelle apparaît le contenu d'un CDrom.

AIDEN (caressant à nouveau la tête du Winston assis à ses pieds et s'adressant à lui) : Cela a du bon, Winston, d'avoir des hackers dans ses relations. Il aura tout de même fallu trois logiciels de décryptage pour arriver à bout de ce CDrom et découvrir ce qu'il cache.

 

Aiden clique sur l'icône du dossier  "K.Farris_update 09-01-03 "

 

AIDEN (ricanant) : Sacrée Kelly. Alors comme ça vous aviez demandé à Elliot Mansion d'enquêter sur votre entourage.

 

Aiden copie le contenu du CDrom sur le disque dur puis en extrait le dossier portant son nom et le grave sur un autre CD-R avant de l'effacer de la mémoire de son ordinateur. Il éjecte le CR-R et le range dans un tiroir sous une pile de magazines.

 

Aiden rouvre ensuite le dossier " K.Farris_update 09-01-03 " sur son disque dur auquel il manque désormais le dossier qui porte son nom

 

AIDEN (se tournant vers Winston toujours assis et attentif à ses moindre gestes) : Mon vieux Winston. Nous allons maintenant tout savoir sur nos amis de Garden Place ...

 

Winston aboie en signe d'approbation.

 

 

 14  GARDEN PLACE - " WHITECASTLE ", DANS LA NUIT

 

Dans le grand salon plongé dans une semi-obscurité, David en caleçon blanc et tee-shirt " South Park " est affalé sur le canapé devant l'écran de télévision qui diffuse des clips musicaux en boucle. Il plonge machinalement sa main dans un grand bol de pop-corn à moitié vide posé parterre et boit des gorgées de soda au goulot d'une bouteille qu'il repose ensuite à coté du bol.

 

Son regard vide est fixé à l'écran.

 

Il rote.

 

 

C'est à cet instant que Nanne en pyjama jaune poussin entre dans le salon. Elle baille en s'approchant de David.

 

NANNE : Pas sommeil ?

 

DAVID (sortant difficilement de sa torpeur) : Nanne ?! Non, je n'arrive pas à dormir.

 

NANNE (prenant une poignée de pop-corn et s'installant les jambes croisées sur le fauteuil à côté du canapé) : Tu a eu Aiden au téléphone, aujourd'hui ?

 

DAVID (terminant la bouteille de soda) : Non, il m'a laissé des messages sur mon portable mais je n'ai pas encore eu le temps de lui répondre.

 

NANNE (en aparté) : Ben, voyons.

 

DAVID (le regard toujours fixé à l'écran de télévision) : Nanne, tu es sans doute pleine de bonnes intentions mais je n'ai aucune envie de parler d'Aiden.

 

NANNE (mangeant le pop-corn) : Message reçu.

 

DAVID (se tournant vers elle en souriant) : Merci.

 

LA VOIX DE MENLEY (qui entre à son tour en pyjama blanc dans le salon) : Qu'est-ce que vous faites là, tous les deux ?

 

NANNE : On mange du pop-corn, et toi ?

 

MENLEY (en baillant) : J'avais faim. Je suis descendu à la cuisine manger un peu de poulet tandoori et j'ai entendu le bruit de le télé.

 

NANNE : Tu l'a fait réchauffé au micro-onde, j'espère. Sinon tu va avoir du mal à digérer.

 

MENLEY (s'installant tout comme Nanne sur le second fauteuil du salon) : De toute façon, j'ai l'impression que je ne vais pas réussir à me rendormir.

 

NANNE (se levant pour prendre une nouvelle poignée de pop-corn) : On dirait que c'est pas la fête ce soir chez les Weaver.

 

Menley jette un œil à David toujours absorbé par la télévision.

 

NANNE (se réinstallant dans son fauteuil) : Tu veux en parler ?

 

MENLEY : Beth s'est vengée. Nick m'a quitté aujourd'hui.

 

NANNE (en plaisantant) : Si l'histoire doit se répéter, elle découvrira bientôt qu'il est gay !

 

MENLEY (quittant son fauteuil et ramassant le bol vide) : Très drôle ... Je vais refaire du pop-corn.

 

NANNE (inquiète) : Tu ne m'en veux pas ?

 

MENLEY (se retournant vers elle, en souriant) : Bien sûr que non, voyons.

 

Elle se dirige vers la porte du salon quand celle-ci s'ouvre à nouveau et laisse passer Jillie en pyjama bleu.

 

JILLIE (à Menley) : Qu'est-ce que tu fais là ? (puis au deux autres qu'elle voit après) C'est vous qui avait fini le poulet ?

 

MENLEY (lui montrant le bol vide) : Je vais faire du pop-corn, tu en veux ?

 

NANNE (regardant Menley) : Parce que tu a mangé tout le poulet qui restait !

 

MENLEY (se tournant vers Nanne, prenant un faux air triste) : Je compense.

 

Menley sort du salon.

 

JILLIE (à Nanne) : Qu'est-ce qu'elle veut dire par là ?

 

DAVID (sans quitter l'écran de télévision) : Elle s'est fait plaquée.

 

JILLIE (venant s'installer dans le fauteuil laissé vacant par Menley) : Un de perdu, dix de retrouvé.

 

DAVID : Dans son cas le compteur doit monté à vingt.

 

NANNE (ignorant la réflexion de David) : De ton côté Jillie, quoi de neuf ?

 

JILLIE (en rougissant) : Je crois qu'il se pourrait que j'ai trouvé un moyen d'oublier Eric définitivement.

 

NANNE (souriante) : Voilà enfin une bonne nouvelle.

 

A cet instant c'est au tour de Kristen de faire son apparition dans le grand salon en chemise de nuit rose. Elle appuie sur un interrupteur mural et la pièce se remplit de lumière.

 

KRISTEN (se se frottant les yeux éblouis par la lumière) : Vous avez vu l'heure. 2 heures du matin ! Vous devriez dormir. C'est pas sérieux les filles (puis se reprenant en apercevant David) Excusez-moi David, je ne vous avez pas vu.

 

David fait signe de la tête que ce n'est rien.

 

JILLIE (à sa mère) : On n'a plus sommeil. Tu ne veux pas rester avec nous ?

 

NANNE (enthousiaste) : Oh oui ! On pourrait improviser une pyjama party comme quand nous étions enfants.

 

KRISTEN : J'ai passé l'âge, non ?

 

JILLIE (à sa mère) : Bien sûr que non ! (à Nanne) C'est une excellente idée, je vais aller aider Menley à la cuisine. (se levant et se dirigeant vers la porte) Il nous faut assez de nourriture pour tenir jusqu'au lever du soleil.

 

En sortant elle croise Frank qui à son tour fait son entrée dans le salon

 

FRANK (se grattant machinalement la tête d'une main et le bas ventre de l'autre) : Qu'est-ce que vous faites dans le salon à cette heure ?

 

NANNE : On organise une fête.

 

DAVID (agitant la bouteille de soda vide) : D'accord, mais je garde le canapé et vous m'apportez une autre bouteille.

 

Nanne se lève, s'approche de David, et lui prend bouteille des mains.

 

NANNE (jouant à la servante) : Bien, monseigneur ...

 

Puis elle le frappe à la tête avec la bouteille. David l'attrape et la renverse sur le canapé. Tous deux se mettent à chahuter provoquant les rires de Kristen et Frank.

 

 

 15  SUR l'AUTOROUTE EN DIRECTION DE L'AÉROPORT DE LOS ANGELES, LE LENDEMAIN MATIN

 

Sibella conduit son break. La circulation sur l'autoroute est ralentie.

A ses cotés Eric les yeux fermés, le siège rabaissé, essaie de se détendre en écoutant la radio qui passe " I say a little prayer " par Aretha Franklin.

 

SIBELLA : Vous allez penser que je me répète sans cesse, Eric. Mais je suis si heureuse pour ma fille et vous. Lacey est resplendissante, grâce à vous. Si vous saviez comme elle vous aime.

 

ERIC (ouvrant les yeux) : Sibella, que vous vous répétiez ou non, cela ne changera rien aux sentiments que j'éprouve pour elle. J'aime votre fille. Soyez-en certaine.

 

SIBELLA (tapotant sur son volant au rythme de la musique) : Que voulez-vous depuis que Charlie m'a quitté, je ne peux m'empêcher d'avoir peur pour elle.

 

ERIC (légèrement agacé) : Tous les hommes ne ressemblent pas à Charlie, vous savez.

 

SIBELLA : Je vous demande pardon, ce n'est pas ce que je voulais dire.

 

ERIC (masquant son exaspération) : Ce n'est rien. (changeant de sujet) Vous avez eu une excellente idée de me réveiller aux aurores ce matin alors que mon avion ne décolle que dans trois heures. Je ne pensais pas que la circulation serait si chargée à cette heure.

 

SIBELLA (souriante) : Je suis une fan d'Iliana Clarkson, la fille sur KGP6 qui fait l'émission sur la circulation routière à bord de son hélicoptère au-dessus de nos têtes. Je ne rate aucune de ses émissions, entre deux soaps.

 

ERIC (amusé) : Je vois.

 

SIBELLA : D'ailleurs, si je peux me permettre, quand vous aurez acheté KGP6, surtout ne la virez pas à moins, bien sûr, si c'est pour la remplacer par ... Lacey, par exemple.

 

 

 16  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE HAYLEY

 

Hayley prépare des pancakes pour le petit déjeuner quand Aiden mal réveillé, les yeux rougis, la rejoint en caleçon et marcel blanc dans la cuisine.

 

HAYLEY (en plaisantant) : Je ne te demande pas si tu as bien dormi.

 

Aiden se sert un café et s'assoie à table.

 

AIDEN (se tenant la tête des deux mains) : Non ne me demande pas.

 

HAYLEY : Tu suis l'exemple de maman ? C'est elle qui t'a convaincu de te remettre à boire et à te shooter ?

 

AIDEN : Je n'ai rien pris ... Et puis, attends, je n'ai pas à justifier la tête que j'ai le matin au réveil.

 

HAYLEY : Parce que tu t'es réveillé ? On dirait plutôt que tu as passé une nuit blanche.

 

AIDEN : J'ai travaillé sur l'ordinateur une bonne partie de la nuit. Et, toi. Tu es rentrée bien tard.

 

HAYLEY : Le vernissage s'est éternisé hier soir à la galerie. (servant à Aiden les premiers pancakes) Ensuite j'ai raccompagné l'artiste chez lui. Il n'était plus en état de rentrer seul.

 

AIDEN : J'imagine la suite.

 

HAYLEY : Ne perds pas ton temps. Tu serais loin de la réalité. (regardant autour d'elle) Tu sais où est Winston ?

 

AIDEN : Il a passé la nuit dans ma chambre. Il doit encore dormir sur le lit. (en versant du sirop d'érable sur ses pancakes) Cette nuit il avait l'air hypnotisé devant l'écran de l'ordinateur. Au fait, le CDrom est enfin décrypté.

 

HAYLEY : Tu as prévenu David ?

 

Aiden prend le temps de manger un pancake et de boire une gorgée de café avant de répondre.

 

AIDEN : Je lui ai laissé des messages pour qu'il me rappelle, mais sans résultat.

 

HAYLEY : Laisse lui le temps de digérer le fait que ses parents sont maintenant au courant.

 

AIDEN : Cela fait plus de trois semaines. Depuis qu'il est retourné à Garden Place on ne communique plus que par des messages laissés sur nos portables. Il s'éloigne de moi.

 

HAYLEY (se servant des pancakes) : Ne t'en fais pas, ce dont je suis certaine c'est que tout cela va s'arranger.

 

AIDEN : Le plus tôt sera le mieux.

 

Hayley rejoint Aiden à table.

 

HAYLEY : A propos, qu'as tu trouvé sur le CDrom ?

 

AIDEN : Les vices et les vertus des parents, amis, voisins et collègues de Kelly Farris.

 

Winston alléché par l'odeur des pancakes entre dans la cuisine.

 

HAYLEY : Oh ! Tous les ingrédients nécessaires à l'écriture d'un roman.

 

 

 17  à BORD DU VOL LOS ANGELES - DALLAS - NEW YORK

 

Eric monte à bord de l'avion, il gagne sa place coté couloir.

 

ERIC (s'asseyant) : C'est la première fois que vous rendez visite à l'une des Sœurs, n'est-ce pas "Christine" ?

 

Coté hublot apparaît le visage de Gretchen Hicks.

 

GRETCHEN : Oui, et j'avoue être à la fois très honorée et un peu craintive à l'idée de rencontrer Nona.

 

ERIC (en montrant la couverture du livre que tient sur ses genoux Gretchen) : C'est ce qui vous a incitée à réviser ?

 

GRETCHEN (posant son regard sur le livre) : La mythologie grecque est une de mes passions, avant même de ...

 

ERIC (posant son index sur ses lèvres) : N'en dites pas plus. (puis il ajoute) Diana ne tarit pas d'éloges sur vous, elle qui pourtant en est si avare habituellement.

 

GRETCHEN : J'obéis aux ordres simplement.

 

ERIC (un sourire aux lèvres) : Et vous le faites de façon très efficace ...

 

 

 18  UN QUARTIER DE GARDEN PLACE DÉTRUIT PAR LA CHUTES DES FRAGMENTS DE CLÉO

 

Brian gare sa voiture aux abords d'une zone sécurisée puis poursuit son chemin à pied jusqu'à un cratère d'environ cinq mètres de diamètre. Il s'accroupit au bord.

 

BRIAN : Mr Helicok ?

 

Trois mètres plus bas une voix d'homme lui répond.

 

GEORGE : J'arrive.

 

George Helicok remonte à la surface à l'aide d'une échelle de corde.

 

BRIAN (l'aidant à se relever) : Brian Simpson. Je vous ai a téléphoné ce matin.

 

GEORGE (enlevant la terre qui recouvre sa veste) : Vous vouliez des infos sur nos recherches, c'est ça ?

 

BRIAN : Une rumeur circule en ville. Il paraîtrait que vous avez trouvé un type de roche encore inconnu.

 

GEORGE : C'est beaucoup dire. Nous n'avons retrouvé aucun éléments nouveaux. Nous avons simplement constaté que la composition de certains fragments en carbone ou en métaux différaient de ce qu'on avait l'habitude de trouver.

 

BRIAN (observant le quartier autour d'eux détruit) : Comment expliquez-vous que cette partie de la ville ait été quasiment détruite ?

 

GEORGE : Plusieurs raison à cela (montrant du doigt un ensemble d'immeubles effondrés) La chute des fragments de la météorite n'explique pas seule l'effondrement de ces immeubles. Les façades n'ont pas résisté à la pluie de débris de Cléo et à l'incendie qui a suivit. Mais en plus des canalisations d'eau ont cédé et l'eau s'est répandue sous les immeubles dans des galeries qui se sont affaissées sur elles-mêmes.

 

BRIAN (attentif) : Des galeries ?

 

GEORGE : Les vestiges d'anciennes carrières ou mines. Vous travaillez au Garden Place Tribune, n'est-ce pas ?

 

BRIAN : Oui, pourquoi ?

 

GEORGE : Alors vous savez peut-être que le bâtiment est construit sur une ancienne mine d'or et que de nombreuses galeries cheminent sous vos pieds.

 

BRIAN : Non, je l'ignorais ...

 

GEORGE : Comme vous pouvez vous en rendre compte maintenant, le bâtiment du Garden Place Tribune a eu plus de chance que ceux qui se trouvaient avant devant nous.

 

 

 19  UNE RUE à GARDEN PLACE

 

David en jeans et veste en cuir noir marche l'air maussade dans une rue de Garden Place. Il traverse la rue puis tourne à droite et se retrouve presque inconsciemment sur le trottoir où se situe le bar " Mea Culpa " en pleine restauration et devant lequel s'activent des ouvriers pour retirer l'ancienne enseigne endommagée et la remplacer par une nouvelle.

 

David fait une pause devant la façade de l'établissement qu'il regarde plongé dans ses pensées quand à sa droite une voix l'interpelle.

 

LA VOIX D'UN HOMME : Salut, je m'appelle Wlad.

 

 

David se tourne vers lui. Il s'agit d'un jeune homme d'une vingtaine d'années qui lui tend un tract.

 

WLAD : Moi aussi j'étais égaré.

 

David prend la feuille de papier.

 

WLAD : Et comme moi, toi aussi tu peux retrouver la lumière si tu acceptes d'écouter sa voix.

 

Perplexe David ressent une gêne en lisant la feuille de papier qui a pour entête le dessin d'un soleil avec en son centre une croix.

 

DAVID (après un moment d'hésitation, évitant le regard du jeune homme) : Merci.

 

Puis il reprend sa marche le long du trottoir après avoir rangé la feuille de papier au fond de la poche de sa veste.

 

Derrière lui Wlad le regarde partir avant de poursuivre sa distribution de tracts aux passants.

 

 

 20  Dallas / Fort Worth International Airport

 

Gretchen et Eric descendent de l'avion à l'escale de Dallas. Dans le hall de l'aéroport ils récupèrent leur bagages et se dirigent vers la sortie du terminal.

 

UNE VOIX DE FEMME (derrière eux) : Mr Krueger ?!

 

Gretchen et Eric se retourne. On reconnaît Heather Trent.

 

HEATHER (tendant sa main à Eric) : Heather Trent. Je suis arrivée tôt ce matin à Dallas. On m'a demandé de vous attendre ici.

 

ERIC (étonné) : On ?

 

HEATHER : Diana a reçu dans la nuit un message de Nona, demandant que je remplace (jetant un regard de défi à Gretchen) Mlle Hicks auprès de vous pour la suite du voyage. (s'adressant à Gretchen) Il semble qu'elle souhaite vous confier une autre mission plus dans vos cordes.

 

GRETCHEN (dissimulant mal son mécontentement) : A-t-elle dit si je devais retourner immédiatement à Los Angeles ?

 

HEATHER : Non. Pas exactement. (lui tendant un billet d'avion) Votre place est réservée sur le prochain vol pour Mexico City. Il paraît qu'on y a retrouvé la trace de Kelly Farris. Vous en saurez plus à votre arrivée là-bas.

 

ERIC (à Gretchen) : Navré pour ce changement de programme. Je vous remercie de m'avoir tenu compagnie jusqu'ici et j'espère avoir l'occasion de retravailler plus longuement avec vous une autre fois.

 

GRETCHEN (en souriant à Eric) : Vous êtes très aimable. Merci à vous. (à Heather) Je vous le confie. (aux deux) Au revoir.

 

Gretchen les quittent et se dirige vers la zone d'embarquement sous le regard d'Eric.

 

ERIC : Elle a l'air déçu.

 

HEATHER : Cela lui passera. On ne discute pas les ordres d'une des Sœurs (puis passant son bras sous celui d'Eric et l'entraînant vers la sortie) : Enfin, seuls. Tu m'as manqué depuis notre dernière rencontre à Seattle. Une voiture va nous conduire dans un aérodrome privé où nous attend le jet pour Belize.

 

ERIC (souriant à Heather) : Le voyage sera long. Qu'as-tu prévu pour passer le temps ?

 

HEATHER (penchant la tête sur l'épaule d'Eric) : Je me suis renseignée. Le jet est équipé d'un grand lit et l'équipage se montre toujours très discret.

 

Dans le hall de l'aéroport Gretchen attend son vol. Elle est bousculée par un homme portant un sac de sport en bandoulière et qui courrait vers le comptoir de la compagnie United Airlines. L'homme se retourne pour s'excuser ; on reconnaît Gil Chabert.

 

GIl : Pardonnez moi.

 

GRETCHEN (énervée) : Vous ne pouvez pas faire attention !

 

GIL : Je suis en retard. Je dois absolument prendre le vol pour San Diego.

 

GRETCHEN : Ce n'est pas une raison.

 

GIL : Je dois assister dimanche au Superbowl.

 

GRETCHEN (en ramassant le billet de Gil tombé à terre) : Si c'est une question de force majeure. (en riant) Je comprends mieux.

 

Elle lui rend son billet.

 

GIL : Merci. Vous savez je n'avais pas pu y assister l'année dernière.

 

GRETCHEN (souriante) : Alors dépêchez vous. Ne le ratez pas cette année à cause de moi. (en plaisantant) Je ne me le pardonnerai pas.

 

Gil sourit.

 

GIL (d'un signe de main) : Au revoir !

 

Et il repart vers le comptoir de la compagnie d'aviation.

 

 

 21  SAN FRANCISCO - APPARTEMENT DE HAYLEY

 

La sonnerie de la porte d'entrée de l'immeuble retentit.

 

Aiden en jeans et pull noir sort de sa chambre pour répondre.

 

AIDEN (à l'interphone) : Oui ?!

 

LA VOIX DE MALCOLM : C'est Malcolm, je peux monter ?

 

AIDEN : Bien sûr, je t'ouvre.

 

Quelques minutes plus tard Malcolm frappe à la porte de l'appartement et entre.

 

AIDEN (qui l'attendait dans un fauteuil, se lève et va lui serrer la main) : Qu'est-ce que tu fous à San Francisco ?!

 

MALCOLM : Je tournais en rond, seul dans mon appart à Los Angeles. Alors j'ai pris l'avion sur un coup de tête.

 

AIDEN : Frank t'en veut toujours, c'est ça ?

 

Les deux hommes s'assoient dans les fauteuils du salon.

 

MALCOLM : J'aurais dû suivre tes conseils et laisser tomber ce boulot de merde depuis longtemps.

 

AIDEN : Mais l'argent était trop facilement gagné et tu remettais au lendemain l'idée d'arrêter. J'ai connu ça aussi.

 

MALCOLM : Qu'est-ce qui t'as décidé à tout stopper ?

 

AIDEN : Paradoxalement la drogue. J'étais devenu accro. Les clients ne voulaient plus de moi, on ne m'engageait plus sur des films. J'ai suivi une cure de désintoxication. Quand je suis redevenu clean j'ai pris conscience que je ne voulais plus être considéré comme un jouet.

 

MALCOLM : Je comprends.

 

AIDEN (se levant et se dirigeant vers le bar) : Tu veux boire quelque chose ?

 

MALCOLM : Une bière.

 

Aiden sort deux bières d'un mini-réfrigérateur sous le bar.

 

Malcolm remarque une feuille blanche sur la table basse entre les deux fauteuils. Trois lignes y sont griffonnées :

 

" Diana Shark

Xander Sullivan

3 sisters "

 

Aiden lui tend sa bière et se réinstalle dans son fauteuil.

 

MALCOLM (montrant du doigt la feuille) : C'est quoi ?

 

AIDEN : Le noms figurant sur trois des dossiers contenus sur le CDrom qu'Elliot Mansion a fait parvenir à David d'outre-tombe. Trois dossiers vides.

 

MALCOLM (buvant une gorgée de bière) : Et dans les autres ?

 

AIDEN : Des infos sur les personnes que côtoyait Kelly Farris.

 

MALCOLM : Diana Shark ? C'est un nom qui me dit quelque chose.

 

AIDEN : C'est le nouveau boss de David. Elle et Xander Sullivan ont racheté le cabinet de Kelly Farris.

 

MALCOLM (réfléchissant) : Non, c'est pas ça. Je la connais autrement. Je crois que c'est une cliente de l'agence de Monty.

 

AIDEN (surpris) : Diana Shark emploie des escorts ?

 

MALCOLM : Oui, c'est ça. C'est bien elle. Elle a une sacrée réputation d'ailleurs.

 

AIDEN (après avoir bu une gorgée de bière) : C'est à dire ?

 

MALCOLM : Son truc c'est dominer les hommes, si tu vois ce que je veux dire.

 

Malcolm boit une gorgée de bière.

 

MALCOLM : Le reste ne me dit rien.

 

AIDEN : Xander Sullivan, je l'ai connu dans une autre vie ... (prenant la feuille dans ses mains) ... Mais qui sont ces trois sœurs ?

 

 

 22  GARDEN PLACE - CABINET " SHARK & SULLIVAN "

 

David entre dans la bibliothèque du nouveau cabinet. Assise à l'une des tables recouverte de livres ouverts Yasmine Washington est plongée dans la lecture de ses notes et ne l'entend pas s'approcher.

 

DAVID : Excusez moi ...

 

YASMINE (surprise, interrompant sa lecture) : Oui.

 

DAVID : Vous devez être ...

 

YASMINE : Yasmine Washington et vous David Weaver, sans doute ?

 

DAVID : C'est ça. Je n'étais pas au cabinet hier quand vous êtes arrivées.

 

YASMINE : Heather et moi avons beaucoup entendu parler de vous. Que des compliments.

 

DAVID (rougissant) : Ursula exagère toujours quand cela me concerne.

 

YASMINE : Pas uniquement Ursula. Diana apprécie beaucoup votre travail.

 

DAVID (étonné) : Je l'ignorais. Elle se montre si ...

 

YASMINE : ... froide ?!

 

DAVID (en riant) : On peut l'exprimer ainsi.

 

YASMINE : Je connais un peu Diana. J'ai eu l'occasion déjà de travailler avec elle à Boston. C'est un genre qu'elle se donne ... Une sorte de carapace qu'elle s'est forgée avec le temps.

 

DAVID : Cela me rappelle Kelly Farris.

 

YASMINE : Celle à qui appartenait le cabinet auparavant.

 

DAVID : Votre description de Diana colle assez bien à ce que je pense de Kelly.

 

YASMINE : Peut-être faut-il se comporter ainsi pour réussir en tant que femme dans ce milieu.

 

DAVID : Je ne crois pas. Et je vous souhaite de réussir sans suivre leur exemple.

 

Yasmine touchée baisse les yeux timidement.

 

 

 23  AÉROPORT DE BELIZE CITY

 

A la descente du jet privé Heather et Eric rejoignent un 4x4 conduit par un habitant du pays vêtu d'une chemise exotique et portant un revolver dans un holter. A bord du 4x4, assis à l'arrière Eric ouvre sa mallette et consulte un dossier.

 

HEATHER : J'ai hâte de rencontrer Nona.

 

ERIC (sans lever les yeux du dossier) : Tu ne viens pas avec moi. Je te dépose à l'hôtel ...

 

HEATHER (déçue) : ... mais ...

 

ERIC (se tournant vers elle, d'un ton ferme) : ... il n'y a pas de mais. J'irai seul la voir.

 

Résignée Heather préfère tourner la tête et fixer le paysage qui défile tandis qu'Eric se replonge dans la lecture de ses documents.

 

 

 24  SALLE DE RÉDACTION DU " GARDEN PLACE TRIBUNE "

 

Dans la salle de rédaction, Jillie, une tasse de café à la main, s'approche du bureau sur l'ordinateur duquel Brian, vu de dos, tape son dernier article. Elle se penche au-dessus de l'épaule de Brian pour lire ce qu'il écrit. Quand celui-ci, sentant une présence derrière lui, se redresse brutalement, bouscule Jillie qui renverse sur son chemisier blanc la tasse de café.

 

BRIAN : Oh! Excusez-moi, je ne vous avez pas vu.

 

JILLIE (constatant la tache sur son chemisier) : Ce n'est rien. C'est de ma faute. (regardant Brian dans les yeux et en riant) On peut dire que toutes nos rencontres sont ... renversantes.

 

BRIAN (lui tendant un mouchoir en papier qu'il tire de la boîte posée à coté de son ordinateur) : Je peux faire quelque chose pour vous ?

 

JILLIE (prenant le mouchoir dans ses mains mais oubliant la tache) : En fait. J'étais venu pour discuter. Je ne connais pas beaucoup de monde à la rédaction. A part Eric ... et vous, maintenant ... Vous savez que j'ai en charge le site Internet du journal mais pour l'instant mon travail consiste surtout à en choisir l'habillage ce qui me laisse beaucoup de temps libre. D'ailleurs si vous pouviez me donner votre avis ...

 

BRIAN (en s'asseyant sur son bureau face à Jillie) : Bien sûr. Quand le site sera-t-il mis en ligne ?

 

JILLIE : Bientôt, je pense. Enfin quand Eric le décidera.

 

BRIAN : Mais la moitié du journal vous appartient ? Vous avez votre mot à dire sur tout ce qui s'y passe, non ?

 

JILLIE (l'air triste) : Le journal a été créé par le père d'Eric. J'en ai hérité de la moitié par ... comment dire ... accidents. Une suite d'événements si improbables qu'ils feraient un mauvais feuilleton si l'histoire était adaptée à la télévision.

 

BRIAN : J'ai appris pour votre mère. Je suis désolé.

 

JILLIE : Merci.

 

BRIAN : Si je comprends bien, vous laissez à Eric la direction du journal.

 

JILLIE : Il en est le copropriétaire et rédacteur en chef. Et je pense que c'est ce qu'aurait voulu son père.

 

BRIAN : Vous ne vous sentez donc pas trop frustrée ?

 

JILLIE (se méprenant sur le sens du mot) : Frustrée ?!

 

BRIAN : ... de ne pas avoir votre mot à dire ?

 

JILLIE : Mais je l'ai. Eric me demande mon avis. J'estime seulement qu'il est plus compétent que moi pour gérer le journal surtout dans la période de reprise de l'activité que connaît toute la ville en ce moment.

 

BRIAN : Vous approuvez donc le rachat de la chaîne de télévision KGP6 ?

 

JILLIE (fronçant les sourcils) : J'ai l'impression que notre conversation ressemble de plus en plus à un interrogatoire. Mais pour répondre à votre question : oui, je suis contente que le journal se diversifie. (en plaisantant) Et je serai très heureuse de m'occuper de donner un nouvel habillage à KGP6 !

 

BRIAN (s'excusant) : Je ne voulais pas vous embarrasser avec mes questions. (puis en riant) Déformation professionnelle ! Pardonnez-moi.

 

JILLIE (se souvenant de la tache sur son chemisier) : Je vais essayé de réparer les dégâts. (puis hésitante) Nous pourrions reprendre cette conversation ... une autre fois ... En dînant ensemble, par exemple ?

 

BRIAN (charmeur) : J'apprécie les femmes qui prennent l'initiative.

 

 

 25  BELIZE - UNE PROPRIÉTÉ AU BORD DE MER

 

Plan sur une propriété constituée de trois bâtiments aux murs blancs et aux toits roses situés au bord de mer. Eric sa mallette à la main se présente à la porte d'entrée du bâtiment central. Il frappe. Dans le hall un majordome noir aux cheveux grisonnant tout de blanc vêtu vient lui ouvrir.

 

LE MAJORDOME : Mr Eric, soyez le bienvenu.

 

ERIC (en entrant dans la maison) : Bonjour Nestor, comment allez-vous ?

 

 

LE MAJORDOME (fermant la porte) : Bien, et vous ?

 

ERIC (haussant les épaules et sur le ton de la plaisanterie) : Je fais aller.

 

LE MAJORDOME : Elle vous attend dans son bureau.

 

Eric monte quatre à quatre les escaliers qui mènent à l'étage puis pénètre dans une vaste pièce éclairée par de grandes portes-fenêtres qui donnent sur un balcon. Le mobilier et la décoration évoque les civilisations pré-colombiennes. Personne dans la pièce. Il dépose sa mallette sur le bureau et se rend sur le balcon où à l'ombre, couchée sur une chaise longue, il aperçoit une femme lui tournant le dos occupée à lire un livre en buvant une flûte de champagne. Eric s'avance et vient lui faire face. Elle pose la flûte de champagne sur une table basse à ses cotés, referme son livre et lève la tête vers lui.

 

ERIC (souriant) : Bonjour Maman.

 

En pivotant la caméra nous montre le visage au sourire énigmatique de Melicente Taylor.

 

 

 SPECIAL GUEST STARS

 

 GÉNÉRIQUE DE FIN